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Série noire au Qatar pour la cause LGBT

Tribune - Cette Coupe du monde met en lumière une législation parmi les plus répressives contre les LGBT, et des mobilisations très variables la France faisant très pâle figure. 

Auteur : Julien Pontes le 1 Dec 2022

 

Julien Pontes est porte-parole du collectif Rouge Direct contre l'homophobie dans le football.

La semaine passée a été marquée par un bras de fer entre d'un côté le Qatar et la FIFA, de l'autre un groupe de fédérations européennes (Allemagne, Angleterre, Belgique, Pays-Bas, Pays de Galles, Danemark et Suisse) qui se sont positionnées pour défendre les droits humains et dénoncer la répression contre les LGBT, à travers le port d'un brassard "One Love".

Pas la Fédération française de football (FFF), pourtant membre d'un groupe de travail de l'UEFA sur les droits humains et du travail avec ces mêmes nations (auxquelles il faut ajouter la Norvège et la Suède, non qualifiées), et qui s'était engagée dans la campagne "One Love" en septembre.

Les capitaines de ces équipes, dont Harry Kane et Manuel Neuer, avaient clairement affiché leur volonté de porter ce brassard, paré de couleurs qui ne respectent pas vraiment les couleurs de la communauté LGBT, mais ce geste, on l'aurait pris. Pris comme une marque de soutien et de solidarité.

 

photo DFB
photo DFB

 

Mais voilà, au Qatar on ne plaisante pas avec l'homosexualité. "Pas de ça chez nous." Les LGBT y risquent des guets-apens, des arrestations, des mauvais traitements de la part des forces de sécurité, jusqu'à sept ans de prison et même la peine de mort s'ils sont de confession musulmane.

La servile FIFA a trouvé le moyen de calmer les ardeurs en menaçant, dans un premier temps, ces fédérations d'amendes en cas de port du brassard.

Celles-ci s'étant déclarées prêtes à les payer, il a fallu trouver une autre forme d'intimidation : un carton jaune direct pour tout capitaine qui porterait le brassard, l'exposant au risque d'une expulsion en cours de match ou d'une suspension en cours de compétition.

Vicieux, mais efficace, même si les joueurs allemands ont, juste avant leur premier match, placé la main devant leur bouche afin de dénoncer cette censure. Les Anglais n'ont quant à eux pas renoncé à poser un genou à terre. Le président de la fédération danoise, Jesper Moller, a exprimé sa colère face aux pressions de la FIFA, et envisagé des recours avec la fédération allemande.

La France, comme l'Espagne, ne s'est pas associée à cette tentative de désobéissance, pointant les différences très importantes entre l'Europe du Nord et l'Europe du Sud dans la prise en compte et la lutte contre les LGBTphobies dans le football.

Depuis de longues années, nous dénonçons l'inaction des instances du football français, FFF et Ligue de football professionnel (LFP). Celle-ci, par exemple, ne sanctionne jamais des chants homophobes pourtant systématiques dans les stades, qui relèvent régulièrement de l'incitation à la haine et de l'appel au meurtre en raison de l'orientation sexuelle - "Il faut tuer ces pédés de [adversaire]".

En Angleterre, une politique de "tolérance zéro" a été appliquée contre les injures et chants discriminatoires, notamment homophobes. Arsenal ou Chelsea ont pris des sanctions contre quelques-uns de leurs supporters, des interdictions de stades parfois de plusieurs années, sanctions ciblées sur les auteurs des injures, identifiés par la police et les moyens vidéos.

Les Pays-Bas ont adopté le même genre de dispositifs, avec en plus la possibilité de sanctions alternatives, comme la suspension de l'abonnement, assorti d'un stage de sensibilisation auprès d'une association LGBT.

En Angleterre encore, des associations de supporters LGBT portent les couleurs arc-en-ciel dans les stades. Ils ont vu le jour grâce à l'implication de la Ligue et de la Fédération anglaises, mais aussi des clubs, des joueurs et des entraîneurs. Celui de Liverpool, Jürgen Klopp, échange avec eux et adresse régulièrement des messages inclusifs en direction de la communauté LGBT.

En Allemagne, l'an dernier, ce sont 800 footballeurs professionnels qui ont adressé un message de soutien aux LGBT en couverture du magazine 11 Freunde. Un message simple, digne, plein de compassion : "Vous pouvez compter sur nous !" Une telle initiative semble inimaginable en France.

