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Restons groupés

Les résultats européens médiocres des clubs français cette saison alimentent les verdicts pessimistes sur le "niveau" du football national, tandis que certains dirigeants agitent la menace de "l'élite ou la mort" et se font des illusions sur un rattrapage économique. Pourtant, notre championnat est l’un des plus intéressants du continent. Peut-être parce qu'il a su maintenir sa cohésion…
Auteur : Curtis Midfield le 14 Mars 2000

 

Monaco éliminé, L’OM et Bordeaux au plus mal, le bilan français en coupe d’Europe n’est guère réjouissant. A la lumière de ces maigres résultats va se reposer la récurrente question du niveau du championnat français comparé à celui de ses voisins. Ceux qui soutiennent une éventuelle dégradation de celui-ci provoqué par les conséquences de l’arrêt Bosman y verront certainement un argument propre à les conforter. Mais que dire dans ce cas, du parcours des Italiens eux aussi en mauvaise posture en Ligue des Champions et absents en UEFA? Quant aux Espagnols, si leur bilan européen est tout à fait présentable, il nous est permis de nous interroger sur le niveau de leur compétition nationale quand on voit un Real de Madrid aussi peu performant que cette année continuer à occuper le haut du classement. De même, et en dépit de bons résultats européens, il nous est difficile de considérer les championnats allemands et anglais comme supérieurs au nôtre dès lors que l’on se réfère à la qualité du jeu pratiqué.

Petits et grands écarts
Faute de moyens fiables, il est toujours aussi difficile de comparer les uns et les autres. Dans un passé récent, les titres glanés en Coupe d’Europe pouvaient servir d’éléments pertinents à cet étalonnage. Pendant de nombreuses années, l’Italie, l’Angleterre, l’Allemagne et l’Espagne se sont situées à des années-lumière. Puis progressivement, la France est venue se mêler régulièrement à l’internationale des luttes finales. Mais force est de constater que la situation se détériore pour nos couleurs depuis que le libéralisme montre des dents de plus en plus longues. Les sommes en jeu sont devenues gigantesques, les partenaires commerciaux tout en changeant d’échelle se sont multipliés, certains clubs sont entrés en Bourse et le football a changé de planète médiatique.
Ces transformations économiques ont sensiblement modifié la donne entre les différentes nations. Désormais, nul pays (hors l’Italie sans doute) ne peut se proclamer plus fort qu’un autre dans sa globalité. En revanche l’écart entre le haut du panier et les autres clubs s’est accru partout. L’analyse des budgets des clubs des cinq championnats majeurs de vieux continent (Italie, Angleterre, Espagne, Allemagne, France) suffit amplement à prendre conscience du phénomène. Recordmen toutes catégories: l’Espagne et l’Angleterre. Les plus petits clubs ont un budget aux alentours de 50 millions de francs (Numancia, Malaga, Watford, Bradford) contre un peu plus de 700 pour le Real et 800 pour Manchester. L’Italie est plus riche en moyenne, mais là aussi les écarts sont flagrants. Les plus petits disposent d’un budget d’environ 100 millions (Piacenza, Cagliari, Venise) contre 600 millions pour la Juventus. Si on écarte le Bayern (800 millions), en Allemagne les chiffres sont plus resserrés. La fourchette se situant entre 100 millions (Fribourg, Ulm) et 400 millions (Dortmund, Hambourg). La France fait figure de petit Poucet dans ce lot avec un niveau inférieur établi vers les 50 millions (Troyes, Sedan) et des plafonds atteignant les 300 millions (Monaco, Marseille, Paris). Le rapport est donc de 1 à 6 pour la France et atteint 1 à 16 en Angleterre.

