Il y a un peu plus d'un an, un commentaire de Marcelo Bielsa nous avait incité à chercher à savoir qui étaient les meilleurs espoirs de Ligue 1. Du top 15 de l'an dernier, certains ont passé un cap et d'autres ont stagné mais beaucoup sont partis. Un an plus tard, qui sont les nouveaux talents de Ligue 1, ceux qu'on imagine aller le plus haut? En faisant au mieux mais sans certitudes, on s'est mis à trois pour répondre à la question. Et, pour assumer jusqu'au bout la subjectivité de la démarche et plutôt que de présenter des joueurs pour certains très connus, on a retranscrit la discussion qui a suivi le vote. Au fil des avis plus ou moins éclairés que vous lirez, vous finirez ainsi sans doute par faire confiance à l'un des Dé-managers plutôt qu'à l'autre. L'honnêteté nous obligeant à reconnaître que les deux compères qui ont connu N'Golo Kanté quand il jouait à Boulogne-sur-Mer ne l'avaient pas inclus dans la liste l'an dernier alors que le troisième vantait sans cesse ses mérites et ceux de Thomas Lemar, également absent à l'époque. Beaucoup de choses évoluent en douze mois... 

Rappel des critères:

- Ceux qui ont déjà atteint le sommet ou pas loin ne sont pas éligibles. Pas de Marco Verratti, qui est une référence à son poste.

- Parce qu’à vingt-cinq ans, on est déjà vieux dans le football, seuls ceux qui sont nés en 1992 ou plus tôt sont éligibles.

Méthode: un point accordé pour la quinzième place, quinze points pour la première place. Pour faire partie des quinze premiers, chaque joueur doit avoir été choisi par au moins deux des trois juges. On fera le point sur les exclus de la liste dans la deuxième partie mais, si certains choix ont provoqué de vifs débats, les élus ont globalement fait l'unanimité. Seul Georges-Kévin Nkoudou, initialement dans la liste, fut écarté au buzzer après le doublé d'un Morgan Sanson que deux jurés hésitaient à inclure vu sa saison blanche.

15. Ricardo Pereira

Né le 06/10/1993

4 passes décisives, 4 tacles, 3 interceptions et 1,7 dribble réussi par match

Julien : C'est une grosse surprise, le mec sort un peu de nulle part, prêté par Porto...

Raphaël : Au départ, c'est un ailier que Puel a transformé en latéral presque dès son arrivée. C'est un des meilleurs joueurs de Ligue 1, parce qu'à chaque fois qu'il est en un contre un sur le côté, il gagne ses duels et ça crée des opportunités tout le temps pour Nice. Et techniquement, il est très fort. Très peu de latéraux en France savent vraiment dribbler.

J : Il est aussi très solide, il va vite et dans un système en losange comme celui de Nice, il a la caisse pour gérer le couloir seul. En plus, il a joué des deux côtés, il a évolué à gauche quand Jérémy Pied a été replacé arrière droit.

R : C'est vraiment le deuxième joueur de Nice fort en un contre un, après Ben Arfa.

Christophe : Je ne l'ai pas beaucoup vu, mais on est vraiment sur des débuts à un nouveau poste, il a très peu d'expérience du haut niveau. Il va sur ses vingt-trois ans, bon joueur sans doute, après est-ce qu'il a encore une grosse marge de progression? Qu'est-ce qu'il va se passer s'il revient à Porto?

R : Mais il joue à un poste où il y a une sorte de misère.

C : Le risque, c'est que quand il reviendra à Porto, il soit encore bougé de poste...

R : Il est encore prêté une saison à Nice.

C : J'attends de voir la deuxième année pour voir s'il va confirmer. Il peut vite s'enterrer s'il est pas dans le bon club.

J : En tout cas, à Nice on parle beaucoup de Ben Arfa, des trois du milieu et on l'oublie un peu, alors que c'est un élément très important.

14. Adam Ounas

Né le 11/11/1996

5 buts, 1 passe décisive, 1,5 occasion créée et 3,2 dribbles réussis par 90 minutes

C : On dit “Adam” ou “Adame”?

R : Je ne sais pas, dans les petits que j'entraîne il y en a plein qui s'appellent Adam, donc je ne les appelle pas.

J : Donc ils sont remplaçants ?

R : Non, ils ne sont pas dans l'équipe parce qu'ils sont trop forts.

