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Cet article vous est aimablement offert par Chris Garnier, nouvelle recrue de TK. Nantais d’origine, il présente le double handicap de supporter Manchester United et d’aimer Newcastle. Autant dire qu’il a fallu se battre pour convaincre Kevin Quigagne de l’intégrer à l’équipe. Appelons ça la caution COTOREP, si vous voulez.

Avant Arsène Wenger, George Graham régnait en maître à Highbury. Il y a vingt ans cette semaine, le tyrannique manager était pourtant limogé des Gunners pour avoir accepté des pots-de-vin lors de plusieurs transferts.

21 février 1995. Eric Cantona a balancé son yoko-geri sur Matthew Simmons, fan de Crystal Palace, depuis moins d’un mois que la toute jeune Premier League se reprend un scandale en pleine face. George Graham, l’inamovible entraîneur d’Arsenal, est débarqué de son poste par sa direction. La raison du licenciement de celui qui était alors, en terme de trophées glanés, le meilleur entraîneur de toute l’histoire des canonniers [1] ? Une enquête préliminaire de la FA qui accuse l’Écossais d’avoir accepté des « bungs » (pots-de-vin) – s’élevant à 425 000 £ (soit près de 3,5 millions de francs à l’époque, rendez-vous compte !) – sur deux transferts avec l’obscur agent norvégien Rune Hauge.

« M. Graham, connaissez-vous Rune Hauge ? Avez-vous déjà encaissé de l’argent venant de lui ? »

Loin de débuter ce 21 février 1995, l’affaire trouve son origine dans l’arrivée successive de deux Scandinaves. Celle de Paal Lydersen, défenseur norvégien de 26 ans, en 1991 puis John Jensen, milieu défensif danois (vainqueur de l’Euro 92, inscrivant le premier but lors de la finale), un an plus tard. L’emménagement de ces derniers à Highbury s’accompagne de « cadeaux » de la part de leur agent, Rune Hauge, pour Graham, qui reçoit 140 000 £ pour le premier et 285 000 £ pour le second. Les matches et les saisons s’enchaînent. Le manager remporte la Coupe des Coupes (C2) face à Parme en 1994, octroyant à Arsenal son son deuxième titre européen après la victoire en Coupe des villes de foires de 1970.

Pourtant, le goût du succès est amer pour le coach et ses troupes. Quelques semaines avant la finale, des doutes commencent à émerger du côté du district d’Islington. Le 22 avril 1994, les comptables d’Arsenal reçoivent une lettre de l’Inland Revenue [le fisc britannique] faisant part de ses « préoccupations » liées à des preuves qui indiquent que le « staff a reçu des paiements provenant des frais de transferts versés par Arsenal ». [2] Un journaliste danois accoste même l’entraîneur deux semaines avant le match européen : « M. Graham, connaissez-vous Rune Hauge ? Avez-vous déjà encaissé de l’argent venant de lui ? » La réponse laconique de l’Écossais (« Ce sont de très sérieuses allégations ») et le « dégagement » en bonne et due forme du gratte-papier par le service de sécurité vers la sortie alimentent un doute qui ne cesse de croître. [3]

« Je suis encore là ! »

George Graham finit par avouer son méfait au début de la saison suivante (en septembre selon l’enquête de la FA) à son board et au président Peter Hill-Wood. Le manager va même jusqu’à rembourser à Arsenal la somme de 465 500 £, les fameux « bungs » et les intérêts qui vont avec. L’affaire ne se tasse pas pour autant, la presse britannique s’empare du dossier et fait pression sur le club et la FA. Graham croit être soutenu par sa direction, qui lui permet d’acheter des joueurs comme John Hartson, Chris Kiwomya ou l’ailier néerlandais Glenn Helder. « Vous ne donnez pas d’argent à quelqu’un que vous êtes sur le point de licencier », s’extase-t-il avant le match du 21 février 1995 face à Nottingham Forest.

Faux. George Graham est licencié dans l’après-midi précédant la rencontre. La légende veut même que celui-ci ait surpris ses joueurs en passant la tête par la porte du vestiaire pour crier : « Je suis encore là ! », avant d’être escorté hors du stade. Ironie de l’histoire, Arsenal gagna face à Nottingham Forest, mettant ainsi fin à une série de matches sans victoires à domicile depuis le 23 octobre 1994. Kiwomya, qui inscrit le but vainqueur, et Glenn Helder furent particulièrement remarqués.

