Pires rencontre son étoile
Tout est bien qui finit bien. Cette coupe des Confédérations qui tombait comme un cheveu de trop dans la soupe des compétitions a finalement été on ne peut plus positive. À l'arrivée, Roger Lemerre hérite d’un nouveau titre, d’informations supplémentaires sur un groupe élargi et de certitudes plus affirmées. Au rang de celles-ci, la présence désormais incontournable de son nouveau numéro 7.
Robert Pires est né sous le maillot de l’équipe de France le soir de la finale du Championnat d’Europe. Un débordement rageur suivi d’un centre à destination de Trezeguet lui a enfin donné cette dimension supplémentaire, très symbolique, qu'il cherchait depuis tant d’années. Depuis, le bon Robert a repris le cours de sa progression et réalise un sans faute sur et en dehors des terrains, comme le montre par exemple la pertinence du choix d’Arsenal pour rebondir après ses difficultés marseillaises.
Son exil anglais lui a redonné la tranquillité et la confiance qu’il avait perdues aux abords de la Canebière et il a retrouvé une stabilité qui lui faisait cruellement défaut. S’appuyant sur la patience et les bons conseils de Wenger, il a peu à peu retrouvé le goût du risque et de l’effort. Fini le temps des errances sur le terrain et les déclarations maladroites servant à justifier à ses yeux et à ceux du public les échecs consécutifs à son départ de Lorraine.
Déstabilisé par des exigences extérieures (le fameux "muscle ton jeu" d’Aimé Jacquet en est l’exemple le plus célèbre) qui ne lui convenaient guère, il a longtemps cherché des clefs dont il n’avait pas besoin. En revenant vers un jeu et un comportement plus proches de ceux de ses débuts et plus conformes à sa nature, il a réussi à écarter l’étiquette d’ex-futur espoir qui commençait à lui coller au maillot.
Cette trajectoire recomposée en fait un titulaire indispensable chez les Gunners et un homme de base de l’avenir de l’équipe de France. Tel Laurent Blanc, sa polyvalence l’a longtemps desservi. Mais à l’image du Président, elle pourrait bien lui garantir un bail conséquent sous le maillot tricolore. Au milieu de terrain, il peut en effet s’adapter à nombre de systèmes de jeu différents. Ses qualités traditionnelles reposent sur un fort pouvoir d’accélération et sur une capacité à provoquer afin de déséquilibrer les défenses adverses. Elles peuvent s’exprimer dans l’axe, mais sont sans doute plus efficaces sur les côtés. Wenger l’a bien compris et l’a fait jouer le plus souvent de cette façon à Arsenal et c'est dans cette position qu'il avait réalisé deux excellentes performances au Stade de France contre le Japon et le Portugal.
Mais avec la Coupe des confédérations, les supporters des Bleus ont eu le plaisir d'apprécier un Pires récupérateur-relanceur hors pair. Le dispositif imaginé par Lemerre lors de Pays-Bas-France ayant été reconduit, le néo-Londonien a pu constituer avec Vieira une doublette redoutable, capable de toutes les récupérations mais aussi de toutes les audaces offensives. Ajoutez-y des talents de finisseur en pleine éclosion et vous aurez sans doute les noms des deux meilleurs joueurs du tournoi asiatique. Le talent technique de notre d’Artagnan aura sauté aux yeux de tous, mais beaucoup auront aussi découvert son volume physique. Capable d’enchaîner les courses à haute fréquence, il a pu ainsi constituer le lien parfait entre défense et attaque, inépuisable piston capable de perforer à tout moment. De quoi donner de bonnes idées à Wenger…
À ce propos, au vu de la complicité qui unit les associations Petit-Vieira ou Vieira-Pires-Henry-Wiltord, nous rêvons d’une équipe d’Arsenal constitué un jour de onze français. En attendant nous nous contenterons de la joie de Pires après la finale. Une histoire assez morale en somme. L’histoire d’un garçon qui avait juste besoin de redevenir lui-même.