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Quelles Bleues pour 2019 ?

Maintenant que la France est qualifiée pour la Coupe du monde 2019, il est plus que temps de réfléchir aux joueuses qui la joueront.

L’étude des listes des joueuses retenues pour les compétitions précédentes montre que quatre ans auparavant, les sélectionnées jouent en général déjà en D1. Mais les choses pourraient être différente cette fois parce qu’il y a eu une vraie génération stable de 2005 à 2015 et qu’elle ne devrait pas durer jusqu’en 2019.

On connaît à peu de chose près la liste des Bleues qui joueront la prochaine Coupe du Monde. Sauf immense surprise ou blessure, les joueuses qui iront à la Coupe du Monde seront les mêmes que celles qui ont battu les États-Unis en février à Lorient. Les deux listes suivantes, pour l’Algarve et pour le prochain match contre le Canada reprennent les mêmes joueuses à l’exception de celles qui sont indisponibles.

La France étant déjà qualifiée la Coupe du Monde qu’elle organisera en 2019, on peut se demander s’il est possible prévoir dès maintenant quelles seront les joueuses qui la joueront1.

La moyenne d’âge pour la sélection française dans une compétition internationale2 tourne autour de 25 ans. Elle a plutôt augmenté pendant l’ère Bruno Bini qui a été une période où l’effectif a été assez stable3.

La grande majorité des joueuses ont entre 20 et 30 ans sans grande surprise. En 2003 et 2005, il y avait de la place pour des joueuses de moins de 20 ans4 et un certain équilibre entre les joueuses de plus et moins de 25 ans.

Désormais, ce n’est plus le cas : la majorité des joueuses de l’équipe de France ont dépassé les 25 ans.

Mais cette répartition ne devrait plus être de mise en 2019. S’il ne reste que Laura Georges de l’équipe qui a disputé la Coupe du Monde 2003, elles sont encore 7 de l’Euro 20055 qui toutes (sauf Céline Deville) avaient eu du temps de jeu il y a dix ans et qui en auront toutes cette année.

Cet Euro anglais a clairement marqué le début d’une génération, même si certaines comme Sandrine Dusang ou Anne-Laure Casseleux ont dû laisser la place à des joueuses du même âge ou presque comme Gaëtane Thiney ou Laure Boulleau.

Mais en 2019, cette génération aura sauf exception laissé la place. Et les suivantes ont été moins massivement représentées ce qui devrait diminuer cette concentration autour de deux ou trois années de naissance (entre 1984 et 1986.

Des cadres de l’équipe actuelle, seules Wendie Renard, Amandine Henry et Eugénie Le Sommer auront moins de 30 ans en 2019. Ce n’est bien sûr pas un âge rédhibitoire mais les chiffres montrent que les trentenaires ne sont pas légions. En 2011, les équipes favorites étaient celles qui en comptaient le plus (6 pour l’Allemagne, 5 pour les États-Unis, 4 pour la Suède et l’Angleterre) mais il s’agissait surtout du maintien d’équipes ayant réussi qu’une méthode pour réussir comme l’a prouvé le résultat du pays hôte.

Huit autres joueuses de la sélection actuelle auront moins de 30 ans en 2019. Claire Lavogez, Griedge Mbock et Kadidiatou Diani auront même moins de 25 ans et sont l’avant-garde de la relève. Amel Majri et Marie-Laure Delie ont un statut de quasi-titulaires qui leur offre quelques garanties, ce qui est sans doute moins le cas de Kheira Hamraoui, Kenza Dali et Méline Gérard.

Mais en tout état de cause, même en ajoutant quelques trentenaires, il devrait y avoir une dizaine de joueuse nouvelles à trouver pour 2019. Ce qui serait parfaitement dans la norme puisque le taux de renouvellement tourne autour de 50% sur une période de 4 ans, avec un minimum à 43% entre 2009 et 2013, deux éditions de l’Euro disputées sous les ordres du même sélectionneur et sans au milieu une révolution comme avait pu l’être l’irruption des joueuses du CNFE6 de Clairefontaine au début des années 2000.

La relève ?

La moitié des joueuses sélectionnées pour une phase finales étaient en général déjà sélectionnées quatre ans plus tôt. Mais parmi les autres, seules deux ou trois étaient déjà internationales. Ce sera le cas d’Amandine Henry, Sarah Bouhaddi et Jessica Houara en 2015, absentes en 2011 mais qui comptaient déjà des sélections7. C’était le cas de Laure Boulleau, Karima Benameur et déjà Jessica Houara en 2013, d’Ophélie Meilleroux, Corine Petit, Gaëtane Thiney et Sandrine Brétigny en 2011.

Depuis plus d’une dizaine d’années, seules Sabrina Delannoy et Julie Soyer ont réussi à intégrer la sélection après 25 ans et pendant longtemps, la majorité des joueuses obtenaient leur première cape avant même leurs 20 ans.

