Posts tagged ‘D4 anglaise’

Samedi 27 septembre, Hartlepool United accueillait Portsmouth pour le compte de la 10è journée de D4. J’y étais.

La semaine dernière, j’étais machinalement parti pour voir mon club, Sunderland, recevoir Swansea au Stadium of Light samedi aprèm. Pis je me suis dit qu’au lieu de me cogner une énième purge Black Cat et être morose tout l’après-midi, autant assister à un p’tit match sympa dans un p’tit club de mon coin, histoire de faire ma B.A pour le foot grassroots et voir de près comment les gueux vivent par la même occasion.

Alors, que je vous explique, dans un rayon de 60 kms autour de chez moi, comme petit club pittoresque t’as : a) Darlington – option vite abandonnée car vraiment trop déprimant (Darlo est passé de la D4 à la D9 en un temps record – long à expliquer, passons ; en D8 aujourd’hui) ; b) Gateshead – possible, mais j’aime ni leur stade (enceinte d’athlé de 12 000 places à 90 % vide les jours de match) ni leur quartier mort et excentré (zone pavillonnaire, 1 seul pub, familial) donc non ; c) Blyth Spartans – ouais pourquoi pas mais j’étais chez eux y’a pas longtemps donc niet aussi ; d) Newcastle United bien sûr, mais les Mags jouaient à l’extérieur donc impossible.

Restait plus que les Monkey Hangers donc. Hartlepool, avant-dernier, vs Portsmouth, 11è.

[Cliquez sur les photos pour les agrandir]

Hartlepool pour les Nuls

Monkey Hangers, ou Pools, sont les deux surnoms de Hartlepool, ville côtière de 90 000 âmes située au bord de la Mer du Nord, entre Sunderland-la-moche et Middlesbrough-la-super-moche-et-polluée-en-plus (because industries chimiques, d’où le surnom de Boro, les Smoggies). La grande métropole du coin qui sauve la mise, c’est Newcastle, à 50 bornes au nord, cité plutôt élégante, si ce n’était pour un méchant furoncle de 52 404 places qui défigure le centre-ville depuis plus d’un siècle.

La croissance de l’économie britannique a zappé Hartlepool. Le coin est « post-industriel » comme on dit pudiquement. Les locaux disent ne pas avoir ressenti la dernière récession, celle démarrée en 2008. Et pour cause, ajoutent-ils l’air résigné, on n’est jamais vraiment sorti de la grande dépression des années 30 ici. Les plus optimistes d’entre eux décrivent Hartlepool comme une ville jeune et pleine d’atouts. Comprendre : le week-end, des dizaines d’établissements abreuvent des milliers de jeunes soiffard(e)s. Et le week-end commence dès le jeudi soir ici. Chaque drinking hole a sa paire de videurs. Et comme partout ailleurs au Royaume-Uni, ça descend autant que ça s’embrouille ou castagne, surtout à la fermeture, de minuit à 2 heures du mat. Veni, vidi, vomi.

Selon la blague locale, avoir des rapports protégés à Hartlepool signifiait qu’on se mettait sous un abri bus pour copuler.

En 2011, Hartlepool avait le plus fort taux de chômage des 18-24 ans du pays et, vers 2000, l’un des taux de grossesse juvénile parmi les plus élevés du monde occidental (résorbé depuis). Il y a une douzaine d’années, circulait cette cynique blague dans les salles de profs et les plannings familiaux du coin : ici, le protected sex veut surtout dire qu’on se met sous un abri bus pour copuler.

Heureusement, y’a le football, et localement on est servi. Chacun y trouve son bonheur. Les plus sains d’esprit supportent les Black Cats, à 30 kilomètres ; les moins finauds Middlesbrough, les cyclothymiques Newcastle United et aux grands neurasthéniques du cru, il reste Darlington. Pour tous les autres c’est Hartlepool, les Monkey Hangers, les Pendeurs de singes.

Un singe obscène comme mascotte : la faute à Napoléon

Mais d’où vient ce surnom étrange ? Ben c’est encore de notre faute pardi. Enfin, celle de Napoléon plus exactement. En 1805, l’un de ses navires s’échoue dans le coin. Seul survivant du naufrage : un singe qui porte l’uniforme de la marine française. Les autochtones, qui redoutaient une invasion de l’ennemi juré, traduisent la pauvre bête devant un tribunal populaire. Le primate ne pipe mot et refuse de répondre aux questions ; c’est con un singe au fond malgré ce qu’on nous raconte à la télé. Les Hartlepooliens, qui n’ont jamais vu ni Français ni singe de leur vie, décrètent que le mammifère est forcément un espion français et le pendent séance tenante. Surtout, n’insultez pas le premier Rosbif que vous croiserez, ce n’est qu’une légende.  Il existe une autre version beaucoup plus sordide, que n’aurait pas renié Emile Louis, mais passons vite dessus.

