Mardi 5 février, 14 heures 11.

78, Boulevard de Grenelle. Un bâtiment à la façade constipée et cette devise ridicule affichée à l’entrée : On vit ensemble, on meurt ensemble. Les locaux de la FFF. Une collection de croulants à la démarche rendue difficile par les excès en tous genres. Je zigzague entre les flaques de pisse. « Ah mais pas du tout, vous êtes dans une maison de retraite », m’indique une femme de ménage.

Mardi 5 février, 14 heures 20.

87, Boulevard de Grenelle. Un bâtiment moins vétuste que le premier mais avec des personnes plus vieilles encore. Je zigzague entre les flaques de Romanée-Conti. Noël Le Graët me reproche un léger retard, tousse, tousse une seconde fois, tousse encore mais de manière plus prononcée puis me fait entrer dans un amphithéâtre. Présentations officielles : Alexandre Lacombe et Jacques Rousselot, présidents de Sochaux et de Nancy, Bernard Desumer, vice-président délégué du comité exécutif, Denis Trossat, le trésorier général, Brigitte Henriques, une copine, Daniel Gacoin, « dont la réputation de la cave à vins n’est plus à faire », Lilian Thuram, caution intellectuelle, Noël Le Graët, donc, président de la FFF (Fédération Française de Football) et Patrick Sayrat, président de la FFF (Fédération Française de la Franchise). Les bourgeois écarlates – climatisation probablement réglée sur 39° – sont alignés derrière un pupitre. Notre grève dans le bus est à l’ordre du jour.

« Cette affaire aurait pu devenir le second plus grand scandale du foot français après Knysna, déclare Le Graët. Si le transfert de David Beckham au PSG n’avait pas distrait les journalistes, nous aurions été dans une merde noire. Passez-moi l’expression, Lilian.

– Vous êtes trop loin, président. »

Leonardo ne nous a pas sanctionné – sans doute pour ne pas froisser les stars – mais il nous a rappelé les exigences qu’un footballeur doit respecter : arriver à l’heure aux entraînements, dire bonjour, dire bonsoir, ne pas brûler de journalistes. Dans la foulée de l’énumération, il avait supplié Zlatan d’arrêter de pouffer puis il s’était éclipsé alors que les rires se propageaient dans tout le vestiaire. Nos dirigeants sont paradoxaux. Ils veulent recruter Cristiano Ronaldo mais ils nous demandent de nous comporter comme Lionel Messi.

« Kevin, confirmes-tu que ton coéquipier Nicolas Anelka a joué un rôle actif au cours de cette mutinerie ?

– Il n’est même pas au PSG !

– Selon mes informations, il se serait exilé quelque part en Italie. Il a sûrement quelque chose à se reprocher.

– Il a signé à la Juventus. On ne lui a pas proposé de contrat.

– Turin ? Intéressant… Notez-le, Brigitte. »

En regardant de plus près ce vieux monsieur de soixante-dix ans, je saisis immédiatement le cœur du problème. Que peut-il comprendre aux délires de jeunes gens devenus footballeurs au sortir de l’adolescence ? Comment serait-il apte à nous juger ? Footballeur, il ne l’a jamais été. Jeune, seulement au siècle précédent. Il ne doit même pas savoir allumer un ordinateur.

« En quoi cette histoire vous concerne, d’abord ?

– On a reçu des consignes très claires d’en haut et…

– Ta gueule, Denis. »

Le Graët donne un coup de poing dans le bas-ventre de son trésorier puis s’explique :

« Nous représentons le CHMFF, le conseil de la haute moralité du football français, un organisme indépendant de la FFF et de la LFP, aux pouvoirs élargis, crée après le Mondial 2010. Nous défendons les valeurs du football français.

– Comment ça ?

– Le grand public en a assez de vos conneries. Vous devez être des exemples.

– Nous ? Des exemples ?

– Parfaitement.

– Je ne crois pas.

– Nous avons reçu plusieurs de tes camarades. Ils ont tous nié la présence d’Anelka dans ce foutu bus. Dans quelques semaines, un journaliste plus malin que la moyenne sortira fatalement cette histoire de l’oubli ; il sera alors préférable pour tout le monde qu’un seul individu en endosse toutes les responsabilités.

– Je n’y suis pour rien.

– Je le sais. Nicolas Anelka est entièrement fautif. Nous attendons des excuses de sa part.

– Sinon, nous lui infligerons deux cent huit matches supplémentaires de suspension en équipe de France.

– Tout à fait, Bernard.

– Pourquoi prendrait-il pour le reste de l’équipe ?

– Laisse-moi te poser une question, mon petit : que veulent les supporteurs ?