Un jugement de « kangaroo court »

La réponse de Graham à son éviction ne se fit pas attendre. « J’ai fait du bien-être d’Arsenal mon seul objectif lors des huit dernières années. Mon bilan montre mon succès. Avant cela, j’ai joué pour Arsenal pendant 7 ans donc je peux parler de plus de 15 ans d’engagement total pour le club. Ces allégations sont absurdes. Je regrette profondément que ce jugement de tribunal de pacotille (« kangaroo court » pour les anglophones) ait été rendu en catimini. »

Rune Hauge, l'homme du scandale (et de beaucoup d'autres à son sourire...)

Rune Hauge, l'homme du scandale (et de beaucoup d'autres vu son sourire...)

La défense du manager est simple : pour lui les pots-de-vin n’en sont pas. Il s’agirait de « cadeaux désintéressés » de la part de Rune Hauge pour le remercier « des contacts que je lui ai fait. Il m’a dit que son business allait très bien et que c’était pour montrer sa gratitude ». Des propos qui ne convainquent pas la fédération anglaise de football, qui suspend George Graham pendant un an. Rune Hauge, qui au passage avait négocié l’arrivée de Peter Schmeichel et Andrei Kanchelskis à Manchester United en 1991, fut banni de la Fifa avant de voir sa peine être réduite à deux ans de suspension.

Le Thatcher des Gunners

Si George Graham est l’homme qui a ramené le titre de champion à Arsenal après 18 ans en 1989, dans un final haletant [4], il reste un tyran dans l’imaginaire de certains de ses joueurs. Ces derniers n’ont cessé de faire des rapprochements entre cet originaire de Glasgow et Margaret Thatcher, la Dame de fer, sur la façon de mener le club d’un côté, l’Angleterre de l’autre. « Les joueurs doivent gagner le droit de jouer pour Arsenal », déclare-t-il à son arrivée. Le pauvre Martin Keown, formé au club et qui demandait un extra de 50 £ par semaine fut ainsi vendu à Aston Villa dans la foulée pour son impertinence. « J’ai refusé de le payer plus que Tony Adams ou David Rocastle, et donc il est parti pour Aston Villa », écrira-t-il ensuite dans son livre The Glory and the Grief.

Sa gestion d’un club n’était pas loin du régime autoritaire, comme en témoigne l’ancien milieu offensif suédois, Anders Limpar, dans un entretien à Aftonbladet TV. « Le régime de George Graham, c’était comme vivre en Irak sous Saddam Hussein ». Pourtant, son génie tactique était reconnu de tous. Que ce soit Nevio Scala, l’entraîneur de Parme battu en 1994, ou Giovanni Trappatoni. « Il a montré la clarté de ses pensées, indiquait à l’époque le Trap. Il a résolu tous ses problèmes dans sa campagne européenne. Je l’admire énormément. » [3]

Anders Limpar n'est probablement jamais allé en Irak sous Saddam Hussein.

Information exclusive : Anders Limpar n'est jamais allé en Irak sous Saddam Hussein.

L’arrivée de Graham à la tête d’Arsenal en 1986 s’est toutefois joué à peu de choses. Les dirigeants londoniens avaient au départ deux noms en tête : Terry Venables et Alex Ferguson. L’Écossais devait d’ailleurs avoir comme adjoint… George Graham ! Finalement, l’un ne daigna pas quitter le FC Barcelone alors que l’autre voulu se donner du temps. L’ancien milieu des canonniers fut donc choisi.

« Si George Graham est le seul manager coupable d’avoir accepté un bung lors les dix dernières années, j’en serais absolument stupéfait »

L’affaire entre Hauge et Graham a amené la FIFA et la Premier League à insister auprès des clubs pour qu’ils ne fassent appel qu’à des agents agréés. L’initiative ne dure pas bien longtemps puisqu’en janvier 2006, Mike Newell, l’entraîneur de Luton Town, annonce que des agents ont tenté de lui offrir des bungs. « Si George Graham est le seul manager coupable d’avoir accepté un bung lors des dix dernières années, j’en serais absolument stupéfait », déclare-t-il après son audition par la FA sur le sujet. Déjà en 1998, une enquête sur Brian Clough concluait que ce dernier avait pris des parts, avec son adjoint Ronnie Fenton, sur des transferts à Nottingham Forest. Le nom de Rune Hauge était une nouvelle fois évoqué. L’entraîneur mythique des Tricky Trees n’avait toutefois pas été inquiété en raison de son état de santé.

