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Teenage Kicks démarre sa quatrième saison avec une preview des championnats de Football League (D2 à D4) et Premier League. La saison 2013-2014 de League One s’annonce, comme sa petite sœur, passionnante. Kick n’rush, boue et pintes de Strongbow, TK vous fait découvrir les joueurs et les équipes à suivre cette année.

Voir le classement après cinq journées (sur 46).

[Cliquer sur les photos peut rapporter gros]

Les prétendants à la montée

Comme souvent en League One, les principaux favoris pour la montée sont les relégués de Championship de la saison passée.

Jackett aura la lourde tâche de faire remonter les Wolves

Jackett aura la lourde tâche de faire remonter les Wolves

Cela est encore plus vrai dès lors qu’une « grosse écurie » a connu la descente. Wolverhampton est dans ce cas-là et compte bien remonter illico, après deux descentes consécutives. Molineux doit redevenir une forteresse imprenable, et malgré le dégraissage de l’effectif – une seule arrivée, gratuite, pour sept départs importants (Ebans-Blake, Hunt, Berra, De Vries, Henry…), les Wolves ont pris un très bon départ, avec quatre victoires et un nul en cinq matchs.

Les deux autres clubs relégués auront probablement aussi leur mot à dire, particulièrement Peterborough, qui n’a de cesse de faire le yo-yo entre ces deux divisions (montée en 2009, descente en 2010, remontée en 2011 et redescente en 2013). Les joueurs de Darren Ferguson ont eux aussi réussi leur départ, avec quatre victoires en cinq matchs. Quant aux Robins de Bristol City, si leur début de saison est plutôt médiocre (trois points seulement), ils devraient se mêler à la lutte pour la montée dès lors que les automatismes entre leurs nouveaux joueurs (beaucoup de mouvement à Bristol, 7 arrivées pour 12 départs) se seront créés.

Parmi les autres clubs pensionnaires de League One, Brentford sort du lot. Troisièmes de la division la saison passée, et battus en finale de play-offs par Yeovil, les Bees ont séduit par leur jeu au sol mais ils devront surmonter le terrible traumatisme de la saison dernière qui les a privés d’une montée directe à la dernière journée (pour mémoire, Trotta a expédié un penalty sur la barre à la dernière minute, et, sur la contre-attaque, Doncaster a inscrit le seul but du match). Les joueurs d’Uwe Rösler auront-ils les nerfs assez solides ?

Autre équipe à suivre cette saison, Leyton Orient. En très grosse forme sur la fin de la saison dernière (31 points pris sur 51 possibles entre février et avril), les O’s ont réussi à arracher in extremis leur place en play-offs, pour un résultat malheureusement décevant. Si le club continue sur sa lancée (ce qui commence bien pour l’instant, leader avec 5 victoires en 5 matchs), il devrait jouer les trouble-fêtes à l’avant du championnat.

Enfin, citons pêle-mêle Sheffield United, qui a échoué deux années consécutives en play-offs (third time’s a charm ?), Walsall (parmi les meilleures équipes de la phase retour l’année dernière, mais qui a perdu plusieurs joueurs importants), Swindon (qui mise sur la jeunesse pour rééditer la bonne saison passée) et les nouveaux riches MK Dons et Crawley Town. La (bonne) surprise se trouve peut-être parmi ces cinq clubs.

Les prétendants à la descente

Grosse recrue à Bradford.

Grosse recrue à Bradford.

En ce qui concerne les équipes promises à une saison galère, les promus font souvent office de « favoris ». Cette saison cependant, seul Port Vale semble moins armé que ses rivaux, quand bien même ils possèdent le meilleur buteur des quatre divisions professionnelles anglaise l’année dernière (Tom Pope, 31 réalisations). Gillingham s’est quant à lui intelligemment renforcé (en attaque notamment, leur point faible en League Two), de même que Rotherham, dont on disait la saison précédente que leur équipe était plutôt bâtie pour la League One que pour la League Two. Enfin, fort de sa finale de League Cup la saison passée, Bradford fait office d’épouvantail et pourrait bien déjouer les pronostics.

