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Pourquoi j’ai viré anti-vidéo

Tribune - C'est l'un des sujets qui divisent le monde du football, le fameux débat sur la vidéo. Si deux camps se distinguent assez clairement, les pro et les anti, je me classe dans la deuxième catégorie. Et pourtant...

Auteur : Jean Canesse le 24 Mars 2015

 

 

Le trajet du ballon plutôt que la collision des corps. Le fair-play plutôt que le vice. Mon père, ce hipster avant-gardiste qui s'ignore, a toujours été un fervent défenseur du football romantique, capable d’idolâtrer Daniel Dutuel, Daniel Moreira ou Yann Lachuer autant que Tostao et Lionel Messi.

 

Grâce à lui, j'ai fait mon éducation footballistique avec l'OL de Tony Vairelles et d'Éric Carrière, habité par l'idée qu'un tirage de maillot, un coup d'épaule ou encore un tacle par derrière ne sont pas "des composantes du jeu" mais des actes de triche. J'ai souvent connu le sentiment d'injustice pendant mes années de supporter, la faute à ce fichu réflexe d'identification qui fait prendre pour soi ce qui est vécu par les hommes de terrain. C'est ce qui m'est arrivé de manière assez violente en 2005, quand l'OL a été éliminé par le PSV Eindhoven aux portes des demi-finales de la Ligue des champions.

 

 

Mark van Bommel, je t'ai tellement détesté

En ce 13 avril 2005, j'ai ressenti ce qui s'apparente encore aujourd'hui à ma plus grande déception d'amoureux du foot. Plus que le penalty non sifflé sur Nilmar en prolongation, ce sont les innombrables actes d'anti-jeu de Mark van Bommel qui m'ont écœuré. L'odieux capitaine néerlandais a passé son temps à bousculer, tirer les maillots, détruire les chevilles adverses, accentuer ses douleurs, simuler des fautes sur sa personne tout en réussissant l'exploit de s'en sortir sans le moindre carton. Malin, vicieux, Van Bommel a été ce soir-là, et pendant de longues années, le représentant du football que je déteste: celui où l'intimidation et la triche prévalent sur le plaisir de taper dans un ballon.
 

 

 

 

 

Ce fut un moment charnière dans ma façon de penser le foot qui a renforcé un désir partagé par d'autres: voir le football aidé par la vidéo, de préférence rapidement. Je me souviens de ces débats entre amis lors desquels j'affirmais que les erreurs d'arbitrage représentaient précisément les seules que l'on ne peut tolérer dans ce jeu. L'erreur est humaine et comme l'erreur était ici inacceptable, alors adieu l'humain: bienvenue à la vidéo.

 

L'outil semblait idéal, infaillible malgré les critiques de ceux qui craignaient (et craignent toujours) de voir ce sport devenir haché par des vérifications intempestives auprès d'un écran. À mon sens, la vidéo aurait pu voir le jour dans un cadre délimité (litiges dans la surface, fautes jugées violentes sur tout le terrain et hors-jeu) même si elle aurait certainement entraîné une diminution des possibilités de contre-attaque. Un moindre mal. Voilà en tout cas comment, en un tour de ralenti magique, ce jeu était censé devenir plus juste, plus propre, lavé de tous soupçon. Dix ans ont passé depuis ce match détestable aux Pays-Bas et ma position a bien évolué.

 

 

Jugé coupable

Entendons-nous bien, je n'ai pas rejoint le cercle des anti-vidéos qui considèrent qu'elle tuerait le rythme, je reste plutôt persuadé du contraire. Mais l'idée fondamentale qui a guidé ce changement est celle d'une réhabilitation de l'arbitre et de son rôle majeur dans le bon fonctionnement d'un match. En regardant "the big picture", comme disent les Américains, et en réfléchissant au rôle de chacun (joueurs, entraîneurs, présidents, journalistes), j'en suis venu à la conclusion que les critiques dirigées contre l'arbitre incompétent, l'arbitre zélé et notre plus célèbre ami l'arbitre partial étaient franchement légères.