Pour porter corps aux déclarations de Newell, l’émission « Panorama » de la BBC diffuse en septembre 2006 une enquête sur le sujet. Des agents filmés à leur insu y accablent Sam Allardyce : « Sam, il croque minimum 150 000 £ par transfert ». L’entraîneur, alors à Bolton, passerait par son fils, Craig – lui aussi agent – pour les pots-de-vin. Harry Redknapp est aussi inquiété, notamment pour avoir fait acheter à son club d’alors, West Ham, 144 joueurs en sept ans. Si « Big Sam » et Redknapp s’en sortent grâce à la rétractation des agents, Kevin Bond, adjoint à Newcastle, est licencié des Magpies pour avoir touché des bungs lors de son passage à Portsmouth.

« Arsène Who ? »

L’éviction de George Graham eu pour principale conséquence de laisser le champ libre à Arsène Wenger. Alors que Bruce Rioch avait été nommé pour la saison 1995-1996, son seul fait d’armes a été d’établir un nouveau record dans les transferts anglais en recrutant Dennis Bergkamp pour 7,5 millions £. Avant d’être lui aussi limogé en raison d’un désaccord avec sa direction sur les fonds attribués aux transferts. Les bookmakers et la presse, pariant sur une arrivée de Johan Cruyff, furent surpris de voir débarquer l’Alsacien. « Arsène Who ? », titra même l’Evening Standard.

Un « look de professeur des écoles »

Un « look de professeur des écoles »

Même son de cloche chez ses nouvelles troupes. « Au début j’ai pensé : qu’est ce que ce Français connaît au foobtall, s’interrogea Tony Adams à l’époque. Il porte des lunettes et ressemble plus à un professeur d’école. Il ne va pas être aussi bon que George [Graham]. D’ailleurs, est-ce qu’il parle anglais correctement ? ». Une tirade qui s’avéra fausse (sauf pour l’anglais) mais qui démontre bien la popularité et l’affection dont bénéficiait George Graham à l’époque. Celle-ci s’éroda lorsqu’il prit la direction de Tottenham en 1998, où il fit venir Steffen Freund, milieu défensif allemand, et Oyvind Leonhardsen, international norvégien, deux joueurs liés à… Rune Hauge.

Christophe-Cécil Garnier.

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[1] Lors de l’arrivée de George Graham, Arsenal n’avait plus gagné un trophée depuis une FA Cup en 1978-1979. Le retour du succès intervient en 1987 avec la victoire en League Cup. Les Gunners remportent ensuite leur premier titre national depuis 18 ans (où il évoluait déjà en tant que joueur) en 1989, avant de triompher à nouveau en 1991. S’ajoute à cela une victoire en FA Cup en 1993 avant le deuxième succès continental : la Coupe des Coupes de 1994. Six titres (sans compter le Charity Shield de 1991) qui font de lui, proportionnellement, le meilleur entraîneur sur un ratio titres/années.

[2] Les propos sont issus de l’enquête de la FA racontés par le journal The Independent. Merci par ailleurs à Kevin Quigagne pour son aide précieuse au sujet de l’affaire Mike Newell et de l’émission Panorama (Undercover: Football’s dirty secrets) diffusée le 19 septembre 2006.

[3] Les propos et anecdotes sont issus du livre Red Letter Days.

[4] Lors de la dernière journée de championnat, Arsenal était deuxième avec 73 points, à trois unités du leader Liverpool. Les deux équipes s’affrontaient à Anfield, ce qui n’avait rien d’un hasard, le match était programmé le 23 avril 1989 mais la demi-finale entre Liverpool et Nottingham Forest (le drame d’Hillsborough) repoussa la rencontre à la toute fin de saison. Pour coiffer les Reds au poteau, les Gunners avaient besoin d’une victoire par deux buts d’écarts. La partie fut engagée. Arsenal marqua un premier but à la 52e mais alors que la fin du match approchait, le score était toujours de 1-0. Ce n’est qu’à 25 secondes du coup de sifflet final que Michael Thomas inscrit le second but, synonyme de titre.

C’est reparti pour la troisième saison Teenage Kicks, The blog du foot anglais. Ça tombe bien, la Premier League a redémarré le 18 août, 114è édition du football professionnel anglais d’élite depuis 1888-89 et la vision divine de William McGregor, Créateur de toute chose. Pour se remettre intelligemment dans l’ambiance, les indispensables fiches TK club par club en 10 questions-réponses pertinentes saupoudrées d’une saveur toute olympique of course.

