Ni buts ni soumises » Une bonne chose de faite

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Une bonne chose de faite

Les Bleues se sont qualifiées pour les huitièmes de finales à l’issue d’une prestation enfin convaincante. Philippe Bergerôo a su apporter des ajustements à son équipe qui affrontera la Corée du Sud au prochain tour.

Outre la Coupe du monde elle-même, ce match sera aussi un premier barrage pour la qualifications aux Jeux Olympiques de Rio, autre objectif de la sélection.

La France sera au rendez-vous des huitièmes de finales. Cela ne devrait même pas mériter d’être mentionné mais la défaite face à la Colombie avait semé le doute sur les capacités des Bleues. Elle l’ont levé de belle manière en étouffant le Mexique pendant une mi-temps, avant de retomber dans une forme de torpeur, secouée seulement par un éclair d’Amandine Henry. À 4-0, l’objectif de faire tourner tranquillement est acceptable, mais les Bleues ne semblent jamais tant en danger que quand elles font tourner le ballon en multipliant les passes en retrait jusqu’à arriver à Sarah Bouhaddi qui doit se débrouiller toute seule sous le pressing adverse.

Philippe Bergerôo avait souhaité « marquer rapidement ». Il a été exaucé au-delà de ses espérances puisque Marie-Laure Delie a ouvert le score au bout de 33 secondes de jeu. Il avait pour cela fait des choix forts en écartant de son onze de départ deux de ses joueuses base, Louisa Necib et Gaëtane Thiney. Il s’agit même d’un événement dans le cas de la joueuse de l’Olympique Lyonnais qui n’est pas entrée en jeu ce qui ne lui était plus arrivé (hors absence sur blessure) depuis décembre 2008.

Henry-Abily, le moteur des Bleues

Sur le terrain la conséquence a été très visible. Amel Majri a beaucoup percuté et joué vers l’avant tandis que Marie-Laure Delie a pesé sur la défense, laissant à Eugénie Le Sommer la possibilité de redescendre toucher des ballons. Les deux entrantes sont dans l’action de quatre des cinq buts.

Mais la prestation du milieu formé par Amandine Henry et Camille Abily est aussi pour beaucoup dans le résultat. La première confirme qu’elle n’a pas vraiment d’équivalent à son poste1 et la seconde qu’elle commence à retrouver ses jambes perdues pendant la préparation, elle qui sera bien sûr indispensable à une bonne Coupe du monde de l’équipe de France.

Eugénie Le Sommer talonne Anja Mittag au classement des buteuses.

Eugénie Le Sommer talonne Anja Mittag au classement des buteuses.

Pour autant, on aurait sans doute tort de se réjouir de ces ajustements. Pour battre le Mexique, ils étaient sans doute adaptés. Tout comme les entrées d’Élise Bussaglia et de Kenza Dali auraient dû être anodins contre la Colombie. Mais si d’aventure la France va plus loin dans la compétition, on l’imagine mal capable de rivaliser avec les meilleurs sans une Louisa Necib et une Gaëtane Thiney en forme. Éventuellement sur le banc si elles sont dépassées par meilleures qu’elles, pas parce qu’elles ne sont pas à leur niveau.

Autre joueuse importante dans la victoire française, Élodie Thomis a rappelé qu’elle n’est sans doute pas une des meilleures techniciennes de cette compétition, ni celle qui a la meilleure vision du jeu. Mais sa vitesse lui permet de transformer bon nombre de ballons anodins en occasions de buts et si elle manque certains geste, elle en réussit assez pour être elle aussi à l’origine de deux buts. Et elle oblige l’adversaire à une attention constante qui libère des espaces pour ses coéquipière.

La Corée du Sud de Ji Soyun

La défaite contre la Colombie n’aura vraiment servi à rien : les Bleues ont quand même fini en tête de leur groupe et restent dans le quart de tableau de l’Allemagne2. Ce qui a changé, c’est que l’accroc colombien a rappelé qu’il était possible de perdre contre tout le monde et avant de penser à l’Allemagne, il va falloir passer la Corée du Sud.

Il s’agit d’une vieille connaissance de la France puisque pour la première participation des deux équipes à la Coupe du monde en 2003, elles étaient dans le même groupe avec la Norvège et le Brésil. Les Bleues avaient remporté la confrontation directe grâce à un but tardif de Marinette Pichon mais battues par la Norvège en ouverture, elles devaient ensuite faire au moins aussi bien contre le Brésil que la Norvège contre la Corée du Sud pour se qualifier. Le nul face aux coéquipières de Marta était donc insuffisant puisque la Corée du Sud était battue 7-1 par la Norvège. Aucune des deux équipes ne sortait donc du groupe.