 

Je me suis intéressé à la signification de ces reproches récurrents dans un débat comme celui de la vidéo. Le véritable problème de la vidéo n'est pas la vidéo elle-même mais c'est cet ancien moi, c'est cette communauté simpliste qui espère tant en "bénéficier". Le monde du football n'est pas prêt à l'accueillir, pas maintenant, pas comme il le faudrait. Dans un monde parfait, l'utilisation de la vidéo ne se ferait qu'à l'initiative de l'arbitre. C'est lui seul qui pourrait prendre la décision d'arrêter une action, et potentiellement une contre-attaque, s'il pensait avoir besoin d'un angle de vue supplémentaire. Les joueurs et les entraîneurs ne pourraient pas passer leur commande vidéo et s'en servir comme d'une arme tactique. Les polémiques diminueraient en même temps que les erreurs d'arbitrage.

 

Je vous l'accorde, tout cela tient du fantasme. Mais le chemin que j'ai parcouru réside dans cette dernière phrase: l'idée d'une diminution et non plus d'une éradication des erreurs. Il est naïf de penser que les erreurs d'arbitrage peuvent disparaître – il n'y a qu'à voir certaines situations où les ralentis amènent plus de questions que de réponses pour s'en convaincre –, mais c'est plus grave d'estimer qu'elles le doivent. Le droit à l'erreur vaut autant pour un attaquant qui tire au-dessus, pour un milieu qui fait le mauvais choix tactique que pour un arbitre qui n'a pas tout vu. Exiger des hommes au sifflet qu'ils ne fassent jamais d'erreurs est non seulement injuste, mais c'est aussi franchement ironique. Qui, sinon certains joueurs et entraîneurs peu soucieux des règles, favorise les erreurs en multipliant les décisions à prendre dans un climat hostile? Qui, sinon certains journalistes peu consciencieux, entretient l'idéologie que les fautes font partie du jeu, qu'il y en a même des "bonnes", décrédibilisant d'emblée le travail de celui qui doit les sanctionner? Qui, sinon certains supporters décérébrés, rend la mission de l'arbitre plus complexe en l'insultant ou en le menaçant?
 

 

 

 

 

Même les arbitres "sympas" sont bousculés

Non, le monde du football n'est pas prêt à accueillir la vidéo et, à vrai dire, il ne la mérite pas. Si elle devait être introduite aujourd'hui, il y aurait bien plus de dégâts à déplorer que de bienfaits desquels se réjouir. À commencer par une évolution dans le mauvais sens du rapport de force entre l'arbitre et le joueur. Instaurer la vidéo dès à présent reviendrait à fragiliser un peu plus la position de l'arbitre, à cautionner ces attroupements de joueurs belliqueux autour de lui sous prétexte qu'il s'est peut-être trompé. Ce serait légitimer ces propos d'entraîneurs et de présidents qui font peser tout le poids d'une défaite (et ses conséquences économiques) sur les épaules du seul juge du match. Ce serait donner raison à ces médias qui ne savent pas traiter la question de l'arbitrage sans y incorporer le doux parfum du scandale.

 

Il faut d'abord plaider pour l'apaisement sur les terrains, le respect des règles et la tolérance envers ceux qui commettent des erreurs avant d'en appeler à une technologie qui peut nuire à la crédibilité de l'arbitre. Il faut encourager le travail remarquable des Clément Turpin, Ruddy Buquet et autre Sébastien Desiage qui, sans la vidéo mais avec un art pour la communication, la prévention et le bon sens, ont réussi l'exploit d'être les arbitres les moins détestés de France. On vous rassure, ils le sont parfois et ce constat en dit long sur la question de l'oeuf et de la poule. Si même les meilleurs arbitres, les plus sympathiques et les plus appréciés sont susceptibles, encore aujourd'hui, de devoir gérer l'ingérable, la contestation à outrance et la pression permanente, c'est bien que le problème ne provient pas de leurs bonnes ou mauvaises décisions. C'est bien que la bonne tenue d'un match dépend moins de leurs compétences visuelles que du niveau de savoir-vivre des autres acteurs présents sur et en dehors du terrain. Accueillir aujourd'hui la vidéo, ce serait mettre en porte-à-faux tous ces Turpin, Buquet et autre Desiage, ce serait abandonner leur combat, l'un des plus importants de notre société actuelle: celui de vivre ensemble.