Coventry City commence la saison avec 10 points de pénalité, et leur intersaison chaotique (voir plus bas) et leur début de saison étrange (après 5 matchs, les Sky Blues occupent la dernière place du classement malgré la meilleure attaque – 16 buts déjà – du championnat) ne sont pas faits pour les rassurer. L’an dernier, cependant, ils s’en étaient sortis malgré, déjà, une pénalité identique. Bis repetita ?

De son côté, Colchester, qui s’est sauvé à la dernière journée la saison passée, ambitionne une place en milieu de tableau mais semble objectivement promis à une difficile lutte pour le maintien.

Crewe a, comme chaque année, vendu son meilleur joueur (Luke Murphy, parti à Leeds pour £1 million), mais en a profité pour se renforcer. Les Railwaymen devraient cependant passer la saison aux abords de la zone de relégation et compteront sur Mathias Pogba, frère de Paul mais jouant pour l’équipe de Guinée, pour ne pas y tomber.

Pogba, Pogba et Pogba.

De gauche à droite : Pogba, Pogba et Pogba.

Autre club en C qui risque de galérer, Carlisle devra surveiller sa défense (77 buts encaissés l’année dernière) s’ils veulent éviter la descente. Affluence en berne, défense en papier mâché et budget très restreint, tels sont les secrets d’une saison qui s’annonce encore compliquée.

Enfin, en vrac, Shrewsbury (qui s’en est tiré l’an passé grâce à deux victoires lors des deux dernières journées), Oldham (qui a subi une saignée de son effectif, quatre joueurs majeurs sont partis en division supérieure), Stevenage (auteur d’une deuxième moitié de saison catastrophique, 16 défaites en 23 matchs) et, dans une moindre mesure Notts County et Tranmere devront surveiller leurs arrières.

Les joueurs à surveiller

Fier d'être le joueur à suivre selon TK, Griffiths s'est fait tout beau.

Fier d'être le joueur à suivre selon TK, Griffiths s'est fait tout beau.

Le top player de cette division sera, d’après les bookmakers du moins, Leigh Griffiths. L’attaquant de Wolverhampton, au club depuis deux ans, n’avait encore jamais revêtu la tunique des Wolves en championnat. Prêté ces deux dernières années à Hibernian, il a explosé la saison dernière, inscrivant 23 buts en 36 matchs, et se voyant récompensé du trophée du meilleur joueur de SPL. L’international écossais (3 sélections), qui a fêté il y a peu ses 23 ans, a démarré sa saison en fanfare, en inscrivant trois des huit buts de son équipe.

Les gardiens devront également se méfier des promus Nakhi Wells (23 ans, Bradford), l’un des principaux artisans de l’aventure des Bantams en League Cup la saison passée et actuellement meilleur buteur du championnat avec 5 réalisations, et Tom Pope (28 ans, Port Vale), auteur de 31 buts en League Two et réel espoir de maintien pour les Valiants. Au sommet du classement des buteurs, on retrouvera aussi certainement Leon Clarke (28 ans, Coventry), Will Grigg (22 ans, Brentford) et Jose Baxter (21 ans, Oldham).

Traditionnellement, la League One est aussi une terre d’accueil pour les jeunes joueurs prêtés ou rejetés par les clubs de l’élite. Parmi ces jeunes pousses, le plus talentueux est certainement Jay Emmanuel-Thomas (22 ans, Bristol), formé à Arsenal, mais qui n’a jamais réussi à percer dans l’effectif d’Arsène Wenger, et ce malgré les louanges à l’époque du technicien français. L’attaquant David Amoo (22 ans, Carlisle), ancien de Liverpool, sera aussi à surveiller, ainsi que deux autres anciens des Gunners évoluant tous les deux à Colchester, Craig Eastmond (23 ans) et Sanchez Watt (22 ans). Quant aux joueurs prêtés pour s’aguerrir, ils devraient trouver leur place dans ce championnat, en particulier Conor Coady (20 ans, Sheffield), prêté par Liverpool, et Milan Lalkovic (20 ans, Walsall), prêté par Chelsea.

