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Huitième journée de D1 2016-2017 – Le péché d’orgueil de Juvisy

La huitième journée de D1 est marquée par la première victoire de Marseille, obtenue contre Juvisy qui abandonne sans doute définitivement là ses chances de podium. Malgré plusieurs joueuses à la Coupe du monde M20, Juvisy n’avait pas demandé le report de ce match.

Le reste des favoris s’est imposé assez aisément même si la victoire lyonnaise contre la lanterne rouge messine est pour l’instant la plus courte de la saison.

Marion Torrent (Montpellier) face à Fanny Hoarau et Marine De Sousa (Rodez)

Marion Torrent (Montpellier) face à Fanny Hoarau et Marine De Sousa (Rodez)

Les deux premiers de D1 n’ont pas connu de problème lors de la huitième journée de D1. Lyon a réalisé une petite performance à son échelle en ne l’emportant « que » 3-0 face à Metz, dernier et habitué à perdre sur des scores plus importants. Quatre jours après son écrasante victoire à Zürich, le leader de D1 présentait une équipe remaniée et ne menait que d’un but à la mi-temps, grâce à l’opportunisme de Camille Abily. L’entrée de Dzsenifer Marozsán à la pause permettait d’alourdir le score : l’Allemande était avant-dernière passeuse pour Amel Majri qui servait Ada Hegerberg pour le deuxième but et donnait elle-même le ballon du troisième à Wendie Renard sur corner – une action appelée à devenir un classique.

Le PSG n’a eu que trois jours pour se remettre de sa qualification européenne et Patrice Lair n’avait pas beaucoup de solutions à sa disposition entre la Coupe du monde M20 et l’absence de Cristiane. Hormis la titularisation de Marie-Laure Delie à la place de la Brésilienne1, c’est donc la même équipe qui se déplaçait au Bouscat pour affronter Bordeaux.

Le PSG était la deuxième équipe de tête affrontée par les Girondines qui avaient largement cédé contre Lyon. Il n’y a pas eu de miracle non plus cette fois. Dès l’entame, Ouleymata Sarr obtenait un pénalty pour une faute d’Emmanuelle Saboulard. Sabrina Delannoy se chargeait de le transformer. Verónica Boquete, Ouleymata Sarr et Erika alourdissaient le score avant la pause. Puis après un but de Marie-Laure Delie, Sarah Palacin entrée peu de temps auparavant marquait son premier but sous les couleurs du PSG.

Pour les promues de Metz et de Bordeaux, ces résultats sont simplement conformes aux prévisions. Les premières sont en difficultés mais cela ne tient pas à ce match qui est plutôt un bon résultat, surtout en l’absence d’Héloïse Mansuy et de Juliane Gathrat, retenues en Papouasie. Bordeaux reste calé en milieu de peloton et ira chercher les points nécessaires à son maintien dans des matchs plus abordables.

Rodez se saborde en deuxième mi-temps

La journée avec commencé la veille avec le déplacement de Rodez à Montpellier. L’équipe ruthénoise, révélation de la saison dernière est beaucoup plus à la peine cette année. Cela se traduit en particulier par une rotation très importante de l’effectif là où Sébastien Joseph avait pu s’appuyer sur une équipe type très stable la saison passée. Et la nouvelle grave blessure d’Anne-Sophie Ginestet n’a rien arrangé. Depuis deux journées, ce sont donc les cadres Deborah Garcia et Flavie Lemaître mais aussi Charlène Farrugia et les jeunes Élise Bonet et Océane Daniel qui sont entrées dans l’équipe à la place d’Anne-Sophie Ginestet, de Cathy Couturier partie elle-aussi à l’autre bout du monde mais aussi de Julie Niphon, Sofia Guelatti et Clara Noiran, signe d’un entraîneur qui cherche la bonne formule. Contre Montpellier, Solène Barbane débutait même sur le banc.

Jean-Louis Saez dispose d’une effectif plus conséquent qui lui permet de se passer de Sakina Karchaoui, Marion Romanelli, Marie-Charlotte Léger et Valérie Gauvin tout en laissant sur le banc Anouk Dekker et de titulariser malgré cela neuf internationales de différents pays. L’une des deux autres2 est l’ancienne Ruthénoie Marine Haupais, titulaire face à ses anciennes coéquipières dans une défense à trois aux côtés de Laura Agard et Linda Sembrant.