Aujourd’hui, le singe est le symbole de la ville et d’Hartlepool United. Tellement plus qu’un symbole d’ailleurs. En mai 2002, Stuart Drummond, la mascotte déjantée du club (H’Angus The Monkey”, notez le jeu de mots) se fait élire maire d’Hartlepool. Comble de l’humiliation pour les autres candidats : pour toute campagne, ce Coluche local s’est contenté de déconner non stop en dégainant son slogan fétiche : « Des bananes gratuites pour tous les écoliers ».
Gros buzz médiatique et terrible
camouflet pour Blair et son gouvernement qui tentaient alors de convaincre la population britannique du bien-fondé d’élections municipales à la continentale (voir ce wiki). Et voilà-t-il pas que l’un des tous premiers maires directement élus est un illuminé payé 53 000 £/an pour faire le singe… Drummond restera maire onze ans ! (il devra toutefois s’allier avec les Travaillistes et rentrera dans les clous. Fin 2012, un référendum local mettra fin à la malheureuse expérimentation et Drummond quittera son poste courant 2013. La ville est depuis revenu au système traditionnel britannique de gestion des municipalités, ici).

Le mec était pas trop net faut dire. En tant que mascotte d’Hartlepool de 1999 à 2002, il s’était fait virer de deux stades, celui de Scunthorpe en 2000 pour gesticulations obscènes derrière une stadière et à Blackpool en 2001 pour des faits similaires sur une poupée gonflable… Et pour l’anecdote, il ne tint jamais sa promesse sur les bananes. Ah ces politiciens, tous les mêmes.

Quelques FACTS sur Hartlepool United :

Depuis l’accession en Football League, en 1921, Pools a passé son existence à yoyoter entre la D3 (années 2000) et la D4, où ils végètent depuis l’an dernier (19è, sur 24).

Pools (alors Hartlepools United) fut le premier club de Brian Clough manager. C’est à Pools que la paire Clough-Taylor se fit les dents et se signala pour ses dons de faiseur de miracles. Clough sera limogé fin avril 1967 après un énième accrochage avec le propriétaire et recruté par Derby County, D2. Clough surnomma fameusement Hartlepool « the edge of the world », le bord du monde (la ville et le club ont toujours eu une image de coin un peu isolé et à part, moins aujourd’hui évidemment avec le développement du réseau routier régional et les technologies modernes de communication).

Deux Newcastle United legends y ont fini leur carrière : Peter Beardsley (59 capes anglaises) et Nobby Solano (95 capes péruviennes).

Pour un petit club, Pools compte pas mal de celebrity fans, dont Jeff Stelling, l’un des présentateurs vedettes de Sky Sports (célèbre pour les Soccer Saturday un peu déjantés avec Chris Kamara, Dean Windass et consorts), le réalisateur Scott Ridley et le rocker US Meat Loaf qui explique pourquoi dans ce clip, à 1’22 (très marrant).

Depuis quatre saisons, les vraies celébrités d’Hartlepool sont leurs supps, les Poolies : ils se déguisent pour le dernier déplacement de la saison. En 2012, leurs 171 Schtroumphs ont fait le buzz (ci-dessous dans le Tube londonien, en route pour Charlton).

Hartlepool a le pire ratio de victoire à domicile de la Football League depuis août 2012 : seulement 33 % (17 victoires sur 51 matchs).

Inutile de vous faire un topo sur Portsmouth hein, vous connaissez déjà sûrement bien l’ancien club à Vincent Péricard si vous nous suivez. Pour plus d’infos sur la D4 cette saison ainsi que les quelques cracks présents aujourd’hui sur le terrain (Pat Agyemang, Nicky Shorey, Marlon Harewood – tous ex Premier League ou D2 –, Jed Wallace et Danny Hollands), j’en parlais longuement ici et ici.

Assez de schtroumpheries, passons à l’avant-match.

L’avant-match, au pub évidemment

C’est en train, de Newcastle, que je me rends au match. A ma descente du train, je n’ai qu’à faire quelques mètres pour atteindre mon premier objectif, le Rat Race Ale House, situé sur le quai. L’endroit est singulier et né d’un concept original, le micropub, un mouvement qui apporte une bouffée d’air frais en Angleterre face au rouleau compresseur des grosses chaînes de pubs, impersonnelles et génériques, qui contribuent à couler les pubs traditionnels depuis une bonne décennie (environ 1 500 fermetures par an).

Ancien kiosque de gare reconverti en micropub en 2009, le Rat Race est particulièrement micro : 6 mètres par 4 à tout casser. Sur le mur (et leur site Internet), une affichette avertit de la fermeture du pub le week-end prochain par mesure de précaution « à cause de soi-disant supporters qui ont causé des problèmes par le passé ». Peter, l’affable patron, un ex informaticien qui a utilisé sa prime de licenciement pour se lancer dans l’aventure, m’explique qu’en septembre 2012 quelques « supporters » de Carlisle United (rival d’Hartlepool, par défaut) avaient mis le bazar dans la gare et autour de son pub. Cette année, il préfère donc fermer.

Ce que me raconte Peter ne m’étonne guère : Carlisle, c’est spécial (j’en avais fait un article). C’est dans cette ville qu’a été inventé le lorry-spotting, navrant hobby de dégénérés en phase terminale d’oisiveté qui passent leur week-end à photographier des camions depuis des ponts autoroutiers et comparent ensuite leurs prises sur Internet (Conversation standard : « T’as spotté combien de Daf X22 Norbert Dentressangle sur la bretelle 34a pendant tes dernières vacances ? – Ben, 8 seulement mais j’ai filmé le dernier Scania Eddie Stobart avec l’Opticruise et remorque triple essieu. Absolument méga. Je retourne camper derrière le dépot à Pâques »).