Cela ne semble plus tout à fait le cas maintenant. Symbole de la nouvelle génération, Claire Lavogez avait 20 ans et 4 mois lors de sa première sélection. Amel Majri et Anaig Butel en avaient 21, Kheira Hamraoui 22 et Kenza Dali 23. Kadidiatou Diani a obtenu sa première cape 4 mois avant ses 20 ans et Griedge Mbock à 18 ans. Ce qui reste assez loin de Camille Abily débutant à 16 ans8.

La principale raison de ce décalage est certainement l’amélioration de la formation dans les années 2000. Pendant l’importante phase d’amélioration de la formation impulsée à Clairefontaine, les joueuses du CNFE atteignaient assez vite un niveau qui leur permettait de concurrencer leurs aînées. Désormais, ce sont elles les aînées et leurs successeuses reçoivent une formation peu ou prou comparable qui ne leur permet pas aussi facilement de bousculer la hiérarchie.

Ce n’est pas un hasard si six des sept joueuses de 2005 encore présentes sortaient du centre de Clairefontaine.

Où jouer pour être sélectionnée en 2019 ?

En 2001, quatre ans avant de participer à l’Euro 2005, Louisa Necib, Sarah Bouhaddi et Élodie Thomis ne jouaient pas en D1. Il faut dire qu’elles n’avaient que 14 ans.

C’est assez constant : les seules joueuses d’une sélection qui n’étaient pas déjà en D1 quatre ans plus tôt sont de très jeunes joueuses qui soit n’avaient pas encore l’âge d’évoluer en senior, soit jouaient dans une division inférieure avec des joueuses plus âgées. Ainsi, Viviane Asseyi sélectionnée en 2013 jouait en 2009 à Rouen en D2. Elle avait 15 ans et était meilleure buteuse du club.

L’appartenance quatre ans avant à un club ou à un autre est sans doute moins déterminant. Dans l’équipe actuelle comme dans celle de 2013, plus d’un tiers des joueuses de l’équipe de France jouaient à Lyon quatre ans avant mais c’est surtout la marque de la grande stabilité de l’équipe de France et de Lyon.

Ève Périsset devant Louisa Necib

Ève Périsset devant Louisa Necib

Sinon, la période de quatre ans semble suffisante pour permettre le schéma classique de la joueuse qui brille dans son club, qui est sélectionnée et qui est transférée dans l’un des trois ou quatre clubs qui fournissent les internationales. Dans la sélection 2015, les deux seules joueuses hors du trio Lyon-PSG-Juvisy, Claire Lavogez et Griedge Mbock sont d’ailleurs annoncées à Lyon.

La dernière fois que des joueuses hors du quatuor de tête9 ont représenté la France lors d’une phase finale, c’était en 2009. Et si Laetitia Stribrick (Soyaux) et Candie Herbert (Hénin-Beaumont) n’ont pas rejoint un grand club (et n’ont plus été sélectionnées ensuite), Ophélie Meilleroux (Nord-Allier) a ensuite rejoint Montpellier et Eugénie Le Sommer (Saint-Brieuc) est allée à Lyon.

La sélection 2019

Pour rester dans les normes, la sélection 2019 devrait donc comporter la plupart des joueuses de 26 ans ou moins qui seront au Canada, plus trois ou quatre plus âgées, deux ou trois qui comptent des sélections mais qui ne joueront pas la prochaine Coupe du Monde, et une petite dizaine de joueuses qui ont en général entre 18 et 22 ans et jouent en D1.

Avec ce profil, on proposera la sélection suivante (bien entendu, le sélectionneur qui sera en poste à ce moment là pourra s’il y tient faire d’autres choix) :

Gardiennes

Céline Deville à la retraite et Sarah Bouhaddi devenu joueuse de champ, il ne reste que Méline Gérard. Les deux gardiennes de Montpellier, Laetitia Philippe (enfin épargnée par les blessures et devenue titulaire) et Solène Durand prennent les deux places restantes.

Défenseuses

Wendie Renard reste capitaine, Griedge Mbock est titulaire à ses côtés et Anaig Butel reste dans le groupe. Aïssatou Tounkara entre chez les Bleues en défense centrale.

Aïssatou Tounkara

Aïssatou Tounkara

Sur le côté gauche, Amel Majri est toujours présente avec comme suppléante Théa Gréboval, actuellement à Juvisy.

À droite, Marion Romanelli, championne du monde des moins de 17 ans déjà une des pièces maîtresses d’Albi a un temps d’avance pour la place de titulaire sur Pauline Dhaeyer, qui peut jouer latérale des deux côtés et qui est aussi recentrée chez les Bleuettes et quelques fois à Issy en raison de sa taille. Une polyvalence utile.

