Ni buts ni soumises » D1, Pas de révolution en vue

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D1, Pas de révolution en vue

On ne devrait pas encore assister cette saison à des révolutions dans le classement. Les favoris sont les mêmes que d’habitude dans le même ordre et la quasi totalité des autres se battra pour le maintien, avec au premier rang les promus.

On observera toutefois avec intérêt la poursuite de l’internationalisation de la D1 et l’émergence de la nouvelle génération qui devrait s’affirmer pour la Coupe du monde 2019 à domicile.

Enfin, la deuxième division sera au contraire âprement disputée, encore plus que d’habitude puisque qu’elle passera de trois à deux groupes et que la moitié du plateau sera donc reléguée à l’issue de la saison.

Pauline Bremer

Pauline Bremer

L’intersaison n’a pas vraiment donné l’impression que la lutte pour les première places pourrait être très différente de celle des dernières saisons. Très tôt, Lyon s’est renforcé avec trois très jeunes internationales en route pour la Coupe du monde (Claire Lavogez, Griedge Mbock et l’Allemande Pauline Bremer) et le retour d’Aurélie Kaci, la joueuse à tout faire. Dans le même temps, l’équipe de Gérard Prêcheur ne perdait que Lara Dickenmann et Élise Bussaglia parties à Wolfsbourg. Les autres départs sont anecdotiques puisque ni Mélissa Plaza, ni Makan Traoré, ni Noémie Carage n’ont foulé la pelouse plus d’une heure en D1 l’an dernier.

Le PSG entame un nouveau cycle

Au contraire, le PSG a d’abord semblé se dépeupler. De la dizaine de joueuses recrutées en 2012 pour lancer le nouveau cycle avec Farid Benstiti aux commandes, il en restait sept la saison dernière. Karima Benameur, Annike Krahn, Linda Bresonik et Aurélie Kaci partent et l’incertitude à régné un instant sur la prolongation de Shirley Cruz. Finalement la Costaricienne a rempilé pour assurer la continuité du projet tout comme Kheira Hamraoui, Kosovare Asllani et Lindsey Horan (et bien sûr les joueuses qui étaient là avant même que le PSG ne vise aussi haut, Sabrina Delannoy, Laure Boulleau, Jessica Houara et Kenza Dali).

À ces départs venaient s’ajouter l’arrêt maternité de Fatmire Alushi, sans doute le départ le plus pénalisant puisqu’en dehors d’Aurélie Kaci, les autres étaient plutôt remplaçantes.

Mais pendant longtemps, la seule recrue a été l’Allemande Anja Mittag, faisant de la profondeur de banc qui était une force du PSG l’an dernier un point faible. Avec l’arrivée des internationales brésiliennes Erika et Cristiane et la promotion de plusieurs jeunes joueuses du club, l’équilibre semble revenu, témoin les trois matchs nuls obtenus en préparation par l’équipe parisienne contre le Bayern, Wolfsbourg et Potsdam.

Au contraire, l’OL a inquiété en finale de la Valais Cup en concédant la défaite face au Bayern 3-1. Cela ne semble pas remettre fondamentalement en cause la hiérarchie entre les deux équipes qui devraient encore se partager les places européennes, et qui viseront également la victoire en Ligue des Championnes.

Montpellier vise le podium

Un changement qu’on peut attendre dans la hiérarchie concerne la troisième place. La saison dernière, Juvisy a conservé une place sur le podium qui ne lui a échappé qu’une fois en dix ans. Mais la fin de saison a été difficile avec une triple défaite contre Montpellier et une autre contre Guingamp : les Essonniennes n’ont conservé leur troisième place qu’à la faveur de la mise en route laborieuse de leurs concurrentes Héraultaises et Costarmoricaines.

Pour y remédier, Juvisy a changé d’entraîneur, Emmanuel Beauchet prenant la place de Pascal Gouzènes et a légèrement ajusté son effectif perdant principalement Sandrine Brétigny (plus Nadia Benmokhtar et Aude Moreau qui avaient peu joué l’an dernier) et en attirant Charlotte Bilbault de Soyaux et Sophie Vaysse de Rodez. Karima Benameur arrive également pour concurrencer Céline Deville et l’Américaine Tatiana Coleman sera le pari de la saison au poste d’avant-centre.

