Archive for the ‘Legend’ Category

Ils sont 32. 32 anciens Gunners à avoir été honorés par le club, au moyen d’une fresque les représentant, 4 par 4, placardée sur le mur d’enceinte de l’Emirates Stadium. Présentation des numéros cinq à huit.

 

5. Patrick Vieira (1976-…)

Bio

Né au Sénégal, le grand milieu défensif fit ses classes à Trappes, Dreux et Tours avant de débuter dans le monde pro à Cannes en 1993. Trois ans et une expérience peu concluante au Milan AC plus tard, il s’installa à Londres, Arsène Wenger l’ayant fait venir pour un peu plus de cinq millions d’euros.

Auteur d’une adaptation remarquable, là où les Henry, Overmars, Pirès et autres Adebayor eurent besoin de plusieurs mois pour retrouver leur meilleur niveau, Vieira s’imposa d’emblée comme le patron de l’entrejeu des Gunners, disputant plus de trente matchs dès sa première saison, à vingt ans seulement.

Accumulant les problèmes disciplinaires au début de sa carrière (neuf expulsions sous le maillot d’Arsenal, dont lors de deux matchs consécutifs au début de la saison 2000-2001), il se rangea au fur et à mesure que son influence sur le groupe grandit. Champion du Monde et d’Europe avec la France, il s’empara du brassard de capitaine d’Arsenal à l’été 2002, pour ne plus le lâcher jusqu’à son départ.

Régulièrement annoncé dans la plupart des clubs d’Europe, il tira sa révérence londonnienne après avoir inscrit le tir au but vainqueur contre Manchester United lors de la finale de FA Cup 2005.

Il quitta donc Arsenal pour retourner en Italie, successivement à la Juventus et à l’Inter, après plus de 400 matchs disputés sous le maillot des Gunners.

De retour désormais en Angleterre, sous les couleurs des nouveaux riches de Manchester City, il parlait il y a peu d’arrêter sa carrière à la fin de la saison, mais souhaite désormais prolonger encore un an .

Vieira, Adams, une coupe, trois mecs à droite, dont un penché et deux numéros neuf, et un autre type qui passe derrière, tout content.

Vieira, Adams, une coupe, trois mecs à droite, dont un penché et deux numéros neuf, et un autre type qui passe derrière, tout content.

 

Fiche

Nom : Patrick Vieira
Surnom : ‘Pat’ Vieira
Nationalité : Française
Date de naissance : 23/06/1976
Poste : Milieu défensif
Carrière à Arsenal : 1996-2005
Matches joués : 406
Buts inscrits : 33
Titres remportés avec Arsenal : Championnat d’Angleterre (1998, 2002, 2004), FA Cup (1998, 2002, 2003, 2005), Community Shield (1998, 1999, 2002, 2004)
Sélections nationales : 106 (6 buts)
Distinctions personnelles : Equipe-type de l’année de la Premier League en 1999, 2000, 2001, 2002, 2003 et 2004, nommé dans le FIFA 100 et dans l’équipe-type des dix premières saisons de Premier League.

 

Fun Facts

– En plus de sa grande taille, Pat’ a toujours eu les chevilles assez larges, notamment en ce qui concerne sa carrière en Bleu. Déclarant en janvier 2010 être « à 100% sûr de disputer la Coupe du Monde », il est cependant conforté pas Raymond Domenech au mois d’avril, qui déclare que s’il devait livrer sa liste à ce moment-là, Vieira en ferait partie. Problème, Vieira ne fera pas partie de la liste des trente joueurs pré-sélectionnés, et annoncera sa retraite internationale le lendemain, soit le 12 mai, se fendant d’un « Je suis le meilleur à mon poste ».

– En 2006, la maison des Vieira à Cannes a été cambriolée, alors que Patrick, sa femme et sa fille étaient à l’intérieur. Mais aucun des trois ne s’est réveillé, ce qui a permis aux cambrioleurs d’emporter bijoux et argent liquide, avant de s’enfuir au volant de la Mercedes du Citizen, alors toujours international. Et si les Vieira dormaient à poings fermés, c’est parce que les voleurs hi-tech avaient fait pénétrer un gaz soporifique à l’intérieur de la maison afin d’opérer en toute tranquillité.

– Vieira est classé cinquième parmi les cinquante plus grands joueurs de l’histoire d’Arsenal selon un sondage sur le site officiel des Gunners.

 

6. Reg Lewis (1920-1997)

Bio

Né à Bilston, Staffordshire, moins d’un an et demi après la fin de la première Guerre Mondiale, la carrière de Reginald ‘Reg’ Lewis se déroula majoritairement lors de la seconde.

Entré au club à 15 ans, il joua en équipes de jeunes pendant trois ans, jusqu’au premier jour de l’année civile 1938. Pour son premier match dans l’équipe fanion du club, contre Everton, il inscrivit un but. Des débuts prolifiques pour un attaquant qui l’était tout autant.

Malheureusement, dès la fin de la saison suivante, la guerre était déclarée. De nombreux footballeurs partirent au front, et les équipes anglaises perdirent chacune de nombreux joueurs, au total 783 pendant toute la durée de la guerre. Certaines équipes furent plus touchées que d’autres, par exemple Liverpool qui perdit 76 de ses joueurs pendant ces six années. La palme revient cependant aux Wolves, qui virent 91 de leurs footballeurs partir au front, dont certains ne revinrent pas.

Il est difficile d’expliquer le système de championnats mis en place pendant la guerre, mais Reg Lewis, resté au pays, s’éclatait durant ces années, et inscrivit but sur but, 274 en 275 matches.

Malheureusement, ni ces apparitions, ni ces buts ne seront comptés dans les statistiques officielles, la FA ayant décrété que les compétitions s’étant déroulées pendant la WWII étaient d’un niveau trop faible pour être homologuées (les autorités interdisant les déplacements de plus d’une heure, tous les clubs issus de la Football League, de l’élite à la 3e division S – South, se retrouvaient dans des poules de 10, ce qui, évidemment, faussait les statistiques, comme si Manchester United et Macclesfield se retrouvaient aujourd’hui dans la même division).

Qu’importe, Lewis joua encore plus d’une centaine de fois sous le maillot des Gunners au sortir de la guerre, et le point d’orgue de sa carrière fut la finale de la FA Cup 1950, où il inscrivit le doublé qui permit à son équipe de l’emporter 2-0 contre Liverpool.

Trois ans plus tard, touché par les blessures à répétition (qui ne lui permirent de participer qu’à douze matchs en 1951-52 et aucun l’année suivante), Reg prit une retraite bien méritée et acheta un pub, qu’il revendit quelques années après pour travailler dans les assurances.

Reginald Lewis décéda en 1997.

Franchement, ils se foutent de nous. Le copyright "ColorSport" sur cette photo, c’est n’importe quoi.

Franchement, ils se foutent de nous. Le copyright 'ColorSport' sur cette photo, c’est n’importe quoi.

 

Fiche

Nom : Reginald Lewis
Surnom : ‘Reg’ Lewis
Nationalité : Anglaise
Date de naissance : 07/02/1920
Date de décès : ?/?/1997
Poste : Attaquant
Carrière à Arsenal : 1935-1953
Matches joués : 176 officiellement, 451 en comptant la Wartime League
Buts inscrits : 118 officiellement, 392 en comptant la Wartime League
Titres remportés avec Arsenal : Championnat d’Angleterre (1948), FA Cup (1950), Charity Shield (1948)
Sélections nationales : Aucune sélection officielle (2 sélections en équipe B d’Angleterre)

 

Fun Facts

– Avec ses 118 buts, Lewis est le onzième meilleur buteur de l’histoire du club. Si l’on rajoutait les buts marqués durant la Seconde Guerre Mondiale, il serait bien évidemment le meilleur buteur de l’histoire d’Arsenal, Thierry Henry ne culminant qu’à 226 unités. Le même cas de figure, plus controversé cependant, se présente à Newcastle, où le meilleur buteur du club est officiellement Alan Shearer, avec 206 réalisation, juste devant un attaquant des années 1940-1950, Jackie Milburn, avec 200 buts. Mais les 38 buts du début de carrière, pendant la guerre, de Milburn ne sont pas comptabilisés. Un débat houleux a pris place parmi les fans des Magpies, qui estimaient que Milburn devrait être considéré comme le numéro un. La famille de Milburn y a mis fin, en soutenant publiquement Alan Shearer en tant que top goalscorer du club.

– Reg Lewis ne fut pas appelé durant la guerre, mais il passa néanmoins quelques mois en Allemagne, après la fin de la guerre, lorsque celle-ci était occupée par l’Alliance. Il y servit dans l’Armée Britannique du Rhin. À son retour en Angleterre, en 1946, il inscrivit un quintuplé pour son premier match, un amical opposant l’équipe première d’Arsenal à sa réserve. Cette performance lui permit d’être appelé pour un match de gala entre l’Angleterre et l’Ecosse en faveur des victimes de la tragédie de Burnden Park.

– Lewis ne figure pas dans le classement des cinquante plus grands joueurs de l’histoire d’Arsenal selon le sondage sur le site officiel des Gunners.

 

7. Lee Dixon (1964-…)

Bio

Enfant, Dixon était un fervent supporter de Manchester City, mais il a été formé à Burnley. Après un petit tour des clubs de seconde zone (Chester City, Bury et Stoke), il signa à Arsenal en 1988, en remplacement de l’international anglais Viv Anderson, parti à Manchester United.

Il y joua d’abord les seconds rôles, Lee Winterburn lui étant régulièrement préféré sur le flanc droit de la défense, bien que gaucher ; le poste d’arrière gauche étant bouché par Kenny Sansom, recordman des sélections en tant que latéral gauche en équipe nationale… Jusqu’à ce qu’Ashley Cole le double la semaine dernière contre le Danemark.

Mais le départ dès l’année suivante de Sansom permit à Winterburn de revenir à un positionnement plus adéquat, et installa Dixon au poste d’arrière latéral droit. L’arrivée également de Steve Bould pour remplacer le vieillissant O’Leary établit définitivement le « famous four », composé de Dixon à droite, Winterburn à gauche, et Adams aux côtés de Bould, donc, dans l’axe.

C’est dans cette configuration que les Gunners furent surnommés le « Boring Arsenal » durant la première moitié des années 1990, en raison de leur défense impassable et impassible, sur laquelle l’entraîneur de l’époque, George Graham, misait tout.

Dixon apparut plus de 600 fois sur une feuille de match d’Arsenal, et sa qualité de centre était louée par tous les observateurs anglais. Les buts, eux, étaient plus rares, un tous les six mois en moyenne, en quatorze ans de bons et loyaux services. Pour voir ses plus beaux buts contre son camp, voir les articles « Cadeaux de Noël » du blog.

Ses apparitions remarquées lui permirent d’engranger 22 sélections chez les Three Lions, au cours desquelles il inscrivit un but contre l’Irlande, à Wembley. Cependant, il ne disputa aucun tournoi majeur avec l’Angleterre, étant écarté en 1990 et 1996, et blessé en 1992 – l’Angleterre ne se qualifia pas pour la Coupe du Monde 1994.

Dixon continua à jouer pour Arsenal jusqu’à ses 38 ans, en 2002. Il possède désormais un restaurant, le Riverside Brasserie, avec son ami Heston Blumenthal, un chef reconnu outre-Manche, dont le restaurant The Fat Duck a été désigné « meilleur restaurant du Monde » par les Anglais. L’ancien arrière droit des Gunners est également consultant pour l’excellente émission Match of the Day 2, sur la BBC2.

