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Le retour de "l'English Disease" ?

À un mois du trentième anniversaire de la création de la Premier League, les incidents sont en forte hausse dans le football anglais - et pas seulement ce mois-ci. 

Auteur : Kevin Quigagne le 24 Jan 2022

 

Le constat chiffré est tombé sur le site de la BBC il y a quelques jours, dans l'indifférence générale : les incidents liés au football du 1er juillet au 31 décembre 2021, sur les cinq divisions professionnelles anglaises, ont fortement augmenté par rapport aux saisons précédentes.

Plus 47% d'arrestations et +36% de disorders (troubles à l'ordre public) comparé à la seconde moitié de la dernière année de référence (2019), malgré une petite centaine de matches en moins. Cet article de la BBC note qu'il s'agit du nombre d'arrestations le plus élevé depuis la création en 2015 de statistiques spécifiques par la UK Football Policing Unit, la police du football.

 

 

Ces données excluent donc les nombreux incidents survenus depuis le 1er janvier, en Premier League, en Football League (D2 à D4) et National League (D5), ou dans les coupes. Parmi les plus médiatisés : des jets de bouteilles et objets divers sur les joueurs d'Aston Villa, en particulier Matty Cash et Lucas Digne, lors du Everton-Villa du 22 janvier (un homme de dix-neuf ans a été immédiatement interpellé et mis en examen)

Même débordements lors de Chelsea-Tottenham le lendemain (deux supporters visiteurs ont été arrêtés) et de Millwall-Crystal Palace le 8, ainsi que de Arsenal-Manchester City et de Leeds-Burnley, le premier week-end de 2022. Des incidents ont aussi été relevés à Southampton et West Ham au cours de cette 23e journée très agitée [1].

 

 

Un été annonciateur de la crise

Cette affligeante série suit un mois de décembre déjà mouvementé, avec notamment des incidents lors de Leeds-Brentford, et des violences devant le stade de Tottenham entre supporters des Spurs et de West Ham en Coupe de la Ligue, une sorte de match retour des clashes observés il y a trois mois dans ce même derby, en championnat cette fois.

Le coup d'envoi de cette flambée de violence a été donné à Wembley le 11 juillet 2021, jour de la finale de l'Euro 2020 Angleterre-Italie. Des milliers de supporters sans billet, en majorité ivres avaient passé la journée à s'imbiber sur Leicester Square et Trafalgar Square sans que ne s'inquiètent ni les autorités ni les instances, coupables d'un amateurisme patenté dans cette affaire.

Ces supporters forcèrent les entrées de Wembley, gérées par un personnel de sécurité inexpérimenté et en sous-effectif, donnant lieu à des scènes qualifiées de "honte nationale" par certains médias. Enceinte forcée, bagarres, chants racistes, vandalisme, stadiers agressés au couteau pour leurs laissez-passer, une centaine d'arrestations, dix-neuf policiers blessés, dans un chaos général.

Le funeste cocktail a ramené d'un coup à la préhistoire, l'avant-Premier League, les heures primitives et si lointaines du football anglais des Seventies et Eighties, baignant dans la fange du hooliganisme organisé et ritualisé.

Les firms et crews de hooligans ont largement disparu, ou se terrent dans la clandestinité, mais une forme de violence plus spontanée, souvent très alcoolisée, a fait résurgence via les réseaux sociaux. Avec une nouveauté : un usage de drogues bien plus répandu qu'avant, principalement des "Class A drugs".

« Effet post-confinement »

Cette réalité est amplement documentée depuis des années. Elle est examinée dans le rapport, accablant, de la parlementaire Louise Casey sur les incidents de Wembley (lire les pages 25-27 du document, téléchargeable ici), laquelle a recueilli de nombreux témoignages provenant, entre autres, de stadiers et d'abonnés.

Les raisons de la récente recrudescence des incidents, également constatée en ligne, sont similaires à celles abondamment commentées en France (et en Angleterre sur le football français, ici ou  par exemple).

