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Youpi, c’est reparti pour la troisième saison Teenage Kicks, The blog du foot anglais. Ça tombe bien, la Premier League a redémarré le week-end dernier, 114è édition du football professionnel anglais d’élite depuis 1888-89 et la vision divine de William McGregor, Créateur de toute chose. Pour se remettre finement dans l’ambiance, les indispensables fiches TK club par club en 10 questions-réponses pertinentes saupoudrées d’une saveur toute olympique of course.

En anglais, on appelle ça le low-down : ce qu’il faut savoir. Voici donc le low-down sur ce début de saison de Premier League 2012-13. Aujourd’hui, les numéros 13, 14 et 15 de l’alphabet, du lourd :

Southampton, Stoke City, Sunderland.

Pour le reste de l’intro et les indispensables précisions d’avant-lecture, voir ici.

[Cliquer sur les photos facilite la lecture]

Southampton

Comment s’est passée la saison dernière déjà ? Merveilleusement bien, vice-champion de D2 et deuxième montée d’affilée après la déliquescence financière et sportive de la fin des Noughties (redressement judiciaire en avril 2009, retrait de points, décès subit du nouveau propriétaire août 2010, etc.).

La dernière saison de Soton (surnom-abréviation de Southampton) remonte à 2004-2005, quand l’ami Harry [Redknapp] avait renvoyé les Saints en D2, au grand bonheur des rivaux de Portsmouth… qu’Harry venait de quitter ! Avant de les retrouver peu après. Cherchez pas, Harry et la Côte Sud, c’est très compliqué. Encore plus que ses arrangements bancaires avec sa chienne.

Bon, et comment sont les vibes en ce moment ? Groovy, surtout après le bon match à Man City (2-3). On a quand même tiqué en découvrant le prix des abonnements cet été, + 20 % d’augmentation dans certaines sections.

Avec une season card à partir de 555 £ pour les nouveaux abonnés (détails photo de gauche), on comprend les mécontents : les abonnements démarrent sous les 450 £ dans dix clubs – dont Man City – et les 400 £ dans cinq, dont Newcastle et Aston Villa.
Mais le public est sevré de PL depuis sept ans et l’engouement est fort, ergo le club en profite. Pour se faire pardonner et marquer le grand retour en PL, le club a envoyé un DVD à tous ses abonnés le mois dernier.

L’attitude « même pas peur » prévaut à Soton, le club était encore en D3 il y a deux ans et on jouera crânement sa chance. Mais on est pas des chiffons non plus et on revendique de sérieux credentials qui donnent à penser qu’on n’est pas là pour faire de la figuration :

a) un « droit historique » de faire partie de l’élite : 35 saisons de D1 entre 1966 et 2005

b) des Grands ont porté le maillot rouge et blanc : citons Peter Osgood, Mike Channon (46 capes anglaises, + de 300 buts en pro), Kevin Keegan, Alan Shearer et Matt Le Tissier

c) un stade moderne de 32 000 places  et un public fidèle (26 419 spectateurs de moyenne en D2 l’an passé)

d) des propriétaires ambitieux (la richissime famille Liebherr, voir plus bas), comme le témoigne la chasse au Gaston Ramirez, à 12M quand même.

Malgré les moyens financiers, le modèle reste Norwich City, club modeste qui a également assuré deux promotions successives D3>D1 depuis 2009, avec à la clé une superbe 12è place en PL l’an dernier.

Effectif inexpérimenté à ce niveau mais ce ne sont pas non plus des Ali Dia (parmi les vieux briscards : le Nord-Irlandais Steven Davis et le gardien et capitaine Kelvin Davis – non, ils ne s’appellent pas tous Davis). On attend beaucoup des trois joueurs suivants pour alimenter le compteur buts :

1) l’athlétique Rickie Lambert, 30 ans, Joueur D2 de la saison passée, une goal-machine : 31 buts/45 matchs saison 2011-12 et 88/155 depuis son arrivée aux Saints en 2009. Il a ouvert son compteur PL contre Man City samedi dernier

2) Jay Rodriguez, 23 ans, avant-centre/ailier. L’ex Espoir anglais qui évoluait en D2 à Burnley a coûté bonbon (6M) et sera attendu

3) Billy Sharp, 26 ans, a quitté Doncaster en janvier dernier au plus fort de l’invasion francophone. Scoreur confirmé en Football League, 119 buts/248 matchs. Saison dernière marquée par la tragédie, clip. Très prolifique chez les Saints, 9 buts en 15 apparitions l’an passé (souvent remplaçant).