« Eh oh les gars, c’est n’importe quoi ce sponsor, on n’est pas à Saint-Etienne, merde. »

«Eh oh les gars, c’est n’importe quoi ce sponsor, on n’est pas à Saint-Etienne, merde.»

 

Fiche

Nom : Lee Dixon
Surnom : Aucun
Nationalité : Anglaise
Date de naissance : 17/03/1964
Poste : Arrière droit
Carrière à Arsenal : 1988-2002
Matches joués : 619
Buts inscrits : 28
Titres remportés avec Arsenal : Championnat d’Angleterre (1989, 1991, 1998, 2002), FA Cup (1993, 1998, 2002), League Cup (1993), Charity Shield (1991, puis Community Shield 1998, 1999), Coupe des Vainqueurs de Coupe (1994)
Sélections nationales : 22 (1 but)
Distinctions personnelles : Equipe-type de l’année de la Premier League en 1995, PFA Team of the Year en 1990

 

Fun Facts

– Dixon a joué dans tous les stades des clubs de la Football League et de la Premier League. Tous ? Non, un stade résiste encore et toujours à l’envahisseur. Il s’agit de Craven Cottage, le stade de Fulham.

– Mordu de vélo, il a participé en 2010 au « Dallaglio Cycle Slam », un évènement caritatif lancé par Lawrence Dallaglio, l’ancien capitaine de l’équipe d’Angleterre de rugby. Ce projet fou avait pour mission de récolter £1M en reliant, en vélo, les six stades hôtes du Tournoi des Six Nations. Aux côtés de plusieurs stars du sport, comme Dixon, donc, mais aussi Raphaël Ibanez et Les Ferdinand, l’évènement a obtenu £1.14M de dons. Mission accomplie.

– Dixon est classé vingt-et-unième parmi les cinquante plus grands joueurs de l’histoire d’Arsenal selon un sondage sur le site officiel des Gunners.

 

8. Joe Mercer (1914-1990)

Bio

Mercer est surtout connu pour sa carrière d’entraîneur, mais il a d’abord été un arrière gauche très performant, avant et pendant la Seconde Guerre Mondiale à Everton, et dès 1946 à Arsenal.

Arrivé à 32 ans chez les Gunners, il y joua pendant huit ans, jusqu’à un match contre liverpool où il se cassa la jambe suite à un choc accidentel avec son coéquipier Joe Wade, le 10 avril 1954, ce qui mit un terme à sa carrière longue de vingt-trois ans.

Un ancien joueur d’Arsenal, Len Shackleton, déclara à son sujet : « Joe Mercer, alors qu’il avait la trentaine et jouait à Arsenal, était un bien meilleur arrière latéral que pendant son jeune âge, à Everton ou en équipe d’Angleterre. Quand Joe Mercer découvrit que ses jambes ne l’autoriseraient plus à courir dans toute la longueur du terrain, quand sa condition physique le bloquait, quand il jouait presque entièrement dans sa moitié de terrain, il était grandiose. La délivrance de superbes passes en provenance de ce génie grêle et aux jambes arquées comptait, j’en suis certain, pour moitié dans les succès d’après-guerre d’Arsenal. »

Promu capitaine, il mena l’équipe à plusieurs titres, et ce fut lui qui reçut la Cup des mains du roi George VI le soir du 29 avril 1950, après la victoire 2-0 contre Liverpool (voir plus haut). Exceptionnel en défense ce soir là, il permit de garder la cage londonienne inviolée, et sa performance fut unanimement saluée, autant que celle de Reg Lewis.

Après son retrait des terrains, il entraîna successivement Sheffield United, Aston Villa, Manchester City et Coventry. Il assura même un intérim en équipe d’Angleterre en 1974. Mais c’est avec City (Manchester, pas Coventry) qu’il marqua les esprits, faisant remonter l’équipe dès sa première saison à la tête de celle-ci, en 1966, puis remportant le titre deux ans plus tard, et enfin la Coupe des Vainqueurs de Coupe en 1970.

Mercer décéda le jour de son 76e anniversaire, de la maladie d’Alzheimer.

En 1950, tous les joueurs ne pouvaient pas porter la coupe, alors ils portaient le mec qui portait la coupe.

En 1950, tous les joueurs ne pouvaient pas porter la coupe, alors ils portaient le mec qui portait la coupe.

 

Fiche

Nom : Joe Mercer
Surnom : Aucun
Nationalité : Anglaise
Date de naissance : 09/08/1914
Date de naissance : 09/08/1990
Poste : Arrière gauche
Carrière à Arsenal : 1946-1954
Matches joués : 275
Buts inscrits : 2
Titres remportés avec Arsenal : Championnat d’Angleterre (1948,1953), FA Cup (1950), Charity Shield (1948, 1953)
Sélections nationales : 5 (aucun but)
Distinctions personnelles : Entrée dans l’English Football Hall of Fame en 2009, Nommé Officier de l’Ordre de l’Empire Britannique en 1976

 

Fun Facts

– En honneur à sa carrière d’entraîneur de Manchester City, la route qui mène au City of Manchester Stadium porte le nom de Joe Mercer.

– Mercer a subi un accident vasculaire cérébral en 1964, alors qu’il était entraîneur d’Aston Villa. Pas reconnaissants pour un sou, les dirigeants du club de Birmingham l’ont licencié et remplacé, alors même qu’il était encore à l’hôpital.

– Joe Mercer n’apparaît pas dans le classement des cinquante plus grands joueurs de l’histoire d’Arsenal selon le sondage sur le site officiel des Gunners.

Matchbox vintage – Tottenham Hotspur 4 – 2 Newcastle United (3 décembre  1994)

Saison 1994-1995 historique, puisque c’est la dernière à compter 22 clubs et l’avant-dernière à limiter le nombre de remplaçants à trois. Elle voit les Rovers de Blackburn glaner leur premier titre de champion d’Angleterre depuis la première Guerre Mondiale. En ce début décembre, Tottenham et Newcastle ne s’affrontent pas pour du beurre.

Buts : Sheringham (14, 38, 70), Popescu (79) ; Fox (31, 41)

La saison précédente, les Magpies, alors promus, terminaient à une très belle troisième place, et en cette fin d’année, la chance continue de leur sourire (troisième après 16 journées). Ayant précédemment terminé à trois points du premier relégable, Tottenham ne peut pas en dire autant. Avant Newcastle, les Spurs occupent une laborieuse quatorzième place. Ce match de début décembre 1994 promet du spectacle : pire défense du championnat contre deuxième meilleure attaque.


Tottenham

Walker

Austin – Calderwood – S. Campbell – Mabbutt

Anderton – Howells – Barmby – Popescu

Sheringham – Klinsmann

Coach : Gerry Francis (en charge depuis trois matchs)

Newcastle

Srnicek

Hottiger – Venison – Neilson – Beresford

Fox – Beardlsey – Watson – Clark

Mathie – A. Cole

Coach : Kevin Keegan (en charge depuis deux ans et demi)

Le match

Seize ans, cela semble une éternité. Certains inscrivaient leur fils au club de football, d’autres y jouaient dans la cour d’école. Tottenham jouait en blanc et Newcastle en bleu. Jurgen Klinsmann n’entrainait pas encore le Toronto FC, mais Kevin Keegan avait déjà quelques cheveux blancs.

En cette fin d’automne anglais, le match démarre paisiblement. Comme à Wimbledon, les spectateurs observent les vingt-deux acteurs se rendre la possession. A la 14ème minute, sur une nouvelle perte de balle au milieu du terrain, Barmby récupère le ballon, transmet à Anderton qui, sur un pas, réalise un bijou de passe entre les jambes de son adversaire direct et les deux défenseurs centraux. Sheringham, seul à seize mètres, catapulte le ballon en lucarne de l’extérieur du droit. De quoi réchauffer quelque peu l’atmosphère.

Mais Newcastle trône sur le podium du championnat, et se doivent de l’assumer. Un quatre d’heure plus tard, après un centre d’Hottiger venu de l’aile droite, Clark hérite finalement du ballon sur son aile gauche. Sans contrôle, il place son centre sur la tête de Fox, le plus petit joueur du match. Walker est battu est sur sa gauche.

Les deux équipes se neutralisent dans le jeu, sans parvenir à percer la défense adverse. A la 35ème minute, sur une déviation de Cole, Mathie prend l’avantage sur la défense centrale, mais Calderwood et Walker veillent et obligent l’attaquant Magpie à remettre en retrait pour Clark. Une rare opportunité malheureusement gâchée, dont profite Tottenham pour rebondir. Dans la continuité de cette action, après moult erreurs techniques et sorties en touche, Popescu obient un corner. Anderton trouve Sheringham aux six mètres, complètement esseulé. Sa reprise de volée à ras de terre rentre aux faveurs du poteau rentrant et de la négligence de Clark, pourtant collé à la ligne mais qui manque son dégagement.

Mais, à croire que Newcastle aime le danger, les Magpies vont vite retrouver la faille. Sur un coup-franc aux vingt mètres décalé sur la gauche, la défense des Spurs repousse dans les pieds de Clark qui, aux seize mètres, frappe sans réfléchir. Cela lui réussit davantage puisqu’il trouve le poteau. Fox a suivi, et pousse le ballon dans le but vide.

Malgré une dernière possibilité pour le renard Klinsmann, l’arbitre siffle la pause. Sheringham : deux, Fox : deux. Half-time.

Tottenham semble prendre l’avantage, en début de deuxième mi-temps. Le milieu de terrain, dont le tout jeune (20 ans) et déjà imposant Barmby, montre de l’influence, sans toutefois rendre leurs attaquants très dangereux. Passés un but d’Anderton refusé pour hors-jeu, et une belle occasion ratée du malchanceux Clark, c’est Sheringham qui se (rere)met en évidence. A la 70ème minute, sur une contre-attaque enclenchée par Klinsmann sur la droite, l’allemand fait la diagonale, passe à l’anglais sur sa gauche qui transmet instantanément à Austin sur son aile droite. Celui-ci se met sur son pied gauche, et trouve Klinsmann seul aux six mètres. Celui-ci a le temps de contrôler, de refaire ses lacets et de cirer ses chaussures, mais préfère jouer le ballon de la tête. Srnicek repousse dans les pieds de Sheringham, qui ne se fait pas prier. Triplé et cinquantième réalisation sous le maillot des Spurs.

Newcastle tente de revenir, en vain cette fois. Et Tottenham enfonce le clou dix minutes plus tard. Sur une perte de balle de la défense centrale, Popescu récupère le ballon aux quarante mètres, dribble un premier venu, passe trois hommes-gruyères à l’aide d’un une-deux et tire aussitôt aux dix mètres. Srnicek, délaissé par une défense apathique, ne peut qu’effleurer le ballon.

En fin de match, Klinsmann a doublement l’occasion de laisser une trace sur la feuille de match, mais la barre transversale et son plat du pied trop ouvert ont finalement raison de sa ténacité. Full-time.

Première victoire pour Gerry Francis depuis son arrivée à Tottenham, qui finira la saison septième, à dix points de Newcastle, sixième, et à vingt-sept points de Blackburn. La Premier League n’a pas attendu le Big Four pour connaitre de gros écarts.

Ils sont 32. 32 anciens Gunners à avoir été honorés par le club, au moyen d’une fresque les représentant, 4 par 4, placardée sur le mur d’enceinte de l’Emirates Stadium. Présentation des 4 premiers.

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1. Cliff Bastin (1912-1991)

Bio

Au club de 1929 à 1947, Cliff Bastin a inscrit la bagatelle de 178 buts en 396 matchs sous la tunique d’Arsenal, ce qui a fait de lui pendant longtemps (de 1939 à 1997) le meilleur buteur des Gunners, dépassé désormais par Thierry Henry et Ian Wright.