 

Réactions

  • Troglodyt le 24/03/2015 à 17h08
    Jeff Tran Hui
    aujourd'hui à 16h56

    Sur ce point là tout le monde est d'accord : les contestations, sur le terrain et en dehors, ne sont pas assez durement ni uniformément sanctionnées.

    Là il y a un véritable travail à faire de la part de la FFF et la LFP (voire même FIFA et UEFA) : avoir aujourd'hui une position radicale sur les contestations de l'arbitrage, ce serait donner l'impression d'une sanction de l'impuissance par l'autoritarisme.

    Alors que justement, les arbitres ne sont pas impuissants ; ils sont même plutôt bons. Le problème se situe au niveau du soutien et de la protection insuffisants dont ils bénéficient de la part des instances du football (qui ont beau jeu de se ranger du côté des équipes lésées alors qu'ils ont la responsabilité de l'organisation et de la formation de l'arbitrage...), qui accule ces arbitres dans des positions intenables qui, avec la pression, confine parfois à la posture (et aux critiques parfois légitimes qu'elle génère).

  • Jeff Tran Hui le 24/03/2015 à 17h15
    Je ne sais pas, je trouve le nombre de contests limité une bonne solution. D'autre part, en NFL où c'est le cas (de mémoire) l'arbitre peut toujours faire appel de son propre chef à la video. Or on peut imaginer que sur une décision dont l'importance est flagrante, n'importe quel arbitre qui en aurait la possibilité le ferait.

    Ensuite, comme je le disais, il faudrait définir le cadre légal (l'argument de la touche contestée tombe à l'eau) et faire des tests. Au moins ça. Si ensuite il est évident que cela n'apporte rien, on laisse tomber.

    Quand on regarde un match, il y a très peu d'occasions de faire appel à la video. Même les situations de HJ limites sont rares. Et laisser l'action se dérouler pour éventuellement revenir à la video si la défense le demande ne me semble pas nuire à la fluidité du jeu.

    Donc certains diront "ah ah !" peu d'occasions de s'en servir, donc ça sert à rien. Sauf que "ah ah !" s'il n'y a que 1 ou 23 fois par match et que cela influe grandement le résultat, alors ça vaut justement le coup.

  • Jeff Tran Hui le 24/03/2015 à 17h17
    1 ou 2 fois, pas 1 ou 23 :)

  • Troglodyt le 24/03/2015 à 17h27
    La difficulté, c'est que pour toi dans ton canapé cela fait une ou deux fois par match.
    Mais pour les joueurs sur les terrains et les supporteurs dans les tribunes, regarde combien de décisions sont contestées durant le match. Que la contestation soit légitime ou pas, c'est autant d'occasions de mettre sur l'arbitre une pression indue (puisque sa décision sans vidéo est la bonne dans la grande majorité des cas, alors même qu'elle est déjà contestée).

    La vidéo ne viendra pas aider les arbitres, elle va les tuer. Parce que la culture du football à l'égard des arbitres ne leur a pas construit une image symbolique suffisamment forte pour faire de lui autre chose que le bouton sur lequel il faut appuyer pour lancer le magnétoscope.

  • Jeff Tran Hui le 24/03/2015 à 17h46
    Ah mais je ne parle pas d'une touche ou d'un corner, je parle de faits de jeu marquants pour un match de foot.

    En NBA, en NFL, les arbitres ne sont pas morts. Loin de là.

    Je peux faire le raisonnement exactement inverse au tien: actuellement les joueurs (et je ne parle même pas des tweets, déclas, etc...) mettent la pression tout le temps sur l'arbitre parce que "ça fait partie du jeu". C'est aussi abject que la fameuse "faute intelligente". Donc on conteste, on râle, etc... et on se dit qu'à un moment l'arbitre va flancher.

    Si on décide qu'un coache peut faire appel 3 fois par mi-temps à la video, et que l'arbitre peut le faire pour un pénalty et un carton rouge par exemple, je pense que ça calmera pas mal de monde. Parce que l'arbitre, s'il peut vérifier qu'il y a bien main de Thiago Silva, bah il le fait. S'il veut voir si Machin en rajoute sur le tacle d'Ibra, il le fait. Pourquoi s'en priver ? Il a un avion à prendre ?

    Et encore une fois: testons le.

