Archive for juillet 17th, 2011

Dixième et avant-dernière partie aujourd’hui : Wolverhampton Wanderers. On aurait préféré finir avec un club prestigieux, mais c’est pas nous qui avons fait l’alphabet. En définitive, boucler la saison avec les Wolves tombe bien. Car comme dirait ce bon vieux Paul du fond de son cimetière marin, ce club a le vent en poulpe.

Déjà l’avant-dernier épisode de cette longue série débutée le 9 juin. Déontologiquement parlant, devant la complexité éthique du comptage (un bis a-t-il le droit de compter dans la numérotation ?), il a fallu faire appel à un huissier de justice pour être en règle. Ce dernier a sorti ses textes et il est formel : c’est bien onze parties que comptera au final ce bilan club par club de Premier League. Les Loups Vadrouilleurs ont donc l’insigne honneur de clôturer notre bilan, le plus complet et déraisonnable jamais publié. Aujourd’hui donc, premier volet sur les Wolves. Mardi, suite et fin. Trop de choses à dire sur les Wolves, ça ne tenait pas en un article. C’est la fin de la saison et notre pauvre interface rend l’âme. Il s’agit donc d’y aller mollo.

Pour le reste, voir introduction dans la première partie, avec tous les jolis liens (clips grands moments de la saison, plus beaux buts, photos, etc.), et voir à droite « Articles Récents » pour les autres parties. Par ailleurs, la Premier League a publié le 17 juin son calendrier pour la saison à venir, la liste club par club ici et celle de tous les matchs ici. Pour le guide complet des matchs d’intersaison des vingt clubs, voir cette liste et pour voir les tenues des vingt clubs de PL, c’est par ici que ça se passe.

Et on vous laisse avec la dernière mode des désoeuvrés de Man City, le « planking ». Il est rassurant de savoir que Shaun Wright-Phillips entretient sa forme autrement qu’en cirant le banc et que le tableau blanc de Roberto Mancini sert à autre chose qu’à planifier les séances bétonnage. Mais le mieux, c’est le clip (tourné pendant la tournée US du club). Décidément, il s’en passe de belles à City. Jeudi, Umbro a sorti un clip de l’hymne du club (Blue Moon), signé Liam Gallagher et son groupe Beady Eye (lancement du nouveau maillot domicile), à voir ici. Et hier, on apprend que Gaël Clichy regrette déjà les entraînements peinards d’Arsenal, sans Nigel de Jong… (ici).

Avant de nous quitter, après la libération récente des deux journalistes de France Télévision en Afghanistan, recueillons-nous un instant et ayons une pensée pour une autre victime de la folie des hommes : Cesc Fábregas. L’Espagnol est retenu en otage par Arsenal, selon le maire de la commune catalane où Cesc a grandi, Señor Estanislau Fors i Garcia (« We want him to come right away, he is experiencing a kidnapping », voir article). Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier, c’était 547 jours ; Cesc Fábregas, lui, va bientôt passer le cap des 3 000 jours de captivité, sans que cela n’émeuve les médias. Pour les Anglais, il s’agit d’un Espagnol détenu dans une zone française de Londres ; pour les Français, c’est une affaire strictement anglaise. Pour les Espagnols et Teenage Kicks, c’est un véritable drame humain qui se déroule dans l’indifférence générale. Le silence de la communauté internationale est assourdissant et l’équipe des TK, modestement, veut dénoncer cette ignominie et entretenir la flamme de l’espoir. Lest we forget.

Sans transition, passons à nos Wolves.

 

WOLVERHAMPTON WANDERERS (17è, 40 points. G-A – 20 / 46 buts pour / 66 contre)

Résumé de la saison

Cette deuxième année d’affilée en Premier League ne fut pas de tout repos. Les Wolves sauvent véritablement leur peau lors de la 37è  journée (victoire 3-1 à Sunderland) mais ils ont tremblé jusqu’au bout, jusqu’à la dernière minute de ce fameux « Survival Sunday », voir article en français sur ce dimanche de folie, où le nom des relégués changea une quinzaine de fois en 90 minutes ! (le terme Survival Sunday est utilisé par les médias depuis quelques années pour qualifier la dernière journée, où tous les matchs se jouent le dimanche à 16 heures. Cette saison 2010-11 est la première depuis 1996 où cinq équipes étaient potentiellement relégables lors de la 38è journée – hormis West Ham, déjà condamné – et la première fois que les cinq équipes dans cette position se tenaient en un point, avec de surcroît une différence de buts quasi identique).