Les murs du Rat Race sont décorés de 1 000 ronds à bière. Ils en servent presque la moitié, dont – évidemment – la Blue Monkey et ISIS, la bière des Djihadistes.

Le pub est trop petit pour avoir comptoir, tireuses à bière et tout le matos alors quand on commande, Peter disparaît dans une petite remise et ressort avec le nectar. Les bonnes semaines, il y stocke 400 différentes sortes de bières & cidres.

Deux pubs plus tard, j’arrive à Victoria Park, « The Vic » pour les intimes, stade de 7 800 places sans grand charme, refait à neuf dans les Nineties. Abords peu engageants, l’enceinte est coincée entre une ligne de chemin de fer, des ronds-points et des grandes surfaces. Ces précisions ont leur importance, comme vous le verrez.

Devant Victoria Park, un supp de Hartlepool déguisé en « Français typique », avec béret, fausse moustache et collier d’oignons. Y’a du progrés depuis 1805 mais clairement, les mecs sont encore bien marqués.

Le match

Je suis à la bourre et file directement dans les Populaires (20 £ la place debout). Honnête chambrée, 3 500 spectateurs (la D4 fait 4 300 de moyenne), dont 500 supps de Portsmouth qui donnent de la voix malgré leurs dix heures d’autocar. Parmi eux, le fameux John Portsmouth Football Club Westwood (ci-dessous), que j’ai déjà eu l’occasion d’admirer de près, notamment au Stadium of Light. Le mec n’a pas raté un déplacement de Pompey depuis 1980 paraît-il.

Contrairement à tant de clubs plus huppés, pas d’hymne à la con ici que personne ne chante, ça démarre direct.

Les temps forts du match.

8’ : A la stat « Tir non cadré/hors cadre » chère aux dataholics, faudrait ajouter celle du tir hors stade : premier ballon envoyé au-dessus des tribunes, basses. Un odieux raté d’un bleu et blanc qui finit probablement sur la ligne de chemin de fer ou dans un caddy sur le parking de Morrisons (hypermarché collé au stade).

15’ : Premier quart d’heure mort, à peine un tir cadré et même pas un tacle assassin. On ne peut même pas parler de kick and rush, (malheureusement) non. C’est une sorte de mélasse de football, sans jeu ni cours du jeu, un résidu fait de mauvaises passes, de surplace, de cafouillages, de courts ballons imprécis sans cesse contrés, de longs ballons directement en touche et autres phénomènes non identifiables. Engagé mais sans plus.

18’ : Le niveau d’excitation passe soudain de zéro à Red Alert car on m’a assuré avant le match qu’à 19’08 secondes (date de fondation du club) il y aurait une protestation en masse des supps contre la boîte propriétaire du club depuis 1997 (IOR, société pétrolière scoto-norvégienne). En 2014, Hartlepool a vendu deux jeunes joueurs talentueux à Peterborough pour 1,5 million £ (Jack Baldwin et Luke James, ce dernier récemment) sans chercher à les remplacer. De fait, le seul vrai attaquant de l’effectif est Marlon Harewood, 35 ans, qui a marqué 3 buts sur ses 27 dernières apparitions (2 000 minutes de jeu).

Ergo, les supps sont révoltés et parlent de tout faire péter aujourd’hui. Gros buzz là-dessus sur les réseaux sociaux (dont leur principal forum de supps, très actif, 650 000 posts !) avec des fils interminables (ici par exemple) où les échanges ont tendance à vite virer à la brachycérophilie.

Fait tout de même inquiétant : des supps recommandent « de ne surtout rien acheter à la buvette à la mi-temps car ça serait leur filer du fric à ces enculés de propriétaires ». Je préviens mon camarade de travée le plus proche que, nonobstant mon soutien fraternel et idéologique à leur légitime lutte contre le Grand Capital, je ne cautionne pas du tout ce genre de boycott et me désolidariserai illico de leur petite jacquerie.

Concrètement, un max de supps sont censés quitter leur place et se rendre derrière leur tribune respective en candant des slogans anti IOR pendant 10 minutes. Apparemment, ça s’annonce méga. L’asso des supps a prévenu le club : on va vous déclencher une World War III version tribune. Youpi, une insurrection. Je prépare mon appareil photo et me mets en position.

19’08. Absolument rien, walou, zilch, nada. Comme d’hab avec ce genre de truc, ça a fait un gros pschitttt. Bah, le militantisme est mort depuis longtemps en Angleterre, faudrait une bonne révolution pour réveiller tout le monde. Je décide d’entonner la Marseillaise mais me souviens de ce qu’ils ont fait au singe et me ravise illico.

25’ : Deuxième tir par-delà les tribunes, odieux raté d’un jaune (Portsmouth) qui finit probablement sur la ligne de chemin de fer ou dans un wagon de charbon en partance pour la centrale de Drax à 100 kms de là.