À savoir, principalement et en mettant de côté les truismes d'usage (eg "le football est le reflet de la société") : l'impréparation et le manque de coordination entre clubs et autorités au sortir des restrictions, ainsi que l'explosion de tensions accumulées après la période de huis clos dictés par la pandémie.

Geoff Pearson (cité dans l'article de la BBC indiqué plus haut), professeur à l'université de Manchester et autorité britannique dans ce domaine, parle de "post-lockdown effect", d'un effet post-confinement. Une situation exacerbée, selon lui, par des carences dans la gestion des matches potentiellement chauds.

Selon lui, les longues périodes sans public ont causé une érosion des savoir-faire et une perte des repères, à la fois en matière de maintien de l'ordre et de communication entre les divers acteurs (notamment les associations de supporters, le supporter liaison officer et les police liaison teams), y compris dans l'identification de potentiels perturbateurs.

Montée des « hate crimes »

Comme en France, la palpable montée des opinions extrémistes et du nationalisme au Royaume-Uni, surtout depuis le début de la campagne du Brexit en 2015 (durant laquelle la parole s'est considérablement "libérée" et "décomplexée"), a entraîné une certaine normalisation de la haine, des tabloïds aux réseaux sociaux, en passant par la rhétorique populiste utilisée pavloviennement au sommet de l'État.

Les statistiques de la police anglaise et galloise sur les hate crimes [2] (délits haineux) dans la société sont éloquentes : leur nombre a triplé depuis 2014, pour atteindre 124.091 entre avril 2020 et mars 2021 (chiffre excluant la Greater Manchester Police). Une plus grande sensibilisation à ces questions et des améliorations dans les modes de signalement n'expliquent que partiellement cette hausse exponentielle.

Côté football, un rapport du Home Office (l'équivalent du ministère de l'Intérieur) de 2019-2020, analysé dans le Guardian, établissait qu'au moins un hate crime avait été enregistré, et vérifié, par les autorités dans plus de 10% des matches (sur les cinq divisions professionnelles, les coupes et les rencontres internationales des sélections anglaises et galloises), les trois quarts concernant des délits à caractère raciste.

Si les problématiques sont semblables à la France, à quelques différences près (citons la faiblesse du mouvement ultra, violent ou non, et la relative rareté des envahissements de terrain à plusieurs, surtout en Premier League), les remèdes divergent, parfois diamétralement.

Sanctions individuelles plutôt que collectives

Plusieurs mesures "françaises" sont pratiquement absentes de l'arsenal répressif ou disciplinaire. Parmi elles, l'abandon de match, les huis clos et les interdictions collectives de déplacement en championnat. Notons cependant qu'il existe des matches très strictement encadrés et donc collectivement contraignants, appelés bubble matches - matches "bulles", en général des derbies , mais cette méthode est controversée, vorace en ressources, coûteuse et donc peu utilisée (le dernier remonte à 2019).

Depuis la loi Loppsi 2 de 2011, ces interdictions se multiplient dans l'Hexagone. Prononcées par arrêté préfectoral, elles sont souvent jugées arbitraires, mal ciblées et inefficaces. À l'injustice de ces punitions collectives, l'Angleterre préfère une réponse individuelle : le "FBO", le Football Banning Order, l'interdiction de stade.

Proportionnellement davantage appliqué qu'en France, intégré à la législation du "Football Spectators Act 1989", le FBO est prononcé par le Magistrates' Court (croisement entre le tribunal de police et le tribunal correctionnel), parfois deux ans après les faits étant donné l'engorgement judiciaire. Il va de deux à dix ans, il s'applique généralement dans toute l'Angleterre et le Pays de Galles, et fréquemment à l'étranger (ce site en précise les contours).

La peine est assortie d'une amende, en général autour de 300 livres. Une loi en préparation devrait étendre le FBO aux hate crimes commis en ligne. Le non-respect des conditions du FBO peut valoir jusqu'à six mois de prison et une amende.

