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Les favorites en ordre de bataille

Après une première journée difficile, les favorites se sont relancées, assez largement pour la Suède et l’Allemagne. La France est la seule équipe qualifiée dès le deuxième match, et s’assure même la première place de son groupe, ce qui pourrait lui permettre de faire tourner contre l’Angleterre.

Dès la fin de la première journée, on savait qu’il ne pouvait y avoir au maximum qu’une seule équipe qualifiée après le deuxième match, le vainqueur d’Espagne-France. C’est la France qui en profite, et grâce aux autres résultats, elle s’assure déjà la première place de son groupe. Aucune équipe n’est encore éliminée, même si l’Angleterre n’est vraiment pas passée loin.

Les groupe A et B continuent leur parcours parallèle. Après une première journée qui n’a vu que des matchs nuls, la seconde a été l’occasion du réveil des favorites. Les candidates à la victoire finale, Suède et Allemagne on remis les pendules à l’heure face aux adversaires les plus faibles de leurs groupes, respectivement 5-0 contre la Finlande et 3-0 contre l’Islande. Les attendues attaquantes Lotta Schelin et Celia Okoyino da Mbabi on marqué chacune un doublé pour fermer la marque, mais la meilleure buteuse est la surprenante défenseuse centrale suédoise Nilla Fisher qui a marqué les deux premiers buts contre la Finlande après avoir égalisé lors du premier match.

Nilla Fischer

Nilla Fischer

L’Italie et la Norvège ont aussi confirmé leur position de favorite1 pour la deuxième place en battant respectivement le Danemark (2-1) et les Pays-Bas (1-0), ce qui devrait théoriquement leur assurer au moins la deuxième place de leurs groupes, sauf en cas d’improbables victoires de la Finlande sur le Danemark ou de l’Islande sur les Pays-Bas.

Danemark et Pays-Bas devraient viser une des places de meilleurs troisièmes

En effet, Danoises et Néerlandaises, après avoir bien résisté face aux favorites, on un peu payé leurs efforts lors du deuxième match, mais semblent capable de remporter le troisième. Toutefois leur situation est légèrement différente : le Danemark s’est heurté à la solide défense italienne mais semble capable de produire du jeu pour venir à bout de la Finlande. Au contraire et malgré le discours sur le renouveau du jeu, les Pays-Bas sont plus forte pour empêcher leur adversaire de jouer, ce qui explique qu’elles ont souvent de bons résultats contres les meilleurs équipes sans confirmer contre les autres.

Pour l’instant on s’achemine donc vers un classement conforme aux prévisions initiales pour ces deux groupes, même si presque tout reste ouvert. Ouvert parce qu’il n’y a finalement que 3 points entre le premier et le dernier, mais presque parce que Suède, Italie, Allemagne et Norvège sont déjà assurés d’éviter la quatrième place et qu’au contraire, Danemark, Finlande, Pays-Bas et Islande ne peuvent plus espérer la première.

Les Bleues en quart

L’Angleterre a confirmé son piètre premier match en parvenant pas à montrer quoi que ce soit contre la Russie. C’est même Nelli Korokvina qui ouvrait la marque en fin de première mi-temps, profitant de l’apathie de la défense anglaise. La situation était assez grave pour que Hope Powell choisisse de lancer Kelly Smith à un quart d’heure de la fin alors qu’elle n’était pas réputée remise de sa blessure. Contre toute attente, c’est Eniola Aluko qui laissait sa place, la preuve que d’autres sélectionneurs peuvent prendre des décisions qui laissent perplexe.

Si l’amélioration dans le jeu n’était pas frappante, elle a permis de revenir au score par un but de Toni Duggan au bout des arrêts de jeu.

L’Angleterre n’est pas morte

Cette équipe anglaise manque cruellement de talent et d’imagination, mais il faut se garder de l’enterrer trop vite. D’abord parce que l’histoire des phases finales est pleine d’équipes qu’on donne pour morte au bout de deux matchs et qui finissent par aller au bout ou presque. Il y a quatre ans, les deux équipes qualifiés troisième de poule avaient remporté leur quart, ce qui était également le cas une fois sur deux lors des tournois olympiques de 2008 et 2012 (qualification du Japon, puis du Canada, élimination du Canada, puis de la Nouvelle-Zélande).

Ensuite le jeu actuel est une marque de fabrique de l’équipe anglaise, dont la force n’a jamais résidé dans sa qualité de jeu mais dans sa force physique et mentale.