38’ : Troisième ballon expédié hors stade sur un dégagement en catastrophe d’un bleu et blanc, corner. Je demande à mon voisin combien ils en envoient sur orbite comme ça par match. « Oh, parfois une dizaine, me répond-il en se marrant. Jusque y’a deux ou trois ans, le club avait des stadiers à l’extérieur pour les récupérer mais ça revient trop cher alors on se débrouille autrement. »

J’essaie de voir en fonction d’un plan Google Map du quartier où ce ballon a pu atterrir cette fois.

Mi-temps : Enfin. Buvette time.

55’ : Domination de Portsmouth depuis cinq minutes, on a même eu le droit à une occasion franche, si si.

Survoltés, les supps de Pompey entonnent leur fameux Pompey Chimes, deuxième plus vieux chant du football anglais après le On The Ball de Norwich City.
Enfin, quand je dis « chant » faut le dire vite hein parce que ça fait juste : «
Play up Pompey, Pompey play up » et basta (l’était plus long à sa création en 1900 mais je vous passe les détails).

C’est super limité mais vu le contexte de vide sidéral, je trouve ce chant absolument fascinant.

60’ : Je me force pour essayer de trouver le moindre petit geste technique super intéressant mais non, rien à faire, je m’emmerde dur. Du coup, j’explique à un jeune stadier sympa de l’autre côté du grillage me séparant de la tribune des supps de Portsmouth que je fais un reportage sur ce match pour un gros média français (le mec a l’air impressionné) et lui demande la permission d’aller dans la tribune extérieur pour photographier des supps de Pompey.

L’accès d’une tribune à l’autre est impossible sans ressortir du stade (et encore), alors j’insiste poliment en racontant que le gros média pour lequel je bosse m’envoie de Paris car on s’intéresse de près à Nigel Atangana, le Frenchie de Pompey, présent sur la pelouse. Le stadier ouvre de grands yeux (je l’imagine se demandant : « Quoi, un Français qui s’appelle Nigel ? Et pourquoi pas un Anglais qui s’appellerait Marcel pendant qu’on y est. Putain d’Europe, tout fout le camp. »).

Tout ce que gars aurait à faire est d’ouvrir une porte grillagée et m’accompagner sur quelques mètres mais, health & safety oblige, ça coince. Il s’en remet à son chef qui me mate bizarrement. Le chef s’adresse alors à l’un des dix policiers de faction dans le no man’s land entre les tribunes (malgré les mégas coupes budgétaires, doit y avoir minimum 50 Bobbies dans ce petit stade hyper calme, on se croirait en Vigipirate).

Le chef s’éloigne et converse avec chépaki sur son talkie-walkie (le Grand Chef des Stadiers ? Le proprio du club ?). Quel binz pas possible pour franchir une simple porte. Le capo des stadiers revient vers moi et, l’air très officiel, me fait : « Impossible de vous laisser accéder à la tribune extérieur pour votre reportage, il aurait d’abord fallu demander la permission au club. » Bon, ben, ça m’apprendra à me big up en faisant croire que je suis un grand reporter tiens ; si j’avais dit que c’était pour la collec personnelle de ma grand-mère mourante qui supporte Pools depuis 1930, il m’aurait sûrement laissé circuler et avec une escorte en plus.

65’ : Cinquième ballon sauvagement bouté hors du stade. A en juger par la trajectoire, celui-ci a dû finir sur le rond-point du centre commercial, pas impossible même qu’il ait pris la direction du Pôle Emploi tout proche s’il a été dévié par un camion. Aidé par mon voisin de main courante, je commence à bien visualiser le plan du quartier.


Chaude ambiance au Vic.

77’ : Marlon Harewood (35 ans, ex Premier League) entre en jeu. Vu sa grosse frappe aléatoire, ça risque pas de nous arranger le ratio de ballons hors stade.

80’ : Harewood touche son premier ballon et rate un contrôle facile. « Et dire que c’est payé 1 500 £/semaine ça », peste mon voisin.

Arrêts de jeu : Ça s’anime enfin, 2 tirs vaguement cadrés dans les dernières minutes.

93’ : Terminé.

C’est le troisième 0-0 d’affilée contre Portsmouth à domicile. Comme disent les Anglais, on s’éclate plus à regarder la peinture sécher que des purges pareilles mais ce point permet au moins à Hartlepool de passer 22è et donc sortir de la zone rouge.

Je rejoins des supps déprimés au Mill House, pub sympa mitoyen au stade, avant de quitter Hartlepool, sceptique sur leurs chances de se maintenir en Football League.

Le classement et le résumé TV du match ici dans le Football League Show de la BBC, à 1h10’50 (attention, géolocalisation). Même en raclant les fonds de surface, ils n’ont trouvé que 3 occasions à montrer.

Kevin Quigagne.

Dans la même série :
Gashead for a day
Belfast and Furious

Teenage Kicks démarre sa quatrième saison avec une preview des championnats de Football League (D2 à D4) et Premier League. A tout saigneur, tout honneur, on entame donc avec la D4. Et ouais, ce minot avec ses clubs tout pouilleux et leurs buvettes qui puent la Marmite. Mais ne pouffez pas trop vite car vous verrez que même la D4 anglaise, ça déchire.

