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La première partie est ici, tandis que la deuxième est .

Vendredi 15 octobre : enfin, la conclusion ?

Beaucoup de points en suspens.

Le Juge Jordan (la nouvelle célébrité texane) va-t-il abonder dans le sens de la Haute Cour de Londres ? La banque RBS va-t-elle exiger le remboursement prévu aujourd’hui ? Si impossibilité de rembourser, le club va-t-il être placé en redressement judiciaire avec neuf points de retrait ? (Liverpool serait alors à –3 avant de rencontrer Everton dimanche). John Henry et NESV seraient-ils toujours intéressés pour racheter un club alors en redressement ? H & G vont-ils saisir la Cour Suprême des Etats-Unis ? Ou la Cour internationale de justice et des droits de l’homme ? Peter Lim (the new Kenny Huang ?), casaque jaune, toque pailletée rouge, va-t-il surgir de son Disco Inferno déguisé en John Travolta et coiffer tout le monde sur le poteau ? Mill Financial (MF), le new kid on the block, fomente-t-il un sinistre complot pour apparaître de derrière les ragots et rafler la mise devant un directoire médusé ?

On saura tout en fin d’après-midi.

9 h 24. En attendant la fin de l’après-midi, une énième mauvaise nouvelle tombe pour Liverpool : Jamie Carragher vient de prolonger son contrat de deux ans.

On apprend en outre que Mill Financial est hyperactif en coulisses et a proposé à RBS de rembourser intégralement le prêt contracté par H & G (MF a récupéré les actions de Gillett en août après que ce dernier ne s’est pas acquitté des remboursements). La RBS aurait refusé cet arrangement peu scrupuleux. Qui a dit que les banques n’avaient aucun cœur ?

10 h 00 : rumeurs selon lesquelles Hicks tente, dans un dernier élan tordu, de sagouiner la vente du club à NESV en faisant le forcing pour persuader Mill Financial de racheter ses actions (MF qui possède donc déjà les 85 millions d’actions de Gillett, même si ce dernier fait toujours mystérieusement partie du directoire – je sais, c’est étrange, mais plus ça va, moins on sait à qui appartient réellement ce club).

Une course contre la montre s’engage, H & G n’ont plus que six heures pour conclure un deal avec l’énigmatique MF. Situation anxiogène. Contrairement à John Henry-NESV (réanimateur cardiaque des Boston Red Sox et très apprécié sur Boston), on ne sait absolument rien de MF.

Tels des George Marchais sauce ultralibérale, ils ne répondent ni aux questions, ni au téléphone, ni aux courriels, et refusent toute interview. On arrive à peine à trouver un lien internet sur eux.

Voici un extrait amusant que dégotent des journalistes, sur le site de la maison mère (Springfield Financial) : « Springfield sait mieux que quiconque négocier les transactions compliquées de façon créative. » Ça devrait s’avérer utile aujourd’hui…

10 h 30. Enième coup de théâtre. Avant même l’ouverture de l’obscur tribunal texan le plus célèbre au monde, on apprend par Sky que H & G ont « levé » l’ordonnance restrictive qu’ils avaient fait placer sur la vente du club à NESV.

Bonne nouvelle pour Liverpool ? Pas vraiment, H & G ont probablement fait cela dans le but de vendre plus tranquillement le club aux ténébreux de Mill Financial. H & G doivent avoir une dent contre John Henry, un peu quand même.

Malgré la levée de l’ordonnance, H & G déclarent ne pas vouloir lâcher le morceau, ils iront jusqu’au bout. Hasta la muerte.


Ce dernier rebondissement intrigue les observateurs. Voyons voir, il est 4 h 30 du matin au Texas, le tribunal n’ouvrira que dans trois heures pour instruire l’affaire en priorité (demande des autorités anglaises, vu l’urgence). Comment diable se fait-il alors que H & G aient décrété à eux seuls la levée de l’ordonnance restrictive décidée par un tribunal la veille ? H & G ont aussi un pouvoir divin de rendre les décisions de justice, unilatéralement ?

11 h 00. Apparemment, deal conclu entre Hicks et Mill Financial, le texan leur aurait bien vendu ses actions (85M de livres). Cela ne veut pas dire que tout cela est légal… Rien n’est trop légal dans toute cette saga. Le propriétaire des actions est Kop Holdings, société bloquée par la décision de la High Court de Londres.

No pasaran, déclare John Henry, guère inquiet du coup fourré de dernière minute entre Hicks et Mill Financial (actions d’Hicks vendues en douce à MF) : il faudra de toute manière l’accord du directoire pour vendre. Et puis, NESV a un contrat « d’exclusivité » avec le directoire pour racheter le club (valable jusqu’au premier novembre). Hicks rétorque tranquillement qu’il n’a pas besoin de l’accord du board, puisque les proprios, c’est Gillett et lui. Dans leur monde à eux, tout leur appartient et ils rendent eux-mêmes la justice.

