Ni buts ni soumises » D1 2014-2015, des équipes et des joueuses

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D1 2014-2015, des équipes et des joueuses

Avec un classement identique à la saison précédente pour les sept premières places, la saison 2014-2015 a un petit air de déjà-vu qui fait que les satisfactions sont rares dans un monde où on attend toujours une progression.

Les satisfactions sont donc à chercher du côté de Guingamp et de Rodez, et de la deuxième partie de saison de Montpellier. La déception bien sûr à Arras, Issy et Metz à des degrés divers. Mais le trio de tête n’a pas non plus tout à fait atteint ses objectifs ambitieux.

Sur le plan individuel, la saison lyonnaise écrase un peu les perspectives. On fera donc un pas de côté pour chercher ailleurs les joueuses qui ont marqué la saison.

Bilan par équipe

Plus de la moitié des équipes de D1 finissent la saison 2014-2015 à la même place que la saison précédente. Comme il y a trois promus, seuls Saint-Étienne et Arras finissent à une place différente. Et encore, les Vertes finissent 8e avec 44 points alors qu’elles étaient 9e avec 43 points l’an dernier, pas vraiment une révolution non plus.

Seul Arras chute, passant de la 8e place à la 11e qui lui vaut relégation. La politique de faire venir la moitié de l’équipe d’Hénin-Beaumont reléguée l’an dernier1 n’a pas montré son efficacité. Copier sur le voisin l’idée de perdre plusieurs titulaires2 en milieu de saison n’était sans doute pas beaucoup mieux trouvé.

Un an après, Justine Rougemont connaît à nouveau la relégation avec Arras

Un an après, Justine Rougemont connaît à nouveau la relégation avec Arras

Cette stabilité des 9 premiers rangs du classement a une autre conséquence : deux promus sur trois redescendent au bout d’une saison apportant ainsi une réponse à l’une des questions du début de saison3.

Avec une seule victoire à Saint-Étienne et trois nuls en 22 matchs, Issy n’a jamais vraiment entretenu l’espoir de se maintenir, au contraire de Metz qui après un début de saison difficile avec en particulier les 15 buts encaissés contre Lyon avait semblé prendre le rythme de l’élite en battant Rodez et Arras et en obtenant des nuls contre Guingamp et Montpellier. Pour une équipe d’Algrange qui était passée dans le giron du club professionnel du FC Metz et dont l’effectif était constitué pour moitié de recrues (10 des 22 joueuses qui ont participé à cette saison), il pouvait s’agir de la nécessaire période d’adaptation d’un club en construction. Mais il aura finalement manqué une victoire aux Messines. Rétrospectivement, cette relégation s’est sans doute jouée autour de la trêve. En perdant à Saint-Étienne juste avant et contre Rodez juste après, Metz a utilisé ses derniers jokers. Ensuite l’équipe lorraine a fait le nécessaire en battant Arras, Issy et même Albi lors de la dernière journée mais n’a pas été en mesure de créer l’exploit contre Metz, Juvisy ou Guingamp.

Simone Jatoba

Simone Jatoba

Toutefois contrairement à Issy ou Arras, l’hypothèse d’une remontée immédiate du FC Metz est plus que crédible. D’abord parce qu’il y a treize points d’écarts entre les unes et les autres, et surtout parce que Metz semble décidé à se donner les moyens de construire quelque chose, la saison de D1 n’ayant été qu’une occasion d’anticiper la fusion Metz-Algrange. La capitaine Simone Jatoba, finaliste de la Ligue des Championnes en 2010 avec Lyon et des Jeux Olympiques 2008 avec le Brésil devrait rester l’an prochain pour participer à l’opération de remontée.

Albi, seul promu maintenu

Albi sera donc le seul promu de la saison encore présent l’an prochain. Tout comme Metz, l’équipe tarnaise a découvert la D1 avec une équipe fortement remaniée : 8 des 12 joueuses les plus utilisées cette saison étaient des recrues, la moitié en provenance d’Yzeure qui venait de quitter la D1, ce qui est peut-être une explication du maintien d’Albi (même si on évitera de trouver des causes trop profondes à trois points de différences sur l’ensemble d’une saison). Outre les Yzeuriennes, la plupart des autres Albigeoises avaient déjà une bonne expérience de la D1. Les quatre autres joueuses les plus utilisées, celles qui étaient déjà à Albi la saison dernière (et quelques autres aussi) avaient toutes joué plusieurs saison dans l’élite à Toulouse, Julie Peruzzetto et Christine Gazzin étant même déjà des joueuses du TFC à l’époque où il s’agissait du meilleur club de France.

