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Marseille vu du ciel » Le journal de Robert

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Il y a peu, je vous avais promis de vous parler de Klas Ingesson.

Klas Ingesson, c’est l’un de mes recrutements préférés. Un vrai coup de cœur. Et a priori un bon joueur de football : il finit troisième d’une Coupe du monde à laquelle Didier Deschamps ne se qualifia même pas.

Deschamps, époque Klastadinov.

Didier Deschamps, époque Klastadinov.

En 1999, à Bologne, je me dis qu’avec son physique à mi-chemin entre Pierluigi Collina et Jérôme Leroy, c’est forcément un bon gars. Et quand je le vois survivre au tacle-sécateur de Daniel Bravo, je suis persuadé que tous les joueurs de D1 vont se casser les dents sur lui.

Il s’avèrera qu’ils se contenteront de le contourner.

Il aura effectivement un peu de mal à s’acclimater à Marseille. Guère plus que d’autres, mais je dus rapidement le renvoyer en Italie, pour faire de la place à Georges Weah.

Car Javier, clément, il ne l’était pas : pour le dernier match d’Ingesson avec le maillot de l’OM, un seizième de finale de Coupe de la Ligue, alors que l’équipe sombre 4 buts à 1 sur le terrain d’un club de D2 où Souleymane Diawara a encore l’âge d’aller en boîte, l’entraîneur inflige au milieu suédois la honte d’être remplacé par Dramane Coulibaly, qui connaît aujourd’hui encore quelques difficultés à marquer, dans le championnat indonésien.

Le footballeur Ingesson ressemblait sans doute autant que son prénom à un meuble Ikea : grand, brut et sans style.

Mais il a su attirer ma sympathie par la suite : il y a quelques mois, il a lui aussi eu son cancer. Je me suis alors dit que j’allais pouvoir enfin réaliser mon rêve en le faisant monter ici-haut : recruter deux fois le même joueur, et ce sans craindre aucun procès. Malheureusement, il a l’air de s’en sortir.

L'Olympique de Marseille, époque ABBA.

L'Olympique de Marseille, époque ABBA.

Quand je repense à ce match au Havre, je ne peux m’empêcher de faire un rapprochement avec un postulant à la classe Ingesson : Alou Diarra. Je ne réussis toujours pas à me convaincre que le petit Chimbonda que j’ai vu ce jour là est parti jouer une Coupe du monde, pas plus que le joueur qui sommeille aujourd’hui au milieu de notre équipe en a un jour joué une finale.

Ce dernier mois, alors qu’il était sans doute parti à la Coupe du monde de rugby, Alou Diarra nous a quand même un peu manqué. Mais l’équipe de France avait certainement besoin de sa science du refus de la passe vers l’avant, du contact violent, et du lâcher de ballon une fois allongé avec l’adversaire. Après, parvenir en finale et la perdre d’un rien, c’est sans doute son karma. Il faudra voir cette saison qui de Deschamps ou de lui a le plus gros.

En attendant la fin, Klas Ingesson a décidé de laisser ouvertement s’exprimer le bûcheron qu’il a toujours été :

Bob-Loulou.

Salut les vivants,

Ce matin c’était l’effervescence ici. Un petit nouveau arrivait précédé d’une réputation flatteuse. Je suis allé le saluer.
– Salut! Moi c’est Bob Loulou.
– Hello Bob, moi c’est Steve.
– Steve? T’es gardien de buts?
– Jobs, je suis Steve Jobs.
– T’es de la famille de Joseph-Désiré?
– Noo, je suis PDG d’Apple.
– Apple? Pas Apple Tel Aviv, j’espère. Parce que Julien Quenemer est là, et il est toujours super en colère contre toi.
– Mais non! Apple, l’entreprise informatique.
– Ah OK. T’as de la chance, moi ma famille a voulu me mettre en HP.