Et les Français ? Ils sont au nombre de onze : Romain Vincelot, Mathieu Baudry, Yohann Lasimant (tous trois à Leyton Orient), Mathieu Manset, Kévin Malaga (tous deux à Coventry), Bakary Sako (Wolverhampton), Toumani Diagouraga (Brentford), Oumane Tounkara (Stevenage), Yoann Arquin (Notts County) Thierry Audel (Crewe, cousin de), et Jean-Louis Akpa-Akpro (Tranmere, frère de).

Les vieux de la vieille

Des bourlingueurs en League One, c’est pas ce qu’il manque. Citons néanmoins les deux attaquants anglo-nigérians Akpo Sodje (33 ans, Tranmere), passé par pas moins de 15 clubs en et hors de la Football League, et Adebayo Akinfenwa (31 ans, Gillingham), l’attaquant le plus massif de Football League, surnommé « 2 big 2 play football« .

Akinfenwa, c'est plus fort que toi.

Akinfenwa, c’est plus fort que toi

Kevin Davies

Kevin Davies

Parmi les anciennes gloires du football anglais (enfin, tout est relatif), on pourra retrouver l’ancien de West Ham et d’Aston Villa, Marlon Harewood (34 ans, Bristol), plus de 130 matchs en Premier League, revenu de Chine l’année dernière, ainsi que Kevin Davies (36 ans, Preston), qui a fait les beaux jours de Bolton pendant une décennie.

Enfin, sans surprise, les seuls joueurs connus du grand public évoluent à Wolverhampton, comme Kevin Doyle (29 ans, 180 000 £/mois !), qui n’a pas quitté le navire malgré les deux relégations successives du club, l’ancien stéphanois Bakary Sako (25 ans) et l’ancien Rennais et Lensois Razak Boukari (ah, on me dit dans l’oreillette qu’il vient d’être prêté à Sochaux).

Les entraîneurs en vue

Comme pour les joueurs, la League One est souvent l’occasion rêvée pour des entraîneurs novices de s’illustrer et de gagner de l’expérience. À ce titre, on surveillera principalement Darren Ferguson (Peterborough), fils du grand Sir Alex, maintenu en poste malgré la descente l’année dernière. Un club que l’Ecossais connaît bien pour l’avoir entraîné de 2007 à 2009. De retour depuis 2011, après un bref passage à Preston, Fergie-son aura pour objectif de faire remonter Posh dès cette année.

Sean O’Driscoll (Bristol City) pourra s’appuyer sur son expérience passée et la montée qu’il avait obtenue en 2008 avec Doncaster. Il a depuis entraîné Nottingham Forest lors de la saison 2011-2012, avant de partir à Crawley pour… un mois seulement. Viré avant même d’avoir pu diriger un match officiel, il est retourné à Nottingham, d’où il s’est fait également limoger, six mois plus tard.

À 41 ans, il était temps pour Weir de prendre sa retraite.

À 41 ans, il était temps pour Weir de prendre sa retraite.

L’entraîneur novice le plus attendu au tournant est probablement David Weir (Sheffield United). L’ancien international écossais (69 sélections) a pris les rênes d’un club ambitieux pour sa toute première expérience de manager. Gageons qu’il saura insuffler à ses joueurs la rage qu’il exhibait lors de ses passages à Everton ou aux Rangers.

Parmi les « anciens », qui connaissent bien le club qu’ils entraînent, on notera la présence de Graham Westley (Stevenage), qui entame sa huitième saison en charge de Boro, en trois passages distincts, néanmoins (2003-2006, 2008-2012 et depuis fin mars 2013).

Greg Abbott (Carlisle) est, lui, le manager en poste depuis le plus longtemps, il dirige les Cumbrians depuis 2008, et faisait partie du staff auparavant.

Les plus grosses et plus faibles chambrées

En ce début de saison, les disparités au niveau des affluences sont élevées, de Wolverhampton (plus de 18 000 spectateurs de moyenne) à Crawley (à peine plus de 3 000). Le cas de Coventry est à part, et sera développé dans « Le club à suivre ».

Parmi les bons élèves, Sheffield United (17 500 spectateurs), Bradford City (15 800) et Bristol City (14 100) sont les seuls clubs à dépasser les 10 000 spectateurs de moyenne sur ce début de saison.

