Pour jouer contre une équipe ultra favorites, il y a deux écoles : ceux qui pensent que perdu pour perdu, autant jouer et ceux qui préfèrent endormir l’adversaire et croire en la chance.

Depuis longtemps, Lyon renvoie les deux dos-à-dos. Toutefois, malheureusement pour les romantiques, la deuxième méthode est celle qui donne les meilleurs résultats contre cet adversaire. C’est en jouant contre nature un match totalement défensif avec la seule Laetitia Tonazzi en pointe que les Juvisiennes étaient venues chercher le nul à Gerland l’an dernier, ce qu’elles n’avaient pas cru pouvoir faire au retour où elles étaient obligées de gagner.

PSG, l’anti Montpellier

Cette saison on ne tirera pas de conclusion de cette opposition, jouée à un moment où Juvisy était à la peine pour enchaîner championnat et Ligue des Championnes. Mais en une semaine, on a vu l’application des deux méthodes. Dimanche dernier, Montpellier a joué très haut et tenté de pousser régulièrement ses actions avec plusieurs joueuses. Cela a donné un match plaisant, permis aux coéquipières de Hoda Lattaf de tromper deux fois Sarah Bouhaddi, qui a également été obligée de s’employer sur plusieurs ballons aériens.

Mais cela a aussi libéré des espaces, ce qui est mortel quand il y a Élodie Thomis en face, sans parler de ses coéquipières. Et au final, Montpellier a perdu assez largement et n’a jamais été en position de ramener quelque chose.

Le PSG a fait exactement l’inverse sortant au compte gouttes et restant en permanence « bien en place ». Du coup, le premier tir parisien est arrivé à la 89^e minute une frappe sans élan de 25m de Lindsey Horan qui n’a pas vraiment inquiété Sarah Bouhaddi. Le PSG a bien défendu, mais le PSG a surtout beaucoup défendu.

En contrepartie, Véronique Pons a beaucoup moins eu à s’employer que Solène Durand la semaine dernière. Les attaquantes lyonnaises ont peiné à se mettre en bonne position et ont donc soit frappé de loin, soit dans de mauvaises condition.

La nouvelle réputation du PSG et les positions respectives des deux équipes au classement expliquent sans doute aussi le peu d’entrain lyonnais à attaquer en nombre, avec la crainte d’un contre alors qu’un nul n’aurait pas été une très mauvaise opération pour l’OL.

Qui a vécu par le pénalty périra par le pénalty

C’est finalement à la suite d’un pénalty d’Amandine Henry pour une main de Sabrina Delannoy sur une frappe de Laetitia Tonazzi que l’OL a trouvé la faille. Ironie de l’histoire, la défenseuse parisienne est particulièrement dans l’histoire du club pour avoir transformé quelques pénaltys décisifs contre Montpellier.

Comme l’a justement analysé Farid Benstiti après le match, il n’y a pas vraiment eu photo entre les deux équipes, et on se dit que sa stratégie était sans doute la meilleure pour ramener quelque chose sur un malentendu contre une équipe plus forte.

Car deux indices expliquent la différence entre les deux équipes. L’attelage qui a tenu la maison parisienne au milieu était constitué de Shirley Cruz et d’Aurélie Kaci arrivées cet été de Lyon. Et si la première y était titulaire, la seconde jouait les remplaçante polyvalentes dans les matchs moins importants. Puis pendant que Lyon a fait entrer Laetitia Tonazzi, Élise Bussaglia et Lara Dickenmann, les entrantes parisiennes étaient Ella Kaabachi et Kenza Dali, pas tout à fait le même standing. Malgré le recrutement de cet été, l’effectif du PSG est encore moins fourni que celui de l’OL. D’ailleurs dans les discours de Philippe Boindrieux (DG adjoint en charge de la section féminine) et Farid Benstiti n’ont pas laisser planer de doute sur le fait que le club cherchera à recruter dès le mercato d’hiver.

Autre différence qui va s’atténuer avec le temps : si les 11 joueuses lyonnaises présentent au coup d’envoi étaient déjà au club la saison dernière, ce n’était le cas que de 3 Parisiennes (Véronique Pons, Sabrina Delannoy et Jessica Houara). L’entraîneur étant également nouveau, il faut un peu de temps pour bâtir un collectif capable de rivaliser.

Mais le temps joue pour le PSG et on peut penser que Lyon a bien fait de prendre de l’avance parce que les choses pourraient être plus difficiles dans six mois.

Montpellier et Juvisy déroulent

Montpellier n’a pas semblé ébranlé par sa défaite contre Lyon. C’est Vendenheim qui a fait les frais du redémarrage héraultais, battu 6-0 avec un triplé de Hoda Lattaf. Montpellier reprend ainsi la deuxième place et n’a toujours perdu de points que contre l’OL et le PSG.