Par ailleurs, un club peut agir unilatéralement et sans délai pour infliger une interdiction de (son) stade à un fauteur de troubles, parfois à vie, même si ce dernier a commis son méfait ailleurs. Ce qu'a fait Leyton Orient (D4) en juillet dernier, avec un supporter auteur, sur Twitter, d'injures à caractère raciste envers trois internationaux anglais pendant l'Euro.

Une approche ciblée et mesurée

Le nombre de FBO a été divisé par deux en dix ans, et frappait 1.771 personnes avant la pandémie (saison 2018/19), indique un rapport du Home Office, soit environ cinq fois plus qu'en France. Des chiffres à fortement pondérer toutefois, car le total des spectateurs sur les matches pris en compte dépasse, bon an mal an, les quarante millions, bien plus qu'en France.

 

 

Au sortir des confinements, des centaines de FBO ont expiré et il est possible que cette évaporation soit un facteur supplémentaire dans l'augmentation des incidents. Malgré la situation tout de même alarmante, pas de "cellule de crise" ni de grand débat national ou de longs chapelets de discours incantatoires.

Un modèle britannique différent, en somme, basé sur une approche plus appropriée, pour des résultats globalement meilleurs malgré le pic actuel. Mais aux antipodes de l'image de quasi-perfection, soigneusement entretenue, que l'on aime tant nous vendre - bien souvent sans savoir de quoi il en retourne.

 

[1] L'auteur de ce type d'incidents (jets, insultes, etc.) reçoit presque systématiquement une interdiction du stade de son club, parfois à vie, en général avec interdiction de se rendre dans les stades où joue son club. Il est également est frappé d'une FBO, d'une mention au casier judiciaire et de peines plus lourdes en cas de récidive - jusqu'à six mois de prison. La FA (fédération anglaise) inflige au club une amende, de quelques milliers de livres à plus de 100.000.

[2] Les cinq grandes catégories de "hate crimes" sont : les incidents à caractère raciste/xénophobe ou ethnique ; à caractère religieux ou relatifs à une croyance ; en lien avec l'orientation sexuelle ; en lien avec un handicap ou une difficulté d'ordre physique/mental/médical ; en lien avec l'identité transgenre/la transidentité. Lire la partie I.2 du rapport statistique gouvernemental

 

Réactions

  • Mangeur Vasqué le 26/01/2022 à 15h35
    Par contre, dans le communiqué de Leyton Orient lien, y'a ce truc inhabituel :

    “Further to the banning order, the supporter will be fully refunded the purchase for their Season Card for the 2021/22 season”

    LO lui a donc entièrement remboursé son abonnement (saison alors non démarrée). Généreux de leur part je trouve vu les faits. Leyton Orient a donc choisi d’exclure de ses “Terms and Conditions” ce genre de formulation “In the event that a season ticket holder sustains a ban from the ground, no refund will be given”, la norme dans ce domaine.

    Ce supp a eu du bol donc car les T&Cs d’un l’abonnement stipulent pratiquement toujours que si tu te chopes une IdS/stadium ban, que ce soit une IdS décidée par les tribunaux ou par le club, pas de remboursement. Ou alors, dans certains clubs, seule la portion sur les matchs restants est remboursée.

    Pas de mention de ce type dans les T & Cs de Leyton Orient. Une fois de plus, LO fait dans l’originalité.

    LO est un club un peu à part, c’est le deuxième plus vieux club londonien (1881) et ils cultivent un vrai ancrage dans la communauté, donc ils sont un peu plus proches des supps qu’ailleurs, et donc un peu plus soft. Ils font gaffe, pas de “captive market” pour eux. Ça fait aussi partie de leurs traditions de traiter les supps un peu mieux et plus softement qu’ailleurs.

    Faut dire qu’ils n’ont guère le choix, vu l'énorme concurrence dans un rayon de quelques kms, et souvent des gros clubs PL : lien. Ils ont toujours été un petit poucet de D3-D4, isolé dans un océan de gros, et ont toujours dû batailler pour conserver leurs fan base à peu près viable (pour évidemment éviter la descente en Non-league, car c'est pas la même chanson niveau revenus, etc. ; ils sont d'ailleurs descendus en D5 en 2017, mais vite remontés, en 2019, leur manager de 49 ans, Justin Edinburgh (Tottenham legend), n'a malheureusement pas profité de la remontée lien).

