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Le bal des débutantes

Le tirage au sort oppose dès le premier tour éliminatoire de la Ligue des Championnes deux équipes à la fois quasi débutantes et déjà favorites. Entre le PSG et Tyresö, l’une restera sur le carreau et l’autre visera d’aller au bout. Comparaison de deux clubs qui se ressemblent.

Le 13 août dernier à Lendava en Slovénie, les Polonaises d’Unia Racibórz obtenaient le nul 0-0 contre les Biélorusses de Bobruichanka et achevaient tranquillement un tour préliminaire leur permettant d’atteindre les 16e de finale pour la quatrième fois. Pendant ce temps, Glasgow battait Twente 2-0 à Entschede, et poursuivait aussi sa route1 dans le grand tableau.

Ces qualifications sont à la fois anecdotiques et assez prévisibles pour des équipes habituées de la compétition mais qui n’ont encore jamais fait de parcours marquant (leur meilleure performance est un huitième de finale pour Glasgow en 2011-2012, perdu contre Potsdam 17-0 au cumul des deux matchs). Mais par une sorte d’effet papillon footballistique, elles provoquent le choc des 16e.

Polonaises et Écossaises étaient les deux seules équipes de la phase préliminaire dont le coefficient UEFA était supérieur à celui de Tyresö. Pour sa première participation, le champion de Suède est crédité de 33% des 58,5 points de son pays. Glasgow est assez loin mais Unia ne possède que 0,6 points d’avance. Autant dire que si Malmö et Göteborg ont fait de bonnes performances ces deux dernières saisons, Tyresö paye l’échec d’Umeå éliminé dès le tour préliminaire par l’Apollon Limassol en 2010-2011.

L’épouvantail

Classé 17e des 32 participants au tirage au sort du premier tour, Tyresö était bien entendu l’équipe à éviter pour les 16 têtes de séries. Le sort aurait pu les opposer à des équipes de seconde zone, comme le Sparta Prague ou Neulengbach2, primé pour leur présence régulière. Mais il a préféré une opposition contre une autre équipe favorite.

Représentant d’un pays dont le coefficient (84,5) suffit à assurer une place de tête de série à ses représentants, même nouveaux venus, le PSG n’est pas tout à fait un novice dans la compétition après une première participation en 2011-2012.

Après avoir aisément battu les Irlandaises de Peamount, les Parisiennes n’avaient déjà pas été gâtées au tirage en rencontrant dès le deuxième tour Francfort, futur finaliste. Battues 3-0 à l’aller et menées dès le début de match retour, les joueuses de Camillo Vaz étaient parvenues à remporter le match grâce à un doublé d’Allie Long, sortant la tête haute de la compétition.

Les nouveaux riches

Depuis, le PSG a changé de statut. L’équipe de 2011 ambitionnait de se qualifier pour la Ligue des Championnes ; celle de 2014 de la remporter. Présent en continu en D1 depuis 2001 mais naviguant dans les compétitions nationales depuis trente ans, l’équipe féminine du PSG existe depuis 1971 et n’est pas issue de la reprise par le club professionnel d’une équipe déjà existante, ce qui en fait un cas à peu près unique en France. Mais elle n’a longtemps joué que le maintien, sans grande crainte il est vrai durant les années 2000. Le premier changement est intervenu en 2009 avec l’arrivée des internationales Élise Bussaglia, Julie Soyer et Jessica Houara, et surtout de Camille Abily et Sonia Bompastor entre deux saisons américaines. Le PSG a pris la place laissée vacante par Toulouse dans le quatuor de tête du championnat de France.

Un nouveau pas a été franchi avec le rachat du club qui s’est accompagné d’une augmentation substantielle des moyens alloués à l’équipe féminine qui est devenue professionnelle. Dans l’équipe type actuelle, seules Laure Boulleau, Sabrina Delannoy et Jessica Houara étaient au club avant la saison dernière. Les autres ont été remplacées par des internationales, françaises ou étrangères.

Le profil de Tyresö est assez semblable. Le club est également né en 1971 et a évolué pendant années 90 dans les premières divisions suédoises sans jamais jouer les premiers rôles malgré les passages des stars Kristine Lilly et Michelle Akers à une époque où il n’y avait pas de championnat professionnel aux États-Unis. Après une descente jusqu’en 4e division, Tyresö a fait une remontée éclair et occupe le haut du tableau en Damallsvenskan, le championnat d’élite suédois depuis 2010, obtenant le titre l’an dernier.

Il faut dire que le club s’est donné les moyens en attirant de nombreuses internationales de tous pays, la plus emblématique étant bien sûr Marta, 5 fois élue meilleure joueuse du monde (et sans doute la plus chère aussi) et déjà vainqueur de la Coupe d’Europe avec Umeå. Ainsi Tyresö est novice sur la scène européenne, mais ses joueuses ne le sont pas.