– Des buts ?

– Un métier ?

– De la franchise.

– Merci, Patrick. Ils veulent de la franchise. Des footballeurs qui assument leurs erreurs. C’est de cette manière que nous regagnerons leur confiance et que nous remplirons les stades. »

Inutile de parlementer avec eux alors qu’une partie de Football Manager m’attend.

« Qu’est-ce que je dois faire ?

– Nicolas Anelka était-il présent dans ce bus ?

– Il était là, ouais.

– A-t-il été votre meneur ?

– Ouais…

– S’est-il attaqué à un journaliste ?

– En le brûlant.

– En le brûlant, oui, merci Bernard.

– Il… Ouais…

– Bien.

Ouais, il a fait ça. Il a fait tout ça. Et même le reste.

– Parfait.

– C’est tout ?

– C’est tout.

– Vous ne me punissez pas, donc ?

– Considère l’affaire close. »

Mardi 5 février, 21 heures 32.

142, rue Houcine Camara. Un bar. Une meuf me mate, catégorie Arsenal. Elle risque donc de me décevoir mais l’arrogance de sa poitrine mérite indulgence. Je pourrais lui dire que je suis footballeur. Éventuellement, ouais… Cette stratégie fonctionne pour draguer les filles jouant le milieu de tableau mais là, il s’agit d’un niveau supérieur. Pour coucher avec une Arsenal, il faut au moins passer au Canal Football Club ou, à défaut, présenter l’émission. Quand je serai international, ce seront les filles qui me noteront. Comment me débarrasser de ses potes ? Ah, tiens, ils m’ont remarqué. Avec politesse, ils m’invitent à leur table et je leur réponds que tout va bien, ouais, que tout est merveilleux, finalement, que cette journée est faste et inoubliable, finalement.

Mardi 5 février, 22 heures 16.

Tout en branlant le verre de ma bière, je leur raconte que ce qu’il manque au PSG, au fond, ce sont des joueurs intelligents. Des gars avec un cerveau susceptible de tenir une conversation construite plus de quinze secondes. Et j’en suis justement un. Édouard, bermuda en lin blanc, chic, « chemise Tommy Hilfiger, cent euros », partage mon avis. Il étudie à Sciences Po et se verrait bien avocat. Dans un coin de l’établissement jouent les Pierres qui Roulent, un groupe parisien dont le chanteur, Étienne, se trouve être un ami d’Édouard. Nous reprenons en chœur le refrain de Je n’ai pas de satisfaction puis faisons de même avec The man who sold Yvan Le Bolloc’h, une libre reprise de Nirvana. « Une putain de sérénade ! », gueule Arsenal en se curant la narine. Elle est mignonne, pas atomique mais mignonne, mieux en tout cas que la troisième chanson, un slow fiévreux intitulé Angine. À la fin du mini-concert, nous nous marrons franchement. Édouard m’instagrame en utilisant sa tablette pendant qu’Étienne me fait partager sa sueur, sa joue collée à la mienne. J’offre une tournée générale puis verse quelques considérations sur les goûts musicaux exécrables de mes coéquipiers (Jay-Z, Michel Telo, The Black Eyed Peas, Booba, David Guetta). Ils m’approuvent. J’ai les mains sales et la salle à ma main.

Mardi 5 février, 22 heures 42.

Je mets en bière ma quatrième Heineken et, ne tenant pas l’alcool, ou l’alcool ne parvenant pas à me suivre, plutôt, commence à déblatérer sur la vie, les otaries, ce beau gosse de David Beckham, la sexualité de Zlatan, tout ça, puis plonge mon doigt dans la Piña Colada de ma voisine en chemise soignée. Christelle souhaite que je lui chante un poème avant d’accepter de coucher avec moi. Mais bien sûr, salope !

« Des ponts de la seine se jettent les clodos.

Ils font plouf, ils font plaf, des bulles près des bateaux.

Je ramasse leurs dépouilles et fouille les manteaux.

Pas de montres ni d’argent, simplement des tourteaux. »

Mardi 5 février, 23 heures 09.

Je leur propose d’essayer les pilules vertes que me prescrivent les docteurs. « Elles améliorent la résistance physique », leur dis-je après en avoir avalé une. Édouard me demande si je me dope. « Bien sûr que non. Personne se dope. Personne. C’est comme Beckham : le mec débarque pile quand le Qatar est accusé d’avoir acheté la Coupe du monde 2022 ! Et soudain, plus personne n’en parle ! C’est un magicien, ce gars ! Tu vois pas le rapport ? Bah… C’est facile, pourtant : Depardieu se barre en Belgique, Beckham arrive en France. Hollande doit être content de voir que la France est attractive ! Tu sais quoi ? Je suis sûr qu’il a appelé la FFF pour pas que le PSG ait des emmerdes avec notre grève. Ca arrange tout le monde que le Qatar soit bien vu. Non car un club de foot, c’est pas seulement du foot, hein ! C’est de la politique. C’est politique, tout ça ! Hé ouais ! Ca te la coupe, hein ? Hé, pour la grève, tu répéteras pas ? » Édouard pense que je suis bourré. Possible.

