Ni buts ni soumises » D1 2013-2014 – Bilan de la saison

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D1 2013-2014 – Bilan de la saison

La saison 2013-2014 de Première division féminine s’achève une nouvelle fois sur le titre de Lyon, mais elle restera sans doute comme le vrai début de la généralisation de la professionnalisation de la discipline en France. Moins événementielle cette saison, elle commence par contre à s’institutionnaliser.

Gaëtane Thiney joueuse de la saison, Saint-Étienne pas loin de la catastrophe, des relégués qui ont sans doute tout fait pour, voilà le bilan de la saison.

L’émergence médiatique du football féminin en France est sans doute liée à deux phénomènes concomitants : le désamour du football des garçons manifesté au moment de l’épisode dit « du bus de Knysna » et les résultats des équipes féminines françaises sur la scène internationale avec la victoire de l’OL en Ligue des Championnes suivie un mois plus tard de la place de demi-finaliste des Bleues lors de la Coupe du monde en Allemagne.

Autre élément, suite à un heureux concours de circonstance1, la chaîne Direct 8 avait fait du football féminin un de ses produits d’appel.

Cette saison, ces éléments ne sont plus du tout à l’ordre du jour : les Bleues ont déçu en Suède2 alors que les Bleus se sont reconstruit une popularité en un seul match contre l’Ukraine, la Coupe d’Europe s’est arrêtée avant les quarts de finales pour les clubs français et Direct 8, racheté par Canal+ et devenu D8 a décidé de mépriser un produit dont il a pourtant racheté les droits pour les prochaines saisons.

Les circonstances sont donc nettement moins favorables. Pourtant, l’affluence se maintient au niveau post-mondial. Cette saison atteint le chiffre record de 680 spectateurs là où avant 2011 on tournait autour de 200.

On n’ergotera pas sur la remontée de cette saison après une légère baisse la saison dernière, ces chiffres autour de 600 spectateurs étant très sensibles à quelque valeurs extrêmes. Les matchs de l’OL au stade de Gerland attirent entre 4 000 et 8 000 spectateurs, ceux disputés à la Plaine des Jeux 10 fois moins. Si ce rapport doit sans doute pour partie au choix des affiches jouées sur les deux pelouses, le quart de finale de Coupe contre Montpellier joué à la Plaine des Jeux a attiré environ 1000 personnes quand le match de championnat en a fait venir près de 7500 un mois plus tard à Gerland. Et ce phénomène est général, la demi-finale de Coupe de France de Soyaux contre Lyon, joué au stade Léo-Lagrange a attiré deux fois moins de monde que le match de championnat joué un peu plus tôt au stade Lebon d’Angoulême.

Ces différences qui atteignent quelques milliers ont naturellement un gros effet sur des moyennes de quelques centaines. Ainsi Arras constate une baisse d’affluence de près d’un quart, de 510 à 380 spectateurs. L’explication est que pour les besoins de la diffusion télévisée, Arras a dû jouer son match contre Lyon un samedi soir à Avion devant 800 spectateurs, alors qu’il y en avait 2000 la saison précédente, un dimanche après-midi au stade Degouve-Brabant3. Sans cette différence, la moyenne de spectateurs du club arrageois est à peu près constante.

Ce diktat d’Eurosport n’est que le revers de la médaille de la médiatisation, revers sans doute exorbitant pour un club comme Arras qui n’a pas d’intéressement à la diffusion. Mais pour le développement général du football féminin en France, la présence régulière des caméras d’Eurosport et celle – plus sporadique – de celles de France 4, revêt sans doute une grand importance.

Une quinzaine de matchs ont été diffusés, et si tous ont concerné au moins une équipe du trio de tête (Lyon, PSG mais aussi Juvisy), Montpellier et Guingamp ont été plusieurs fois diffusés et Arras et Muret l’ont été une fois. Le reste du plateau n’aura pas eu l’honneur des caméras de télévision.

