La liste des 10 candidates au titre « Joueuse mondiale de la Fifa » (le Ballon d’or féminin) est sortie.

Pour la première fois depuis 2010, il s’agit d’une saison sans compétition internationale majeure, même si en 2013 ce n’était qu’un Euro et que cette année il y a eu une Coupe d’Asie et une Gold cup en cours (et chez les filles, l’Asie et l’Amérique du Nord et centrale ne sont pas les faire-valoir qu’ils sont chez les garçons, les dernières finales mondiales et olympiques ont opposé des représentant de ces deux confédérations). Mais la densité est sans doute plus importante en Europe.

On ajoutera qu’en 2010, la WPS américaine regroupait une bonne partie de toutes les meilleures joueuses mondiales. On est donc cette année dans une situation un peu inédite sans trop de compétition opposant les principales prétendantes.

On pourrait dire que cela explique certaines aberrations de la liste si ce n’était pas tous les ans la même chose. La faible diffusion des compétitions explique sans doute la prime aux « noms connus » qui perdure année après année.

Les 10 sélectionnées sont les suivantes :

Nadine Angerer (Allemagne), Veronica Boquete (Espagne), Nilla Fischer (Suède), Nahomi Kawasumi (Japon), Nadine Kessler (Allemagne), Marta (Brésil), Aya Miyama (Japon), Louisa Necib (France), Lotta Schelin (Suède), Abby Wambach (États-Unis).

Une place à vie

Vivement que Nadine Angerer et Abby Wambach prennent leur retraite parce qu’elles ont visiblement leur place réservée. Déjà l’an dernier, la gardienne allemande avait obtenu le titre pour avoir arrêté deux pénalties dans un match. Certes c’était la finale de l’Euro, mais c’était tout dans une saison assez quelconque et un Euro à peine plus brillant.

Là, la Fifa indique qu’elle est sélectionnée pour avoir remporté l’Algarve (c’était Almuth Schult qui était titulaire en finale) et parce que « ses performances ont également permis à la Nationalmannschaft d’enchaîner dix succès d’affilée pendant les qualifications pour la Coupe du Monde Féminine de la FIFA™ ». Encaisser 4 buts en 5 matchs contre des adversaires aussi redoutables que la Russie, l’Irlande (deux fois) la Slovaquie et la Slovénie, ce n’est pourtant pas une performance particulièrement remarquable.

Les autres nominations sont sans doute moins ridicules mais si l’on regarde de plus près les joueuses évoluant en France, la présence de Lotta Schelin est aussi très généreuse tant l’attaquante suédoise a fait une saison moyenne en championnat. Certes elle a marqué 9 buts lors des 13 matchs de la sélection suédoise mais c’est un peu léger comme critère. D’ailleurs comme pour Abby Wambach, la Fifa se sent obligé de justifier sa sélection par l’ensemble de sa carrière et par le fait qu’elle vient de rejoindre Hanna Ljungberg au nombre de buts marqués en sélection suédoise.

Nadine Keßler la favorite

Dans son club, la Suissesse Lara Dickenmann aurait sans doute plus eu sa place pour une saison beaucoup plus impressionnante en France et pour avoir porté la Suisse jusqu’à la Coupe du monde. Et toujours en France, Gaëtane Thiney, meilleure joueuse et meilleure buteuse du championnat, meilleure buteuse des éliminatoires européens et qui a forcé la porte pour reprendre une place de titulaire qu’elle n’avait plus avec l’arrivée du nouveau sélectionneur, aurait sans doute eu aussi plus sa place que la Suédoise voire que sa coéquipière bleue Louisa Necib.

Cela dit, l’Allemagne vainqueur de l’Algarve et qualifié pour la Coupe du monde, Wolfsbourg double champion d’Europe et d’Allemagne, le titre ne devrait cette fois pas échapper à Nadine Keßler (qui aurait déjà dû l’avoir l’an dernier et qui n’était même pas dans la liste). Le podium pourrait être complété par Véronica Boquete, finaliste de la Ligue des Championnes avec Tyresö, auteure d’une très bonne saison américaine à Portland et déjà bien partie à Francfort, et par la Japonaise Aya Miyama, meilleure joueuse de la Coupe d’Asie.

La même chose du côté des entraîneurs

Chez les entraîneurs, la situation est assez similaire. La liste est la suivante :

Philippe Bergerôo (France), Peter Dedevbo (Nigeria M-20), Laura Harvey (Seattle Reign), Ralf Kellermann (Wolfsburg), Maren Meinert (Allemagne M-20), Norio Sasaki (Japon), Pia Sundhage (Suède), Asako Takemoto Takakura (Japon M-17), Jorge Vilda (Espagne M-17 et M-19), Martina Voss-Tecklenburg (Suisse).

À part parce que le jury a déjà compris que la France allait gagne la Coupe du monde, la présence de Philippe Bergerôo est incompréhensible. Les performances des Bleues sont tout à fait satisfaisante mais en dehors d’une victoire 3-0 contre la Suède, le reste n’est que la base attendue avec une telle équipe. À la limite la présence de Gilles Eyquem aurait été plus logique.

De même Pia Sundhage est certainement historiquement une des meilleures technicienne du football mondial. Mais la saison de son équipe de Suède a est surtout marquée par des défaites 3-0 contre la France et 4-0 contre l’Angleterre, et une quatrième place à l’Algarve, certes après une victoire face aux États-Unis, mais avec une défaite contre l’Islande en match de classement.

Leur présence est d’autant plus suprenante que Silvia Neid est absente, vainqueure de l’Algarve et elle aussi qualifiée pour la Coupe du monde.

Ralf Kellermann devrait emporter le titre pour le doublé de Wolfsbourg, mais Jorge Vilda finaliste des Euros M-17 et M-19 avec l’Espagne et Marina Voss-Tecklenburg qui a fait de la Suisse le premier qualifié européen pour la Coupe du monde pourraient aussi être distingués.

Louisa Necib