Des déséquilibres fatals?
Ces écarts significatifs sont appelés dans les années qui viennent à s’accroître encore davantage. En effet, les plus riches étant également les plus prestigieux en termes de notoriété, ce sont eux qui peuvent attirer de nouveaux investisseurs. Leur exposition médiatique constituant un argument massue face à de nouveaux partenaires commerciaux potentiels. C’est en Angleterre que la situation semble la plus inquiétante. En effet, pour le moment, le pay per view y est absent (de même qu’en Allemagne). Il y a fort à parier que les clubs les plus puissants feront tout pour que les négociations concernant le sujet se fassent au coup par coup, chacun voulant être propriétaire de ses droits concernant ce type de retransmission. C’est ce raisonnement qui explique principalement le refus en 1999 d’accorder à BSskyB les droits globaux du championnat en pay per view. L’exemple ayant été donné par l’Italie et l’Espagne où les clubs gèrent directement la vente de leurs matches pour ce média. Bien entendu, les principaux bénéficiaires de ce système sont les plus grand clubs italiens et les seuls Real et Barcelone en Espagne. Si le même schéma est adopté outre-Manche, certains petits clubs à l’équilibre fragile auront des jours encore plus difficiles.
Mais nous direz-vous, l’injustice financière dans le monde du sport professionnel n’est pas nouvelle et elle se justifie sportivement. Si les riches le sont devenus, c’est avant tout grâce à leurs résultats sur le terrain. Dans le même ordre d’idée, la domination exclusive du Real et Barcelone ou du Bayern n’est pas d'hier. Rien d’original sous le soleil à priori. Sauf qu’à force d’agrandir le fossé économique, l’unité des championnats européens ne va pas tarder à faire partie des notions du passé. Or, la cohésion économique d’un championnat est la condition sine qua non pour avoir une compétition indécise. Quel intérêt pour les clubs et le public de voir un match déjà joué d’avance ? Si la seule question en allant au stade consiste à savoir combien de buts Manchester va mettre à Watford, le football est en danger. On pourra toujours opposer à ce raisonnement la glorieuse incertitude du sport, mais nous pensons qu’elle a ses limites. Pire, conscients que les compétitions domestiques risquent de devenir à terme insuffisantes pour drainer les foules au stade et ainsi assurer les rentrées financières de la billetterie, les dirigeants des grandes écuries européennes réunis dans un G14 à géométrie plus ou moins variable songent désormais ouvertement à ne plus jouer qu’entre eux. La Ligue des Champions n’étant qu’une étape vers la formation d’un championnat d’Europe des clubs.

La bourse, ou la vie?
Dans le combat qui se profile entre instances fédérales européennes et clubs surpuissants, les principales équipes françaises ne devront pas se tromper de camp ni d’objectifs. A elles de connaître l’environnement dans lequel elles évoluent et quels peuvent être leur intérêt de participer à un tel processus. Pour notre part, nous pensons qu’il est nul. En effet, les clubs français au niveau européen semblent désormais condamnés à jouer en "seconde division". Constat peu plaisant mais inéluctable au regard de la nouvelle formule de la Ligue des champions et des ressources économiques disponibles actuellement. Le leurre consisterait à se convaincre que ces ressources pourraient se développer et atteindre celles de nos voisins. Le football en France ne bénéficie pas du même degré de passion que celui de nos voisins italiens, espagnols ou anglais. Cet engouement relatif se traduit dans les chiffres par une billetterie moins importante et par un merchandising limité. Le seul élément où nous soutenons la comparaison sur un plan financier étant les revenus procurés par les droits télévisés. L’effet Coupe du Monde étant passé, on voit mal ce qui pourrait maintenant "booster" encore le football français.
Le "Club Europe" (équivalent français de son homologue européen G14) rêve de rattraper ce retard. D’après lui, ceci passe par des primes à l’élitisme, par le retour à la propriété individuelle des droits de retransmission télévisés et par le développement d’Internet. Tout ceci n’est que mirages de grandeur. Soyons réalistes, quels sont les clubs en dehors de Marseille, Paris ou Monaco capables de susciter un intérêt sur tout le territoire. Messieurs Aulas et Martel pensent-ils vraiment qu’au fin fond du Béarn les gens vont se ruer sur leurs télés pour regarder les yeux émerveillés et en séance payante Lyon-Troyes ou Lens-Bastia ? Connaissent-ils la réalité du commerce électronique (pourtant monsieur Aulas...) et du commerce tout court pour croire qu’on va se ruer sur les sites de leurs clubs pour acheter maillots et écharpes dont nous ne pouvons nous passer ? Peut-être faudrait-il songer à redescendre sur terre. Le seul résultat tangible de ces mirages sera d’apporter aux plus riches quelques millions qui n’en feront jamais des concurrents sérieux au niveau européen tant l’écart financier est important. Plus grave, ils ôteraient au championnat français ce qui fait sa principale force : sa cohérence sportive. Nous disposons en France d’un privilège incroyable qui est celui de ne jamais savoir au début d’une saison qui sera champion au final. Pas de Barça, de Real, de Bayern, de Manchester ou d’Arsenal pour écraser chaque année la compétition. Résultat, un championnat passionnant où tout le monde cours après quelque chose et où le niveau sportif est homogène. On pourrait d'ailleurs soutenir l'hypothèse que le 10ème de D1 est supérieur aux 10èmes de toutes les autres ligues européennes: le resserrement constaté cette saison témoigne de cette homogénéité, qui présage finalement mieux de l'avenir que des compétitions à deux ou trois vitesses. Appliquons les directives du Club Europe et nous pourrons dire adieu à tout cela.

Bien sûr, un club français ne gagnera peut-être plus jamais une Coupe d’Europe. Qu’importe, laissons Chelsea ou Barcelone gagner sur le continent avec des équipes où ne figurent presque plus de joueurs nationaux. Tant pis pour eux ! Continuons de notre côté à préserver un certain nombre de caractéristiques qui font la valeur de notre football. Au premier plan de celles-ci se placent notre politique de formation et le principe de solidarité mis en place par la Ligue.

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