Neuf matchs ont été diffusés avant la trêve et seulement six après. Cela marque sans doute une baisse de l’engouement en lien avec l’absence des clubs français de la scène européenne, ce qui créait jusque là l’événement autour des clubs. D’ailleurs BeIn Sports et Eurosport s’étaient disputé les droits du PSG et de Lyon en Ligue des Championnes en début de saison, et on ne parle à peu près plus de football féminin sur la première des deux en cette fin de saison.

Une autre raison peut expliquer cette baisse de médiatisation en cours de saison : il est difficile de maintenir l’intérêt jour après jour quand il y a une journée par mois comme c’est le cas en D1 lors de la phase retour. La saison prochaine ne devrait pas faire exception à la règle puisque si la fin de saison sera avancée d’un mois pour cause de Coupe du monde, la trêve aura lieu aux deux tiers de la compétition.

De plus, malgré la victoire parisienne à Gerland dès la reprise, il n’y avait déjà pas vraiment de doute pour l’attribution du titre, et les démêlés de Juvisy avec Saint-Étienne4 laissaient penser qu’il n’y en avait pas vraiment pour la qualification en Ligue des Championnes. Il ne restait donc guère que le maintien pour trouver du suspense, et sur les 5 équipes concernés (considérant que le cas de Muret ne faisait pas de doute), seul Arras a été diffusé une fois et pas dans un match à enjeu pour le maintien.

Les clubs

Les satisfactions

Au rayon des satisfactions de la saison, aucun club ne peut se targuer d’avoir complètement réussi sa saison, à des niveaux divers. Mais une bonne partie du plateau est globalement dans ses objectifs de début de saison.

Comme l’an dernier, Lyon a remporté un doublé, mais l’impression générale reste mitigée. La faute sans doute à la précoce élimination européenne et à la première défaite nationale de l’ère Patrice Lair. Mais plus que ce match contre le PSG, c’est surtout les difficultés rencontrées contre Yzeure, Rodez ou Arras qui intriguent. Toutefois, l’OL a finalement remporté ces matchs, là où ces concurrentes ont laissé quelques points en route.

La fatigue liée à l’absence de période de repos depuis trois ans pour toute l’escouade d’internationale du club et la difficulté à se remotiver après avoir tout gagné sont sans doute des explications crédibles, tout comme la progression générale. Même si seuls deux clubs sont réellement professionnels dans leur statut, la plupart ont maintenant une approche quasiment professionnelle et toutes les équipes ou presque n’alignent désormais que des joueuses bien formées, bien préparées physiquement et dans une configuration tactique cohérente. Ce qui n’était pas toujours le cas en D1 il y a quelques années.

Le PSG a également un bilan contrasté : il jouera de nouveau la Ligue des Championnes l’an prochain, ce qui n’était jamais arrivé à un vice champion de France, et il a remporté un match de prestige à Gerland en janvier. Mais cette victoire masque l’incapacité de battre Juvisy en championnat et les points laissés en route dans le sprint final, là où l’an dernier, la mise en route avait été difficile avec deux nuls en début de saison mais la suite avait été nettement plus convaincante.

De plus, la manière employée pour battre Lyon, avec un grosse présence athlétique et des coups de pieds arrêtés n’est pas de nature à donner des gages de sécurité, comme l’a montré la finale de Coupe de France. L’ambition dans le jeu n’est pas à la hauteur de l’ambition affichée. Mais les recrutements annoncés, Ann-Katrin Berger, Josephine Henning, Fatmire Alushi (anciennement Bajramaj), Caroline Seger et peut-être bientôt Marta devraient permettre au PSG de prendre le jeu à son compte y compris au plus haut niveau européen.

Paradoxalement, Juvisy est sans doute l’équipe de tête qui a le mieux réussi sa saison. La place en Ligue des Championnes n’a été manquée que d’un point, sans doute perdu face à Soyaux quelques jours après l’annonce d’un match perdu sur tapis vert face à Saint-Étienne (et finalement rejoué). Pour le reste, l’équipe essonnienne n’a perdu que contre Lyon obtenant une victoire et un nul contre le PSG.

