En vous connectant, vous certifiez n'avoir jamais trompé votre club favori. Attention à ne pas confondre vos minuscules et vos majuscules.
Vous avez oublié votre mot de passe ?
Inscription
Vous avez oublié votre mot de passe ? Il reste un espoir ! Saisissez votre adresse e-mail ; nous vous enverrons un nouveau mot de passe. Cette procédure est quasiment gratuite : elle ne vous coûtera qu'un clic humiliant.
Nous vous avons envoyé un email sur votre adresse, merci d'y jeter un oeil !

CONDITIONS D'INSCRIPTION :

1. Vous devez nous adresser, via le formulaire ci-dessous, un texte (format .txt inférieur à 100 ko) en rapport avec le football, dont la forme est libre : explication de votre passion, anecdote, aventure, souvenir, essai, commentaire composé, portrait, autobiographie, apologie, réquisitoire, etc. Vous serez ensuite informés de la validation de votre inscription par mail. Les meilleurs textes seront mis en ligne sur le Forum.

2. Nous ne disposons pas d'assez de temps pour justifier les retards d'inscription ou les non-inscriptions, et ne pouvons pas nous engager à suivre une éventuelle correspondance à ce sujet. Merci de votre compréhension.

Nous avons bien reçu votre candidature, on y jette un oeil dès que possible. Merci !

Partager :

Toutes les occasions sont bonnes

Pour gagner, il vaut mieux avoir des occasions que la possession, selon le coach norvégien Egil Olsen, à rebours de la philosophie \"barcelonaise\". Alors, c\'est quoi une occasion, et comment s\'en créer?

Auteur : Christophe Kuchly le 4 Mai 2012

 

L'auteur parle également tactique et philosophie de jeu sous l'identité de L'apprenti Footballologue chez horsjeu.net.

* * *

 

Avec ses succès et ses échecs, Egil Olsen est un personnage différemment perçu selon les endroits du globe. Son expérience à Wimbledon en a fait un entraîneur moqué mais, habillé du costume de sélectionneur, il a permis à son pays de vivre quelques uns de ses plus beaux moments avec deux qualifications pour les Mondiaux 1994 et 1998, et des résultats en progrès depuis son retour en 2009. Mais, plus que le jugement que l’on porte sur son travail ou sa capacité à citer le point culminant de chaque pays du monde, Egil Olsen est atypique par son approche du football.

 

 

Dans une longue interview dans le numéro 3 de la revue The Blizzard, il assure ne pas voir de différence entre mettre la balle dans le paquet pendant quatre-vingt-dix minutes et se créer quinze occasions, et transpercer la défense pour se procurer deux occasions en face à face avec le gardien. Il avancera également la statistique de 75% concernant le nombre de fois où l’équipe se procurant le plus d’opportunités finit par emporter le match, chiffre reposant sur des études personnelles et non sur une estimation. Au fond, et puisque 75% est un nombre qui donne envie de tenter le coup, Olsen explique que le chemin le plus court vers la victoire est la création d’occasions de but, peu importe leur nature.

Et, quand on lui signale que l’on compte toujours le nombre d’occasions mais jamais leur degré de dangerosité, il répond: "C’est vrai, et il serait possible de créer des niveaux un, deux et trois correspondant à grand, moyen ou faible. Mais il s’avère que ceux d’entre-nous qui comptent selon cette méthode arrivent généralement au même résultat: il pourrait y avoir quelques variations car c’est sujet subjectif, mais je pense que c’est le meilleur indicateur de la nature d’un match de football. La possession, bon…"

 


Qu’est-ce qu’une occasion ?

Olsen n’explique pas réellement à partir de quel niveau intervient l’opportunité de marquer. On peut toutefois la situer juste après la "situation dangereuse", définie comme une action créant un danger encore potentiel. En gros, un ballon pas trop loin du but, dans les pieds de l’attaquant et avec une défense un tant soit peu hors de position. Ou alors un coup de pied arrêté. Un corner par exemple, surtout pour Christian Jeanpierre. La situation ne devient une occasion qu'à partir du moment où il y a une frappe ou une passe pouvant être décisive.

 

Pour qu’il y ait occasion, il faut évidemment qu’il y ait espace, donc déséquilibre. Celui-ci peut être créé ou exploité. On peut ainsi distinguer deux types d’opportunités offensives: celles qui sont le fruit d’une volonté, et celles qui sont surtout dues à une erreur de l’adversaire. Et, bien entendu, beaucoup d’autres à mi-chemin. Un exemple permet d’illustrer toutes les distinctions: le but de Benzema lors du Clasico en tout début de rencontre. La volonté du Real est de presser très haut sur Valdés pour le faire paniquer. Cela provoque une passe mal assurée qui retombe dans les pieds des attaquants madrilènes, chose tout à fait évitable compte tenu de l’éventail de possibilités qui s’offraient alors au portier. Erreur ensuite parfaitement exploitée pour marquer. Plutôt que de créer une occasion, en misant sur un surnombre offensif via la montée des latéraux par exemple, Mourinho veut provoquer une erreur, ou tout du moins lui donner la possibilité d’être commise.