Né à Exeter, où il disputa sa première saison, il a été acheté par Arsenal à l’âge de dix-sept ans, à la suite d’un match contre Watford. Herbert Chapman, le manager des Gunners de l’époque, était venu observer un joueur de Watford, mais Bastin lui fit si forte impression qu’il décida de l’engager dès la fin de la saison 1928-29, contre un chèque de 2000 livres.

Ailier gauche repiquant très souvent au centre, il profita de la tactique très offensive mise en place par Chapman (inventeur du WM) et surtout des passes d’Alex James pour inscrire de nombreux buts et devenir le plus jeune joueur de l’histoire, à dix-neuf ans, à remporter le championnat et la FA Cup, et être sélectionné en équipe nationale d’Angleterre.

À la suite de l’arrivée de Ted Drake, et du déclin d’Alex James, ‘Boy’ Bastin fut contraint de redescendre d’un cran sur le terrain, et de jouer numéro dix, pendant la saison 1935-36, ce qui ne l’empêcha pas de marquer 17 buts. Puis il retrouva son flanc gauche, jusqu’à la saison 1938-39, où des blessures récurrentes au genou gauche l’éloignèrent des terrains.

Le championnat ayant interrompu pendant la Seconde Guerre Mondiale, il ne retrouva jamais son niveau en 1945 et ne joua que sept matches en un an et demi, et prit sa retraite à presque trente-cinq ans.

Il retourna s’installer à Exeter, où il ouvrit un pub, le Horse and Groom, et décéda en 1991. Une tribune de St James Park, le stade d’Exeter, porte désormais son nom.

Cliff Bastin vous présente la collection automne-hiver 1931. Ici la veste de survêtement.

Cliff Bastin vous présente la collection automne-hiver 1931. Ici la veste de survêtement.

 

Fiche

Nom : Clifford Sydney Bastin
Surnom : ‘Boy’ Bastin
Nationalité : Anglaise
Date de naissance : 14/03/1912
Date de décès : 04/12/1991
Poste : Ailier gauche
Carrière à Arsenal : 1929-1947
Matches joués : 396
Buts inscrits : 178
Titres remportés avec Arsenal : Championnat d’Angleterre (1931, 1933, 1934, 1935, 1938), FA Cup (1930, 1936), Charity Shield (1930, 1931, 1933, 1934, 1938)
Sélections nationales : 21 (12 buts)
Distinctions personnelles : Entrée dans l’English Football Hall of Fame en 2009

 

Fun Facts

– Nous sommes en pleine Guerre Mondiale, en 1941, et la radio de propagande fasciste italienne annonce la capture d’un footballeur international anglais, Cliff Bastin, lors de la bataille de Crète. Visiblement mal informés, les hommes de Mussolini ignoraient certainement que Bastin avait été réformé à cause de sa surdité, et servait la patrie anglaise en tant qu’ARP Warden (patrouilleur de nuit chargé de prévenir les raids aériens ennemis) et était stationné au sommet du stade d’Highbury, avec Tom Whittaker, ancien joueur et préparateur physique d’Arsenal, qui avait pour habitude de « soigner » le genou de Bastin en lui tirant sur la jambe pour remettre le cartilage en place, à la mi-temps de chaque match. L’histoire ne dit pas s’il est également devenu sourd à force d’entendre les cris de souffrance de Bastin.

– Italie toujours. Les deux faits marquants de la carrière internationale de Bastin ont été deux matchs contre l’Italie. Tout d’abord en 1933, à Rome, où il inscrivit le but qui offre le nul à son équipe. Les supporters italiens, déçus, se mirent alors à chanter « Basta Bastin ! » Ensuite, le match Angleterre-Italie de 1934, plus connu sous le nom de Bataille de Highbury (le match le plus violent de l’histoire, selon Sir Stanley Matthews).

– Bastin est classé dix-huitième parmi les cinquante plus grands joueurs de l’histoire d’Arsenal selon un sondage sur le site officiel des Gunners.

 

2. Tony Adams (1966-…)

Bio

Né à Dagenham, Tony Adams n’a connu qu’Arsenal dans sa carrière de footballeur. Arrivé au club en 1980, à quatorze ans, il disputa le premier de ses 669 matchs sous le maillot rouge et blanc le cinq novembre 1983, contre Sunderland. Aux côtés de Lee Dixon, Nigel Winterburn et Steve Bould, il faisait partie du « famous four » défensif du Boring Arsenal des années quatre-vingt. Promu capitaine en 1988, à vinggt-et-un ans, il reste aujourd’hui le plus jeune joueur d’Arsenal à avoir obtenu cet honneur. Surnommé « le colosse » par George Graham et « le professeur de la défense » par Arsène Wenger, il sombra dans l’alcoolisme jusqu’à l’arrivée du technicien français, qui le remit sur les bons rails.

Il inscrivit quarante-huit buts pour les Gunners, et réussit l’exploit, lors d’un match à Manchester en 1991, d’inscrire les deux buts de la partie, dont un contre son camp. Le Daily Mirror publia alors une photo d’Adams avec des oreilles d’âne, et les supporters adverses ne manquèrent pas de le railler.

En guise de réponse, il souleva le trophée de champion d’Angleterre huit semaines plus tard, sur la pelouse d’Anfield.

Sélectionné 66 fois en équipe nationale, il ne participa pas à la Coupe du Monde 1990, à la grande surprise des supporters anglais, ni à l’Euro 1992 pour cause de blessure. L’Angleterre ne participant pas à la WC’94, il dut attendre 1996, et l’Euro 1996 à domicile pour représenter son pays dans une compétition internationale, avec le brassard de capitaine.

La carrière d’entraîneur qu’il a menée (et mène toujours) par la suite ne mérite même pas qu’on en parle (Wycombe, Portsmouth, Gabala).

Tony Adams inscrit ici certainement le plus beau but de sa carrière, lors de la victoire 4-0 contre Everton en 1998.

Tony Adams inscrit ici certainement le plus beau but de sa carrière, lors de la victoire 4-0 contre Everton en 1998.

 

Fiche

Nom : Tony Alexander Adams
Surnom : ‘Mr. Arsenal’
Nationalité : Anglaise
Date de naissance : 10/10/1966
Poste : Défenseur central
Carrière à Arsenal : 1983-2002
Matches joués : 668
Buts inscrits : 48
Titres remportés avec Arsenal : Championnat d’Angleterre (1989, 1991, 1998, 2002), FA Cup (1993, 1998, 2002), League Cup (1987, 1993), Charity Shield (1991, 1998, 1999), Coupe des vainqueurs de Coupe (1994)
Sélections nationales : 66 (5 buts)
Distinctions personnelles : Entrée dans l’English Football Hall of Fame en 2003, PFA Young Player of the Year en 1987, Equipe-type de l’année de la Premier League en 1994, 1996 et 1997

 

Fun Facts

– Son alcoolisme (qu’il a reconnu devant la presse en 1996) lui valut une condamnation à quatre mois de prison ferme, pour avoir crashé sa voiture en état d’ébriété le six mai 1990. Les contrôles révélèrent un taux d’alcoolémie plus de vingt-sept fois supérieur à la limite légale. Condamné le dix-neuf décembre 1990, il fut libéré deux mois plus tard. Loin de s’être calmé, il disputa notamment un match ivre lors de la saison 1993-1994. D’autres faits reliés à son alcoolisme incluent une chute dans un escalier qui lui valut vingt-neuf points de sutures au crâne, et une scène cocasse (et dangereuse, ne faites pas ça chez vous les enfants) à Pizza Hut où, en compagnie de Ray Parlour, il vida les extincteurs et tira avec un fusil de détresse dans des toilettes pour handicapés, après avoir été « chauffé » par des supporters rivaux. Depuis, il a fondé un centre de désintoxication pour sportifs, nommé Sporting Chance Clinic, qui a vu passer notamment Paul Gascoigne.

– Il a sorti une autobiographie en 1998, Addicted, saluée par le public et les médias, dans laquelle il raconte notamment son combat avec l’alcoolisme, et l’arrivée bienfaisante d’Arsène Wenger qui lui a permis de se (re-)découvrir une sensibilité – il reprit les études et s’initia au piano. Malheureusement pour nous, le tome 2 dans lequel il raconte comment il a fini par entraîner un club azéri (le Gabala FC, ou Qəbələ Futbol Klubu, depuis la rentrée 2010) n’est pas encore prévu.

– Adams est classé troisième parmi les cinquante plus grands joueurs de l’histoire d’Arsenal selon un sondage sur le site officiel des Gunners.

 

3. Liam Brady (1956-…)

Bio

Liam Brady l’Irlandais n’a passé que sept ans en pro à Arsenal, de 1973 à 1980, mais cela lui a amplement suffi pour devenir une légende vivante du club. Entré au centre de formation à quinze ans, il disputa son premier match officiel à dix-sept, et finit la saison 1973-1974 avec treize matchs au compteur, dont neuf comme titulaire. Dès la saison suivante, il s’imposa comme un titulaire indiscutable, et brilla au milieu d’une équipe assez moyenne qu’il transcendait, à la manière d’un Maradona lors de la WC’86.

L’arrivée d’un nouvel encadrement et de nouveaux joueurs lui permit d’exprimer tout son talent et il fut un des grands artisans de la victoire contre Manchester en finale de la FA Cup 1979. L’année suivante, il emmena son équipe en finale de la Coupe des vainqueurs de Coupe, étant notamment excellent en demi-finale contre la Juve. Malheureusement, en finale, Arsenal échoua aux tirs au but contre Valence, et Brady, lassé, s’exila à la Juventus pour un demi-million de livres.

Pendant qu’Arsenal pleurait le départ de son talisman irlandais (les Gunners n’ont pas gagné un titre entre 1980 et 1987), Brady découvrit l’Italie de long en large, Turin, Gênes (la Samp), Milan (l’Inter) et Ascoli, avant de revenir à Londres, à West Ham en 1987, pour ses trois dernières saisons.

Sélectionné 72 fois en équipe nationale, il a marqué à neuf reprises, dont le seul but du match contre la France en 1977. De manière générale, il marqua ses buts internationaux contre de grandes équipes (la France, les Pays-Bas de Gullit et Van Basten, l’Angleterre et le Brésil), même s’il a parfois choisi la facilité en scorant contre Malte (doublé), Trinidad & Tobago ou la Belgique.

Une fois sa retraite de joueur prise, il se lança dans celle d’entraîneur et dirigea le Celtic de 1991 à 1993, puis Brighton pendant deux ans également. Il est maintenant de retour à Arsenal, où il s’occupe du centre de formation depuis 1996, et a également été entraîneur adjoint du Trap en Irlande de 2008 à 2010.

Liam Brady, nouvel arrivant dans la série des Mario Kart.

Liam Brady, nouvel arrivant dans la série des Mario Kart.

 

Fiche

Nom : Liam Brady
Surnom : ‘Chippy’
Nationalité : Irlandaise
Date de naissance : 13/02/1956
Poste : Milieu offensif
Carrière à Arsenal : 1973-1980
Matches joués : 307
Buts inscrits : 59
Titres remportés avec Arsenal : FA Cup (1979)
Sélections nationales : 72 (9 buts)
Distinctions personnelles : Entrée dans l’English Football Hall of Fame en 2006, PFA Players’ Player of the Year en 1979

 

Fun Facts

– Liam Brady est surnommé ‘Chippy’ par les fans d’Arsenal. Mais pourquoi ? D’aucuns pourraient croire que c’est grâce à sa capacité à centrer (« chip » en anglais) de manière impeccable. Que nenni ! Brady est surnommé ainsi parce que c’est un fanatique du fish & chips. True story.

