Il y a cent dix ans cette semaine, Manchester United fut sauvé in extremis d’une disparition certaine par un certain Major. Non, pas un ancêtre de John et ses moeurs Benny Hillesque, mais un mammifère bien plus respectable : un Saint-Bernard errant.

Le sauvetage de club le plus cocasse et spectaculaire du football anglais n’est pas le fait d’un ou homme d’affaires excentrique ou d’un sugar daddy illuminé mais d’un chien. Si Manchester United en est là aujourd’hui, il le doit en effet indirectement à un brave toutou. Grâce à Major, le club déclaré en faillite et à deux doigts de la liquidation renaîtra de ses cendres pour connaître une fabuleuse décennie, l’une des plus glorieuses de sa riche histoire. Aujourd’hui, deuxième et dernière partie : de 1901 à 1912 (première partie ici).

Un sauveur aussi miraculeux qu’inattendu

Harry Stafford

Harry Stafford

Au soir du premier mars 1901, la kermesse de la dernière chance achève sa troisième journée dans l’abattement général, l’objectif de 1 000 £ étant chimérique. Dans un ultime réflexe de survie, le capitaine et joueur emblématique de l’équipe, Harry Stafford (alors 160 matchs au compteur mancunien), décide d’associer son chien Major aux efforts de collecte. Captain Courage est alors loin de se douter que cette idée anodine changera involontairement et à jamais la destinée du club.

Le lendemain, c’est avec une grosse boîte-tirelire sur le dos et un tonneau miniature de Cognac au cou que le Saint-Bernard se promène parmi les stands. En fin d’après-midi, un formidable coup du sort va faire basculer le cours des choses. A force de gambader partout, Major se fait la belle. Une jeune fille, Elsie Davies, le repère et le ramène chez elle. Elle supplie son papa, John, un riche propriétaire de brasseries, de l’adopter. La boîte comporte la mention Newton Heath FC et une adresse. Le lendemain, Papa Davies rapporte Major à son propriétaire.

Instantanément, John Davies et Harry Stafford sympathisent. Tous deux travaillent dans la même branche (Stafford tient un pub) et ils se sont même déjà vaguement rencontrés professionnellement. Un deal est discuté : si John Davies verse 200 £ pour garantir l’avenir immédiat du club, sa fille pourra garder le chien. Marché conclu. Peu à peu, Davies va tomber amoureux du club.

En décembre 1901, les matchs attirent à peine 3 000 spectateurs et la situation financière est à son nadir. Le 9 janvier 1902, des huissiers tambourinent à la porte du club en présentant aux dirigeants une injonction de paiement émanant d’un investisseur qui veut récupérer ses billes (242 £). Cet homme n’est autre que William Healey, le président de Newton Heath FC… Les bailiffs concluent leur visite en déclarant le club en faillite et cadenassent les portes du stade. Si cette somme n’est pas réglée sous quinze jours, le plan de liquidation du club sera activé, sonnant à jamais la disparition de Newton Heath FC. Interdit de stade et donc dans l’impossibilité de disputer son prochain match à domicile, le club doit alors chambouler le calendrier.

L’ange gardien John Davies

John Davies

John Davies

Si toute une batterie de mesures protège aujourd’hui les clubs de la banqueroute, telle l’exemption de remboursement des dettes fiscales ou des créances dites « non sécurisées » (d’où la rareté des dissolutions de clubs), à l’époque, on ne fait guère de sentiment. Appelé à la rescousse par Harry stafford, John Davies accourt au chevet du mourant. Aidé de trois investisseurs, il réunit les fonds nécessaires (2 000 £) et rembourse le gros des dettes. Le quatuor s’engage également à verser 3 000 £ sous forme de prêt pour recruter des joueurs.

Le 24 avril 1902, lors d’une assemblée extraordinaire dans un New Islington Public Hall bondé, John Davies est nommé président du club. Le surlendemain, pour symboliser cette renaissance, on décide de rebaptiser le club. Manchester Celtic et Manchester Central sont suggérés, mais tous deux sont rejetés (le premier car le club n’a aucune connection celte ; le second car il sonne trop comme une gare ou un site industriel).