La Football League, doyenne mondiale des championnats de clubs, fête ses 125 ans cette saison et a produit ce clip commémoratif, à voir absolument (particulièrement conseillé aux supporters d’Arsenal : à 3’20 on y voit les Gunners remporter le titre 1989…). Et si vous savez contourner la géolocalisation, ne manquez pas l’émission hebdomadaire The Football League Show.

Voir le classement après quatre journées (sur 46).

[Cliquer sur les photos peut rapporter gros]

Les prétendants à la montée

Une douzaine, pour 4 places… (3 automatiques + 1 aux play-offs).

Portsmouth, listé d’office ici vu son standing mais Pompey doit encore gérer le club avec des scoubidous après quatre années cauchemardesques (51 % du club appartient depuis avril dernier à 2 000 supporters via le Portsmouth Supporters Trust et le reste à une douzaine de supporters fortunés ayant injecté plus de 50 000 £ chacun dans le nourrin – 3M £ furent collectés au total). Un Pompey qui était encore en Premier League en 2010 et faisait trembler l’AC Milan il y a cinq ans… Le manager et local legend Guy Whittingham a recruté malin, avec des joueurs talentueux (tel l’ailier Andy Barcham) et des vieux briscards comme Patrick Agyemang et David Connolly (voir plus bas). A mal démarré toutefois, 5 points.

Le fameux John Portsmouth Football Club Westwood (c'est son blaze officiel, si si)

Le fameux John Portsmouth Football Club Westwood (c'est son nom officiel, si si)

Chesterfield jouera la montée automatique. Les Spireites ont tout pour atteindre leur objectif : groupe expérimenté, gros recrutement, bonnes affluences et propriétaire aisé, le controversé Dave Allen, bien connu des supporters de Sheffield Wednesday… (voir  ici).

Oxford United devrait être aux avant-postes en fin de saison ainsi que Cheltenham, barragiste pour la montée en D3 ces trois dernières saisons ! (et qui a tenu la dragée haute à West Ham hier soir en Coupe de la Ligue, défaite 2-1).

L’ambitieux Fleetwood Town a bien démarré, sous la houlette de l’ex international écossais Graham Alexander, 41 ans, le défenseur aux 1 000 matchs en championnat pro, de la D4 à la PL (et sublime tireur de pénalty, 77 réussis sur 83 – 92,7 % – et souvent de l’extérieur ! Seul Matt Le Tissier fit mieux : 48 sur 49. Frank Lampard est dans les temps de passage – 48 sur 55 -, ainsi que Rickie Lambert, 32 sur 32 à Southampton).

Bristol Rovers et Exeter City voudront aussi vite retrouver la D3 récemment quittée, et on espère que Plymouth Argyle surmontera ses terribles problèmes financiers récents pour s’extraire de l’ornière. Le potentiel est là : Argyle était encore une valeur sûre de D2 il y a quelques saisons (particulièrement sous Ian Holloway) et Plymouth est la plus grande ville d’Angleterre (300 000 habitants) à ne jamais avoir goûté à l’élite. Les Pilgrims ont parmi les plus fidèles supporters de la division, une « Green Army » qui arrive à mobiliser jusqu’à un millier d’inconditionnels prêts à se taper 1 000 kilomètres A/R un mardi soir de décembre. L’ex Lavallois Maxime Blanchard (voir chouette interview dans le blog Kick-off de l’Équipe) n’a pas encore lancé sa saison (remplaçant).

Northampton Town, sous la houlette de l’expérimenté Aidy Boothroyd, a mal démarré mais le coup de pompe des Cobblers (cordonniers) n’est pas trop inquiétant (interlude Jean-Paul Ollivier : adorable musée de la chaussure si vous passez dans le coin), même sans Adebayo Akinfenwa – ci-contre – parti faire peser ses 100 kilos de muscles sur les défenses de D3 (16 buts l’an passé).

Démarrage également poussif du relégué Scunthorpe United qui a recruté du lourd, pas moins de trois ex joueurs de Premier League : Deon Burton, Andy Dawson et Chris Iwelumo.

Comme l’an passé, Burton Albion pourrait bien de nouveau surprendre (4è et play-offs), les Brewers ont certes perdu leurs deux meilleurs attaquants (le Congolais Jacques Maghoma et le Zaïrois Calvin Zola) mais semblent avoir bien recruté. Eliminé de justesse par Fulham hier soir en League Cup, 2-2 et 5-4 aux tirs au but.

Les clients à la descente

Le micro club d’Accrington Stanley, sempiternel relégable en puissance. Cette intersaison, refonte de l’effectif opérée par le jeune manager et ex international anglais James Beattie, 35 ans. L’ex attaquant d’Everton et Southampton a recruté malin (dont Nicky Hunt, 29 ans, ex PL) mais ça risque de coincer, l’effectif étant léger. Et compter sur Francis Jeffers devant est toujours aussi risqué…

Dagenham & Redbridge est aussi favori à la descente chez les bookies, malgré sa cohorte d’ex starlets qui devaient tout casser il y a peu (Gavin Hoyte, ex Arsenal ; Zavon Hines, ex West Ham ; et Medy Elito, ex U19 anglais).