11 h 50. John « El Che » Henry prend les armes sur Twitter : « Nous avons un contrat [avec le directoire]. Nous nous battrons pour empêcher MF, H & G de garder le club aujourd’hui. Leur dernière tentative désespérée de s’emparer du club échouera.« 

13 h 00 (7 h 00 heure texane – transportons-nous là-bas). La bataille s’est donc déplacée du Big Four des tribunaux anglais, la High Court de Londres (magnifique bâtiment gothique) au petit poucet du 160th District Court in Dallas (tribunal d’instance moche).

Tous les avocats sont là, prêts à s’entretuer à coups de Dalloz en angliche (ceux de LFC, RBS, NESV et H&G). Le directoire espère obtenir rapidement l’annulation de cette ordonnance farfelue.

Quelques supporters de Liverpool sont là aussi (ceux basés au Texas). Les huissiers leur intiment l’ordre d’éteindre tout portable (ils twittaient non-stop aux médias anglais), sous peine de Death row. Personne ne bronche. On ne reçoit plus de nouvelles pendant une heure. Les premiers symptômes d’état de manque judiciaire apparaissent.

8 h 00 (on n’a pas reculé dans le temps, juste bougé au Texas). Enfin des nouvelles. Le juge Jordan ordonne la dissolution de cette ridicule ordonnance restrictive qui n’a jamais eu aucune légitimité (c’est vrai, quoi, merde). Youpi.

Le juge d’instance Jordan, inconnu il y a 48 heures, gloire internationale aujourd’hui, déclare : « It’s been an interesting two days.« 

C’est un vrai pipole maintenant, il passera sûrement bientôt chez Oprah Winfrey et pourra donc se représenter serein aux prochaines élections de Super Juge de la Cour Suprême du Texas ou d’ailleurs.

Fin des aventures texanes. On l’espère en tous cas.

13 h 00, retour à Londres. John Henry vient d’arriver à un meeting du directoire (ce qui signifie : achat du club imminent).

Des petits malins des bureaux d’en face ont réussi à prendre des photos de la table de réunion. Il y a bien trente personnes autour de la table (immense, elle n’a jamais dû entrer par la porte – mais comme on n’a pas vu la porte, on ne peut donc être sûr de rien).

On apprend aussi que ces fourbes de Mill Financial ont approché les Grands Vizirs de la Premier League pour s’enquérir des modalités de passage du fameux « Fit and proper persons test » (un test que tout nouveau propriétaire potentiel doit passer, et réussit toujours haut la main, même Thaksin Shinawatra l’avait réussi, mention du Jury – c’est Harry Redknapp et Sam Allardyce qui corrigent les copies).

La PL les aurait envoyés promener, en leur répondant sèchement qu’elle ne traitait qu’avec des « directoires légalement constitués » (toujours le mot pour rire cette PL).

Décidément, aujourd’hui, c’est tous les habituels pestiférés qui redorent sacrément leur blason (banque, Premier League plc, etc). Ça doit être « Journée rédemption pour les boucs émissaires ».

Dommage que Kerviel ne soit pas supporter de Liverpool, aujourd’hui aurait été l’occasion idéale pour lui de se racheter.

13 h 45. H & G sont dans les cordes et seraient prêts à jeter l’éponge. L’émétique Tom Hicks livre un long communiqué incendiaire mais à l’arrière-goût défaitiste. Tricheur et mauvais perdant, on en était sûr.

Bien sûr, Hicks clame son innoncence, et répète que rien n’est de sa faute et que lui et son compère Gillett n’ont voulu que le bien du club. En grand carambouilleur ès-manipulation, il présente le duo comme deux héros qui ont sauvé le club d’un redressement judiciaire potentiellement fatal. Il réitère ses accusations « d’escroquerie » portées mercredi à l’encontre du directoire du club, et déclare la vente du club « illégale« . Du grand classique. Ça ne serait pas des anciens d’Enron, H & G ?

Ah oui, j’allais oublier, un petit détail : H & G réaffirment leur intention de poursuivre le directoire et la RBS pour obtenir « au minimum » 1 milliard de livres de dommages et intérêts. La RBS est une banque étatisée depuis la crise de 2007. Si G & H arrivent à gratter un beau magot en dédommagement, cela veut-t-il dire que c’est le contribuable anglais qui devra financer ces vautours ? Ben, logiquement, oui. Mais on n’ose pas y penser.

14 h 00 : On s’attend à l’annonce du rachat du club d’une nanoseconde à l’autre. Tout le monde est à cran. Et s’il y avait un ultime rebondissement sismique dans cette histoire de dingues ?

Où est passé Mill Financial ? On est sans nouvelles d’eux depuis ce matin, c’est louche. Et Peter Lim, il est toujours devant sa Karaoke box à Singapour ? Si oui, on lui conseille de ne pas bouger et d’attaquer le répertoire d’Engelbert Humperdinck, ça devrait l’occuper pour un bon moment.

14 h 15. Le suspense devient insupportable. Les rumeurs de vente imminente du club enflent, en même temps que celles d’un pépin de dernière minute.

La banque RBS s’excite toute seul à l’idée de récupérer ses pesos qu’elle flippait de ne plus revoir (« Ma cassette, ma cassette, rendez-moi ma cassette ») et prépare en salivant la réception du colis de 200 millions et des poussières.

Pas une mauvaise semaine finalement pour les petits Ecossais étatisés, avec l’annonce de bénéfices d’1,3 milliards de £ il y a quelques jours.