Finalement, le choix s’arrête sur Manchester United FC, une suggestion du dirigeant Louis Rocca, un fils d’immigrés italiens qui jouera un rôle primordial dans le fonctionnement du club jusqu’à sa mort en 1950. Ce United, contrairement à d’autres (tel Newcastle United), n’est pas ici le fruit d’une fusion entre deux clubs mais l’expression d’une mise en commun de ressources et d’une union sacrée de moyens. Dans la foulée, on change aussi les couleurs aussi. Exit le vert et or de Newton Heath, place au rouge et blanc. Voici le seul film existant d’un match de Man United disputé lors de sa première saison (Burnley-MU, 6 décembre 1902).

Place au défi sportif

Ernest Mangnall

Ernest Mangnall

Le club sauvé, il s’agit maintenant de le faire monter parmi l’élite. Le 30 septembre 1903, Ernest Mangnall, un personnage charismatique qui vient de quitter un Burnley en grande difficulté, est nommé entraîneur. A l’aise avec les médias, Mangnall sera le premier grand manager de Man United (le terme « manager » ne sera utilisé à Manchester United qu’à partir de 1914. Mangnall est appelé « Club secretary » ou même parfois « Second secretary »).

Eté 1904, Mangnall arrache Charlie Roberts à Grimsby Town pour la somme record de 400 £ (jusqu’à 600 £ selon certaines sources). Ce puissant arrière central est généralement considéré comme la première véritable vedette du club (il fut le premier international anglais de Man United). Ci-dessous la photo d’équipe 1904-1905, avec au premier plan le sauveur du club, « The » Major.

La montée tant attendue arrivera en fin d’exercice 1905-06, après douze saisons en D2. Pour récompenser Mangnall, le club augmente son salaire, substantiellement : 1 £ supplémentaire par semaine ! La longue conquête aux trophées peut commencer. Deux titres de Champion d’Angleterre seront remportés sous l’ère Mangnall, en 1908 et 1911, ainsi qu’une FA Cup (1909). Entre temps, John Davies a fait bâtir Old Trafford, qui accueille ses premiers spectateurs (45 000) le 19 février 1910 contre Liverpool (voir ci-dessous).

Tout comme John Davies, Ernest Mangnall occupe une place de choix dans l’histoire de Man United. Outre les trois titres qu’il apporta au club, il fut l’un des artisans de la construction d’Old Trafford ainsi que de la transformation du club durant cette décennie. Cependant, en septembre 1912, un coup de théâtre se produit : Ernest Mangnall quitte le club dans des circonstances controversées… pour Man City.

Manchester United en 1910

Manchester United en 1910

Mangnall parti, personne ne se doute alors des crises successives (sportive et financière) qui vont s’abattre sur Man United et de la très longue traversée du désert que connaîtra le club. Il faudra en effet attendre 1952 et l’ère Matt Busby pour revoir la couleur d’un titre en championnat. Si John Davies est parfois surnommé « le premier ange gardien de Man United », James Gibson, sera son deuxième homme providentiel. En 1931, quatre ans après la mort de John Davies qui aura passé vingt-cinq ans à la tête du club, Gibson sauvera un United touché de plein fouet par la Grande dépression de 1929 et une nouvelle fois menacé de disparition.

Quant à Major, il succéda à la première mascotte du club, Michael the Canary (en fait… une oie), et de 1902 à 1906, il fut paradé et fêté comme un héros avant chaque match à domicile. Major fut ensuite remplacé par la chèvre Billy the Goat, qui connut un destin à la Garrincha. Au cours des célébrations post-finale de FA Cup le 24 mars 1909, la biquette picola trop et mourut d’intoxication éthylique (sa tête est préservée dans le musée du club).

