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Robin Friday (1952-1990), terrassé par un arrêt cardiaque dû à une overdose d’héroïne, aurait pu être un grand du football anglais. Au lieu de ça, il a été son enfant terrible le plus givré.

Paolo Hewitt, journaliste, et Paul McGuigan, l’ex bassiste d’Oasis, ont retracé son incroyable histoire dans un livre paru en 1997, The greatest footballer you never saw. The Robin Friday story. Un bouquin qui consiste en une série d’interviews et témoignages de proches et d’anciens coéquipiers, le tout accompagné de coupures de presse ainsi que d’interventions d’historiens des deux clubs où il évolua (Reading FC et Cardiff City, élu Player of the Century de ces deux clubs en 2000). Le tournage du film dédié au « Janis Joplin » du football (il fut aussi surnommé « Le Keith Richards du football ») commencera en août au Pays de Galles et ce biopique devrait sortir début 2015 (l’inclassable Russell Brand pourrait interpréter le rôle principal). En attendant, vous pouvez toujours mater ce clip et ceux-ci, ici et ici.

Plutôt que d’ajouter mon nom à la longue liste des articles et dossiers écrits sur Robin Friday, j’ai (Kevin Quigagne) traduit l’essentiel de ce fascinant livre. Et à mon humble avis, si vous ne devez lire qu’un bouquin foot cette année, ne cherchez pas plus loin.

The greatest footballer you never saw: THE ROBIN FRIDAY STORY

SHEILA FRIDAY, mère de Robin : On est mariés depuis 45 ans. Je viens d’Acton Green et Alf de South Acton [quartiers de l’ouest londonien]. On s’est rencontrés au Boathouse, à Kew. Tu t’en souviens Alf ?

ALF FRIDAY, père : Ouais, le Boathouse n’existe plus depuis longtemps d’ailleurs. A l’époque, nos parents nous interdisaient de trop s’éloigner, on pouvait juste aller au cinéma, ou dans le centre-ville d’Acton pour s’acheter un sandwich. C’était mieux que maintenant. Aujourd’hui, les gens sont obsédés par l’argent, c’est vital faut dire. On vivait bien plus simplement avant.

SHEILA FRIDAY : On s’est rencontrés à 17 ans et mariés à 20. Robin et Tony sont nés un an plus tard, le 27 juillet 1952, des jumeaux. On habitait toujours chez ma mère parce qu’à l’époque, c’était dur de se loger.

ALF FRIDAY : Ouais, on habitait tous chez elle. Son frère y créchait, sa mère et sa grand-mère.

TONY FRIDAY, frère : Robin et moi, on est nés à Hammersmith [ouest londonien], à trois minutes d’écart. On se ressemblait beaucoup, dans les traits, la façon d’être.

SHEILA FRIDAY : Mon père à joué au foot, à Brentford et aux Corinthian-Casuals. Il est mort il y a deux ans, à 93 ans. Quand les enfants avaient deux ans, on a déménagé dans une espèce de maisonnette préfabriquée à Acton Green [logements vite montés après la Seconde Guerre mondiale pour parer au plus pressé, Nda], et on y est restés sept ou huit ans.

ALF FRIDAY : A l’époque, je bossais dans une laverie, je faisais des livraisons et j’avais aussi d’autres petits boulots.

SHEILA FRIDAY : Robin et son frère étaient sages. Robin était très timide. Petits, ils me disaient : « Maman, si on te voit un jour parler à un autre homme que papa, on te parlera plus jamais. »

ALF FRIDAY : Ils s’entendaient super bien ces gamins, ils se disputaient jamais. Tony était le plus effronté.

SHEILA FRIDAY: C’est vrai. Mais tout ça a changé quand on a déménagé dans cette HLM de South Acton et que Robin a fréquenté Farraday School.

ALF FRIDAY : C’était plus pareil en effet. Quand tu vis dans une une maisonnette, tu peux surveiller tes gamins. Mais en immeuble HLM, s’ils sortent, tu les revois plus.

SHEILA FRIDAY : On a dû déménager car ce préfabriqué s’enfonçait dans le sol, alors on nous a envoyés dans cette cité HLM.

ALF FRIDAY : Quand on y habitait, c’était un quartier sympa, mais aujourd’hui, j’y traînerais pas trop.

TONY FRIDAY : Mon grand-père jouait à Brentford avant la guerre, en D1. Mon père a joué au football, mais à un tout petit niveau. Il bossait dans une laverie. Quand on habitait à South Acton, on surnommait le coin « Soap Sud Island » tellement y’avait de laveries [environ 600, qui travaillaient pour l’industrie hôtelière de l’ouest londonien, Nda].

ALF FRIDAY : Je jouais avec eux, dès tout petits.

SHEILA FRIDAY : C’est vrai, tu les emmenais au parc tous les jours, et même une fois voir Brentford alors qu’ils n’avaient que deux ans.

ALF FRIDAY : Ah ouais, et quel match de merde ce jour-là !

SHEILA FRIDAY : Tu finissais le boulot à la laverie à 16 heures et ensuite vous filiez à South Fields Park.

