Ni buts ni soumises » La peur du vide

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La peur du vide

À quatre journées de la fin, la lutte pour le maintien fait rage et concerne mathématiquement neuf équipes sur douze. Derrière un trio de tête échappé, le plateau s’étage très régulièrement de point en point laissant ouvertes toutes les possibilités. Certaines équipes sont bien sûr plus en danger que d’autres par leur classement mais aussi par leur calendrier – celles qui n’ont plus Lyon à leur programme sont un peu rassurées. Mais toutes peuvent basculer sur une mauvaise série.

Vu de l’autre bout, Marseille qui est légèrement décroché garde un minuscule fragment d’espoir. Un an après une brillante quatrième place, les Phocéennes auront besoin d’un exploit encore plus grand pour se maintenir. Les difficultés étaient annoncées dès le début de saison mais elles ont été d’une ampleur plus importante que prévu.

C’est une affaire entendue, le titre est déjà acquis à Lyon. Mais à quatre journées de la fin, il reste encore du suspense en D1. Avec sa victoire 3-0 contre le PSG, Montpellier a repris la deuxième place et l’avantage à la différence de buts particulière. Les Parisiennes comptent certes un match en retard mais doivent aussi affronter Lyon contre qui un exploit risque d’être nécessaires pour retrouver l’Europe la saison prochaine.

Mais surtout, tout le reste du plateau joue encore son maintien. Aucune équipe hors du trio de tête n’est encore assurée de rester en D1 et aucune n’est déjà condamnée. Bien sûr le Paris FC est moins en danger que Rodez mais une mauvaise série peut encore être fatale à n’importe quelle équipe.

Le cas marseillais

Du côté marseillais, c’est au contraire un exploit qui sera nécessaire pour rester en D1. Un an après avoir réussi une extraordinaire saison de promu, terminée à la quatrième place, l’équipe de Christophe Parra est dernière et légèrement décrochée, à trois points de l’avant-dernier et à quatre du maintien et son calendrier ne plaide pas en sa faveur.

Les difficultés étaient prévisibles et prévues avec de nombreux départs et un recrutement exotique fait de paris dont aucun n’a été gagnant. Pourtant la victoire contre le Paris FC en décembre avait pu laisser penser que l’équipe avait fini par trouver ses marques. D’ailleurs elle avait été suivie d’une courte défaite contre Montpellier et d’une seconde victoire contre Bordeaux. Mais le match à Soyaux a sans doute été un tournant. Caroline Pizzala avait ouvert la marque en tout début de match sur pénalty mais la recrue sojaldicienne Danielle Tolmais avait renversé le score, avec l’aide involontaire de la gardienne marseillaise Geneviève Richard.

Danielle Tolmais et Anaïs M'Bassidje

Danielle Tolmais et Anaïs M'Bassidje

Depuis les coéquipière de la revenante Sandrine Brétigny sont bien allées l’emporter à Albi mais elles ont perdu au stade Roger-Lebert contre deux autres concurrents directs, Lille et Fleury. À quatre journées de la fin, il faudra prendre au moins cinq points dans le meilleur des cas alors que les deux premiers adversaires seront le PSG dès dimanche au stade Jean-Bouin à deux pas du Parc des Princes et l’OL. Autant dire qu’à moins d’un exploit qui semble à l’heure actuelle très improbable, il faudra remporter les deux derniers matchs en espérant que l’ensemble des autres résultats auront été favorables entre temps.

Mathématiquement rien n’est donc définitivement perdu pour Marseille mais le maintien cette saison serait sans doute un exploit encore plus grand que la quatrième place de l’an dernier.

