Un record sinon rien
Les carnets de l'archiviste - Les Bleus prolongent leur opération portes ouvertes, et se lancent de nouveaux défis.
Auteur : Bruno Colombari
le 9 Sept 2008
Mexès : une dixième cape qui s’est fait attendre
(mais ça valait la peine)
Si l’on ne doute pas que le défenseur romain se souviendra longtemps de son match contre l’Autriche (le cas échéant, nombreux sont ceux qui s’en souviendront pour lui), il lui aura sans doute échappé que sa dixième sélection n’est arrivée que soixante et onze mois après sa première (contre Malte à la Valette le 16 octobre 2002). C’est un délai inhabituellement long, surtout si on le compare à celui de ses coéquipiers récemment sélectionnés : Lassana Diarra n’a eu besoin que de 8 mois pour atteindre dix matches en bleu, Karim Benzema 14 mois, Samir Nasri et Jérémy Toulalan 15 mois.
C’est beaucoup moins que Patrice Evra (45 mois), mais si ça peut consoler Mexès, Alain Giresse a attendu 87 mois (entre 1974 et 1981) pour obtenir sa dixième sélection à 29 ans. Ça ne l’a pas empêché de disputer deux coupes du monde et de gagner un Euro. Il peut aussi lui arriver la même chose qu’à Mickaël Landreau, qui a mis 76 mois pour jouer son dixième match avant de caler au onzième.
Bien le bonjour d’Ernst

En tant qu’entraîneur, il cotise à l’amicale des mines patibulaires qui ne sourient qu'une fois à chaque année bissextile, genre Herbin ou Lobanovski. Ça ne l’empêche pas de remporter la première Coupe d’Europe des clubs champions néerlandaise en 1970 avec Feyenoord. Il récidivera treize ans plus tard avec Hambourg, victorieux de la Juventus de Platini et Boniek à Athènes (1-0), au terme d’une partie d’échecs dont le champion d’Allemagne était loin d’être le favori. Entre-temps, il a amené en 1978 le modeste FC Bruges en finale de coupe d’Europe, puis est passé tout près d’un titre mondial en Argentine avec la sélection des Pays-Bas menée par le trio Krol-Neeskens-Rensenbrink. Il a été l’entraîneur, entre autres, de Félix Magath, Manfred Kaltz, Horst Hrubesch, Kevin Keegan et Eric Gerets.
Il aura fallu attendre 1992 pour que l’Autriche en fasse son sélectionneur. Trop tard : le cancer l’emporte à la fin de la même année et le stade du Prater est rebaptisé à son nom. C’est toujours plus honorable qu’Emirates Stadium ou Allianz Arena.
Govou, le Gerd Müller des temps modernes
(ou presque)
Contre l’Autriche, Sidney Govou a marqué pour la septième fois en douze matches. En inscrivant son dixième but chez les Bleus pour sa trente-sixième sélection, il entre dans la liste des 33 meilleurs buteurs en sélection nationale. Il est à égalité avec Charly Loubet (10 buts en 36 matches) et derrière Joseph Ujlaki (10 en 21 matches), Roger Courtois (10 en 22 matches) et Yannick Stopyra (10 en 33 matches). Il a dépassé Djibril Cissé (9 buts en 37 matches) et se rapproche de Nicolas Anelka (11 buts, 52 matches).
Fin de séries : la liquidation continue
Après la vaste remise à zéro des compteurs statistiques à l’Euro (lire On efface tout et on recommence), on pensait que la période des soldes s’était achevée à Göteborg. Il n’en n’est rien. La défaite de Vienne est la première contre l’Autriche depuis le 7 octobre 1970 (De Gaulle était toujours vivant). Détail amusant mais qui a sans doute échappé à Christian Jeanpierre quand il a parlé de période sombre pour le football français en évoquant ce précédent, Jean-Michel Larqué avait joué ce match en entrant à la soixante dix-huitième minute à la place d’Yves Herbet.
Un coup du chapeau inédit
Si on met de côté les rencontres amicales, la défaite à Vienne est la troisième consécutive en compétition après les deux revers à l’Euro. Depuis quand les Bleus n’avaient-ils pas réussi un tel coup du chapeau? Même en remontant au paléolithique, c’est-à-dire en 1904, ce n’est jamais arrivé. Deux défaites consécutives en compétition, c’est relativement banal (avant l’Euro, les dernières remontaient quand même à 1993), une série de matches de compétition sans victoire aussi. La plus longue date de 1972-1975 avec trois nuls et trois défaites. Viennent ensuite trois nuls et deux défaites en 1988-89 et en 1993-1994. Et bien sûr la série en cours, puisqu’aux trois défaites consécutives (Pays-Bas, Italie, Autriche) il faut ajouter deux matches nuls (Roumanie et Ukraine)…
Quatre et deux, six et deux, huit et trois qui font onze
Naguère (c’est-à-dire il y a encore trois mois) réputée pour le blindage de sa défense, l’équipe de France s’est lancée dans une vaste opération portes ouvertes qui attire de nombreux clients venus de toute l’Europe. Onze buts encaissés en quatre matches, la performance est, sinon inédite, du moins suffisamment rare pour être signalée.
En regardant les séries de matches avec au moins un but encaissé, et sans remonter à la préhistoire, on peut ainsi rappeler les 13 buts pris en 9 matches en 1992 (1,44 de moyenne), les 12 buts en 5 matches en 1982 (2,4), les 16 buts en 7 matches en 1980-81 (2,28) et un très joli 30 buts en 12 matches en 1967-69 (2,5). Avec une moyenne de 2,75 buts encaissés sur les quatre derniers matches, la série en cours soutient parfaitement la comparaison.