Mardi 5 février, 23 heures 45.

Réveil douloureux sur un banc du métro. On m’a piqué trois cents euros et ma carte de fidélité Subway. J’ai reçu un SMS sur mon téléphone portable : CALME LE JEU OU ON VIENDRA TE CALMER. Numéro masqué. Sûrement mon Chinois qui me menace de mort si je parle de cette tentative de corruption à quelqu’un. Comme si c’était grave ! Quatre cents matches truqués depuis 2008 ! Un de plus ou de moins… ! Ca doit être vrai, je l’ai lu sur internet ! Je regarde à gauche, à droite, à droite, à gauche, à droite, à droite – il y a une Inter Milan à ma droite – et à gauche. J’ai l’impression qu’on me suit. Un homme s’approche. Je me tasse sur le banc. Pardon ? Si j’ai besoin d’aide ? Moi ? Il semble grand et gentil. J’ignore où j’ai rangé ma voiture. Il souhaite me raccompagner à la maison. Portière. Ceinture. Je lui parle de ma vie, des otaries, de ce blaireau de David Beckham et de la sexualité de Zlatan tout en vérifiant le trafic dans le rétroviseur. Une fois parvenu à destination, ce monsieur me souhaite bonne nuit mais j’insiste pour qu’il rentre boire un dernier verre en souvenir de notre amitié. Je m’écroule sur le canapé avant de pouvoir atteindre la cuisine.

Mercredi 6 février, 10 heures 55.

Mes gestes sont patauds, ma bouche pâteuse, mon haleine pâtée. Le gars d’hier traverse le salon en baissant les yeux. Sous l’effet de ma torpeur, sa marche semble durer une éternité. Je saisis mon portable sans même savoir pourquoi, plus ou moins mécaniquement. Un message de Zlatan. Il m’apprend que Laure a accepté de le revoir et il m’en remercie.

« C’est Ibrahimovic ?

– Euh, ouais.

– Il te dit merci ?

– Comment tu le sais ?

– J’ai envoyé un SMS à cette fille pendant que tu dormais. Avec ton téléphone.

– À Laure ? Tu la connais ?

– Je me suis fait passer pour toi.

– Quoi ? T’es taré !

– Tu m’as beaucoup parlé de lui cette nuit. De manière positive.

– Mais… T’es con ! Pourquoi t’as fait ça ?

– J’ai simplement dit à ton amie combien Ibrahimovic était charmant en dépit des apparences.

– Putain ! T’es un mongol, sérieux ! J’hallucine ! Tu sais qui je suis ? Je suis footballeur, moi !

– Oui.

– Et toi t’es qui, putain ?

– Ton nouvel agent. »

30 commentaires

  1. Blingice dit :

    Encore une fois magnifique de la part de Kevin …

    Classique quoi …

    NB : Ne pas lire cet article pendant un cours sur ordi, on a l’air assez con à se marrer tout seul sur des algorithmes …

  2. Martin dit :

    Enfin un nouvel agent… Très bon épisode

  3. Guadalajara dit :

    Bravo. Super post

  4. Ramina Gomis dit :

    Kevin Kohler en grande forme !

  5. Kireg dit :

    Le meilleur épisode de la série. Tu écris vraiment bien et cette introduction est juste géniale.

  6. Bobby dit :

    Très bon Kevin!

  7. zephyrhot dit :

    « Passez-moi l’expression, Lilian.
    Vous êtes trop loin, président ».
    J’adore.

  8. Romain dit :

    Je suis désolé, mais devant le concert de louanges systématique, je me vois contraint d’émettre une critique que j’espère constructive. Après tout, ça sert aussi à s’améliorer, non ?
    Bon, je trouve de manière générale, que c’est souvent lourdingue à la limite de la vulgarité, et donc pas si drôle. C’est aussi bien trop long et surtout complètement décousu, ce qui rend le tout plutôt indigeste. Il y a un gros déséquilibre entre des passages humoristiques surréalistes en roue libre et les passages plus « sérieux ». Je reconnais cependant qu’il y a de bons moments et quelques bonnes idées. Mais en définitive, ce qui me gêne le plus c’est la condescendance du héros envers les autres joueurs et personnels du club, on nage en plein dans le cliché du footballeur décérébré et je ressens une pointe de mépris. C’est mon avis, je suis dur mais c’est parce que tu m’es sympathique et que j’ai envie de te voir continuer.