En anglais, on appelle ça le low-down : ce qu’il faut savoir. Voici donc le low-down sur ce début de saison de Premier League 2012-13. Aujourd’hui, on torche l’alphabet :

West Bromwich Albion, West Ham et Wigan Athletic.

Pour le reste de l’intro et les indispensables précisions d’avant-lecture, voir ici.

[Cliquer sur les photos facilite la lecture]

West Bromwich Albion

Comment s’est passée la saison dernière déjà ? (10è, 47 points, – 7) Fort bien, meilleur classement du club depuis 31 ans (et la superbe 4è place de 1981, sandwiché entre Arsenal et Liverpool – l’Albion conquérant de l’ère Ron Atkinson, avec Tony Brown – 279 buts WBA -, Bryan Robson, Remi Moses et le trio Laurie Cunningham-Cyrille Regis-Brendon Batson, « The Three Degrees » comme les surnomma Atkinson, du nom de ce groupe Motown de chanteuses black de l’époque. Première fois qu’un club anglais alignait trois joueurs noirs dans son équipe première – ironique qu’Atkinson ait été précurseur en la matière. Bryan Robson suivit Atkinson à Man United en 1981 et auparavant, Cunningham était parti chercher gloire et fortune ailleurs à partir de 1979 – Real Madrid, Marseille, etc. – avant de disparaître tragiquement dans un accident de la route près de Madrid en 1989. Une statue sera érigée localement en leur honneur le 15 juillet 2014, pour les 25 ans de l’anniversaire du décès de l’ex ailier virevoltant. A noter que cette statue sera placée dans le centre de West Bromwich – et non devant le stade des Hawthorns – puisque le projet est financé par le Conseil Municipal, le club n’ayant pas participé à son financement, dommage. S’il y a un secteur en plein boum en Angleterre, c’est bien la fabrication de statues de footballeurs, il en pousse partout depuis une bonne dizaine d’années !).

Cunningham, Batson et Regis avec les Three Degrees, de passage à WBA

L. Cunningham, B. Batson et C. Regis avec les Three Degrees de passage à WBA

Les supporters regrettaient le départ de Roy Hodgson en fin de saison pour les Trois Lions mais son successeur, le novice Steve Clarke, a superbement repris la boutique.

Bon, et comment sont les vibes en ce moment ? Positives, comme chez tous ceux qui ont bien démarré ! (3-0 contre Liverpool et 1-1 à White Hart Lane). WBA entame sa troisième saison d’affilée en PL et cette stabilité nouvelle augure d’un avenir prometteur pour les Baggies, surnommés The yo-yo club (sept montées ou descentes entre PL et D2 de 2002 à 2010).

Non seulement WBA a réussi à garder tous ses bijoux de famille (Odemwingie, Brunt, Long, Morrison, Olsson, Mulumbu, etc.) mais a ajouté au grisant mix le coriace milieu défensif argentin Claudio Yacob (très efficace contre Spurs), l’expérimenté Suédois Markus Rosenberg (Hambourg) et le surpuissant Belge Romelu Lukaku – photo de gauche -, le « new Didier Drogba » a été prêté par Chelsea pour un an (acheté 18M en janvier 2011 mais rarement aligné par AVB). Le retour de Zoltan Gera, blessé toute la saison dernière (genou), est aussi un gros plus.

WBA est toujours aussi excellemment géré, l’un des seuls clubs professionnels anglais à dégager des bénéfices (9M saison 2010-2011, derniers chiffres disponibles – pour seulement 2M de dettes). Revers de la médaille, certains supporters se plaignent de cette approche « frileuse » et voudraient voir le club lâcher les chevaux.

Les Baggies ne font pas de bruit mais savent recruter malin ! Un recrutement dû en partie au Directeur sportif et technique du club, Dan Ashworth (pour une fois qu’on dit du bien d’eux, autant le citer). Malheureusement pour le club, la FA l’a repéré et devrait bientôt l’installer au poste de Directeur technique national.

Qui est arrivé cette saison ? Ben Foster (Birmingham, 4M), Yassine El Ghanassy (Ghent, prêt), Romelu Lukaku (Chelsea, prêt), Markus Rosenberg (Werder Brême, gratuit), Claudio Yacob (RC Avellaneda, gratuit)

Qui s’est éclipsé ? Keith Andrews (Bolton, gratuit), Simon Cox (Nottingham Forest, 2M), Joe Mattock (Sheffield Wednesday, gratuit), Marton Fulop (Asteras Tripolis, gratuit), Nicky Shorey (Reading, gratuit), Paul Scharner et Somen Tchoyi (libérés).

