Difficile de faire mieux qu’Arrigo Sacchi pour enseigner le football. L’Italien, révolutionnaire au tournant des années 80-90, est un sacré bavard. Demandez-lui l’heure et il vous fera l’histoire de l’horlogerie. Heureusement, AS n’a pas eu cette idée à la con et lui a parlé de football. Parce qu’il faut toujours parler de football avec Sacchi.

Vous suivez toujours le Real Madrid ?

Je le porte dans mon coeur. Je suis un amoureux du beau football, des équipes qui contrôlent le ballon. Madrid est passé maître dans ce domaine. Ça me plaît beaucoup. Carlo a fait un travail incroyable. Ce n’est pas facile. Quand on a autant de joueurs de ce talent, chacun pense que l’autre devrait courir à sa place. Il y a de la jalousie, de l’envie…il faut contrôler ces choses-là. Quand je regarde Madrid, je vois un esprit d’équipe et une très bonne idée de jeu. Sur certains points, cette équipe me rappelle notre grand Milan.

Quels points ?

Cette équipe est plus technique, et elle n’a pas encore la capacité d’exercer le pressing à la perte du ballon, mais elle sait garder le ballon et jouer dans la profondeur. Elle joue à une vitesse fantastique. Le football doit être harmonie et vitesse. De là naissent l’émotion pour les supporters et la difficulté pour les adversaires.

La réussite d’Ancelotti a été de convaincre les joueurs ?

Il ne suffit pas de convaincre les joueurs par la psychologie, ou en étant sympathique. Il faut les convaincre que le collectif sublime les individualités. A Milan, quand tout le monde était épuisé par mon travail, Tassotti et Baresi ont pris la parole : “Plus on travaille, plus on a de succès.” C’est simple.

Vos joueurs parlent de vous avec affection mais ils disent : “C’était un fou de travail.”

Un poète italien disait : “Il n’y a pas d’art sans obsession.” En faisant peu, on récolte peu. Dans son livre, Carlo écrit : “Arrigo était si déterminé et convaincu que nous nous sommes dit qu’il fallait continuer.” C’était presque une question de fanatisme. Cette qualité, je l’ai vue chez tous les grands entraîneurs : Lobanovsky, Michels, Guardiola, Kovacs…ils ont donné tout ce qu’ils avaient à donner. J’ai pris ma retraite après vingt années de travail. Je ne pouvais pas continuer à ce rythme-là. Je n’avais plus de forces. Une seule certitude m’animait : celle que l’on pouvait faire mieux. Mon Milan a gagné en quelques mois la Coupe d’Europe, la Supercoupe d’Europe et la Coupe Intercontinentale. Et Baresi m’a dit : “Nous sommes les meilleurs du monde.” Je lui ai répondu : “Oui, jusqu’à ce que minuit sonne.”

Quelle relation aviez-vous avec Ancelotti dans votre grand Milan ?

Plus qu’un grand joueur et un grand entraîneur, c’est une grande personne. Quelqu’un de très intelligent. C’était un joueur phénoménal. Quand Berlusconi m’a nommé, je lui ai dit : “Je veux un chef d’orchestre, et il s’appelle Ancelotti.” Il m’a répondu : “Mais il ne joue pas à ce poste ! Et en plus, il est blessé au genou.” Je lui ai dit : “Si nous recrutons Carlo, nous lutterons pour le titre de champion.” Et le dernier jour du mercato, j’ai reçu un appel de Galliani : “Tout est réglé avec la Roma. A toi de convaincre Berlusconi maintenant.” Alors je l’ai appelé. “Arrigo, il est blessé ! Handicapé à 20% !” J’ai été convaincant : “Sa blessure au genou ne m’inquiète pas. J’aurais été inquiet s’il avait été touché à la tête. Mais sa tête va bien, à 200%.” Et on l’a signé.

En quoi l’avez-vous aidé à réussir ?

Peu de temps après (le recrutement), Berlusconi est venu me voir. “Ancelotti est un chef d’orchestre qui ne connaît pas la musique que nous jouons.” J’ai appelé Carlo, je lui ai raconté, et je lui ai dit que, selon moi, Berlusconi avait raison. Carlo m’a répondu : “Alors qu’est-ce qu’on fait ?”

Qu’avez-vous fait ?

Je lui ai dit d’arriver une heure avant les séances d’entraînement. Attention, il avait 28 ans et il était international ! Avec les jeunes du club, nous simulions tout ce qui pouvait se passer dans un match. Après deux mois, il était le cerveau de mon Milan. Il jouait au poste qu’occupe Kroos à Madrid, celui qu’occupait Xabi avant lui. Un jour, Maradona m’a dit : “Dis donc, avec toi, même Ancelotti court vite.” Je lui ai répondu : “Il ne court pas vite, il réfléchit vite.”