  • Lucho Gonzealaise le 24/03/2015 à 23h15
    C'est bien que tu parles de la NBA, parce que c'est justement, à l'instar du rugby, une preuve que la vidéo tue le jeu. Les arbitres font beaucoup trop souvent appel au revisionnage pour savoir, la plupart du temps, qui a sorti le ballon. Non seulement il faut 5 minutes de visionnages pour le faire, mais en plus on se rend souvent compte que même avec plein de caméra autour du terrain, des loupes et des ralentis HD, on a du mal à savoir qui a touché le ballon en dernier.

    Pendant ce temps-là, les joueurs refroidissent, on tue le Money Time.

  • Jeff Tran Hui le 24/03/2015 à 23h51
    Alors déjà on sen moque que la video, parfois, n'arrive pas à influer sur la décision, puisque sans, déjà, l'arbitre n'est pas sur de sa décision. donc avec la video, ça ne peut pas être pire en terme de prise de décision. Au pire, justement, l'arbitre ne sait pas avant et ne sait pas après. Et dans le doute, il s'abstient.

    Et dans 90% des cas, ça l'aidera à prendre une décision.

    Je regarde pas mal la NBA, je regarde toutes les finales, j'ai pas eu l'impression que le money time était tué par la video. Les temps-morts pub par contre... ;)

    Quant au rugby, l'arbitre utilise la video à un moment où, de toutes façons, le jeu est arrêté: essai ou pas. Je ne me rappelle pas avoir vu les joueurs continuer à trottiner pendant que le buteur prend son temps pour faire la transformation. J'ajouterai, en tant que grenoblois, que si on avait eu la video lors de notre finale vol...perdue face à Castres il y a 20 ans, on aurait probablement gagné, vu qu'un essai non valable avait été accordé à Castres (pour mémoire: un joueur de Grenoble aplatit dans son en-but, tout le monde s'arrête, un castrais surgit et aplatit, l'arbitre donne essai. Pas de video, dans le bip Lulu ;)

    Enfin bref, de toutes façons, le débat est sans fin.

    Bonne soirée à tous :)

  • Radek Bejbl le 24/03/2015 à 23h53
    D'ailleurs il y a toujours autant d'erreurs puisqu'il n'y a quasiment aucune phase que l'on peut revoir, hormis ces sorties de balles dans le money-time et les fautes sifflées pour revoir leur gravité. Donc on perd parfois trois minutes pour quelque chose de plus ou moins utile, et on ne se sert de la vidéo que dans quelques matches. Par contre, deux trucs intéressants, voir aux temps morts si les tirs sont à deux ou trois points (propre à ce sport) et les sanctions a posteriori. Mais là c'est un autre débat.

  • KL le 25/03/2015 à 07h24
    Je suis d'accord avec Tetsuo Shima sur le respect du aux arbitres.

    C'est tout de même ironique que les arbitres soient victimes de leur propre non-application des règles - celles qui sanctionnent d'un carton jaune toute contestation d'une décision arbitrale.
    Je ne suis pas arbitre moi-même, mais si j'en étais un je ne vois pas trop ce qui empêcherait de coller un nombre de cartons jaunes égal au nombre de joueurs de Barcelone, Chelsea ou du PSG qui viendraient m'encercler dès que je siffle faute.
    Après tout je ne ferais qu'appliquer la loi 12...
    Respect my authoritaah, comme disait l'autre.

    Si on allait plus loin, genre comme en NBA qui sanctionne financièrement tous les actes de contestation/remise en cause des arbitres et de tricherie a posteriori (dont la simulation/flopping)?

    Et si en plus on pouvait ajouter quelques matches de suspension et pour les fous furieux qui n'auraient pas compris et récidivent, une interdiction pour un joueur incriminé de signer tout nouveau contrat (que ce soit avec un nouveau club ou l'actuel) pendant X mercatos, ça les ferait peut-être réfléchir à deux fois avant de faire les pitres.

  • Jeff Tran Hui le 25/03/2015 à 09h14
    KL: c'est exactement ça.

    La NBA (et le sport US en général) l'a bien compris: c'est un spectacle. Et pour qu'il se vende, que les parents aient envie d'y envoyer leurs gamins, et... il faut que ça soit respectable sur et en dehors des parquets/terrains.

    Comme dans le foot, pas mal de choses tourne autour du pognon quand même, on y viendra.

La revue des Cahiers du football