Christine Gazzin

Christine Gazzin

Bien que novice à ce niveau, Albi a profité de la proximité de Toulouse pour avoir une équipe connaissant la division, et a choisi majoritairement des recrues ayant cette expérience. Algrange n’avait pas cette possibilité même sous le nom de Metz. En dehors des recrues, la seule Messine qui avait connu la D1 était Marie Papaix pour 4 saisons à… Toulouse.

On ne peut parler de la saison d’Albi sans mentionner le passage éclair de Stephanie Roche, star éphémère du web et de la cérémonie du Ballon d’or pour un but extraordinaire inscrit sous les couleurs de son club irlandais de Peamount. Sa notoriété a rapidement dépassé son niveau et a un temps rejailli sur le club albigeois. La joueuse a rejoint au cours de l’hiver Houston en NWSL. Son bilan en France restera d’un but inscrit à Issy en dix apparitions. Sa plus anonyme partenaire américaine Caroline Brown aura clairement plus apporté à son club.

Flavie Lemaître et Sarah Palacin, serial-buteuses

Soyaux, Rodez et Saint-Étienne sont étagés de deux points en deux points (avec Albi au même niveau que Saint-Étienne). Pourtant l’impression laissée par leur saison est assez différente. Soyaux a continué sur sa lancée de la saison précédente, finissant avec un point de plus mais avec un parcours plus linéaire : moins de coups d’éclats en première partie de saison mais sans tirer la langue toute la seconde. Certes les Bleues de Charente terminent avec 5 défaites et un nul mais en jouant en particulier contre Lyon, Juvisy, Montpellier et le PSG.

Charlotte Bilbault

Charlotte Bilbault

Soyaux envoie deux joueuses dans le groupe de l’équipe de France qui prépare la Coupe du monde, toutes deux réservistes : la gardienne Amandine Guérin et la milieu récupératrice Charlotte Bilbault (qui a joué en défense centrale à peu près toute la saison). Cette dernière illustre ce qui permet à Soyaux de tenir son rang : après deux saisons à Soyaux et une à Nord-Allier4, elle avait rejoint Montpellier en 2010 pour reformer avec Mélissa Plaza le milieu de l’équipe de France des moins de 20 ans demi-finaliste de la Coupe du monde au Chili5. Mais après quatre saisons à jouer de moins en moins, elle n’était pas conservée il y a un an. Le club sojaldicien l’a alors convaincue de revenir pour se relancer, avec réussite puisqu’elle est donc aux portes de l’équipe de France et qu’elle jouera à Juvisy l’an prochain.

Sophie Vaysse

Sophie Vaysse

Autre recrue juvisienne, la milieu de Rodez Sophie Vaysse n’est pourtant sans doute pas la ruthénoise qui aura le plus retenu l’attention cette saison. Avec 14 buts marqués, Flavie Lemaître côtoie les deux meilleures buteuses de la saison précédentes Marie-Laure Delie et Gaëtane Thiney. Une éclosion un peu tardive pour une joueuse passée il y a une dizaine d’année par le CNFE6 durant trois saisons avec pour coéquipière une bonne partie de l’équipe de France actuelle7. Ses performances et plus généralement celles de ses partenaires menées par le bon travail de Nicolas Bach ont permis à Rodez de faire une saison finalement assez tranquille : à la lutte pour le maintien ce qui est normal avec les moyens du RAF mais en gardant toujours la maîtrise de son destin et finissant avec la meilleure différence de buts des équipes hors du quintette de tête, signe d’une équipe capable de limiter les dégâts contre les gros, voire de les accrocher avec un nul contre Montpellier et de courtes défaites contre Juvisy.