J : En tout cas, Adam Ounas c'est le rayon de soleil de Bordeaux, même si pour moi il reste assez brut de décoffrage. Ok il fait des différences individuelles, mais je trouve qu'il y a encore beaucoup de mauvais choix, il est assez individualiste...

R : Il n'a que dix-neuf ans.

J : Oui, mais c'est le prototype du tricoteur qui a percé dans une équipe hyper faiblarde techniquement. Mais pour moi, il y a encore beaucoup de points d'interrogation.

R : Oui mais là, pour les joueurs dont on parle, les quinze espoirs, il faut privilégier le talent. Lui, il a une vraie qualité de passe, je l'ai vu créer des décalages par la passe...

J : Il n'a que 0,8 passe clé par match cette saison.

R : Mais il joue dans l'une des équipes les plus déprimantes de France. Il a un tel talent que bien coaché, ce sera un excellent joueur. Il a un potentiel Boufal, joueur qui peut jouer sur le côté, qui fait parfois des mauvais choix mais qui peut partir d'un côté et créer des différences. Ces profils-là sont importants.

J : Oui, c'est la comparaison qu'on peut faire, mais c'est le genre de joueur qui peut aussi basculer du côté obscur. Leur évolution est difficile à prévoir.

C : C'est pour ça que je le mets 13e. Je le mets dans les quinze parce que je pense que le mec a trop de talent pour ne pas l'inclure du tout, mais il y a quand même un risque qu'il devienne une caricature de lui-même et qu'il ne passe jamais le cap de “Je suis bon techniquement et j'y ajoute l'intelligence tactique et les bons choix”. Après, au-delà de ses 19 ans, il débarque juste cette saison, il a mis quatre buts: au-delà des dribbles, marquer quatre buts avec Bordeaux cette année, c'est presque en avoir marqué dix avec le PSG. Rolan aussi a marqué quatre buts, Crivelli en a marqué trois... Avec quatre buts, il est deuxième meilleur buteur du club.

J : Surtout que sa saison a vraiment commencé en décembre.

R : C'est quand même rare ce type de joueurs à cet âge-là. On ne s'en rend pas compte, je pense.

13. Sergi Darder

Né le 22/12/1993

2 buts, 1,3 occasion créée, 2 tirs et 2,2 tacles réussis par 90 minutes

J : Darder, j'ai assez de mal à cerner le joueur, à mesurer son impact.

C : Quand tu lis les Lyonnais, c'est assez drôle, c'est deux extrêmes: c'est soit le nouveau Xavi, soit le nouveau Marc Crosas. Bien sûr, il est quelque part entre les deux, mais à Malaga c'était le milieu espagnol typique. Ok, il est un peu light physiquement, et donc forcément est plus adapté pour la Liga que pour la Ligue 1, mais il a quand même du ballon et un volume de jeu assez intéressant. On voit ce qu'il fait contre Paris... Après, mon interrogation porte sur la Ligue 1, qui n'est peut-être pas un championnat pour lui. Je ne le vois pas faire une grande carrière en L1, mais s'il fait une bonne saison l'an prochain il peut repartir vers un Villarreal ou un truc comme ça et faire une bonne petite carrière dans un foot plus adapté à son jeu.

J : D'ailleurs c'était Thomas Pezé qui avaient montré images à l'appui qu'il avait un excellent sens du déplacement dans les intervalles et entre les lignes mais qu'il n'était jamais servi.

R : Il a cette intelligence de jeu, il oriente son corps parfaitement, il se laisse le terrain ouvert. Alors que les milieux français, comme Ferri, ils protègent d'abord le ballon mais ils s'enferment. Darder a cette capacité à laisser le terrain ouvert, à trouver des partenaires, et il se projette beaucoup. Mais ça fait quoi, deux-trois mois qu'il est vraiment bon.

J : Oui, l'arrivée de Bruno Génésio a fait du bien aux milieux relayeurs de l'OL, ils ont gagné en influence et la cohérence de l'entrejeu a été renforcée.

R : C'est un profil de joueur qu'on ne met pas souvent en valeur, mais il fait partie des dix-quinze milieux espagnols qui ont du potentiel.

12. Morgan Sanson

Né le 18/08/1994

2 buts, 3 tacles, 1,7 interception et 1 dribble réussi par 90 minutes

R : C'est vrai que Sanson a été blessé pratiquement toute la saison, mais il était quand même très haut la saison dernière...