ALF FRIDAY : Non, non, je les emmenais à Acton Green. Robin jouait gardien, il était excellent. Il avait une sacrée frappe pour cinq ans, il te dégageait le ballon à une distance phénoménale ! C’est à ce moment-là que les premiers ballons à valve sont sortis, les anciens avec les lacets ont alors disparu.

SHEILA FRIDAY : La première tenue de foot qu’on leur a offerte à Noël était celle d’Everton. On a mis le cadeau au pied du lit et le matin, en rentrant dans leur chambre, on les a vus profondément endormis, vêtus de la tenue complète : chaussures, short et maillot !

ALF FRIDAY : Ils supportaient Everton car c’était vraiment le club phare quand ils avaient dix ans [1963 – champion d’Angleterre, photo ci-dessus]. Everton avait une belle équipe avec Alex Young, Brian Labone, etc. Après, ils ont supporté Brentford.

TONY FRIDAY : On jouait tout le temps au foot avec mon frère, tous les jours, grâce à mon père en fait, il nous emmenait partout. Sa carrière, Robin la doit à mon père. Plus tard, quand il est passé pro, mon père allait voir tous ses matchs.

ALF FRIDAY : Ils ne pouvaient pas s’empêcher de jouer, même dans la maisonnette ! A onze ans, Robin a joué pour l’équipe de son école, et puis pour le District. Il était très technique et jonglait comme personne, même avec une orange.

TONY FRIDAY : Il adorait George Best évidemment, aussi Pelé et Peter Osgood, mais quand il était plus jeune, celui qu’il admirait c’était Jimmy Greaves, parce que c’était un buteur hors pair.

SHEILA FRIDAY : Est-ce que vous saviez qu’il faisait de la boxe ?

TONY FRIDAY : Ouais, de la boxe et du tennis.

ALF FRIDAY : Et du cricket, c’était un putain d’excellent bowler. Il était grand, ça l’avantageait pour lancer.

TONY FRIDAY : A l’école, on avait des classes de niveau, moi j’étais avec les meilleurs et lui avec les cancres. Il était pas con mais les cours l’intéressaient pas. Il séchait constamment, il préférait aller retrouver les filles au parc du coin.

ALF FRIDAY : Robin était un gamin d’une gentillesse incroyable. J’ai passé tellement de supers moments avec lui. C’était sa personnalité, il pouvait être impossiblement adorable.

TONY FRIDAY : Le samedi matin, on jouait dans l’équipe de l’école, l’après-midi, pour notre club et le dimanche, en Pub League. Des fois, on faisait quatre matchs par week-end. On a commencé à jouer avec des adultes à 14 ans, pour la réserve de la Acton British Legion. C’est en jouant avec des plus vieux qu’on progresse.

ALF FRIDAY : A cet âge-là, Robin s’est mis à aimer le hard rock, il adorait Janis Joplin. Moi, je pouvais pas la supporter.

SHEILA FRIDAY : Il allait souvent au Roundhouse [salle de concert londonienne] le dimanche après-midi. Il dansait beaucoup aussi, dans les fêtes, c’était le meilleur danseur du coin, il impressionnait son monde.

TONY FRIDAY : Y’avait une émission le samedi soir, The Rock’n’ Roll Years, il adorait ça, et Desmond Dekker et toute la musique Ska. Mais ensuite, il s’est mis à écouter Janis Joplin. D’une certaine manière, la vie de Robin a un peu été le reflet de celle de Joplin.

TONY FRIDAY : Côté foot, on était toujours dans l’équipe du district, et on battait tous les autres districts, même les plus gros comme Islington, ou South London. Hormis Robin, on avait des joueurs comme Steve Perryman [qui deviendra une Tottenham legend, voir portrait TK], David Coxhill, un jeune de Millwall, ou Peter Carey, qui jouait à West Ham. Plusieurs sont passés professionnels. Jusqu’aux U14, Robin jouait dans les buts pour l’équipe du District, il était excellent et n’avait peur de rien, il aurait fait un excellent gardien pro mais il préférait marquer des buts.

ALF FRIDAY : C’est quand déjà qu’il a rejoint le centre de formation de Crystal Palace ?

TONY FRIDAY : A 13 ans. C’était pas Crystal Palace FC mais un club de ce quartier au nom similaire. Y’avait un entraîneur là-bas qui adorait Robin, un vrai coach, un ex pro.

ALF FRIDAY : Ah oui, Harry Medhurst, un ancien de Chelsea. C’est vrai qu’il l’adorait notre Robin. Moi-même, j’ai contacté Chelsea pour un essai, et ils l’ont accepté. Mais Il n’y est resté qu’un an. Ils vous gardent pas longtemps ces gros clubs, si vous leur plaisez pas, vous virez. C’était Tommy Docherty le manager à l’époque.

ALF FRIDAY : Mais jamais, même pas une fois, il n’a dit vouloir devenir pro, c’était vraiment pas son truc. Après l’épisode Chelsea, il s’est remis à jouer au foot avec ses copains.