Photos & profils effectif et les fiches Wiki.

Un p’tit jeune à surveiller (ou plusieurs) ? Oui, George Thorne, très coté, un milieu offensif athlétique de 19 ans. Trois apparitions en équipe première l’an dernier, 20 capes avec les U19 anglais. Scharner et Andrews partis, on devrait le voir plus souvent cette saison.

Si WBA était un sport olympique, ça serait quoi ? Le trampoline, évidemment (club yoyo)

… un sélectionné/objet olympique ? Un ressort. Objet qui va bien avec leur autre surnom (ils en ont beaucoup), les Boing Boing Baggies. Pour tout savoir sur ces idiosyncrasies WBA, c’est ici.

C’est qui le big boss au fait ? Jeremy Peace, 55 ans, détient 60 % des actions depuis dix ans (plusieurs petits actionnaires se partagent le reste). Cet ancien trader de la City est aussi président. Expert dans l’art de l’achat-vente de joueurs, il gère intelligemment le club (voir notre profil). Ses quelques détracteurs soulignent sa pingrerie et son manque d’ouverture (a l’habitude de conduire les assemblées générales du club… à Londres).

Et le manager ? Steve Clarke, un Ecossais de plus entraîneur PL ! Et une nomination surprise après le départ de Roy Hodgson pour les Trois Lions. Clarke était numéro 9 sur la shortlist de juin (Ranieri, Hughton, Rangnick, etc.) mais décrocha tout de même le poste. Prône un football offensif et s’est donné comme bel objectif d’atteindre les 50 points. Enfin un entraîneur qui annonce la couleur d’entrée de jeu !  Les supporters Baggies qui s’inquiétaient de l’inexpérience totale de Clarke à ce niveau ont vite été rassurés.

Il n’y avait pas lieu en fait de se tracasser car cet ancien défenseur de Chelsea n’est pas le perdreau de l’année : il a été pendant 14 ans successivement adjoint et entraîneur des réserves de Newcastle, Chelsea, West Ham et Liverpool où il épaula Kenny Dalglish pendant 18 mois. Essaiera de remédier au problème numéro 1 l’an dernier : le déficit de buts à domicile (23 seulement).

Clarke cultive un franc-parler rafraîchissant. A un journaliste qui lui demandait, avant le Tottenham-WBA du week-end dernier, s’il pensait que André Villas-Boas avait été malchanceux de se faire limoger par Chelsea (le sentiment prédominant en Angleterre), il répondit par la négative…

Et les cotes, ça donne quoi ? Titre : 2 000/1. Relégation : 4/1

West Ham United

Comment s’est passée la saison dernière déjà ? 3è de D2, montée en PL via la finale des play-offs (victoire 2-1 sur Blackpool).

Sam Allardyce (« Big Sam ») et son style de prédilection Route One n’ont pas fait l’unanimité, surtout à Upton Park où ce fut laborieux (très critiqué). Ce chant évoquant douloureusement un lointain passé et une tradition révolue descendit parfois des travées frondeuses :

We play on the floor,
We play on the floor,
We’re West Ham United
We play on the floor

Non, non, les gars, c’est fini ça, avec Big Sam c’est dans les airs que ça se passe.

Bon, et comment sont les vibes en ce moment ? Relativement positives, puisque le club a retrouvé la terre promise et des propriétaires ambitieux (même si la leçon de football reçue à Swansea sonna comme un sacré reality check, voir épisode précédent).

Le déménagement au stade Olympique devrait propulser le club dans une dimension nouvelle (même si les supporters sont très partagés là-dessus). Une saga interminable et fortement judiciarisée qui débuta en octobre 2010 et  s’achèvera dans un bon mois. Avec, enfin, la nomination du futur occupant des lieux, très probablement West Ham comme prévu à l’origine en 2010, puisque les Hammers étaient seuls sur le coup à un mois de la clôture des dossiers… Avant que Tottenham ne surgisse de derrière les fagots à la dernière minute après s’être brouillé avec leur conseil d’arrondissement sur la contruction de leur nouveau stade. Suivi à la culotte par Leyton Orient en casaque rouge et blanche et les rugbymen du London Wasps ainsi que d’une cohorte de projets divers et variés plus ou moins farfelus ou avides de publicité, c’est selon (jusqu’à vingt prétendants au stade olympique courant 2011 !).

