Ni buts ni soumises » Les Jeux avant l’Euro

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Les Jeux avant l’Euro

Après deux victoires sur la Roumanie et l’Ukraine, la France est désormais qualifiée pour l’Euro 2017 aux Pays-Bas. On n’en attendait pas moins. Mais ce sont les Jeux Olympiques qui sont dans toutes les têtes à quelques jours du tirage au sort. D’ailleurs les prestations n’ont été lues qu’à l’aune de la future sélection pour Rio. Et l’on s’achemine sans doute vers une évolution du système de jeu des Bleues.

Six victoires en six matchs, vingt buts marqués, aucun encaissé, les Bleues sont qualifiées à deux matchs de la fin des éliminatoires. Le bilan comptable est évidemment parfait mais c’est une habitude dans un contexte aussi hétérogène : l’adversaire le plus huppé était l’Ukraine, 23e au classement Fifa. Et sur les huit groupes de qualification, deux seulement sont menés par des équipes qui n’ont pas remporté tous leurs matchs à l’heure actuelle. Si la France est la première qualifiée, c’est parce qu’elle est la première à avoir joué six matchs.

La victoire contre la Roumanie a été le résultat d’un match assez médiocre et les Bleues n’ont fait qu’un seul vrai carton dans cette poule en battant l’Albanie 6-0, là où elles avaient l’habitude d’en faire plutôt trois ou quatre par campagne éliminatoire1. On ne négligera pas les explications propres à l’équipe de France elle-même mais on notera néanmoins qu’il y a sans doute un resserrement des valeurs et que d’autres ont aussi eu des difficultés. L’Angleterre a concédé le nul à domicile face à la Belgique, équipe classée cinq rangs derrière l’Ukraine et n’a écrasé que 1-0 la Bosnie-Herzégovine, 62e mondiale. La Norvège s’en est tiré sur le même score face à l’Autriche (25e) et à Israël (55e). Même la grande Allemagne éprouve des difficultés face à la Croatie (55e, 1-0 à l’aller, 2-0 au retour). Mais elle fait certes des cartons dans ses autres matchs contre la Turquie et la Hongrie.

Le rayon de soleil ukrainien

Le match contre l’Ukaine remporté 4-0 a été nettement plus enjoué. Il a été l’occasion de voir une mise en place différente du traditionnel 4-4-2 de Philippe Bergerôo. Toutefois le système appliqué en 4-2-3-1 n’est pas totalement nouveau et plusieurs indices montrent que c’est la manière dont les Bleues devraient jouer à Rio. En effet depuis le début de l’année 2016, c’est le plus souvent dans cette organisation que la France a été alignée, en général avec Louisa Necib au poste de meneuse de jeu (contre la Norvège, l’Allemagne et l’Angleterre). Il y a là sans doute la volonté de placer la Marseillaise de l’OL au poste qu’elle préfère2 mais c’est aussi un ajustement qu’on pouvait déjà voir depuis les matchs qui ont suivi la Coupe du Monde où Eugénie Le Sommer a souvent joué beaucoup plus en soutien de Marie-Laure Delie qu’au même niveau qu’elle.

Kheira Hamraoui, l'une des meilleures joueuses contre l'Ukraine

Kheira Hamraoui, l'une des meilleures joueuses contre l'Ukraine

La véritable nouveauté réside en fait dans le nom des joueuses qui ont occupé les postes offensifs axiaux. Jamais depuis la Coupe du Monde Eugénie Le Sommer n’avait été alignée comme cela en pointe et Camille Abily a toujours joué un cran plus bas. À coup sûr, il s’agit pourtant du meilleur poste des deux joueuses. Mais Philippe Bergerôo comme tout sélectionneur sait qu’on ne peut pas placer tout le monde à son meilleur poste.

L’autre enseignement de ce match contre l’Ukraine, outre la très bonne prestation d’Amel Majri sur l’aile gauche et le retour (un peu moins flamboyant) de Kenza Dali à droite, aura bien sûr été les débuts de Sakina Karchaoui. Déjà appelée pour la SheBelieves Cup en remplacement de Laure Boulleau, elle avait dû déclarer forfait. À nouveau remplaçante de la Parisienne, elle a cette fois pu participer au stage. Et ses séance d’entraînement, auxquelles ont sait que Philippe Bergerôo attache beaucoup d’importance, on dû être convaincantes puisqu’elle a été titularisée, honneur auquel toutes les nouvelles joueuses appelées n’ont pas droit.

Pas de bouleversement à prévoir dans les 18

Pour autant elle ne va sans doute pas bousculer une hiérarchie particulièrement bien établie. En premier lieu parce qu’elle évolue à un poste où Laure Boulleau est indiscutable tout comme Amel Majri qui dans l’esprit du sélectionneur couvre tout le flanc gauche. Sauf blessure on ne devrait pas sortir de la liste prévue depuis plusieurs mois3. Mais il y a sans doute plus de possibilités pour les quatre places de réservistes, sans compter qu’il peut y avoir des blessures d’ici au mois d’août.