Les deux titres de 1908 et 1911

1908. MU, 52 points (2è Aston Villa, 43. 3è Man City, 43). Affluence moyenne sur la saison : 23 368.

United démarre fort : quatorze victoires sur les quinze premiers matchs, dont un 6-1 à l’extérieur infligé au champion sortant, Newcastle. Le reste de l’exercice sera un long fleuve relativement tranquille. Les 52 points obtenus constituent un record depuis la création de la Football League (23 victoires, 6 nuls, 9 défaites). En raison du plafonnement des salaires et de l’interdiction des primes décidés par la FA en 1901 (le salary cap continuera jusqu’en 1961, voir détails ici, entrée du 14 janvier), pour récompenser les joueurs, le club organise une tournée en Autriche-Hongrie où United joue devant des foules immenses.

Ironiquement, Man United doit son premier titre à Man City. Cette saison-là, United bénéficie en effet à plein de l’inclusion de quatre Citizens, donc le fameux Billy Meredith, un ailier de 33 ans qui aime tracer sur son flanc le cure-dent aux lèvres. Une manie assurément plus propre que le tabac qu’il mâche parfois pendant les matchs et recrache à la volée (certains employés refusent de nettoyer son maillot couvert de chique mouillée). Meredith est considéré non seulement comme le meilleur joueur de l’époque mais aussi comme la première vedette du football britannique. Billy Meredith, qui avait été mineur au Pays de Galles de douze à vingt ans, avait la santé puisqu’il évolua en D1 avec les Citizens jusqu’à cinquante ans ! Il collectionnait aussi les surnoms, dont « Le Magicien Gallois », « Le Roi du dribble » et  « Le Vieux Maigre ». En 1926, il joua même le rôle d’un entraîneur dans le film « The Ball of Fortune ».

Charlie Roberts

Charlie Roberts

Ces quatre recrues font partie des dix-sept joueurs licenciés et vendus (aux enchères !) par Man City à la suite d’un retentissant scandale portant sur des paiements illégaux (ici). Dans l’équipe, il y a aussi l’arrière central Charlie Roberts, une forte tête qui refuse de porter un short long. Lors d’une série de visites à Old Trafford (après des études à Manchester), le célèbre entraîneur italien et fervent anglophile Vittorio Pozzo le considéra comme le meilleur joueur au monde. Alors que le positionnement était rigide dans les dispositifs de l’époque, Roberts était le seul défenseur qui n’hésitait pas à attaquer, ce qui ne manqua pas d’impressionner l’Italien. Plus tard, en tant qu’entraîneur de la Squadra Azzura de 1929 à 1948, Pozzo s’inspira de Roberts pour métamorphoser son arrière-central en bête d’attaque. Pas une mauvaise idée puisqu’il fit de l’Italie le double Champion du monde 1934 et 1938.

Une saison riche en évènements. Le 2 décembre 1907, les mavericks Meredith et Roberts, aidés de plusieurs autres joueurs de Man United, créent le syndicat des joueurs, The Association of Football Players’ and Trainers’ Union (AFPTU), l’ancêtre de la PFA. Un avènement qui se fera dans la douleur (conflit avec la fédération et la Football League, grêve des joueurs, formation du Outcast FC, etc.). Le syndicat sera finalement reconnu en 1909. Charlie Roberts paiera cher son esprit rebelle puisqu’il est généralement accepté que son faible nombre de capes anglaises (3) est dû à ses actes répétés d’insoumission.

1911. MU, 52 (2è Aston Villa, 51. 3è Sunderland, 45). Affluence moyenne : 27 157.

Pour sa première saison pleine à Old Trafford, United ne se rate pas. Le nouvel antre de Man United, qui connaît son baptême du feu le 19 février 1910 contre Liverpool (3-4), a été conçu par le célèbre architecte de stades Archibald Leitch. Davies a emprunté la colossale somme de 60 000 £ pour s’offrir son joujou pouvant accueillir 100 000 spectateurs et doté d’une vaste toiture centrale ainsi que de zones assises.

L’ensemble est aussi révolutionnaire que luxueux pour l’époque et la presse est dithyrambique. Réaction d’un journaliste du Sporting Chronicle :

« Old Trafford est la plus belle enceinte, la plus vaste et la plus remarquable qu’il m’ait été donné de voir de ma vie. Ce stade est unique au monde. »

Cinquante ans plus tard, Bobby Charlton le surnommera « The Theatre of Dreams ». Le parfais timing dans le déménagement est à souligner : le jour de l’inauguration d’Old Trafford, des bourrasques de vent arrachent une partie du toit du stade de Bank Street que United vient de quitter !