J : On l'avait mis quatrième la saison dernière, il paye sa saison presque blanche et c'est peut-être un peu injuste, mais il a rechuté en janvier de sa blessure au genou, ça pose question…

C : Je mets un gros bémol à cause de ça, j’ai très peur pour lui même si j’espère me tromper. Sur le talent, il est au-dessus de la majorité.

R : Il a un peu un profil espagnol à la Darder, mais un peu plus bas. Même s'il dit qu'il aime bien jouer dix, je pense qu’il est moins dans la projection et plus dans la distribution du jeu. Sanson, dans les choix de passe, le jeu long, les combinaisons avec les partenaires, c'est l'un des meilleurs milieux français, dans un club qui n'est pas réputé pour son style de jeu.

J : Il y a quand même de bons joueurs de ballon, à Montpellier. C’est toujours la question dans ces classements annuels: dans quelle mesure on prend en compte la saison en cours. On sait que Morgan Sanson a un gros talent, mais ses blessures sont inquiétantes. Après, s’il doit partir, il devra aussi faire très attention à son choix de carrière. Pas faire une Jordan Veretout.

C : Je trouve qu’il a déjà beaucoup plus prouvé que Veretout. Il a le risque de s’enterrer mais, comme Amavi avant sa blessure, je lui vois assez de talent pour s’en sortir dans n’importe quelle équipe à partir du moment où il a sa chance.

11. Alban Lafont

Né le 23/01/1999

74 arrêts en 18 matches, 21 buts encaissés, 78% de tirs arrêtés.

J : Il n'y a que Raphaël qui ne l'a pas mis, sûrement parce qu'il ne l'a pas vu jouer...

R : Si, je l'ai vu jouer, mais à chaque fois que j'ai vu Toulouse; ils ont perdu. Rappelle-toi Paul Bernardoni, on en disait beaucoup de bien à Troyes parce qu'il se prenait quarante frappes par match et que forcément il en arrêtait...

J : Oui, mais Lafont a déjà fait gagner des points! Et puis le mec a débuté à seize ans, il a débarqué dans une équipe à la dérive, où il y a une sorte de malédiction sur les gardiens...

R : En fait, je ne l'ai pas mis parce que j'ai de grandes difficultés à juger les gardiens. Le jeu au pied j'y arrive, mais le positionnement, les sorties, c'est tellement un autre rôle que j’ai du mal.

J : Sur certains points il est évidemment encore assez brut, le jeu au pied d'ailleurs. Mais il a su gérer la pression, sur sa ligne il est très bon, dans les face à face aussi... Je ne crois pas qu'il ait fait d'erreur majeure pour l'instant, en plus.

C : Et puis à part une défaite 4-0 contre Monaco et une défaite 3-2 contre Lorient, il ne prend jamais plus de un ou deux buts là où Bordeaux prend trois ou quatre buts assez régulièrement. Toulouse, défensivement, depuis qu'il est là, ce n'est pas fou mais il y a rarement des tôles.

R : Mais est-ce que les carrières des gardiens ne sont pas les plus difficiles à prévoir, avec celles des milieux offensifs techniques dont on parlait tout à l'heure?

C : Oui, c'est possible. Mais je le mets haut parce qu'en plus il n'y a pas tellement de relève en gardien. Donc ce n'est entre guillements pas trop dur de s'imposer si tu n'es pas trop mauvais. Si tu tombes dans le bon club au bon moment, tu peux assez vite faire dix bonnes années de Ligue 1 si tu n'as pas de passage à vide. Ça a été le cas de Carrasso à Bordeaux, Costil aussi... Quand tu vois Nice avec Cardinale, Hassen et compagnie...

J : Hassen est d'ailleurs un peu le contre-exemple, tout le monde en attendait beaucoup depuis longtemps, et il a assez vite stagné. Donc il faut voir si Lafont arrive à franchir des palliers un peu comme Landreau avait su en franchir.

R : Hassen c'était plus que stagner, parce qu'il coûtait des points. À voir s'il part si Toulouse descend, s'il va y avoir une hype autour de lui comme autour de Gianluigi Donnarumma en Italie...

J : Oui, on aime bien s'emballer sur des soi-disant prodiges de seize ans, mais c'est difficile d'évaluer leur niveau. À voir, mais pour l'instant il s'en sort bien, il a été à la hauteur.

R : Mais il est passé après Ahamada et Goicoechea, arrêter les frappes sur soi est déjà un progrès.