Cette saison valide totalement le modèle de développement de Juvisy, professionnalisation autonome et non pas dépendante d’un club de garçons.

Soyaux aurait pu être le club de l’année, celui qui fait une saison totalement réussie. Le maintien assuré assez tôt, une demi-finale de Coupe de France et une sixième place finale, l’équipe charentaise a un très bon bilan pour un promu, le seul qu’on retrouvera l’an prochain en D1. Le recrutement, principalement en D2, a été particulièrement judicieux : Viviane Boudaud, Lydia Belkacemi, Alice Benoit, Gwendoline Djebbar et surtout Laura Bourgouin se sont parfaitement intégrées et ont montré qu’elles avaient le niveau pour l’élite.

À la trêve, Soyaux sortait de deux mois parfaits, avec cinq victoires dont celle contre Juvsiy, un nul contre Hénin-Beaumont et une seule défaite contre Lyon. Mais depuis, Soyaux n’a battu que Muret et obtenu seulement deux nuls contre Hénin-Beaumont et Rodez pour sept défaites, ce qui ternit un peu le tableau et laisse l’équipe sur une moins bonne dynamique. Malgré tout, l’entraîneur Jean-Claude Barrault aura fait un travail remarqué pour son unique saison sur le banc de l’ASJ Soyaux. Il sera remplacé pour raison professionnelle l’an prochain par Jean Paredes, qui avait déjà occupé ce banc entre 2004 et 2008, à une époque où les stars de l’équipe s’appelaient Corinne Diacre, Corine Petit, Ophélie Meilleroux ou Candie Herbert.

Laura Bourgouin, révélation de la saison

Laura Bourgouin, révélation de la saison

Guingamp finit cinquième, ce qui était l’objectif . Sans coup d’éclat et en gaspillant pas mal de points dans des nuls contre des adversaires moins bien classés, la jeune équipe entraînée désormais par Sarah M’Barek a profité de la baisse de régime des Sojaldiciennes pour obtenir sa cinquième place. Mais l’avenir est devant elle pour peu qu’elle arrive à conserver ses meilleures joueuses, en particulier Griedge M’Bock. D’autant plus qu’on annonce pour l’an prochain l’arrivée de l’Héninoise Marie Dafeur et de l’Arrageoise Aminata Diallo, deux grands espoirs du football français.

Rodez et Arras qui finissent à un point d’écart sont finalement les deux équipes qui ont le mieux rempli leur objectif. Maintenues sans trop trembler, les deux équipes savaient dès le début que leur horizon serait la neuvième place. Les deux équipes ont aussi en commun d’avoir pour fait d’arme principal cette saison une défaite contre Lyon. Lors de la cinquième journée, Arras a rivalisé avec Lyon pendant une heure, n’encaissant qu’un but sur coup de pied arrêté avant de pousser la gardienne Pauline Peyraud-Magnin à la faute et à l’expulsion, obligeant Corine Petit à enfiler les gants, les trois changements ayant été effectués. À 11 contre 10, elles vont revenir au score, concéder deux buts puis pousser en fin de match en revenant à 3-2 et en tentant d’égaliser.

La réception de Lyon par Rodez pour le compte de la 17e journée connaîtra un scénario un peu moins rocambolesque mais finalement assez similaire. Après l’ouverture du score sur un pénalty d’Élise Bussaglia, Lyon semble se diriger vers une victoire assez tranquille quand Anne-Marie Banuta profite d’un ballon de Manon Guitard relâché par Sarah Bouhaddi pour égaliser à quelques minutes de la fin. Mais l’internationale roumaine concède un pénalty dans les arrêts de jeu qui empêche les Ruthénoises de traduire en points leur bonne prestation.

Les déceptions

Cinq équipes ont déçu à des degrés divers, et avec des conséquences variables pour la saison prochaine.