14 h 15. Le Guardian révèle que Stephen Hester, le Chief exec de RBS, est un supporter acharné de Man United. Va-t-il faire capoter le truc à la dernière seconde ? Pourquoi tant de retard dans cette vente, faut conclure avant 16 h ! Hester est-il le « traître » de cette affaire ?

En tous cas, gros coup de PR pour la banque RBS, qui sort en Ultimate Hero de cette affaire. Une fois n’est pas coutume.

Patrice Evra, contacté à l’entraînement, déclare qu’il faut être sans pitié avec ce traître qui menace de faire capoter l’affaire (il n’a pas compris qu’Hester est un gentil). Evra est toujours branché sur Knysna FM et déclare : « Le problème dans cette affaire, une fois de plus, c’est ce traître qui rôde autour de la banque, et met en danger le collectif. Il faut l’éliminer. »

14 h 45. Les médias rapportent qu’il y aurait effectivement des complications. Les spéculations vont bon train. Discute-t-on du communiqué belliqueux de H & G livré une heure plus tôt (qui promet de poursuivre tout le monde et sa famille jusqu’en enfer) et essaie-t-on alors de peser chaque mot de l’annonce imminente du rachat ? C’est bien possible.

15 h 35. Les joueurs sortent de l’entraînement. La traditionnelle conf’ de presse du vendredi est remise à plus tard. Roy Hodgson se dit ravi de l’arrivée de ces nouveaux propriétaires. Qu’il ne se ravisse pas trop vite lui, il pourrait bien sauter dès la semaine prochaine.

Les joueurs ne sont guère bavards. Ryan Babel est dans sa tour et se dit au courant de rien. Il déclare cependant qu’il twittera un message cryptique résumant l’affaire. Poulsen, interrogé, botte en touche. Milan Jovanović en profite pour répéter que si les choses s’arrangent, finalement il restera, mais rien n’est moins sûr, ça dépend. Tandis que la légende du club, le gardien number 5 dans l’effectif (remplaçant intérimaire de la doublure de la réserve B), l’ex-Kavalien Charles Itandje, part dans un fou rire incontrôlable avant même que la moindre question ne lui soit posée.

15 h 52 : Ça y est, c’est fait !! Bloomberg est le premier à annoncer la vente du club à NESV. Le magot tant espéré arrive chez RBS en flux tendu. Ça serait marrant qu’il y ait une coupure d’électricité.

15 h 58. Annonce officielle du rachat de LFC par NESV (pour 300M de £). Il était temps, plus que deux minutes et RBS risquait d’imploser. Un cliffhanger pire que la traditionnelle dernière soirée de Mercato.

Une nouvelle ère peut debuter pour le Liverpool Football Club. Les supporters d’Anfield préparent les plumes et le goudron pour H & G.

La quinzaine sera officiellement achevée après le Everton-Liverpool de dimanche. Un derby qui s’annonce des plus explosifs. Mais quoi qu’il arrive dimanche, cela ne sera rien à côté des quinze derniers jours.

Kevin Quigagne

(La première partie est ici)

Mardi 12 octobre : la vraie bataille juridique peut commencer

High Court de Londres. RBS v Hicks & Gillett. Ça s’annonce chaud.

Manifestation d’une bonne centaine de Reds devant le tribunal, « Martin [Broughton], we love you« , scandent les supporters. Jamais un patron de British Airways n’a été aussi adulé. Michael O’Leary, le boss de Ryanair, fait une crise de jalousie, se venge sur ses passagers et décide d’instaurer une taxe supplémentaire ; désormais, ses clients paieront un supplément « mètres cubes d’air respiré en cabine » (et en salle d’embarquement).

H & G sont absents. Broughton et Liverpool sont défendus par la fine fleur des Super Avocats, Lord Grabiner. Tout comme en PL, tout est très hiérarchisé chez les avocats anglais ; il y a le Big Four, le Mou Thirteen et le Bottom Three. Ces derniers touchent 200 £ / heure. Les Super Avocats évoluent dans une toute autre galaxie. The Independent révèle que Grabiner palpe 3 000 £ / h.

L’affaire est programmée pour durer deux heures. Elle s’étendra sur plus de six heures (il y a six autres affaires à examiner ce jour-là en salle d’audience 16).

Rien que le sketch des avocats de H & G dure trois heures (atermoiements, timewasting, simulation, tentatives de faire reporter l’audition et enfin, reléguée vers la fin, mini-plaidoirie). Le public et les journalistes s’endorment.

Le bon juge Floyd

ce bon juge Floyd

L’arbitre, le juge Floyd, s’impatiente. Il siffle la fin du match à 16 h 30. Faudra aller aux prolongations le lendemain. La date butoir de remboursement de prêt est le 15 octobre et il tient absolument à conclure l’affaire dans les vingt-quatre heures (les vingt-quatre heures démentes ?).

Mercredi 13 octobre

10 h. Les prolongations commencent devant la chambre 18, plus petite que la 16. La salle est archi-comble, beaucoup de supps se retrouvent debout, hyper serrés. Certains sont priés de sortir. Ils répliquent : « On peut faire appel ?« . Mais l’huissier ne goûte guère leur humour et les fait sortir.