Sans oublier les deux milieux de terrain talentueux et offensifs, le brésilien Guly Do Prado et Adam Lallana, 11 buts chacun en championnat l’an dernier. Lallana, 24 ans et formé au club, a été élu dans la PFA Team of the Year 2011-2012 de D2 (il figurait dans celle de D3 l’année précédente). Une idole du public Saints ce Lallana. Séquence chant un brin gonflé mais sympa :

He plays on the left,
he plays on the right,
Adam Lallana,
He makes Messi look shite

En défense, on s’est renforcé avec l’über-convoité latéral droit Nathaniel Clyne, Espoir anglais de 21 qui a dû être lié à plus de clubs depuis trois ans qu’en a possédé Tiger Woods dans toute sa carrière.

Le blasphématoire nouveau kit a choqué les supporters, la direction du club ayant troqué les célèbres rayures rouges et blanches pour un rouge uni avec de minuscules rayurettes à peine visibles. La tradition, ça se perd. Demandez aux supps de Cardiff ; eux, ils ont carrément changé de couleur cet été !

Lallana et Lambert figuraient dans l'équipe D2 de la saison

Lallana et Lambert figuraient dans le XI de D2 l'an dernier

Qui est arrivé cette saison ? Nathaniel Clyne (Palace, 2,5M), Steven Davis (Rangers, 800 000), Paulo Gazzaniga (Gillingham, montant non communiqué), Jay Rodriguez (Burnley, 6M)

Qui s’est éclipsé ? Tommy Forecast (Gillingham, prêt), Dan Harding (Nottingham Forest, 500 000), Aaron Martin (Crystal Palace, prêt) et une huitaine de libérés.

L’effectif en photos et les fiches Wiki.

Un p’tit jeune à surveiller (ou plusieurs) ? N. Clyne et J. Rodriguez évidemment, jeunes mais déjà archi-connus (Rodriguez, 21 buts/42 matchs, élu dans l’équipe de D2 de la saison précédente).

Parmi les méconnus très prometteurs : le latéral gauche offensif Luke Shaw, tout juste 17 ans, international anglais U17 et suivi de près par Chelsea, Arsenal et les ogres mancuniens. Evidemment étiqueté « The new Gareth Bale » car très rapide et formé à la prolifique Academy des Saints (Walcott, Oxlade-Chamberlain, Baird, Bridge, L. Best, Surman, etc.). Personne ne sait cependant ce qu’il vaut vraiment puisqu’il n’affiche que 13 minutes en équipe première au compteur.

On gardera également un oeil sur les cracks suivants : James Ward-Prowse (17 ans ½, milieu), Calum Chambers (17, milieu offensif) et Jack Stephens (18, défenseur, U18 anglais).

Si Southampton était un sport olympique, ça serait quoi ? En fait, Soton serait des mini Jeux Olympiques ! Avec en vedette : athlétisme, aviron, badminton, basket, cyclisme sur piste, vélo…

Bref, tous les sports où on a pris des libertés avec le réglement aux derniers J.O. Je fais bien sûr référence au « scandale » Claus Lundekvam qui a éclaté il y a un mois (matchs truqués selon l’ex Saint), ici.

… un sélectionné/objet olympique ? Pour continuer dans la vacharditude, alors Boris Onishchenko forcément. Ce pentathlète avait carrément trafiqué son fleuret aux J.O de Montréal pour s’auto-compter des touches !