Sans oublier ce clip marrant de Sky, où l’on voit le quatuor Matt Le Tissier-Paul Merson-Phil Thompson-Charlie Nicholas absolument déchaînés (sous la houlette de Jeff Stelling, présentateur vedette de Sky).

Une saison délicate certes, mais les vibes sont ultra-positives du côté de Molineux. C’est un club ambitieux qui retrouvera les terrains de PL dans un mois. La capacité du stade va augmenter d’un tiers d’ici trois ans et le club a de grands desseins pour son nouveau centre de formation (voir ici).

Satisfactions

Nombreuses. Les trois principales d’abord :

1) Matt Jarvis, 25 ans, un ailier de poche à « l’ancienne » comme les aime l’inénarrable et old-fashioned Mick McCarthy (manager). Naturellement droitier, mais tout aussi à l’aise à gauche (où il a souvent été utilisé cette année). Un offensif polyvalent qui aime distiller les centres dévastateurs (sur l’aile droite) ou bien repiquer au centre et semer la zizanie (quand il joue à gauche). Troisième au classement des centreurs (240 centres), derrière S. Downing (243) et L. Baines (249). Doublement élu Players’ Player of the season et Supporters’ Player of the Season du club. Egalement appelé en sélection anglaise fin mars et devenu à cette occasion le premier Loup à s’aligner pour les Trois Lions depuis le légendaire Steve Bull en 1989 (la goal machine Bull, c’est 306 buts en 561 matchs pour les Wolves). Seule fausse note de la saison, Jarvis a baissé de régime après ses débuts internationaux et, du coup, a pas mal fait banquette en mai (au profit de l’Irlandais Stephen Hunt ou l’Algérien Adlène Guedioura).

Matt Jarvis sort un peu de nulle part (acheté une misère en 2007 – 600 000 £ – au petit club de D3 Gillingham) et était passé entre les mailles du filet des sélections de jeunes. D’abord formé à Millwall (qui le libéra à 16 ans) puis Gillingham. Avant sa sélection contre le Ghana, sa seule et unique distinction fut une cape… avec les U16 du Surrey !

2) Kevin Doyle, 27 ans, attaquant, beaucoup plus connu que Jarvis, international irlandais, 41 capes, 9 buts (il était de la fameuse double confrontation play-off contre la France en 2009). Lui aussi a débarqué dans le foot anglais de haut niveau relativement tard. A 21 ans, il quitte Cork City pour Reading (D2), pour la risible somme de 78 000 £. Chez les Royals, il affole vite les compteurs (montée en PL dès sa première saison, avec 106 points ! un record). En 2009, Reading réalise une belle culbute en le vendant 6,5M de £ à Wolves, promu en PL. Seulement cinq buts en championnat cette saison (26 matchs) mais il s’est blessé fin mars (ligaments genou). Enorme contre Manchester United en février, noté 10 / 10 dans plusieurs journaux. Depuis, une belle brochette de clubs seraient vaguement intéressés par l’Irlandais (citons, en vrac, Liverpool, Arsenal – surtout si Bendtner part – et même la Juventus ! Cela dit, il faut raison garder et on voit mal notre Kevin-à-son-Mick atterrir dans les bras de la Vecchia Signora. Et pis bon, « l’info » vient du Sunday World quoi… via un agent du dimanche, à n’en pas douter).