Muret était candidat privilégié pour la descente en étant le promu qui avait été le moins à l’aise l’an dernier en D2 et qui s’était plutôt affaibli en perdant sa buteuse Fanny Tenret. Mais l’ASM a réussi à dépasser les pronostics. Commencer par trois matchs à l’extérieur contre Juvisy, le PSG et Lyon n’était déjà pas de nature à partir d’un bon pied. Mais quand en novembre le président Marco Calfiero a expliqué qu’il trouvait que ses joueuses n’étaient pas assez professionnelles (et pour cause…), cela s’est finalement traduit par le départ de six titulaires. Autant dire que le bilan d’un nul et 21 défaites (le pire depuis Caluire en 2002 et Marseille la saison précédente) correspond au potentiel d’une équipe qui du coup pourrait avoir du mal l’an prochain en D2, à l’instar de son voisin, d’autant plus que l’Olympique de Marseille devrait débouler dans ce groupe avec déjà un statut de favori.

Pour Yzeure, 5e l’an dernier, les événements de l’été expliquent sans doute la relégation. Changer l’entraîneur et la moitié de l’équipe quand on vient de faire une performance inouïe, c’est sans doute risqué. Pourtant Yzeure n’a pas été une victime expiatoire, arrachant des nuls à Soyaux (dans sa bonne période) et à Guingamp, gênant Lyon à l’aller et au retour (1-0), Juvisy à Juvisy (1-0 aussi). Mais dans ces situations, c’est la somme des détails qui fait la différence et l’équipe était trop inexpérimentée. Et elle a fini sans son entraîneur, suspendu pour des heurts contre Hénin-Beaumont.

Les Vertes d’Hénin-Beaumont sont les autres perdantes de la saison. Elles n’étaient pourtant pas mal parties, sixièmes au bout de 6 journées et encore septièmes au bout de 13, soit en haut de la meute qui lutte pour le maintien. Mais avec assez peu d’avance et beaucoup de matchs nuls, l’équipe artésienne n’a jamais de marge.

L’équipe était la plus jeune de la compétition (21 ans) et elle a encore rajeuni pour le sprint final avec la mise à l’écart de Céline Musin (24) et Rachel Saïdi (26 et cap), ainsi que celle de Marine Dafeur (19 ans seulement mais internationale A) pour cause de désaccords avec le coach Yannick Ansart, lui même suspendu juste après pour 9 mois après des incidents (et des propos racistes) lors du match remporté à Yzeure. L’équipe qui a fini la saison à Gerland avait moins de 20 ans de moyenne d’âge.

Pourtant Hénin ne tombe que pour avoir perdu lors de la 3e journée face à une équipe stéphanoise ambitieuse, ce qui permettra en fin de saison aux Vertes du Forez de devancer les Vertes d’Artois à la différence de buts particulière.

Pauline Cousin et Justine Rougemont viennent d'apprendre l'égalisation de Saint-Étienne.

Pauline Cousin et Justine Rougemont viennent d'apprendre l'égalisation de Saint-Étienne.

Car c’est la vraie déception de la saison : Saint-Étienne qui avait fait un recrutement visant à s’approcher du quatuor de tête n’est pas passé loin de se retrouver en D2. Pourtant le début de saison était plutôt sur la lancée de la précédente où après avoir tenté des paris étrangers (Chu O Tseng, Megan Manthey), l’ASSE avait fini fort en s’appuyant sur ses jeunes (Audrey Chaumette, Candice Gherbi, Léonie Fleury) pour finir à une belle 6e place, avec une finale de Coupe en bonus.

Cette saison, le recrutement était national (Laura Bouillot, Julie Morel, Nora Coton-Pélagie, Saida Akherraze, Alexandra Atamaniuk) et se traduisait par un bon début de saison : certes elle commençait par un nul face à Guingamp (adversaire direct supposé), mais se poursuivait par des victoire à Hénin-Beaumont et Muret, puis par une séquence difficile avec Lyon, PSG et Montpellier (en match en retard) avec au milieu une défaite surprise à Arras.