Idem pour les Shrimps (crevettes) de Morecambe qui connaissent de sérieux problèmes financiers (loin d’être les seuls !) et ont dû réduire la voilure. Avec 1 800 spectateurs de moyenne, c’est déjà un miracle qu’ils soient là depuis si longtemps. Le puissant ailier-attaquant Kevin Ellison, 34 ans, s’il ne se blesse pas ou décampe au mercato d’hiver, pourrait leur sauver le bacon (en attendant le retour dans six mois du jeune Jack Redshaw – blessé à la hanche -, 15 buts l’an passé).

Bury, relégué de D3 avec pertes et fracas, pourrait souffrir malgré un effectif totalement renouvelé : 22 nouveaux joueurs – dont le frangin de Wayne Rooney – pour une vingtaine de départs ! Enfin, espérons que les nouveaux propriétaires payent mieux que le SMIG cette saison… A signaler l’arrivée de l’ex Manceau William Edjenguélé chez les Shakers, très bien noté (8/10) dans The Football League Paper pour son premier match le week-end dernier.

Hartlepool United, également relégué de D3, inquiète sérieusement ses supporters : 1 seul point d’engrangé et aucun but marqué ! (seul club de Football League dans ce cas). Richie Humphreys, cult hero du club aux 544 matchs pour Pools a décampé (à Chesterfield) et rien ne va plus chez les célèbres Monkey Hangers qui se transforment volontiers en Schtroumpfs à l’occasion.

Et un souhait pour finir : que l’AFC Wimbledon s’en sorte mieux que l’an passé où ils flirtèrent avec la relégation. Charlie Sheringham, fils de, les a rejoints ainsi que le virevoltant ailier guadeloupéen Kevin Sainte-Luce, recruté en janvier dernier. Les Dons ont bien démarré, 7 points.

Les joueurs à surveiller

Romuald Boco (Plymouth), 28 ans, 48 capes béninoises, milieu offensif. L’ex Chamois Niortais a convaincu l’an dernier (à Accrington, 10 buts) et « Rommy » tentera de confirmer dans une grosse écurie de D4 après des passages en Chine et en Irlande. Pourrait faire mal en soutien du puissant attaquant Marvin Morgan.

James Constable (Oxford), 28 ans et loin d’être un peintre : 95 buts en 234 matchs en cinq saisons avec les U’s.

Rene Howe, 26 ans, puissant attaquant de Burton Albion.

Jeff Hughes (Fleetwood), 28 ans, 2 capes nord-irlandaises, milieu offensif très expérimenté.

Aaron O’Connor (Fleetwood), attaquant de 30 ans, 18 buts en championnat l’an passé.

L’ailier Gary Roberts (Chesterfield), 29 ans, pilier de la Football League, l’un des meilleurs techniciens de cette division.

Chris Zebroski, 26 ans, l’avant-centre bourlingueur de Newport County (11 clubs) pourrait faire mal s’il ne s’éparpille pas, 3 buts déjà.

Parmi les jeunots à suivre :

– Jed Wallace (Portsmouth), milieu très vif de 19 ans et international U19 anglais, a fini la saison dernière en trombe.

– John-Joe O’Toole (Bristol Rovers), ex U21 irlandais et son coéquipier Ellis Harrison, 19 ans, international gallois U21.

– l’ailier/attaquant de Torquay Jordan Chappell, 21 ans, pétri de classe, déjà 3 buts en 2 matchs.

– le milieu anglo-zimbabwéen Tendayi Darikwa (Chesterfield), 21 ans, pourrait (enfin) éclater s’il arrive à faire son trou dans un effectif fourni (Everton et d’autres l’ont récemment observé, ici)

– la tripotée de cadors de Wycombe, dont le milieu Billy Knott, international U20 anglais, prêté par Sunderland ; le défenseur Charles Dunne, international U21 irlandais, vendu à Blackpool (D2) il y a six jours puis reprêté aux Chairboys ; Matt McClure, U21 nord-irlandais ; et Paris Cowan-Hall, ailier de 22 ans au gros potentiel mais instable (déjà 7 clubs).

Côté jeunes vieux, on gardera un oeil sur Romain Padovani (Portsmouth), milieu défensif de 23 ans transfuge de Monaco (lire cette intéressante interview dans footanglais.com), sur Matty Blair, 24 ans, rapide ailier de Fleetwood et  Jimmy Ryan (Chesterfield), 24 ans.

Les vieux de la vieille

Patrick Agyemang, 32 ans, ex QPR et 2 capes ghanéennes.

David Connolly (Portsmouth), attaquant de 36 ans, joueur le plus expérimenté de D4, 41 capes irlandaises et ancien de D1 (Sunderland, Wigan, Feyenoord). Déjà 4 buts cette saison.

Chris Iwelumo et Deon Burton (Scunthorpe), 71 ans à eux deux et ex Premier League. Le bourlingueur Burton (ci-dessus), 15 clubs et 61 capes jamaïcaines, fait toujours parler la poudre à presque 37 piges : 12 buts l’an passé pour Gillingham, promu en D3.