TONY FRIDAY : A 13-14 ans, avant Chelsea, il a fait une saison à Queens Park Rangers. Mais bon, ça n’a pas collé, il était trop individualiste pour ces clubs. Par exemple en match, il choisissait jamais l’option la plus évidente, il essayait toujours des trucs pas possibles. Dans ces clubs, on te formate avant tout, et c’est ça qui cloche avec notre football.

TONY FRIDAY : On avait pas les mêmes potes avec Robin, on était pas toujours ensemble non plus. Il a commencé à sortir plus tôt que moi, avec les filles, tout ça. A 15 ans, il a commencé à prendre des pilules de speed. Moi, j’ai jamais touché à ça.

ALF FRIDAY : C’est un truc incontrôlable, quand un jeune grandit, on n’a plus de prise sur lui. C’est vrai que j’ai jamais été trop dur avec mes deux fils. Evidemment, je les engueulais vertement mais, au bout d’un moment, tu peux pas passer ton temps à juger et à diriger la vie des autres à leur place. S’ils ont envie de faire quelque chose, ils le feront.

TONY FRIDAY : C’était par périodes. A l’époque, si t’avais 15 ou 16 ans, tout le monde commençait avec des Blues [du speed], puis ensuite de la méthadone [produit de substitution à l’héroïne]. Robin en consommait beaucoup, mais sans être dépendant, enfin, façon de parler. Des rumeurs parfois couraient comme quoi il en prenait avant les matchs, mais c’est n’importe quoi.

ALF FRIDAY : Robin a quitté l’école à 15 ans. Il était très doué en dessin mais un beau jour, il s’est totalement arrêté de dessiner. J’ai pas compris pourquoi. Il dessinait Andy Capp, ses talents de dessinateur impressionnaient tout le monde. Pis subitement, il n’a plus touché un crayon.

 Statue du célèbre Andy Capp à Hartlepool (ville de son créateur), chômeur professionnel et footballeur bastonneur

Statue du célèbre Andy Capp à Hartlepool (ville de son créateur, région de Newcastle), chômeur professionnel et footballeur bastonneur

TONY FRIDAY : On jouait pour deux équipes de l’arrondissement, South Acton et St Cuthbert’s. Le type qui dirigeait tout ça s’appelait Harry Fountain, un ancien maçon qui devait avoir 70 ans. Un personnage ce Harry ! Même à 70 balais, il te mettait une droite, tu te relevais pas. Il adorait Robin et disait qu’il lui rappelait les joueurs d’antan. Je me souviens d’une victoire 6-0 match contre des plus vieux, Robin avait marqué les six buts. Harry a couru sur la pelouse et a embrassé Robin ! C’était la première fois de sa vie qu’il exprimait ce genre d’émotion.

TONY FRIDAY : Quand il a quitté l’école à 15 ans, Robin a été pris par une entreprise de plâtrerie pour lui enseigner le métier mais bon, le boulot et lui ça faisait deux.

SHEILA FRIDAY : Le grand-père de mon mari était plâtrier et Robin disait vouloir faire ce métier. Donc, quand il a quitté l’école, je l’ai emmené chez un gros artisan d’Ealing [ouest londonien], un truc très classe, avec de hauts plafonds et tout le tremblement, et ils l’ont pris. Mais il a démissionné au bout de deux mois. Ensuite, il a fait tout un tas de petits boulots, pas mal de jobs de livraison.

ALF FRIDAY : Ouais, il fallait que je l’aide le samedi, je bossais pas ce jour-là, il me disait : « Papa, s’il te plaît, je dois aller nettoyer des vitres, file-moi un coup de main. » Il grimpait aux échelles à une vitesse incroyable et il faisait des boulots de réfection mais sans même une brouette ! Il portait tout à la main… Quel numéro ce Robin, il nous faisait tous rire, il se foutait de tout.

SHEILA FRIDAY : Après, il s’est mis à l’asphaltage, hein ?

ALF FRIDAY : Ouais, grâce à un type qu’il a rencontré, mais il faisait pas les routes, juste les toits plats.

TONY FRIDAY : A 16 ans, il a fait un séjour en maison de correction. Bizarrement, ça l’a aidé. Il avait déjà un tas de petites condamnations à son casier mais ce qui l’a fait atterrir en maison de correction a été un vol d’autoradio, ou un truc comme ça. D’abord, on l’a envoyé dans un centre de détention pour mineurs, mais comme il était asthmatique, ils ne l’ont pas gardé. Puis trois mois plus tard, il s’est fait choper pour un autre truc, et on l’a envoyé à Feltham [gros établissement pénitentiaire londonien pour mineurs, Nda]. Il a fait 14 mois. Mais je peux te dire que leur équipe de foot à Feltham, elle gagnait tout quand Robin y jouait ! C’est là-bas qu’il a commencé à se muscler et à vraiment prendre du volume, faut dire qu’il avait trois repas par jour. Des fois, il jouait contre des équipes civiles, sous escorte. Feltham lui a même accordé une dispense pour qu’il joue en Juniors dans le District de Reading. Et vers la fin de sa détention, un type l’a repéré et a contacté Reading. Puis, après sa sortie, il a rencontré Maxine (ci-dessous), ils se sont maqués et ont emménagé ensemble à South Acton.