Nous avons conversé de nos réussites et échecs respectifs (surtout de ses réussites et de mes échecs). En lui parlant des déboires de l’OM, il m’a donné des petits conseils pour mieux profiter de mes produits, grâce à une petite couche de marketing. Voici comment Steve voit ce qui se passe à Marseille: une multitude de trucs inutiles mais dont on ne peut plus se passer.

L’iLucho : ne fonctionne qu’avec des produits qui disposent du même système d’exploitation, ce qui oblige à acheter un bundle avec l’iLisandro, sinon ça plante. Ou pas, justement.

L’iRémy : surpuissant grâce à son double coeur. Livré avec ses écouteurs.

L’iValbuena : un format de poche dont vous ne pourrez plus vous passer. Livré avec son petit étui, nombreuses couleurs et motifs disponibles.

L’iDiawara : avec son GPS intégré, vous n’aurez plus de mal à trouver le bar, la boite de nuit ou le club de strip-tease le plus proche. A utiliser avec le iMbia pour un expérience optimale.

L’iVel’ : c’est le fleuron de la gamme, et le B.A BA du marketing: on vend le même produit, on rajoute une coque, et on peut faire payer deux fois le prix.

L’iBérique : César Azpilicueta.

l’iLabrune : tout nouveau modèle (l’iDassier avait des problèmes de débit sonore) avec un renforcement du design capillaire et une chemise ouverte pour une meilleure ventilation offrant ainsi un brassage d’air maximal.

L’iGignac : retour à l’usine avant une resortie prochaine: Sadran ne nous a pas vendu le câble pour le recharger.

L’iDiarra : après des mois d’observation des techniques de survie des girafes dans la savane et du lamantin en milieu subaquatique, c’est une vrai révolution dans la gestion de la consommation énergétique. L’iDiarra a été conçu pour ne rien faire, pendant des jours et des jours en complète autonomie. Coté production, c’est un CPC-464 camouflé dans une boite d’iMac.

L’iMandanda : existe aussi en blanc (mais il ne fonctionne qu’a Lyon et il est plus cher).

L’iMargarita : Nous avons fait une refonte complète d’iThunes.

L’iPape : il était temps que Wikipédia ait enfin un concurrent.

L’iJosé : Mac.

L’iRodriguez : Tamagoshi du millionnaire, l’iRodriguez 0.0 est l’accessoire indispensable de ceux qui aiment la frime : vintage, hors de prix et totalement inutile.

l’iU : deux pour le prix d’un.

l’iMégaPhone : inclus l’appTonini.

l’iStore : Jean-Pierre Bernès (Ne pas confondre avec son pendant android, le PaStore).

Bob-Loulou.

Salut les vivants,

Pauvres, pauvres Lyonnais. Dépossédés de leur trône, de leur suprématie financière, de leur sourcilleux champion du monde de ni oui ni non. Et voilà que Marseille leur enlève Guignol. L’emblème historique et culturel de la ville.

– Attention Jean-Clauuuude, derrière toiiiiiii.
– Quoi? Mais quoi?
– Labruuuuuuune.

À Marseille on ne donne pas de coup de matraque. Plutôt des indemnités de licenciement, juteuses comme des oranges marocaines. J’avais mis Pierre Dantin dans les pattes de Diouf, mon jeune apprenti a finalement coupé les fils du pantin qu’il avait balancé dans les courtes jambes de Deschamps.

Ni président à l’africaine, ni président à la libanaise, Dassier aura finalement été un président à la tunisienne: renversé, la tête coupée comme une vulgaire statue de dictateur irakien.

– Qu’est-ce qu’il y a Saddam? Non, je ne veux pas deviner un mot de quatre lettres qui commence par B et finit par H.

Excusez-moi, depuis qu’il est arrivé, il veut jouer au pendu avec tout le monde, et ça le stresse que seul David Carradine accepte.