La saison 1910-1911 est indécise jusqu’au bout et donne lieu à un mano à mano captivant avec Aston Villa. Lors de la dernière journée, le 29 avril, Man United occupe la deuxième place et reçoit Sunderland (3è), tandis que les Villans (1er) se déplacent à Liverpool (14è). A Old Trafford, les Black Cats sortent les griffes et marquent rapidement… avant de s’en prendre cinq dans l’écuelle. Comme le racontera Charlie Roberts au Saturday Post, à la fin du match, les spectateurs se massent devant la tribune principale et attendent les nouvelles d’Anfield… A l’annonce de la victoire de Liverpool 3-1 sur Aston Villa, le public exulte. Man United est champion pour la deuxième fois de sa courte histoire.

Kevin Quigagne.

22 commentaires

  1. united dit :

    Et après apparait Sir Alex Ferguson… on connait la (très bonne) suite

  2. la touguesh dit :

    Passionnant, merci !

  3. Jepigepo dit :

    Merci Kevin pour ces grands moments d’ histoire.
    Je note que le maillot de ManU était rayé rouge-blanc au départ..pourtant sur la video de 1902 les équipes ne portent aucun maillot rayé mais uni
    De là à penser que le maillot uni rouge était en fait l’ away

    jepigepo

  4. Manx Martin dit :

    Pourquoi dis-tu que John Major avait des mœurs bennyhillesques ? Ça m’intéresse.

    Sinon c’est très bien, comme d’habitude.

  5. Cantona pour un il y en a pour deux dit :

    Bravo, très bon comme toujours

  6. C. Moa dit :

    united dit :
    Et après apparait Sir Alex Ferguson… on connait la (très bonne) suite
    ___

    1911, c’est un peu tôt pour Ferguson non ? 😉

    Merci pour ce bel article. On connait plutôt bien United à partir des Busby babes, mais le commencement était un mystère pour moi !

  7. roberto cabanastonvilla dit :

    Passionnant dénouement. A quoi ça tient, finalement, les destins (trop mignon, le saint-bernard).

    (par contre, on ne devrait pas « fêter l’anniversaire » de 1961 et la fin du salary cap, mais le maudir et prier pour qu’il disparaisse. Je m’explique : avant 1961, les clubs restaient très peu de temps au sommet, généralement guère plus de 5 ans (exception pour huddersifield des 20′ et arsenal des 30′ -thanx Mr. Chapman !). Après 1961, on assistera, et de plus en plus, à une « hispanisation » de la Division One, tout d’abord avec l’interminable domination de Liverpool, puis avec le big four (battu seulement une fois, en 1995, par l’étendard de la rose rouge des Lancastre, à savoir BLACKBURN ROVERS)

  8. Kevin Quigagne dit :

    Merci à tous.

    J’avais brièvement évoqué cette histoire de chien-messie dans le fil anglais des Cahiers y’a quelques mois et avais alors promis à un Cédéfiste supp de Man United (Bonoman) que j‘y reviendrai en temps et en heure. Cette sorte d’anniversaire des 110 ans du sauvetage ce mois-ci était l’occasion idéale.

    @ Jepi, bien vu, le maillot extérieur de Man United de 1902 à 1905 était bien rayé blanc et bleu et on voit clairement que c’est pas le cas sur ce Burnley-Man United de D2. Tu as peut-être raison, ils ont très bien pu utiliser leur maillot Domicile à la place de l’Extérieur, soit pour rendre service à Burnley, soit parce que leur jeu de maillots extérieur étaient pas disponibles ou un truc comme ça.

    A l’époque, on était pas trop à cheval sur le réglement, alors peut-être aussi que ça clashait avec le maillot domicile de Burnley (vert), on faisait surtout avec les moyens du bord. Burnley allait très mal (les Clarets finirent bon dernier de D2 cette saison-là) et va savoir, ils n’avaient peut-être même pas de maillots de rechange ! United joua bien en blanc parfois entre 1896 et 1902 car ça leur revenait moins cher !