    Ils sont constamment en danger. Surtout depuis que West Ham est venu s’installer à seulement 1 km de chez eux, au Stade Olympique, rebaptisé London Stadium.

    Venu s’installer précisons-le dans des conditions financières outrageusement avantageuses pour les Hammers, ce qui à l’époque rendit légitimement furieux le propriétaire de Leyton Orient d’alors, l’atypique Barry Hearn, le promoteur de sport le plus connu en Angleterre. L’incroyable succès, et la professionalisation, du snooker à partir des années 1980, c’est lui. L’explosion des darts et les fortes dotations de tournois dans les Nineties, c’est lui. Le bowling, les gros shows de boxe, etc. c’est lui lien. Son fils a pris le relais. Les Hearn montaient même des gros shows dans leur jardin pendant la pandémie lien

    J’avais brossé le portrait de Barry Hearn en 2013, et aussi parlé de ce club original avec un stade si particulier, et qui a vu défiler pas mal de grands joueurs lien.

    Le fait que Boris Johnson, alors maire de Londres, soit pote avec Karren Brady (vice-présidente surpayée de West Ham) – grande donatrice du Parti conservateur, et récompensée de sa “fidélité” par un siège aux Lords, en 2014 –, n’est probablement pas étranger aux conditions financières absurdement avantageuses octroyées à West Ham dans la saga de la cession du stade olympique. Loyer dérisoire sur un stade de 750 millions £ payé entièrement par le contribuable et que West Ham a récupéré (en lease) avec un loyer annuel peanuts de 2.5 millions £, soit seulement 0.3 % de la valeur du bien (! La norme, en annuel, est 5-10 % au Royaume-Uni), sans rien débourser (juste un paiement unique de 15 millions) pour les frais de transformation en stade de football, pour une facture de 323 millions lien.

    C’est la norme en France ou en Italie (stades municipaux) mais pas en Angleterre où les clubs doivent se démerder pour financer leur stade (on est donc borderline sur de la concurrence déloyale envers les autres clubs).

    Cette même multi-millionnaire Brady qui fulmine à longueur de colonnes dans le Sun contre “l’État providence”, les “welfare cheats” et autres “benefit scroungers” (parasites, assistés, fraudeurs sur les aides sociales), et qui bien entendu vote régulièrement pour faire baisser les dites aides lien, dans un pays où on peut pas dire qu’elles soient généreuses.

    Mais c’est bon, ils posent avec des handicapés & des jeunes et donnent un peu à la SPA britannique alors c’est des bons gars lien

  • Mangeur Vasqué le 26/01/2022 à 19h41
    1) “Et y a-t-il d'autres championnats dans ce cas?”

    2) “(Outre la perte de savoir-faire, j'ai cru comprendre en France que beaucoup de stadiers ont dû se reconvertir en raison du chômage technique et qu'il a fallu en recruter des nouveaux à la reprise, moins expérimentés et éventuellement moins nombreux...)”

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    1) Je l’ignore, il serait intéressant d’avoir des infos là-dessus, soit de gens basés à l’étranger (hors France et UK) soit qui suivent de près un championnat étranger.

    Y’a quelques articles sur le Net qui vont dans ce sens, celui d’une hausse générale de la violence dans le football européen, celui-ci par exemple (paywalled malheureusement) lien

    Dans sa partie lisible, il parle même d’une flambée de violence... dans le championnat étasunien ! Extrait :

    “Les violences dans les stades se sont multipliées en France. Retrouve-t-on ce phénomène ailleurs dans le monde ?

    - Oui bien évidemment, on le retrouve à l’échelle de la planète. Pas besoin de remonter très loin dans le temps. Le 4 octobre, lors du derby entre le Los Angeles Galaxy et le Los Angeles FC, il y a eu des incidents entre les supporters des deux camps à la fin du match, dans les travées du stade”

    Mais ça a l’air de se focaliser plutôt sur les Ultras.