Alpins perdus

Je m’accorde depuis là-haut une petite satisfaction, en voyant Margarita obligée de mettre la main à la poche de son vison pour tenir le club. Ma chère et tendre ne m’énervait que dans deux situations: en exigeant que je demande mon chemin quand elle nous croyait perdus dans les Alpes suisses, et lorsqu’elle me tannait parce que l’OM nous coûtait trop cher.

Et voilà: elle ne fait pas mieux que moi. Derrière chaque grand homme, il y a une femme qui elle aussi vire des présidents et résous les problèmes à coups de millions. Des millions gagnés à la sueur du front de gens que j’ai exploités moi-même, je tiens à préciser.

Mais je suis si fier d’elle. Pour le poste de DG, elle est allée chercher le président de la SASP du Red Star. Le Red Star, un club mythique qui végète en CFA sans réussir à remonter en National malgré un budget deux fois supérieur à celui de ses concurrents. Je t’aime, ma marguerite.

Interlude

(accent Russe)

–  Mais enfin Rroberrt, tou vois bien qu’il n’y a plous de rroute devant nous. Demande ton chemin
– Mais ma biquette, regarde, il n’y a que des vaches, à qui veux-tu que je demande?
– A loui, là!
– Mais c’est une v… ah non tu as raison, c’est Rolland Courbis. Non non non, tu demandes ton chemin à Rolland Courbis,, il finit par te facturer une course qui t’emmène au palais de justice. Pas question.

Bob Loulou.

L’autre jour, j’étais en train de relire le contrat de Marc-Vivien Foé quand Aragon, oui Aragon, frappa à ma porte :

– Salut Bob, dit-il en me tendant un papier. Tiens, c’est un truc que j’ai écrit en pensant à toi.

– À moi ?

– Oui, car tu ne le sais pas mais tu m’as toujours été très sympathique. Faut aussi dire que Margarita me rappelle Elsa… Russes toutes les deux et toujours à tout refaire… Certes, Elsa refaisait le monde et Margarita, c’est son corps qu’elle a refait… Mais, bon, la démarche est la même, c’est juste le contexte historique qui a changé.

– Ce n’est pas faux… D’ailleurs, je me rappelle qu’elle a un peu pris Les yeux d’Elsa au pied de la lettre quand elle a décidé d’aller chez le toubib.

– Ah bon… Pourtant, quand je disais vouloir construire un homme nouveau ou une femme nouvelle, ce n’est pas exactement à ça que je pensais… Mais, bon, il faut bien un début à tout… On en reparlera cependant plus tard car je dois te laisser maintenant : il y a Terek Grozny-Anzhi Makhachkala, le derby caucase, à la télé, et Joseph est chaud bouillant. Il parle même de déporter à nouveau ces enfoirés de Tchétchènes. Avec Maurice, il va encore falloir qu’on le calme. À bientôt, Bob.

l’OM, un club crypto-communiste ?

Les faux cils et le manteau : l’OM, un club crypto-communiste ?

Aragon reparti, je lus son papier dont, bon prince, je vous ai recopié le texte:

