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Un Mondial sécuritaire ?

Un peu de parano ça fait pas de mal. Mercredi 29 avril, René-Georges Querry, responsable de la sécurité dans la délégation interministérielle pour la Coupe du Monde, affirme que le terrorisme est "la priorité des priorités" et annonce le renforcement du plan Vigipirate pendant la durée de la compétition...

Auteur : Jamel Attal le 19 Mai 1998

 

 

Un peu de parano ça fait pas de mal. Mercredi 29 avril, René-Georges Querry, responsable de la sécurité dans la délégation interministérielle pour la Coupe du Monde, affirme que le terrorisme est "la priorité des priorités" et annonce le renforcement du plan Vigipirate pendant la durée de la compétition. Dans un vibrant appel à la patrie menacée, il ajoute qu’il faut “ranimer les consciences, sensibiliser l’opinion publique et réveiller sa "vigilance". Il y a pourtant des moyens moins démagogiques d’assumer ses responsabilités.

 

Les gouvernements successifs n’ont jamais manqué de prétextes pour maintenir et renforcer Vigipirate, devenu un dispositif permanent de flicage national encore camouflé sous le nom d’une opération ou d’un “plan“. Le Mondial va donc servir des réflexes sécuritaires déjà bien vifs par les temps qui courent, comme en témoigne le discours alarmiste cité plus haut. Des déploiements militaires et paramilitaires, une présence policière accrue sont donc à redouter dans nos villes en juin. On peut craindre que de nombreuses personnes soient suspectées d’être de dangereux supporters... tunisiens ou camerounais par exemple.

 

L’autre chapitre des préoccupations du Monsieur sécu concerne les "matches à risque", comme le Pays-Bas-Belgique du 13 juin à Saint-Denis. Pour le rassurer, rappelons-lui qu’étant données les conditions d’attribution des billets, ce seront des supporters peu nombreux, dispersés et plutôt pacifiques qui se déplaceront. Dans le cas du Stade de France, il s’agira en fait (ce qui n’a pas été fait lors de PSG-Bordeaux et PSG-Lens) de diriger séparément les supporters de chaque camp, en principe localisés aux extrémités nord et sud, vers les transports en commun. De toute façon, s’il devait y avoir des affrontements, ils seront plus probables dans les centre-ville qu’aux abords des stades, et impliqueraient des éléments incontrôlés ne disposant même pas de billets.

 

A ce propos, apportons une contribution à la réflexion sur la sécurité, cette fois sur un plan bien réel. Il est apparu après les rencontres au Stade de France que si l’évacuation des tribunes s’effectuait très rapidement, les flux de spectateurs aux abords immédiats de l’enceinte étaient beaucoup plus problématiques. Ainsi, côté sud, des courants humains se dirigeant vers les différentes gares se croisent assez violemment dans un périmètre restreint, dangereusement bordé en contrebas par une voie conduisant aux parkings. Le pont qui permet de franchir cette dernière, aussi large soit-il, fait goulot d’étranglement au plus fort de la migration. De même, dans les stations RER, les rampes d’accès sont une excellente solution, mais l’organisation du remplissage des quais doit être parfaite pour éviter de les saturer, avec un danger de chute sur les voies. A ces deux endroits, en cas d’incident, des mouvements de panique pourraient avoir des conséquences catastrophiques. On espère que les services de René-Georges, plutôt que de se livrer à des effets de micro, en ont bien pris note.

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