Mais Montpellier – qui avait fini très fort avec les victoires contre Juvisy et en faisant jeu égal avec Lyon en finale de la Coupe – s’est très habilement renforcé. Claire Lavogez et Marina Makanza sont parties mais elles ont été remplacées par deux joueueses vues à la Coupe du monde : l’Espagnole Virginia Torrecilla en provenance de Barcelone et la Brésilienne Andressa Alves1 passée par les Boston Breakers. En sus, l’équipe de Jean-Louis Saez a su attirer deux des plus sûrs espoirs du football français, la latérale droite Marion Romanelli et l’attaquante Marie-Charlotte Léger, deux joueuses qui ont sans doute une carte à jouer pour les jeux de Rio.

Marion Romanelli avec Albi

Marion Romanelli avec Albi

Autre recrue, l’ancienne Lyonnaise Laura Agard revient dans un club où elle avait déjà joué entre 2006 et 2009, déjà en provenance de Toulouse.

Ce recrutement mais aussi la volonté afficher de professionnaliser le club font de Montpellier non seulement un favori pour la troisième place, mais pourquoi pas un outsider pour l’une des deux premières si l’un des favoris s’oublie un match ou deux. Le calendrier qui propose un PSG-Montpellier et un Lyon-PSG aux troisièmes et quatrièmes journées pourrait décanter assez vite la situation. Mais Lyon-Montpellier est programmé pour la dernière journée de la saison (en même temps que PSG-Juvisy).

Guingamp en chasse-patate

La situation de Guingamp est plus incertaine : avec les départs ou arrêts de Charlène Gorce, Audrey Février, Maud Hurault, Ellie Hamon, Fatoumata Baldé et surtout Griedge Mbock, l’équipe bretonne a perdu une bonne partie de son équipe type. Le recrutement des Stéphanoises Alice Benoit, Julie Debever et Charlotte Lorgeré et des Lyonnaises Mélissa Plaza et Noémie Carge est séduisant sur le papier, surtout en complément des jeunes joueuses déjà présentes au club mais il faudra que la mayonnaise prenne et le plus probable est que Guingamp restera seul sur sa planète, derrière le quatuor de tête mais hors de portée du reste du peloton.

Le maintien au menu de la moitié du plateau

Comme d’habitude, plus de la moitié du plateau sera concernée pendant une grande partie de la saison par la lutte pour le maintien. Les quatre équipes qui étaient déjà en D1 l’an dernier ont choisi deux voies différentes pour cette aventure. Albi et Saint-Étienne ont profondément remanié leur effectif alors que Soyaux et Rodez sont restés dans la continuité.

Albi et Saint-Étienne, le grand chambardement

Les Vertes ont perdu 9 joueuses de leur rotation dont plusieurs titulaires parties en D2 comme Nora Coton-Pélagie et Léonie Multari parties à Marseille (avec Barbara Bouchet), Caroline Audemar et Julie Perrodin qui sont à Claix devenu Grenoble et Amandine Soulard attirée par l’ambitieux projet de Dijon.

Pour compenser, Julie Peruzzetto arrive d’Albi, Pauline Peyraud-Magnin d’Issy, Ophélie Brevet revient et le club fait quelques paris comme Sebe Coulibaly et Namnata Traoré de Tremblay, Éloïse Varlet de Marseille et Sanaa Titraoui de l’équipe M19 de Lyon. Et la Suédoise Maria Karlsson2 arrive du Bardolino Vérone. Mais le meilleur coup de Saint-Étienne est sans doute d’avoir conservé Sabrina Viguier et Sarah Palacin.

De la même manière, Albi a perdu ses historiques Julie Peruzzetto et Christine Gazzin, ses Américaines Catherine Fitzsimmons et Caroline Brown ainsi que d’autres titulaires comme Marion Romanelli, Gladys Boilard ou Alexia Trévisan. Au total, 11 joueuses ont quitté le club, mais 13 sont arrivées. Albi s’est beaucoup servi à Toulouse (5 joueuses dont la prometteuse Laura Condon) et a attiré deux Taiwanaises Lin Man-ting qui arrive du Real Valladolid et Tseng Chu O, passée par Saint-Étienne en 2013 sans impressionner particulièrement.

Soyaux et Rodez dans la continuité

Soyaux reste sur deux 6e place mais avec respectivement 4 et 7 points d’avances seulement sur la relégation. Pour tenter de rester en tête de ce peloton, le club a misé sur la stabilité. La capitaine historique Marina Pascaud a arrêté (tout comme Jennifer Maier, autre joueuse historique du club mais qui n’avait plus beaucoup de temps de jeu) et Charlotte Bilbault est partie à Juvisy. Tout le reste de l’effectif est resté, complété par les Yzeuriennes Mégane Catalano et Allison Blais, l’Isséenne Solenne Ninot, la Condéenne Kaya Ipek et la Guingampaise Maud Hurault. Le problème sera de trouver rapidement la bonne formule en défense centrale où jouaient des deux partantes mais pour le reste, les coéquipières d’Amandine Guérin et de Laura Bourgouin ont déjà une base solide.