    J’ignore ce que valent ces articles. Quelle méthologie est utilisée, sur quoi ils se basent, qui écrit ces articles, comment tout ça est observé et relativisé, chiffré/documenté, de quel type de violence parle-t-on, etc. Pour ma part, hormis un tas d'articles papier ou en ligne sur les problèmes de stade en France, je n’ai rien vu à ce sujet dans les médias britanniques.

    Je ne sais pas ces phénomènes sont chiffrés ailleurs (le sont-ils en France d’ailleurs, d’une saison ou année sur l’autre ?), comme ils le sont depuis 20 ans environ pour les FBO en Angleterre et 2015 pour ce qui est des stats sur les arrestations, “disorders”, etc. lien, par moitié d’année, donc deux tranches : Juillet-Décembre et Janvier-Juin. C’est ce qui a permis de chiffrer ces fortes hausses depuis le début juillet, , + 47 % d’arrestations liées au football (802 au total) sur la seconde tranche 2019 et + 36 % (759) sur les “disorders”, sur lesquels je vais revenir.

    Cet article datant de fin octobre : lien parle d’une poussée de violence marquée aux Pays-Bas (“Violence and nuisance in and around Dutch football stadiums has increased sharply in recent weeks”). J’ai effectivement entendu qu’il y avait eu des problèmes aux Pays-Bas, dans les derbies en particulier, mais je n'en sais pas plus.

    Cela dit, c’est courant aux P-B sur certains derbies, du style Feyenoord-Ajax. Y’a un mois : lien. Les hools de Feyenoord surtout, dans les coupes d’Europe, parmi les pires d’Europe lien et lien. Les hools qui profitent des manifs anti-vaxx et émeutes pour casser lien (“Local media reported that gangs of football hooligans were involved in the rioting”).

    Faudrait avoir des données comparatives sur la masse des incidents, depuis août pour vraiment se faire une opinion, et des données non limitées aux groupes ultras hardcore ou hools pour que ça soit vraiment significatif.

    2) “(Outre la perte de savoir-faire, j'ai cru comprendre en France que beaucoup de stadiers ont dû se reconvertir en raison du chômage technique et qu'il a fallu en recruter des nouveaux à la reprise, moins expérimentés et éventuellement moins nombreux...)”

    Effectivement, idem en Angleterre, je le souligne dans le 3è paragraphe sous l’intertitre “Un été annonciateur de la crise” (“Ces supporters forcèrent les entrées de Wembley, gérées par un personnel de sécurité inexpérimenté et en sous-effectif”).

    J’ai rencontré un tas de gens qui ont perdu leur boulot qu’ils ont dû se reconvertir, deux rien que sur la dernière huitaine.
    Une femme, qu’était hôtesse de l’air chez EasyJet. Vague de licenciements à cause de la pandémie, gros dégraissages dans les deux aéroports internationaux de la région de Newcastle. Elle est assistante pédagogique chez nous maintenant depuis quelques jours (elle est mieux payée que chez EasyJet d’ailleurs où, selon elle en tous cas, elle était au salaire minimum, avec quelques primes toutefois).

    Un homme aussi, je l’ai rencontré sur Zoom, il l’était journaliste de voyage (travel writer), avant la pandémie, bossait pour des guides, en freelance, surtout pour les guides Bradt, assez connus ici lien. Arrive la pandémie, plus de vols, plus de voyages, etc. Comme il était freelance, pas de “furlough” (chômage technique) pour lui ou pas une grosse somme en tout cas, alors il s’est reconverti guide pour le National Trust (organisme de preservation du patrimoine anglais & gallois). Il fait une dizaine d’heures/semaine pour eux, il connaît les bien les sites du coin, il faisait du volontariat le National Trust avant (le NT tourne pas mal grâce au volontariat, comme un peu tout le pays…). C’est pas grand chose, dans les 100 £/semaine, mais il a dans les 60 ans, marié, etc. alors il arrive à s’en contenter, c’est ce qu’il m’a dit en tout cas.