C’est ensuite que les choses se sont gâtées avec des défaites contre Rodez, Yzeure et Soyaux : à la mi-saison, Saint-Étienne était relégable. La deuxième moitié de saison sera bien meilleure avec à peine plus de victoires (contre Muret, Guingamp et Soyaux) mais peu de défaites (contre Juvisy, Lyon et Yzeure qui a failli les condamner). Pas mal de nuls qui contre des adversaires directs éviteront d’être distancés, et d’autres contre des équipes du Top 4 (PSG, Montpellier) donneront des points bonus (que les concurrents n’auront pas). La fin de saison est marqué par le retour comme titulaire de Sarah Palacin, buteuse décisive lors des deux derniers matchs.

Toutefois, l’échec de cette saison avec un effectif au dessus du lot devrait laisser des traces. Plusieurs joueuses sont sur le départ dont Méline Gérard et Aude Moreau.

On s’interrogera également sur la politique d’un club qui fait jouer le match décisif à Pomeys5 (dans le Rhône) et ne joue à Geoffroy-Guichard que sur demande de la préfecture contre Lyon.

Dernière déception, mais à un autre niveau, Montpellier n’a pas tenu les promesses de son recrutement. Les internationales Josephine Öqvist, Marina Makanza, et Jennifer Beattie ainsi que les joueuses du centre de formation trois fois champion M-19 devait permettre de se mêler à la lutte pour l’Europe. Mais si la Suédoise a marqué, elle n’a jamais pesé dans les gros matchs. Et l’Écossaise a formé la charnière centrale la plus lente de D1 avec Ophélie Meilleroux pendant une bonne partie de la saison. Seule Marina Makanza a vraiment répondu aux attentes. Du coup, si Montpellier a remporté tous ses matchs contre les « petits » (sauf le dernier à Saint-Étienne), il les a tous perdus contre le trio de tête. Bien que généralement placé dans le Top 4, Montpellier est plutôt intercalé entre un Top 3 et le reste du plateau.

Mais il s’agissait sans doute d’une saison de transition après le départ de Sarah M’Barek. L’an prochain verra l’arrêt de Josefine Öqvist, de Hoda Lattaf (dont c’était peut-être la saison de trop), remplacées par Laetitia Tonazzi en leader d’attaque. La Suédoise Linda Sembrant, libérée par la faillite de Tyresö viendra aussi stabiliser la défense centrale. La jeunesse montpelliéraine aura un an de plus et la génération des Sandie Toletti et Claire Lavogez pourrait regarder vers le haut.

Claire Lavogez face à sa future coéquipière Laetitia Tonazzi

Claire Lavogez face à sa future coéquipière Laetitia Tonazzi

Les joueuses

La joueuse de la saison est sans conteste Gaëtane Thiney : meilleure buteuse du championnat pour la première fois de sa carrière avec 25 buts (alors qu’elle n’avait jamais dépassé la quinzaine jusque là), elle a été élue meilleure joueuse de D1 lors des Trophées UNFP, était en tête du grotesque challenge FFF de la meilleure joueuse au dernier classement6 et a aussi obtenu le titre de meilleure joueuse de la saison sur le site footdelles.com7. Au delà de son nombre de buts (auquel on peut ajouter 15 buts avec les Bleues cette saison, loin devant Marie-Laure Delie et… Wendie Renard qui en ont marqué 8) et de ses passes décisives (10, deuxième meilleur total derrière les 12 de Louisa Necib), elle a surtout survolé la compétition de la tête et des épaules.

Plutôt qu’un effet d’une remise en cause de son statut chez les Bleues ou qu’une diminution de son rôle de consultante, on verra là le résultat direct d’un repositionnement tactique : Gaëtane Thiney est une attaquante qui ne s’exprime jamais mieux que dans l’axe avec une pointe devant elle. À Juvisy, Sandrine Brétigny, Janice Cayman ou Kadidiatou Diani ont joué ce rôle. En équipe de France, c’est celui de Marie-Laure Delie ou d’Eugénie Le Sommer. D’ailleurs, Philippe Bergerôo a une seule fois mis la troyenne de Juvisy en pointe, c’était lors du décevant match nul contre l’Écosse à Chypre.