Amandine Guérin

Amandine Guérin

De même, Rodez a perdu Maeva Buscaylet, Sophie Vaysse et Anaïs Ribeyra, remplacées par trois Toulousaines, Chloé Bornes, Manon Alard et Solène Barbance de retour sur ses terres. Le RAF a également attiré deux titulaires de l’équipe d’Aurillac-Arpajon en D2, Océane Saunier et Sofia Guellati, ainsi que l’internationale des moins de 16 ans Laura Rueda. On pourra presque considérer comme une recrue Stéphanie De Revière dont la saison dernière s’est achevée sur blessure dès la quatrième journée. Comme en Charente, on ne devrait pas perdre trop de temps à chercher des automatisme dans l’Aveyron, et ce bien que l’entraîneur Nicolas Bach soit retourné en Isère, laissant sa place à Sébastien Joseph.

Des promus expérimentés

Deux des trois promus possèdent une riche histoire dans l’élite. La VGA Saint-Maur3 est resté près de 20 ans le club le plus titré de France avec 6 titres de champion entre 1983 et 1990, rejoint seulement par Juvisy en 2006 et dépassé par Lyon en 2007. L’ESOF La Roche4 ne possède pas ce palmarès mais a longtemps fait partie de l’élite, et était même (avec Toulouse, Lyon et Juvisy) le quatrième membre du quatuor de tête avant que Montpellier-Le Crès ne devienne Montpellier HSC en 2001 et ne s’empare de cette place.

Pourtant, le promu qui semble le plus expérimenté pour la D1 est sans doute celui qui la découvre pour la première fois. Le club de Nîmes n’a jamais connu l’élite, mais ce n’est pas le cas de son effectif : Élodie Lizzano, Zohra Ayachi, Nora Hamou Maamar, Marine Pervier ont régulièrement joué en D1 (en particulier à Montpellier), d’autres ont joué quelques matchs et Ludivine Diguelman et Élodie Ramos sont deux des joueuses les plus expérimentées en activité. C’est sans doute la raison pour laquelle Nîmes est l’une des équipes qui ont le moins fait évoluer leur effectif : Laurie Saulnier et Audrey Gaillardet sont arrivées de Monteux, Laetitia Massies et Mélanie Bussi sont parties et pour le reste, on retrouvera l’équipe de l’an dernier, qui n’avait pourtant pas largement dominé son groupe.

Saint-Maur au contraire n’avait pas fait dans le détail avec 22 victoires en 22 matchs. C’est sans doute la raison pour laquelle la VGA est l’équipe la plus stable : Francine Zouga est arrivée de Suisse où elle avait fini la saison après son passage à Montpellier et c’est tout. L’expérience est nettement moins importante qu’à Nîmes : plusieurs joueuses ont goûté à la D1, soit comme titulaires comme Kani Konté à Issy en 2013 ou Lilia Boumrar à Vendenheim en 2012, soit en faisant des apparitions comme Mélodie Carré au Mans et à Yzeure, Marianne Amaro au PSG, Céline Chatelain à Montigny et Issy, Mélissa Gomes et Stéphanie Léocadie à Juvisy, Leila Meflah à Vendenheim ou Inès Kore à Issy. Mais aucune n’a durablement joué en D1 (et aucune n’y a joué plusieurs saisons consécutives, rares sont celles qui y ont joué plusieurs saisons tout court).

Kani Konté en D1 sous le maillot d'Issy

Kani Konté en D1 sous le maillot d'Issy

Une joueuse de l’effectif n’a jamais joué en D1 mais en sera sans doute l’une des attraction : l’attaquantes camerounaise Marlyse Ngo Ndoumbouk a marqué 43 buts en 22 matchs l’an dernier, on observera avec attention son rendement dans un contexte où son équipe dominera sans doute moins nettement son sujet.

Enfin, La Roche a effectué un recrutement plus traditionnel pour un promu. S’il n’y a eu qu’un seul départ, celui de la gardienne remplaçante Astrid Noblot, il y a eu 6 arrivées (ou retours) : Fatoumata Baldé revient de Guingamp, Anaïs Pugnetti et Lisa Fragoli arrivent d’Arras, Adeline Coudrin d’Yzeure, Camille Nerdonne de Condé et Aline Liaigre revient au club après un passage par Rodez et un arrêt d’une saison.