La première mi-temps était copieusement dominée par l’équipe locale qui ouvrait rapidement le score par Sofia Jakobsson, gâchait plusieurs occasions et doublait la mise grâce à Laetitia Tonazzi pour atteindre la pause avec un avantage qui semblait suffisant.

Sofia Jakobsson double buteuse contre Rodez

Sofia Jakobsson double buteuse contre Rodez

Au repos, Sébastien Joseph changeait ses batteries en faisant entrer Océane Saunier et Clara Noiran à la place de Marine De Sousa et de Fanny Hoarau et le résultat était immédiat : Montpellier conservait globalement la possession de balle mais Rodez n’était plus acculé sur ses buts et développait de beaux mouvements. À l’heure de jeu, Océane Saunier trompait Laetitia Philippe et un retour ruthénois devenait possible.

Mais en moins de dix minutes, deux erreurs défensives douchaient les espoirs des Rafettes. Sur un ballon récupéré dans son camp, Montpellier lançait d’abord une contre-attaque éclair conclue par Sofia Jakobsson. Puis Audrey Cugat déviait dans son but un centre qui se dirigeait en sortie de but.

À 4-1, Rodez ne cherchait plus qu’à en rester là et la fin de match était moins palpitante. Montpellier a pris les points dont il avait besoin mais Rodez commence peut-être à trouver la solution.

Guingamp-Saint-Étienne RAS

Guingamp et Saint-Étienne partagent la caractéristique d’avoir deux joueuses sélectionnées pour la Coupe du monde papoue mais de n’avoir pas la possibilité de demander le report des matchs de D1 parce que les gardiennes Jade Lebastard et Mylène Chavas sont trop jeunes3. Guingamp est aussi désormais privé de sa buteuse Desire Oparanozie partie disputer la CAN au Cameroun (ainsi que de sa compatriote Evelyne Nwabuoku qui manquera moins). L’opposition entre les deux équipes s’est achevée sur un score de 0-0 qui permet à chacune de rester sur ses position mais pas de profiter des résultats (ou absence de résultat) des autres équipes de milieu de tableau.

Marseille pour une première

Dans la lutte pour le ventre mou, Soyaux était au repos, son match contre Albi étant reporté. Il s’agissait cette fois de la seule rencontre remise, Juvisy n’ayant pas fait la demande pour son match à Marseille contrairement à celui contre Saint-Étienne de la journée précédente.

Il n’y a pas de raison officiellement invoquée, cela tient sans doute au fait d’éviter d’avoir trop de match en retard et une trop longue période d’inactivité. Jouer affaibli contre un promu qui n’avait jusque là pas remporté le moindre match était un pari qui pouvait se tenter. Mais il est perdu.

Juvisy n’a pas la profondeur de banc de Montpellier. À Marseille, toutes les remplaçantes juvisiennes – en dehors de Marina Makanza qui n’est pas encore vraiment en condition – portaient des numéros au-delà de trente, ceux des joueuses qui n’ont pas de numéro fixe. Et non seulement Amira Ould-Braham, Catherine Karadjov et Élise Legrout occupaient le banc mais Lena Jouan était même titularisée avec le numéro 34.

En plus des absences de Clara Matéo, Théa Gréboval et Estelle Cascarino, Emmanuel Beauchet était privé d’Inès Jaurena et Charlotte Bilbault. Il optait pour un système qui sur le papier devait être un 4-1-4-1 mais qui a plutôt ressemblé à un 4-2-3-1 avec Gaëtane Thiney en milieu relayeuse quasiment sur la même ligne qu’Annaïg Butel tandis que le côté gauche était occupé par Léa Declercq devant Lena Jouan.

Durant la première demi-heure, Juvisy peinait à mettre son jeu en place et Marseille faisait largement jeu égal. Deux événements allaient changer la donne. Sur un débordement côté gauche, Camille Catala centrait en retrait hors de portée de Pauline Peyraud-Magnin mais pas de Tatiana Coleman qui ouvrait le score. Et Léna Jouan était remplacée par Amira Ould-Braham qui prenait le côté droite de la défense, Julie Soyer passant à gauche. Le dernier quart d’heure de la première mi-temps était totalement à l’avantage des visiteuses qui ne parvenaient pourtant pas à aggraver le score.