    Ce match se joua en décembre aussi, mauvaise luminosité, etc. fallait être plus flexible en hiver. Ce ne sont que des hypothèses.

    Y’avait aussi des règles tres différentes d’aujourd’hui sur les maillots. Par exemple (et jusqu’en 1921), les clubs hôtes devaient prévoir pour eux-mêmes un deuxième jeu de maillots en cas de clash des couleurs ou design avec le maillot extérieur de l’adversaire (voir article, chapitre « 1890, les premières évolutions majeures »). C’est la naissance du change shirt.

    http://www.cahiersdufootball.net/article.php?id=4299

    Y’avait pas de Third à l’époque (ce dernier apparut dans les années 50 dans quelques clubs mais ne fut véritablement progressivement généralisé que dans les années 70, et commercialisé dans les années 90, renaissance £££ du football anglais, lancé par le triomphe anglais à la CdM 1990 et la création de la PL, http://cahiersdufootball.net/blogs/teenage-kicks/2011/11/14/historique-du-maillot-anglais-23/

    et aussi http://cahiersdufootball.net/blogs/teenage-kicks/2011/11/16/la-formidable-epopee-du-maillot-anglais-33/).

    Ce maillot de rechange que les équipes qui recevaient devaient prévoir, était souvent le blanc (au moins entre 1890 et 1900), car tout le monde possèdait chez lui un vêtement blanc et cette couleur n’était celle d’aucun club de la Football League, au moment où cela fut décidé (1890).

  9. Kevin Quigagne dit :

    @ Manx.

    Major était un chaud lapin et courait aussi après ses subordonnées, après Edwina Currie en tous cas, une chaude lapine et députée à ses heures perdues qu’a dû écrire un bouquin là-dessus il me semble et qui s’est bâtie une après-carrière lucrative sur la sex life de John Major. La vie de ces bêtes est fascinante.

    Les années 90 pré-Tony, c’est la grande époque du « Tory Sleaze » (scandales financiers / sexuels / corruption), où on dénombra une bonne vingtaine de scandales sexuels parfois bien sordides impliquant des deputés, politiciens et ministres Tory.

    Y’en eu même un (Stephen Milligan) qui s’étrangla pendant une séance de bondage particulièrement poussée (« asphyxie érotique ») avec une prostituée dominatrix de Soho ou un truc comme ça.

    D’autres se firent choper au pieu dans un ménage à trois fétichiste ou firent carréemnt ça dans les douches du Parlement. Un secrétaire d’état (Piers Merchant) se fit prendre avec une mineure de 17 ans aussi.

    Voir : http://www.guardian.co.uk/politics/2009/sep/23/piers-merchant-obituaries

    Le plus marrant, c’est qu’evidemment, en arrivant au pouvoir (après Thatcher, virée, fin novembre 1990) Major s’ériga en PM « anti-sleaze » avec un comique « Back to Basics « (retour aux valeurs fondamentales) comme cri de ralliement…

    Bon, y’avait pas que les Tories à l’oeuvre, les Libdems furent de la fête, dont Paddy Ashdown, alors leader du parti il me semble bien, qui fut surnommé Paddy Pantsdown (Paddy le slip baissé) après s’est fait gauler en train de sauter sa secrétaire, au début des années 90. Bon, pis quelques politiciens Travaillistes évidemment.

    Tony n’eut pas trop eu de mal à profiter du dégoût général (et 18 ans des conservateurs) pour se faire élire haut la main en 1997. Et quelques années plus tard, paf, re-sleaze à énorme echelle avec cet immonde scandale des notes de frais qui impliqua plus de 300 députés de tout bord à des degrés divers (on a parlé de jusqu’à 100 millions de £ – estimation – de détournés par ces crapules en 10 ans, plus probablement entre 10 et 50 millions).

    Bref, le règne de John Major fut comique et tout ce cirque m’a fait penser à Benny Hill (j’ai des images de David Mellor qui défilent dans la tête, horrible :

    http://news.bbc.co.uk/onthisday/hi/dates/stories/september/24/newsid_2529000/2529115.stm

    Bon, tu peux mater tout ça sur Wiki (sauf qu’il fait la grêve aujourd’hui le Wiki).