ALF FRIDAY : Il a toujours été sympa avec les gens de couleur. Toujours. Il s’entendait super bien avec eux. Et faut le souligner car à l’époque, la plupart des gars de South Acton voulaient surtout que ces gens-là retournent dans leur pays.

SHEILA FRIDAY : Robin avait 17 ans quand il s’est marié à Maxine. Elle avait un appart sur Larden Road. On était contre cette union mais bon, elle avait le bébé. Je suis allée au mariage à la mairie d’Acton mais pas Alf. Et puis, quelque temps après il est revenu vivre chez nous, il avait rencontré une autre femme, je me souviens plus de son prénom, une fille sympa et classe. D’ailleurs, il sortait toujours avec des filles un peu classieuses. Et puis il est retourné vivre avec Maxine.

ROD LEWINGTON, ami : A l’époque, il arrivait qu’un gars noir sorte avec une femme blanche mais tu voyais jamais un Blanc avec une Noire. A ma connaissance, Robin était le seul dans ce cas-là. Une fois de plus, il était unique.

TONY FRIDAY : Maxine habitait également Acton, Robin l’a rencontrée dans un pub, le White Hart. Y’avait une piste de danse dans ce pub et c’était l’endroit que les jeunes du quartier fréquentaient. Elle avait son propre appartement, elle s’entendait pas avec sa mère. Robin y restait souvent. Et c’est donc à cette époque que Maxine est tombée enceinte de Nicola. Maxine était sympa et très sociable. Robin jouait alors pour Hayes, et y’avait quelques gars limités dans l’équipe. Après un match, tout le monde est parti faire la fête, y compris Robin qui avait invité Maxine. Un gars a fait une réflexion, et Robin s’est battu contre deux types. A l’époque, c’était un rebelle, lui et la norme, ça faisait deux.

TONY FRIDAY : Un de nos amis jouait pour Walthamstow, un bon petit club amateur pétri de tradition. Robin a signé pour eux et a commencé à affoler les compteurs. Hayes, qu’était un plus gros club, l’a recruté. C’était bien plus près de chez Robin et on lui offrait 30 £ par semaine, le triple de ce qu’il touchait à Walthamstow. Y’avait des gars qui bossaient dans l’asphalte, ils lui ont proposé un boulot et Robin a accepté.

SHEILA FRIDAY : C’est là qu’il a eu son terrible accident, à 20 ans. La police m’appelle et me dit qu’il est à l’hosto. Six heures sur le billard.

ALF FRIDAY : Le plus incroyable, c’est que peu de temps après, il rejouait. Il était incroyablement fort.

TONY FRIDAY : Il se trouvait sur l’échafaudage et y’a eu un problème avec le cordage. Il a été déséquilibré, a chuté et a atterri sur ce pieu, qui lui est rentré dans le cul. Il a réussi à se dégager, un exploit en soi, faut dire qu’il avait beaucoup de force. Heureusement pour lui, ça s’est passé à Lambeth, tout près de l’hôpital St Thomas’s. Quand il s’est rétabli, son club de Hayes a affronté Bristol Rovers (D3) en FA Cup. Hayes a gagné et Robin a super bien joué. Le tour suivant, ils ont rencontré Reading (D4), 0-0, grosse prestation de Robin. Reading a remporté le match d’appui 1-0 mais Hayes méritait de gagner. C’est là que le manager de Reading, Charlie Hurley*, a repéré Robin [*Légende du football irlandais et de Sunderland. Voir article TK].

Début 1974, Robin Friday est recruté par Reading FC (D4).

ROGER TITFORD*, auteur et journaliste : Charlie Hurley était le genre d’entraîneur qui concevait le foot comme une bataille de tranchées. Il lui fallait des joueurs costauds, pas des petites natures. Pas vraiment du football élaboré, quoi. C’était son premier boulot dans le management – et ce fut aussi le dernier. C’est pas qu’il était contre le football élégant mais, à mon avis, le management en lui-même lui faisait peur. Je crois que la meilleure décision de sa carrière de manager fut de recruter Robin et d’oser l’aligner, tout le temps. Sous Hurley, Robin ne fut jamais remplaçant. Cela dit, je pense pas que Hurley avait un quelconque contrôle sur Robin en dehors du terrain.

[*Contributeur régulier du magazine When Saturday Comes, auteur du livre-photos The Legend of Robin Friday et accessoirement supp de Reading FC]

DAVID DOWNS, historien de Reading FC : La première fois que j’ai vu Robin jouer, c’était en 1973 à l’occasion d’un Reading-Hayes en FA Cup. Ce dont je me rappelle, c’est que Robin a mis un coup sur notre gardien, Steve Death, et que ce dernier a tellement boîté que l’arbitre a cru qu’il cherchait à gagner du temps et lui a mis un carton jaune. C’était la première fois en douze ans de carrière à Reading que Steve se prenait un avertissement !