Le classement (en relief)

Rang Club [victoires / nuls / défaites / diff. de buts] Pts
1 Lyon [18/0/0/84] 54
    53
    52
    51
    50
    49
    48
    47
    46
    45
    44
2 Montpellier [14/1/3/36] PSG [14/1/2/36] 43
    42
    41
    40
    39
    38
    37
    36
    35
    34
    33
    32
    31
    30
    29
    28
    27
    26
    25
    24
    23
4 Paris FC [6/4/8/-8] 22
5 Bordeaux [5/6/7/-11] 21
6 Soyaux [5/5/8/-15] 20
7 Guingamp [5/4/9/-14] 19
8 Fleury [5/3/9/-18] 18
9 Lille [4/5/9/-22] 17
10 Albi [4/4/10/-23] 16
11 Rodez [3/6/9/-27] 15
    14
    13
12 Marseille [3/3/12/-18] 12
Héloïse Mansuy

Héloïse Mansuy

Les scénarios par équipe

Compte tenu du nombre de possibilités qu’il reste à neuf équipes et quatre journées de la fin, les scénarios qui suivent partent du principe que Lyon, le PSG et Montpellier remporteront leurs matchs contre le reste du plateau. Lyon parce que Lyon et les deux autres parce qu’ils ne peuvent plus se permettre de laisser des points en route pour retrouver l’Europe. Mais un exploit contre l’une ou l’autre peut bouleverser les plans les mieux établis.

Paris FC

Avec sept points d’avance sur Rodez et dix sur Marseille, la présence de l’ancien Juvisy dans cette liste est essentiellement théorique. Mais il n’y a pas de cassure dans le peloton et le scénario catastrophe reste mathématiquement possible.

Il faudrait toutefois un très improbable concours de circonstance. D’abord parce qu’il faudrait que les Parisiennes perdent tous leurs matchs alors que leur problème est plutôt l’abus de matchs nuls. En dehors des matchs contre le trio de tête, les coéquipières de Clara Matéo n’ont perdu que deux fois, contre Guingamp et Marseille en douze matchs. Deux nuls ou une victoire assurerait le maintien.

Inès Jaurena

Inès Jaurena

Ensuite parce qu’il faudrait que l’ensemble du peloton passe devant simultanément ce qui impose une répartition savante des points. Rodez devrait par exemple prendre au moins neuf points en quatre matchs dont la réception de Lyon ce qui ne laisse que peu de marge. Un nul serait rédhibitoire parce que le Paris FC compte non seulement sept points d’avance mais a aussi l’avantage à la différence de buts particulière. Puis il faudrait que les autres prennent exactement le nombre de points nécessaires pour en laisser aux autres pour passer devant le PFC.

Probabilité de relégation : 1%

Bordeaux

Les Girondines n’ont qu’un point de moins mais sont nettement plus en danger. À cause de ce point donc, parce qu’elles ont moins d’expérience que les Parisiennes mais aussi parce que leur calendrier est beaucoup plus ardu avec les confrontations contre Montpellier et le PSG. L’an dernier, c’est bien à Charléty que les joueuses de Jérôme Dauba étaient allées chercher leur maintien mais les miracles ne se répètent pas toujours.

Delphine Chatelin face à Sarah Palacin

Delphine Chatelin face à Sarah Palacin

Ensuite, Bordeaux n’ayant pas l’avantage sur Rodez à la différence de but particulière, les Ruthénoises n’ont que six points à reprendre pour passer, ce qui leur laisse un joker et donne plus de possibilité de scénarios défavorables à Bordeaux dans les autres matchs.

Le risque est grand de voir Bordeaux encore à 21 points dans deux journées. Mais ce total pourrait bien suffire pour le maintien.

Probabilité de relégation : 5%

Soyaux

Un point plus bas et un calendrier plus difficile, Soyaux n’est pas en aussi bonne situation que sa sixième place pourrait le laisser penser. Les quatre adversaires qui se présentent sont tous mieux classés que les coéquipières de Justine Deschamps qui ne leur avait pris qu’un seul point (contre Bordeaux) lors des matchs aller.

Laura Bourgouin

Laura Bourgouin

Le principal atout des Charentaises reste leur classement qui obligerait quatre équipes situées entre un et cinq points derrière à les doubler.

Mais il y a fort à craindre qu’elles n’aient qu’une maîtrise très limitée de la situation et doivent s’en remettre aux résultats de leurs concurrentes.

Probabilité de relégation : 7%

Guingamp

Paradoxalement, la situation des coéquipières de Charlotte Lorgeré semble plutôt moins inconfortable que celle de leurs prédécesseuses charentaises. Avec quatre points d’avance sur Rodez, elles restent à un écart de plus d’une victoire de la zone rouge d’autant qu’elles ont l’avantage à la différence de but particulière qui en fait presque une avance de cinq points. Mais elles ont aussi un calendrier beaucoup plus favorable. Si Soyaux devra jouer contre des adversaires mieux classées, Guingamp n’affrontera que des équipes situées derrière.