Ou comme nous le rappelle Marianne, le discobole tchécoslovaque Karol Meta, il avait un disque plus léger que les autres…

C’est qui le big boss au fait ? Un Trust, celui de la famille de feu Markus Liebherr, un richissime Suisse qui racheta le club en juillet 2009 avant de décéder treize mois plus tard âgé de 62 ans (longue maladie). Liebherr laissa les clés du camion à l’un de ses collaborateurs, Nicola Cortese, et demanda à sa famille de faire fructifier l’héritage.

Le regretté Markus Liebherr et (le moins populaire) N. Cortese

Le regretté Markus Liebherr et Nicola Cortese

Le Southampton nouveau millésime, c’est une histoire de banquiers. Au printemps 2009, Liebherr, richissime industriel suisse-allemand, cherche à acquérir un club anglais à fort potentiel et bon marché. Ergo, un club dans la mouise grave. Au moment de ses recherches, Southampton répond à tous les critères du parfait agonisant à ressusciter : descente en D3, grand stade moderne, public de D1, 30M de dettes et placement en redressement judiciaire.

Liebherr est alors proche de Rupert Lowe, un businessman anglais et banquier international (City, Deutsche Bank, etc.) et président-propriétaire controversé de Soton depuis 1996 (spécialiste de l’embauche-débauche de managers, dont Glenn Hoddle, Graeme Souness et Gordon Strachan). Lowe lui fait l’article et Liebherr rachète le club en juillet 2009 pour 13M (+ les dettes). Une acquisition qui fait un grand déçu : Matt Le Tissier, il tentait tout pour reprendre le club (ici).

Sentant la fin approcher, Liebherr réunit son état-major et place Nicola Cortese, un banquier italien, à la tête du club. Cortese s’est depuis taillé une mini réputation Kim Yongesque, les journalistes et photographes du cru en savent quelque chose : ils ont été plusieurs fois interdits de stade.

Le régime Adtkins, c'est beaucoup de travail physique

Le régime Adkins, c'est beaucoup de travail physique et d'endurance

Et le manager ? Nigel Adkins, 48 ans, ancien gardien de division inférieure (une rareté parmi les managers), recruté de Scunthorpe.

Formé à Liverpool sous Bob Paisley, le très affable Adkins est kinésithérapeute de formation et c’est d’ailleurs comme tel à Scunthorpe (alors en D3) qu’on lui proposa de succèder à Brian Laws en décembre 2006 ! Il délaissa ses pommades pour faire monter ce petit club en D2, deux fois (entre temps, redescente en D3).

Il tapa dans l’oeil de Soton qui le fit venir en septembre 2010, D3 – en remplacement d’Alan Pardew. Compte 4 promotions en 6 ans avec Scunny et Soton. Calendrier coton d’ici la mi septembre : après Man City dimanche dernier, ça sera Wigan et surtout Man United et Arsenal…

Et les cotes, ça donne quoi ? Titre : 4 000/1. Relégation : 6/4

Stoke City

Comment s’est passée la saison dernière déjà ? (14è, 45 pts, – 17). Brutalement, ce qui sied à des Potiers qui ne font jamais dans la dentelle. Bonne première partie de saison (8è à la 23è journée) puis lent déclin pour finalement terminer 14è.

Stoke était européen et la saison fut si longue (56 matchs) que nombre de supps Potters ne regretteront pas les joutes continentales. On a fait chauffer les air miles en Ligue Europe : rencontres en Croatie, Suisse, Ukraine, Turquie, Israël et Espagne ! Pour un bon bilan : 7 victoires, 3 défaites, 2 nuls (éliminé 2-0 par Valence en 16è).

Bon, et comment sont les vibes en ce moment ? Mitigées, été peu excitant, 2 victoires sur 6 matchs

Stoke, en pleine phase d'attaque placée

Stoke City, en pleine construction d'attaque placée

seulement contre du menu fretin (équipes US et D3/D4 anglaise, ici). Nul chanceux contre Reading le week-end dernier.