Deux autres joueuses ont marqué la saison. Marie-Laure Delie dépasse pour la première fois la barre des 20 buts en championnat, marquant 24 fois en 20 matchs. Moins influente que sa coéquipière bleue et régulièrement gênée par les blessures, elle continue à faire ce qu’on demande à une avant-centre : marquer des buts. Son retour au PSG lui permet d’avoir enfin en club un ratio proche de celui qu’elle a en équipe de France. Les totaux de 25 et 24 buts pour les meilleures buteuses sont dans la moyenne haute de ces dernières années, un de mieux que Lotta Schelin l’an dernier. Il faut remonter à 2009 pour trouver mieux, 27 buts marqués par Katia pour Lyon ; très loin des 36 et 38 buts de Marinette Pichon en 2005 et 2006 et des 42 de Sandrine Brétigny en 2007.

La troisième joueuse marquante de l’année est la Suissesse Lara Dickenmann, replacée arrière gauche suite à la retraite de Sonia Bompastor et qui a sans doute fait la meilleure saison de sa carrière. Bien sûr, on peut regretter qu’elle soit bridée par des tâches défensives, on disait la même chose de Sonia Bompastor ; mais elle a l’endurance pour multiplier les courses et les replis défensifs, et forcer ainsi l’ailière adverse à défendre. Avec 8 buts et 9 passes décisives, son apport n’est d’ailleurs pas significativement inférieur à la saison précédente (5 buts et 13 passes décisives).

Au challenge ni but ni soumis de la meilleure joueuse, totalement objectif et parfaitement arbitraire8, on note comme la saison dernière que la pondération accordée aux buts est sans doute un peu trop importante. Qu’importe. Gaëtane Thiney est bien sûr largement en tête, devant les deux autres meilleures buteuses, Marie-Laure Delie et Josefine Öqvist. Camille Abily et Sarah Bouhaddi ont un bilan statistique qui contredit un peu l’impression laissée par leur saison.

Le classement permet une équipe type qui aurait une certaine allure.

Challenge

  1. Gaëtane Thiney (Juvisy) : 153.27
  2. Marie-Laure Delie (PSG) : 124.89
  3. Josefine Öqvist (Montpellier) : 113.93
  4. Camille Abily (Lyon) : 108.37
  5. Sarah Bouhaddi (Lyon) : 107
  6. Lara Dickenmann (Lyon) : 105.72
  7. Eugénie Le Sommer (Lyon) : 100.12
  8. Sabrina Delannoy (PSG) : 98.91
  9. Annike Krahn (PSG) : 98
  10. Laure Boulleau (PSG) : 96.62
  11. Rumi Utsugi (Montpellier) : 96.32
  12. Wendie Renard (Lyon) : 95
  13. Laura Georges (PSG) : 95
  14. Kenza Dali (PSG) : 93.1
  15. Lindsey Horan (PSG) : 92.94
  16. Karima Benameur (PSG) : 92
  17. Laura Bourgouin (Soyaux) : 91.82
  18. Céline Deville (Juvisy) : 91
  19. Louisa Necib (Lyon) : 89.89
  20. Laetitia Tonazzi (Lyon) : 89.31
Sarah Bouhaddi