Charlotte Lorgeré

Charlotte Lorgeré

La catastrophe reste possible mais la dynamique est favorable et le calendrier offre aussi l’avantage que chaque match peut quasiment suffire à assurer un avantage définitif au classement sur l’adversaire.

Probabilité de relégation : 6%

Fleury

À partir de Fleury, on arrive aux équipes qui peuvent se retrouver en un seul match dans la zone rouge. Les coéquipières de Maéva Clémaron ont un match de plus à jouer mais ce n’est sans doute pas un avantage parce que c’est contre le PSG et que le match de la prochaine journée – qui sera joué le 9 mai – sera la réception de Lyon. Il est vraisemblable que le déplacement à Rodez sera décisif. Une défaite en Aveyron transformerait les matchs contre Guingamp et le Paris FC en matchs couperets.

Daphne Corboz et Sarah Cambot

Daphne Corboz et Sarah Cambot

Un point joue en faveur de Fleury : après avoir perdu ses sept premiers matchs, l’équipe essonnienne n’en a plus perdu que deux depuis fin octobre soit neuf matchs dont celui contre Lyon. La défaite à Albi en mars est plus dommageable sur le plan comptable que sur la dynamique.

Probabilité de relégation : 11%

Lille

Autre promu, le LOSC n’est pas tout à fait là où on l’attendait après sa victoire 3-0 en ouverture du championnat contre Bordeaux. Et une défaite contre le même adversaire lors de la dernière journée pourrait l’envoyer en D2.

Jessica Lernon

Jessica Lernon

La situation est délicate avec un seul point d’avance sur Albi et deux sur Rodez (et même cinq seulement sur Marseille) et un calendrier qui – s’il n’est pas impossible – est difficile. Albi et Rodez s’affrontant dimanche, en cas de défaite à Guingamp Lille serait presque à coup sûr dépassé par l’une des deux1. La situation serait alors critique avec l’obligation de conserver une avance d’un ou deux points sur un seul adversaire en jouant contre le PFC, Montpellier et donc Bordeaux pour finir.

Probabilité de relégation : 15%

Albi

Mathématiquement les trois quarts du plateau sont donc concernés par la relégation mais le plus probable est bien sûr que Marseille descendra et que la deuxième place se jouera entre les deux voisins tarno-aveyronnais. Et justement Albi reçoit Rodez dimanche au stade Maurice-Rigaud. Le vainqueur de ce match fera un grand pas vers le maintien, surtout si c’est Albi. Les coéquipières de Kristina Pantelic compteraient alors quatre points d’avance et l’avantage à la différence de but particulière sur Rodez à trois matchs de la fin dont un Rodez-Lyon. Il faudrait donc deux victoires ruthénoises2 lors des deux autres matchs contre Fleury et Marseille pour mettre Albi en péril. Et encore, cela impliquerait une défaite de Fleury qui laisserait un avantage d’un point à Albi sur les Essonniennes à deux journées de la fin.

Laurie Saulnier

Laurie Saulnier

Une défaite ou un nul seraient par contre très problématiques. La défaite parce qu’elle permettrait à Rodez de passer devant mais un nul aussi parce que le calendrier d’Albi semble légèrement moins facile que celui de Rodez

Probabilité de relégation : 30%

Rodez

Les coéquipières de Manon Guitard sont déjà dans la zone rouge donc elles ne peuvent pas se maintenir en D1 sans doubler au moins une équipe et pour cela il leur faut prendre des points.

Un ne sera pas suffisant à cause de la confrontation directe contre Albi. Un seul point de pris signifierait un nul et donc l’écart resterait le même et il faudrait donc au poins un point de plus. Ensuite Albi est déjà devant à la différence de buts générale, cela ne devrait pas s’arranger avec le Rodez-Lyon de la dernière journée et il est donc à peu près certain qu’il faut au moins deux points pour passer devant.