Le collectif est vieillissant et on est conscient qu’il faut injecter vivacité et jeunesse, d’où l’arrivée de talents prometteurs. Enfin, deux… On comptera toujours cependant sur le (parfois) redoutable trio Walter-Crouch-Etherington et Crouchy pour les mettre au fond (14 buts l’an dernier), avec Rory Delap en rampe de lancement latérale.

Et évidemment sur leur autre grand buteur… l’arrière-central Huth, 9 buts en 2010-11 (totalement remis de sa méningite diagnostiquée le 8 août – c’est pas une broutille pareille qui va coucher le roc allemand).

Parmi les déceptions : Kenwyne Jones (encore !) et Wilson Palacios.

Parmi les couillons : Jermaine Pennant (encore !). L’administration américaine lui a fait moultes misères question visa de travail avant la tournée US des Potters (casier judiciaire).

Qui est arrivé cette saison ? Geoff Cameron (Houston, 2M), Michael Kightly (Wolves, 3M), Jamie Ness (Rangers, gratuit mais les Gers veulent une compensation – même cas que Naismith à Everton), Goran Popov (Dynamo Kiev, prêt)

Qui s’est éclipsé ? Ryan Brunt (Leyton Orient, gratuit), Danny Collins (Nottingham Forest, 560 000), Florent Cuvelier (Walsall, prêt), Andrew Davies (Bradford, gratuit), Ricardo Fuller (libéré, puis Charlton), Jonathan Woodgate (libéré puis Middlesbrough). Et les libérés chômeurs Salif Diao et Tom Soares.

L’effectif en photos et les fiches Wiki.

Un p’tit jeune à surveiller (ou plusieurs) ? Oui, Jamie Ness, milieu écossais de 21 ans, a été du sauve-qui-peut estival des Glasgow Rangers presque comparable en volume à l’exode irlandais des années 1840.

On pensait voir Florent Cuvelier, un belge de 19 ans, auteur d’une excellente saison à Walsall (D3) l’an dernier, mais le Belge est reparti direct chez les Saddlers qui le réclamaient.

Un autre jeune de l’Academy déjà très surveillé : Andew Hall, 18 ans. Mais en taule lui, mis en examen pour homicide.

Si Stoke était un sport olympique, ça serait quoi ? La lutte gréco-romaine. Ou tout autre sport de combat vicieux (avec une surface de réparation si possible).

… un sélectionné/objet olympique ? Shin A Lam, l’escrimeuse sud-coréenne qui refusa de quitter la piste d’escrime et enragea contre la décision d’arbitrage pendant une heure (alors que l’arbitre avait raison, vidéo à l’appui).

Il arrive aussi fréquemment à Tony Pulis, manager des Potters, de piquer ses p’tites crises anti corps arbitral avec force gesticulations et vociférations dans sa zone technique ou au micro. Ils devraient se mettre ensemble tiens, ça ferait un beau couple de pleureuses.

C’est qui le big boss au fait ? Peter Coates, businessman local de 74 ans, depuis 2006 (aussi de 1989 à 1997).

Etrangement, quand les médias foot français évoquent Stoke City (certes, pas tous les jours), ils en parlent comme d’un club sans grands moyens, qui réussirait des miracles chaque saison avec son budget scoubidou, sa philosophie « familiale » et working class, laborieusement cultivée à l’ombre des célèbres cheminées d’usines de la ville (industrie de la poterie) dans un univers presque dickensien. A les entendre, il faudrait presque se cotiser pour aider ces gueux. La réalité est tout autre :

1) Ce bon Peter, sous ses airs de paisible retraité de la Poste, est la 92è fortune du pays avec 800M de £

2) Peter Crouch n’a rien d’une Cosette en short : il palpe 350 000 £/mois

3) Stoke a dépensé la bagatelle de 70M de £ en transfert entre 2009 et 2011 ! (pour seulement 8M de ventes). Cela en fait l’un des clubs les plus dépensiers hors Big Four (en net spend). Dont 26M sur le trio Crouch-Palacios-Jones

Peut-être est-ce l’origine modeste du propriétaire qui donne cette impression de relative indigence. Coates est un fils de mineur qui a fait fortune… dans les buvettes de stade (il créa Stadia Catering en 1968). En 1974, il se lance dans l’industrie du pari en ouvrant trois bookmakers. Les affaires sont florissantes (dérégulation du pari dans les Eighties – dérégulation de tout d’ailleurs) et la petite graine devient une belle chaîne régionale, qu’il revendra 40M à un gros du secteur en 2005. Se lance dans le pari en ligne dès 2000.