C : Après, le mec a déjà montré un truc, c'est que mentalement il a assumé ses débuts, et il a su aussi rester constant dans ses performances et ne pas lâcher. Il a montré sur quinze-vingt matches qu'il avait déjà moyen de rester à bon niveau.

10. Sofiane Boufal

Né le 17/09/1993

8 buts, 3 passes décisives, 2,8 occasions créées, 4,3 dribbles réussis par 90 minutes

R : Je commence parce que c'est un joueur qui m'énerve à chaque fois que je le vois jouer. Mais il a tellement de talent et de capacités... Les grandes équipes aujourd'hui ont toutes des joueurs qui brillent dans les un contre un, qui peuvent faire des miracles sur les côtés. J'aurais peut-être dû le mettre plus haut que douzième, mais la question est surtout mentale et d'intelligence. Pas de jeu, parce qu'il l'a, même s'il fait parfois des choix égoïstes, mais intelligence de choix de carrière, de vie, de jusqu'où tu veux aller. C'est un peu le discours de Bielsa: est-ce qu'il est prêt à faire des sacrifices pour aller très haut, ou est-ce qu'il va se contenter d'une bonne carrière.... On a envie qu'il maximise. C'est un joueur qui m'intrigue énormément. Je suis très curieux de voir ce qu'il va devenir l'an prochain, est-ce qu'il va se gaufrer ou confirmer son potentiel pour devenir un phénomène.

C : Moi, je ne le mets pas dans mes quinze. Certes il apporte des points, mais il en coûte aussi. Il y a eu toute une série de trois-quatre matches pendant l'hiver où il fait des choix dramatiques dans la surface de vérité. À Marseille, j'y étais, c'était franchement une blague alors que déjà à ce moment-là c'était pas sûr qu'il serait titulaire, parce qu'il n'était pas dans une bonne période à la fois sur le plan du terrain et des relations avec ses partenaires. Il a été critiqué à mots couverts par Éric Bauthéac... OK le mec est très fort, mais il n'a pas l'air d'être le plus facile à gérer dans un vestiaire. Et il apporte énormément, mais il coûte beaucoup aussi parce qu'il est encore super individualiste, et pour un mec de vingt-deux ans ça commence à devenir problématique.

J : Il s'est accroché avec Tallo, avec Civelli, il n'est pas content quand Antonetti le sort à cinq minutes de la fin... C'est vraiment la grande incertitude. Je l'ai mis sixième parce que je me dis qu'il a un tel talent... Et on sait quel est le problème. Il faut qu'il se mette la tête à l'endroit, et s'il y arrive il peut aller très loin.

R : Est-ce que ce n'est pas difficile quand tu sais que ton club veut te vendre? Lille veut le vendre depuis qu'ils l'ont acheté...

C : Mais il n'aide pas son cas avec ce comportement. Là, il plombe un peu sa cote.

J : C'est peut-être aussi le genre de joueur souvent pointé du doigt par les entraîneurs français, ceux qui dès qu'ils vont à l'étranger améliorent leur comportement et rentrent plus facilement dans le cadre collectif. Mais il a un potentiel énorme. Cette année, il a quand même pris deux rouges, notamment un contre Rennes qui coûte deux points à Lille. Mais il est troisième en dribbles réussis, cinquième en passes clés, donc il crée aussi pour les autres.

R : En plus dans une équipe qui ne crée pas grand-chose.

J : C'est lui qui crée, et pas seulement pour lui. On est tous d'accord sur son talent pur, mais l'interrogation c'est dans sa tête.

C : Petit bémol: je me demande s'il est vraiment autant au-dessus du lot qu'on le dit. Je pense que la médiocrité de l'ensemble à Lille fait qu'on le voit peut-être un petit peu plus beau qu'il ne l'est. Peut-être, hein, je pose seulement la question.

9. Fabinho

Né le 23/10/1993

5 buts, 2 passes décisives, 3,1 tacles, 2,2 interceptions par 90 minutes

J : Fabinho n'était pas dans le top 15 l'an dernier, tiens.

R : Il y avait du monde l'an dernier, aussi. C'est un joueur dont je n'arrive pas vraiment à quantifier le talent. À chaque fois que je le vois jouer ou presque, je le trouve bon, qu'il soit latéral droit ou milieu défensif. Mais je ne sais pas s'il a atteint son plafond. C'est un joueur très difficile à juger parce qu'il n'a pas des qualités qui ressortent, de créativité, de vitesse. C'est du placement, de l'intelligence de jeu, de la qualité de passe. C'est un joueur mystérieux, parce que rien ne frappe au premier abord.