– Dans la famille Brady, je voudrais le fils Liam, incontestablement celui qui a le mieux réussi. Mais je voudrais aussi le grand-oncle Frank Senior, international irlandais, le grand frère Ray, international également. Tiens, l’autre grand frère, Frank Junior, vainqueur de la FAI Cup avec les Shamrock Rovers, je l’ai pas… Pioche ? Mauvaise pioche, je suis tombé sur le petit frère Pat, ancien international ayant évolué aux QPR. Les sept familles avec les Brady, c’est n’importe quoi.

– Brady a récemment déclaré que le joueur actuel lui ressemblant le plus est Mesut Özil. Au niveau du jeu, hein… Physiquement, Özil ressemble plus à un caméléon qu’à un humain.

– Brady est classé huitième parmi les cinquante plus grands joueurs de l’histoire d’Arsenal selon un sondage sur le site officiel des Gunners.

 

4. Thierry Henry (1977-…)

Bio

Que dire de Thierry Henry ? Tout le monde ici le connaît, tant pour ses qualités de buteur, que pour son palmarès. M’enfin, on va essayer de pondre quelque chose quand même, hein.

Né aux Ulis en 1977, Thierry Henry fut repéré à seize ans par les recruteurs de l’AS Monaco, lors d’un match qu’il disputa avec son équipe de Viry-Châtillon, et durant lequel il inscrivit un sextuplé.

C’est sur le Rocher qu’il fit la rencontre d’Arsène Wenger, qui partit à Arsenal seulement un an plus tard. Thierry, lui, resta à Monaco jusqu’en janvier 1999, où il rejoignit la Juve. Expérience non concluante, puisqu’il quitta l’Italie seulement sept mois plus tard et retrouva Wenger à Arsenal, contre 13.5 millions d’euros.

Auréolé d’un titre de champion du Monde avec la France, ‘Titi’ explosa véritablement à Londres. Replacé en pointe, aux côtés de Dennis Bergkamp, il obtint quatre fois le titre de meilleur buteur de Premier League pendant ses huit années au club et fut promu capitaine de l’équipe en 2005. Et c’est avec le brassard qu’il dépassa Ian Wright (qui avait lui-même dépassé Cliff Bastin) et devint le meilleur buteur de toute l’histoire d’Arsenal.

Une fois second et trois fois quatrième au classement du Ballon d’Or, il quitta Arsenal pour Barcelone avec 226 buts inscrits sous le maillot des Gunners. De moins en moins utilisé au Barça, il s’est exilé cet été aux Etats-Unis, où il joue désormais pour les New York Red Bulls.

Sa carrière internationale non plus n’est pas dégueue, champion du monde en 1998 et d’Europe en 2000, il figura également dans le meilleur XI de la Coupe du Monde 2006. Et 2002 ? Quoi 2002 ? Il s’est passé quoi en 2002 ?

Titi, quand il a le brassard de capitaine, il joue bien. Comme quoi Evra c’était peut-être pas le bon choix cet été.

Titi, quand il a le brassard de capitaine, il joue bien. Comme quoi Evra c’était peut-être pas le bon choix cet été.

 

Fiche

Nom : Thierry Daniel Henry
Surnom : ‘Titi’ Henry
Nationalité : Française
Date de naissance : 17/08/1977
Poste : Attaquant
Carrière à Arsenal : 2000-2007
Matches joués : 380
Buts inscrits : 226
Titres remportés avec Arsenal : Championnat d’Angleterre (2002, 2004), FA Cup (2002, 2003, 2005), Community Shield (2002, 2004)
Sélections nationales : 123 (51 buts)
Distinctions personnelles : Entrée dans l’English Football Hall of Fame en 2008, PFA Players’ Player of the Year en 2003 et 2004, FWA Footballer Of The Year en 2003, 2004 et 2006, Soulier d’Or Européen en 2004 et 2005, Meilleur buteur de Premier League en 2002, 2004, 2005 et 2006, Equipe-type de l’année de la Premier League en 2001, 2002, 2003, 2004, 2005 et 2006, nommé dans le FIFA 100 et le Time 100.

 

Fun Facts

– Lors de la saison 2005-2006, Thierry Henry a marqué plus de buts à lui tout seul que l’équipe de Sunderland au grand complet. Il a également été le meilleur buteur français à chaque Coupe du monde qu’il a disputée (si l’on omet le fiasco de 2010), avec trois buts en 1998 et autant en 2006. Et 2002 ? Quoi 2002 ? Il s’est passé quoi en 2002 ?

– ‘Titi’ est un grand fan de basket, et notamment des San Antonio Spurs, où joue son grand ami Tony Parker. Il aime également beaucoup le rap US, mais là, rien à voir avec Tony Parker.

– Thierry Henry a contribué à la culture anglaise, en faisant rentrer le mot « va-va-voom » dans le dictionnaire abrégé d’Oxford. Défini comme « quelque chose de passionnant, vigoureux ou de sexuellement attirant » (exemple : Elle n’a rien perdu de son va-va-voom, même depuis qu’elle a donné naissance à sa fille), l’attaquant français utilisait ce mot pour vanter les qualités de la Renault Clio dans des spots commerciaux anglais diffusés entre 2003 et 2005.

– C’est lui le number one dans le fameux sondage classant les 50 plus grands joueurs de l’histoire d’Arsenal sur le site officiel des Gunners.

Matchbox vintage – Arsenal 5 – 3 Middlesbrough (22 août 2004)

Dans la continuité de leur saison 2003-2004 (vingt-six victoires, douze matchs nuls), les Invincibles démarrent pied au plancher.

Buts : Henry (25, 90), Bergkamp (54), Reyes (65), Pires (65) ; Job (43), Hasselbaink (50), Queudrue (53).

Lors de cette deuxième journée du championnat, Arsenal peut égaler le record de Nottingham Forest, soit quarante-deux matchs sans défaite, s’ils ne perdent pas contre une équipe de Boro qui n’a jamais fini mieux que 9ème depuis leur remontée (datant de six ans) mais qui vient de remporter la Carling Cup. Une semaine avant, les Gunners avaient étrillé Everton (4-1) tandis que les Smoggies avaient concédé le nul face à Newcastle (2-2).

Arsenal

Lehmann

Lauren – Cygan – K. Touré – A. Cole

Reyes (Flamini, 78) – G. Silva – Fabregas – Ljungberg (Pires, 61)

Bergkamp – Henry

Coach : Arsène Wenger

Middlesbrough

Schwarzer

Reiziger (Parnaby, 74) – Riggott – Cooper – Queudrue

Job – Mendieta – Boateng – Parlour – Zenden (Nemeth, 78)

Hasselbaink

Coach : Steve MacLaren

Le match

Forts d’une confiance engrangée sur le long terme, et ce malgré les retours difficiles des sélectionnés de l’Euro, les Gunners ont tout de suite la mainmise sur le jeu. Le premier à se mettre en évidence se nomme Ljungberg, à la 7ème minute. Sa frappe aux six mètres est sauvée par Cooper qui remet involontairement sur Reyes, lequel, surpris, ne parvient qu’à pousser le ballon sur le poteau. Le corner ne donne rien, mais les craintes de Boro quant à la complexité de la tâche qui les attendent semblent fondées.

Le rythme se densifie, les occasions se multiplient, mais les débats demeurent stériles. En l’absence de Vieira, c’est Francesc Fabregas, 17 ans, qui tient le milieu de terrain d’une main de junior. Middlesbrough souffre mais contient le danger.

A la 21ème minute, sur un superbe jeu en triangle à une touche de balle Reyes-Henry-Bergkamp, celui-ci remise au point de pénalty à l’espagnol qui frappe instantanément. Schwarzer préserve son but au prix d’un joli réflexe.

C’est quatre minutes plus tard qu’Arsenal ouvre logiquement le score. D’une passe de cinquante mètres, l’omniprésent Reyes trouve Henry dans la profondeur, qui lobe Schwarzer venu à sa mauvaise rencontre.

Loin de se satisfaire de ce petit but d’avance, les Gunners continuent d’avancer, au contraire de Smoggies dénués d’idées. A la 41ème minute, Fabregas obtient un coup-franc aux 30 mètres, qu’Henry se presse de tirer. Son ballon enroulé heurte la transversale. Dans la foulée, Queudrue élimine quatre joueurs, un cinquième à la faveur d’un une-deux avec Hasselbaink, puis un sixième en taclant le ballon qu’il peut transmettre à Job qui, dans l’angle fermé, assomme Lehmann.

Ultra-dominé, Boro rentre aux vestiaires avec le point du match nul. Sur son banc, Wenger peine à le croire. Half Time.

Queudrue, l'homme de Boro.

Queudrue, l'homme de Boro

La deuxième période démarre sur les chapeaux de roue. Boro obtient notamment deux corners coup sur coup, sans danger pour Lehmann. Sur un ballon anodin de Queudrue, Cygan rate complètement son intervention. Hasselbaink, qui n’en demandait pas tant, file au but et frappe aux 15 mètres, légèrement excentré sur la droite. Le gardien londonien est battu sur sa gauche. Deux occasions et deux buts pour les joueurs de MacLaren. Et bientôt trois, puisque trois minutes plus tard, Queudrue reçoit un ballon au milieu de terrain, s’avance un peu sur sa gauche et lève la tête. Lehmann anticipe plus ou moins logiquement le centre, mais sa sortie trop précoce donne l’indice à Queudrue qui tente alors la frappe de loin. Son extérieur du gauche fait mouche. Lehmann a beau revenir sur ses pas, il ne peut qu’effleurer le ballon. En huit minutes, la défense d’Arsenal a remis Boro sur les rails d’un match qu’ils avaient pourtant bien mal engagé. L’absence de Sol Campbell, blessé, se fait sentir.

Cependant, Arsenal a aussi une attaque flamboyante. Sur le coup d’envoi, Fabregas trouve Bergkamp aux 30 mètres. Il n’est pas marqué ni attaqué. Les deux défenseurs centraux ne cessant de reculer, il arme sa frappe aux 20 mètres. Petit filet. Pas de place pour le doute à Highbury.

Trois buts en dix minutes, et le rythme du match s’accélère enfin. Zenden, puis Bergkamp, écopent de cartons jaunes tout à fait mérités. Loin de se retrancher dans son camp, Boro tente encore d’aller de l’avant, et se montre dangereux sur un coup-franc du néerlandais.

A l’heure de jeu, Wenger choisit de remplacer Ljungberg par Pires. L’entrée du français dynamite le flanc droit de l’attaque londonienne, obtenant notamment un corner sur lequel Henry est tout proche d’égaliser. La solution est proche. A la 64ème, Fabregas récolte le ballon au milieu de terrain, prend de vitesse un adversaire, réchappe au second, dribble le troisième et passe à Henry en bout de course. Celui-ci s’infiltre sur la gauche de la surface de réparation et frappe au but. Son tir écrasé se transforme en centre pour Pirès, qui n’a plus qu’à pousser le ballon au second poteau. Le match s’emballe. Le réalisateur a le temps de passer deux ralentis et demi ; quand il revient au direct, c’est pour proposer au téléspectateur la joie de Reyes, auteur du quatrième but. « Stand up for the Champions » clame le commentateur, qui tente de compenser la bévue de sa production. Flash-back, donc : sur le coup d’envoi, Boro n’a pas le temps de faire plus de trois passes avant de se faire confisquer la possession du ballon ; il en suffit de quatre en face pour placer Reyes en position, sur la gauche de la surface. Une fois Reiziger sur les fesses, l’espagnol vient battre Schwarzer en nettoyant sa lucarne droite.