Sa société Bet365 (dirigée principalement par sa fille) emploie aujourd’hui presque 2 000 personnes localement et enregistre annuellement pour 12 milliards de £ de paris. C’est la seule du secteur encore basée entièrement au pays (les autres opèrent offshore).

Donc, quand vous choisissez Bet365, dites-vous bien que vous aidez Stoke à recruter des Delap. D’ailleurs, le club a formé un prototype delapien bis, Ryan Shotton, ici. C’est de votre faute tout ça.

Et le manager ? Tony Pulis, en place depuis 2005. Indéboulonnable. C’est le Baup anglais, encasquetté en permanence. Adulé, il a superbement mené sa barque même si ses choix tactiques sont souvent peu esthétiques : du bon vieux kick and rush vers les tours de contrôles, dernièrement : Fuller, Carew, Crouch, K. Jones et C. Jerome (Cameron Jerome hein, pas notre crooner national, le pauvre ne kicke plus grand chose). Faut bien des tiges devant pour récupérer les touches-missiles de Rory Delap. Ce bon Rory, c’est en moyenne 50 touches de balle par match, dont 7 du pied.

Et les cotes, ça donne quoi ? Titre : 2 500/1. Relégation : 5/1

Sunderland

Comment s’est passée la saison dernière déjà ? (13è, 45 pts, – 1). Une saison of two halves pour reprendre le célèbre cliché. La première partie fut piteuse et brutalement conclue par le limogeage de Steve Bruce fin novembre 2011 alors que SAFC flirtait avec la zone rouge. Et là, petit miracle : Martin O’Neill débarque. Oui, The Martin O’Neill (voir plus bas). La seconde fut bien meilleure même si l’emballage final déçut.

Le derby contre Newcastle à SJP en mars fut exceptionnel d’engagement et d’intensité, le meilleur depuis une douzaine d’années (1-1, avec un Cattermole de feu, mais un Sessègnon qui se fit expulser stupidement à la 58è, coup de coude sur Tioté – qui en fit des caisses évidemment, à 1’02 dans le clip. Pour ne pas être en reste, Lee Cattermole aussi se fit expulser… après le coup de sifflet final ! Allez, encore 4 matchs de suspension pour « Catts »).

Côté recrutement, intersaison calme comparée à l’été 2011 (une douzaine d’arrivées pour 25M), mais qui s’agite depuis une semaine. Bruce aimait brasser du joueur, il en recruta pas moins de 32 en deux et demi (pas mal de boulets). Le big boss, Ellis Short, généreux sugar daddy du club, a mis le holà à tout ça. Short entend privilégier, je cite, « la qualité, pas la quantité ». Bien dit Ellis.

Il faudra se montrer bien plus créatif dans l’entrejeu. Et on attend davantage de maturité de Lee Cattermole. S’il arrivait déjà à aligner trois matchs sans se prendre un carton, ça serait bien. Catts n’a que 24 ans mais compte déjà sept saisons de PL derrière lui et doit vite mûrir. Car 65 jaunes et 6 rouges à son âge et en tant que capitaine (!), ça fait marrer dans les chaumières Geordies mais pas chez les Mackems (voir ses horrifiantes stats).

Pour se venger des railleries Magpies, un soir aviné de décembre 2011, Catts et Bendtner s’en allèrent éclater les rétroviseurs de voitures garées à 200 mètres de Saint James’ Park ! (+ de 4 000 £ de dégâts quand même). En adéquation avec leur QI, ces bourrins choisirent l’une des rues les plus fréquentées de la ville et truffées de caméras de surveillance. Et se firent alpaguer fissa, ici (Catts écopa d’une amende, Bentdner fut relaxé).

