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Invité[1] : Dark Side of the Mounier
Pour fêter le passage à la nouvelle année, un de nos lecteurs a décidé de partir outre-Manche parce qu’il croyait que l’alcool y était moins cher. Raté. En revanche, il a pu assister à un match de npower League 2. Et ça, ça vaut toute la vodka frelatée du monde.

So, I heard you like rebus.

So, I heard you like rebus.

Bristol Rovers

Fondés en 1883 sous le nom de Black Arabs F.C. (pas de vannes racistes s’il vous plaît, c’est trop facile), les Bristol Rovers n’ont jamais connu l’élite, même s’ils s’en sont approchés dans les années 1950, terminant notamment à quatre points de la montée en 1955-56. Ils végètent depuis dans les tréfonds de la Football League, et luttent cette année pour éviter la descente en Conference.
N’ayant jamais remporté un trophée majeur (hormis la Watney Cup en 1974 – si si, c’est considéré comme un trophée majeur), mais n’ayant jamais quitté la Football League non plus, le club mise donc sur la stabilité molle et vit désormais dans l’ombre de son grand rival de City.
Les Rovers sont surtout connus pour leur ancien stade, Eastville, situé au pied d’une énorme usine à gaz (pas une métaphore), Stapleton Gasworks. Ce stade se situait au bord de la rivière Frome, qui inondait régulièrement Eastville, le tout (y compris le terrain) baignait dans une zone marécageuse et malodorante, d’où le club a tiré son surnom (The Gas ou Gasheads – au départ une insulte de City récupérée par les supps Rovers comme badge of pride).

Plymouth Argyle

Existant depuis 1886, le club pro le plus méridional et occidental de l’Angleterre possède une histoire similaire à celle de Bristol, si ce n’est qu’il évoluait encore en Championship il y a trois ans et sous la houlette d’Ian Holloway saison 2006-2007 (idole de TK et natif de… Bristol) avant deux descentes consécutives. Englué cette année dans le fond du tableau, Plymouth lutte comme son rival d’un soir pour rester dans le monde pro.
Les Pilgrims possèdent la double particularité de posséder le blason le plus classe de la Football League (certains ne sont pas d’accord et trouvent que c’est celui des Rovers, le plus classe, NDLR), et d’évoluer sous la couleur verte la plus moche de l’histoire de la couleur verte.
Depuis une dizaine d’années, Plymouth est devenu une terre d’accueil pour les joueurs français moyens (David Friio, Mathias Kouo-Doumbé, Lilian Nalis). Romain Larrieu, après 12 ans de loyaux services chez les Pilgrims, a été nommé l’été dernier entraîneur adjoint, et le défenseur central Maxime Blanchard, arrivé l’année dernière, a été élu Player of the Year dès sa première année au club.

Le match

Attention, ami lecteur. À partir de ce point, l’article n’est plus écrit par un rédacteur expérimenté, drôle et beau, mais par un lyonnais. Tu es prévenu.

12h35, nous arrivons en vue du stade. Bon, le match étant à 13h, il va falloir penser à se garer. De toute façon ce n’est que de la D4 hein, il ne devrait pas y avoir de problèmes. Deux kilomètres plus loin, nous trouvons une place, il est 12h50. Le temps d’arriver au stade, d’acheter un billet à la seule caisse qui prend la CB, nous entrons dans le stade après 5 minutes de jeu et avons raté le passage du drapeau dans la « Blackthorne Terrace », virage nord du stade portant le nom d’une cidrerie implantée à Cheddar.

Pour la modique somme de 18£ chacun (ce qui est le prix le moins cher du stade), nous nous installons dans ledit virage, juste derrière le but.

Hop, un vieux.

Hop, un vieux.

Premier constat, le public applaudit chaque passe réussie des Rovers, je n’arrive pas à décider si c’est beau ou inquiétant.

Bon, cher lecteur, on ne va pas se mentir, le jeu n’est pas très bon pour ces 10 premières minutes, Plymouth a un jeu qu’on qualifiera de « traditionnel », avec des longs ballons loin devant, que la grande tige aux cheveux blonds Holger dégage sans difficulté de la tête. Du côté de Bristol, on tente de poser le jeu avec des relances courtes, et les milieux John Joe O’Toole et Fabian Broghammer touchent beaucoup le ballon.

18′ : Sur une attaque coté droit, le latéral d’Argyle dégage le ballon en corner. La tribune pousse à base de « Come on Rovers, come on Rovers! » (écoute-moi ça, mon coco). Le corner est tiré par Broghammer, le gardien dégage du poing, directement sur Anyinsah qui se couche bien et envoie le ballon de volée directement en lucarne! La tribune explose, et entame son chant favori : « Goodnight Irene » (pour le son : ici, pour l’explication : ici).
25′ : Nouveau corner pour Bristol, toujours poussé par les « Come on Rovers » et toujours poussé par Broghammer. Et ça fait encore but, c’est cette fois ci Lund qui se jette et fusille le gardien de la tête !
29′ : Mener au score n’est pas arrivé souvent cette saison, les supporters se permettent donc un petit chambrage en règle envers l’autre équipe de Bristol : « Who’s Bristol City? »
30′ : O’Toole n’est arrivé que depuis quelques jours au club, mais il sait comment se faire adopter ! Il dribble deux joueurs et décoche une frappe de 25 mètres qui vient passer au ras du poteau.
35′ : Le gros chauve du premier rang qui tente de lancer des chants différents toutes les 45 secondes à déjà postillonné approximativement 3 litres du mélange salive/bière dont il semble être constitué.
Mi-temps, le moment pour les supporters d’aller s’acheter des cafés et des soupes (je ne vois pas de bières, gueule de bois de premier de l’an ?). Comme nous sommes près de la buvette, c’est le moment de croiser les plus beaux supporters, notamment un respectable grand père, la soixante-dizaine bien tassée, arborant fièrement son bonnet « Gashead ’til I die ».

Hop, un roux.

Hop, un roux.

65′ : Sur un centre coté droit, Hourihane croise une reprise dans le petit filet et redonne l’espoir à la « Green Army », qui se fait entendre pour la première fois du match.
68′ : Berry lance une superbe reprise en ciseau tel Luiz Fernandez. Incontestablement le plus beau geste du match. Dommage qu’il vise l’entrejambe d’Anyinsah plutôt que le ballon. Carton jaune.
76′ : Rentrée de Matt Lecointe pour Plymouth. Il doit avoir un contentieux avec les Rovers puisqu’il est interpellé par nos voisins sous le surnom imagé de « Shithead ».
80′ : Grosse tension dans toute la tribune, il faut dire que les Rovers n’ont pas gagné depuis 6 matchs. Malgré tout, Plymouth a du mal à se montrer dangereux.
82′ : Grosse frappe de Hourihane qui part en lucarne, mais Mildenhall se détend et claque le ballon. Bristol mène toujours.
94′ : Explosion de joie dans tout le stade. On relance un petit coup de « Goodnight Irene », on attend que les joueurs viennent applaudir la tribune puis on quitte le stade.

Pour finir cher lecteur, sache que si tu as pu avoir le plaisir, la chance et l’honneur de lire ce résumé, c’est uniquement en raison du sacrifice de Darksidounette, qui m’a accompagné à ce match. Un grand merci à elle (et à moi aussi, parce que je dois aller voir un ballet en contrepartie quand même).

[1] L’auteur de cet article est un fervent contributeur du fil lyonnais sur les Cahiers du Football. Bien qu’arrogant, petit et adipeux (puisque Lyonnais), il n’en demeure pas moins sympathique.