Flavie Lemaître face à Adeline Rousseau

Flavie Lemaître face à Adeline Rousseau

Avec un bilan assez équivalent, la saison de Saint-Étienne a semblé beaucoup plus difficile. Ce ne sont sans doute pas les deux points d’écart qui sont en cause mais plutôt les attentes que peuvent susciter une équipe soutenue par un club professionnel, et sans doute aussi un début de saison particulièrement raté qui a longtemps pesé sur le classement même quand les Vertes s’étaient remises sur les bons rails. Avec une défaite 4-1 en ouverture à domicile contre Rodez, puis un nul à Arras et une nouvelle défaite à domicile contre Guingamp, l’ASSE partait avec un handicap, surtout en jouant ensuite contre Montpellier et Juvisy. Et pour couronner le tout, les Vertes donnaient ensuite à Issy sa seule victoire avant de perdre à Albi. Au bout de 8 journées, Saint-Étienne était avant-dernier et seule une victoire à Metz venait égayer le bilan. C’est à ce moment là, début novembre au bout d’un tiers du championnat que l’ASSE s’est remis en selle. Bien sûr trois matchs sur les six derniers de l’année civile ont été perdus, mais c’était contre le PSG, Lyon et Guingamp et de toute façon, dans ce championnat, seules 5 équipes ont un ratio supérieur à une victoire tous les deux matchs8. Profitant du mercato, l’équipe d’Hervé Didier s’est renforcée avec l’expérimentée Sabrina Viguier de retour de Suède et la gardienne Italo-Américaine Arianna Criscione qui ne jouera que deux matchs sans impressionner particulièrement.

Sabrina Viguier et Arianna Criscione, recrues stéphanoises de l'hiver

Sabrina Viguier et Arianna Criscione, recrues stéphanoises de l'hiver

Mais tout comme Rodez avait Flavie Lemaître, Saint-Étienne avait Sarah Palacin. Déjà spécialistes des buts décisifs lors des fins de saisons précédentes, elle a cette fois ajouté la quantité à la qualité, marquant 15 buts soit autant que Sofia Jakobsson pour occuper la tête du classement des buteuses qui ne jouent pas à Lyon. Ces performances lui ont valu une convocation en équipe de France B contre la Pologne où elle a joué un quart d’heure en remplacement de Pauline Crammer.

L’année prochaines, Saint-Étienne pourrait commencer sa saison dès le premier match et jouer enfin la première partie de tableau voire essayer de titiller les cinq premiers.

Guingamp proche du quatuor de tête

Car le quatuor de tête est devenu quintette, réponse à une autre question du début de saison. Guingamp est certes toujours cinquième mais compte 15 points de plus et finit à 3 points seulement de la troisième place de Juvisy. Avant la dernière journée, les Bretonnes pouvaient même encore espérer finir sur le podium (même si c’était un mince espoir puisqu’elles recevaient Lyon pendant que Montpellier accueillait Issy). L’excellent travail de Sarah M’Barek, considérée par beaucoup comme la meilleure entraîneuse9 de D1, et la politique de jeunes du club portent leur fruit. Avec deux nuls contre Montpellier et une victoire à Juvisy, Guingamp a justifié ses nouvelles ambitions, poussant même le PSG dans ses retranchements à Charléty pour un score final de 2-1, avant de l’éliminer aux tirs aux buts en 8e de finales de Coupe de France. L’EAG aura sans doute été l’équipe qui aura le mieux résisté aux deux favoris en n’encaissant par ailleurs pas plus de 3 buts en championnat contre Lyon et le PSG10. Les deux accrocs de la saison auront été une défaite 6-1 à domicile contre Juvisy, la plus grosse de la saison, vengée donc au match retour et une défaite à domicile contre Soyaux en début d’année, là aussi revanche de la large victoire Guingampaise du match aller avec une irrésistible Clarisse Le Bihan.

Clarisse Le Bihan

Clarisse Le Bihan

Parmi les artisans de la bonne saison Guingampaise, tout le monde aura en tête les internationales et Griedge Mbock en premier. Il ne faudra pas non plus oublier la très bonne recrue Desire Oparanozie et l’internationale marocaine Salma Amani, Briochine de longue date et passée elle aussi par le CNFE avec Flavie Lemaître.