À l’inverse, dix clubs (Crewe, Tranmere, Oldham, Carlisle, Leyton Orient, Walsall, Colchester, Stevenage et donc Crawley et Coventry) n’atteignent pas les 5 000 spectateurs.

Le club à suivre

C’est le foutoir le plus complet à Coventry City. Pénalisés de 10 points pour la deuxième saison consécutive, les Sky Blues se sont de surcroît vu ôter le privilège de jouer leurs matchs à domicile chez eux. Délocalisés à Northampton, les matchs ne sont pas suivis, sous la pression des supporters historiques du club, qui refusent de s’y déplacer.

Tout a commencé en avril 2012, lorsque, prétextant des problèmes budgétaires dus à la relégation du club, le propriétaire du club (le groupe SISU, en charge depuis 2007 et déjà très critiqué par les supporters), a arrêté de payer le loyer du stade (100 000 £ par mois). Les Sky Blues se sont retrouvés sans stade pendant plusieurs mois, devant jouer leurs matchs à domicile dans le stade d’Hinckley United (relégué de D6 en D7 la saison dernière), comptant à peine plus de 4 000 places.

En décembre dernier, un accord a été trouvé avec le groupe Otium Entertainment, fondé par trois anciens dirigeants de Coventry ayant des connexions avec SISU, pour terminer la saison dans leur stade habituel (Ricoh Arena, 32 600 places). Depuis, un contrat de partage de terrain avec Northampton, portant sur trois ans, a été signé, malgré les protestations des fans. Coventry se retrouve donc désormais à jouer au Sixfields Stadium (7 600 places), à plus de 50 km de chez eux.

C’est donc devant à peine plus de 2 000 spectateurs que les Sky Blues se sont imposés 5-4 contre Bristol, et aussi peu de monde a ensuite assisté au nul 4-4 contre Preston. Le spectacle n’attire pas.

Ajoutez aux dix points de pénalité et à la délocalisation une interdiction de recruter cet été, et vous comprendrez pourquoi Coventry est le club à suivre en League One cette année. S’en sortiront-ils ?

De Ricoh à Sixfields, gros changement de standing pour Coventry.

Du Ricoh à Sixfields, gros changement de standing pour Coventry.

Le club à pas suivre

Ne suivez pas les résultats des usurpateurs d’identité de MK Dons, ils n’en valent pas la peine. (Si vous ne savez pas pourquoi MK, c’est le mal, lisez cet article en trois parties de Kevin Quigagne).

Aussi, évitez de suivre les nouveaux riches de Crawley, encore en D5 il y a deux ans, ça vaut mieux pour tout le monde.

Les pronos TK

Montées (3) : Wolverhampton, Brentford & Peterborough

Descentes (4) : Gillingham, Carlisle, Shrewsbury & Coventry

Dimanche 24 février, se disputera la plus improbable des finales de coupe : Bradford (D4) contre Swansea (Premier League). Mieux. Cette finale de League Cup, entre deux clubs aux parcours furieusement inverses depuis 2000, tient du miracle. Et avec la succession de glauqueries qui polluent le football britannique depuis plusieurs saisons, cette grosse bouffée d’air frais arrive à point nommé.

C’est Michael Laudrup, le manager de Swansea, qui a le mieux résumé cette finale au lendemain de la qualification des Swans pour Wembley : « Ce match opposera le petit conte de fée au grand conte de fée. »

Conte de fée. Si ce terme taillé pour la coupe est souvent galvaudé, il prend ici tout son sens. Deux fairytales aux trames diamétralement contraires et hors normes, et bien malin qui pourrait désigner avec certitude le minot de ce conte enchanté.

Des précédents mais rien de comparable

Etablir ici une liste un tant soit peu exhaustive des giant-killings de Cup (FA ou League) serait impossible. Et vain : elle a déjà été dressée maintes fois sur le Net et ailleurs (en voici une – à laquelle il faudrait ajouter le récent exploit de Luton Town – D5 – tombeur de Norwich le mois dernier en FA Cup, première fois depuis Sutton United-Coventry en 1989 qu’une D5 eliminait une D1). Seuls deux clubs de D3 ont atteint, et remporté, une finale de coupe (tous deux en League Cup et contre des D1) : QPR, en 1967 – contre WBA – et Swindon Town, en 1969, contre Arsenal.