La question de l’état de santé des troupes sera d’ailleurs très importante. Amandine Henry n’a pas joué en équipe de France cette année, Wendie Renard et Laure Boulleau contre la Norvège seulement, Laura Georges contre les États-Unis et l’Angleterre. Eugénie Le Sommer commence seulement à revenir après une saison post Coupe du Monde difficile.

Mais il reste quatre mois d’ici au premier match aux Jeux Olympiques, dont un et demi de repos et de préparation. Il est à peu près certain qu’avec tout le monde disponible et en forme, l’équipe de France sera plus compétitive4. Le verre à moitié plein, c’est qu’on peut attendre une équipe au niveau d’un troisième mondial à Rio une fois tout le monde en jambe. Le verre à moitié vide, c’est que les Bleues n’ont sans doute pas les moyens de se passer de trop de leurs meilleures joueuses. Mais c’est sans doute le lot de la plupart des équipes (sauf l’Allemagne).

L’impatience avant le tirage au sort

Désormais la prochaine étape sera le tirage au sort des groupes des Jeux Olympiques. Comme d’habitude, il y aura trois groupes de quatre équipes dont les deux premiers et les deux meilleurs troisièmes passeront en quart de finale. Comme pour la Coupe du Monde, il faudra donc non seulement s’attacher au groupe dans lequel tombera la France –sur le papier il n’y a pas de groupe de la mort possible pour les Bleues sauf si elles descendaient à un niveau où de toute façon elles n’auraient pas de rôle à jouer dans la compétition – mais surtout quel parcours cela induit pour la suite.

Par exemple le premier du groupe G5 affrontera un troisième de groupe en quart de finale et éventuellement le vainqueur du duel des autres seconds en demi-finale. Dit autrement, en tombant dans le groupe G avec le Brésil6 et en finissant premières, les Bleues pourraient imaginer éviter les États-Unis et l’Allemagne jusqu’à la finale.

Cependant si le Brésil est effectivement dans le groupe G, la France finissant deuxième (derrière l’Allemagne ou les États-Unis donc) de l’un des autres groupes se retrouverait dans le même type de tableau composé uniquement d’équipes moins bien classées. Bref, ce que les Bleues doivent attendre du tirage au sort, c’est que le Brésil soit dans le groupe G. À cette condition, elles auront un chemin vers la finale qui ne les obligera pas à battre une équipe mieux classée.

À l’opposé, dans un groupe G comprenant les États-Unis et si l’Allemagne est dans le groupe F, on pourrait se retrouver avec un nouveau quart de finale Allemagne-France. Bien entendu, tout cela n’est que supputation : la France peut parfaitement battre les États-Unis ou perdre contre la Colombie. Mais l’expérience prouve que moins on rencontre d’équipes plus fortes que soi, plus on a de chances d’aller loin.

Les chapeaux

Trois équipes sont têtes de série : Brésil, Allemagne et États-Unis. La France est dans le deuxième chapeau en compagnie de la Suède et de l’Australie. Comme il ne peut pas y avoir deux équipes européennes dans le même groupe, l’Australie sera dans celui de l’Allemagne.

Le troisième chapeau est composé du Canada, de la Chine et de la Nouvelle-Zélande, trois équipes aux niveaux assez proches et qui se différencieront surtout sur la forme du moment. Enfin, le quatrième chapeau sera composé de la Colombie, de l’Afrique du Sud et du Zimbabwe. La France a payé pour savoir qu’on peut toujours perdre contre ce genre d’équipes mais là encore une défaite dans un match à enjeu contre l’une de ces équipes serait seulement le signe que l’équipe ne doit pas se bercer d’illusions.

Sakina Karchaoui

Sakina Karchaoui

Mise à jour du 14 avril : Le Brésil est placé d’office dans le groupe E, ce qui fait que les États-Unis et l’Allemagne ne sont pas dans la même moitié de tableau. Le tirage au sort revêt donc moins d’importance pour les Bleues même s’il serait sans doute toujours préférable de tomber dans le groupe du Brésil qui assure à son vainqueur d’affronter un troisième en quart de finale, et à son second un autre second.



3 commentaires pour “Les Jeux avant l’Euro”

  1. J’aimerai bien voir jouer Griedge Mbock avec l’équipe réserve de Lyon. Je précise avec la CFA , ou autrement dit, avec les garçons ! Elle donne l’impression même en équipe de France, de jouer avec et contre des minimes. Du même niveau que la canadienne Buchanan. Exceptionnel. Avec Windie Renard, Mbock forme la meilleure défense centrale au monde et de loin.

  2. Espérant, hérité de la Colombie, la Chine et les USA? pour être éliminé dès la phase de poule et faire dégagé Bergerôo.
    Quand on voit les USA, et l’Allemagne avec Ellis et Neid qui ne savent pas où donner de la tête et nous qui 6 mois avant les JO on à déjà la liste des18. Avec des attaquantes qui servent à rien, elles n’ont pas marqué depuis 6 matchs…

    Le Bihan il y a très peu de chance de la voir. N’a toujours pas repris avec l’EAG, alors qu’il ne reste que 3 match. Cela se jouera entre Lavogez et Dali avec une avance pour Lavogez du fait de la CM.

  3. Pas de bol: c’est la configuration Allemagne-France qui se profile vu le tirage d’aujourd’hui!!

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