CHARLIE HURLEY, manager de Reading : Il me fallait absolument un attaquant et j’allais souvent voir Hayes, qui jouait en Isthmian League, un excellent championnat [amateur/semi-pro]. Je connaissais la réputation de Robin, son passé en centre de détention pour mineurs, peut-être en prison, je ne sais pas trop. Quand on est entraîneur d’un club de D4, on regarde les joueurs sur le terrain, pas en dehors, car bon, on peut pas tout avoir. Après l’avoir observé plusieurs fois, je l’ai fait signer. Pour 750 £ ! Je l’ai enrôlé comme amateur, dans la réserve. Pour son premier match, il se pointe hyper en retard, vingt minutes avant le coup d’envoi, couvert de poussière de brique, des chaussures dégueulasses, bref, une vision d’horreur. Mais bon, sur le terrain, y’avait pas photo, il écrasait tout le monde. Il avait pas vraiment le sens du placement mais techniquement, il était époustouflant et doté d’une vision de jeu impressionnante. Je me suis dit qu’il fallait l’aligner avec l’équipe première.

DAVID DOWNS : Pour son premier entraînement, lors d’un match 6 v 6, Robin n’a pas arrêté de savater les joueurs les plus expérimentés du club, tant et si bien que plusieurs gars ont dû arrêter ce match. Le manager lui a dit : « Oh, du calme Robin, va pas m’envoyer toute l’équipe à l’hosto. »

A suivre.

Dans la même série TK des grands tarés du foot british :
Lars Elstrup
Chic Charnley

Demi-finales de FA Cup ce week-end à Wembley, Chelsea v Man City et Millwall v Wigan. L’occasion de parler de Sunderland donc. Car il y a quarante ans, de janvier à mai 1973, le club du North East (alors ventre-mouiste de D2) signait le plus beau parcours de la longue histoire de la FA Cup (142 ans), jusqu’à la finale, remportée sur le grand Leeds United de Don Revie, meilleur club anglais depuis le milieu des Sixties. Grâce à des joueurs transcendés et un stade mythique, Roker Park. Un temple que les Anciens évoquent souvent la larme à l’oeil.

De cette sublime campagne, restent d’innombrables images et souvenirs, ainsi que des sons. Et hormis les traditionnels héros d’une telle épopée, joueurs et manager, feu Roker Park revendique fièrement sa place dans le rond central de l’histoire du club. Un stade qui a laissé au football un fragment d’héritage lexical (presque) unique au monde : le nom d’une clameur, le Roker Roar [1].

Un rugissement qui propulsa le club dans la légende de la FA Cup et fait toujours fantasmer sur Wearside.

[Cliquer sur les photos peut rapporter gros ; SAFC = Sunderland dans le texte et SoL = Stadium of Light, l’antre de Sunderland depuis 1997]

1973, un chiffre made in Sunderland

A Sunderland, même les jeunes supporters sont intarissables sur ce FA Cup run (parcours) de 1973, qui tomba à point nommé pour le cinquantenaire de la Cup à Wembley, et la véritable dernière date mémorable du club. Les bairns Mackems [2] (autre surnom du club) ne grandissent pas en regardant les Teletubbies ou autres divertissements stériles mais devant le DVD de la FA Cup 1973. En boucle. Cette date-chiffre est une obsession locale qui se décline à toutes les sauces.

De fait, pour tout supporter Black Cat, impossible d’échapper à l’évocation permanente de ces heures glorieuses où la FA Cup comptait tout autant que le championnat. Le numéro du standard billetterie du club se termine en 1973 (0871 911 1973), les buvettes du stade portent les noms des héros de 73 (ainsi que d’autres legends du club) et un magazine sur le club s’intitule Seventy3. Pour beaucoup de vétérans, le temps s’est arrêté il y a quarante ans.

Et surtout, il y a cette majestueuse statue de Bob Stokoe (le manager d’alors) devant le Stadium of Light. Ce monument de nostalgie immortalise ces quelques secondes magiques où feu Bobby courut vers son héros (le gardien Jim Montgomery, dit Monty) au coup de sifflet final, bras en l’air, feutre trilby sur le chef, pantalon rouge et gabardine au vent (voir clip vintage). Une statue originale financée par les supporters et inaugurée en 2006, deux ans après la mort de Bob Stokoe (à… 73 ans), celui qui redonna la fierté à toute une région. Total des sommes collectées ? 73 000 £ évidemment… (la statue coûta 68 000 £, le reste fut versé à une oeuvre caritative de lutte contre la maladie d’Alzheimer).

The Man, The Messiah, The Moment

Inscrit sur le socle : The Man, The Messiah, The Moment

Pourtant, l’histoire et le palmarès du club d’avant-guerre éclipsent largement l’épopée de 1973. En théorie. Créé en 1879 par un enseignant, Sunderland compta longtemps parmi les clubs les plus successful et riches du pays [3] : 6 titres de champion d’Angleterre, 5 places de dauphin, 1 FA Cup (1937) et 68 ans d’affilée en D1, de 1890 à 1958 – 56 saisons ! (seul Arsenal et Everton font mieux – si l’on s’en tient strictement au nombre de saisons consécutives pour ce dernier). A côté, le voisin et éternel rival Newcastle United (18 kilomètres à vol de pie) fait alors figure de « petit club du Nord Est », pour reprendre la saillie de Sir Alex Ferguson le 28 décembre dernier (voir clip).