Les bons moments de la saison et tous les buts Black Cats dans ce clip superbement monté, à voir absolument ! (et y’a du chef d’oeuvre !), le tout accompagné de zique chouette. Bon, ça vaut pas les Toy Dolls, le plus fameux groupe de la ville, mais c’est très écoutable (à 2’05, le pion de l’année au Stadium of Light, celui de Ji Dong-Won contre Man City, 1-0… à la dernière minute).

Bon, et comment sont les vibes en ce moment ? Prudentes après l’euphorie générée par le recrutement de l’été 2011 et vite retombée.

Intersaison quelconque, bon premier match contre un Arsenal fidèle à lui-même. L’optimisme est de retour depuis l’arrivée de Saha… et de l’international écossais Steven Fletcher qui passe son examen médical ce matin sur Sunderland (ici), affaire conclue après trois longs mois de tractations, aux alentours de 14M (record du club si montant confirmé, Asamoah Gyan c’était 13M en 2010). On finalise les derniers détails mais le salaire tournerait autour de 160 000 £/mois (12 buts/32 matchs l’an dernier avec Wolves, dont 7 de la tête). Bon, c’est vrai que ça paraît beaucoup (7 Michu ou 4 Jelavic par exemple) mais des buteurs confirmés à 12-15 pions par saison pleine, ça ne court pas les rues fin août. Attaque Black Cats donc totalement renouvelée.

Sunderland, bientôt le club préféré des AfricainsL’internationalisation du club laisse un peu perplexe toutefois… Peace Cup en Corée du Sud (marché sud-asiatique convoité, because Ji Dong-Won) et nouveau sponsor original : Invest in Africa (qui verse 3M/an). Ça change des précédents ! Invest in Africa est un consortium financé par le gazier-pétrolier britannique Tullow Oil. Assurément pas le plus irréprochable des parrains et cela fait tiquer certains ; bon, pas des masses non plus (on a surtout estimé qu’ils auraient pu donner plus généreusement ! Et allez dégoter une compagnie pétrolière propre sur elle et bien sous tous rapports tiens… Autant essayer de trouver une banque éthique).

Selon les spin doctors du club, Invest in Africa « va faire de Sunderland le club le plus supporté d’Afrique de l’Ouest ». A Cotonou peut-être (Sessègnon), ailleurs, faut voir.

Moins bénin et plus urgent : il faut absolument marquer plus de buts cette saison (seulement 45 l’an dernier, avec 15 scoreurs différents). On comptera sur L. Saha, F. Campbell et donc sur Fletcher.

Qui est arrivé cette saison ? Carlos Cuéllar (Aston Villa), David Ferguson (Darlington),  Wade Joyce (Bury) et Louis Saha (Tottenham), tous gratuits. Plus donc, sauf énorme surprise, Steven Fletcher (Wolves, 14M, voir son profil)

Qui s’est éclipsé ? Marcos Angeleri (Estudiantes, montant non communiqué), Jordan Cook (Charlton, gratuit), Craig Gordon (libéré), Asamoah Gyan (Al-Ain, 6M), George McCartney (West Ham, montant non communiqué – probablement 1,5M), Michael Liddle (Accrington, gratuit), Cristian Riveros (Kayserispor, 240 000), Michael Turner (Norwich, 1,5M) ainsi qu’une dizaine de libérés.

L’effectif en photos et les fiches Wiki.

Un p’tit jeune à surveiller (ou plusieurs) ? Hormis l’excellent international irlandais James McClean (23 ans) et le très talentueux rouquin Jack Colback (22), le « nouveau Paul Scholes », on suivra la progression de ces deux surdoués :

1) Ryan Noble, 21 ans, il affole les compteurs en réserve depuis deux ans (une cinquantaine de pions, dont un quadruplé contre Man United) et il faudra confirmer chez les Grands. Il en a les moyens.