Rory Delap, 37 ans, balance désormais ses touches-missiles à Burton Albion.

Richard Cresswell (York City), 35 ans, avant-centre pilier de Football League (joua même en PL), de retour au bercail.

L’increvable bourlingueur Jamie Cureton (Cheltenham), 38 ans mais 21 buts en championnat l’an dernier (avec Exeter). En 20 ans de carrière, il a connu toutes les divisions, y compris la PL avec Norwich.

Papa et Maman souhaite bon anniversaire à leur Francis dans le canard local

Papa et Maman souhaitent un bon anniversaire à leur Franny préféré dans le canard local. Touchant.

Dave Kitson, 33 ans, ex avant-centre de PL, a atterri à Oxford United. Il y a cinq ans, Stoke City avait déboursé 5M £ pour s’attacher ses services. Paraît même que c’est lui le fameux Secret Footballer… Wow, glamoureuse notre D4 quand même (on s’est toutefois bien gardé de nous laisser entrevoir son actualité en nous survendant le truc, c’eût pas été franchement glamour de faire savoir que le mec « qui avait évolué avec les plus grandes stars du ballon rond » jouait à Oxford…).

En parlant de glamour, n’oublions pas l’une des idoles de Teenage Kicks, l’ex international anglais Francis Jeffers, 32 ans (Everton, Arsenal puis le quasi néant). Ce phénomène qu’Arsène acheta 8M £ pour l’associer à Thierry Henry pousse ses derniers râles footballistiques à Accrington qu’il a rejoint en fin de saison dernière. Pas encore aligné cette saison ; semble passer son temps sur Twitter à vérifier les horaires de train ou distiller les conseils pour bien faire ramoner sa cheminée. Bah, au moins il se rend plus utile que sur un terrain. Pis ces questions domestiques ça le connaît : Noël dernier, la police l’arrêtait devant le domicile de son beau-père en train d’agiter un manche à balai.

Les entraîneurs en vue

Justin Edinburgh, 43 ans et ancien défenseur de Tottenham (1990-2000), manager de l’étonnant promu Newport County (lire « Le club à suivre » plus bas).

L’ex international anglais James Beattie, 35 ans, manager du minot Accrington Stanley (également entraîneur-joueur l’an passé) et toujours enregistré comme joueur.

Nigel Worthington, 51 ans, ex pilier de D1 & international nord-irlandais et manager chevronné (il fit monter Norwich en Premier League en 2004), a pris les rênes de York City.

Gareth Ainsworth, Wycombe Wanderers (ci-contre, au micro), figure incontournable de la Football League (a évolué dans toutes les divisions pros) qui vient de raccrocher les crampons à 40 ans après avoir été entraîneur-joueur de Wycombe l’an dernier. Le rocker entame sa toute première saison pleine comme manager d’une équipe remodelée alliant jeunesse et experience (et gnack ‘n’ roll).

Phil Brown, ex fantasque manager de Hull City du temps béni de Bernard Mendy et Jimmy Bullard, dirige désormais Southend United, plombé financièrement (interdiction de recruter) mais qui a bien démarré.

Last but not least, Carolyn Radford (ci-dessous), pas un manager mais la chief exec du promu Mansfield Town et mariée au propriétaire John Radford, gars du cru qui a réussi et aime offrir ce genre de cadeau à ses managers. Club également fort intéressant pour la féroce rivalité politico-syndicalo-footballistique qui l’oppose à Chesterfield depuis la grande grêve des Mineurs de 1984-85 (trop long à expliquer ici). Une chose est sûre : le derby toxique Chesterfield-Mansfield du 28 septembre (premier depuis longtemps) devrait être chaud, forte présence policière attendue.

Les plus grosses et plus faibles chambrées

Fratton Park (Portsmouth) devrait attirer une moyenne d’environ 15 000 spectateurs cette saison (plus de 10 000 abonnés). Pompey a fait 18 181 pour la venue d’Oxford il y a trois semaines (1-4).

Plymouth, Oxford ainsi que Chesterfield ont fait respectivement 7 049, 5 954 et 5 431 l’an dernier. Le promu Newport County tourne bien également en ce début de saison (5 009), ainsi que Southend (6 282) et Bristol Rovers (5 914).

Les p’tites chambrées : Accrington, Dag & Red et Morecambe, moins de 2 000.

L’affluence moyenne de D4 était de 4 390 la saison dernière. Ce qui est fort honorable vu qu’une place de D4 coûte en moyenne 18 £ et un abonnement environ 300-350 £ (pour 23 matchs donc mais pas donné – crise oblige, quelques clubs ont des politiques de prix intéressantes depuis quelques saisons, voir l’exemple d’Hartlepool ici et ici).

Le prix du nom du stade le plus prestigieux allant à Fleetwood Town : Highbury. La Cod Army (surnom du club, ancien port) comptait même un Vieira [Magno Vieira] dans ses rangs il y a deux saisons !

Le club à suivre

Newport County, promu gallois (ville située près de Cardiff) avec un boss très atypique, Les Scadding.