Même si tout cela semble bien loin, les exploits de 1973 surfent si gracieusement sur la vague nostalgique qui balaye le football anglais depuis une dizaine d’années qu’ils résonnent comme de l’histoire récente. Comme si c’était hier.

13 janvier 1973 : début de l’épopée en 32è

1972. La ville de Sunderland, encore loin d’être une City (statut prestigieux en Angleterre), fait partie du Comté de Durham [4]. Les industries locales compensent en vitalité ce qu’elles n’ont pas en glamour. Mines (le Stadium of Light est construit sur un puits minier), chantiers naval, entreprises de vente par correspondance et l’usine Pyrex fournissent du travail à un bassin de population de 300 000 personnes. Avec un taux de chômage de 3 %, on frise le plein emploi. Plus pour longtemps.

Côté football, c’est moins florissant, Sunderland évolue en D2 depuis 1970 et souffre de la comparaison avec un Newcastle United qui finit régulièrement dans le Top 10 de D1 depuis 1968. Ajoutons une Coupe d’Europe en 1969 (celle des villes foireuses) ainsi que quelques vedettes internationales, dont Malcolm « Supermac » Macdonald (1971-1976, 95 buts/187 matchs), et le tableau est douloureusement zébré : ce sont les Magpies qui régalent la galerie dans la région.

Le 29 novembre 1972, l’ex Magpie Bob Stokoe débarque comme manager dans un Sunderland AFC moribond. Il a fait une honnête carrière d’entraîneur et est attendu comme le messie. Les Black Cats sont 17è à son arrivée et n’ont pas pu acheter de joueur depuis plus de deux ans, tant les finances sont exsangues. Ils se sont fait sortir de la Coupe de la Ligue au premier tour et l’on se dit que passer le troisième tour (32è) de FA Cup début janvier sera déjà bien (un third round qui marque l’entrée en lice des clubs de D1 et D2).

Le tirage a envoyé Sunderland affronter Notts County à Nottingham. Le plus vieux club professionnel au monde est alors en D3 (les Magpies – les vrais, les originels – monteront en D2 à l’issue de la saison).

13 janvier 1973. Notts County-Sunderland : 1-1 (15 142 spectateurs, dont 2 000 Black Cats).

16 janvier 1973. Lors du replay à Roker Park, SAFC élimine Notts County 2-0 devant 30 000 spectateurs mais dans une certaine indifférence médiatique (le Sunderland Echo ne consacre qu’une demi-page au match). Après tout, une grosse cylindrée de D2 qui sort une D3 en 32è, pas de quoi en faire un Cheddar.

A l’époque, un jeune homme de 20 ans rêve du Kop de Roker Park (où la place coûte 50 pence) : Martin O’Neill, manager des Black Cats jusqu’au 30 mars dernier. Alors enfant à Derry, Irlande du Nord, l’AFC était son club de coeur (en 73, O’Neill évolue alors à Nottingham Forest – sa première visite à Roker Park sera en tant que joueur, en 1972).

Seizième de finale contre Reading

Le 3 février, le Round 4 (16è de finale) donnera l’occasion au Nord-Irlandais de doublement vibrer et mettra ses allégeances à rude épreuve. Le tirage a en effet accouché d’un Reading-Sunderland.

Reading est alors un petit club qui a toujours évolué dans les divisions inférieures (principalement en D3) et a comme manager un personnage idolâtré par les Black Cats : l’Irlandais Charlie Hurley, surnommé « King Charlie » ou « The King », Black Cat de 1957 à 1969. Hurley est l’idole de jeunesse de Martin O’Neill et du peuple Mackem. Il fut décrit par l’immense John Charles (Leeds et Juventus) comme « l’un des meilleurs arrières centraux que le football ait connu ».

Accessoirement, Hurley fut aussi le mentor de feu Robin Friday à Reading (1974-76) et le seul homme qui ait à peu près réussi à dompter l’incontrôlable Friday (ci-dessous) un énergumène qui aurait pu aisément faire passer George Best pour un moine bouddhiste [5].

Pour le centenaire de la création du club en 1979, Hurley fut élu Joueur du Siècle de Sunderland par les supporters et reçut l’immense honneur de déterrer le point central en craie de Roker Park au Stadium of Light au moment du grand déménagement de 1997.

3 février 1973. Sunderland-Reading : 1-1 (33 913 spectateurs).

Malgré Steve Death dans les cages, les Biscuitmen survivent [6]. Mais le replay à Elm Park quatre jours plus tard leur sera fatal (1 700 supps Black Cats feront le déplacement).

7 février 1973 (replay). Reading-Sunderland : 1-3 (19 793 spectateurs).

Le tirage des 8è n’est pas être tendre avec Sunderland : Manchester City, 4è de D1 la saison précédente.