Sarah M'Barek et Salma Amani

Sarah M'Barek et Salma Amani

Les années passent et le quatuor de tête reste, même s’il a failli changer cette année. Montpellier n’est pas passé loin de se faire devancer. Mais l’équipe de Jean-Louis Saez a su renverser la tendance avec une excellente phase retour où seul Lyon et le PSG (2-1 à l’issue d’un match où les Parisiennes n’avaient pas vraiment dominé) ont pu la battre. Guingamp a arraché un point mais Montpellier a profité de ce que le match aller contre Juvisy a été joué pendant la phase retour (une semaine avant le match retour) pour battre deux fois son habituel rival. Et trois fois même si l’on compte la Coupe de France où les Héraultaises ont été jusqu’en finale et où Lyon a eu toutes les peines du monde à l’emporter.

Et pourtant, ce parcours en Coupe avait commencé par une difficile victoire aux tirs aux buts face à Nîmes, équipe de D2 composé très majoritairement d’anciennes du MHSC. Cette difficulté correspond à la première moitié de saison où Montpellier a perdu les points qui lui manquent pour être sur le podium : des nuls contre Rodez, Metz et Soyaux se sont ajoutés à celui plus compréhensible contre Guingamp pour dilapider des points après lesquels l’équipe de Claire Lavogez a couru toute la saison. Il a sans doute fallu du temps pour trouver la bonne formule. Il n’était pas facile de remplacer la Suédoise Josefine Öqvist mais sa compatriote Sofia Jakobsson y est parvenu. Les internationales Marina Makanza et Laetitia Tonazzi peinant à mener l’équipe, ce sont les nouvelles internationales Claire Lavogez et Sandie Toletti qui ont pris le relais.

Claire Lavogez

Claire Lavogez

Montpellier et Juvisy ont cette fois-ci fini avec un seul point d’écart contre neuf l’année dernière. Pourtant Montpellier a reculé de deux points. C’est donc que Juvisy a beaucoup moins réussi sa saison que la précédente.

Le départ de Sandrine Soubeyrand n’a pas vraiment été compensé par l’arrivée d’Aude Moreau qui a très peu joué, d’autant plus qu’Inès Jaurena a manqué plus d’un tiers de la saison, au point que c’est finalement Anaig Butel qui a occupé le poste de récupératrice toute une partie de la saison. On a même vu des matchs où elle formait la paire du milieu avec Sandrine Dusang qui n’avait plus dû jouer à ce poste depuis le FC Lyon.

Anaig Butel

Anaig Butel

Cette année, Juvisy n’a pas semblé en mesure de rivaliser avec le duo de tête, encaissant 4 buts lors des deux matchs contre Lyon ce qui commence à être plus ou moins la norme, mais ne parvenant pas non plus à inquiéter le PSG qu’il avait toujours battu au moins une fois par saison jusque là.

Jusqu’en mars, l’équipe de Pascal Gouzènes compensait par un quasi sans faute lors des autres matchs, remportés assez largement en concédant très peu de buts (un à l’aller et un au retour contre Issy, un contre Guingamp lors d’un match remporté 6-1).

Mais début mars, les Essonniennes ont été éliminées en Coupe de France par Montpellier. Puis le match retour contre Guingamp a commencé à détraquer les choses. Avec donc une composition où Sandrine Dusang était au milieu et Aïssatou Tounkara derrière, Desire Oparanozie a d’entrée pris de vitesse la défense centrale pour ouvrir le score. Et quand Juvisy a cru être revenu grâce à Camille Catala, Marine Dafeur a profité d’un placement hasardeux de Céline Deville derrière son mur pour marquer en force un coup-franc plein axe.

Juste avant la fin de saison, le rattrapage du match en retard a organisé une double confrontation avec Montpellier à une semaine d’intervalle, avec deux victoires 3-1 pour les joueuses de l’Hérault. Bien sûr pendant ce temps, Arras, Metz et Soyaux sont passées à la moulinette juvisienne mais en deux mois, Juvisy a joué quatre matchs contre les équipes qui sont désormais ses concurrentes en championnat et a concédé quatre défaites. Ainsi non seulement l’équipe de Gaëtane Thiney ne rivalise plus avec les équipes de tête, mais elle peine aussi contre les suivantes, ne devant le maintien de sa troisième place qu’aux faux pas de ses concurrentes dans des matchs plus faciles.