    Au Royaume-Uni, y'a eu aussi pas mal d'exemples médiatisés de pilote qui se sont reconvertis en chauffeur poids lourd (grosse pénurie ici cette année) après la perte soudaine de leur emploi, et qui ont gagné au change niveau salaire. Pilotes par ex. de la compagnie britannique Flybe, liquidée au début de la pandémie (mal en point, le Covid l’a fini), eg lien qu'est parti bosser comme routier pour Tesco, grande distribution. Il ne gagnait que 30 000 £/an chez Flybe (il devait à mi-temps j'imagine. Les pilotes de lignes low cost gagnent si peu que ça à plein temps ?).

  • Mangeur Vasqué le 27/01/2022 à 22h07
    Et au passage Tonton, en cherchant des liens hier pour tenter de répondre à ta question (“Et y a-t-il d'autres championnats dans ce cas?”), j’ai vu passer cet article de Vincent Duluc dans l’Équipe, daté du 25 decembre 2021 lien.

    Alors, comment dire... S’il existait un prix de “l’epic fail dans le timing d’une sortie d’article”, il le décrocherait sans problème.

    Il publie donc un article sur “les Anglais (qui) ont trouvé la clé pour diminuer la violence dans les stades” au moment même où la violence, les arrestations et les “disorders” de toutes sortes, liées au football, n’ont jamais été aussi élevés depuis des années lien (depuis qu’on a les stats chiffrées en fait, 2015 – avant on n’avait que les stats des FBO, interdits de stade) et ce depuis debut juillet dernier (Wembley, suivis de centaines d’incidents, certains sérieux, jusqu’à la sortie de son article).

    - 802 arrestations, + 47 % sur la dernière année de référence
    - 759 “disorders”, + 36 %
    - Des incidents enregistrés par la police dans 48 % des matchs des cinq divisions professionnelles

    On ne peut donc pas lire grand chose puisque l’article est paywalled mais cette phrase par exemple est une énorme contre-vérité : “Après les drames des années 80, l'Angleterre a réussi à éradiquer la violence dans ses lien

    Euh, non, certainement pas. Ni dans les années 1990, ni dans les “Noughties”, ni dans les années 2010, ni aujourd’hui.

    Certes, y’a évidemment beaucoup moins de violence “qu’avant”, surtout dans les stades de PL. Certes, on se sent très en sécurité dans les stades anglais, comme en France donc (j’imagine) à quelques exceptions près, mais il n’empêche pas moins qu’il y a toujours des incidents dans les stades ou autour en Angleterre, régulièrement. On est encore loin de l’éradication, comme les derniers chiffres le prouvent.

    J’indique quelques incidents dans l’article, eg affrontements hools Tottenham-West Ham deux fois déjà cette saison devant le stade, et y’a beaucoup d’autres exemples, eg lors de ce Cardiff-Millwall de début de saison (dans le stade) lien ou juste à l’extérieur de Wembley pour la finale de l’Euro lien, ou ici à Tottenham en coupe d’Europe lien Ou encore Millwall ici lien etc. etc.

    Je précise que je n’ai absolument rien contre Duluc. Je connais très mal son œuvre à vrai dire, je ne lis que très rarement l’Équipe ou France Football, pas facile non plus de les trouver là où je vis à l'étranger (c'était plus facile y'a encore 6 ou 7 ans, 2 points de vente qui devaient avoir chacun 1 ou 2 exemplaires, fallait donc se lever tôt car qu'avec les étudiants & staff des 2 universités du centre-ville, c'était vite parti, idem pour Le Monde, Le Figaro, etc.) mais depuis environ 2017 on ne le trouve plus. Je connais même deux personnes dans le milieu qui m’assurent que Duluc est très sympa IRL (dans la vraie vie) etc. donc je n’ai aucune raison de le pourrir. Mais alors, cet article, en tout cas ce début d’article, quel manque de rigueur terrible, ça sent le bâclé à fond. A se demander s’il a passé ne serait-ce qu'une minute à googler le sujet. Et ouais, suffit pas d'aller à l'Emirates, Old Trafford ou Parkhead de temps en temps pour bien connaître le foot anglais/britannique.