La Cup fever monte doucement sur Wearside, sevré de gloire depuis le lot de trophées acquis dans les années 30 (titre national en 1936 et FA Cup en 1937, l’époque mythique des Raich Carter et Bobby Gurney, 355 buts à eux deux. Dans ce document exceptionnel, on les voit s’entraîner à Roker Park).
Et lors du Sunderland-Man City du 27 février 1973 disputé devant 51 782 spectateurs, Roker Park vibrera comme rarement. Un match d’anthologie qui sera élu Plus grand match de Sunderland à Roker Park (ce 8è de finale débutera le prochain volet de ce dossier).

Rencontre avec un gars qu’a tout connu

Un Roar dont parle merveilleusement bien John, un vieux supporter de Sunderland rencontré localement.

Kevin QuigagneJohn, parle-nous de Roker Park et ce fameux Roker Roar.

JohnMon grand-père avait connu notre ancien stade, Newcastle Road, qui attirait parfois 30 000 spectateurs dans les années 1890 [contre Liverpool notamment, en 1892] quand Sunderland dominait le football anglais avec Aston Villa et quelques autres. Mais Roker Park était spécial quand il était plein, avec ses 60 ou 70 000 inconditionnels. Et il y avait le Roker Roar, cette clameur puissante qui intimidait l’équipe adverse.

KevinD’ailleurs, il arrivait aux adversaires d’avouer ne jamais avoir connu une telle ambiance qu’à Sunderland, comme le grand Danny Blanchflower le fit après un célèbre quart de finale de FA Cup à Roker Park contre Tottenham en mars 1961 [7].

JohnOui, tout à fait. On a coutume aujourd’hui de dire que telle équipe déteste jouer dans tel ou tel stade à cause de la ferveur du public, mais on peut en douter. Dans le cas de Roker Park, c’était certain, personne n’aimait venir ici quand le stade était plein.

KevinRoker Park était situé en bord de mer [du Nord], ça devait jouer sur cette ambiance si particulière, surtout quand les conditions météos étaient mauvaises. C’était un stade très « atmospheric », non ?

JohnOui, il se situait à 400 mètres du rivage à vol d’oiseau, encastré parmi les maisons en briques, comme tant de stades de l’époque. Cette situation géographique ajoutait indéniablement au mystique de l’endroit. Les après-midis ou soirs de « sea mist » [brume marine], Roker Park impressionnait et produisait un vacarme infernal, presque paralysant. Dans le Kop, on sentait le béton vibrer sous ses pieds.

Sunderland-Newcastle, 1980

Sunderland-Newcastle, 5 avril 1980

Certains vieux supporters disent parfois ceci : pour magnifique que soit le Stadium of Light, la véritable maison du club sera toujours Roker Park, sa pièce préférée le Roker End et son âme, le Roker Roar. Le Roar, quand ça partait, c’était comme une déflagration.

KevinMalgré les rénovations effectuées pour la Coupe du Monde 1966 [Roker Park fut préféré à Saint James’ Park], il était toujours resté vétuste. On a parfois décrit ce stade comme « atypique », dans quel sens ?

John Ce stade était assez curieux car il formait un ensemble asymétrique avec des tribunes disparates, un peu déglinguées, dont une immense, le Roker End,  qui avait une géométrie insolite, un peu hexagonale, à cause d’un plan cadastral défavorable, route mitoyenne et exiguïté des lieux. Le Roker End était spectaculaire, à ciel ouvert et quasi vertical, avec des « terraces » [gradins, populaires] qui semblaient monter à l’infini. Du terrain, on voyait littéralement un mur de spectateurs devant soi.

Le Roker End est à droite (du temps de sa splendeur)

Roker Park et son Roker End, à droite

A son apogée, le Roker End pouvait officiellement accueillir 23 000 spectateurs mais bien plus en réalité. Puis, au début des années 80 et après Hillsborough, le Roker End fut considérablement réduit de taille, jusqu’au déménagement au Stadium of Light à l’été 1997 où il se retrouva comme castré, amputé, contenant péniblement 6 000 spectateurs [le stade lui-même ne faisait plus que 22 500 places]. On est loin de retrouver ces sensations au Stadium of Light…

KevinOuais, on va pas jouer les vieux cons mais c’est sûr que l’ambiance a dû bien changer ! Aujourd’hui au SoL, on vire les supps un peu trop bruyants et agités qui rensersent les flasques Thermos de ceux qui vont au stade comme on va en pique-nique ou assister à une soirée Connaissance du monde au théâtre local [Rires]. On a fait de nous des « spectateurs » au sens premier du terme, spectāre en latin, to spectate en anglais, assister à un spectacle, passivement, alors qu’on devrait y participer activement à ce « spectacle ». Certains vieux supps aiment dire parfois que le SoL est magnifique et tout le tremblement mais que la véritable maison du club sera toujours Roker Park, sa pièce préférée le Roker End et son âme, le Roker Roar.