C : Je suis d'accord. Après, mon référentiel, c'est Maicon. Le mec n'était pas extraordinaire à Monaco, mais il avait des qualités. On sentait que tout n'était pas encore en place, mais que si ça se mettait en place ça pouvait être pas mal.

J : Physiquement, il était plus fort que Fabinho quand même.

C : Oui, Fabinho n'est pas Maicon, mais même dans un autre style, Adebayor a explosé quand il est parti de Monaco. C'est difficile d'exprimer tout son potentiel à Monaco, et Fabinho c'est un très bon latéral, bon au milieu, il a déjà plusieurs fois montré sur des gros matches, notamment en Ligue des champions l'an dernier, qu'il pouvait être énorme. Et même quand il est moins bon, on sent qu'il y a un truc et que si ça se règle bien, ça peut être un très bon latéral du foot dans les années à venir.

R : Il me fait un peu penser à Azpilicueta. Offensivement, ce n'est pas brillant, mais en un contre un il est difficile à passer, il va toujours être bien placé et faire le bon choix. Ce n'est pas le joueur qu'on va chercher pour faire des différences, c'est plutôt un latéral à l'ancienne.

J : Et il est devant Darder et Boufal dans notre classement...

R : Parce que tu sais qu'il est tout le temps bon et qu'il est bien dans sa tête. Il va réussir. Pas forcément dans un très grand club, mais dans un bon club.

C : Et il y a peut-être une place à prendre en sélection derrière Dani Alves. Il a de l'expérience, il est encore jeune, il ne manque pas grand-chose pour que ça tourne bien.

8. Michy Batshuayi

Né le 02/10/1993

14 buts, 6 passes décisives, 3,6 tirs, 1,2 dribble réussi par 90 minutes

J : Il perd une place par rapport à l'an dernier. Cette saison, il a été confronté à son problème d'efficacité qui pose certaines questions par rapport à son véritable potentiel. Apparemment, ça ne décourage pas ses nombreux courtisans. C'est une saison un peu pourrie pour Batshuayi, mais pourtant il est quand même à treize buts et six passes décisives. On reste sur une impression de gros gâchis, parce qu'il rate des dizaines d'occasions par match et les Marseillais en ont marre, mais dans les chiffres ce n'est pas si mal.

R : Ses qualités sont indéniables. Il a toutes les qualités que l'on attend d'un attaquant aujourd'hui: il est puissant dans le jeu de corps, il a une qualité de frappe des deux pieds, il est capable de trouver des joueurs autour de lui même s'il manque encore de vision du jeu. Mais dans le un contre un, le contrôle orienté, la prise de l'espace... Pour moi, il sait tout faire. Je trouve qu'il n'a aucune faiblesse, qu'il est capable d'être vraiment dynamique. Dans une bonne équipe, il te mettra vingt buts par saison.

J : Oui, là il a un problème de confiance, accentué par le contexte marseillais. Mais il vendange beaucoup quand même.

C : Il faudra qu'à un moment de sa carrière, il soit plus tueur. Il marque des buts, mais tu as le sentiment que n'importe quel attaquant un peu doué en aurait marqué autant. Treize buts sur combien d'occasions? Gignac en aurait peut-être mis le double. C'est pour ça que tu te demandes s'il arrivera à gommer ça un jour.

R : Mais l'efficacité devant le but, c'est une progression logique chez tout attaquant.

C : Mais je n'ai pas l'impression qu'il soit meilleur que l'an dernier, par exemple, ou que quand il était au Standard...

R : Oui, mais c'est un peu le cas pour tous les joueurs de l'OM qui étaient déjà là l'an dernier: qui a progressé?

J : Je rejoins ce que tu disais, Raphaël, sur le plan des qualités, ce ne sera peut-être pas le meilleur attaquant du monde intrinsèquement, mais il a le profil pour être recherché par des grands clubs. C'est un attaquant moderne. On est peut-être un peu influencés par ses derniers déboires, qui le font reculer au classement. Après, devant lui, il y a de la qualité aussi...