Paradoxe en tête

Le paradoxe de cette saison est que les deux premiers finissent la saison globalement déçus malgré des motifs de satisfaction. Le seul titre du PSG reste la Coupe de France remportée à la surprise générale il y a 5 ans. L’équipe de Farid Benstiti a été sèchement battue à domicile dans la « finale » du championnat dès le mois de février et a trébuché en 8e de finales de Coupe de France contre Guingamp après avoir été à deux doigts de le faire au tour précédent à Soyaux. L’Europe a donné un peu de lustre à la saison mais la défaite dans les arrêts de jeu de la finale ternit finalement un parcours où le PSG avait pourtant battu les deux derniers vainqueurs et principaux favoris de la compétition.

Ada Hegerberg, Delphine Cascarino et Ève Périsset, la jeune garde de l'OL

Ada Hegerberg, Delphine Cascarino et Ève Périsset, la jeune garde de l'OL

Inversement, la saison nationale de Lyon est à peu près parfaite avec le doublé Coupe-Championnat, des records un peu partout, surtout en attaque et un jeu unanimement loué. Mais le parcours européen s’est arrêté pour la deuxième saison de suite avant les quarts de finales ce qui n’est pas exactement conforme aux ambitions du club. De plus, la politique annoncée et conforme au choix de Gérard Prêcheur pour remplacer Patrice Lair était axée comme chez les garçons sur les jeunes. D’ailleurs l’effectif professionnel était assez réduit. Mais jusqu’au gain (officieux) du titre à Charléty, elles ont été réduites à la portion congrue11. Ensuite le temps de jeu a été beaucoup plus réparti ce qui permet finalement à sept joueuses de moins de 20 ans de mettre pour la première fois leur nom au palmarès de la D112.

L’équipe type sans Lyonnaises

La FFF ne semble pas avoir reconduit son « Challenge de la meilleure joueuse ». Ce n’est sans doute pas parce qu’un brusque éclaire de lucidité lui a fait prendre conscience de l’ineptie de son mode de calcul mais parce que de plus en plus de médias désignent ou élisent une meilleure joueuse de la saison, rendant inutile que la fédération s’en charge.

Assez généralement, c’est Eugénie Le Sommer qui est considérée comme la joueuse de la saison. Son titre de meilleure joueuse en Algarve et ses 47 buts inscrits en 44 matchs avec Lyon et l’équipe de France lui font une saison bien remplie. Il ne lui reste plus qu’à briller au Canada.

La fin du Challenge FFF rend un peu caduque la pertinence du challenge ni bête ni soumis de la meilleure joueuse13, d’autant plus que son barème avantage exagérément les buteuses dans un contexte comme celui de cette année où une équipe marque près de 7 buts par matchs. On ne l’abandonnera pas pour autant.

On ne s’étonnera pas de retrouver 6 Lyonnaises aux 6 premières places, à commencer par le trio d’attaque à 79 buts, et une équipe type basée sur ce classement serait quasi exclusivement lyonnaise par le jeu du classement par poste. Seule Gaëtane Thiney arriverait à se glisser dans cette équipe type, à condition de jouer au milieu.

Ada Hegerberg, Eugénie Le Sommer et Lotta Schelin, 79 buts

Ada Hegerberg, Eugénie Le Sommer et Lotta Schelin, 79 buts

On tirera par contre beaucoup plus d’enseignements de l’équipe type basée sur un classement ignorant les joueuses de l’OL. Une sorte de « All Star Team » pour affronter Lyon dans un Trophée des Championnes virtuel.

Au prix de quelques contorsions sur les postes exacts ou sur le côté de prédilection, on obtient une équipe qui a de l’allure.

Par rapport à d’autres équipes types de la saison14, on note la présence de plusieurs montpelliéraines un peu oubliées des bilans. Souvent, pour permettre de publier les résultats avant la fin de saison, les votes ou désignations se font assez tôt. Dans le cas de Montpellier, l’extrême fin de saison a beaucoup amélioré le bilan général.

Katarzyna Kiedrzynek, gardienne de la saison

La gardienne de l’équipe type est la Polonaise du PSG Katarzyna Kiedrzynek qui est certainement la meilleure gardienne de la saison même si c’est surtout en Ligue des Championnes que son talent a été utile au PSG.