A midi, le verdict tombe. And the winner is (à part les avocats)… RBS & Martin Broughton. Le juge Floyd en a eu assez de toutes ces salades texanes, et a débouté H & G. Première victoire pour les Reds.

La centaine de supporters présent exulte, et malgré la sécurité renforcée, quelques-uns parviennent à pénétrer dans la salle des points perdus du Palais de Justice, et entonnent : « You’ll Never Walk Alone » (you’ll never walk a loan ?).

A 13 h 15, les bookmakers annoncent les cotes du futur proprio. NESV est donné grand favori : 1/10, Meriton 6/1 et Mill Financial 14/1.

H & G contre-attaquent : « See you at the Court of Appeal, guys« .

Le duo infernal pourrait réclamer des dommages et intérêts en Cour d’Appel anglaise… mais seulement si cette dernière accepte les arguments de H & G que le verdict rendu en première instance par la Haute Cour est « wrong » (c’est-à-dire qu’il sort du barème des jugements « raisonnables » qui auraient pu être rendus dans cette affaire).

Broughton annonce une réunion du board le soir même, à 20 h, dans des bureaux londoniens de Slaughter & May (cabinet juridique avec des tables géantes). H & G y seront représentés par leurs avocats. La vente immédiate du club à NESV devrait y être décidée.

Des USA, John Henry (NESV) exulte par Twitter : « Well done Martin, Christian and Ian. Well done RBS. Well done supporters!« . Enfin un Henry heureux et victorieux cette année.

Gros coup de pub pour les « Liverpool Three ». Déjà presque aussi adulés que les Beatles en Angleterre.

Les huit heures de l’affaire au tribunal ont coûté jusqu’à 500 000 de livres (selon Lord Grabiner, l’avocat du board de LFC – celui à 3 000 £ / h).

Le revenant Chris de Burgh (supporter des Reds) se fend d’un commentaire interminable dont je vous livre la profonde substance : « C’est génial » (réapparition du barde britannico-celte aussi incongrue que malvenue et absolument sans rapport bien sûr avec la sortie de son prochain album la semaine prochaine, en exclusivité Asda et Poundland).

Sky News montre les scènes de liesse à la sortie du tribunal. Celles du Guardian ne sont pas mal non plus.

20 h 30. Petit évènement : John Henry, le boss de NESV (qui était encore aux USA quelques heures avant), débarque au meeting de ce soir (a-t-il été déposé sur Londres par un avion de chasse US ?). On pense alors que la vente du club à NESV n’est plus qu’une formalité.

22 h. Énorme coup de théâtre. On apprend que H & G viennent de porter plainte auprès d’un obscur tribunal texan (le Texas State District Court) contre les 3 membres du directoire de Liverpool et ont obtenu du tribunal une « ordonnance restrictive« , bloquant temporairement la vente de Liverpool  FC à NESV.

C’est un peu comme si le Tribunal d’Instance de Gueugnon décidait subitement de pourrir la High Court de Londres sur une affaire anglaise. Un hold-up de dernière minute des vils coyotes qui ne surprend pas tant que ça finalement.

Le texte de l’accusation est survitaminé et a dû être rédigé par le fils Hicks (grand diplomate bien connu), pendant un shoot de stéroïdes. H & G accusent le directoire du club d’avoir commis une « formidable escroquerie » et parlent de « conspiration« .

Ils dénoncent le fait que d’autres acheteurs potentiels n’auraient pas été considérés (dont FBR Capital Markets qui aurait proposé 400 millions de livres le 4 octobre), et que le club est en passe d’être vendu pour « des centaines de millions de dollars en dessous de sa valeur marchande« .

Ils exigent une audition le 25 octobre, et réclament la bagatelle d’1 milliard de £ en dommages et intérêts (1,6 milliard de dollars).

Les avocats du club vont maintenant tenter de faire lever cette ordonnance restrictive le plus vite possible mais les embrouilleurs H & G ont atteint leur objectif machiavélique, parvenir une nouvelle fois à paralyser la vente du club.

Personne parmi les journalistes ou experts présents ne peut dire précisément quelle légitimité ce tribunal a sur le sol anglais. Mais on sent le gros coup de bluff quand même.

Cependant, il convient d’y aller prudemment. RBS est une multinationale possédant des intérêts financiers considérables aux USA (sans parler de NESV, société américaine) et tous estiment qu’il serait risqué d’ignorer les nouveaux développements de ce soir, aussi farfelus qu’ils paraissent. Aucun des acteurs de cette saga n’a intérêt à se retrouver « in contempt of a US Court » (obstruction au cours de la justice/outrage à magistrat).

Le refus d’obéir à la justice se paie cher aux USA (avec leurs amendes surréalistes) et beaucoup ont fait de la prison pour moins que ça. Et personne n’a envie de se retrouver dans une cellule de prison US, avec les Crips et les Bloods pour voisins.

Les avocats du directoire déclarent qu’ils pourraient contre-attaquer en portant plainte contre H & G pour diffamation (accusations d’escroquerie).

Les discussions entre les avocats et le directoire se prolongent jusqu’à 3 heures du matin (on cherche la meilleure stratégie à adopter pour faire annuler cette ordonnance restrictive).