7. Thomas Lemar

Né le 12/11/1995

5 buts, 3 passes décisives, 1,5 occasion créée, 2,5 dribbles réussis, 2 tacles par 90 minutes

J : Lemar n'était pas dans le classement l'an dernier, on l'avait évoqué comme un “pari fou”, parce qu'il avait brillé sur des bouts de match. Monaco a tenté le pari, et Monaco l'a réussi.

R : Il a vraiment explosé, il est passé de quelques minutes par match à Caen à titulaire à Monaco, et même meilleur joueur de la saison de Monaco en fait. C'est assez impressionnant. Je l'ai mis deuxième, parce que parmi les quinze que l'on a, c'est celui qui hormis le premier, réalise la meilleure saison. Il a des qualités qui me rappellent Moussa Dembélé, le joueur de Tottenham. C'est un peu le même profil: pied gauche, très fort, il a une vraie puissance, au corps à corps il ne perd pas le ballon, il avance toujours, il a une qualité de frappe, de centre, dans les un contre un, il peut tirer les coups francs... Et il joue maintenant milieu relayeur, il a un volume de jeu que je ne soupçonnais pas, je pensais que ce serait un ailier. Et en fait, il est capable de mener le jeu. Il est vraiment exceptionnel. Il a si vite fait sa place à Monaco que je pense qu'il a vraiment un potentiel énorme.

J : C'est pas forcément celui qu'on attendait le plus à Monaco, mais c'est le jeune qui a le plus convaincu...

C : Moi, je note notamment ses qualités sur coup franc. Quand tu es si bon à cet âge-là, tu as peu de chance de perdre ça. Ça devrait le suivre toute sa carrière. C'est toujours utile dans un club. Je l'ai mis plus bas que vous, je l'ai mis douzième, parce que j'ai encore du mal à le voir dans la régularité.

R : Il n'a que vingt ans.

C : C'est difficile à palper, mais je ne suis pas encore complètement convaincu. J'attends encore un peu.

6. Layvin Kurzawa

Né le 04/09/1992

4 buts, 2 passes décisives, 3,5 tacles, 3,5 interceptions, 1 occasion créée, 1,6 dribble réussi par 90 minutes

J : L'an dernier, il était dixième, il a bénéficié des départs des joueurs classés devant lui (Martial, Imbula...). Et pourtant, il est remplaçant au PSG.

R : Mais dès qu'il a joué, il a apporté. Je n'ai pas souvenir d'une mauvaise performance. Et il apporte autre chose que Maxwell, c'est vraiment un profil qui peut aller très haut, qui amène de la profondeur, un peu comme Aurier de l'autre côté. Il est capable d'envoyer de bons centres, de partir dans le dos de la défense... Et finalement, défensivement, il ne s'en sort pas trop mal. Il a des problèmes de placement, d'intelligence de jeu, mais quand il est en un contre un, il s'en sort bien parce qu'il est tonique et qu'il peut cadrer le porteur. D'accord, c'est la Ligue 1, il joue dans une équipe tellement supérieure... Mais il a un volume de jeu sur son côté assez impressionnant.

C : C'est l'un des plus vieux de la liste.

R : Mais est-ce que les latéraux sont vraiment très forts très jeunes, à part Corchia qui était un feu de paille?

J : Digne était très fort très jeune.

R : Bah il ne faut pas jouer à Lille alors.

C : Sur Kurzawa, j'ai peur de l'exemple Digne: un mec bon voire très bon dans un club de second rang qui perd une année au PSG... Ce n'est pas trop l'âge où il faut perdre du temps, il faut vite se relancer, et s'il ne joue toujours pas plus l'an prochain... J'attends d'avoir vraiment une deuxième grosse saison pour être complètement convaincu, même si c'est déjà un bon joueur. Il ne faut pas s'enfermer dans une logique où tu es remplaçant et tu perds du temps.

R : Maxwell est en fin de contrat dans deux mois, et Digne va revenir mais il ne passera pas devant ou il sera vendu. Kurzawa part pour être titulaire l'an prochain.

C : Ça va être le gros test, l'heure de vérité.

J : Après, sur ce qu'il a montré, il a le potentiel pour réussir. Et il a déjà vécu une épopée en Ligue des champions l'an dernier où il était carrément à la hauteur avec Monaco. Il n'y a plus beaucoup de points d'interrogation. Il y a peut-être la question de l'équipe de France. Mais à l'échelle de la Ligue 1, à son poste...

La suite du classement arrive demain, avec les cinq premiers, et ceux qui ont manqué le cut de peu.