Jusqu’au 9 novembre 2009, le quotidien de Les, 58 ans, n’était pas un bed of roses comme disent les Anglais. Cet ancien mécano se remet difficilement d’un cancer des testicules et pointe au chômage, après 27 ans à conduire ses camions-citernes à travers le pays. Fauché, il a dû un temps partir habiter chez sa soeur à Newport, au sud du Pays de Galles. Les rares fois où il n’est pas à découvert, il débourse 10 £ pour aller voir son Newport qui végète en non-League (D5 et au-dessous) depuis deux décennies.

Le 10 novembre, un évènement inouï bouleverse la vie du Bristollien : il empoche 45M £ à l’EuroMillions (pour une mise de 4 £).

Les Scadding, King of cool, au volant de sa Rolls Royce Phantom à 400 000 £

Les Scadding, King of Cool, au volant de sa Rolls Royce à 400 patates

Les fait quelques emplettes (dont une propriété à la Barbade où il compte Gary Lineker et Wayne Rooney pour voisins) et aussi des rencontres, notamment l’état-major de Newport County. Forcément.

En août 2012, Scadding devient président de ce petit club qui connut son heure de gloire au début des Eighties, avec une Welsh Cup, plusieurs belles saisons en D3 anglaise et surtout un mémorable ¼ de finale de Coupe des coupes en mars 1981 contre le légendaire Carl Zeiss Iéna, perdu de justesse 3-2 en score cumulé, avec en prime un match à domicile de feu devant 18 000 spectateurs. C’est sûr qu’avec la future Liverpool & Ireland legend John Aldridge dans l’équipe, Newport avait de la gueule (malheureusement, l’Irlandais, blessé, ne disputa pas cette double confrontation).

Mais les Eighties léguèrent aussi au club ses heures les plus sombres. En février 1989, Newport fut éjecté de la D5 (et de son propre stade) pour non-paiement de dettes contractées par leur propriétaire d’alors, Jerry Sherman, un aigrefin américain sorti de nulle part et qu’un juge de Washington enverra six ans en prison en 2007 pour multiples arnaques à la Madoff. Le club se nomadisa et acquit alors son surnom The Exiles car il dut aller jouer ses matchs « à domicile » un peu partout dans l’ouest du pays. Après un redressement judiciaire suivi du coup de grâce au printemps 1989 (liquidation, même les trophées du club furent vendus aux enchères pour rembourser les 330 000 £ de dettes !), le nouveau Newport County AFC repartit de zéro en D9 anglaise.

Pour Scadding et le club, la délivrance arrive le 5 mai 2013 quand Newport bat le compatriote Wrexham en finale des play-offs de D5 à Wembley. Confortablement installé dans sa Royal box, privilège de tout président de club, Les assiste à la victoire 2-0 de ses poulains sur les Dragons. La montée en Football League est synomyme de respectabilité mais surtout d’un changement de statut et de budget : un club de D4 touche au minimum 750 000 £ / an de revenus médias, contre seulement 10 000 £ environ pour un club de D5 (voir précisions à ce sujet dans l’annotation # 1 sous cet article TK consacré à Bradford – 600 000 £ dans cet article, chiffre de 2010. L’arrivée de British Telecom en D5 cette saison – diffusion de matchs sur sa nouvelle chaîne BT Sport – a probablement fait augmenter ce chiffre de 10 000 £/an par club mais sans changer la proportion : un club de D4 touche 60 fois plus de revenus médias qu’un club de D5, grâce à Sky et la BBC).

Après 25 ans de purgatoire en non-League, Newport est de retour dans cette Football League où il évolua presque sans discontinuer de 1920 à 1989 (dont  deux saisons de D2 au sortir des deux guerres).

Les Scadding s’est juré de ne pas se laisser griser et « dépenser sans compter ou filer 100 plaques au club tous les mois ». Au lieu de ça, comme il l’a fait pour financer la montée en D4, il s’est engagé à « aider un peu son club si besoin est, par exemple s’il nous manque 50 ou 60 000 £ pour convaincre un joueur de venir chez nous. »

Mais qui sait, Les pourrait bien se laisser prendre au jeu. Au lendemain de la montée en Football League, l’ex routier sympa confiait aux journalistes de ne plus avoir trop le temps ou l’envie de séjourner dans sa propriété des Caraïbes : Newport County l’accapare trop. Et comme il dit, « la vie de château c’est bien sympa, mais au bout de dix parties de golf, on s’emmerde et on a envie de passer à autre chose. »

Ce mois-ci en Coupe de la Ligue, Newport County a éliminé Brighton (D2) 3-1 à l’extérieur avant de se faire sortir 3-0 par West Bromwich Albion hier soir.

Le club à pas suivre

Aucun club réellement antipathique ou superflu comme MK Dons en D3, Millwall en D2 ou Newcastle United en PL mais « l’habitat naturel » de Dag & Red étant la non-League, on n’en voudra pas aux Daggers d’y retourner.

Les pronos TK montées et descentes

Montées (4) : Chesterfield, Fleetwood, Oxford et Portsmouth.

Descentes (2) : Accrington Stanley et Dagenham & Redbridge.

Kevin Quigagne.