  10. Kevin Quigagne dit :

    @ Roberto.

    Pourquoi autant maudire l’abolition du salary cap en janvier 1961 ? J’en ai souvent parlé mais ce n’est pas juste le plafond salarial qui sauta, mais aussi un nombre de contraintes que les clubs avaient imposé aux joueurs depuis 60 ans et qui avaient fait gagner aux clubs de sacrées sommes d’argent, vu les énormes affluences, dès les années 1900.

    Parmi ces changements consécutifs à l’abolition du salary cap, le système de transferts opéré par les clubs. En 1963, la High Court (cas George Eastham) se prononça en faveur du syndicat des joueurs et mit fin aux pratiques abusives des clubs, et institua tout un tas de changements dans les conditions de contrats.

    Rappelons que le salaire maximum d’un footballeur avant la fin de ce salary cap en janvier 1961 (20 £, à partir de 1958) était à peine plus élevé que le salaire hebdo moyen anglais, environ 15 £, voir

    http://cahiersdufootball.net/blogs/teenage-kicks/2011/02/02/

    Pendant des décennies, ce salary cap se traîna au même niveau que le salaire moyen, en 1922 il avait a peine progressé, il était a 8 £, et en 1950, il n’était que de 12 £, et 10 £ pendant l’intersaison.

    On parle bien de salaire maximum hein, la moitié de l’equipe touchant bien moins. Vers 1947, le syndicat des joueurs réussit a obtenir la création d’un salaire minimum, environ la moitié du maximum (certes, les footeux touchaient souvent de belles primes à la signature, mais les primes de match étaient toujours interdites il me semble bien et ce, depuis 1901).

    Autre chose, tu écris :

    « Après 1961, on assistera, et de plus en plus, à une “hispanisation” de la Division One, tout d’abord avec l’interminable domination de Liverpool, puis avec le big four (battu seulement une fois, en 1995, par l’étendard de la rose rouge des Lancastre, à savoir BLACKBURN ROVERS) »

    Je dirais plutôt « A partir des années 1975 » car jusqu’à l’extraordinaire hégémonie liverpudlienne de 1976 à 1990, dans les Sixties, pas moins de 8 clubs differents remportèrent le titre, les Sixties sont connues pour être une ère formidablement disputée, où Leeds joua un peu les Poulidor du foot anglais, échouant souvent très près du but, aussi bien en championnat, en FA Cup qu’en UEFA (version Coupe des Villes de Foire).

    Et de 1970 à 1975, 5 clubs differents furent sacrés champion (Everton, Arsenal, Derby, Liverpool et Leeds en 1974).

    Après les années 1990, effectivement, hormis Blackburn et les millions de Jack Walker qui télécommandait le club de Jersey, le titre est resté la propriété d’une poignée de clubs.

  11. roberto cabanastonvilla dit :

    Kevin Quigagne dit :

    @ Roberto.

    Pourquoi autant maudire l’abolition du salary cap en janvier 1961 ?

    ********************************

    pour avoir entrainé la disparition de « la belle histoire du petit poucet en championnat »***. Bien sûr,ce n’est pas la seule raison, mais je connais très mal les autres. Toutefois, « l’esclavage » des joueurs est une idée qui me plait assez, moi qui bande quand je vois les stats de matchs joués dans un seul club par maldini (ou eric sikora). Même si je sais que c’est irréaliste dans le monde actuel, je pense que si on le rétablissait, il y aurait quelques p’tits cons sochaliens qui fermeraient leur gueule.

    ***on est pas prêt de revoir Burnley, Ipswich ou WBA regagner le titre, et même pour everton et aston villa, les deux archi-vieilles dames, ça va être très dur (à côté de ces deux là, la juve est une jeunette)

  12. roberto cabanastonvilla dit :

    Voici d’ailleurs un classement historique assez parlant : présence consécutive dans le top 8. Seuls 31 clubs ont réussi cette performance, et les 4 premiers du classement sont toujours en « série en cours ».

