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De vieilles connaissances

Le match au sommet du premier tour de la Ligue des Championnes opposait deux puissances montantes, novices mais avec des moyens importants. Celui du deuxième tour voit s’affronter deux habitués du dernier carré. Si Lyon reste dans la continuité, Potsdam est en pleine reconstruction. Et toujours redoutable.

L’habile tirage au sort des deux premiers tours de la Coupe d’Europe assure des matchs de haut niveau dès le début de la compétition, et aussi l’élimination précoce de quelques favoris avant le printemps. Après la rencontre entre Tyresö et le PSG, deux duels sont à suivre au deuxième tour. Malmö, récent champion de Suède et demi-finaliste l’an dernier affronte Wolfsbourg, champion d’Allemagne et tenant du titre1.

Lyon affronte Potsdam pour la quatrième fois en 5 ans, après les finales 2010 et 2011 et la demi-finale 2012. À titre de comparaison, Lyon et Potsdam comptent 4 finales chacun (deux victoires et deux défaites), là où le PSG comptait 4 matchs et Tyresö aucun.

Deux équipes en transition

Les difficultés financières liées à l’équipe masculine de l’OL se répercutent sur son équipe féminine qui est nettement moins au large dans son budget. Toutefois, le club reste à l’aise dans le monde féminin, ce qui lui permet encore par exemple d’attirer une internationale japonaise évoluant dans un grand club allemand2. Mais le nombre de joueuses sous contrat a nettement diminué et la rotation est moins importante ou se fera avec de jeunes joueuses du centre de formation.

Malgré quelques difficultés dans des matchs de championnat réputés faciles, Lyon semble conserver de la marge sur ses adversaires en France. Il faut dire que les réductions se font très marginalement sur l’équipe type : depuis trois ans, seule Shirley Cruz, Sonia Bompastor et Laura Georges sont parties (et cette dernière avait déjà été libre de partir un an plus tôt). Dans le même temps, Saki Kumagai, Megan Rapinoe, Élise Bussaglia et Laetitia Tonazzi sont arrivées.

Saki Kumagai connaît bien Potsdam qu'elle a affronté plusieurs fois en Bundesliga

Saki Kumagai connaît bien Potsdam qu'elle a affronté plusieurs fois en Bundesliga

La reconstruction de Potsdam

Si 7 joueuses lyonnaises de la finale de 2010 sont encore présentes, seule Anna Felicitas Sarholz, Jennifer Zietz et Tabea Kemme (et Stefanie Draws qui n’était pas entrée en jeu) sont encore là du côté de Potsdam. La première, gardienne décisive lors de la séance de tirs au buts, a perdu sa place en 2012 avec l’arrivée d’Alyssa Naeher et se retrouve actuellement remplaçante d’Ann-Katrin Berger depuis le départ de l’Américaine. La seconde était alors capitaine mais a manqué toute la saison dernière à cause d’une rupture des ligaments croisés. Elle revient seulement petit à petit.

De l’équipe de 2011, on ne garde en plus qu’Inka Wesely qui joue actuellement les doublures en défense et Jennifer Cramer, alors sur le banc et désormais titulaire (qui l’était jusqu’à sa blessure début octobre). Dix lyonnaises de cette finale sont encore présentes.

L’équipe de Potsdam actuelle commençait à se dessiner lors de la demi-finale 2012 : l’Américaine Alexandra Singer, la Suédoise Antonia Göransson et l’Équato-Guinéenne Genoveva Añonma (ainsi que la Macédonienne Nataša Andonova qui n’était pas entré sur le terrain) sont alors arrivées, commençant à dessiner le profil plus international de l’effectif.

En 2012, Potsdam avait pris l'eau à Gerland.

En 2012, Potsdam avait pris l'eau à Gerland.

Il faut dire que depuis ses deux finales, Potsdam a été dépouillé de ses internationales allemandes par Francfort (Bianca Schmidt, Babett Peter, Fatmire Bajramaj) et Wolfsbourg (Josephine Henning, Viola Odebrecht, Nadine Keßler), deux équipes plus fortunées.

Pourtant, l’équipe brandebourgeoise a encore conservé son titre de championne d’Allemagne en 2012. La saison dernière, l’émergence de Wolfsbourg et surtout l’élimination en huitièmes de finale contre Arsenal ont lancé le besoin d’un grand renouvellement d’effectif qui s’est déroulé en deux étapes entre le mercato d’hiver et celui d’été.