 

 

 

À long terme, ou plus simplement au-delà de la vérité d’une rencontre, une équipe ne faisant que profiter des erreurs de l’adversaire sera vite limitée dans son nombre de chances de marquer. Bien sûr, il y aura toujours ça et là un Queudrue pour marquer contre son camp du milieu de terrain, mais il suffira de tomber face à une formation disciplinée pour voir son nombre d’opportunités considérablement réduit. C’est pour cela qu’il faut mettre en place un dispositif pour se procurer des occasions, si possible indépendant des qualités de l'adversaire pour pouvoir être reproduit avec succès. L’illustration est évidente, mais l’opposition entre le Barcelone de Guardiola et le Madrid de Mourinho est le parfait reflet de cette dualité entre une équipe qui veut imposer sa volonté et une autre qui oppose un contre-modèle basé sur les faiblesses de l’autre au moins autant que sur ses propres forces. Bien entendu, ce n’est que la vérité d’une rencontre, et le Real se trouve dans la position inverse pendant les 36 autres matches de Liga.

 


Comment interpréter une occasion ?

Il n’y a pas de lien entre possession de balle et nombre de tirs au but par rencontre. Bien entendu, la possession est le reflet de la qualité technique et de conservation de balle d’une équipe, ce qui veut dire que le ballon passera en moyenne plus de temps dans les pieds du favori, a priori plus apte à marquer. Pour autant, l’action de tirer est un abandon du ballon, un acte qui marque la fin d’une séquence offensive. On estime être dans la meilleure position possible pour tromper l’adversaire, et on se lance dans un quitte ou double: soit il y a but ou récupération du ballon via une touche ou un corner, soit la possession est perdue. C’est ainsi que Barcelone, bien entendu, mais aussi Bilbao et son pourcentage de près de 80% de possession en Ligue Europa, tentent finalement rarement leur chance. On est dans une forme de totalitarisme, de conservatisme par l’attaque.

 

À l’inverse, une équipe très repliée et qui refuse la bataille pour le contrôle du jeu sera obligée de rentabiliser au maximum ses rares possibilités. Il n’est pas nécessairement question de refus de jeu mais bien de refus de bataille, se replier pour mieux éclater ensuite. Parmi les exemples les plus marquants, bien que dans un contexte un peu particulier, on peut citer le match de la fucking disgrace entre Chelsea et Barcelone en 2009, où les Anglais n’ont même pas eu 30% de possession mais se sont procurés bien plus d’occasions, "légères" comme dangereuses, que les Espagnols.

Une occasion n’est finalement que ce qui arrive quand l’équipe qui attaque sent qu’elle s’est mise dans la situation la plus favorable possible dans un contexte précis et selon ses capacités. Son seuil de compétence en quelque sorte. Pour certaines, ce seront des têtes sur des ballons dans le paquet et des tirs lointains, pour d’autres des tirs dans les six mètres après avoir éliminé le gardien. Leur fréquence ne dépend que de la capacité à se mettre dans cette situation favorable.

 


Quels systèmes de jeux ?

Cela peut paraître évident, mais pour se procurer des occasions il faut limiter le superflu. Les redoublements dans la surface et autres tentatives pour en augmenter sa dangerosité – passer du niveau moyen à élevé pour reprendre la rhétorique d’Egil Olsen – sont autant de risques de perdre tout le bénéfice du travail fait en amont et de rester à l’état de situation dangereuse. C’est ainsi que Barcelone, équipe référence à l’échelle européenne, effectue en moyenne trois tirs de moins par match que le Real en championnat (16,9 contre 19,6), et se place juste au-dessus de Séville ou l’Atlético. Bien plus dangereux en moyenne, ils sont près d’une moitié à être cadrés, un ratio largement supérieur à toutes les autres équipes de Liga (qui cadrent entre 30 et 40% du temps, ce qui est d’ailleurs mieux qu’en Serie A ou Premier League).

