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Pourquoi l’homophobie dans le football est une homophilie

Les insultes à tendances sodomites de certains supporters sont porteuses d'une étrange contradiction envers l'homosexualité. Pour en comprendre la cause, il suffit de remonter jusqu'à la Grèce antique. Rien que ça.

Auteur : M. B. le 14 Sept 2015

 

 

Si l’on n’y prêtait qu’une oreille étourdie, les stades de football pourraient passer pour le refuge de l’homophobie la plus arriérée: que ce soit lors de la présentation des joueurs de l’équipe reçue au Parc des Princes, après le refus par l’arbitre d’un tir de réparation à Gerland ou lors des dégagements du gardien adverse au Vélodrome, la majorité des commentaires scandés par le public concerne l’orientation ou les pratiques sexuelles supposées de la personne à qui l’on souhaite exprimer notre mépris ou notre désapprobation. Lorsque l’on qualifie l’arbitre d’"enculé", il semble qu’on lui reproche son homosexualité comme une orientation infamante.

 

Cette arriération morale se redoublerait d’inconséquence si on la plaçait en regard de l’autre invective la plus fréquente: "Untel, Untel, on t’encule". Inconséquence suprême, car celui qui joue le rôle "actif" dans la position sexuelle apparemment dénoncée n’est pas moins homosexuel que celui qui y joue le rôle "passif". Clamé devant des dizaines de milliers de personnes, le coming out est courageux. Mais comment peut-on reprocher à quelqu’un de recevoir ce que dans le même temps on propose de lui prodiguer? Comment peut-on dénoncer l’homosexualité de quelqu’un tout en confessant ouvertement rêver d’entretenir des relations homosexuelles avec lui?

 

 

 

Homosexualité active ou passive

La solution de cette énigme est sans doute à trouver dans l’ouvrage de Kenneth James Dover (1920-2010), Homosexualité grecque (1978). L’auteur y décrit par le menu la conception de l’homosexualité masculine dans l’Antiquité grecque. Sa caractéristique principale est... que le concept d’homosexualité n’y existe pas: les désirs sexuels d’un homme ne sont pas jugés en fonction du sexe de la personne désirée ("hétérosexuel" s’il désire une femme, "homosexuel" s’il désire un homme) mais selon le rôle, actif ou passif, qu’il joue dans cette relation.

 

Selon ce mode de classement, l’homme homosexuel actif sera moralement assimilé à l’homme hétérosexuel et donc valorisé, tandis que l’homme homosexuel passif sera moralement assimilé à la femme et sortira donc de son rôle, ce qui est répréhensible. L’homosexualité masculine passive n’est tolérée que pour l’homme prépubère: une fois poussée la première barbe, l’homosexualité passive d’Alcibiade, de normale, devient honteuse.

 

Les stades ne sont donc pas remplis, comme on pourrait le croire, d’homophobes bovins et inconséquents, mais bien au contraire d’homosexuels et d’homophiles heureux, qui trouvent leur épanouissement dans une conception grecque de l’homosexualité. Partisans de l’homosexualité active, qui n’a rien de honteux à leurs yeux, ils vilipendent l’homosexualité passive supposée de Valbuena, inconvenante pour un homme pubère. À qui leur objecterait le caractère manichéen ou suranné de cette conception, ils rétorqueraient probablement par le cœur même du message qu’ils dispensent ainsi à longueur de matches: "Que chacun vive sa sexualité comme il l’entend".

 

Réactions

  • osvaldo piazzolla le 14/09/2015 à 04h01
    du coup, je me demande si c'est censé être rigolo ou pas, parce que l'analyse est juste pertinente. Et si le stade est un endroit où cette confusion sémantique s'exprime particulièrement, c'est dans toute la société, y compris à l'école maternelle que s'expriment ces insultes et elles ne sont effectivement pas du tout homophobes. c'est une ineptie de leur attribuer de l'homophobie. Le problème c'est qu'elles sont bien pire : elles sont misogynes, et violemment. Elles expriment et cristallisent la place que doit avoir la femme. sous l'homme. et dominée par lui. au stade. à l'école maternelle. partout.

