Une semaine à l'envers
Rengaines
C'était inévitable, le retour de Tapie devait forcément nous ramener les plus éculés des arguments foireux, avec une paille de vérité pour une forêt de sophismes. Tapie-n'a-pas-été-le-seul, Tapie-n'a-pas-fait-grand-chose, Tapie-a-quand-même- rapporté-la-coupe-d'Europe, Tapie-n'avait-pas-le-choix, Tapie-est-le-seul-qui- s'est-battu-contre-Le-Pen (putain mais quelle connerie celle-là!), Tapie-est-de-gauche (celle-ci aussi elle est bonne), Tapie-nous-a-fait-rêver etc. Et en attendant de lire qu'il a aussi sauvé des emplois, nous nous sommes même fait traiter de journalistes! Bref l'idéologie fataliste, cynique ou stupide du "tous pourris", du "la fin justifie les moyens", du "ça a toujours été comme ça", du "ça peut pas être autrement" remporte ses habituelles victoires, sans même combattre.
Beaucoup de ceux que Tapie a "fait rêver" ne se sont jamais réveillés. Ce n'est d'ailleurs pas du tout un problème spécifiquement marseillais, ne croyons pas qu'à Marseille tout le monde saute de joie. Et pour l'avenir, nous voudrions que tout se passe bien, nous sommes juste un peu inquiets.
Extinction de mémoire
Des phénomènes étranges et plus amusants se produisent avec le retour du fils prodigue. Amnésie totale pour Weah ou Leroy, qui n'ont jamais voulu partir, ce doit être un problème électromagnétique qui a perturbé le matériel de prise de son. Clemente, lui, s'aperçoit qu'il veut partir. Après Toshack, on dirait que la D1 fait travailler l'agence d'intérim des entraîneurs de la Liga. Des techniciens qui nous quittent précipitamment, de leur propre volonté ou pas. Il doivent en avoir de bonnes à raconter sur nos mœurs.
Entraîneur au second degré
Si ça trouve, lundi, Jean-Pierre Papin lui succédera. Mais franchement, on est déjà un peu gêné de cette énième offre de service menée tambour et cœur battants, que l'on pressent vaine. Pourquoi n'essaie-t-il pas plutôt à Bruges? Quant à l'épisode de ses déclarations fracassantes et assez bêtes sur les Milanais qui auraient été achetés avant la finale de 93, il ira à la benne, avec quelques autres souvenirs embarrassants.
Plein de bonnes choses
On va peut-être se mettre à le siffler nous aussi. Quand une personnalité rend un hommage, elle ne choisit pas, parmi des milliers de postulants, un ou deux personnages au hasard. Christophe Dugarry a choisi. "Bernard Tapie a fait, comme Claude Bez, beaucoup de bonnes choses pour le football" (Infosport). No comment.
Banquet
Le plus drôle, c'est quand même le génial pré-rapprochement Aulas-Tapie. Nous nous demandions comment les deux énergumènes allaient s'entendre. Et voilà que JMA en appelle immédiatement à une alliance Tapie-Le Graët contre Bourgoin (qui a un "problème d'origine comportementale"). On croit rêver. Ça ne va pas remonter l'estime générale envers le président lyonnais, qui montre sa fidélité et sa cohérence après son putsch raté, en descendant le président qu'il a (malencontreusement) fait élire, pour rappeler celui qu'il avait délibérément descendu. Quant à Le Graët, on n'ose interpréter ses propos conciliants mardi dernier comme le signe d'une complicité préméditée… Tapie n'est même pas en fonction qu'il a déjà le foot français à ses pieds?
OM-VA connexion
Pour parachever le mélange des genres et de nos sentiments, signalons que Jean-Louis Borloo, maire de Valenciennes a salué chaleureusement le retour sur scène de son ancien client (Borloo est UDF et avocat, l'un n'empêche pas l'autre), et qu'on annonce Michel Coencas —ancien président de VA "au moment des faits"— dans le staff de Tapie. Ou alors on a mal entendu?
Aujourd'hui vendredi se tient le Conseil d'administration de la Ligue, et lundi l'OM de Tapie-Louis-Dreyfus fera son coming out. Meilleurs vœux à tous.