S’ensuit alors une série de corners, d’attaques placées et d’occasions plus ou moins franches. Le battement cardiaque revient à la normale. La doublette Pirès-Henry fait des merveilles. Ce dernier scelle finalement le score en contre-attaque, grâce à une récupération astucieuse de Bergkamp au milieu de terrain. MacLaren rit jaune.

Arsenal dépassera le record de Notthingham en battant Blackburn trois jours plus tard (3-0), mais n’atteindra pas la barre symbolique des 50 matchs, la faute à Manchester United et à des faits de jeu toujours sujets à polémiques.

Henry

Henry, l'homme du match, pour le Guardian

Statistiques

Corners : 7 – 5

Tirs (cadrés) : 19 (9) – 9 (5)

Fautes : 8 – 14

Hors-jeu : 2 – 5

Spectateurs : 37415

Enfin, son autobiographie est sortie cet été. Les médias anglais, assoupis par la canicule, n’avaient guère parlé du livre du fantasque Gallois, milieu de Derby County (D2) et plus virevoltant que jamais à l’âge de 36 ans. Catapulté récemment sous le feu nourri des projecteurs, à la faveur notamment d’épiques joutes Twitter contre Rio Ferdinand, Robbie profite au maximum de cette surmédiatisation. Et, naturellement, un haut fait d’armes de sa carrière, raconté dans son livre, refait surface.

Robbie Savage est un personnage à part dans le football britannique. Professionnel depuis 1993, celui qu’on a souvent affublé des titres de « footballeur le plus détesté d’Angleterre » et « wind-up merchant Number One » (provocateur-chambreur numéro un) est en passe, au crépuscule de sa carrière, de devenir un trésor national.

Grâce à son naturel et sa franchise désarmante, le grand public est prêt à tout lui pardonner, ses Porsche roses, ses tatouages Armani ainsi que les innombrables actes antisportifs et provocations qui ont jalonné sa carrière (et qui lui ont valu 150 cartons jaunes, record national).

Sa récente décision d’arrêter ses messages twitter (presque 100 000 followers), a été accueillie avec effroi dans le pays. Après que son public et les tabloïds l’ont supplié de revenir, il a changé d’avis.

Omniprésent dans les médias, il sévit notamment sur la BBC où son ton rigolard et spontané plaît, plus que sa voix aiguë et stridente, qui émet parfois des sons que seuls les chiens peuvent percevoir.

Savage au micro, son style plaît

Savage au micro, son style plaît

Mais seuls les chiens équipés peuvent le capter

Mais seuls les chiens équipés peuvent le capter

Une accroche de livre qui restera dans les annales, autant que le fait du match

Une anecdote dans le livre retient particulièrement l’attention : celle du « Jobbiegate » (avril 2002). Le « scandale de la grosse commission » connaît un bain de jouvence rafraîchissant dans l’univers aseptisé de la Premier League.

Revenons donc le temps d’un étron sur ce grand moment du folklore footeux anglais : le plop-plop-plop de Robbie Savage dans les toilettes des arbitres, dix minutes avant le Leicester-Aston Villa d’avril 2002. Est-ce la grosse commission la plus chère du football mondial ? A 100 000 €, on peut le supposer.

L’autobiographie de Savage se vend bien. Il faut dire que l’extrait promotionnel le plus cité du livre est accrocheur :

« Dix minutes avant le coup d’envoi, la cloche synonyme d’entrée sur le terrain est prête à retentir. A ce moment-là, j’ai une envie monstrueuse de couler un bronze (j’avais un bug dans le ventre). Manque de bol, les deux toilettes du vestiaire sont occupées. Alors, pas trente-six solutions, soit je me chie dessus, soit je trouve un autre wc fissa. Pas de wc dans la pièce du kiné, et impossible d’entrer dans le vestiaire de Villa bien sûr. Et pourquoi pas utiliser celui du vestiaire des arbitres ? »

L’arbitre Graham Poll (les trois cartons jaunes à Josip Šimunic lors d’Australie-Croatie de coupe du monde 2006, c’était lui), principal témoin du scandale, raconte ce moment d’antho-(scato)logie du foot de vestiaire :

« Je me trouvais avec mes assistants dans le vestiaire, 15 minutes avant le coup d’envoi, on finissait nos étirements, quand soudain, Robbie Savage déboule. Je lui demande de sortir, mais avant que je ne puisse dire quoi que ce soit, il me lance : « Désolé, faut vraiment qu’ j’utilise vos toilettes, j’vais exploser ». Et, là, il sprinte vers le cubicle [cabine wc].

Là-dessus, à peine installé sur nos toilettes, la porte des wc grande ouverte, il se met à nous livrer un commentaire live sur sa toute dernière prestation assise de milieu offensif. »

[ndlr : en l’espèce, l’illustration graphique – et olfactive – de l’offensif qui « plays in the hole »]

Poll en action lors d’Australie-Croatie, CdM 2006

Poll en action lors d’Australie-Croatie, CdM 2006

Graham Poll continue :

« On n’en croyait pas nos yeux, ni nos oreilles. Matt Elliott, l’un de ses coéquipiers, se pointe et me confirme que les toilettes des joueurs fonctionnent parfaitement.

Sur ces entrefaits, arrive l’arbitre-assesseur, Dennis Hedges. Il entre dans le vestiaire et voyant l’agitation combinée à tout ce barouf émanant de la cabine wc, il me demande ce qu’il se passe (Robbie est alors en plein monologue son et lumières). Je lance à Hedges :

« Tu ne devineras jamais qui est dans nos wc ! »

« Aucune idée, qui ça ? » me demande-t-il, totalement interloqué.

Quand Savage (qui nous tient au courant, en flux continu) nous signale qu’il est sur le point de mettre une touche finale à son wc-jacking, je lui réponds que ce qu’il vient de faire est inacceptable. Il contre-attaque :

« Désolé, mais c’était un cas d’extrême urgence, si vous me croyez pas, je veux bien tout laisser flotter, comme ça vous pourrez vérifier par vous-mêmes« .

Tout en se marrant, il sort des toilettes, au moment où retentit la cloche signalant l’obligation de rejoindre le tunnel. Moi, quasiment sans voix, je lui conseille de se laver les mains.

« Oh mais non, pas besoin » me répond-il. Et, goguenard, il s’essuie les mains sur les manches du veston de l’assesseur, Dennis Hedges !

Je ne suis pas quelqu’un de prude et facilement choqué, je baigne dans le monde du foot depuis longtemps, mais ce qu’a fait Savage ce jour-là, c’est proprement odieux.

Ce n’est pas mon style de faire un rapport sur un joueur qui utilise nos toilettes, mais ce qui m’a poussé à le faire, c’est que Savage s’essuie les mains sur la veste de Dennis, affichant une absence de respect choquante. Il me fallait signaler l’incident, et j’ai dûment consigné tout cela dans mon rapport de match »

Micky Adams, l’entraîneur des Foxes, apprenant l’incident de la bouche de Graham Poll après le match, s’excuse profusément auprès du corps arbitral et passe une bonne soufflante à Savage avant un repas officiel Player of the Year organisé ce soir-là à Filbert Street (l’ancien stade de Leicester). Le club inflige alors à Savage l’amende maximale de deux semaines de salaire, soit 50 000 £. Ça fait cher la truffe de cuvette.

Un étron plus cher qu’une Porsche rose

Un étron plus cher qu’une Porsche rose

Un dérapage dur à faire passer aux constipés de la commission de discipline

La FA (fédération anglaise), tout en punissant Savage d’une « improper conduct », déclare par la voix de son chief exec (Gordon Taylor) que cette affaire « aurait dû être menée d’une manière plus informelle ».

C’est vrai que le dérapage du Gallois à la tignasse blonde fait du bruit. A l’époque, la prestation de Savage produit la crotte la plus médiatisée du pays, ever. Si on décorait les étrons à Westminster Abbey, celui-ci porterait la plus belle couronne du Royaume.

A l’audition de la FA, devant le conseil de discipline, Savage maintient que son estomac était dans un piteux état ce jour-là, et que c’était ça ou l’accident de short, sur le terrain.

« C’était un cas de force majeure, y’avait pas d’autres wc de libre dans le couloir », se défend-il.

(alors que des rumeurs de vestiaires conduisaient plutôt vers la piste d’une « practical joke » – farce de potache attardé. En somme, un gag ribérien qui aurait dérapé. Sous la pression, Savage aurait poussé le bouchon un peu loin – une potacherie doublée d’un pari ?).

Brian, il dit quoi notre règlement sur les étrons ? – euh…

Brian, il dit quoi notre règlement sur les étrons ? – euh…

Pour expliquer son refus de se laver les mains (qu’il s’était essuyées sur la veste de l’assesseur des arbitres !), Robbie déclare simplement que la cloche ayant retenti, il n’avait pas eu le temps, et que de toute manière, « il était habituel parmi les joueurs de ne pas se laver les mains après avoir utilisé les toilettes juste avant un match, la concentration étant trop forte ».

« Mais pourquoi vous essuyer les mains ensuite sur la veste de l’assesseur des arbitres ? » demande Adrian Bevington, en charge de la commission de discipline.

« Je ne l’ai pas fait pour de vrai, j’ai juste fait semblant », rétorque Savage.

Savage produit aussi un certificat médical attestant qu’il était sous antibiotiques à cause d’une coupure à la jambe et que son estomac n’avait guère goûté les médicaments prescrits. En somme, explique-t-il, penaud, un bug d’estomac avait semé la zizanie dans sa tuyauterie interne.

Interrogé sur le fait qu’il avait eu l’air parfaitement en forme pendant le match, et aussi ensuite, lors du dîner de la soirée Player of the Year du club, il bafouille quelques excuses.

il n’avait pas la diarrhée

Effectivement, chiqué : il n’avait pas la diarrhée

Un verdict vécu comme une humiliante injustice

Savage se voit infliger une amende de 10 000 £ (en plus de celle de 50 000 £ collée par le club). Il fait appel, en vain, et doit payer. L’addition est salée, si on y ajoute les frais divers, on arrive à 65 000 £, soit 100 000 € de l’époque.

Savage prit très mal toute cette histoire et a souvent parlé de cet épisode comme d’une terrible injustice. Il est vrai que d’être convoqué officiellement devant les augustes pontes de la fédération, le tout devant des dizaines de médias, pour s’expliquer sur un caca plus cher qu’une Aston Martin aurait de quoi en écoeurer plus d’un.

C’est l’arbitre Graham Poll qui eut le mot de la fin dans cette bizarre histoire de pot de vestiaire d’un autre genre. Quelque temps plus tard, au cours d’un match où il arbitre l’équipe de Savage, Poll fait la leçon au Gallois pour un tacle appuyé. Le rebelle gallois se rebiffe. Poll veut marquer le coup.

Poll : « Monsieur Savage, c’est moi qui commande ici, pas vous ».

Savage : « Ouais, OK, mais moi je suis plus riche que vous [pause de 3 secondes, le temps de prendre un air narquois]. Bien plus riche ! »

Vers la fin du match, Savage demande à Poll combien de temps il reste à jouer. Et l’arbitre de répondre :

« Désolé Monsieur Savage, je sais pas, ma p’tite paye me permet que de m’offrir une montre bas de gamme qui marche quand elle veut ».

Savage avait promis de se venger, suite à la parution en 2008 de « Seeing Red », le livre de Graham Poll qui revenait sur cette affaire. C’est donc chose faite avec son autobiographie.

Mais Graham Poll n’a probablement pas dit son dernier mot. En plus de défourailler tous azimuts dans sa chronique du Daily Mail, le gaffeur du sifflet sévit aussi à la télévision. Espérons qu’il ne sorte pas la palette pour illustrer ses propos.

Kevin Quigagne.