Rien n’est jamais acquis à l’OM Ni son Taiwo

Ni son Heinze ni son Lucho Et quand il croit

Ouvrir ses bras son ombre est celle de Drogba

Et quand il croit serrer son idole il le broie

Sa vie est un étrange et douloureux mercato

Il n’y a pas de mercato heureux

Sa vie Elle ressemble à ces attaquants

Qu’on avait recrutés pour un autre destin

À quoi peut leur servir de s’entraîner matin

Eux qu’on retrouve au soir transférés certains

Dites ces mots Mes amis Et retenez vos chants

Il n’y a pas de mercato heureux

Mon bel amour mon cher amour ma déchirure

Je te porte dans moi comme un Rodriguez blessé

Et celui-là sans savoir nous regarde passer

Répétant après moi les mots que j’ai tressés

Et qui pour toi, DD, tout aussitôt moururent

Il n’y a pas de mercato heureux

Le temps d’apprendre à gagner il est déjà trop tard

Que pleurent dans la nuit nos cœurs à l’unisson

Ce qu’il faut de joueurs pour la moindre chanson

Ce qu’il faut d’avocats pour payer un frisson

Ce qu’il faut de cash pour une victoire

Il n’y a pas de mercato heureux

Il n’y a pas de mercato qui ne soit à douleur

Il n’y a pas de mercato dont on ne soit meurtri

Il n’y a pas de mercato dont on ne soit flétri

Et pas plus que de toi l’amour du grisbi

Il n’y a pas de mercato qui ne vive de pleurs


Aragon suspendu deux matchs par le Comité National de l’Éthique pour une banderole injurieuse visant le Paris-Saint-Germain.

Banderole anti-PSG, Aragon bientôt convoqué par le Conseil national de l'éthique.

Bob-Loulou.

Hier, quelle ne fut pas ma surprise quand je suis passé à côté de George Sand et que je l’ai entendue parler de football avec certaines de ces amies ici-haut. Je leur ai demandé si je pouvais partager leur discussion, et elles m’accueillirent à bras ouverts. Je ne me suis évidemment pas vexé lorsqu’elles m’ont avoué que je leur étais inconnu : elles étaient déjà bien aimables de me faire une place autour de la table. Je fus néanmoins stupéfait de comprendre qu’elles connaissaient Mathieu Valbuena, dont elles semblent être les secrétaires intimes et assidues de ses performances.

J’ai alors demandé à George Sand s’il elle pouvait me dire ce qu’elle pense de ce joueur, que j’ai eu le mérite de faire venir à l’OM. Très pressée par un rendez-vous avec Alfred de Musset, elle ne put s’entretenir plus longuement avec moi. Malgré tout, elle promit de m’écrire. J’ai un instant espéré qu’elle oserait avec moi les jeux de mots doux qu’elle partage avec Alfred.

Et, ce matin, j’ai reçu ce pli venu de je ne sais où, jeté comme un pavé dans la mare au diable :

La première fois que je l’ai vu jouer,

J’ai envisagé l’OM évoluer sans lui et

J’ai tout de suite perçu le problème

Que poserait désormais son absence.

Il est étrange qu’avec tous les ballons

Subtilisés dans les pieds des adversaires

Qu’il mange, il ne soit pas plus grand

Dans le cœur de tous les supporters.

Le voir déborder, et imaginer son centre

Vers l’attaquant placé devant le gardien,

Forcément trop court, et le but qui s’ensuit,

Faisant exulter les supporters comme

Sur une contre-attaque rondement menée

Où il aura beau être encore poursuivi

Par l’adversaire, trop rapide dans son dos

Il s’en ira et saura faire parler sa technique,

Ses contrôles, encore à contre-sens du jeu,

Déstabilisant toute l’équipe opposée

Et encore une fois finir, avec son nez

De fin dribbleur, seul face au gardien

Planté dans la pelouse du Vélodrome,

Pour placer le ballon dans la lucarne

Empli d’un sentiment du devoir accompli.

Je suis à moitié d’accord.

Bob-Loulou.

Je conserve un souvenir très précis de ma première visite du stade Vélodrome, avant de signer mon testament avec Jean-Claude Gaudin.

L’histoire de ma vie est celle de ma séduction irrationnelle par les Jean-Claude. J’aurais aimé être Duvalier, j’ai fini par passer le témoin à Dassier, en dépêchant en équipe de France un lilliputien qui s’exprime comme Van Damme. Néanmoins, reprendre l’OM s’apparentait plutôt à une visite du stade de l’Huveaune: le sentiment que quelque chose de grand avait vécu, puis était mort. Comme moi.