Quelle a été la dernière grande révolution du football ?

C’est un processus qui a démarré avec l’Ajax de Michels et de Kovacs. Un processus qui affectait la dynamique de jeu. Tout était rapide. J’avais la sensation que la télé était beaucoup trop petite pour tout montrer (rires). C’était un football rapide, un football de mouvement, de synchronisation et d’une harmonie incroyable. Les défenses se portaient à l’attaque et les attaquants étaient en défense. Un football total. On était passé de l’individu au collectif. Le jeu était comme le scénario d’un film, et ce scénario, seul l’entraîneur peut l’écrire. Ensuite, il y a eu notre Milan. Et Guardiola poursuit cette évolution. Aujourd’hui, on va voir ce qui va se passer à Madrid.

Vous croyez que le Madrid d’Ancelotti peut être la dernière révolution du football ?

Oui. Attention, j’ai dit que les entraîneurs les plus renommés avaient toujours été importants dans la construction des équipes. Carlo est le seul qui accepte ce qu’on lui donne, que ce soit à Milan, à Chelsea, au PSG…Il est toujours satisfait de ce qu’on lui donne. A Milan, il a demandé une défense et ils lui ont amené Rivaldo. Il m’a appelé : “Arrigo, que dois-je faire ?” Je lui ai répondu : “Mets Rivaldo en défense” (rires).

Il s’adapte à l’institution.

Et c’est le meilleur pour faire d’une situation dont il ne voulait pas une bonne situation. Il est fantastique dans ce domaine-là. Les plus grands, Guardiola ou Mourinho, sont différents. Carlo est le meilleur pour tirer le maximum de n’importe quelle situation. Il se satisfait de tous les joueurs, de James…de tous !

Ce Real Madrid a-t-il les ingrédients pour marquer son époque ?

Je crois, oui, mais il faut faire attention au Bayern. Ils font d’énormes progrès. Ils ont une grande capacité d’agression. Ils sont capables de se mettre tous, les onze, au service de l’équipe durant la phase sans ballon. Ils te tuent, même s’ils n’ont pas la qualité de Madrid. J’ai regardé le match du Bayern contre la Roma, et j’avais l’impression de revoir Allemagne – Brésil.

Après l’Ajax, qu’a apporté Sacchi ?

Tirer le maximum des onze joueurs. Des onze ! Qu’ils bougent ensemble, qu’ils créent une synergie. Voilà la différence entre un sport individuel et un sport d’équipe. La réussite vient du fait d’être proches les uns des autres, de réduire les espaces. Et d’être rapide. Dans mon Milan, il n’y avait que deux ou trois joueurs capables de dribbler ! Mais nous nous déplacions ensemble, ce qui créait moins de fatigue…nous étions proches les uns des autres, ce qui rendait la partie technique plus simple. Une passe de dix mètres est plus facile à faire qu’une passe de cinquante. Il y avait toujours onze joueurs proches et actifs. C’était comme si un fil nous liait tous ensemble. C’était le football du futur.

Et qu’a apporté Guardiola ?

L’Espagne a toujours bien manié le ballon. La vie a changé pour vous quand vous avez commencé à jouer en équipe, pas individuellement. Quand vous avez commencé à presser. Personne ne l’avait fait et Guardiola l’a fait. Quand mon Milan a affronté Madrid et gagné 5-0, nous étions un bloc contre des joueurs désordonnés. Nous les avons placés 16 fois en position de hors-jeu ! Si Madrid en fait de même aujourd’hui, si les joueurs jouent proches les uns des autres, ce sera, après les plus importantes, la prochaine révolution du football.

Qu’aura alors apporté Ancelotti ?

Il va améliorer l’évolution. Avant, tout se faisait en cinq secondes. Aujourd’hui, il faut tout faire en deux secondes. C’est comme la Formule 1. Mettez une voiture d’il y a cinquante ans dans une course aujourd’hui. Le football est pareil. J’aime tout chez le Madrid d’Ancelotti. Il attaque de plusieurs façons distinctes. Je ne vois qu’un seul problème : parfois, les joueurs ne sont pas très proches les uns des autres. C’est fondamental. Un exemple : il y a 2000 ans, avec très peu de soldats, les Romains ont vaincu les Gaulois, qui étaient nombreux, en Gaule, en utilisant la formation tortue (les soldats avancent protégés par des boucliers). Ils ont vaincu parce qu’ils étaient proches les uns des autres. C’est tout aussi essentiel dans le football. C’est fondamental…

Traduction par Raphaël Cosmidis

Source : AS

14 commentaires

  1. flo dit :

    Merci pour la traduction !

  2. pig benis dit :

    Sacchi, c’est une source intarissable question football, j’ai toujours beaucoup aimé ces interviews de lui, on en apprend toujours beaucoup !

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