Jeudi 14 octobre

La journée commence par des réitérations en pagaille des nombreux acteurs du feuilleton, qui s’est vite transformé en Dallas du foot européen. Ça roule des mécaniques et bombe le torse.

Le directoire de Liverpool répète à l’envi sa farouche volonté de faire lever l’ordonnance restrictive imposée par H & G la veille (par ce fameux tribunal texan).

 La RBS réaffirme son désir de récupérer ses billes (280M) avant la date butoir (le lendemain 16 h).

NESV réitère sa détermination à acquérir Liverpool. John Henry annule tous ses engagements aux USA et reste sur Londres.

Peter Lim, le zillionaire singapourien du groupe Meriton, répète qu’il se battra jusqu’au bout pour faire valoir ses droits.

H & G réaffirment leur volonté d’atomiser le directoire de LFC et d’obtenir leur milliard de dommages et intérêts. Ils se basent sur la (grotesque) évaluation du club par Forbes en avril 2010 (822M de $, sans les dettes !), pour clamer haut et fort que le club a été honteusement sous-évalué et que des offres supérieures à celle de NESV ont été ignorées. Ils crient à la conspiration, à la machination, au complot, à l’escroquerie caractérisée et que sais-je encore.

Hicks Junior, le poète (« blow me fuckface« ), semble en plein dans son élément. S’il n’y avait que lui, ce foutoir durerait jusqu’à Noël. Un vrai poissonnier de criée (je m’excuse auprès de ces derniers – après les bouchers-charcutiers, les faucheurs, les sarcleurs et les bûcherons, encore une noble corporation qui morfle injustement cette semaine).

Les mystérieux dirigeants du hedge fund américain Mill Financial (et incrustés de la dernière heure) affirment haut et fort qu’ils sont en pole-position, et que les actions de Gillett (88M de £) sont désormais en leur possession. Et donc que les proprios du club, eh bien, techniquement, c’est eux.

Le Liverpool Echo révèle en outre qu’une « grosse organisation » se trouverait derrière Mill Financial (propriété de SpringField Financial – derrière le club des Washington Redskins American Football). Le nom de Kenny Huang revient sur le devant de la scène. Personne n’y croit cependant. Dommage, il nous avait fait bien rire.

On apprend que le désormais fameux Judge Jordan (celui qui a lancé une injonction contre le directoire de Liverpool depuis son tribunal texan) est indirectement lié à Tom Hicks… En 2008, il avait reçu 10 000 $ de K&L Gates LLP pour sa campagne d’élection à la Texas Supreme Court. L’un des patrons de K&L, Vester Hughes, est un intime du cercle Hicks.

14 h 00. L’affaire reprend à la High Court. H & G ont choisi de n’envoyer aucun avocat (peut-être, tels Saddam Hussein ou Radovan Karadzic, ne reconnaissent-ils pas la légitimité de ce tribunal londonien ?).

Le directoire va tenter d’annuler l’ordonnance restrictive venue du Texas, sur la base de « l’illégitimité » de l’intervention judiciaire du tribunal texan au Royaume-Uni par rapport à la législation commerciale britannique.

14 h 30. Nouveau coup de théâtre : Peter Lim jette l’éponge. Il déclare que son combat est perdu d’avance, que tout ça est pipé depuis le départ, et se dit persuadé que le directoire a déjà fait son choix de vendre à NESV, en ghettoïsant toutes les autres parties intéressées. Mais il s’empresse d’ajouter que s’il n’y a rien de nouveau d’ici demain 16 h, qu’on le recontacte. On pourra le joindre au Golden Mike Karaoke bar de Singapour downtown.

15 h 00. On apprend que H & G sont à Dallas. Leurs avocats accusent le directoire de LFC d’avoir bafoué la légitimité du tribunal américain hier et assimilent cela à un « outrage à magistrat« … « The LFC board were in contempt of a US court yesterday » déclarent-ils. Ils ne manquent pas de culot eux !

15 h 15. Des nouvelles de la salle d’audience de la High Court.

Le truculent avocat du directoire de LFC, Lord Grabiner, ténor du barreau et l’un des mieux payés au monde (3 000 £ / h), décrit les actions de H & G comme suit : « C’est une parodie grotesque, affligeante, injuste et infondée. Il est ridicule que H & G aient recours à la 160th Civil District Court du Texas, un tribunal évidemment mondialement connu [ton sarcastique], simplement parce qu’ils ne sont pas satisfaits du verdict rendu par la Haute Court de justice de Londres. H & G sont incorrigibles et sont vraisembablement en train de ricaner dans leur coin en ce moment.« 

Le Dallas Morning News, bien optimiste, rapporte l’affaire en écrivant : « Tom Hicks a réussi hier à faire stopper la vente de LFC et a peut-être gagné un précieux avantage : celui de rejouer le match à domicile. Le juge Jim Jordan, qui a rendu hier une décision en faveur de l’homme d’affaires texan, déclare que cette affaire doit maintenant être jugée par un tribunal texan. »

Cette bizarre saga tourne de plus en plus au bras de fer entre deux tribunaux, façon Gladiator sur parquet (mon tribunal est plus musclé que le tien).