Pauline Dhaeyer face à Amandine Henry

Pauline Dhaeyer face à Amandine Henry

Milieux

Amandine Henry, Louisa Necib et Claire Lavogez sont toujours là. Sandie Toletti fait désormais pleinement partie de la sélection. Elles sont rejointes par Aminata Diallo, suppléantes naturelles d’Amandine Henry et par Ève Périsset qui peut jouer à tous les postes du milieu mais aussi sur les deux côtés de la défense.

Aminata Diallo

Aminata Diallo

Attaquantes

Peu de changement devant où le renouvellement a été le plus important sous les deux derniers sélectionneurs.

Eugénie Le Sommer, Marie-Laure Delie, Kenza Dali, Kadidiatou Diani et Élodie Thomis sont en pleine force de l’âge. Gaëtane Thiney étant quasiment la dernière arrivée de sa génération, elle sera aussi la dernière à partir.

Les Bleues lors des phases finales depuis 2003
2003 2005 2007 2009 2011 2013 2015
Céline Marty x
Bérangère Sapowicz x x x
Sandrine Capy x
Sarah Bouhaddi x x x x x
Céline Deville x x x x x
Laetitia Stribick-Burckel x
Laëtitia Philippe x
Karima Benameur x
Méline Gérard x
2003 2005 2007 2009 2011 2013 2015
Sabrina Viguier x x x x x
Laura Georges x x x x x x x
Séverine Goulois x
Emmanuelle Sykora x
Corinne Diacre x x
Peggy Provost x x
Anne-Laure Casseleux x x x
Sandrine Dusang x x
Laure Lepailleur x x x
Laure Boulleau x x x x
Ophélie Meilleroux x x x
Corine Petit-Franco x x x
Delphine Blanc x
Wendie Renard x x x
Julie Soyer x
Jessica Houara x x
Sabrina Delannoy x x
Griedge Mbock Bathy Nka x
Anaig Butel x
Amel Majri x
2003 2005 2007 2009 2011 2013 2015
Amélie Coquet x
Séverine Lecouflé x
Virginie Dessalle x
Elodie Woock x
Stéphanie Mugneret-Béghé x x
Sonia Bompastor x x x x x
Sandrine Soubeyrand x x x x x x
Elise Bussaglia x x x x x x
Camille Abily x x x x x x
Louisa Necib x x x x x x
Amandine Henry x x x
Caroline Pizzala x
Camille Catala x
Kheira Hamraoui x
Kenza Dali x
Claire Lavogez x
2003 2005 2007 2009 2011 2013 2015
Marie-Ange Kramo x x
Marinette Pichon x x x
Hoda Lattaf x x x
Laetitia Tonazzi x x x
Candie Herbert x x
Elodie Thomis x x x x x x
Ludivine Diguelman x x
Sandrine Brétigny x x x
Gaëtane Thiney x x x x
Eugénie Le Sommer x x x x
Marie-Laure Delie x x x
Viviane Asseyi x
Kadidiatou Diani x
Marion Romanelli (sous un mailot d'emprunt)

Marion Romanelli (sous un mailot d'emprunt)

  1. En sautant allègrement par dessus l’Euro 2017 et d’éventuels Jeux Olympiques 2016.
  2. Pour cela, on va utiliser les listes des Euros 2005, 2009 et 2013, celles des mondiaux 2003 et 2011. On ajoutera la liste du dernier match officiel d’Élisabeth Loisel contre l’Angleterre en septembre 2006, que l’on considérera comme proche de celle qui aurait été présente en Chine si la France s’était qualifiée, afin d’éviter une rupture de 4 ans. Toutefois, on prendra toutes les précautions sur les résultats tirés d’une liste qui n’est pas celle d’une phase finale, qui est sortie presque un an avant la compétition qui ne comporte que 18 noms. De même, on prendra comme liste pour 2015 celle du match contre les États-Unis à Lorient, qui devrait être celle de la Coupe du Monde aux blessures près. On ignorera également les JO de 2012 qui cassent la périodicité de deux ans.
  3. On tirera pas de conclusion de la moyenne d’âge particulièrement basse de 2007 qui en raison de l’élimination de la France avant la phase finale est prise presque un an avant celle-ci. Ainsi, si cette sélection avait participé en l’état à la Coupe du Monde en Chine, elle aurait mécaniquement eu une moyenne d’âge d’un an de plus donc dans les standards de la période Élisabeth Loisel.
  4. Ce qui n’était pas vraiment le cas en 2007 où les trois joueuses de moins de 20 ans, Louisa Necib, Élodie Thomis et Sarah Bouhaddi auraient dépassé cet âge au moment de la phase finale, tout comme Griedge Mbock et Kadidiatou Diani l’ont dépassé depuis le match de février.
  5. Sarah Bouhaddi, Céline Deville, Laura Georges, Camille Abily, Élise Bussaglia, Louisa Necib, Élodie Thomis
  6. Centre National de Formation et d’Entraînement
  7. Avec des profils différents : Sarah Bouhaddi avait été la gardienne titulaire entre 2005 et 2010, disputant les Euros 2005 et 2009. Amandine Henry était régulièrement convoquée depuis 2009 avant de disparaître. Jessica Houara ne comptait qu’une unique sélection en 2008 lors de la vaste revue d’effectif qu’avait été le match contre le Maroc et attendra ensuite plus de 4 ans et un changement de poste avant d’être rappelée.
  8. Pour quatre petites minutes en deux matchs cependant. Il lui faudra attendre trois ans de plus et une blessure des ligaments croisés pour intégrer vraiment l’équipe.
  9. Et de clubs étrangers