  • Mangeur Vasqué le 27/01/2022 à 23h03
    Merci. Comme promis, je réagis à ton commentaire intéressant qui fait le lien avec Hillsborough.

    Je comprends que tu mentionnes Hillsborough. Il y a effectivement des parallèles avec les évènements de Wembley, mais ils résident surtout dans la catastrophique gestion du match par les instances (FA), la direction du stade de Wembley (totalement intégrée à la FA lien) et les autorités (Metropolitan Police, celle du Grand Londres). J'essaierai de toucher deux mots ultérieurement sur cette dernière.

    J'entends également tes réserves, quand tu écris : “C'est exactement ce que les autorités et la presse avaient dit des supporters de Liverpool pour expliquer la catastrophe d'Hillsborough en 1989, sauf qu'à l'époque, c'étaient des mensonges et que c'est l'incurie de la police qui l'avait provoquée. Ici, je veux dire à Wembley à l'Euro, cela semble vrai”.

    On est en effet en droit d’éprouver une certaine méfiance envers les rapports officiels dans ce genre d’affaire, réaction légitime et saine. Surtout quand ce rapport charge les supporters, comme le fait (à raison ici) la parlementaire Louise Casey dans son rapport (paru le 3/12/2021) sur Wembley, mis en lien dans l’article. Notons cependant que les deux rapports Taylor lien post Hillsborough, le rapport provisoire d’août 1989 et le final de janvier 1990, dédouanaient les supporters et (surtout pour le deuxième) accusaient la police de négligence grave, etc.

    Mais une correction à ton commentaire s’impose : on n’est pas du tout dans le “cela semble vrai” ici, les faits sont avérés à 100 %.

    La différence majeure entre Hillsborough et Wembley c’est que contrairement à Hillsborough, ici on a (évidemment) pas mal de “footage” (images), des photos, des milliers de témoignages convergents, etc. Images souvent choquantes, prises par la télésurveillance et des anonymes qui ont mis ça sur les rézosocios. Par exemple :

    (Pour le 1er lien, cliquez sur “view”, Twitter ayant mis un filtre "contenu potentiellement sensible”. Il ne serait pas étonnant que retrouver nombre de nervis de Britain First sur ces images, ou de l’English Defence League lien ou BNP – non, pas la banque mais ça lien – ou FN lien), ou/et des fans de ce dangereux taré qu’est Tommy Robinson lien) ou Katie Hopkins lien, sortes de Zemmour anglais, en encore plus dégénéré. Hopkins a été pendant quelques années “columnist” dans l’édition dominicale du Daily Mail, le plus gros tabloïd britannique avec le Sun. Ces deux sinistres personnages ont de gros following sur les réseaux. Les rapports entre l’ultra-droite et le football anglais sont plus que largement établis et remontent à la fin des années 1960, et pas mal d’entre eux suivent religieusement les Trois Lions. Britain First comptait 1 million de followers Facebook avant d’y être banni en 2019. Au-delà de la question sur l’authenticité de ce chiffre, des mouvements comme BF, l’EDL ou la BNP et le reste de la nébuleuse fascisante, disséminent leur “idéologie” avec un succès certain au Royaume-Uni depuis des années, jusqu’à contaminer l’aile droite du Parti Conservateur au début des années 2010, aile parfois surnommée les “Torykippers” – Tory + UKIP – et representée par les alt-rightistes de l’European Research Group lien, gros groupe de frondeurs du Parti conservateur qui poussèrent pour obtenir le vote par référendum du Brexit – et qui l’obtinrent. Rappelons tout de même que UKIP, parti d’extrême droite créé il y a trente ans et colossalement revitalisé par Nigel Farage au début des années 2010 surfant sur une vague nationaliste a fait 27 et 30 % aux élections Européennes de 2014 et 2019*, premier parti sur ces deux élections, écrasant même les Conservateurs en 2019, qui n'enregistrerent que 9 %, ce qui prouve s’il en était besoin la forte porosité vers les extrêmes de la grosse aile droite du Parti Conservateur. *Ces dernières sous la bannière du Brexit Party).