Les dossiers des quatre postulants retenus sont entre les mains du nouvellement créé London Legacy Development Corporation chargé de gérer l’après J.O. Il s’agit de :

1)   West Ham United (grandissime favori)

2)   Leyton Orient, D3 (club historique fort intéressant situé à 700 mètres du parc olympique, voir dossier TK)

3)   Un établissement d’enseignement supérieur spécialisé dans le football et les médias, la University College of Football Business

4)   Un projet de… circuit de Formule 1 ! Bernie Ecclestone s’est dit intéressé, le circuit serait construit autour et à l’intérieur du stade… Bernie voit même bien plus grand : il veut créer une course de F1 qui passerait par Buckingham Palace, Big Ben et Trafalgar Square.

2,6 milliards que ça devait coûter... Tony les a tous blousés

2,36 milliards que ça devait coûter... Tony les a tous blousés. Et avec le sourire of course

Une chose est certaine : la piste d’athlétisme restera et l’heureux élu devra composer avec. West Ham l’emportera sûrement et espère y démarrer la saison 2014-15. Le club prévoit l’aménagement de rangées de sieges rétractables qui couvriraient la piste les jours de match. Le stade aura une capacité de 60 000 places.

Contrairement aux cahiers des charges de 2011, le stade restera propriété publique et le locataire paiera un loyer annuel. C’est la moindre des choses, le stade a coûté 490M. Quand Tony Blair présenta le devis des J.O au comité olympique en 2004, la facture était de 2,36 milliards de £. Elle s’élèvera finalement à 11 milliards (dont 80 % de fonds publics). Certaines sources parlent même d’une ardoise globale dépassant les 20 milliards dans quelques années ; projection réaliste étant donné la voracité des gouvernements successifs depuis les Nineties pour les montages Public-private partnership (PPP), de véritables bombes à retardement qui plombent actuellement, entre autres, les budgets de l’éducation nationale anglaise et du National Health Service, ce NHS si cher aux Britanniques et mis à l’honneur lors de la cérémonie d’ouverture.

Côté recrutement, les supps Hammers sont relativement satisfaits, tout en regrettant le départ de Robert Green, plutôt bon ces deux dernières saisons (ça fait tout drôle d’écrire ça). On pense cependant que Jussi Jääskeläinen devrait faire l’affaire, même s’il n’est plus tout jeune (37 ans). Mais au vu du match contre Swansea, on est plus trop sûr à vrai dire (grosse boulette).

Qui est arrivé cette saison ? James Collins (Villa, 2,5M), Mohamed Diamé (Wigan, gratuit), Alou Diarra (Marseille, 2M), Stephen Henderson (Portsmouth, montant non communiqué mais environ 750 000), Jussi Jaaskelainen (Bolton, gratuit), Matt Jarvis (Wolves, 10,75M), George McCartney (Sunderland, gratuit), Modibo Maïga (Sochaux, 5M), Raphael Spiegel (Grasshopper Zurich, montant non communiqué)

Qui s’est éclipsé ? Beaucoup de gratuits : Pablo Barrera (Cruz Azul), Julien Faubert (Real Madrid Elazigspor), Abdoulaye Faye (Hull), Robert Green (QPR), Frank Nouble (Wolves), Freddie Sears (Colchester), Marek Stech (Yeovil).

Et une petite bonne douzaine de libérés, dont John Carew et Papa Bouba Diop. Sans oublier Sam Baldock (Bristol City, 1M) et Ravel Morrison (Birmingham, prêt)

Photos & profils effectif et les fiches Wiki.

Un p’tit jeune à surveiller (ou plusieurs) ? Oui, un surtout : Jordan Spence, athlétique latéral droit de 22 ans, international U21 anglais. Formé au club, il pourrait profiter de la relative faiblesse des Hammers à ce poste pour se montrer (l’international Ivoirien Guy Demel et Joey O’Brien, souvent blessé, sont actuellement devant Spence). Prêté en en D2 et D3 ces dernières saisons. Il se dit toutefois que Sam Allardyce ne lancera pas de jeunes dans le grand bain de la PL et ça sera soit un club de Football League pour Spence soit des matchs de coupe.