Sarah Bouhaddi

Lara Dickenmann

Lara Dickenmann

Sabrina Delannoy

Sabrina Delannoy

Annike Krahn

Annike Krahn

Laure Boulleau

Laure Boulleau

Rumi Utsugi

Rumi Utsugi

Camille Abily

Camille Abily

Josefine Öqvist

Josefine Öqvist

Gaëtane Thiney

Gaëtane Thiney

Eugénie Le Sommer

Eugénie Le Sommer

Marie-Laure Delie

Marie-Laure Delie

  1. Direct 8 avait mis un pied dans le football en achetant à la FFF les matchs de l’équipe de France espoir et du championnat de National. Dans le lot se trouvait l’équipe de France féminine qui n’était au départ pas du tout ciblé par la chaîne. Mais il s’est vite trouvé que les femmes faisaient plus d’audience que les garçons. Et le National a été sous loué à France 3, trop cher à produire.
  2. Plus que le résultat brut, c’est surtout la différence entre l’attente et le résultat qui a changé. En 2011, la France ne voyait pas beaucoup plus loin que le premier tour. En 2013, c’était le titre qui était en ligne de mire.
  3. Tout ça d’ailleurs pour qu’Eurosport ne commence la diffusion du match qu’après une bonne demi-heure de jeu, la faute à un match de tennis qui s’était éternisé.
  4. Match donné perdu à Juvisy qui n’avait pas inscrit Camille Catala sur la feuille de match, puis finalement rejoué et remporté par les Essonniennes.
  5. Peut-être cependant que jouer contre Montpellier sur une pelouse approximative était une bonne manière de niveler les valeurs.
  6. La FFF semble tellement croire en son classement qu’elle communique le moins possible dessus. [Mise à jour du 23 juin 2014] Le classement a été officialisé par la commission fédérale des compétitions nationales féminines lors de sa réunion du 19 juin. Gaëtane Thiney le remporte, devant Rumi Utsugi et Laura Bourgouin. Mais aucune mention de ce résultat sur le site de la FFF, il faut aller lire le compte-rendu de réunion.
  7. Voir « Trophées du Football Féminin : merci à tous d’avoir participé ! »
  8. Voir C’est qui la meilleure ? pour le mode de calcul.


4 commentaires pour “D1 2013-2014 – Bilan de la saison”

  1. Merci et bravo pour le boulot CHR$ !
    Petite question (à laquelle tu as ptêt déjà répondu dans les articles précédents, mes désoles) :
    Pourquoi le calendrier est aussi illisible ? Une refonte est-elle envisagée pour le « resserrer » ?

  2. Je ne connais pas la raison profonde de ce calendrier. Mais j’imagine que c’est assez lié au statut encore très amateur de ce championnat (sans que ce soit péjoratif). Dans un championnat pro, on peut placer à peu près autant de matchs qu’on veut en semaine. Cela n’est pas forcément le mieux pour les spectateurs, mais les participants sont par nature disponible.
    Dans un championnat amateur, obliger quelqu’un qui a une activité professionnelle à faire un déplacement de plusieurs centaines de kilomètres (et pas en jet en général) en pleine semaine, c’est délicat.
    Donc pour placer les matchs internationaux, la Coupe d’Europe éventuellement, la Coupe de France et se garder une ou deux dates pour les matchs remis pour intempéries (il n’y en a pas eu trop cette année, mais ça arrive plus qu’en L1 où on est prêt à dépenser le PIB du Bénin pour permettre à un match de se jouer), on se retrouve avec un calendrier à trou.

    Et je ne pense pas que ce soit parti pour changer tout de suite, même si des réflexions sur l’organisation ont lieu, avec des pistes comme celles de suivre les voies anglaises et suédoises : se démarquer complètement du calendrier des garçons et jouer du printemps à l’automne. Mais ce n’est pas sûr que ça serait mieux pour les joueuses qui ont métier et qui n’ont que l’été pour prendre des vacances…

  3. Ah oui je n’avais pas pensé aux autres matchs…
    Pour autant les deux parties sont très déséquilibrées. En suivant (de très loin) la saison des guingampaises, j’ai eu l’impression d’une première partie de saison assez compacte. Par contre la deuxième partie ne m’a justement fait aucune impression.

    mode utopie on :
    J’imagine que les pros évoluent dans les meilleurs clubs, ne pourrait-on pas envisager d’attendre la fin des championnats (en postulant bien sûr qu’ils finissent tous en même temps) pour faire jouer les coupes d’Europes ?

  4. Le plus problème pour établir le calendrier, c’est qu’aujourd’hui notre championnat s’est internationalisé, du coup, avant de faire le calendrier, il est déjà nécessaire de ne mettre aucun match sur les dates FIFA, et internationales, et là ca ressemble à un championnat à trou, et aucune solution n’est possible, si ce n’est de jouer en semaine. CQFD

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