Marseille, meilleur contre les tenors

Depuis le début de saison, Marseille a semblé plus à son aise dans les grosses affiches ne perdant que d’un but contre le PSG et réalisant une bonne prestation contre Lyon malgré la lourde défaite. Seul le match contre Montpellier avait été raté. L’effectif marseillais est certainement beaucoup plus talentueux que celui de Bordeaux mais contrairement aux Phocéennes, les Girondines semblent avoir intégré que leur maintien se jouera dans les matchs contre les équipes de milieu et de bas de tableau. Toutefois, on n’oubliera pas que Bordeaux a remporté ses deux victoires contre Albi et Metz que Marseille n’a pas encore affronté.

La plupart du temps une équipe dont le profil est de réaliser de bons matchs contre les meilleurs et de s’oublier contre les autres est en mauvaise posture parce qu’elle ne prend de points ni dans un cas ni dans l’autre4.

Marseille vient cette fois d’ajouter la victoire à son « bon match contre une équipe de tête » ce qui lui offre un joker pour le maintien.

Privé de sa capitaine Caroline Pizzala mais avec les retours de Nora Coton-Pélagie et Sandrine Brétigny, Marseille se présentait également avec Charlotte Lozé, Sara Yuceil et la jeune Maëlle Lakrar dont c’était la première titularisation en D15.

Sandrine Brétigny

Sandrine Brétigny

Christophe Parra semble chercher encore la bonne formule pour son équipe mais il pourrait bien l’avoir trouvée. Car si Juvisy restait plutôt dominateur, la défense marseillaise était peu mise en danger en début de deuxième mi-temps. Et sur un corner de Charlotte Lozé, Nora Coton-Pélagie (1m64) égalisait de la tête. Et dix minutes plus tard, Sandrine Brétigny profitait d’une action où Céline Deville avait dû sortir de son but pour la lober et donner l’avantage à ses couleurs.

La fin de match était une sorte d’attaque-défense mais Juvisy ne se procurait que peu d’occasions, arrêtées par Pauline Peyraud-Magnin qui comme son équipe sait se transcender pour ce type de match. Mais cette fois ses parades permettent de prendre les trois points et pas seulement de limiter le score.

Malgré le score défavorable, le seul changement juvisien est resté celui de latérale en première mi-temps, ni Élise Legrout au milieu, ni Catherine Karadjov devant ne sont entrées.

Une joueuse dans le match

Ancienne Juvisienne, Sandrine Brétigny n’avait pas encore marqué en D1 avec Marseille. Suspendue en début de saison et au repos lors des derniers matchs, il ne s’agissait contre Juvisy que de sa troisième titularisation après les matchs contre Soyaux et Lyon (et une entrée contre Montpellier). Des matchs contre le quatuor de tête, elle n’aura donc manqué – sur suspension – que le match contre le PSG. C’est le signe que son statut est différent à Marseille de ce qu’il était à Lyon, Francfort ou Juvisy où elle voyait souvent les matchs au sommet depuis le banc. Pourtant le but du jour rappelle qu’elle n’est pas seulement encore la détentrice du record de buts sur une saison de D1 – 42 en 2006-2007 – mais qu’elle sait aussi marquer dans les gros matchs pour peu qu’elle foule la pelouse. Avec le but de Laetitia Tonazzi la veille, les « anciennes » sont encore là.

Résultats

Albi-Soyaux : reporté

Bordeaux-PSG 0-6 : Delannoy 3′, Boquete 30′, Sarr 42′, Erika 44′, Delie 58′, Palacin 66′

Guingamp-Saint-Étienne 0-0

Lyon-Metz 3-0 : Abily 36′, Hegerberg 54′, Renard 87′

Marseille-Juvisy 2-1 : Coton-Pélagie 50′, Brétigny 62′ ; Coleman 29′

Montpellier-Rodez 4-1 : Jakobsson 7′, 64′, Tonazzi 38′, Cugat 69′ (csc) ; Saunier 59′

Laetitia Tonazzi

Laetitia Tonazzi

Classement

Place Nom Pts J G N P Bp Bc Diff
1 Lyon 24 8 8 0 0 50 2 48
2 PSG 21 7 7 0 0 19 0 19
3 Montpellier 18 7 6 0 1 22 3 19
4 Juvisy 12 7 4 0 3 23 6 17
5 Guingamp 11 8 3 2 3 10 18 -8
6 Saint-Étienne 9 7 2 3 2 13 10 3
7 Soyaux 8 7 2 2 3 9 19 -10
8 Bordeaux 8 7 2 2 3 7 21 -14
9 Rodez 6 8 1 3 4 9 27 -18
10 Marseille 5 8 1 2 5 7 22 -15
11 Albi 3 6 1 0 5 1 16 -15
12 Metz 0 8 0 0 8 0 26 -26


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