Avant Bradford, seul un club de D4 était parvenu en finale : Rochdale FC, en 1962. Toutefois, cet exploit ne peut être comparé à celui de Bradford, pour deux raisons. D’une part, l’écart – de moyens – entre un club de D4 et D1 était beaucoup plus faible que maintenant (ce dossier explique pourquoi). D’autre part, au début des années 60, la League Cup était bien moins cotée qu’aujourd’hui et fut délaissée par nombre de grosses écuries de D1. De fait, cette compétition était si peu considérée au départ que sa première finale se disputa en début de saison suivante ! (22 août et 5 septembre 1961).

Cette coupe avait été imposée par Alan Hardaker en 1960, le controversé patron de la Football League (voir bas d’article TK sur les 50 ans de la League Cup). Les clubs de D1 ne furent pas franchement emballés et seuls dix d’entre eux participèrent à la première édition. Parmi ceux-là, aucun n’avait fini dans le Top 5 la saison précédente.
Puis, l’engouement vint timidement : 80 clubs en 1961-62, mais seulement 12 de D1 (sur 22). Rochdale, après un beau parcours (2 D4, 2 D2 et 1 D1 éliminées), fut battu en finale par Norwich City (D2), 4-0 sur les deux matchs.

Sentant que sa coupe allait dans le mur, Hardaker fit deux grosses concessions : à partir de 1967, la finale se jouerait à Wembley avec une qualification européenne à la clé. La League Cup décolla enfin.

Les Bantams clés… et leurs potins de vestiaire

(les petits secrets ci-dessous sont révélés par Matt Duke, l’excellent gardien Bantam, dans le Guardian du 22 janvier dernier).

Phil Parkinson. Manager, 45 ans. Honnête carrière de milieu en Football League, à Bury (D3) et Reading (D3 et D2). Ce licencié en sciences sociales est un féru d’organisation et de préparation physique. Comme tant d’autres, son parcours d’entraîneur est fait de hauts (Colchester) et de bas, voir première partie. Courtisé par plusieurs clubs de Football League récemment, dont Blackpool (D2).

Parkinson ne touche que 1 000 £ / semaine + 1 000 £ par point engrangé… au-dessus de 52 unités (et vu que Bradford n’en a que 44 au compteur – sur 31 matchs disputés, 46 journées – le performance bonus se sera pas mirobolant). Son contrat se termine en juin prochain et les négociations avec le club ont commencé. En place depuis août 2011.

Matt Duke. Gardien, 35 ans, 1m96. Héros des quarts et demi-finales (superbe contre Arsenal, homme du match contre Aston Villa à Valley Parade). Commença tout au bas du bas de l’échelle, en Pub League à Sheffield (équivalent des championnats corpos, non affiliés à la fédération anglaise). Puis vint la non-League (football amateur et semi-pro) à Burton Albion, alors en D7. Vendu à Hull City pour 20 000 £ en 2004, où il disputa 21 matchs de Premier League en 2008-2010.

N’a probablement pas eu la carrière qu’il méritait. Atteint d’un cancer testiculaire en 2008. Au club depuis l’été 2011.

Stephen Darby. Latéral gauche, 24 ans. Liverpool reject (nous en débattions d’ailleurs chaudement sous cet article sur l’Academy de Liverpool, où il fut formé). S’est refait une santé chez les Bantams après quelques prêts infructueux en Football League. D’après Matt Duke, Darby se fait souvent chambrer car il est le sosie de Ken Barlow (étant jeune), un personnage incontournable de Coronation Street, ce soap qui déprime toute l’Angleterre depuis 1960… (et ouais, vous vous cognerez Plus belle la vie jusqu’en 2075 probablement). Au club depuis juillet 2012.

Gary Jones. Solide milieu de 35 ans, capitaine et leader du groupe. L’aboyeur de service et archétype du midfield enforcer. Meilleur passeur (ex-aequo) de la League Cup cette saison. Rochdale Legend (D3 – D4, plus de 500 matchs pour The Dale). Membre d’une école de pilotage sur route, ce que les autres joueurs trouvent « very sad » selon Duke (navrant et digne de chambrage intensif).