3) Steven Fletcher, 24 ans, attaquant, international écossais depuis 2008 et acheté 6,5M de £ à Burnley en juin 2010. L’Anglo-Écossais, vif et technique, a été efficace (10 buts) mais des pépins physiques, une période de méforme et un dispositif avec Doyle seul en pointe (qui l’a relégué sur le banc) ne lui ont pas permis de véritablement « casser la baraque »… jusqu’à la blessure de Doyle fin mars, occasion qu’a mis à profit Fletcher pour claquer 5 buts sur les 6 derniers matchs.

 

Du talent, mais aussi du mauvais goût

Du talent, mais quel mauvais goût !

Citons aussi : D. Edwards, A. Hammill (judicieuse recrue de Barnsley, pour 500 000 £), A. Guedioura (une dizaine d’apparitions, mention assez bien), S. Hunt et J. O’Hara, qui a réussi son pari : ne pas être connu que comme le fiancé de Danielle Lloyd (prêt des Spurs converti en achat, 5M de £). Satisfaisant mais un ton en dessous : S. Ebanks-Blake, W. Hennessey et S. Ward (par intermittence pour ce dernier). R. Zubar et C. Berra ont alterné le meilleur et le pire, de même que K. Foley. Sans oublier l’inusable Jody Craddock (Wolves’ player of the year l’an dernier), à quasiment 36 ans, la Sunderland Legend répond toujours présent en défense centrale quand on fait appel à lui (15 matchs de PL). Et en plus, évidemment, son seul but de la saison le fut… contre Sunderland lors de la 37è journée (la fameuse « malédiction de l’ex joueur » – the curse of the ex player). Le très artistique Craddock vient de signer une prolongation d’un an (il peint professionnellement, et Craddock n’est pas dégueu aux pinceaux, voir ici).

 

Et last but not least parmi les bons Loups, le latéral gauche George Elokobi. L’exubérant Camerounais, arrivé en Angleterre à 16 ans, fut raflé à Colchester en 2008 pour seulement 300 000 £. Il est devenu une véritable star à Molineux, un cult hero. Les supporters adorent ce joueur qui n’oublie jamais d’aller les saluer en fin de match, surtout à l’extérieur. Elokobi est une force de la nature : 1m75 pour 85 kilos ! (son poids a oscillé entre 84 à 90 cette année, et pas un gramme de graisse). Au cours de tests l’an dernier, on s’est aperçu que le volume de ses muscles est le double de certains de ses coéquipiers… Elokobi racontait récemment l’anecdote suivante dans l’Observer. A son arrivée à Wolves, le club lui demanda d’augmenter sa dose de musculation pour l’aider à récupérer d’une blessure au genou. Elokobi, qui est déjà très musclé, les prévint qu’il se transformerait probablement en Hulk s’il forçait sur la fonte. Le club insista. Un mois plus tard, le Musclor ne rentrait plus dans sa tenue et le club dut lui fournir la taille supérieure. Plus personne ne mentionna de ration supplémentaire pour le surpuissant défenseur. Sur le ton de la rigolade, des spectateurs lui reprochent de ne pas sentir sa force quand il dégage le ballon en sortie. Ils ont parfois l’impression qu’il compte décapiter un spectateur !

Déceptions

Peu nombreuses, le sorcier du Yorkshire Mick McCarthy ayant su tirer le maximum de la plupart des joueurs. Parmi les déceptions ou candidats à la catégorie « peut mieux faire », en premier lieu, la défense centrale. Certes, Christophe Berra et Richard Stearman ont mieux joué que la saison dernière, mais c’est pas encore ça, trop irréguliers (d’où le recrutement de Roger Johnson, Birmingham City, 7M).

Citons aussi Nenad Milijaš, dont on attendait mieux. L’international serbe a bien commencé la saison mais l’a mal terminée, laissé sur le banc pour l’emballage final. Un certain manque de combativité et une tendance à l’inconstance seraient les principaux griefs de McCarthy envers ce joueur talentueux qui, au vu de ses capacités, devrait afficher plus que ses 23 apparitions PL cette saison.