 

 

Comme on le voit sur ce graphique, basé sur des chiffres à mi-saison mais qui ont peu évolué, les Anglais tirent significativement plus que les autres. Une raison principale: le tempo très élevé. Des phases préparatoires raccourcies avec des passes très directes, des joueurs capables d’artiller de loin, mais aussi d’être dangereux sur coups de pied arrêtés. Le relatif manque de rigueur tactique et le nombre parfois élevé d’absences défensives résultent de ce jeu basé en majorité sur des phases de contre-attaque perpétuelles, où une équipe sort de sa réserve avant d’être prise à revers car hors de position – et ainsi de suite tant que personne ne ralentit.

 

Une statistique résume assez bien le rôle de l’adversaire dans la propension qu’ont les clubs de Premier League à beaucoup tirer au but: l’équivalent sur la scène européenne. Cette saison, le premier Anglais est Chelsea, neuvième derrière des équipes comme Lille ou Valence, Arsenal étant… avant-dernier, juste devant Nicosie. Voilà qui nuance l’idée de l’ami Olsen. Quant à la saison 2010-2011, seul Chelsea était dans les quinze premiers. Autrement dit, quand l’adversaire refuse d’entrer dans une logique de surenchère de jeu, le déséquilibre est plus difficile à provoquer.

 


Jouer pour l’occasion, une stratégie viable ?

Si l'on poussait à l’extrême la logique d’Egil Olsen, qui postule qu’une équipe ayant plus d’occasions remporte son match 75% du temps, on pourrait tenter de bâtir une équipe presque invincible. Sauf que l’adversaire joue un rôle certain, et que certaines qualités nécessaires dans un cas (vitesse, jeu rapide) ne le seront pas forcément dans l’autre (décalages, tirs de loin).

 

 

Sur le papier, la tactique pour tirer au but, puisque cela reste la meilleure chance de marquer, serait de multiplier les milieux à la polyvalence offensive en supprimant les récupérateurs, de posséder des latéraux offensifs et centraux athlétiques – ailiers capables de repiquer dans l’axe pour se procurer leurs propres occasions – et enfin d'aligner un joueur de pointe athlétique. La composition d'une telle équipe pourrait être celle ci-dessus. Équipe digne de Fantasy football, et pas forcément impériale sur le terrain. Car, contrairement à ce qu’en dit ce bon Egil Olsen, l’occasion ne fait pas nécessairement le football. Elle est une conséquence, mais ses causes peuvent être multiples. Impossible d'espérer toutes les maîtriser et de faire de la création d'occasions un leitmotiv. La possession ne fait pas gagner les matches, les occasions le peuvent. Mais on peut apprendre à avoir le contrôle de la première, et ainsi choisir quand se procurer ces fameuses occasions.

 


Sources
thompsontalkstactics – "Football in Europe, the stats so far. Part 3 Shooting and defending"
whocored.com – statistiques de tirs : Liga et Ligue des champions.

Réactions

  • José-Mickaël le 04/05/2012 à 02h53
    Toujours très intéressants, ces articles tactiques !

    Une petite remarque :
    > Il n’y a pas de lien entre possession de balle et nombre de tirs au but par rencontre.

    J'avais lu quelque part que, en moyenne, un but est marqué au bout de 20 secondes de possession, ou quelque chose de ce genre, c'est-à-dire que dans la majorité des cas, on ne marque pas un but après une longue période de domination, mais suite à une récupération rapide. En moyenne. (Barcelone est probablement un contre-exemple.)

    Ça suggère, outre l'intrérêt du pressing haut, qu'il est intéressant de garder la possession du ballon non pas dans l'optique d'attaquer, mais de défendre. Posséder le ballon dans le camp adverse n'est pas un acte offensif mais un acte défensif : ça ne nous aidera pas à marquer (la majorité des buts seront plutôt marqués sur des phases rapides ou des coups pieds arrêtés), ça nous aidera à empêcher que l'adversaire se crée des occasions (d'où l'intérêt d'une possession haute plutôt que basse). Bref :
    - le fait que les buts sont souvent marqués sur des phases rapides n'empêche pas qu'une tactique de domination à outrance est utile ;
    - dominer ne signifie pas être offensif (on l'a vu avec l'Espagne à la dernière coupe du Monde, qui ne se créait finalement pas énormément d'occasion).

    D'ailleurs j'aurais tendance à distinguer les équipes dominatrices des équipes offensives. Pour prendre un cas extrême, la France qui a fait 0-0 contre la Roumanie en 2008 n'était sûrement pas offensive, bien que très dominatrice. En 2010, je citerai plutôt l'Allemagne que l'Espagne comme équipe offensive (les Allemands, quand ils ont le ballon - moins souvent que les Espagnols - c'est pour marquer ; les Espagnols, c'est pour le garder, donc en fin de compte pour défendre).

    En tout cas c'est ce qui m'inspire tout ça, du coup j'aime bien ce que dit Egil Olsen.