17 h 20. Le verdict du bon juge Floyd tombe : l’ordonne restrictive lancée au Texas contre le directoire de LFC est infondée. Son annulation, demandée par le directoire, est donc prononcée.

Floyd déclare, en substance : « Cette affaire n’a pas à être traitée au Texas.« 

Le juge Floyd prévient aussi H & G qu’ils seraient considérés comme « refusant d’obéir à un ordre du tribunal » s’ils ne faisaient pas cas de cette décision.

Le juge Floyd doit être également très soulagé. La High Court de Londres a « accueilli » une quantité impressionnante de clubs et dirigeants du football depuis un an. Entre autres : Cardiff City, Portsmouth, Harry Redknapp, Milan Mandaric, Sheffield Wednesday, Crystal Palace, Notts County, Stockport County, Boston United, Chester City, Southend United, King’s Lynn FC, Ilkeston Town et Burscough FC.

Cette décision est-elle LA décision finale et définitive ? (qu’on en finisse avec cette affaire). Rien n’est moins sûr.

Etant donné qu’on parle ici d’un cas extrêmement complexe où plusieurs types de droit se télescopent (droit anglais v américain, international, commercial, civil, etc.), évidemment, les interprétations divergent, et les experts légaux ne sont pas tous d’accord sur les recours possibles, ainsi que le degré de responsabilité des uns et des autres. Une chose est sûre cependant : la nasse se referme sur les diaboliques H & G.

La question que tout le monde se pose : H & G vont-ils enfin abandonner ou ont-ils encore un tour dans leur sac à malice ?

La date butoir pour le remboursement du prêt est toujours fixée au lendemain, 16 h 00. Une audition sur cette affaire doit commencer à Dallas à midi, heure texane.

Un blogger anglais résume comiquement la situation :

« Alors hier, les Anglais ont gagné dans un tribunal anglais. Ensuite, les Américains ont gagné dans un tribunal américain et ont fait bloquer la décision du juge anglais. Aujourd’hui, les Anglais ont de nouveau gagné au tribunal anglais, qui a bloqué l’action de blocage initiée contre la première décision du juge anglais. Et en ce moment, les Américains sont au tribunal américain pour bloquer le blocage du blocage de la décision du juge anglais, décidée après la première tentative de ces mêmes Américains. Bon, ça va se finir quand tout ça ?« 

Le directoire a envoyé des avocats sur place à Dallas pour contre-contre-attaquer.

19 h 00 : NESV déclare qu’ils sont les nouveaux proprios du club et que l’achat de vente pourrait être signé dans la soirée (après la décision rendue à Dallas).

20 h 00. On apprend que Gillett est à Londres, en compagnie de ses avocats (mais ils se déplacent comment ces Ricains, en fusée ?).

20 h 15. Le fameux tribunal texan vient de suspendre l’audience, qui reprendra demain à 7 h 00, heure locale. Treize heures en Angleterre, soit seulement trois heures avant la fin de la date butoir. De sérieuses complications sont apparues à Dallas sur la question centrale de cette affaire : mais qui est le propriétaire de ce club, bon sang ?

Il y a à peine quelques jours, on était encore loin de penser que l’avenir de LFC se trouvait peut-être entre les mains d’un obscur tribunal texan.

20 h 30. Broughton déclare qu’il espère pouvoir présenter aux supporters John Henry, le nouveau proprio, dimanche après-midi lors du derby contre Everton.

22 h 00. Les reporters de Sky et autres campent (en vain) devant les bureaux de Slaughter & May à Londres où Broughton et son gang sont réunis avec John Henry et son crew pour préparer l’épique bataille du lendemain.

Kevin Quigagne

Pas de bus mais un traître, en jet privé, qui tente de buter la date butoir. Et Dallas, son univers plus impitoyable que jamais. Voyage étourdissant dans l’œil du cyclone Red. Comme si vous y étiez.

Dimanche 3 octobre

Défaite 2-1 à domicile contre le minus Blackpool. Manifestations autour de « Yankfield ». Le Kop veut le retour du King Kenny (Dalglish). Liverpool est reléguable. Pire début de saison depuis 1953 (relégués en D2 cette saison-là, pour 8 ans).

Lundi 4 octobre

La presse parle de deux repreneurs potentiels, l’un américain (New England Sports Ventures), l’autre asiatique (Meriton). Ils proposeraient la même somme, 300 millions de £, soit la moitié de ce que voulaient les doux rêveurs Tom Hicks et George Gillett (H & G), les Tom & Jerry du foot anglais.

200 millions iraient de suite à la Royal Bank of Scotland et à Wells Fargo (banque du Far West) pour rembourser une partie du prêt de 237M de £ ainsi que les charges et frais (petits agios et commissions de 40M).

La question du « nouveau stade » redevient brûlante. Liverpool ne tire actuellement d’Anfield que 42M de £ en billetterie (saison 2008-09), quand Manchester Utd et Arsenal sont à plus de 100M chacun.