D’ailleurs contrairement à l’étonnement général des commentateurs sur la faiblesse d’une équipe qui était finaliste il y a quatre ans, le parcours de cette année est dans la droite ligne de celui de 2009 : après une défaite contre l’Italie, l’Angleterre avait battu la Russie et obtenu sa qualification grâce à un nul face à une équipe de Suède déjà assurée de la première place. Cette troisième place lui avait évité de rencontrer l’Allemagne, dévolue au deuxième du groupe (comme cette année) pour jouer un quart de finale contre la Finlande, puis une demi-finale contre les Pays-Bas. Bref un parcours parfaitement optimisé par les joueuses d’Hope Powell, capable de ne pas se laisser surprendre par les Néerlandaises mais surtout marqué par l’évitement des obstacles.

Cette année, la victoire contre le premier du groupe déjà qualifié est envisageable, et la suite devrait être moins facile puisque le quart devrait se jouer contre la Suède mais un tableau sur mesure n’est pas tout à fait exclus (avec un quart contre l’Italie et une demi contre l’Espagne ou la Norvège).

La France avec trois meneuses

Jouant en dernier, les Bleues savaient qu’une victoire leur donnait directement la première place. Bruno Bini avait résolu le problème de choix des meneuses d’une manière originale et les alignant toutes les trois, sur la même ligne. Gaëtane Thiney gauche et Camille Abily à droite ont retrouvé des postes qu’elles ont souvent occupé en sélection même si ce n’est pas leur préféré. Et si la seconde a été plus convaincante sur le côté, les deux ont fini le match à un autre poste plus axial la Troyenne de Juvisy devant la Bretonne de Lyon.

Visiblement, il s’agissait plutôt d’une solution au problème posé par l’Espagne qu’à celui de l’abondance de biens ; une manière de priver l’adversaire du ballon. Cela a plutôt bien fonctionné, au détriment de l’occupation des ailes et du jeu offensif puisque Marie-Laure Delie s’est retrouvée totalement isolée jusqu’à l’entrée d’Élodie Thomis qui a apporté de la vitesse et donc de l’espace. Mais pendant toute la deuxième mi-temps, les Bleues ont semblé partagées entre la volonté d’attaquer et celle de ne pas se découvrir.

L’expérience française

La victoire est au bout, ce qui est le principal. La France s’était déjà qualifié dès le deuxième match en 2011, mais elle va finir première de groupe pour la première fois. Il faut dire que les françaises forment l’équipe la plus expérimentée du plateau. Pas tellement en âge puisque si la liste des 23 Bleues est la plus âgée avec 27 ans de moyennes, elle ne l’est pas en moyenne pondérée par le temps de jeu2 où la Suède et la l’Angleterre sont plus âgées. Mais l’effectif compte (au départ de l’Euro) 60 sélections de moyenne, et 89 de moyenne pondérée. Le Danemark est à 76 et toutes les autres en dessous de 70. Dans le même ordre d’idée, la France compte 13 joueuses au dessus de 50 sélections, là où les autres n’en ont que 8 ou 9 au maximum (10 pour l’Angleterre).

La force de frappe française est aussi impressionnante avec 7 joueuses qui ont marqué au moins 20 buts en sélection3 là où les autres équipes n’en ont que 2 ou 3 au maximum.

Si l’on ajoute que la moitié de l’effectif a joué plusieurs finales de Ligue des Championnes, dont deux remportés (et qu’une autre partie est allé au moins en demi-finales) et que la plupart sortent de deux demi-finales de compétitions internationales avec les Bleues, on a bien le profil d’une équipe expérimentée capable de négocier au mieux non seulement le premier tour mais la suite de la compétition.

Bien sûr, ces considérations statistiques ne sont pas un viatique pour la victoire finale, l’Allemagne qui a l’équipe la plus jeune de la compétition (25 ans de moyenne pondérée, comme la Finlande et 24 au total), et l’une des moins expérimentée en A avec 49 sélections de moyenne pondérée semble malgré tout aussi bien armée, et en fait aussi expérimentée par d’autre biais : en club (là aussi, une bonne partie de l’effectif est déjà allé au bout en Ligue des Championnes) et dans les sélections de jeunes.

Faire tourner contre l’Angleterre ?

L’avantage d’avoir assuré la première place aussi tôt va être de pouvoir gérer le dernier match. L’inconvénient est de se poser des questions sur cette gestion. Le sélectionneur rappelle le cas de « son » Euro M-19 en 2003 où l’Angleterre avait fait tourner au troisième match, pour concéder une défaite qui avait désagrégé l’équipe. On pourrait bien entendu trouver le cas inverse d’équipe faisant tourner, perdant le dernier match et remportant la compétition (comme chez les garçons, la France en 2000 ou la Grèce en 2004).