Pensant à cela, je m’étonnai de croiser Woody Allen au détour d’un nuage. Il a perdu tous ses cheveux avant de rendre l’âme ; foutue chimiothérapie. Il me regardait avec insistance, et une certaine émotion. J’ai alors compris qu’il s’agissait en fait de Le Corbusier. Rassurant pour Woody Allen : cela n’a pas fonctionné pour moi, mais pour lui, avoir épousé une gamine fut une vraie cure de jouvence.

« Avec tous les piliers de comptoir qui supportent ce club, ils auraient pu en trouver quatre pour soutenir un toit. »

Il s’approche de moi:

– Bougre, je redoutais de ne jamais pouvoir vous remercier d’avoir lavé ce mépris que me vouait Marseille, me dit-il.

– Pardon?

– Oui, vous avez consenti à la construction d’un édifice plus hideux encore que ma Cité radieuse.

– Malheureusement, je suis bien d’accord. Avec tous les piliers de comptoir qui supportent ce club, ils auraient pu en trouver quatre pour soutenir un toit.

– La lumière, mon cher, la lumière!

– Il n’aurait pas fait d’ombre à notre jeu.

– Cela, je l’ignore. Il faut avouer que cette forme en feuille de lotus…

– Oui, c’est encore pire vu d’ici !

Lorsque fut discuté à l’époque le projet de « Stade Olympique de la Nerthe », sur le moment, j’en ai rêvé. Sa délocalisation et ses 400 millions ont fait peur, paraît-il. Pour pratiquement le même prix, nous avons eu « L’enrhumeur », comme l’appelait Roland Courbis. Quand j’y repense, rien d’étonnant à ce que le public m’ait pris en grippe.

– D’ailleurs, à votre avis, que voulait faire l’architecte quand il nous a annoncé que le stade « a la forme d’une coque de navire posée avec légèreté sur des cales »?

– Aucune idée, cher Robert, mais personnellement j’aurais préféré des pilotis. Et un toit-terrasse.

– Oui, pourquoi pas, nous aurions peut-être moins souvent failli couler.

– Vous n’avez pas cherché à ériger un autre stade?

– L’OM c’était ma faiblesse. J’ai construit un empire, et je me suis laissé faire quand on m’a dit qu’il était impensable de construire un stade. Au fait, Marc Aurèle, puisque tu passes par là, tu as répondu quoi quand ils t’ont refusé un nouveau Colisée en dehors de Rome? Quoi? « Vous voulez que je Parthe? » Quel déconneur ce Marco.

– Ah vous devriez parler avec Périclès de ses problèmes de permis de construire pour édifier le Parthénon. Trop exposé…

– Les syndicats, quelle plaie pour les entrepreneurs.

– Entre Suisses, nous nous comprenons.

Alors qu’il s’éloignait pour faire d’un nuage une machine à habiter, je repensais aux projets de rénovation du stade Vélodrome en vue de la Coupe du Monde de rugby 2007, puis de l’Euro 2016 de football: j’ai bien connu le stade terminal, mais pas le bon. J’étais enthousiasmé et inquiet à la fois en saisissant cette ultime ironie: si j’avais fait construire un toit, comment aurais-je pu les voir célébrer le titre depuis là-haut?

Bob Loulou.

« L’OM, c’est un peu comme Margarita : cela m’a coûté des mille et des cents pour les façonner, et finalement ce sont des autres qui profitent du lifting. »


Une fois encore, ce fut ma fête.

Dès ma reprise du club en 1996, j’ai su que nos destins allaient être liés comme le yin et le yang, et équilibrés comme les deux assiettes de la balance de cette chère Justice qui m’aimait tant. Une sorte d’équilibre cosmogonique semblable à celui qui mêlait les pieds de Mendoza.

Ainsi a-t-il fallu attendre mon ultime sacrifice pour que l’OM puisse enfin ressusciter. J’ai bien essayé de vaincre cette prophétie, en me laissant affaiblir progressivement, espérant que cela suffirait ; mais ce club à dû me prendre mon ultime soupir afin de laisser la victoire l’insuffler.