  9. Captain Rai dit :

    Cher Romain,
    Si la prose du petit Kevin ne te plait pas il te reste les récits de Sarte(ou autres grand intellectuels) sur le foot, la version des Monty Python devant te paraître trop Dadaïste n’y pense même pas.

    Je n’apprécie pas toujours tout mais j’ai la politesse de ne pas péter plus haut que mon cul et me prendre pour un critique littéraire. souvent incapable d’écrire mais si prompt à critiquer.

  10. Kevin Kohler dit :

    @Captain Rai

    Romain a tout à fait le droit d’émettre des réserves sur le style de mon co-auteur et sur mon caractère. Nous ne sommes pas au Parc des Princes ici, tout le monde à le droit de s’exprimer !

  11. Manys Kobiste dit :

     » Ton nouvel agent  »
    BIM ! Cet appel du pied … vivement la suite.
    Pour le reste, je crois que je ne m’en lasserai jamais. Merci Kevin !

  12. Sev dit :

    [moment d’intégrisme condescendent envers un footeux]
    Tu noteras, Kevin, que « the man who sold the world » est une chanson de Bowie, pas de Kobain.

    Tss.

    [/moment d’intégrisme condescendent envers un footeux]

    Par ailleurs, je ne sais si c’est la critique de Romain qui m’influence (« à l’insu de mon plein gré ») mais je trouve les dernières entrées en deçà des précédentes (mais ça reste à mon goût quand même).

  13. maxime dit :

    Plus précisément, The man who sold Yvan Le Bolloc’h est une libre reprise de Nirvana reprenant David Bowie

  14. Romain dit :

    Merci Kévin, je n’avais pas eu l’impression d’être impoli, cela dit.

    Captain Rai, sur les dizaines de posts de ce blog, je dois être le premier à faire un commentaire négatif, je pense que l’auteur s’en remettra. Mais bon, puisque cela t’a agacé, et que tout est bien partout et tout le temps, je m’abstiendrais, désormais.

  15. KoR dit :

    Cher Romain, tant qu’à critiquer Kevin, il fallait le faire pour de bonnes raisons ! Il n’a pas encore posté sa sextape de ses ébats avec Laure B. dans les sous-sols du manoir hanté d’Eurodisney.

    C’est tout à son honneur, certes, mais insupportable pour les lecteurs que nous sommes. Ton ressenti est donc parfaitement légitime.

    Pour ma part, quand j’ai commencé à suivre ce blog (avec une saison de retard) je venais de temps en temps lire trois ou quatre épisodes d’un coup. Maintenant je passe plusieurs fois entre les épisodes, machinalement, juste au cas où…

    Je pense être mordu, hélas.
    Je ne suis plus le PSG qu’à travers Kevin.
    Mes collègues me trouvent bizarre pendant le café du lundi matin. Alors que c’est eux qui le sont, le PSG dont ils me parlent m’est devenu étranger… ils ne connaissent pas Kevin.

    Après, évidemment, tous les épisodes ne se valent pas, mais ce sont globalement d’excellents moments de lecture.

    Merci pour tout ça.

  16. Daniel dit :

    Encore une perle! Du tres tres haut niveau cette semaine.

    Par contre, il me semble bien que Kevin a 22 ans maintenant, non? N’a-t-il rien fait pour le celebrer?

  17. maxime dit :

    rien ne vous échappe, visiblement. On va mettre cela à jour

  18. Captain Rai dit :

    cher Romain,

    Désolé si mon post t’as heurté, peut-être étais je sous l’influence de coach Vahid d’où mon ton sec.

    Juste le fait que je n’ai rien contre la critique mais celle-ci m’a paru digne d’une attaque à la Larqué.

    Mon cher Kevin,
    espérant que ta fête d’anniversaire se soit déroulée avec Laure (elle finira peut être par craquer).

    A l’époque où je perdais la voix dans les tribunes d’Auteuil c’était à la fin du match qu’on critiquait pas en cours de partie.

    Longue vie au blog et à la plus grande équipe de l’univers et au-delà.

  19. Pastriste (La Loko motivée) dit :

    Pour ma part, j’avais trouvé qu’à certains moments le niveau baissait et je craignais que la veine soit épuisée. Mais ce chapitre, qui est selon moi un des meilleurs, me fait dire que nous avons encore de beaux moments à passer avec Kevin !

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