Ni buts ni soumises » Un carton d’espoirs

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Un carton d’espoirs

En s’inclinant (surtout en première période) contre l’Allemagne, les Bleues s’offrent l’Angleterre en quarts de finale.

Le résultat de samedi à Leverkusen dira si le match contre l’Allemagne était une défaite encourageante ou un coup d’arrêt, mais l’équipe de France a toutes les raisons de croire en elle si elle oublie une première mi-temps médiocre, pour retenir sa capacité de réaction après la pause puis à dix contre onze…

Nouveau remaniement défensif

Dans un match entre deux équipes déjà qualifiées, il est courant de faire tourner les effectifs. Bruno Bini a procédé à quelques ajustements qui ont sans doute eu une importance sur le résultat final, mais qui payeront peut-être aussi quand la fraîcheur sera nécessaire à la fin d’un quart ou d’une demi-finale.

Il a en tout cas aligné sa troisième défense en trois matches: la blessure puis le retour de Wendie Renard n’expliquent qu’en partie de ce turn-over. Laura Georges a déjà joué avec trois partenaires différentes en défense centrale (Ophélie Meilleroux, Sabrina Viguier et Wendie Renard). On peut supposer que les bonnes prestations de Laure Lepailleur à droite imposaient de la laisser en place. Et comme cela avait été pressenti lors de la préparation, Wendie Renard est devenue une titulaire en puissance, au point de se glisser dans l’axe si le côté droit est pris.

Pour compléter le renouvellement, Laure Boulleau remplaçait Sonia Bompastor à gauche, histoire d’éviter à l’habituelle titulaire un carton qui l’aurait privée de quart de finale (ce qui semble avoir été une idée judicieuse au regard de la généreuse distribution du soir).

Impasse en attaque

Au milieu de terrain, le duo de récupératrices formé de Sandrine Soubeyrand et d’Elise Bussaglia était reconduit, avec Louisa Necib comme meneuse derrière une attaque remaniée où Gaëtane Thiney et Eugénie Le Sommer occupaient les côtés et Élodie Thomis l’axe. Cette solution a déjà été régulièrement testée, sans jamais convaincre tant elle s’adapte mal aux qualités d’Élodie Thomis, bloquée par le manque d’espace et pas assez puissante ni technique pour malmener une défense en jouant dos au but – à plus forte raison la défense allemande.

En face, Silvia Neid avait aussi procédé à quelques changements, dont on ne sait pas s’ils étaient destinés à protéger des joueuses ou a rendre son équipe plus compétitive en s’appuyant sur des joueuses plus en forme. Birgit Prinz, décevante jusque-là, était remplacée par Inka Grings – ce qui donne une idée du potentiel allemand: l’attaquante de Duisbourg aurait été titulaire dans n’importe quelle autre sélection. De même, Melanie Behringer, blessée, était remplacée par Fatmire Bajramaj (citée parmi les trois meilleures joueuses du monde lors de la dernière élection FIFA).

Au combat jusqu’au bout

La première mi-temps confirmait que les deux équipes ne supportaient pas le turn over de la même façon: l’Allemagne dominait et marquait sur deux erreurs de marquage de la défense française. Si le fait que jouer sans ses deux meilleures joueuses (Camille Abily et Sonia Bompastor) et son avant-centre la plus performante (Marie-Laure Delie) affaiblissait l’équipe de France n’était pas encore sûr, la deuxième mi-temps allait le prouver. L’entrée de la meneuse et de l’avant-centre changeaient le visage de l’équipe de France en permettant de jouer nettement plus haut et en donnant beaucoup moins de confort à toute la relance allemande. Ce qui était assez naturellement récompensé par un but de Marie-Laure Delie.

Le penalty-carton rouge infligé à Bérangère Sapowicz pour une faute sur Fatmire Bajramaj, et le match débridé qui s’ensuivait sont assez anecdotiques sur le plan du jeu. En revanche, les Bleues n’ont pas lâché le match, en revenant un temps à 3-2 – alors que les précédentes confrontation franco-allemandes s’étaient soldées par des scores nettement plus sévères (3-0 et 5-1), avec la nette impression qu’il n’y avait rien à faire. Delie aura même eu un ballon de 3-3 qui a refroidi le Borussia Park. Malgré la défaite, il ressort au moins de la rencontre qu’un palier a été franchi contre le Canada, et que l’équipe de France ne fait plus de complexes.

Le mur anglais

Comme prévu, le quart de finale mettra la France aux prises avec une équipe qui n’est pas hors de portée: l’Angleterre a fait dans le classique en finissant première de son groupe, sans jamais donner l’impression de dominer son sujet. Le match contre le Japon a livré un bon aperçu de ce qui risque d’arriver à la France: tenir le ballon, se heurter à un mur et voir arriver des contres et des ballons aériens. Potentiellement, la France est supérieure à l’Angleterre, mais depuis des années, ce potentiel n’apparaît jamais vraiment sur le terrain lors des confrontations directes. Comme c’était le cas contre le Canada…

Le sort du quart de finale pourrait dépendre des conséquences les plus dommageables de cet Allemagne-France, en l’occurrence son festival de cartons. En premier lieu, les Tricolores feront sans leur gardienne titulaire Bérangère Sapowicz. Comme le sélectionneur a fait le choix de privilégier la vie du groupe, il ne dispose pas de la meilleure remplaçante à sa gardienne, Sarah Bouhaddi. Il va donc probablement faire jouer Céline Deville1, très expérimentée, mais moins à l’aise sur les balles aériennes qui feront sans doute les bonheur d’Ellen White et de ses partenaires.

On saura samedi vers 22h s’il aurait mieux valu jouer un Japon en bout de course, mais l’Angleterre devra se méfier en étudiant ce France-Allemagne : Camille Abily, Sonia Bompastor et Marie-Laure Delie seront certainement titulaires samedi, et ça ne sera pas la même équipe.



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