Ce qui semble à peu près certain, c’est que ce serait une erreur de titulariser 11 des 13 ou 14 joueuses déjà utilisées. D’abord parce que certaines joueuses comme Gaëtane Thiney ou Camille Abily tirent la langue depuis déjà de longs mois. Ensuite parce que cela invaliderait le discours sur les 23 joueuses qui sont à même de participer. Si personne n’entre dans l’équipe dans ces conditions, autant partir à 14.

À l’inverse, il n’est pas sûr qu’une équipe composée uniquement de remplaçantes soit une bien meilleure idée, ce serait sans doute les mettre exagérément en difficulté.

Derrière, les défenseuses et la gardienne ne semblent pas exagérément fatiguées, on pourrait quand même voir entrer Sabrina Delannoy ou Ophélie Meilleroux dans l’axe, Jessica Houara ou Julie Soyer d’un côté. Il est peu probable que la défense change entièrement, mais ce n’est de toute façon pas un enjeu tant la hiérarchie semble claire dans un secteur peu propice aux changements en cours de match.

Wendie Renard

Wendie Renard

Devant, il est probable que Marie-Laure Delie, là aussi parce qu’il n’y a pas de concurrence et que cela sera la seule occasion de la faire se reposer avant, on l’espère une série de trois matchs.

Pour les autres, la situation est moins claire et les enjeux plus importants : le milieu et les ailes ont déjà beaucoup tourné avec 8 joueuses utilisées pour 5 places. On peut imaginer qu’Élodie Thomis et Eugénie Le Sommer pourraient débuter puisqu’elles étaient remplaçantes contre l’Espagne. La seconde pourrait même démarrer dans l’axe. Il est très probable que Camille Catala soit titulaire également. On peut imaginer que Viviane Asseyi ou Sandrine Brétigny joue, au moins en entrant en jeu.

Au milieu, la situation dépendra sans doute un peu de l’état de santé de Louisa Necib. Si sa blessure s’est réveillée, elle sera sûrement ménagée. Sinon, elle devrait débuter pour prendre du rythme. Et bien sûr, les débuts d’Amandine Henry dans cette compétition sont attendus. La troisième place pourrait revenir soit à Élise Bussaglia dont la saison a été moins longue, soit à Sandrine Soubeyrand qui est celle qui a le moins joué lors des deux premiers matchs.

Le tableau des quarts

Rien n’empêche de faire un peu de prospective (qui sera vite démentie…) sur le tableau des quart, en particulier pour évaluer l’importance du match France-Angleterre. On peut supposer que la Suède et l’Allemagne sont lancées. Le plus probable est aussi que le Danemark et les Pays-Bas devraient s’imposer. On supposera aussi que la Russie ne battra pas l’Espagne.

Cela donnerait : Suède-un troisième, Italie-Norvège, Allemagne-Espagne et France-un autre troisième.

Avec le Danemark et les Pays-Bas à 4 points, le match France-Angleterre deviendrait important puisqu’une victoire anglaise mettrait les trois équipes au même nombre de points, et que tout se jouerait à la différence de buts. Si l’Angleterre est éliminée, comme le second du groupe A ne peut jouer en quart contre le premier du même groupe, le Danemark jouerait contre la France (et les Pays-Bas contre la Suède). Et même sans faire d’hypothèse, si le troisième du groupe de la France ne passe pas, la France jouera contre le troisième du groupe A.

Par contre, si le troisième du groupe C est qualifié, la France jouera contre le meilleur troisième des deux autres groupes. Ce qui signifie que dans le cas où (dans les hypothèses précédentes) les Pays-Bas gagnent d’au moins un but de plus que ne l’aura fait le Danemark, les Bleues pourront choisir d’affronter plutôt les Néerlandaises à condition d’encaisser une défaite suffisamment lourde contre l’Angleterre.



2 commentaires pour “Les favorites en ordre de bataille”

  1. J’ai frôler l’AVC sur la dernière partie 😛
    Good job anyway

  2. Je parierais plutôt sur un complet repos de la ligne arrière et je vous rejoins sur le reste,

    Deville
    Soyer – Delannoy – Meilleroux – Houara pour remettre la ligne titulaire sur les 3 derniers matchs
    Soubeyrand – Henry
    Thomis – Necib – Le Sommer
    Bretigny

    Catana ayant déçu pour son entrée contre la Russie.

    Une équipe qui aurait tout de même de la gueule 🙂

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