    1 LIVERPOOL 49 ( 1963 – 2011 )
    2 MANCHESTER UTD 21 ( 1991 – 2011 )
    3 ARSENAL 16 ( 1996 – 2011 )
    4 CHELSEA 15 ( 1997 – 2011 )
    5 ASTON VILLA 13 ( 1902 – 1914 )
    6 EVERTON 11 ( 1889 – 1899 )
    7 TOTTENHAM 10 ( 1960 – 1969 )
    8 LEEDS 10 ( 1965 – 1974 )
    9 NEWCASTLE 9 ( 1904 – 1912 )
    10 WOLVERHAMPTON 9 ( 1953 – 1961 )
    11 SUNDERLAND 8 ( 1898 – 1905 )
    12 BURNLEY 8 ( 1956 – 1963 )
    13 HUDDERSFIELD 6 ( 1923 – 1928 )
    14 PRESTON 5 ( 1889 – 1893 )
    15 BOLTON 5 ( 1924 – 1928 )
    16 SHEFFIELD WED. 5 ( 1929 – 1933 )
    17 DERBY 5 ( 1933 – 1937 )
    18 PORTSMOUTH 5 ( 1948 – 1952 )
    19 BLACKBURN 4 ( 1912 – 1915 )
    20 LEICESTER 4 ( 1927 – 1930 )
    21 BLACKPOOL 4 ( 1956 – 1959 )
    22 IPSWICH 4 ( 1974 – 1977 )
    23 MANCHESTER CITY 4 ( 1975 – 1978 )
    24 NOTTINGHAM F. 4 ( 1978 – 1981 )
    25 BURY 3 ( 1901 – 1903 )
    26 SHEFFIELD UTD 3 ( 1903 – 1905 )
    27 W.B.A. 3 ( 1932 – 1934 )
    28 BRENTFORD 3 ( 1936 – 1938 )
    29 MIDDLESBROUGH 3 ( 1937 – 1939 )
    30 CHARLTON 3 ( 1937 – 1939 )
    31 SOUTHAMPTON 3 ( 1980 – 1982 )

  13. Kevin Quigagne dit :

    C’est sûr qu’Ipswich, ils sont plus près de la D3 que du titre de PL… (malgré leur 20M £ de masse salariale, leurs vedettes à 180 000 £/mois et leur multimilliardaire de proprio qui sort jamais de son île des Caraïbes).

    Toujours aussi impressionnants tes classements, t’as créé un logiciel pour mélanger autant de données disparates ? Faudra un jour que tu nous rassembles tout ça, mettes un peu de commentaire et nous sortes un article sur tous ces classements.

  14. roberto cabanastonvilla dit :

    nan, pas de logiciel, c’est fait à la main, comme dans une entreprise de jambon de Parme vieille de 400 ans ^^

  15. roberto cabanastonvilla dit :

    la série de liverpool est fantastique. Je ne suis pas sûr que même les 3 ogres portugais ou néerlandais ou les deux géants espagnols aient fait mieux.

  16. Kevin Quigagne dit :

    Effectivement, extraordinaire, sur 15 titres nationaux possibles de 1976 à 1990, Liverpool en remporta 10. Seuls Forest (1978), Aston Villa (1981), Everton (1985 & 1987) et Arsenal (1989) réussirent à grappiller les miettes. Plus dure fut la chute période post 1990.

    Faut dire qu’après la démission de Kenny Dalglish en tant qu’entraîneur (février 1991), c’est Graeme Souness qui reprit l’affaire, aïe aïe aïe. les Nineties commençaient bien mal… Il nous a fait de ces recrutements le Souness, wow.

  17. novasca dit :

    @ Roberto:
    Justement si, les espagnols et portugais sont les seuls à avoir fait « mieux », la Barça n’étant pas sorti du Top 8 depuis 42/43 et le Real depuis 1950/51.
    Pour le Portugal, c’est presque pire, Benfica et le Sporting ne sont jamais sortis du top 6 si je ne me trompe pas depuis la création du championnat dans les années 30.
    Et pour l’Ajax et le PSV, la série a commencé dans les années 60, peu après Liverpool.