Selon Noël le Graët, le président de la FFF, il n'y a ni racisme, ni homophobie dans le football. Et l'ancien international Bixente Lizarazu, consultant de TF1, a affirmé dans l'émission Quotidien qu'il n'avait jamais été témoin d'homophobie dans les vestiaires connus tout au long de sa carrière.

Noël le Graët incarne particulièrement ce refus de reconnaître l'homophobie dans le football en France et de mettre en place un plan d'action pour la combattre. Quand L'Équipe l'interroge sur le sujet, il y a quelques jours, il répond : "On applique les directives de la FIFA, point final." On l'a pourtant connu plus désobéissant.

En 2019, la circulaire n°1682 adressée par la FIFA à toutes ses fédérations membres demande d'appliquer une "tolérance zéro" face aux discriminations, dont l'homophobie, en interrompant les matches si nécessaire. Noël le Rebelle déclare alors qu'il ne respecterait pas ces directives, et donnerait la consigne de ne pas arrêter les matches pour des faits d'homophobie...

Il avalisait cependant l'interruption en cas de faits de racisme, introduisant une discrimination parmi les discriminations totalement infondée en regard des règlements sportifs et de la loi, qui les considère au même niveau de gravité.

Lors de cet épisode, Noël le Graët donnait déjà la garantie qu'il verrouillerait toute initiative pour faire reculer l'homophobie dans le football. Il persiste et signe au Qatar. En 2019, nous avions mis en demeure Noël le Graët de retirer ses propos, ce dont il nous avait assuré dans un courrier.

Une petite victoire dans notre lutte contre l'homophobie dans le foot. Une nouvelle bataille est en cours lors de ce Mondial, qui se présente très mal. Nous constatons la navrante participation de nombreux artistes aux festivités, ou le fervent soutien d'Emmanuel Macron au pays hôte. Le président de la République constate des "changements concrets"... 

On doute que les homosexuels et les travailleurs migrants au Qatar aient la même perception, mais d'autres sont aussi peu sensibles aux persécutions des LGBT, comme Maître Gims qui va se produire avant la finale de la compétition. Avec le cœur plus léger, on y verrait une forme de punition pour les Qataris.

En réalité, nous sommes tristes et pas du tout rassurés pour la suite. Les appels aux mobilisations ont été peu nombreux, peu relayés et peu suivis en France, contrairement à d'autres pays comme l'Allemagne, encore une fois.

Mais, qui sait, la Coupe du monde n'est pas finie et, comme disait ma grand-mère : "On n'est jamais à l'abri d'une bonne surprise."

Réactions

  • Marius T le 01/12/2022 à 11h52
    Maintenant la FFF demande aux clubs amateurs, le port du brassard arc en ciel.
    Tiens vous voilà à devoir gérer « les religieux » qui vont refuser.

  • Mangeur Vasqué le 06/12/2022 à 22h13
    Merci pour cet excellent article. Lamentable inertie de la 3F, guère étonnant.

    C’est vrai que beaucoup a été fait en Angleterre et au Royaume-Uni en général depuis une quinzaine d’années. Y’avait urgence faut dire, dans le football et dans la société (cf la très rétrograde/homophobe Section 28 de la très religieuse Margaret Thatcher - voir lien. et lien -, adoptée en 1988 et (enfin !) abrogée par les Travaillistes en 2003 (après quelques atermoiements, y'avait pas que des progressistes dans son gouvernement... lien), qui a fait beaucoup de mal à l’acceptation de la diversité à ce niveau. En tant qu'enseignants par exemple, nous ne pouvions pas (librement et facilement) parler d'homosexualité à l'école, c'était super tabou.

    Voir cet article de 2021 https://360.ch/culture/relecture/63515-section-28-le-sursaut-de-la-prude-britain/ : "Section 28, le sursaut de la prude Britain. En 1988, le Royaume-Uni de Mme Thatcher interdisait de parler d'homosexualité dans les écoles, comme le feront plus tard la Russie et, tout dernièrement la Hongrie. Londres mettra quinze ans à abroger cette loi désastreuse, la Section 28.").