Clara Noiran

Clara Noiran

Bref Rodez doit remporter au moins un de ses trois prochains matchs. Par chance les adversaires proposés sont trois des quatre autres équipes les plus mal classées ce qui permet d’une part d’espérer avoir de plus grandes chances de l’emporter, et d’autre part de faire coup double en cas de victoire dans ces matchs « à six points »3. Une victoire contre Albi ou Fleury obligerait quasiment l’adversaire en question à remporter un autre match pour repasser devant4. Et un nul contre l’un ou l’autre associé à une victoire contre Marseille serait presque aussi positif.

La situation de Rodez n’est donc pas désespérée et les Ruthénoises semblent avoir un peu plus leur destin en main que d’autres dans la mesure où elles ont des occasions plausibles pour aller chercher les points qui leur manquent. Mais leur saison s’arrêtera une journée avant les autres avec un dernier match qui ne devrait servir qu’à dégrader leur différence de buts générale.

Probabilité de relégation : 50%

Marseille

Les Phocéennes sont dernières et décrochées. Cela signifie qu’elles doivent doubler au moins deux équipes et qu’elles ont besoin d’au moins cinq points pour cela dans le meilleur des cas. En effet, le match Albi-Rodez va obligatoirement donner des points à au moins une de ces équipes et la dixième place sera au plus bas à 17 points dimanche soir (en cas de nul dans ce match ou de défaite lilloise).

Lalia Storti et Viviane Boudaud

Lalia Storti et Viviane Boudaud

Le problème marseillais est que sauf improbable exploit contre le PSG ou Lyon, il ne reste que deux matchs pour prendre ces cinq points qui sont nécessaires et même pas suffisants. Donc il faudra très vraisemblablement battre Rodez et Guingamp en espérant que deux autres équipes restent à traîner. Fleury ne sera sans doute pas de celles là, déjà à 18 points et en avance à la différence de buts particulière5 sur Marseille. Il ne reste donc que Lille, Albi et Rodez et le derby rouge et jaune fait qu’il sera sans doute difficile de doubler à la fois les deux équipes tarno-aveyronnaises et qu’il faudra donc sans doute devancer Lille.

En effet une victoire des Albigeoises les mettrait hors de portée et une victoire des Ruthénoises obligerait Marseille à les battre ensuite d’au moins deux buts pour rattraper le match aller à condition qu’elles aient entre temps perdu contre Fleury.

Marseille n’a plus son destin en main et devra compter sur les résultats des autres.

Probabilité de relégation : 75%

Les confrontations directes

À quatre journées de la fin et avec neuf équipes en jeu, les cas d’égalités à trois ou quatre sont encore possibles (même si en pratique, les égalités à trois qui peuvent avoir un intérêt pour le maintien sont déjà rares et ceux à quatre quasiment inexistants) mais ils sont de toute façon encore très indécis avec le nombre de matchs qu’il reste à jouer.

Léa Declercq

Léa Declercq

Le tableau suivant récapitule les résultats entre les équipes concernées et précise les équipes qui ont l’avantage à la différence de but particulière dans les confrontations deux à deux.

Résultats des confrontations directes
Alb Bor Fle Gui Lil Mar PFC Rod Soy
Albi 0-1 1-0 2-0 0-0 0-2 4-4 0-1 0-1
Bordeaux 3-1 3-3 1-1 1-0 2-3 1-1 0-0
Fleury 0-1 0-1 0-2 1-2 2-1 1-5 2-0 1-0
Guingamp 1-1 0-1 1-2 1-0 2-2 3-1 1-0
Lille 1-1 3-0 2-2 1-1 1-1 1-1 0-2 2-0
Marseille 1-2 1-0 0-1 0-0 0-2 1-0 0-0
Paris FC 1-0 1-1 1-3 2-0 2-1 4-0 2-1
Rodez 0-0 2-2 1-0 1-1 2-1 4-2 0-0 1-1
Soyaux 1-1 2-1 1-2 2-1 2-1 3-2
Différence de buts particulière à l’avantage de l’équipe à domicile (en ligne)
Différence de buts particulière à l’avantage de l’équipe à l’extérieur (en colonne)
Pas d’avantage à la différence de buts particulière alors que les deux matchs ont été joués
Justine Deschamps

Justine Deschamps

Kristina Pantelic

Kristina Pantelic



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