9 commentaires pour “Quelles Bleues pour 2019 ?”

  1. CHR$, un avis sur Caroline Audemar qui a fait toutes les sélections de jeunes au milieu et qui joue latérale droite chez les vertes ?

  2. Pas vraiment : effectivement, comme beaucoup d’autre, elle trouve depuis cette saison une place de titulaire en latérale (mais je maintiens qu’il ne doit à peu près pas exister de latérale « de formation »).
    Pour ce que j’en ai vu, elle fait une saison pleine. Mais pour rester dans le sujet, elle a statistiquement deux ans de trop pour 2019. Les Viviane Asseyi, Anaig Butel voire Rose Lavaud sont déjà entrées dans la sélection.
    Après, la statistique n’a pas de valeur sur les cas individuels mais ce n’est pas la joueuse sur laquelle je miserais le plus pour 2019.

  3. -Butel ne fera pas carrière en défense centrale. Son gabarit de rouge-gorge n’ est pas adapté. Elle s’ est faite désossée lors du 1er but des EU à l’ Algarve.
    Son (grand) avenir se trouve au centre du terrain.
    -Quant à mettre Abily à la retraite sportive, j’ ai des doutes. Mais peut-être n’ aura-t-elle plus le niveau international vu son (grand) âge.

  4. Beau travail, l’article (écrit par Brunon B.?) oublie Sonia Bompastor et ses 156 sélections…

  5. Si mon aimable contradicteur veut bien noter le sujet de l’article, il constatera qu’il s’agit des joueuses susceptible de participer à la Coupe du Monde 2019 et il sera bien obligé de constater avec moi que la probabilité de voir Sonia Bompastor sur la pelouse à cette occasion est assez faible.
    Et s’il s’agit de la liste récapitulative des Bleues depuis 2003, il notera que son nom est bel et bien présent, juste au dessus de celui de Sandrine Soubeyrand, au milieu, poste auquel elle a joué la Coupe du Monde 2003, l’Euro 2005 et le match qualificatif à la Coupe du Monde 2007 contre l’Angleterre. Ce que mon aimable contradicteur ignore peut-être si sa connaissance de la carrière de Sonia Bompastor n’est pas parfaite.

  6. En lisant cet article 3 ans plus tard, on s’aperçoit qu’il est difficile de faire des pronostics en matière de football féminin. De nombreux noms cités comme devant faire partie de l’équipe de France 2019 ont disparu de la circulation.

  7. Avec un certain retard [qui donnera à mon commentaire le succès qu’il mérite] je trouve au contraire que les trois ans qui sont passés ont apporté remarquablement peu de nouveautés.
    J’avais cité 23 joueuses dont 7 n’avaient encore jamais été appelées en Bleues et sur ces 23 joueuses, 16 ont été appelées cette saison par Corinne Diacre et 4 ont été appelées en équipe de France B en 2018. Les seules absentes sont Louisa Necib et Élodie Thomis dont je n’avais effectivement pas anticipé la retraite et Laetita Philippe qui n’en avait finalement pas fini avec les blessures.
    Alors bien sûr, la sélection pour 2019 ne sera pas exactement celle annoncée, et heureusement, des joueuses plus jeunes (Grace Geyoro, Sakina Karchaoui…) sont arrivées entre temps mais la stabilité et la prévisibilité me semble au cotnraire assez étonnante.

    Par contre, Sarah Bouhaddi ne s’est finalement pas reconvertie en joueuse de champ.

  8. […] Il y a quatre ans la France obtenait l’organisation de la Coupe du monde 2019 et par la même occasion les Bleues assuraient leur place en phase finale. En s’appuyant sur les constantes des sélections en phases finales depuis 2003, on avait essayé ici même de prévoir qui seraient les joueuses appelées pour cette compétition à domicile (voir Quelles Bleues pour 2019 ?). […]

  9. […] « Quelles Bleues pour 2019 […]

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