Ce qui est bien moins sad, ce sont ses performances héroïques durant cette épopée, a tenu la baraque comme un Roy Keane. Homme du match contre Arsenal en quarts et superbe également contre Aston Villa à domicile en demie. Au club depuis juin 2012.

Rory McArdle. Arrière central, 25 ans. Débuta sa carrière pro à Sheffield Wednesday en 2004 (D2 – D3) mais ne perça pas chez les Owls. A marqué contre Aston Villa (but who hasn’t this season?). International nord-irlandais (5 capes). Compte déjà 39 matchs en 2012-13, l’un des totaux les plus élevés cette saison en League Football (PL + Football League), ce qu’il ne cesse de rappeler aux autres selon Duke ! Malheureusement, une blessure à la cheville le tient éloigné des terrains depuis presque trois semaines (incertain pour dimanche). Au club depuis juin 2012.

Zavon Hines. Ailier droit / milieu offensif, 24 ans. Fut l’un des « Joueurs d’avenir » que le magazine Four Four Two mit en avant dans feu sa page mensuelle The boy’s a bit special (rubrique assez kiss of death !). Ex Espoir anglais, très technique. Il y a du Raheem Sterling / Wilfried Zaha dans ce joueur. Vif et rapide mais croque un peu trop.

Après quatre ans compliqués à West Ham (31 apparitions) et une sérieuse blessure au genou en 2010, l’Anglo-Jamaïcain rebondit aujourd’hui en D4. Au club depuis juillet 2012.

Nakhi Wells. Avant-centre, 22 ans. Dans un bon jour, quand cet international des Bermudes combine en triangle avec le duo Hines-Hanson, l’adversaire disparaît. Commença sa carrière sur son île, au superbement nommé Dandy Town Hornets. Fulgurante progression cette saison, 18 buts (dont 14 en championnat). Rapide et technique, il serait convoité par plusieurs clubs de D2.

Selon Matt Duke, se fait souvent charrier pour avoir acheté une puissante voiture de sport il y a peu… avant même d’avoir le permis (examen qu’il mit une éternité à décrocher, toujours selon notre gardien chambreur). Et conduire un bolide avec des plaques L (Learner) en Angleterre attire un sévère mickey-taking (chambrage). S’est racheté en marquant le premier but des demies à Valley Parade. Au club depuis juillet 2011.

James Hanson. Avant-centre, 25 ans. Ce Bradfordian d’1m93 est le seul joueur de l’effectif à avoir été acheté (au club semi-pro de Guiseley, près de Leeds)… 7 500 £ seulement !
Marqua le but du 2-1 contre Aston Villa à Villa Park en demi-finale, où il joua sous infiltrations avec une fracture à l’orteil. Homme du match contre les Villans à l’extérieur. Travaillait dans un supermarché Co-op de Bradford jusqu’à son premier contrat pro en 2009 (il y fait d’ailleurs toujours ses courses). Les supporters lui ont dédié un chant court mais sympa : « Avant il bossait au Co-op du coin, au Co-op du coin, au Co-op du coin, etc. » Au club depuis 2009.

Egalement :

Curtis Good. Arrière central ou latéral gauche, 19 ans. Australien prêté par Newcastle, qui le refourgua illico en se rendant compte qu’il n’était pas français (donc sans intérêt) après l’avoir acheté à Melbourne pour 250 000 £. Selon Matt Duke, Good dort tellement que l’équipe est persuadée qu’il ne s’est pas encore remis du décalage horaire (il est en Angleterre depuis sept mois). International U20 australien et promis à un bel avenir dans le football selon Duke. A bien neutralisé le Villan Andreas Weimann en demies à domicile. Au club depuis 3 mois.

Carl McHugh. Défenseur, 19 ans. International irlandais U19, excellent durant toute cette campagne. Pas le plus athlétique des arrières mais solide et impressionnant face à Villa. Y est même allé de son but contre les Villans (et depuis, se fait charrier). Au club depuis l’été dernier.

Nathan Doyle. Milieu polyvalent (aussi latéral droit et ailier), 26 ans. Formé à Derby County, ex international anglais chez les Jeunes (des U16 aux U20). Transfuge de Barnsley, D2 (100 apparitions en trois saisons). Au club depuis l’été dernier.