    Comme pour le racisme dans le football au sortir des années 1980, il était urgent d’agir, d’où la creation de “Kick it Out” lien) en 1993 (au départ, surtout anti-racisme maintenant anti-discriminations), et “Show Racism The Red Card” en 1996, grosse asso/œuvre caritative née à Newcastle. Très active sur tout le Royaume-Uni et l’Irlande aussi, surtout dans les médias et établissement scolaires. Ils produisent aussi des ressources pédagogiques. SRTRC dont le lancement fut boostée par l’implication par Shaka Hislop lien, gardien de Newcastle United à la grande époque des “Entertainers” sous Kevin Keegan, et qui subit des insultes racistes dans la rue à Newcastle en 1995. Il faisait le plein de sa voiture dans une station-service près de Saint-James’ Park. Trois jeunes l’insultent, et là l’un reconnaît Hislop… et va lui demander un autographe. Hislop raconte l’histoire dans ce clip lien.

    Pour ce qui est de la cause LGBT, ce sont surtout les supps de Brighton and Hove Albion ont initié le mouvement ( lien “Brighton fans have called on the football authorities to increase efforts to combat homophobic abuse after a report showed it was prevalent in 72% of the club's games so far this lien), pour des raisons évidentes lien.

    Les associations, comme “Gay Football Supporters' Network” (les pionniers) et maintenant la soixantaine de groupes rassemblés au sein du collectif “Pride in Football” lien (réseau qui réunit une soixantaine de groupes de fans LGBT) ont beaucoup fait, parfois en lien avec Stonewall lien), la plus grosse organisation LGBT d’Europe.

    Au sujet de “Pride in Football”, triste que le groupe LGBT de Newcastle United (United With Pride) quitte ce collectif juste après le rachat du club par les Saoudiens en octobre 2021, ils sont très affaibli sans leur soutien (voir lien et lien).

    La FA a pas mal fait aussi dans ce domaine. La fédé a notamment produit un manuel de 45 pages à l’usage des clubs pros, “Football versus Homophobia”, voir sur leur site (je sais que certaines écoles s’en servent comme ressource pédagogique et pour les clubs scolaires). Les clubs aussi, mais surtout via leur fondation qui est plus ou moins indépendante du club.

    Les insultes contre Brighton continuent (surtout à travers les chants, mais aussi insultes) mais c’est bien moindre qu’avant. Y'a des supps/hools aussi, comme parfois ceux de West Ham lien, qui utilisent des insultes homophobes, dans des chants ou autres, contre d’autres supps, pas forcément LGBT. C’est devenu une banale insulte comme une autre... (qu’on entendait pas mal en milieu scolaire, un peu moins aujourd’hui).

    Niveau sanctions, quand les auteurs sont identifiables ou peuvent être arrêtés sur le champ, en général des interdictions de stade sont prononcées par les clubs. Et comme c’est un “hate crime”, il peut y avoir des sanctions pénales. Comme ici par exemple lien, en mai dernier (insultes homophobes contre supps de Chelsea en janvier 2022, à Stamford Bridge lors d’un Chelsea-Spurs. Homme de 53 ans jugé 4 mois plus tard au tribunal, amende et inscription au casier).

    Maintenant, faudrait que les joueurs en activité s’y mettent, qu’ils prennent la parole, sur les rézosocios peut-être car ils son vraiment peu nombreux à s’exprimer là-dessus, ce qui ne facilite pas le coming-out de joueurs (les joueuses, elle, aucun problème pour le coming-out). J’ai déjà raconté ici comme les réalisateurs de documentaires sur ce sujet au Royaume-Uni ont bcp de mal à faire parler les joueurs.

    J’ai notamment cité sous un article en commentaire un gros docu sur ce sujet sorti y’a quelques années où aucun footballeur ne voulait s’exprimer, de peur d’être catalogué “gay” ou tout simplement car ils ont le sentiment que parler de ce sujet est difficile et qu’ils ne sont pas à l’aise avec le sujet et ont peut-être peur des conséquences de telle ou telle parole mal interprétée (peur de la réaction de l'opinion générale, sur les rézosocios en particulier).

    Au final, deux joueurs (quasi retraités, ils avaient peut-être même raccroché leurs crampons) ont accepté : Jermaine Jenas et Joey Barton. Quand la journaliste demanda à Jenas, qui s’exprime avec aisance devant les caméras (il est présentateur à la BBC maintenant), pourquoi si peu de footballeurs parlaient ouvertement de ce sujet, il a répondu ce que je viens d’expliquer, une certaine crainte de ne pas trouver les mots justes.

La revue des Cahiers du football