John C’est tellement vrai, tellement vrai. Le Roar, quand ça partait, c’était comme une déflagration…

Le Roker ne chante plus mais fait toujours pleurer

John n’en dira pas plus et je préfère me faire silencieux. Machinalement, j’étale devant lui quelques photos de Roker Park ainsi que des vieux programmes de match et lui montre ce clip* émouvant. Trop émouvant. Je sens les larmes lui monter. L’émotion me gagne également et, la voix serrée, je balbutie quelques mots. Je n’ai jamais connu Roker Park et il doit trouver mon émoi bien étrange. Je détourne le regard, fixe les photos et me plonge dans des souvenirs imaginaires, des moments que je n’ai jamais vécus.

Je quitte John l’esprit perdu dans mes pensées sur ce stade que j’aurais tellement aimé connaître, sentir, toucher. De nombreux supporters ne regrettent pas Roker Park, tant il faisait peine à voir au crépuscule de sa vie, condamné par les inéluctables mais brutales normes Health and Safety post Hillsborough et victime d’un radical virage dans les mentalités, imposé ou non.
Pour certains, les plus froidement réalistes, Roker Park n’était plus qu’une carcasse décharnée d’à peine 22 000 places, une dangereuse et laide verrue, une épave bonne pour la casse. Mais beaucoup aussi, parfois ces mêmes virulents dénigreurs, ne peuvent l’évoquer sans dérouler les bobines de souvenirs, avant que la gorge ne s’assèche, comme prise dans une nasse émotionnelle, stoppant nette la conversation.

Je ressens une forte envie d’en savoir plus sur Roker Park et le Sunderland d’antan, autrement que par des sources impersonnelles, DVDs ou bouquins. Ça tombe bien, je connais justement un homme qui peut m’aider, une Sunderland legend qui porta la tunique rouge et blanche plus de 350 fois entre 1958 et 1972. Le rendez-vous est pris pour la semaine suivante.

En attendant, j’essaie de visualiser le vaisseau Roker, un soir de coupe, quand un dense brouillard s’abat et la brise marine souffle. Je repense aux paroles des Anciens et m’imagine le Roker Roar embrasant les tribunes. Certains vieux supporters racontent que quand la sea breeze se levait, elle étalait la noble clameur au-dessus des toitures, comme si un écho malicieux la faisait flotter et rebondir de toit en toit, enveloppant la ville un long moment d’un son sourd et terrifiant.

A suivre.

Kevin Quigagne.

[*Remarquez Chris Waddle à 30 secondes dans le clip. Lionel Pérez était également de la partie, voir compo du dernier match disputé à Roker Park. Pérez parle ici de Roker Park et Sunderland avec une grande affection. Avant de découvrir la suite dans quelques jours, à voir également ce clip et ces photos]

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[1] Roar (Robert and Collins) : clameur, grondement, hurlement, rugissement. L’origine de l’expression Roker Roar est incertaine, elle proviendrait d’un journaliste local dans les Fifties. Hampden Park eut aussi son Roar, ses Populaires étaient impressionnantes ! (le stade fit jusqu’à 150 000 places).

[2] Bairn = enfant, en dialecte du North East (idem en anglais écossais). Le terme Mackem est aussi et surtout le surnom des habitants de Sunderland. Outre Black Cats, les joueurs de Sunderland sont aussi souvent surnommés The Lads et parfois, surtout par les plus vieux supporters ou les indécrottables nostalgiques de Roker Park, The Rokerites ou Roker Men.

[3] Largement financé par les magnats locaux de l’industrie navale puis divers industriels par la suite, Sunderland fut surnommé « The Bank of England club » au tout début des années 1950, à la suite d’une série de transferts coûteux. Un surnom également donné à Arsenal dans les années 30 (non, le génie d’Herbert Chapman ne suffit pas à collectionner les titres dans les Thirties comme on l’oublie un peu trop souvent).

[4] Sunderland acquierra le statut de City en 1992. La ville fait aujourd’hui partie du Comté métropolitain de Tyne & Wear.

[5] Un film sur sa vie et carrière est en préparation. Le tournage devrait se faire principalement au Pays de Galles (le dernier club de Friday fut Cardiff) et pourrait débuter dès le mois prochain. Sortie prévue début 2014. Le film sera basé sur l’excellent livre The Greatest Footballer You Never Saw (The Robin Friday story) co-écrit par Paolo Hewitt et Paul McGuigan, ce dernier étant l’ex bassiste d’Oasis (le bouquin consiste en une série d’interviews – famille et gens qu’ils l’ont le mieux connu – entrecoupés de comptes-rendus de matchs et d’articles de presse. Le tout est fascinant, lecture vivement recommandée).

[6] Surnom inusité depuis le milieu des Seventies. Lire ici.

[7] Le 4 mars 1961, devant plus de 60 000 spectateurs. Une étonnante anecdote existe sur Danny Blanchflower à Roker Park. Apocryphe ou non, elle est trop belle pour ne pas la conter. En effet, le suprêmement talentueux Nord-Irlandais, assurément l’un des cinq meilleurs Spurs de l’histoire du club, ne crut pas un instant que le… (suite au prochain épisode).