    Evidemment on n’a pas ça en Italie, Allemagne et encore moins en France, mais je ne sais pas si on doit réellement s’en plaindre.
    ———
    Man Utd, ils font pas justement aussi bien que le Liverpool de 76 à 90 ? Depuis 96, ils ont raté quoi, 4 titres également ?

  18. Manx Martin dit :

    Merci pou_r la réponse King Kev. Je ne savais pas qu’avec sa tête de lapin pris dans les phares, il était chaud, lapin. C’est fou.

  19. Manx Martin dit :

    MUFC a remporté 12 titres sur 19 depuis l’instauration de la FA Premier League en 1992. Pas mal non plus, indeed.

  20. bonoman dit :

    Wow… Je me souvenais que tu allais poster un billet sur cet épisode de la grande histoire de United, mais là c’est une plongée incroyablement détaillée 110 ans en arrière.

    Un grand merci, je connaissais vaguement l’histoire du chien, mais je n’avais pas conscience d’un impact aussi important sur l’histoire du club. C’est à la fois cocasse et attachant, du coup j’ai encore un peu plus d’affection pour ce club (d’ailleurs ça va faire un an que je suis allé voir mon premier -et seul pour le moment- match à Old Trafford, ça me rend nostalgique!).

    Euh sinon c’est quoi l’histoire de la chèvre morte comme une rock star… Il y’a vraiment la tête qui est conservée au musée ???

  21. Kevin Quigagne dit :

    Pis t’as vu, quand tu cliques sur certaines photos, elles occupent tout l’écran, magique. L’histoire de la chèvre est racontée dans ce wiki :

    http://en.wikipedia.org/wiki/Manchester_United_F.C._mascots

    http://en.wikipedia.org/wiki/File:Billy_the_Goat.JPG

    Cette chèvre appartenait à Charlie Roberts* d’ailleurs, un cadeau qu’on lui avait fait, il en avait marre de la voir brouter dans son petit jardin alors il la refila au club.

    A l’époque, les mascottes des clubs étaient des animaux vivants, qu’on exhibait, etc. Certains clubs faisaient même payer pour les voir de près, ça amusait les gamins. On les sortait pas mal pour la FA Cup aussi. C’est une coutume qui venait de l’armée, qui avait introduit un animal-mascotte dans les années 1840, comme porte-bonheur.

    Puis le cricket s’y mit, et le foot ensuite, à la fin des années 1890, mais ça décolla surtout après 1905 – Newcastle avait un grand chien, Sunderland un chat noir, Derby un bélier, Sheffield Wednesday un singe, etc.

    Après la première guerre mondiale, les animaux laissèrent progressivement leur place à des gens déguisés, comme aujourd’hui.

    Mais c’est véritablement dans les années 90 que les mascottes sont devenues omniprésentes (produit marketing) avec la politique des clubs tournée vers une ambiance familiale et toussa. Les mecs (quasiment pas de femmes – sauf Doncaster et je crois que c’est tout) sont soit des volontaires soit payés au smic (donc 6 £/heure).

    Les mascottes ont leur propre “Grand National” chaque année (le GN est la plus célèbre des courses de canassons en Angleterre), la Mascot Grand National :

    http://www.youtube.com/watch?v=aYrBgXek_6Q

    http://www.youtube.com/watch?v=AOAu2FVJTIA

    Oui oui, sa tête empaillée est bien au musée, je suis allé deux fois à OT dans les années 90 mais jamais au nouveau musée, ouvert vers 1999 il me semble bien. Y’en avait un beaucoup plus petit avant, qu’avait ouvert à la fin des Eighties.

    [* il a des faux airs de Rooney je trouve Charlie Roberts, clique sur sa photo]

  22. jepigepo dit :

    Je constate avec plaisir que pour un gars ayant du mal à incruster des photos sur un forum , tu te débrouilles pas mal !

    Par contre ManU en bleu-blanc ? ils ont eu combien de couleur les Mancs ( vert-or… bleu-blanc (city ? )..rouge ) ?

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