La stabilité du onze coréen

Laura Georges côté français, Park Eunsun3 et Kim Jungmi étaient déjà là lors de cette première et unique confrontation. La gardienne est toujours titulaire et l’avant-centre Park Eunsun pourrait rencontrer à nouveau la France puisqu’elle a pris contre l’Espagne la place en pointe de Yoo Younga, ce qui est en soi un événement tant le sélectionneur coréen Yoon Dukyeo fait peu tourner son effectif. En dehors de ce changement d’avant centre pour le dernier match, le seul changement de onze de départ lors du premier tour a été la sortie pour le deuxième match contre le Costa Rica de la défenseuse centrale Kim Doyeon remplacée par Hwang Boram. Cette dernière ayant reçu un carton jaune à chacune de ses deux apparitions, on devrait revoir Kim Doyeon contre la France.

La Corée du Sud joue en 4-2-3-1 autour de la meneuse de jeu de Chelsea Ji Soyun que les Lyonnaises de l’équipe de France ont croisé lors de la Mobcast Cup4 en 2012 alors qu’elle jouait pour le club japonais de l’INAC Leonessa de Kobé.

Ji Soyun, la star de l'équipe de Corée du Sud

Ji Soyun, la star de l'équipe de Corée du Sud

La Corée a toujours concédé l’ouverture du score mais contre le Costa Rica et l’Espagne, elle est parvenue à passer devant, preuve qu’il s’agit d’une équipe accrocheuse. Toutefois, elle n’est pas revenue contre le Brésil qui était la seule équipe un peu expérimentée, elle a été finalement rejointe par le Costa Rica et l’Espagnole Sonia Bermudez doit faire des cauchemars du coup-franc qu’elle a tiré à la dernière seconde sur la transversale de Kim Jungmi.

Un observateur neutre pronostiquerait sans doute sans hésiter une victoire de la France face à la 18e nation mondiale mais le supporter des Bleues se méfiera après le précédent colombien. On peut prédire que la France, l’équipe qui a eu le plus la possession après le Brésil, aura le contrôle du ballon face à la Corée du Sud qui est l’un de celle qui l’a eu le moins. Ou que le jeu ne devrait pas être haché entre deux des trois équipes qui ont commis le moins de faute (avec la Thaïlande). Mais comme il ne s’agira plus d’un match de poule mais à élimination directe, tout sera sans doute différent.

Destination Rio

L’enjeu naturel de ce huitième de finale est bien sûr l’accès aux quarts de finales. Mais il en est un qui lui est associé. Pour les équipes européennes, la Coupe du monde sert de phase qualificative aux Jeux Olympiques, qui contrairement aux garçons est une compétition prestigieuse et pas une sorte de Coupe du monde espoir. Le tournoi olympique de Rio en 2016 se jouera comme les précédents à 12 équipes dont seulement trois européennes5. Le règlement indique que « les trois meilleures équipes européennes lors de la Coupe du monde seront qualifiées pour les Jeux Olympiques de Rio ».

S’il y avait 8 équipes européennes au Canada, 7 seulement visent la qualification puisque la Grande-Bretagne ne présentera pas une équipe unifiée comme à Londres et que l’Angleterre est de fait exclue des Jeux. L’Espagne éliminée, elles ne sont plus que 6 en lices pour trois places. Il y en aura au moins une en quarts de finale puisque l’Allemagne et la Suède s’affrontent. La France face à la Corée du Sud, la Norvège face à l’Angleterre, la Suisse face au Canada et les Pays-Bas contre le Japon jouent donc une sorte de barrage pour Rio.

On peut penser que pour la France, une victoire contre la Corée du Sud pourrait suffire à se qualifier ou au pire à s’assurer un (vrai) barrage puisque la présence de trois équipes européennes en demi-finales est très improbable (quoi que pas impossible sur le papier).



5 commentaires pour “Une bonne chose de faite”

  1. Merci pour ces compte-rendus CHR$, toujours aussi complets et agreables a lire!

  2. Pereil, merci beaucoup.
    Par contre, je sais qu’il est toujours périlleux de faire des calculs d’apothicaire, mais est-ce que finir 2è avec la perspective de jouer contre la Norvège puis éventuellement le Canada (certes chez lui) n’aurait pas « un mal pour un bien »? Cette Allemagne me semble un peu au-dessus du lot, non?

  3. <>
    aussi porte t-elle très bien son nom de famille.

  4. <>

  5. « Sarah Bouhaddi qui doit se débrouiller toute seule sous le pressing adverse. »

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