PSG-Mercato : l’œil de David Martinon

Comme l’avait annoncé Alain Cayzac en décembre, le mercato hivernal du Paris Saint-Germain a été riche en surprises. On a beaucoup parlé des feuilletons Gouffran, Fred ou Krasic, mais un autre épisode aurait mérité une attention au moins similaire.

David Martinon, vous avez rejoint le Paris Saint-Germain… Pouvez-vous nous préciser quelles seront vos fonctions?

Je serai le porte-parole du club.

Est-ce pour ce poste-ci que vous avez d’abord été contacté?

Euh, très honnêtement, non… C’est le 30 janvier que j’ai reçu un appel de M. Cayzac me demandant si ça m’intéressait de jouer milieu droit…

Milieu droit? Comment a-t-il eu cette idée?

C’est le Président Sarkozy qui la lui a soufflée… Il était comme chaque soir en train de corriger les projets d’articles que la presse écrite lui soumet avant publication, il est tombé sur un papier de Karim Nedjari disant que même un paraplégique ne voudrait pas venir jouer au PSG et que Fiorèse ne serait jamais remplacé avant 2065. Alors il a appelé M. Cayzac et lui a dit «Alain, je crois que j’ai ce qu’il te faut».

Ca ne vous a pas étonné qu’on vous propose ce poste alors que vous n’avez jamais joué au football, même en amateur?

Ben non… Pas plus que si on m’avait demandé de me présenter aux municipales à Neuilly alors que je n’ai jamais habité dans cette ville, que je n’ai jamais mené une campagne électorale et que mon seul titre de gloire est d’avoir répondu 153 fois «pas de commentaires» aux questions qu’on me posait sur le divorce des époux Sarkozy.

Comment s’est passé le revirement du PSG quant au poste qu’on vous proposait?

Le 30 janvier, après avoir eu M. Cayzac au téléphone, j’ai appelé Jean Sarkozy pour lui raconter ce qu’on venait de me proposer… Il a dit «ouais, trop cool, j’irai te voir jouer au Parc et je mettrai une banderole «David, on est avec toi à la mort» en plein milieu de la tribune présidentielle…». On est allé ensemble au Camp des Loges et il a posé à mes côtés pour la photo qui immortalise le moment où je signe mon contrat… Ah ça, Jean, c’est vraiment un ami.

Après la photo, on est tous les deux sorti du Camp des Loges et on a croisé Valdo sur le parking… Jean lui a dit «ah bonjour M. Raï, comment ça va aujourd’hui?» Valdo a dit qu’il était un peu fatigué parce qu’il arrivait directement du Brésil mais qu’il était très content, qu’il avait enfin trouvé le grand milieu droit dont Paris avait besoin. J’ai voulu intervenir pour dire que c’était trop tard, que j’étais là, maintenant, mais Jean m’a interrompu et m’a dit «laisse David, je m’occupe de tout»… Et il est retourné voir M. Cayzac.

Que lui a-t-il dit?

Je ne sais pas, je ne l’ai pas revu depuis… Je crois qu’il a quitté le Camp des Loges par une autre porte.

Comment Alain Cayzac vous a-t-il appris votre changement de poste?

J’étais encore sur le parking à attendre Jean quand M. Cayzac m’a appelé et m’a demandé de passer dans son bureau. D’un côté, il était embêté, parce que je venais juste de signer mon contrat… D’un autre côté, dans la pièce adjacente, on entendait Paul Le Guen hurler «ce coup-ci je vais le tuer, ce coup-ci je vais le tuer !» et «Martinon, non non non !»… Heureusement qu’Alain Roche et Eric Pécout étaient là pour le ceinturer, sinon je ne sais pas ce qui se serait passé.

Bref, M. Cayzac m’a dit: «euh, désolé, finalement, ça va pas être possible…»

«Non mais tu te vois milieu droit du PSG? Mais t’es vraiment trop un crétin!»

Comment avez-vous réagi?

Au début, j’ai voulu faire valoir que j’avais signé un contrat, alors M. Cayzac a soupiré et a dit «bon, OK», et il a appelé le Président Sarkozy… Il me l’a passé, et le Président m’a dit: «écoute petit con, tu vas pas nous briser les burnes». Alors j’ai proposé ma démission à M. Cayzac, mais il a bien vu que j’étais tout triste, ça lui a fait de la peine, donc il m’a dit: «non, attends, on va juste mettre du Tipp-Ex sur ton contrat, on va le corriger et dire que tu es notre porte-parole»… Il est gentil, M. Cayzac.

En quoi consistent vos nouvelles fonctions?

D’abord j’ai cru qu’il allait falloir que j’accompagne l’équipe partout où elle joue, mais M. Cayzac m’a dit «non non, surtout pas, ça serait vraiment des kilomètres pour rien, hein, avec Internet on pourra rester en contact autant qu’on veut, c’est merveilleux le web, et puis Paul est un peu nerveux en ce moment, donc bon». Alors je lui ai demandé: «et du coup, qu’est-ce que je dois faire?» Il a réfléchi un moment et il a dit: «Bon, écoute, on va dire que tu feras tous les jours un point presse au Camp des Loges, exactement comme tu faisais à l’Elysée».

Ce qui consiste en?

Ben je reçois M. Nedjari et M. Duluc, je les fais s’asseoir, et à chaque question qu’ils posent, je réponds alternativement «pas de commentaires» ou «vous ne croyez tout de même pas que je vais répondre à cette question?». On l’a déjà fait quatre ou cinq fois, ça marche pas mal… En tout cas, M. Cayzac et M. Le Guen ont l’air content, je les ai même vus une fois en train de se repasser la vidéo d’un des points presse… Ils fumaient des cigares et ils rigolaient bien.

Et comment voyez-vous la fin de saison du PSG?

Vous ne croyez tout de même pas que je vais répondre à cette question?

Loin du tumulte de la politique, dans un nouvel univers professionnel plein de plaisirs simples et authentiques, David Martinon est aujourd’hui un homme heureux.