Manchester City. Hier, club prolétaire de troisième division ; aujourd’hui, silo à Galactiques en herbe. En ces temps de fortes turbulences à City, nous avons souhaité revenir en détail sur la métamorphose du club depuis juillet 2007, ainsi que sur leur début de saison (la troisième partie est ici).

Quatrième et dernière partie : d’octobre 2010 à la mi-novembre 2010. Et un mois d’octobre très agité.

3 octobre. Manchester City–Newcastle (2-1). De Jong découpe Hatem Ben Arfa, à la 3ème minute du match. On est en Angleterre, donc l’arbitre laisse jouer. Ben Arfa est évacué, double fracture tibia-péroné.

De Jong est un habitué des coups tordus. L’amateur de kung-fu avait cassé la jambe de l’Américano-Ecossais Stuart Holden en mars dernier lors d’un match exhibition USA-Pays-Bas. Voir le clip.

Holden, miné par les problèmes sérieux ces dernières années, tentait de revenir dans le foot anglais après avoir été sauvagement agressé à la sortie d’une boîte de nuit de Newcastle en 2005, ce qui l’avait forcé à retourner aux USA jusqu’en 2009. Et bien sûr, il y a eu ce tacle thoraxien sur Xabi Alonso en finale de coupe du monde, où l’Espagnol y laissa la moitié d’une cote.

72ème minute du match. Le semi-placardisé Adam Johnson entre et illumine instantanément un match terne où la plupart des Citizens sont à la peine. A la 75ème, le surdoué anglais réalise un numéro de virtuose sur l’aile et débloque la situation d’un superbe tir croisé. Johnson en action.

Victoire 2-1 pour City. Une victoire quasi miraculeuse qui tient à deux décisions arbitrales controversées. Un pénalty imaginaire accordé à City, contre un pénalty indiscutable refusé à Newcastle. Ajouté à l’attentat non sanctionné sur Ben Arfa, ça fait beaucoup pour un match. Une énième polémique sur les « bouchers » et autres équarrisseurs du football anglais est déclenchée.

L’honorable confédération des bouchers ne le remercie pas

L’honorable confédération des bouchers ne le remercie pas

5 octobre. On apprend que la hache de guerre est définitivement déterrée entre Mancini et Tévez. Les insultes ont fusé dans les vestiaires de City dimanche, à la mi-temps du Man City-Newcastle (alors qu’il y avait 1-1). Tévez, le nouveau boss, rentre aux vestiaires. Très énervé, l’Argentin se lance dans une vigoureuse causerie de mi-temps (Mancini n’est pas encore arrivé). Il se plaint du manque d’organisation et du dispositif ultra-défensif de l’équipe. Mancini pénètre dans le vestiaire au moment où Tévez, vociférant et gesticulant, est en pleine critique tactique. La réaction de l’Italien est cinglante :

 « Shut up. I am the boss »

L’Argentin, surpris, s’assoit, et marmonne dans sa barbe. Ce qui déclenche une grosse altercation scarfacienne en globish. Mancini explose :

« Go fuck your mother ».

Le natif de Fuerte Apache bondit alors vers l’Italien. Le staff et les joueurs interviennent et les séparent. Mancini engueule ses joueurs, puis sort en claquant la porte, suivi de près par Tévez. Les deux hommes partent s’expliquer dans le bureau de Mancini. Tévez dispute la deuxième mi-temps avant d’être remplacé par Vieira à la 85ème.
 
L’idylle n’aura duré qu’un été

L’idylle n’aura duré qu’un été


5 octobre. Le club annonce, par la voix de Brian Marwood, l’influent administrateur du club, que les étés dépensiers, c’est fini.

Mancini nie avoir insulter Tévez. Et déclare que tout ce qu’on a lu dans la presse à ce sujet, c’est « a lot of bollocks ». Hmm, c’est vrai qu’il a fait des progrès en anglais Roberto.

7 octobre. Quatre jours après l’agression sur Hatem Ben Arfa, on apprend que De Jong renégocie son contrat. Ne comptant pas rester tricard toute sa vie (il ne touche qu’un dérisoire 80 000 £ par semaine), il demande 120 000 £. Il s’écrit aussi dans les journaux (de qualité) que Ben Arfa aura refusé de recevoir De jong à l’hôpital de Manchester.

Patrick Vieira annonce qu’il finira sa carrière à City. A 650 000 £ par mois, Pat devrait pouvoir ainsi compléter ses trimestres de retraite tranquillement.

10-17 octobre. Le furoncle du « journalisme » anglais, The News of the World (bourrin dominical de l’écurie News International des Murdoch), sort son traditionnel « scoop du dimanche ».

Joe Hart a été filmé, en compagnie de Gareth Barry, lors d’un week-end à Puerto Banus, faisant innocemment la fête au bar Lineker’s (propriété de Wayne Lineker, frère de), la veille de rejoindre le camp d’entraînement anglais en vue du Angleterre-Montenégro.

 

Au Lineker’s, on sait faire la fête

Au Lineker’s, on sait faire la fête

Rien de bien shocking, mais dans le climat actuel mancunien, cela suffit à déclencher une nouvelle polémique sur la fameuse « drinking culture » si chère aux Britanniques. Mancini livre ses impressions culturelles (dans l’Observer du 17 octobre) :

« Malheureusement, cela fait partie de la culture anglaise. Quand je jouais à Leicester [bref passage en 2001], on allait boire au pub après l’entraînement, mais sans se bourrer, enfin, pas moi. Je dois dire que je ne comprends pas les joueurs qui boivent jusqu’à l’ivresse. En Italie, nous n’avons pas cette culture de boire jusqu’à tomber par terre. Chez nous, on préfère sortir avec les filles ! Et c’est ce que je faisais quand je jouais, et c’est ce que je dis à mes joueurs maintenant : sortez avec des femmes, c’est beaucoup mieux que de se saouler ! »

L’Italien oublie qu’en Angleterre, les joueurs, polyvalents, font les deux. Le Don Juan ajoute :

« Le problème c’est qu’après un certain âge, le corps ne supporte plus ces excès. Dès 28 ou 29 ans, on commence à payer le prix. Si on ne boit pas, on peut jouer très longtemps. Regardez Pietro Vierchowod, il a joué jusqu’à 40 ans, et à 100 %. Et Zanetti est toujours au top à 37 ans »

14 Octobre. Malcolm Allison (surnommé Big Mal), figure mythique du club et du foot anglais, décède à 83 ans. Ce personnage haut en couleurs (ancien vendeur de voitures d’occasion, parieur professionnel et propriétaire de boîte de nuit) a été l’entraîneur-adjoint du grand Joe Mercer à City, de 1965 à 1972 (puis brièvement manager de City en solo, en 1973, et 1979). Mais Allison était bien plus qu’un simple adjoint, c’était un pionnier, qui avait des responsabilités clés à City. Avec Mercer, il est l’artisan de la plus glorieuse période du club, le bref intermède à coupes, de 1968 à 1972, quatre trophées en deux ans – Champion d’Angleterre, FA Cup (1969), Coupe de la Ligue (1970) et Coupe des Vainqueurs de coupe (1970), ainsi qu’une place de quatrième en 1972, à égalité de points avec le deuxième. Il conduisit les vedettes du club, les Mike Summerbee, Francis Lee et Colin Bell au succès national et européen. Un trio international qui faisait alors la nique à celui d’en face, la triplette magique des Red Devils, Best-Chartlon-Law (ce dernier signera même à City en 73), en nette perte de vitesse (descente en D2 en 1974).

L’excentrique et pionnier Malcolm Allison

L’excentrique et pionnier Malcolm Allison

L’excentricité de Malcolm Allison est légendaire. En 1968, cet original au look de mafioso italo-new-yorkais, et play-boy notoire, persuade le club de changer de tenue pour… le rouge et noir du AC Milan ! Et ça marche, l’équipe devient victorieuse avec la tunique rossonera (puis reprend ses couleurs traditionnelles).

La veille d’un derby à Old Trafford, l’année du titre pour City (1968), Big Mal va même jusqu’à payer un complice pour escalader un mur du stade, et mettre le drapeau de United en berne ! (qui restera comme cela pendant trois jours).

Changement de tenue correcte exigé

Changement de tenue correcte exigé

En 1972, déterminé à éclipser les voisins de Man United, il rejette une offre de la Juventus. Quelques années plus tard, il connaîtra le succès à l’étranger, avec le Sporting (doublé titre-coupe en 1982).

Allison était surtout un entraîneur innovateur aux méthodes révolutionnaires, en particulier en matière de tactique et fitness (secteurs du jeu qu’il avait observés en Autriche au moment de son service militaire, il en avait aussi profité pour étudier la tactique des Magyars Magiques). Il fut le premier à imposer deux séances d’entraînement par jour, et, en 1965, introduisit les salles de gymnastique. Il obligeait aussi ses joueurs à s’entraîner avec les rugbymen de Salford !

L’image de Big Mal, celle qui restera à jamais gravée dans les mémoires, c’est aussi celle de l’homme exubérant, portant élégamment borsalino et manteau de fourrure, fumant un énorme cigare d’une main, tout en buvant au goulot d’une bouteille de Champagne de l’autre.

 

Le George Best des managers de l’époque

Le George Best des managers de l’époque

Parmi les nombreuses citations de Big Mal, celle-ci, en forme de pied de nez autant au système qu’à son successeur à City, en 1980 :

« John Bond a sali mon nom avec toutes ses insinuations sur ma vie privée. Mes deux femmes ont été terriblement choquées ».

Et celle-ci, sur son président de l’époque (Peter Swales), lors de son grand retour à City, en 1979 (soldé par un échec) :

« Dès que j’ai rencontré Peter Swales, et que j’ai vu sa coupe code-barre et ses deux mèches cache-misère à la Bobby Charlton, son blazer England, ses chaussures en faux cuir de daim, j’ai pensé : « ça va pas marcher cette histoire«  ».

Bien vu, l’attelage improbable entre l’homme à la coiffure PPDA et Malcolm Allison atterrit vite dans le fossé.

Hommage à Malcom Allison

Hommage à Malcom Allison

17 octobre. Blackpool–Man City (2-3). Match engagé et un peu fou (41 tacles, 25 occasions des deux côtés, quatre buts marqués dans le dernier quart-d’heure), gagné largement grâce à l’emblématique Tévez, auteur de deux buts. En toute fin de match, Silva inscrit le plus beau but du match.

City a bénéficié d’un arbitrage très favorable. Deux des trois buts de City sont entachés d’irrégularité (hors-jeu et faute), tandis qu’un but refusé aux Seasiders était valable.

Peu convaincant sur ce match, et sur ce début de saison, City occupe tout de même la deuxième place au terme de cette huitième journée, à deux points du leader Chelsea.

23 octobre. Mancini reparle de « problème culturel » touchant les joueurs britanniques (la fameuse drinking culture). Brian Marwood acquiesce. Parmi les joueurs britanniques, seul James Milner semble trouver grâce aux yeux des responsables du club. Marwood sur l’ex Villan, dans le Daily Telegraph du 23 octobre :

« Milner, je lui fais totalement confiance. Je sais que s’il sort, il fera un bowling, ou ira au cinéma, mais sera au lit à 22 heures. Mais d’autres joueurs ne sont pas aussi responsables, et cela nuit à leurs performances. On fait sans cesse passer des tests de salive aux joueurs. Les joueurs étrangers, comme Kolo et Yaya éduquent nos jeunes joueurs. Ils sont musulmans et ne boivent pas. David Silva ne boit pas non plus, il ne fume pas et sort rarement. Il faut que nos jeunes joueurs anglais apprennent à s’amuser sans boire à l’excès ».