Les forces en présence

De même que le PSG, l’équipe type de Tyresö est principalement composé de joueuses arrivées depuis moins de deux saisons (14 sur les 19 inscrites en Ligue des Championnes), les autres étant arrivées après la montée en 20103. La gardienne Ashlyn Harris ou la défenseuse Ali Krieger sont arrivées cet été après la fin de la saison américaine, et ne seront sans doute plus là au moment des quarts de finales. La Norvégienne Caroline Hansen est arrivée début septembre et l’Américaine Whitney Engen vient à peine de fêter son titre avec Liverpool qu’elle rejoint Tyresö. Le match contre le PSG pourrait être son premier4.

Les all-stars de Tyresö

Avec Marta, Veronica Boquete, Christen Press et donc désormais Caroline Hansen, l’attaque de Tyresö a de quoi impressionner. En ajoutant l’espagnole Jennifer Hermoso, la capitaine de la Suède Caroline Seger et la néerlandaise Kirsten van de Ven, on est sûr qu’entre attaque et milieu, la division offensive sera composée de grandes joueuses. Mais il va maintenant falloir que Tony Gustavsson choisisse parce qu’entre l’arrivée de Caroline Hansen et le retour de blessure de Marta, il y a un peu embouteillage devant.

Derrière, l’effectif est moins clinquant quoi que très impressionnant, mais il manque de stabilité : la gardienne Carola Søberg a été remplacée par Ashlyn Harris pendant l’été, Linda Sembrant est revenue de blessure juste au moment où Johanna Frisk était indisponible, Ali Krieger a pris la place de Sara Thunebro. Bref, de toute la moitié inférieure de l’équipe, il n’y a guère que Line Røddik Hansen, Lisa Dahlqvist et Meghan Klingenberg qui soient titulaires depuis le début de saison. Et tout cela va donc se compliquer avec l’arrivée d’une cinquième américaine, Whitney Engen.

Autant dire que s’il est certain que Tyresö présentera une belle composition, la qualité individuelle sera privilégiée à la force collective.

Quel système pour le PSG ?

Le PSG compte moins d’internationales expérimentées, surtout avec la blessure de Linda Bresonik. Mais il bénéficie d’un effectif beaucoup plus stable depuis un an puisque Marie-Laure Delie et Laura Georges sont les seules recrues qui devraient participer à la double confrontation. Ces deux joueuses ont désormais une solide expérience (surtout la seconde qui a remporté deux fois la compétition et joué quatre finales), et les internationales Annike Krahn, Tobin Heath voire Kosovare Asllani n’en manquent pas non plus.

Sabrina Delannoy, capitaine et joueuse historique du PSG

Sabrina Delannoy, capitaine et joueuse historique du PSG

La défense du PSG compte dans ses rangs quatre joueuses5 qui postulent à une place de titulaire chez les Bleues où seule Wendie Renard semble clairement au-dessus d’elles. En ajoutant Annike Krahn, elle semble de taille à résister à l’attaque adverse, d’autant plus qu’elle ne sera pas réduite à défendre en permanence.

À l’autre bout du terrain, les qualités de Marie-Laure Delie ne seront certainement pas mieux exploitées en jouant le contre que si elle se retrouve régulièrement dans la surface. La mobilité n’étant pas non plus le point fort de Lindsey Horan, seule Kosovare Asllani pourrait tirer son épingle du jeu si le PSG est dominé dans le jeu.

Mais avec des joueuses comme Tobin Heath et Shirley Cruz, l’équipe parisienne peut aussi chercher à imposer son jeu.

Le système de jeu mis en place en début de saison par Farid Benstiti comportait une défense à 5 qui avait tout l’air d’être une manière de ne pas choisir entre ses trois stars de l’axe, sa capitaine Sabrina Delannoy, sa recrue Laura Georges et sa championne d’Europe Annike Krahn. Mais par manque d’automatisme et surtout par manque de créativité, il a semblé brider le PSG, sans assurer plus de sécurité défensive. Lors du dernier match, le PSG est repassé à 4 derrière, toujours sans choisir puisque Sabrina Delannoy jouait côté droit où elle n’a pas semblé très à l’aise.

Contre Tyresö, le 5-3-2 vu contre Lyon serait suicidaire, mais il manquait alors Kosovare Asllani et Tobin Heath. Ce qui améliorerait considérablement l’ordinaire offensif, sans régler vraiment le problème des automatismes défensifs.

Marie-Laure Delie, l'atout offensif parisien

Marie-Laure Delie, l'atout offensif parisien



2 commentaires pour “Le bal des débutantes”

  1. Tiens, legerement HS, mais tu penses quoi de l’acquisition des droits LdC à domicile par BeInSport? Perso (mais rien pour confirmer, juste une opinion), je suis pas sûr que ce soit une bonne idée: le foot feminim a encore plus besoin d’avoir une base plutot que des sous – et je suis pas sûr que le public du foot fem ait BeInSport en majorité…

  2. oui, Eurosport ou D8 p la diffusion, ca serai mieux

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