Il s’agit sur le papier du promu qui présente le moins de garanties, n’ayant ni réussi la saison stratosphérique de Saint-Maur, ni n’ayant l’expérience de l’effectif nîmois.

Une saison palpitante en D2

Les promus sont assez naturellement des candidats à la redescente immédiate. Et avec 3 places pour 7 équipes, il y en a toujours mathématiquement au moins un ou deux qui fait l’ascenseur. Cela évoluera peut-être quand un promu aura tout de suite les moyens d’un club de haut de tableau de D1.

Bien entendu, cette description correspondra certainement à l’Olympique de Marseille, grand favori du groupe C de D2 et qui mettra certainement les moyens nécessaires à jouer le haut de tableau quand il sera en D1 tout comme il l’a fait à l’étage en dessous, disputant la montée avec Nîmes presque jusqu’au bout.

La D2 sera particulièrement à suivre cette saison. Parce que comme toujours elle est beaucoup plus ouverte que la D1 dans la mesure où les épouvantails ne le restent pas d’une saison sur l’autre, devenus petits poucets à l’étage au dessus, mais surtout parce que le deuxième niveau vit une saison de transition : l’an prochain, elle sera réduite de trois à deux groupes. Avec les places prévues pour permettre aux équipes de DH de monter, cela signifie que seule la première moitié du classement assurera le maintien, ou dit plus clairement, que la moitié du plateau va être reléguée.

Simone Jatoba

Simone Jatoba

À cela s’ajoute la prise en compte par les clubs professionnels masculins de l’injonction qui leur est faite de disposer d’une section féminine. La manière la plus simple de procéder est de coller son logo (et quelques fois de fournir quelques moyens sous forme de créneaux horaires sur des terrains d’entraînements et de jeux de maillots) sur un club déjà existant.

Cet été, l’Étoile Sportive Blanquefortaise est devenue Girondins de Bordeaux et le FC Templemars Vendeville est devenu LOSC Lille Métropole, avec la possibilité de profiter de l’absence inédite de club nordiste en D1 pour tenter de prendre le flambeau régional dans un groupe A qui compte aussi Arras, Hénin-Beaumont, Lillers et Rouvroy.

Les favoris pour la montée et le maintien

On retrouve d’autres clubs professionnels masculins dans ce groupe A : le FC Metz (ex-Algrange), l’AS Nancy-Lorraine et le Stade Reims (promu cette saison). La montée (et donc le maintien) devrait se jouer entre les relégués Arras et Metz et le haut de tableau de l’an dernier Hénin-Beaumont, Vendenheim et Nancy. Le LOSC bénéficiera sans doute de son nouveau statut pour viser l’une des 6 premières places synonymes de maintien, mais sans doute pas beaucoup plus.

Le groupe B fera la part moins belle aux clubs professionnels : outre les Girondins de Bordeaux qui sont encore l’équipe de Blanquefort (mais qui à ce titre peuvent viser la montée après leur 3e place de l’exercice précédent), on ne trouve que le FC Lorient, promu cette saison. Deux autres clubs ont bien un nom connu mais il s’agit du Mans FC et du FC Rouen, qui n’ont plus ni l’un ni l’autre d’équipe professionnelle masculine. Du coup, c’est Yzeure qui est favori pour la montée, manquée pour un point l’an dernier derrière La Roche. Bordeaux et Le Mans, voire Rouen et Angers tenteront de créer la surprise. Le relégué Issy aura sans doute du mal avec son effectif largement remanié après la descente.

Enfin le groupe C ne compte aucun relégué mais trois sections féminines de clubs masculins, qui seront tous les trois parmi les favoris. Bien sûr l’Olympique de Marseille de Sandrine Brétigny et Nora Coton-Pélagie sera le principal candidat à la montée. Mais le Dijon FCO de Laura Bouillot et Adeline Rousseau qui met en place une politique ambitieuse et qui suit la voie marseillaise en signant des contrats professionnels sera sans doute mieux qu’un faire-valoir. Toulouse est tellement une place forte historique qu’on l’imagine toujours jouer le haut de tableau malgré un effectif sans cesse remanié.

Enfin, on suivra avec attention Le Puy et ses anciennes Stéphanoises, 3e la saison dernière et Grenoble-Claix de nouveau entraîné par Nicolas Bach.



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