C’est sûr que quand il y en a qu’un ça va, c’est quand il y en a beaucoup qu’il y a des problèmes (des buveurs anglais, bien sûr).

23 octobre. A la veille de la réception d’Arsenal, Micah Richards, international anglais (22 ans), livre une interview à l’Observer. Malgré son jeune âge, Richards fait figure de vétéran à City. Il est le seul réel titulaire survivant de l’ère « ordinaire » (pré-2007), et seul joueur à être présent au club, sans interruption, depuis l’âge de 15 ans.

Micah Richards, jeune vétéran du club

Micah Richards, jeune vétéran du club

Dans cette interview, il y est question de Steven Ireland, arrivé au club en même temps que lui (2003) et vendu à Aston Villa dans des conditions controversées. Le journaliste, David Conn, nous livre un extrait des propos d’Ireland au moment de son départ forcé :

« Ce club a perdu son âme. Il n’y a plus de culture de club ici. Mancini est froid et ne communique pas. Les jeunes joueurs n’ont aucun respect, se pavanent et portent des montres à 10 000 £ ».

Micah Richards tente de rester diplomatique avec son ancien copain aigri mais se lâche un peu :

« Le départ de Steven pour Aston Villa est devenu très médiatisé, on le pressait de questions et ses paroles ont dépassé sa pensée. Aucun jeune ici ne porte des montres si chères ici ! De toute manière, l’argent fait partie intégrante du foot, et c’est un peu fort de la part de Steven de dire cela ! »

L’ex gamin de Chapeltown, quartier chaud de Leeds, en remet une couche :

« De toute manière Steven n’est pas vraiment le mieux placé pour faire la morale sur ce point, il venait à l’entraînement en Bentley à 300 000 £ ! Et il avait fait peindre les jantes en rose pour sa femme ! Et pis il venait aussi en Audi R8 blanche avec un logo Superman… Steven adore le bling, alors bon, il a peut-être perdu une occasion de se taire ».

Ireland, amateur de bling bling, et moralisateur

Ireland, amateur de bling bling, et moralisateur

24 octobre. Man CityArsenal (0-3). Bentley rose ou pas, Man City se fait battre à domicile par les Gunners, 3-0, dans un match musclé qui tourne vite à l’avantage des Gunners, en cruise control après l’expulsion express de Boyata (préféré à Lescott), dès la 5ème minute. City s’est bien battu, mais certains cadres, dont James Milner et Yaya Touré, n’ont pas été à la hauteur. Rien que le banc de Man City dans ce match coûtait 96M de £ ! (Given, 6, Bridge, 12, Lescott, 22, Johnson, 7, Vieira, 0, Adebayor, 25 et Balotelli, 24).

Au terme de cette neuvième journée, Man City occupe la 4ème place, à égalité de points avec Arsenal et Man United, 17.

26 octobre. Etonnantes images du Daily Mail et du Sun sur une extraordinaire nouba la veille, entre joueurs… et étudiants de l’université de Saint Andrews en Ecosse lundi soir ! (où les joueurs faisaient un break golf). Un étudiant raconte à la radio (voir le clip de cette fête) :

« On était tranquillos dans un pub, le Lizard, et on a vu débarquer Gareth Barry, Joe Hart, Adam Johnson et Shay Given ! On a tous cru qu’on avait trop forcé sur la bouteille, mais c’était bien eux. Ils nous ont payés plein de coups. Joe Hart s’est tout de suite imposé en patron, il et a commencé à sortir les billets de 50 £ et à les distribuer comme des confetti, pour que tout le monde se paie un coup. Puis on est allé faire la fête dans un appart. A un moment, Hart est monté sur la table et a dansé, on avait tous peur que la table bascule et qu’il se blesse ! »

Un autre, dans le Sun :

« Les joueurs faisaient des Jägerbombs [cocktail à base de Jägermeister], et s’envoyaient les shots. A une heure du mat, les joueurs ont suivi tout le monde dans un petit appart’ d’étudiant, et Barry a gueulé « on est venu de loin, il fait du vent, il pleut, on est à Saint Andrew’s, maintenant on fait la fête ! ». Là-dessus, il s’est envoyé une rasade de Triple Sec. Finalement, les quatre joueurs sont partis vers 2h30. Ils étaient super sympas, disponibles et ont signés des dizaines d’autographes »

Vive la démocratisation des fêtes du Crous avec footeux milliardaires.

27 octobre. Tévez s’envole pour Buenos-Aires, en principe pour 4 jours, officiellement juste pour récupérer d’une blessure (à la cuisse) et voir sa famille. Le Guardian parle d’un mal du pays aigu. Il se dit aussi que l’Argentin a besoin de mettre un peu de distance entre lui et Mancini. Ce dernier déclare dans le Times :

« Je ne sais rien sur sa situation familiale, on n’en a pas discuté. Tout ce que je sais, c’est que sa famille lui manque beaucoup. Il n’y a aucun problème Tévez ».

30 octobre. Wolverhampton–Man City (2-1). Mancini répond par un gros coup de gueule aux accusations de « décadence généralisée » (fêtes, démobilisation, perte d’autorité, vestiaire en révolte). « The party is over », titre le Daily Telegraph du jour. Voici le message de l’Italien à ses joueurs, rapporté par le DT, avant le déplacement à Wolverhampton :

« Fini de faire la fête. Dorénavant, je ne tolérerai aucun débordement de ce genre. Vous avez le droit de sortir et jouer au golf pendant votre jour de congé mais les cuites comme celle de lundi soir à Saint-Andrews, basta. De lourdes sanctions tomberont si vous dépassez encore les bornes. Certains ici ne sont plus concentrés ni sur les objectifs ni sur leur jeu et vont le payer cash. On joue tous les trois jours en ce moment et récupérer est primordial ».

En attendant, City perd 2-1, sans combattre, contre l’avant-dernier Wolves. Karl Henry, de retour parmi les Loups après son attentat contre le Wiganais Jordi Gómez, met Yaya Touré sous l’éteignoir au milieu. L’un des problèmes de fond de City, son manque de cohésion et d’esprit d’équipe, saute aux yeux lors de ce match. Adebayor et Kompany s’accrochent sur le terrain. Au contraire des Wolves, une équipe soudée qui se connaît parfaitement : sept des onze Wolves alignés contre City faisaient partie de l’effectif lors de la montée en 2009.

La saison dernière, à ce moment précis de la saison (dix journées), le City de Mark Hughes avait deux points d’avance (et était encore en lice en Coupe de la Ligue). La crise s’intensifie. Les deux prochaines semaines pourraient être cruciales pour Mancini. Et le derby mancunien qui approche…

1er novembre. Au surlendemain de la piteuse défaite chez les avant-derniers, The Independent confirme que les problèmes s’accumulent à City. On apprend que Yaya Touré est rentré directement chez lui après avoir été remplacé à la mi-temps du match contre Arsenal (et après en être venu aux mains avec Milner dans le tunnel !). La réaction officielle du club est aussi singulière que comique :

« Yaya Touré a quitté le stade afin d’éviter les embouteillages. C’est ce qui se fait habituellement ».

Par ailleurs, le Sun publie des extraits de déclaration d’une « source » au club :

« Personne dans le vestiaire n’aime Mancini. Y’a des fois où il essaie de jouer les durs, mais personne n’y prête attention. Il n’y a aucun esprit d’équipe ici car le manager n’a aucun respect auprès des joueurs, et certains parient déjà sur sa date de limogeage. Ils ne savent pas qui ils préféreraient, tout ce qu’ils savent, c’est qu’ils ne veulent plus du manager. Ce club, c’est le bazar total ».

Une situation qui fait penser au destin des trois supporters les plus connus de City : les frères Gallagher, Ricky Hatton (boxeur cocaïnomane parti en vrille cette année, en rehab) et Nick Leeson (le Kerviel anglais, responsable à lui seul de la faillite de la banque d’investissement Barings – lors de son arrestation, Leeson portait un maillot de City, immortalisé dans le film Rogue Trader, avec Ewan McGregor).

 

Ricky Hatton, dans les cordes

Ricky Hatton, dans les cordes

Tevez croit encore au Père Noël

Tevez croit encore au Père Noël

3 novembre. Tévez est enfin de retour d’Argentine, mais ne pourra pas être aligné contre Poznan en Ligue Europe le lendemain. La presse parle d’une grosse dispute entre Mancini et les frères Touré. Aucun des deux n’est du voyage en Pologne.

Mancini réagit aux rumeurs incessantes selon lesquelles il aurait « perdu le vestiaire ». Il affirme qu’il n’y a aucun problème avec les Touré ou tout autre joueur et qu’il a l’adhésion et la confiance de tous au club.

4 novembre. Poznan Man City (3-1). Troisième défaite de City d’affilée, ce qui n’était pas arrivé depuis dix-neuf mois. Certes, le quatorzième du championnat polonais a été chanceux, mais, côté City, on note encore trop d’approximations pour espérer mieux (avec Vieira, Boyata, Richards, et Bridge dans la catégorie « peut mieux faire »). Tévez, souffrant toujours d’une douleur à la cuisse droite, n’a pas été aligné.

Mancini devient parano, et ses rapports avec la presse se compliquent. Il réaffirme sa détermination de rester en place et, visiblement touché par les critiques, il déclare :

« La presse se déchaîne contre moi simplement parce que je suis italien. Je suis désolé de dire cela, mais les Anglais sont très nationalistes quand il s’agit de football ».

Sauf, quand on s’appelle Roberto, et qu’on a beaucoup de succès. Comme Roberto… Matteo, manager du prochain club que City doit affronter, et la success story de ce premier quart de championnat (6ème au classement).

6 novembre. Vingt-quatrième anniversaire de la prise de pouvoir d’Alex Ferguson à Man United. Et bientôt le premier anniversaire de l’ère Mancini à City, si on lui laisse le temps de souffler sa bougie. Les bookmakers donnent l’Italien à 13/8 comme premier entraîneur de PL de la saison à se faire limoger.

Vingt-quatre ans déjà pour Ferguson. C’est en effet le six novembre 1986 qu’il débuta sa révolution, après le chaos laissé par Ron Atkinson. Le Daily Telegraph en profite pour faire le parallèle entre les situations des deux clubs, et rappelle les propos de l’Ecossais au moment de la nomination de l’Italien, le dix-neuf décembre 2009, quand on lui apprit que Mancini était le dix-septième manager depuis son début de règne :

« 17 ? C’est tout ? Ah bon, je pensais qu’il y en avait eu plus. Vivement le vingtième ! Ce nouveau manager [Mancini], c’est un coup de poker, hein ? Enfin, seul l’avenir nous le dira, ce n’est pas un championnat facile »

Le DT rappelle les propos crus de Garry Cook, chief exec de City, après le limogeage de Hughes :

« Mark Hughes a payé le prix pour la trajectoire de ses récents résultats »

Le message est clair, si la « trajectoire » de ceux de Mancini ne se redresse pas vite fait, à commencer par WBA demain, ça sera la porte pour l’Italien. Si City perd ce match, cette troisième défaite de rang en championnat constituerait leur pire série depuis novembre 2008.

7 novembre. West Bromwich AlbionMan City (0-2). Match de bonne facture des Citizens, bien supérieurs aux Baggies. City était aligné en 4-2-3-1, avec Barry et De Jong positionnés devant la défense, Balotelli, Silva et Yaya Touré dans un rôle offensif, et Tévez devant, semblant moins esseulé qu’a l’accoutumée. L’apport de Balotelli et Silva, préférés à Milner et Johnson, a porté ses fruits.