Garry Thompson. Avant-centre / ailier / milieu offensif, 32 ans. Transfuge de Scunthorpe (D2 – D3). Très rapide et technique, a marqué contre Arsenal en quart. Se fait copieusement chambrer pour sa ressemblance avec James Bond-Daniel Craig. Au club depuis l’été dernier.

L’effectif complet en photos.

Avant le match, les Bantams s’échaufferont en survêtement commémoratif du drame de Valley Parade le 11 mai 1985 (voir footnotes première partie de ce dossier et ici), tenues floquées du numéro 56 correspondant au nombre de morts ce jour-là (265 blessés). Pour le manager Phil Parkinson, dans le Times du 20 février, Valley Parade est la « tragédie oubliée » du football anglais.

Deux bonnes anecdotes Bantams pour le prix d’une

Le Dungeon. C’est le surnom du vestiaire extérieur de Valley Parade. De l’avis de tous, l’un des plus pouilleux du football anglais. Il n’y a que 8 douches, confinées dans un espace étriqué, difficile de se doucher à plus de cinq. Un endroit récemment décrit par un dirigeant de Bradford comme squalid (infect). Trois toilettes seulement, au bout d’un long couloir et à partager entre les deux équipes. Selon Paul Rowan, journaliste au Times, les équipes visiteuses se plaignent souvent de l’état des lieux et certains joueurs, de rage, n’hésitent pas à vandaliser les WC ! Selon la légende, quand Arsenal affronta Bradford en 2001 en championnat, Wenger ordonna à l’équipe de filer directement dans le bus, sans passer par la case toilettes-douches !

Bradford City, sur le toit du monde

Bradford City, sur le toit du monde (FOBC = Friends Of Bradford City, groupe de supporters)

Paul Deo, le prêtre chambreur. Ce vicar (pasteur) qui sermonne dans une église de York (à 50 kms de Bradford) est aumônier à Bradford City, une fonction prise très au sérieux dans les clubs anglais (deux tiers d’entre eux en ont un).

Mais Paul Deo est également speaker à Valley Parade et c’est un charrieur de première. Le 8 janvier dernier, Bradford terrasse les Villans 3-1. Après le match, une fois les joueurs rentrés aux vestaires, le spirituel curé gratifie ses ouailles d’une homélie prophétique au micro du stade :

« Allez-y mes enfants, vous pouvez déjà réserver votre chambre d’hôtel à Londres pour la finale à Wembley le 24 février. »

[devant la polémique soulevée quelques jours avant le match retour (!), Deo donnera une version plus édulcorée de ses propos ce soir-là – on l’accusa aussi d’avoir « écorché les noms des Villans » pendant la présentation des équipes et d’avoir réagi wildly sur chacun des trois buts Bantams… Tant est si bien que, selon le Daily Mail – que nous croirons exceptionnellement sur parole pour l’intérêt burlesque de l’affaire – quelques supporters Villans se plaignirent des agissements du curé auprès de la police ! ici]

Quelques jours avant le match retour à Villa Park, Paul Lambert apprend les mots du curé allumeur de la bouche d’un journaliste. Au lieu d’en sourire et pardonner au prêtre pécheur, l’Ecossais se braque (ce qui en dit long sur la fébrilité et l’état d’esprit régnant dans ce club) :

« S’il a vraiment dit ça, il nous a manqués de respect. Il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. C’est irrespectueux d’agir de la sorte. On verra ce qui se passera après le match. […] Il y a quinze jours, c’était chez eux. Mais je le redis, je trouve ça irrespectueux de faire ça à d’autres équipes. »

Se faire pourrir par un curé et mordre à l’hameçon, on aura tout vu du côté de Villa cette saison. Du côté de Bradford, on est tellement plus zen. Peut-être parce que leur supporter numéro 1 est… le dalaï-lama.

Kevin Quigagne.

PS : quand on ne fait pas du tourisme à Doncaster ou du lèche-vitrine (sans « s », y’en a qu’une) à Wigan, il nous arrive de poster sur Facebook et Twitter.

Dernière minute : A voir absolument ce double reportage de Philippe Auclair sur Bradford City.