  • José-Mickaël le 14/09/2015 à 04h43
    Osvaldo Piazzolla, je ne trouve pas l'analyse de l'article pertinente (et je pense aussi, sans en être sûr, que c'est de l'humour).

    Celui qui crie « machin, je t'encule » profère une menace de viol (sans le vouloir, bien sûr). Enculer l'ennemi, c'est le violer, l'humilier. Pas vilipender ses pratiques sexuelles.

    Par contre je trouve que c'est ton analyse qui est pertinente.


  • prime le 14/09/2015 à 06h52
    "Inconséquence suprême, car celui qui joue le rôle "actif" dans la position sexuelle apparemment dénoncée n’est pas moins homosexuel que celui qui y joue le rôle "passif"."

    ----------

    "L'est pas pédé ç'ui qui encule" comme disait un copain d'un de mes potes.
    Je découvre donc qu'il a, en fait, une conception grecque de l'homosexualité.

    Cette conception grecque de l'homosexualité (je vous laisse débattre de la pertinence/drôlerie de l'article) apparaît clairement à Geoffroy Guichard, notamment à travers ce chant (superbe, clair, efficace et positif) :

    "Nous, nous sommes les Stéphanois
    Oh Lyonnais, bande de pédés
    Pour voir notre équipe gagner
    On va tous vous enculer"
    (suivi de "la lalala lalala lalala Les verts !")

  • blafafoire le 14/09/2015 à 08h33
    A rapprocher du "club des pédés" de Riad Sattouf, dans "Retour au collège", club qui accueille tous les losers en mal de sociabilisation.

  • Pascal Amateur le 14/09/2015 à 10h00
    Manque tout de même quelque chose : le "Va te faire enculer", qui délègue l'acte de sodomie à un Autre non désigné.

  • Zorro et Zlatan fouillent aux fiches le 14/09/2015 à 10h09
    Faudrait aussi faire une analyse en profondeur (huhu) des analystes qui partent du postulat que l'acte ici présenté est uniquement constitutif de la relation homosexuelle masculine. L'insulte "enculé" me semble au contraire riche en possibilités, et me laisse toujours curieux des modalités de l'exécution.

  • Jeff Tran Hui le 14/09/2015 à 10h13
    Je pense que ce genre d'insulte dépasse la définition de base de l'insulte elle-même. Comme "connard" ou "bâtard", "fdp" (non pas "Frais de Port") etc..

    Ca reste une insulte, il y a probablement des gens qui n'insulte jamais personne dans leur voiture et qui donc ne comprendront pas le concept même d'insulte (des Ned Flanders en gros :p), mais pour moi ça dépasse le sens.

    C'est marrant parce que j'ai souvenir d'un vieux Téléfoot (au moins 30 ans facile) où étaient invités des enfants d'une équipe de province (comme souvent à l'époque) et où TR avait passé la parole au gamin qui jouait gardien pour qu'il passe un message. Et le môme avait dit que ça serait bien que les gens arrêtent d'insulter les gardiens quand ils dégagent.


  • Jean Luc Etourdi le 14/09/2015 à 17h52
    Sinon ce genre d'injure montre que les messieurs en question envisagent leur pénis comme une arme, un moyen de correction/punition.

  • Jeff Tran Hui le 14/09/2015 à 22h00
    Pas sur qu'ils parlent de leur pénis, il y a plein de sextoys disponibles :D

  • osvaldo piazzolla le 15/09/2015 à 03h06
    En y repensant, j'ai regardé dans WP qui était Kenneth Dover, parce que pour cette idée de définition de la sexualité dans la Grèce Antique, on aurait tendance à citer Foucault, mais appremment, c'est de ces travaux là que Foucault s'inspire.

    @prime : c'est exactement ce chant qui m'a fait prendre conscience de ça.

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