Il faut dire que Vendenheim n’était pas la proie la plus difficile. Après ses deux victoires initiales, l’équipe alsacienne ne parvient plus à gagner et s’enfonce peu à peu vers le bas de classement.

Saint-Étienne en difficulté

C’est aussi le cas de Saint-Étienne contre qui elle avait concédé le nul la semaine dernière, et qui recevait Juvisy. L’an dernier, l’opposition avait tourné largement à l’avantage de des locales, infligeant à l’équipe essonnienne l’une de ses deux défaites de la saison, qui lui aura peut-être coûté le titre (puisque sans cela Juvisy aurait pu jouer au retour comme à l’aller contre Lyon, voir plus haut).

Mais cette année, la meilleure joueuse stéphanoise Camille Catala est passé dans le camp d’en face et elle en a profité pour ouvrir le score. La moitié de l’équipe de Juvisy a ensuite marqué, montrant que la mauvaise passe du mois d’octobre est bien finie.

Ce qui n’est pas le cas pour les Vertes qui auront intérêt de vite revoir leurs ambitions à la baisse : l’objectif de faire mieux que la cinquième place des saison passées est désormais totalement illusoire et il serait temps de ne plus regarder en haut mais de s’inquiéter sérieusement de ce qu’il y a en bas, en l’occurrence plus grand monde.

Toulouse et Issy vers la D2

Avec un profil assez semblable d’équipe amateur adossée à un club pro, Guingamp semble mieux parti pour jouer la cinquième place. Sans faire beaucoup de vague, les Briochines alternent victoire à domicile et défaite à l’extérieur, aidées par le calendrier qui leur a proposé Lyon et Juvisy à l’extérieur (et avec un nul notable à domicile contre le PSG lors de la première journée).

Cette fois, elles recevaient Toulouse, toujours à la recherche de sa première victoire et qui attendra au moins une semaine de plus.

Les Violettes voient s’éloigner leurs adversaires pour le maintien, sauf Issy qui reste dans la même galère. Les Isséennes avaient pourtant une bonne occasion en recevant les Ruthénoises qui les précédaient au classement. Mais l’expérience de la D1 a fait la différence, Rodez l’a emporté 1-0 et sort de la zone rouge avec cette deuxième victoire consécutive.

Une histoire de gardiennes

Le dernier match de la journée opposait deux équipes bien lancées dans la course au maintien. Arras est le seul promu qui semble dans le rythme de la D1 alors qu’il semblait le moins bien armé sur le papier, et Yzeure est un peu rentré dans le rang après un très bon début de saison, dont une victoire contre Juvisy.

Une histoire de gardiennes a rappelé qu’à côté du professionnalisme qui se développe dans certains clubs, une partie de la D1 garde un fonctionnement amateur à l’ancienne, et doit parfois recourir au système D.

À l’entame du match, c’est Caroline Gracial qui occupait le poste de gardienne à Arras. Elle avait déjà assuré l’intérim pendant que Claire Jacob était en Azerbaïdjan pour remporter la Coupe du monde M17 et que Manuela Cuvillier était déjà blessée. Mais elle a surtout joué les autres matchs à son vrai poste d’attaquante.

Au bout d’un quart d’heure, Yzeure menait grâce au sixième but de Laura Bouillot. À la demi-heure, la gardienne américaine de l’équipe auvergnate Libby Stout concédait un pénalty et recevait un carton rouge. En l’absence de gardienne sur le banc, c’est la milieu de terrain Sarah Chalabi qui prenait les gants pour une fin de match sans gardienne de part et d’autre.

Est-ce que Caroline Gracial est plus habituée à ce poste ou bien est-ce la supériorité numérique, on ne sait pas. Mais Arras s’impose finalement 4-1 et passe devant son adversaire.

Le championnat fait désormais relâche jusqu’au 2 décembre et au choc entre Juvisy et Montpellier. Entre temps, Lyon aura joué la Mobcast Cup au Japon, sorte de championnat du monde officieux des clubs et les Bleues auront perdu contre l’Allemagne en match amical.

9^e journee

• PSG-Lyon 0-1 : Henry 72′
• Guingamp-Toulouse 3-0 : Le Callet 25′, Le Garrec 55′, Amani 90′
• Montpellier-Vendenheim 6-0 : Lattaf 6′, 40′, 91′, De Revière 32′, Bilbault 38′, Delie 87′
• Saint-Etienne-Juvisy 0-5 : Catala 29′, Guilbert 61′, Trimoreau 77′, Thiney 82′, Diani 86′
• Issy-Rodez 0-1 : Bouvinet 29′
• Arras-Yzeure 4-1 : Gosse 32′, Saint-Sans Levacher 54′, Jarosz 70′, Bultel 80′ ; Bouillot 16′