Les supps Hammers vouent également une affection particulière au classieux et athlétique défenseur polyvalent/milieu défensif James Tomkins, ex U21 anglais (son poste de prédilection demeure toutefois défenseur central). Certes ni tout jeune ni méconnu (24 ans et expérimenté) mais au club depuis l’âge de 7 ans et très apprécié. Cette saison pourrait le voir véritablement éclater au plus haut niveau dans un West Ham new look et, espérons-le pour eux, plus successful que ces dernières saisons (on peut cependant en douter).

Si West Ham était un sport olympique, ça serait quoi ? Tout ce qui se balance haut, loin et fort : disque, javelot, poids, marteau.

... un sélectionné/objet olympique ? Un préservatif (voir ci-dessous). 150 000 furent distribués aux athlètes des J.O londoniens (on ignore le chiffre pour les Paralympiques).

C’est qui le big boss au fait ? Le duo de chauds lapins David Sullivan (63 ans) et David Gold (75 ans), depuis janvier 2010. Ces ex propriétaires de Birmingham City ont fait fortune dans les médias, l’immobilier, le porno et la lingerie coquine (Ann Summers, la florissante chaîne qui a décoincé les Britanniques, est dirigée par la fille Gold, la très médiatique Jacqueline Gold). Les deux David détiennent 61 % des actions (la banque islandaise Straumur, 35 %) et pèsent 650M à eux deux. Y’a pas à dire, le vibro, ça rapporte.

Et le manager ? Sam Allardyce, adepte du jeu direct et physique (avec comme notable exception le Bolton cru 2002-2007, avec les passages de Jay-Jay Okocha, Gary Speed et Y. Djorkaeff entre autres).

Partit ensuite à Newcastle où, à peine 24 h après son arrivée mi mai 2007, il virait cinq joueurs (dont Titus Bramble, qu’il trouva trop enrobé). Huit mois plus tard, à son tour de prendre la porte. Puis Blackburn, d’où il fut injustement limogé en décembre 2010 alors que le club était 13è avec un effectif limité (15è au final).

A bien rebondi chez les Hammers et vu la poulaillerie totale régnant à Blackburn (D2) depuis la reprise du club par la famille indienne Rao en novembre 2010 (poulets Venky’s), Big Sam doit s’estimer heureux de ne plus être le pigeon de cette foire à la volaille (voir clip de la BBC sur le poulet envahisseur lâché par des supporters mécontents). Comptera sur sa grande expérience des relegation scraps pour maintenir les Hammers parmi l’élite (ainsi que sur les moyens des proprios au mercato d’hiver si besoin est).

Big Sam n’aura cependant peut-être pas le temps de démontrer sa science du maintien : la rumeur court depuis hier soir que West Ham pourrait faire venir Harry Redknapp si les résultats ne s’amélioraient pas fissa (on parle aussi de Harry à QPR pour les mêmes raisons – West Ham avait déjà envisagé le remplacement d’Allardyce par Harry fin juin ; ce dernier avait managé les Hammers de 1994 à 2001, avec 4 finish dans le Top 10 PL).

Et les cotes, ça donne quoi ? Titre : 3 000/1. Relégation : 3/1

Wigan Athletic

Comment s’est passée la saison dernière déjà ? (15è, 43 points, – 20). Purgesquement jusqu’en mars (lanterne écarlate), puis fin de saison en exocet.

Les deux premiers tiers furent abominables : 14 défaites sur 23 matchs, dont 8 d’affilée de la 4è à la 11è journée ! Mais que l’emballage final fut somptueux : 7 victoires sur 9 matchs. Dont, excusez du peu : Liverpool à Anfield ; Man United à domicile ; Arsenal à l’Emirates et la plus belle de toutes… Newcastle à domicile, 4-0 ! Une claque monumentale (NUFC restait sur 6 victoires, 1 seul but encaissé) infligée le 29 avril et qui plomba sérieusement les chances Magpies de jouer les places Ligue des Champions.

Ça lui apprendra à Alan Pardew de critiquer les Latics trois jours avant le match ! Il avait réclamé de manière très condescendante le double des 4 500 billets réservés à NUFC : « J’espère que Wigan nous donnera plus de billets pour qu’on remplisse le stade.  Cet argent leur ferait le plus bien. » – la règle étant que le club hôte s’engage à allouer au minimum 6 % de la capacité du stade aux supps visiteurs. Avec cette claque 4-0, « Pardiola » a eu sa réponse. Et Newcastle le lot de consolation Ligue Europe.