Egalement : David Jones, Jelle Van Damme, Michael Mancienne et Steven Mouyokolo. Le milieu Jones a été libéré, malgré ce but, extraordinaire, à (re)voir, clip. Van Damme, recruté 2,5M de £, en a bavé avant d’être vendu au Standard Liège au mercato d’hiver. Mancienne, l’éternel prêté de Chelsea, n’a pas vraiment déçu mais n’a pas convaincu non plus (il a été cependant assez sérieusement blessé et indisponible quatre mois). Et enfin, le Français Mouyokolo a peu joué (concurrence et blessures) mais n’a pas donné satisfaction sur les quelques bouts de matchs qu’il a fait (158 minutes). Acheté 2,5M à Hull City l’été dernier, il vient d’être prêté à Sochaux.

Highlights

Victoires en championnat sur Liverpool, Chelsea et Manchester United (Wolves a mis fin à l’invincibilité des Red Devils lors de l’incroyable 26è journée, voir ici) et le superbe succès 1-0 contre Villa dans le derby des West Midlands. L’annonce de l’agrandissement du stade à 37 000 places, ainsi que le nouveau centre de formation hi-tech ; ces transformations devraient permettre de rivaliser avec les autres gros clubs des Midlands sur la durée (surtout Aston Villa et West Brom).

Le superbe brossé dans la lunette de Stephen Hunt lors de la dernière journée contre Blackburn et à la 87è, à voir, inoubliable. Un but salvateur tout en sang-froid entré dans la légende Wolves car synonyme de maintien. Et de nos jours, rester en PL vaut pas loin de 100M de £. Une descente aurait mis à mal les plans ambitieux du club, mieux valait donc envoyer les rivaux de Birmingham City en D2 (qui seraient finalement descendus même sans ce but de Hunt, puisque Pavlyuchenko arracha la victoire à la 91è dans le Tottenham-Birmingham – mais c’est anecdotique, l’histoire du club retiendra surtout que Wolves s’est maintenu grâce à ce superbe but de Hunt).

Lowlights

Les persistantes accusations de jeu dur en première partie de saison qui débouchèrent sur une série de polémiques qui empoisonnèrent l’atmosphère toute la saison. Une réputation d’équipe « Fight Club » pas franchement imméritée, sur laquelle ont d’ailleurs joué quelques joueurs, avec le hard man Karl Henry en ambianceur. Le tacleur fou déclarait par exemple fin avril, en avant-première du match contre Stoke :

« Wolves et Stoke vont se savater tout le match. Ça sera une rencontre horrible tout en coups bas. C’est sûr que je ne conseille à personne de regarder ce match. »

C'est sûr que Dieu c'est mieux qu'Henry
C’est sûr que Dieu et la messe c’est plus cool que les après-midi avec Karl Henry
Une réputation réapparue cette année lors du Wolves-Newcastle du 28 août (et une épique bataille Karl Henry-Joey Barton). 38 fautes, 12 cartons jaunes (dont 7 pour Wolves) et un traitement de choc sur Joey Barton qui aurait pu valoir plusieurs cartons rouges aux protégés de Mick McCarthy (l’émission Match of the Day en fit un montage-clip, retiré de YouTube depuis). Par huit fois, les Wolves tentèrent de casser Barton, sans y parvenir et sans que le Magpie ne riposte. Ce n’est qu’à la fin du match que Barton alla voir Mick McCarthy en lui demandant des explications. Ce dernier joua les étonnés et lui répondit qu’il était un peu fort venant de sa part de se plaindre pour « un ou deux tacles musclés » (marrant le Mick – il s’agissait bien d’une série d’attentats en bonne et difforme, voir ici). Mi septembre, Wolves écopa de 75 000 £ d’amende de la FA pour leurs quatorze cartons en deux matchs (ici).

Autre déboire cette saison : l’infirmerie souvent pleine. Wolves s’est parfois retrouvé avec seulement treize joueurs disponibles (et dut combler la feuille de match avec les jeunes).

Et pour finir ce tour d’horizon des ratés de la saison, un mot sur la défense kamikaze des Wolves, elle fut trop souvent prise en défaut. Le nom de Zubar vient à l’esprit, notamment pour sa passe en retrait contre Bolton, qui fit le bonheur des commentateurs français, ici.

Kevin Quigagne.