Katarzyna Kiedrzynek

Katarzyna Kiedrzynek

En défense centrale, on retrouve deux joueuses qui pourraient quasiment former la charnière des Bleues : Griedge Mbock est associée à Kelly Gadea. La première sera au Canada et sera titulaire en Bleues d’ici le mondial 2019. La seconde pâtit sans doute de la baisse de régime de Montpellier depuis quelques saisons mais à 23 ans, cette joueuse qui compte 4 sélections A et qui a été toute l’année un pilier de l’équipe de France B fait sans doute encore partie de l’avenir des Bleues.

Griedge Mbock

Griedge Mbock

Kelly Gadea

Kelly Gadea

On ne compte pas de Parisienne dans l’axe de la défense parce que leur temps de jeu a été très partagé. Sabrina Delannoy est toutefois placée à droite, à un poste qu’elle a régulièrement occupé même si elle est clairement meilleure dans l’axe.

Sabrina Delannoy

Sabrina Delannoy

À gauche, on retrouve Marion Torrent, l’arrière droite de Montpellier, appelée de dernière heure dans le groupe des Bleues qui prépare la Coupe du Monde. Comme sa coéquipière montpelliéraine, elle est restée un peu en marge de la sélection, apparaissant parfois en B mais sans jamais avoir sa chance jusque là chez les Bleues à un poste d’arrière droite où il n’y a pourtant pas beaucoup d’options derrière Jessica Houara. Ou plutôt où les options sont nombreuses avec aussi Corine Petit ou Julie Soyer mais aucune ne semble convaincre le sélectionneur.

Marion Torrent

Marion Torrent

Julie Peruzzetto, de Toulouse à Albi

Caroline Seger sera milieu axiale de cette équipe, privée de sa coéquipière Shirley Cruz blessée en cours de saison. La recrue suédoise du PSG a été un élément majeur de la saison parisienne et son absence pour la finale de Berlin s’est nettement faite sentir. La régularité qui lui vaut sa présence ici est d’ailleurs un point fort à son poste. À ses côtés, on trouve la meneuse d’Albi Julie Peruzzetto qui n’est pas la joueuse de champ qui a le plus joué (ce titre revient à l’Arrageoise Jesscia Lernon, la seule a n’avoir pas manqué une minute, Gaëtane Thiney et Saki Kumagai devançant également l’Albigeoise de quelques minutes). Mais avec 7 buts et 3 passes décisives, la capitaine de l’ASPTT Albi a beaucoup œuvré pour le maintien de son club. Heureux retour de l’histoire de la revoir briller en D1 : il y a plus de dix ans, elle faisait partie avec son actuelle coéquipière Christine Gazzin, Lilas Traïkia (actuellement à Juvisy) ou Marie-Pierre Castera de la nouvelle génération toulousaine lancée par Jean-Pierre Bonnet après quatre titres de champions. Mais le renvoi du mythique entraîneur toulousain ayant poussé au départ la plupart des joueuses expérimentées, cette génération s’est retrouvée un peu orpheline et n’a sans doute pas exploité tout son potentiel dans un monde alors pré professionnel où une joueuse de 17 ans pouvait moins facilement aller chercher un club à l’autre bout de la France.

Julie Peruzzetto

Julie Peruzzetto

Caroline Seger

Caroline Seger

L’escouade offensive est impressionnante comme souvent dans ce genre d’exercice. Kenza Dali est à gauche. Parisienne sans doute la plus régulière cette saison, elle a profité des absences successives d’Élodie Thomis puis de Louisa Necib pour s’imposer comme leur première remplaçante chez les Bleues (même si l’éclosion de Claire Lavogez vient lui faire de la concurrence). Il y a un an, l’ancienne joueuse de Lyon et de Rodez jouait elle aussi avec l’équipe de France B. Avec 11 buts et 6 passes décisives, sa saison de D1 a été pleine et elle a brillé lors de la double confrontation contre Wolfsbourg en demi-finale de Ligue des Championnes.