Bon, et comment sont les vibes en ce moment ? Relativement positives. On est bien sûr ravi que le manager Roberto Martinez soit resté (après avoir décliné les avances d’Aston Villa et surtout Liverpool) et on se dit que cette septième saison de Premier League d’affilée, même sans Moses, Diamé et Rodallega, pourrait relativement bien se passer, à savoir un finish dans le Top 15.

L’arrivée de l’international Ivoirien Arouna Koné a redonné espoir à Wigan. Les buts devraient aussi venir du meilleur buteur Latic l’an dernier, l’Argentin Franco di Santo (7 buts/32 matchs, en net progrès) et, espérons-le, de Mauro Boselli, acheté 6M à Estudiantes en 2010 mais surtout prêté depuis son arrivée.

On ne le Koné pas encore en Angleterre mais ça ne saurait tarder

On ne le Koné pas encore en Angleterre mais ça ne saurait tarder

Qui est arrivé cette saison ? Fraser Fyvie (Aberdeen, 450 000), Arouna Kone (Levante, 4M), Ryo Miyaichi (Arsenal, prêt), Ivan Ramis (Real Mallorca, 4,5M).

Qui s’est éclipsé ? 3 gratuits : Mohamed Diamé (West Ham), Chris Kirkland (Sheffield Wednesday) et Hugo Rodallega (Fulham). Un très cher : Victor Moses (Chelsea, 9M). Et trois libérés : Steve Gohouri, Jordan Robinson et Hendry Thomas.

Photos & profils effectif et les fiches Wiki.

Un p’tit jeune à surveiller (ou plusieurs) ? Oui, deux en particulier (hormis James McCarthy) :

1)   L’attaquant Callum McManaman, il a brillé l’an dernier à Blackpool (prêt)

2)   Fraser Fyvie. Ecossais de 19 ans ½, milieu box to box, le futur Paul Scholes paraît-il…

Si Wigan était un sport olympique, ça serait quoi ? Le ball-trap (skeet). Euh, pas franchement indispensable.

… un sélectionné olympique ? Les trois apatrides. Super sympas, frais et bondissants lors de la cérémonie d’ouverture mais soyons francs, qui a cherché à connaître leurs résultats une fois la compét’ commencée ?

C’est qui le big boss au fait ? Dave Whelan (& family), via Whelco Holdings. Whelan, 75 ans, est un ancien défenseur professionnel de haut niveau (D1 à D4) et un homme d’affaires local qui a réussi dans le secteur des magasins de sport (JJB Sports). Fortune estimée à 140M. Mais son gros coup sportif fut Wigan Athletic. En février 1995, Whelan rachète ce minot, qui végète alors en D4 dans l’un des stades les plus déglingués d’Angleterre (Springfield Park), sinon d’Europe de l’Ouest (voir détails puants). L’affluence moyenne cette saison-là n’est que de 1 845 spectateurs !

Eté 1999, Whelan inaugure le nouveau stade qu’il a financé (30M), une enceinte de 25 000 places située au bord du canal Leeds-Liverpool. Le DW Stadium est également l’antre des Wigan Warriors, le très populaire club de rugby à XIII de la ville. Les Warriors écrasent en notoriété les footeux. Jugez-en plutôt à cet échantillon de leurs celebrity fans (tiré de wiki) et comparez avec celui des Latics :

Bradley Wiggins, Rio Ferdinand, Ryan Giggs, Will Greenwood, Kym Marsh (actrice de soap), Ricky Hatton (boxeur très connu), Lee Westwood, Alex Ferguson, Robbie Savage et Ian Botham (ex vedette de cricket très célèbre… et ancien footballeur à Scunthorpe ! 1980-85, alors en D3/D4).

Wigan Athletic : Mikhail Gorbachev

En 2005, Wigan monte en Premier League et a depuis successivement fini 10è, 17è, 14è, 11è, 16è, 16è et 15è. Depuis 1995, Whelan a injecté plus de 100M dans le club et pourrait bientôt rechercher un investisseur « sûr et bien intentionné » (dixit lui-même) pour reprendre le flambeau Latic. Enfin, il dit ça tous les ans et il est toujours là.

Et le manager ? Roberto Martinez, souvent contacté avec insistance par d’autres clubs mais toujours là. Un lien indéfectible semble l’unir au propriétaire, voir notre dossier complet sur Wigan, Martinez et Dave Whelan.

Et les cotes, ça donne quoi ? Titre : 4 000/1. Relégation : 6/4

That’s all folks pour cette mini série (retrouvez-nous donc sur Facebook et Twitter).

Kevin Quigagne.