  • funkoverload le 04/05/2012 à 14h31
    J'ai un peu de mal à suivre la logique de la démonstration.
    Et puis: "On est dans une forme de totalitarisme, de conservatisme par l’attaque.", vraiment n'importe quoi.

  • Espinas le 04/05/2012 à 15h27
    funkoverload
    aujourd'hui à 14h31
    J'ai un peu de mal à suivre la logique de la démonstration.
    Et puis: "On est dans une forme de totalitarisme, de conservatisme par l’attaque.", vraiment n'importe quoi.
    ---
    Et bien moi, je suis un peu cela. Les matchs du Barça sont un peu frustrants à regarder parce que le Barça confisque le ballon et empèche l'adversaire d'avoir sa chance.
    Après, je ne critique pas l'approche du Barça qui a su développer une politique sportive cohérente et très intégrée, ce qui la rend d'ailleurs difficile à contrer.
    Il faut noter que leur capacité à gagner dépend de joueurs de très grand talent pour ne pas perdre la balle en ouvrant des boulevard en contre-atttaque ou pour trouver des espaces ou des combinaisons surprenantes en jouant quasi arrêtés sous la pression de la défense.

    Ca me rappelle une interview de coco Suaudeau qui mettait une différence entre son approche , en gros, Le jeu en mouvement vers le but adverse, en se projetant très rapidement vers l'avant en quelques passes et l'approche de Denoueix, plus axée sur la possession de balle, avec des avantages (quand j'ai le ballon, je ne suis pas en danger), et des inconvénients (plus difficile de déséquilibrer une défense en attaque placée, moins d'espaces après beaucoup de passes)

  • Radek Bejbl le 04/05/2012 à 15h37
    Puisque c'est moi l'auteur de l'article, je me permet de réagir. On peut trouver la démonstration fausse, mais ceux qui suivent un peu mes interventions sur les fils savent que Barcelone est la seule équipe pour laquelle j'ai parfois des faiblesses de supporter (rapport à mon admiration pour Johan).

    Or, pour moi, Barcelone, que je suis loin de ne pas aimer, fait du conservatisme offensif. La philosophie de Cruijff qui veut qu'on ne risque pas d'être mis en danger quand on a la maîtrise du ballon. C'est d'ailleurs loin d'être péjoratif dans mon esprit, c'est presque révolutionnaire, et cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas volonté de marquer.

  • La Metz Est Dite le 04/05/2012 à 21h54
    J'ai un peu de mal aussi avec cet article mais peut-être n'ai-je rien compris.

    A vrai dire Radek, je ne vois pas trop où tu veux en venir surtout que ta démonstration dit tout mais implique son contraire.

    Juste sur Egil Olsen, ça me fait bien marrer qu'il affirme que dans 75% des cas l'équipe qui a le plus d'occasion gagne. Je me rappelle bien de sa Norvège en 98 et dans leurs matches ils laissaient bien plus d'occaz à leurs adversaires : bouffé tactiquement par le Maroc, une pluie d'occasion écossaise, un Brésil peu fringuant et surtout un 1/8 contre l'Italie où même mené 1-0 les Norvégiens étaient peu enclins à vouloir se procurer des occasions. J'ai le souvenir d'une équipe qui avait besoin de deux fois moins d'occasions que ses adversaires pour marquer.

  • Schnouf le 04/05/2012 à 22h43
    Pour ma part, l'article m'a intéressé (et j'en remercie l'auteur).
    Tout comme la pub de la française des jeux : 100% des gagnants ont joué; on pourrait dire que les équipes qui tentent beaucoup/se procurent beaucoup d'occasions marquent plus de buts. Derrière cette lapalissade, il me semble qu'il y a des réflexions tactiques intéressantes à creuser sur comment maximiser le nombre d'occasions.
    A titre d'exemple de questions que je me pose :
    Presser haut de manière coordonnée augmente les probabilités de voir la défense adverse faire une grosse erreur amenant une (grosse) occasion. Presser de manière répétée use les défenseurs physiquement mais surtout "moralement"(être sous pression pendant 60 min augmente les risques d'erreurs). Cependant, la débauche d’énergie entraîne une moindre lucidité de tes joueurs offensifs qui risquent plus de se rater au moment critique ou de moins bien exploiter tes propres offensives et donc d'avoir moins d'occasions franches. Sachant bien évidement qu'entrent en compte les capacités des joueurs, sur quels critères se baser pour maximiser les occasions(maximiser les erreurs adverses tout en cramant le moins possible ses joueurs)?
    On pourrait transposer la question sur le choix entre tirer de loin et construire ses actions offensives (plus dangereuses mais moins faciles de se mettre en position pour frapper).

La revue des Cahiers du football