Kenza Dali

Kenza Dali

De l’autre côté, Sofia Jakobsson s’impose naturellement. Meilleure buteuse non lyonnaise (avec Sarah Palacin) de la saison, elle réalisé une deuxième moitié de saison impressionnante. Malgré un bon départ avec un doublé contre Issy dès son premier match, il lui aura fallu quelques mois pour régler la mire. Mais depuis fin février, son bilan est de 13 buts en 13 matchs et pas contre n’importe quels adversaires : elle marque à chacun des trois matchs contre Juvisy, dont le but vainqueur du quart de finale de Coupe, puis donne la victoire à Montpellier à Geoffroy-Guichard en demi-finale et ouvre encore le score contre Lyon en finale.

Sofia Jakobsson

Sofia Jakobsson

Devant, le duo d’attaque sera constitué de Sarah Palacin en pointe et de Gaëtane Thiney en soutien (ou en n°10 au choix). La Juvisienne est comme d’habitude la seule joueuse à pouvoir rivaliser avec les armadas lyonnaises et parisiennes. Sa saison est nettement moins aboutie que la précédente mais dans les normes – élevées – des précédentes. Indispensable à l’équipe de France, elle a porté cette saison une équipe de Juvisy en phase de transition.

Gaëtane Thiney

Gaëtane Thiney

Sarah Palacin est naturellement l’avant-centre de cette équipe. Sa vitesse et son sens du but ont largement contribué au maintien de Saint-Étienne. Désormais indiscutable avec 19 titularisations contre 9 seulement la saison dernière, elle a aussi été replacée dans l’axe. Bien que le talent des Rose Lavaud, Audrey Chaumette et Candice Gherbi ne fasse aucun doute, il est probable que dans cette équipe type, elle aurait moins besoin de marquer ses buts en traversant tout le terrain et en passant en revue toute la défense comme elle l’a fait plusieurs fois cette saison.

Sarah Palacin

Sarah Palacin

Les remplaçantes de cette équipe type sont Céline Deville dans les buts. Linda Sembrant et Anaig Butel en défense. Shirley Cruz et Camille Catala au milieu. Et Flavie Lemaître et Marie-Laure Delie en attaque. De quoi faire une belle équipe là aussi.

Challenge

  1. Lotta Schelin (Lyon) : 171,7
  2. Eugénie Le Sommer (Lyon) : 156,14
  3. Ada Hegerberg (Lyon) : 153,6
  4. Wendie Renard (Lyon) : 135,4
  5. Lara Dickenmann (Lyon) : 128,03
  6. Sarah Bouhaddi (Lyon) : 124
  7. Gaëtane Thiney (Juvisy) : 123,1
  8. Katarzyna Kiedrzynek (PSG) : 115,51
  9. Camille Abily (Lyon) : 114,16
  10. Sofia Jakobsson (Montpellier) : 111,58
  11. Saki Kumagai (Lyon) : 111,56
  12. Céline Deville (Juvisy) : 110
  13. Amel Majri (Lyon) : 109,27
  14. Kenza Dali (PSG) : 102,27
  15. Sarah Palacin (Saint-Etienne) : 101,83
  16. Flavie Lemaître (Rodez) : 96,54
  17. Kelly Gadea (Montpellier) : 96,38
  18. Griedge Mbock Bathy Nka (Guingamp) : 94,72
  19. Julie Peruzzetto (Albi) : 94,01
  20. Caroline Seger (PSG) : 93,99
  21. Camille Catala (Juvisy) : 93,42
  22. Linda Sembrant (Montpellier) : 92,51
  23. Emmeline Mainguy (Guingamp) : 92
  24. Sabrina Delannoy (PSG) : 91,78
  25. Shirley Cruz Traña (PSG) : 88,64
  26. Marion Torrent (Montpellier) : 88,51
  27. Marie-Laure Delie (PSG) : 88,49
  28. Anaig Butel (Juvisy) : 88,36
  29. Claire Lavogez (Montpellier) : 87,53
  30. Kosovare Asllani (PSG) : 87,2


Un commentaire pour “D1 2014-2015, des équipes et des joueuses”

  1. Bel article et équipe-type intéressante !

    Mettez Shirley Cruz (la meilleure joueuse au monde à l’heure actuelle ?) à la place de Perruzzetto, Lavogez à la place de Dali, Houara à la place de Delannoy et j’achète !

    Un duo Thiney / Palacin pourrait vraiment bien fonctionner…

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