Balotelli marque deux fois, ses premières réalisations en championnat (avant de se faire expulser bêtement à l’heure de jeu). C’est la première victoire des Blues sans un but de Tévez… depuis janvier 2010 ! Match monstrueux de Yaya Touré (élu Homme du match), ainsi que Kompany, impressionnant de solidité. Belle prestation également de David Silva, l’une des rares satisfactions de ce premier tiers de saison.

8 novembre. Un peu de tendresse dans un monde de brutes. Micah Richards, celui qui avait acheté – avec Adam Johnson – le droit de passer une soirée avec Katie Price (voir troisième partie), déclare finalement qu’il renonce à ce privilège :

« Finalement, je vais laisser ça à Adam, moi, ça me dit rien, de toute manière, c’est pas moi qui avait fait monter les enchères, et vous avez vu la carrure du copain à Katie ? [Alex Reid, un cage-fighter]… Alors, bon, je fais gaffe, quoi ! ».

9 novembre. La tension monte sur Manchester avant le 166ème derby mancunien. Cette année, ce match que les journaux appellent « The battle of Manchester », revêt une signification particulière. D’une part, la suprématie United est menacée, pour la première fois depuis 1991 (la dernière fois que City a fini devant United au classement), les deux équipes étant au coude à coude au classement. D’autre part, le centre de gravité financier s’est déplacé vers Eastlands.

Question sécurité, la police a interdit la vente d’alcool du centre-ville au COMS, à l’est de la ville (d’où le surnom du stade). Deux mille policiers et stadiers ont été mobilisés, et ce, pour éviter la répétition des scènes de violence qui avaient marqué le dernier derby à Eastlands (avril 2010). Une vingtaine de hooligans avaient été arrêtés lors d’échauffourées (le frère de Mame Biram Diouf avait même été frappé).

Dans les médias, Mancini ne s’enflamme pas. Il déclare simplement que son équipe n’a peur de personne et qu’elle peut « battre United n’importe quand », tout en prenant bien soin de souligner son respect pour les clubs tels Man United, même si ajoute l’Italien, « ce qui compte ce n’est pas le nombre de trophées, mais le respect et l’histoire du club, et la nôtre est riche ».

Alex Ferguson, lui, est d’humeur provocatrice en conférence de presse et se moque de ce qu’il appelle « l’habitude qu’a City de crier sur tous les toits ».

Au-delà de cette soudaine profusion d’argent (aspect qui a le don d’énerver Ferguson) qui a fait de City un club à part, et qui tel un geyser pétrolier intarissable sème la zizanie à tous les niveaux, cette pique a pour cible principale le braillard Number One du club, Garry Cook (chief exec), qui a souvent déclaré aux supporters sa volonté de bâtir « ce qui sera incontestablement le plus grand et le meilleur club de football au monde ».

Fergie se demande si les supporters Citizens ne sont pas « embarrassés » par les méthodes d’auto-promotion du club. Il fait aussi référence au poster « Welcome to Manchester », affiché un peu partout dans la ville pour célébrer l’arrivée de Tévez à City [en référence au fait que City serait géographiquement le seul vrai club de la ville].

La stupidité s’affiche

La stupidité s’affiche

Il déclare :

« Je ne sais pas qui a eu l’idée de sortir cette affiche « Welcome to Manchester », probablement un publicitaire, mais, à mon avis, City ne doit pas en être bien fier, c’était une idée stupide. Beaucoup des supporters de ce club ont dû se sentir gênés. Certains se sont laissés déborder par l’occasion. J’en ai même vu un qui s’est fait tatouer « City, vainqueur de la Coupe d’Europe ». Enfin, voyons ! […] Je crois surtout que beaucoup de leurs supporters préféreraient voir la couleur d’un trophée avant de crier victoire sur tous les toits »

10 novembre. Man CityMan United (0-0). Le derby tant attendu accouche d’une souris boiteuse, et du premier nul dans un derby mancunien depuis 1993. Les rares attaques de City se sont cassées les dents sur ce bloc de granite serbe qu’est Nemanja Vidic. Sans un Tévez à 100 % (il en est visiblement loin), City semble incapable de faire la différence.

Rafael et Tévez

Rafael et Tévez

Derby Manculnien

Derby Manculnien

La traversée du Rio Grande

La traversée du Rio Grande

13 novembre. Man CityBirmingham City (0-0). Match terne contre le dix-septième du championnat, qui n’a pas gagné à l’extérieur depuis huit mois. Une purge de plus à Eastlands où les supporters n’ont rien eu à se mettre sous la dent cette saison, hormis les deux victoires sur Liverpool (en août) et sur Chelsea, fin septembre. Mancini n’a même pas daigné s’adresser à la presse après le match et a envoyé au charbon son « tactical coach » à sa place, David Platt.

A la 85ème minute, Eastlands n’en revient pas, Tévez est remplacé par un milieu défensif (Gareth Barry) alors que les Citizens doivent au contraire faire le forcing pour faire plier Birmingham et sa défense tenace, symbolisée par le gardien Ben Foster, excellent, et l’héroïque Stephen Carr (élu Homme du match). Incompréhensible.

Carlos Tévez, c’est « Monsieur 50 % » (des buts inscrits en PL cette saison). Avec 30 buts en 44 titularisations pour City, et ses efforts incessants sur le front de l’attaque, Tévez est celui sur qui on compte le plus pour débloquer les situations. En sortant du terrain, l’Argentin hoche la tête d’incompréhension, tandis que les supporters, médusés, chantent « What the fuck is going on? ». Certains entonnent un chant de soutien à Craig Bellamy.

Bordées de sifflets à la mi-temps et à la fin du match, la tête de Mancini est réclamée. Les Citizens n’ont plus marqué à domicile depuis six semaines et n’ont inscrit qu’un famélique quinze buts en championnat, soit moins que les trois promus, Newcastle (21), WBA (16) et surtout Blackpool (19), au budget équivalent à une jambe d’Adebayor.

Tévez n’en revient pas

Tévez n’en revient pas

15 novembre. Au terme de cette treizième journée, Man City occupe toujours la quatrième place du championnat (un peu par défaut) et sauve ainsi les apparences. City compte quatre nuls, dont trois 0-0. Mark Hughes en avait accumulé cinq sur les treize premières journées, avant de se faire éjecter un mois plus tard. L’expression de Garry Cook justifiant le limogeage du Gallois (« la trajectoire des récents résultats »), semble plus que jamais d’actualité.

City continue sa plongée dans la spirale de la morosité. L’équipe la plus frustrante de Premier League a cependant l’occasion de se rattraper dans les semaines à venir. D’ici le premier anniversaire de l’ère Mancini (19 décembre), City affrontera Fulham, Stoke, Bolton, West Ham et Everton. Toute la question est de savoir si Roberto Mancini sera encore là pour souffler sur la bougie.

La situation de Manchester City est unique. La métamorphose du club, la transition si brutale, les salaires, les ambitions, un effectif sans cesse renouvelé ; seule une poignée d’entraîneurs sur la planète pourrait mener à bien le « Project » du Sheikh Mansour. Le sentiment général reste que Mancini ne fait pas partie de ce groupe.

The Blues Brothers

The Blues Brothers

Kevin Quigagne.

 

Matchbox vintage – Tottenham 3 – 5 Manchester United

Après la demi-finale de FA Cup 1999, retour sur un autre match épique, celui opposant Tottenham à Manchester United en championnat, le 29 septembre 2001.

Buts : Richards (15), Ferdinand (25), Ziege (45) ; Cole (46), Blanc (58), van Nistelrooy (72), Veron (76), Beckham (87).

A cette époque, Manchester United est champion en titre, après avoir été sacré pour la 14ème fois cinq journées avant le terme, quand Tottenham végète dans le ventre mou depuis le début des années 90. Après 7 journées, les Spurs se classent 11ème. Avec un match en moins, MU est 4ème d’un championnat alors dominé par Leeds United.

Sven-Goran Eriksson, annoncé futur sélectionneur de l’Angleterre, apparait en tribunes.

Tottenham

Sullivan

King – Perry – Richards

Taricco – Freund – Anderton (Rebrov, 83) – Poyet – Ziege

Sheringham (cap) – L. Ferdinand

Coach : Glenn Hoddle

 

Man Utd

Barthez

G. Neville – Johnsen -Blanc – Irwin (Silvestre, 46)

Beckham (cap) – Butt (Solskjaer, 40) – Scholes – Veron

A. Cole – van Nistelrooy

Coach : Alex Ferguson

Le match

Amputés de Giggs, blessé, et Keane, suspendu, les mancuniens souffrent sur le flanc gauche. Fatalement, leur 4-4-2 un peu bancal laisse des espaces, le 3-5-2 d’Hoddle gênant considérablement le milieu de terrain adverse.

C’est pourtant de Butt, servi par van Nistelrooy, que vient la première frappe dangereuse. Mais Tottenham prend rapidement la marque par Richards, néo-Spur qui coupe la trajectoire du corner d’Anderton. Les londoniens continuent d’imposer leur pressing et, après une récupération de balle dans le camp adverse, se voient récompenser. Ferdinand, servi dans la profondeur par Poyet, vainc Barthez, inquiété par le mauvais alignement de sa défense, et double le score. En face, Cole et van Nistelrooy tentent bien de bousculer l’arrière-garde, en vain. Ferguson fait alors rentrer Solskjaer pour remplacer Butt, gêné aux côtes.

Le milieu de terrain de Tottenham, bien aidé par un Sheringham légèrement reculé (et en proie aux sentiments les plus ambigus), combine à la perfection. Après quelques passes à une touche de balle sur le côté droit, Poyet se décide à centrer pour Ziege, isolé au deuxième poteau, qui n’a pas de mal à placer le ballon hors de portée de Barthez, taraudé par l’apathie de sa défense. Sur son banc, Hoddle est presque surpris d’une telle aisance. Half Time.

Ferguson lance Silvestre à la place d’Irwin, afin d’apporter du surplus offensif. Mais c’est d’abord du flanc droit, et après 47 secondes de jeu, que Neville trouve Cole dans la surface, lequel vient placer sa tête au premier poteau. Possiblement anecdotique, cette réduction du score très précoce insuffle néanmoins le doute dans les esprits londoniens.

C’est maintenant face à un 4-3-3 que Tottenham doit s’opposer, et force est de constater qu’ils ne parviennent plus à retrouver leurs marques qui, conjuguées à la désorganisation générale de United, avaient fait de la première mi-temps une réussite totale. Dépassé, le milieu de terrain ne trouve plus ses attaquants, quasiment invisibles. A l’heure de jeu, sur un maitre-corner tiré par Beckham, Blanc fait renaitre l’espoir d’un exploit.

Les occasions pleuvent sur le but de Sullivan. Beckham, van Nistelrooy, Johnsen percent les failles défensives mais oublient de conclure. C’est finalement le néerlandais qui trouve l’égalisation, au terme d’un joli mouvement côté gauche.

Imprécis, visiblement abattus, les Spurs coulent sous la pression mancunienne. Quatre minutes et quelques transversales de Beckham plus tard, Veron, bénéficiant d’un excellent travail de son équipe, s’infiltre dans la surface et frappe du gauche (!). United prend l’avantage et Ferguson rit de bon cœur.

Peu avant la fin du match, Beckham conclut le score d’une frappe extérieur pied droit aux vingt mètres, Solskjaer se trouvant, de nouveau, à l’origine de l’action.

Un comeback mémorable et deux périodes symétriquement opposées, chaque équipe ayant eu la sienne. Il se dit qu’un sèche-cheveux a fait beaucoup de bruit à la mi-temps.

Statistiques

Corners : 4 – 6

Tirs (cadrés) : 7 (3) – 18 (9)

Fautes : 16 – 10

Hors-jeu : 3 – 2

Spectateurs : 36038