Ah ! J’ai bien ri à les voir se harponner à mon chevet. Et quel tremblement de terre à mon départ !

Demandez à Madonna.


Depuis, ils m’ont gâté.
Tout est devenu prétexte à penser à moi. Il faut dire que je crois mériter ces honneurs. L’OM, c’est un peu comme Margarita : cela m’a coûté des mille et des cents pour les façonner, et finalement ce sont des autres qui profitent du lifting. Mais je vous parlerai de Vincent Labrune une autre fois.

À vrai dire, je ne m’inquiétais pas trop quant à ces célébrations : j’ai toujours su que ces passionnés que sont les supporteurs de l’OM ne seraient pas ingrats. Je l’ai vu dès le jour où ils ont eu l’honnêteté de m’avouer à tue-tête qu’ils désiraient donner du plaisir à ma femme. Sans doute voulaient-ils me reprocher indirectement de m’être occupé d’elle avant leur club. Ils avoueront qu’il s’agissait de deux sacrés chantiers. Comme l’avenue du Prado : toujours en travaux.

En revanche, j’ai vite déchanté devant la teneur des commémorations. Passe encore le pog géant à mon effigie, déballé sur le rond central avant les matchs : il fallait recycler les bâches « Ligue des Champions » achetées au début des années 2000, paraît-il. Passe encore l’horrible maillot blanc avec lequel ils ont débuté la saison dernière à domicile. Je dois reconnaître que c’était particulièrement bien vu, cette tunique m’a étrangement rappelé mon casier judiciaire : presque blanc, avec mon nom dans un coin, et tout un tas de sociétés dont j’ignorais l’existence autour.

Ce qui a commencé à m’inquiéter, c’est quand José Anigo s’est mis à crier à qui voulait bien l’entendre qu’il fallait gagner la Coupe de la Ligue en ma mémoire. Sérieusement, vous avez-vu ce trophée ? Tordu comme une phrase de Pape Diouf et éventé comme la ferronnerie d’un campenard. Essayaient-ils de me faire passer pour une girouette ? Si je vivais en Suisse, c’était bien pour ne plus avoir à subir ces histoires de clochers.

« Cette tunique m’a étrangement rappelé mon casier judiciaire : presque blanc, avec mon nom dans un coin, et tout un tas de sociétés dont j’ignorais l’existence autour. »

Et ils l’ont gagnée ! Allez, prenez, et buvez-en tous, car ceci est la coupe de mon argent, l’argent de l’alliance nouvelle et éternelle qui a été versé pour vous et pour la multitude en rémission de vos péchés de gestion. Vous ferez cela, en mémoire de moi.

Dans un calice percé, comme mes poches.

Le titre de champion de France, en revanche, clairement, je ne l’espérais même plus. À croire que les Bordelais et les Lyonnais tenaient eux aussi à me remercier pour l’absence de concurrence que je leur ai opposée pendant plus d’une décennie.

Quelle belle fête ! Cela m’a rappelé l’époque où j’étais encore assez gras pour mettre des tongs sans qu’elles me cisaillent les orteils.

Et pour finir, un trophée à mon nom. J’ai trouvé cela bien plus brillant que de renommer le centre d’entraînement. D’une part car je ne peux y voir autre chose que du mauvais goût tant le nouveau bâtiment ressemble à un crématorium. D’autre part car cela contribue un peu plus à détourner les recherches Google sur mon patronyme des activités intéressantes de l’empire que j’ai laissé en héritage.

Brillante idée, donc. Comment n’ai-je pas eu plus tôt cette idée que de créer un trophée que mon équipe serait en mesure de gagner. Et amical qui plus est : la défaite à moindre risque !

Finalement, ces cérémonies ont eu quelque chose de vrai.

Ma réussite à l’OM, c’est un peu comme le feu d’artifice qu’ils ont tiré le jour de ce trophée : un retard à l’allumage, et des étincelles une fois les intéressés partis.

Bob Loulou.