2) Connor Wickham, 19 ans, acheté été 2011 à Ipswich pour 8M. Grand espoir du football anglais. Cet athlétique gaillard d’1m91 fut trop souvent blessé l’an dernier pour véritablement pouvoir s’exprimer (19 apparitions, dont 14 comme remplaçant).

Si Sunderland était un sport olympique, ça serait quoi ? On avait eu la beach ball contre Liverpool il y a trois ans, donc le beach volley. En plus, ça tombe bien, le climat de Wearside s’y prête parfaitement.

… un sélectionné/objet olympique ? Steve Cram, médaillé d’argent aux J.O de Los Angeles sur 1 500m et champion du monde 1983 (3’29 – # 362 sur la photo, derrière S. Coe). Aujourd’hui vedette TV (présentateur-commentateur) et plus célèbre supp du club avec Neil Tennant (chanteur des Pet Shop Boys).

C’est qui le big boss au fait ? Ellis Short, ce discret financier et homme d’affaires américain détient le club à 100 % depuis mai 2009 (payé 25M). Expatrié en Angleterre depuis 1996, il partage son temps entre Londres et l’Irlande et pèserait entre 800M et 3,3 milliards de £ selon les sources (et les cours de la bourse).

L’Américain ne s’intéressait pas au football il y a peu mais à la faveur d’une rencontre fortuite avec l’ex président du club & Sunderland Legend Niall Quinn lors de la Ryder Cup 2006, il tomba dans le chaudron. Short, d’origine irlandaise, aurait été séduit par les connections irish de SAFC.

Parmi celles-ci, Niall Quinn évidemment, mais aussi une légende du club : le natif de Cork Charlie Hurley (Cork, d’où est aussi originaire Roy Keane, ex manager SAFC), Black Cat Legend dans les Sixties et élu Sunderland’s Player of the Century par les supporters à l’occasion du centenaire en 1979. Hurley est aussi connu pour avoir dû supporter si longtemps Robin Friday à Reading…

Depuis qu’il a retrouvé ses racines celtes, Ellis Short donne généreusement.

Et le manager ? Martin O’Neill (MON), 60 ans, qu’on ne présente plus. MON possède la midas touch et a tout réussi depuis 25 ans. A realisé des prouesses à Leicester City, au Celtic Glasgow et à Aston Villa. Il n’est que de regarder où en sont ces trois clubs pour apprécier le calibre du bonhomme.

Si l’expression « choc psychologique » figure parmi les grands clichés du football, dans le cas de MON elle a tout son sens. Son impact fut immédiat, dès son arrivée début décembre 2011 : 19 points engrangés sur ses 10 premiers matchs, soit presque deux fois plus que d’août à fin novembre ! Fit passer l’équipe de la 17è à la 8è place en deux mois. Le dernier tiers fut plus compliqué, le manque d’attaquants (tous blessés) se faisant cruellement sentir.

Excellent man-manager, MON est méticuleux, observe vite et juste. Et surtout, MON est audacieux : il aime lancer les petits jeunes dans le bain (Heskey à Leicester, Agbonlahor à Villa, etc.).

Sa première initiative fut d’aller observer la réserve. Il y repéra un ailier gauche oublié par Steve Bruce : James McClean. Un Irlandais de 23 ans recruté cinq mois plus tôt à Derry City pour une misère, 350 000 £ et 18K de salaire mensuel. Ironiquement, ce même Bruce se plaignait depuis le début de saison « de l’absence d’un vrai ailier gauche au club », tout en ajoutant qu’on aurait dû lui donner les moyens de recruter… Charles N’Zogbia, qui fit un flop monstrueux à Villa l’an dernier.

McClean a été l’une des révélations de l’année en PL, un puissant ailier à l’ancienne : il fixe, dribble, accélère et centre (justement). Parfois il ne dribble même pas, paf, ça part tout seul, sans élan. Un phénomène ce McClean. Il a également marqué 6 buts. Ridiculement sous-utilisé à l’Euro 2012 par Trapattoni (13 minutes).

Et les cotes, ça donne quoi ? Titre : 1 000/1. Relégation : 10/1.

Kevin Quigagne.