Mardi 5 octobre

Réunion extraordinaire du directoire du club (et un peu en douce quand même – H & G affirment ne pas avoir été prévenus – ils ont envoyé leurs avocats sur place). Meeting en anticipation de la date butoir de remboursement du prêt, fixée par la banque RBS au 15 octobre 2010. En principe, le directoire doit retenir l’offre américaine (l’autre, celle de Peter Lim, société Meriton, est rejetée, sans explication – certains actionnaires chouinent).

Le directoire est composé de cinq membres : Martin Broughton (British Airways), président du club depuis avril 2010 – installé par la RBS avec l’ordre express de vendre ; ses deux alliés, le directeur général Christian Purslow, et le dircom Ian Ayre ; et les minoritaires, les vils coyotes H & G, les Américains les plus détestés d’Angleterre (sauf, peut-être, autour de Goodison Park et d’Old Trafford).

NESV n’offrirait rien à H & G pour leurs actions, précipitant une perte sèche de 144M de £ pour le duo américain. On fête la nouvelle au champagne du côté d’Anfield (ou plutôt au « cheap cider » de contrebande).

Les deux Américains avaient acheté le club début 2007 pour 220M de £, financé à 97 % par des prêts (H & G n’auraient mis que 7M de leur poche dans le club). Ils tablaient sur l’explosion supposée des droits TV de la Premier League (surtout les droits étrangers) pour revendre le club et faire un malheur.

L’achat s’était fait de manière plus que folklorique, et dans la précipitation (club acquis à la famille Moores – loto foot, immobilier, chaîne de magasins, etc. – bien contente de se débarrasser du truc dès les premiers indices de crise apparus… en empochant une belle plus-value de 90M de £).

Le duo avait emprunté 185M à la RBS pour douze mois seulement (avec rallonges). Gillett avait persuadé Hicks de se joindre à lui (il possède des franchises sportives aux USA). Hicks admit d’abord qu’il ne connaissait rien de Liverpool, mais qu’il « allait se renseigner » (comprendre, qu’il allait étudier les revenus TV et autres).

Les droits médias ont effectivement augmenté, mais la crise étant passée par là (gonflant avec elle les dettes du club), le club ne vaut plus que 300M de £ (loin des £800M que H & G comptaient en tirer en avril 2010 !).

Les Ricains ne comprennent pas cette forte baisse et brandissent le magazine Forbes (grand spécialiste de football, comme chacun le sait), qui a récemment, dans son édition « Soccer team valuations », évalué le club à 822M de $ (535M de £ – hors dettes !). Ce qui placerait Liverpool et ses 185M de £ de CA au sixième rang mondial de la Football Money League. En 2009, Forbes avait évalué LFC à 704M de £…

H & G font une fixation sur cette évaluation (fantaisiste) de 822M de $ et n’ont plus que ça à la bouche pour justifier leur courroux.

La liste des proprios qui s’en sont mis plein les poches dans le foot anglais cette dernière décennie est longue. Parmi les heureux élus, David Moores (Liverpool, en 2007), Alan Sugar (Spurs), Martin Edwards (Man Utd), David Dein (Arsenal), Ken Bates (Chelsea), Thaksin Shinawatra (Man City) et Freddy Shepherd (Newcastle).

Mais la liste des losers est encore plus longue. Rien qu’hier, on apprend que Simon Jordan a perdu 47M de £ à Crystal Palace (D2), en 9 ans. Elle sera grossie par H & G, qui comptaient faire un « fast buck » et ajouter ainsi leur nom au palmarès des gagnants.

Quinze minutes avant le meeting, H & G tentent un putsch de desperados, à la Bob Denard.

Contrairement à leur engagement d’avril 2010 de garder le même Board (lors du troisième prolongement de prêt), les cowboys H & G s’octroient les pleins pouvoirs et tentent d’éjecter du board Purslow et Ayre au lasso, pour y installer le fiston Mack Hicks et Lori McCutcheon, une business associate (pas le même fils qui avait envoyé un courriel de bonne année à un supporter le 10 janvier 2010, le priant d’aller se faire empapaouter chez les Papous).

Le directoire de Liverpool repousse vigoureusement le dernier baroud de déshonneur des coyotes et les boute hors de la ville. H & G contestent la légitimité du directoire. OK Corral peut vraiment commencer. On est parti pour 10 jours de feu nourri. Lieu du prochain combat : la Haute Cour de Justice de Londres.

Mercredi 6 octobre

Il se confirme que NESV, consortium américain composé de dix-sept investisseurs (et propriétaire des baseballeux du Boston Red Sox), veut racheter le club, pour environ 300M de £. Il s’engagerait à rembourser la majorité de la dette de suite. Le boss s’appelle John Henry (61 ans) et ses cigares rendent Fidel Castro fou de jalousie. Après Thierry, Karl et Paul* encore un Henry qui fait l’actualité cet été.

(*présentateur du Télé-matin néo-zélandais. Ses commentaires liés aux Jeux du Commonwealth cette semaine ont créé un incident diplomatique – il a fait toute une série de jeux de mots bien lourds, en s’étouffant de rire, sur le nom d’une ministre indienne, Sheila Dikshit. Il a été viré).

Les supporters de Liverpool sortent un clip (Dear Mr Hicks), on ne peut plus clair sur leurs sentiments dans cette triste affaire.

Sky News produit un résumé de la situation.