La jeunesse et l’expérience

L’Américaine Keelin Winter est retournée aux États-Unis en janvier, pendant que les Norvégiennes Maren Mjelde, Ada et Andrine Hegerberg arrivaient. Cette dernière est depuis repartie en claquant la porte et en indiquant ne plus pouvoir travailler avec Bernd Schröder mais en laissant sa sœur.

Mais la vraie révolution a sans doute été l’entrée en équipe première de Pauline Bremmer, maintenant inamovible au milieu de terrain à seulement 16 ans. Ces mouvements ont poussé vers la sortie la Belge Heleen Jaques et l’espoir allemand Sara Doorsoun-Khajeh, quasiment plus alignées en deuxième partie de saison et qui partent ensuite à respectivement à Bruges et Essen.

Enfin, trois joueuses titulaires ont quitté le club en fin de saison : la gardienne Alyssa Naeher à Boston, la buteuse Yuki Nagasato-Ogimi à Chelsea et la meneuse Patricia Hanebeck à Sand en deuxième division3.

Pour les remplacer, Bernd Schröder fait principalement appel à la promotion interne en titularisant Ann-Katrin Berger dans les buts et Nataša Andonova ou Asano Nagasato (la sœur de l’autre) en attaque. Les recrues sont en milieu de terrain avec la Suissesse Lia Wälti et l’ancienne du Bayern Julia Simic, venue essayer de se faire enfin une place en sélection.

Genoveva Añonma

Genoveva Añonma

Toutefois, ce renouvellement n’est pas un rajeunissement. Car l’équipe était déjà très jeune la saison dernière et les joueuses cadres qui sont parties n’avaient guère que 25 ans. L’année de plus de l’ensemble de l’effectif et le retour de blessure de Jennifer Zietz (30 ans) maintiennent la moyenne d’âge pondérée à 23 ans4, la moyenne d’âge non pondérée passant même de 21 à 22 ans (soit le simple effet du temps qui passe à effectif constant). Et en dehors de l’ancienne capitaine, l’effectif de Potsdam est comme l’an dernier composé uniquement de joueuses de moins de 25 ans.

À titre de comparaison, la moyenne d’âge pondérée de l’effectif lyonnais est de 27 ans5 et parmi les joueuses régulièrement alignées, seules Saki Kumagai, Wendie Renard (23ans), Amandine Henry et Eugénie Le Sommer (24) ont moins de 25 ans.

Le sorcier de Potsdam

Le collectif de l’OL est réputé en Europe, il bénéficie de la présence de nombreuses internationales et d’une longue habitude de jouer ensemble. Celui de Potsdam ne l’est pas moins malgré les nombreux mouvements d’effectifs, la jeunesse des joueuses et leur provenance de divers pays6.

Entraîneur de Potsdam depuis plus de 40 ans (avec quelques épisodes à la direction du club), Bernd Schröder est un mythe vivant dans le monde du football féminin. La comparaison de ses résultats avec ceux des entraîneurs qui se succèdent par paquet de trois sur le banc de Francfort ses dernières année est d’autant plus impressionnante que les meilleures joueuses émigrent régulièrement du Brandebourg vers la Hesse. Mais année après année, Potsdam reste au plus haut niveau de la Bundesliga.

Bernd Schröder évolue régulièrement avec trois défenseuses et une sentinelle devant qui à l’occasion se mue en quatrième arrière. Actuellement, ce serait plutôt le rôle dévolu à Johanna Elsig enfin revenue de blessure, un an après son arrivée au club, ou celui de Maren Mjelde. Dans ce système, l’occupation des côtés revient plutôt aux attaquantes qu’aux arrières, Potsdam joue donc avec deux vraies ailières, le plus souvent Lisa Evans et Nataša Andonova, voire Genoveva Añonma quand Ada Hegerberg est titularisée dans l’axe.

Bien que la place de meneuse soit celle de Julia Simic, la patronne du milieu est Pauline Bremmer côté droit. Son pendant côté gauche est la Suissesse Lia Wälti qui s’impose de plus en plus.

Contrairement aux précédentes confrontations, Potsdam ne compte à peu près plus d’internationale allemande (Jennifer Cramer ne devrait pas jouer contre Lyon) et assez peu de joueuses d’expérience internationale (Maren Mjelde compte plus de 60 sélections pour la Norvège et Antonia Göransson plus de 40 pour la Suède). Mais il ne faudrait pas pour autant sous estimer le co-leader invaincu de la Bundesliga.



Un commentaire pour “De vieilles connaissances”

  1. Pourquoi vous n’écrivez plus rien depuis? c’est bien dommage, car les articles de grande qualité comme les votres sur le football féminin sont vraiment rares. Ne lachez pas l’affaire, il faut encourager les filles qui sont sur les terrains…

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