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    etc.

    Supporters coupables donc (à Wembley), ça ne fait aucun doute, et dont les minables exactions furent grandement facilités par une organisation pied-nickelesque (surtout qu’à Hillsborough certaines images prises par la télésurveillance du stade avaient été sciemment effacées, ou volées lien très vraisemblablement sur ordre de la police locale, South Yorkshire Police, voire ordre venant de bien plus haut, on ne le saura jamais. Il est resté tout de même quelques images, montrées notamment dans les auditions pendant l’avant-dernier gros procès sur cette affaire, de mars 2014 à avril 2016, les “Hillsborough inquests” lien).

    On sait aussi de manière officielle, notamment par la police, que des supps avaient aussi tenté d’entrer en force dans la Fan Zone installée sur Trafalgar Square. voir ce tweet de la Met: lien. Des milliers de fans pintés sur Leicester Square également, l’autre principal lieu traditionnel de rassemblement de supps à Londres.

    Sur Trafalgar Square, des milliers de supps, quelques centaines d'entre eux devant la superbe National Gallery. Ambiance bon enfant au début puis bcp moins en fin d’aprèm à mesure qu’ils s’alcoolisaient. Jets de bouteilles, en l’air, sur des fenêtres, vitrines, dans les fontaines envahies, lampadaires et feux rouges pris d’assaut, fumis balancés un peu n’importe où. Et, dixit la police, plusieurs tentatives de pénétrer dans la Fan Zone installées sur cette place.

    Même cirque sur Leicester Square. En plus des vitrines brisées, arbres vandalisés et j’en passe, ils ont laissé cette place dans un état absolument lamentable.

    “Across London the atmosphere has become increasingly chaotic with England fans seen smashing windows in Leicester Square and setting off flares on Wembley lien Note un site internet de Londres.

    Leicester Square qui avait déjà bien souffert (milliers de supps écossais cette fois) avant le England-Scotland pendant cet Euro lien.

    30 arrestations sur ce match d’ailleurs (dont 25 dans l’hypercentre de Londres), pour principalement les motifs suivants : “violence and disorder, possession of drugs, possession of an offensive weapon (knuckle duster), racial aggravation, drunk and disorderly and assault of a police officer, who suffered minor lien Donc quand même du sérieux, on n’est pas sur quelques incivilités banales, ou un ou deux supps qu’allument un fumi ou font les cons. Ce jour-là, contre l’Écosse, y’avait tellement de gens (écossais la plupart) dangeureusement ivres que la police avait dû décrété un “dispersal and banning order” dans ce secteur. Ce n'est donc pas comme ci la police n’avait eu aucun avertissement avant cet Angleterre-Italie, "the writing was on the wall" comme on dit, la cata était imminente.

    Des supps fortement alcoolisés pour beaucoup et sans doute pour certains aussi sous l’influence de drogues dures, voir cet article BBC lien (“Fan accounts: 'One group of 10 mates in our row - all snorting cocaine') et celui en lien dans l’article lien (“Testimony given to Baroness Casey's report suggested copious amounts of drugs, particularly cocaine, were being taken. The report said that 47% of 7,000 ticket holders who took part in the review saw illegal drug taking when arriving at Wembley, with steward and security staff reporting a high level of drug lien

    Le rapport de Casey parle de "Ticketless, drunken and drugged-up thugs” et ajoute sur ces supps : “a horde of ticketless, drunken and drugged-up thugs who chose to abuse innocent, vulnerable and disabled people, as well as police officers, volunteers and Wembley staff, creating an appalling scene of disorder and coming perilously close to putting lives at lien […] The report by Baroness Casey said there was a "collective failure" in planning for the match, which about 2,000 people got into illegally. […] It noted 17 mass breaches of disabled access gates and emergency fire lien (portes/accès mobilités réduites et sorties de secours forcés)

La revue des Cahiers du football