Le SoS (Spirit of Shankly – groupe de supporters qui ont mis la pression et avaient eux-mêmes tenté de bloquer H & G avec le ShareLiverpoolFC, mais en vain) ne s’emballe pas :

« Nous sommes prudemment optimistes » déclarent-ils. Ils publient une belle galerie de supporters.

Le Guardian rappelle que H & G promettaient également la lune à leur arrivée (nouveau stade, investissements). Les titres de presse en février 2007 : « Nous sommes entre de bonnes mains. Les nouveaux propriétaires veulent ‘the best’ pour le club. » (Benitez) Et parmi les fameuses promesses du duo yankee, celle-ci : « La première pierre du nouveau stade sera posée dans les deux mois à venir. Faites-nous confiance.« 

Jeudi 7 octobre

Confirmation que l’affaire se réglera à la High Court de Londres, le 12 octobre. L’un des nombreux problèmes de cette vente, dès le début, tourne autour de l’ownership du club. Qui a le dernier mot final sur cette vente ? Martin Broughton, mandaté par la banque, pense que c’est lui. Les deux Américains disent niet.

« I have the legal right to sell the club. » déclare Broughton. « No you haven’t, we have – see you in court. » réplique l’impayable duo ricain.

Vendredi 8 octobre

Il se dit que l’affaire pourrait finalement se régler à l’amiable, hors tribunal.

Tout se passe en fait comme dans une mauvaise partie de poker. H & G, qui risquent 144M de £ dans cette vente, tentent le tout pour le tout, et cherchent à gagner du temps en causant le maximum de zizanie. Sur un malentendu, dans la confusion et la débandade, ils se disent qu’ils peuvent peut-être en tirer un quelconque avantage.

Au mieux, cela pourrait faire capoter la vente et forcer RBS à leur offrir un prolongement de prêt ; au pire, la stratégie du « damage limitation » leur fera perdre moins. Ils semblent être convaincus que plus ils s’agitent, moins les pertes seront élevées, car ils savent que la banque RBS doit vendre coûte que coûte d’ici le 15 octobre.

La menace du redressement judiciaire (au moins temporaire) se profile, avec déduction de neuf points à la clé.

En fin de journée, plus question de deal à l’amiable. La Haute Cour de Londres est saisie par tout le monde.

Samedi 9 octobre

La municipalité de Liverpool s’accroche avec les futurs propriétaires, NESV au sujet du stade.

NESV s’oriente plutôt vers un agrandissement d’Anfield (à 60 000 places). La mairie enrage : les Ricains s’étaient engagés cette semaine à mettre au moins 100M de £ dans la construction d’un nouveau stade (l’une des conditions du rachat).

Joe Anderson, le leader du conseil municipal (équivalent du maire) reste ferme : la ville doit avoir son nouveau stade. Le permis de construire expire en avril 2011 et il faut absolument que l’Anfield Plaza démarre au plus vite. Le AP est un projet gigantesque (boutiques, hôtels, appartements, bureaux) qui occuperait le site actuel du stade d’Anfield et serait relié par des passerelles au nouveau stade (situé sur Stanley Park) .

La mairie veut absolument profiter de cette aubaine pour régénérer ce coin sinistré de Liverpool (l’AP créerait environ 1 000 emplois permanents).

Les plans du nouveau stade avaient été lancés vers 1999, et réaffirmés dans le cadre d’un grand programme européen de régénération de la Merseyside (Merseyside regeneration programme – European Union, Objective 1 status).

Lundi 11 octobre

Il se dit qu’en cas de retrait de 9 points, NESV annulerait le deal.

Peter Lim, le businessman de Singapour, revient à la charge et propose 320M de £, cash. Lim, initialement accueilli les bras ouverts par Broughton, s’est fait finalement renvoyer à ses chères études de karaoké, sans explication. Il remet un coup de pression en promettant 40M de £ supplémentaires dès le mercato d’hiver. En outre, il affirme qu’il maintiendra son offre même si le club se retrouvait (temporairement) en redressement judiciaire.

Le deal de NESV n’est valable que jusqu’au premier novembre et il faut bien sûr attendre la décision du tribunal londonien. Mais on pense que Lim a ses chances. Après le Far West, le Far East.

L’Asiatique veut, lui aussi, aller en justice. Il déclare dans une lettre envoyée à la Haute Cour que la veille de la réunion du board du 5 octobre, Broughton lui avait assuré que son offre était « preferred and superior« .

Peter Lim possède une chaîne de « themed bars » en Asie. Le thème-décor est Manchester United ! Il déclare qu’il ne renouvellera pas le contrat des bars en 2012. On serait tenté de lui conseiller de ne pas fondamentalement changer la déco, juste le nom du club, les glory hunters locaux n’y verraient que du feu.

Un troisième investisseur potentiel se fait connaître, Mill Financial, un hedge fund américain qui affirme avoir acquis la part de Gillett le mois dernier quand ce dernier avait « omis » de régler des échéances sur un prêt de 75M. Mill Financial se dit prêt à aligner 400M sur le comptoir du saloon, mais sans donner de détails. On ne sait pas grand-chose d’eux et ils ne sont pas du genre bavard. The plot thickens.

Kevin Quigagne