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«Nous représentons la coexistence pacifique avec les Arabes»

L'ASSE retrouve l'Europe ce soir. Le destin lui a choisi un autre club à histoire: L'Hapoel Tel Aviv. Rencontre avec un membre des Red Workers, groupe ultra et rouge.

Auteur : Propos recueillis par Osvaldo Piazzola le 18 Sept 2008

 

Asaf Eyal, trente-et-un ans, étudiant en philosophie et psychologie, est un membre fondateur des Red Workers, qui se définit comme un "groupe d'aide sociale" dans la communauté des Ultras Hapoel, promouvant l'entraide au sein de l'ensemble des supporters du club. Il y a trois ans, le site du Réseau supporter de résistance antiraciste publiait une interview de lui, dont nous reprenons de larges extraits. À l'occasion du match Hapoel-Sainté, Asaf complète avec nous cette interview et nous parle des Red Workers aujourd'hui.

>> Interview également en ligne sur l'excellent Poteaux carrés, au côté notamment d'une présentation de l'adversaire des Verts.


Quelle est l'histoire politique de l'Hapoel Tel-Aviv ?
L'Hapoel Tel-Aviv Football Club a été fondé en 1923 par un mouvement d’inspiration socialiste: “HA-POEL” (les travaillistes). À partir de ce moment, le club a toujours été connu pour son implication avec les partis politiques de gauche ainsi que les syndicats. De nos jours, même si le club est devenu une société privée, un grand nombre d’hommes politiques de gauche, d’activistes d’extrême gauche ou encore de célébrités supportent l’Hapoel Tel-Aviv. De manière générale, la grande majorité des supporters de l'Hapoel sont proches des idées de gauche. Yitzhak Rabin, notre cher premier ministre assassiné en raison de ces idées et de son abnégation à vouloir installer la paix, lui aussi était un grand supporter de l’Hapoel.

Quelle est la vocation des Red Workers ?
Notre but principal est de rappeler aux jeunes supporters l’histoire de l'Hapoel et sa philosophie historique, leur rappeler quelles sont nos racines et ce que cela implique dans nos actions. À côté de cela, nous avons pour but de lutter contre le racisme et encourager la coexistence pacifique entre Israéliens et Arabes. Nous fonctionnons selon une philosophie "sociale" et aidons les autres supporters de l’Hapoel qui connaissent des difficultés financières. Les Red workers aident les Ultras Hapoel à trouver du travail, ou les soutiennent dans leurs études. Nous essayons de transmettre le flambeau à la jeune génération, tout en préservant l’histoire du club et de ses supporters. Une de nos actions les plus spectaculaires a eu lieu à Sachnin (lire plus bas). Nous invitons aussi des réfugiés du Darfour qui vivent à Tel-Aviv. On s'occupe d'eux régulièrement en leur fournissant vêtements et autres choses de première nécessité.

redworkers_2.jpgQuelles sont vos relations avec les autres mouvements ultras antiracistes en Europe ?
Les Red Workers ont entamé des relations avec le mouvement antira/antifa en 2005, lorsque nous avons participé au deuxième tournoi antira à Sankt-Pauli (près de Hambourg NDLR), sur leur invitation. Nous avions réalisé, lors d'un derby quelque temps auparavant, un tifo utilisant des symboles et des messages socialistes ou communistes. Ils ont été impressionnés que ce genre de mouvement ultra existe en Israël. Nos liens d'amitié actifs depuis lors sont avec les Ultras St-Pauli (USP), Ultras Inferno 96 (Standard Liège), Gate 9 Omonia Nicosie ou les Ultras Ternana 07..

Comment résumer le panorama politique du football israélien actuel ?
Dans le football israélien seuls trois groupes peuvent être considérés comme réellement ultra: les Ultras Hapoel (Environ cinq cents membres, plutôt jeunes et à gauche); The 12th Player: l’un des groupes du Maccabi Tel Aviv, de même importance, plutôt jeune et radicalement à l’extrême droite. Les Green Apes: le groupe ultra du Maccabi Haifa, autour de deux cents membres, désorganisés et sans idéologie dominante. Le Beitar Jerusalem compte un très grand nombre de supporters, mais il n’existe pas vraiment de groupe ultra structuré.

Comment vous définissez-vous en comparaison ?
Avec les Red Workers, nous représentons la pensée de gauche, la coexistence pacifique avec les Arabes, l’antiracisme et la lutte contre la violence. Évidemment, certains Ultras de l’Hapoel sont violents, mais ils sont une minorité. Les autres supporters israéliens sont souvent racistes, nationalistes et il n’est pas rare d’entendre des slogans tels que "Mort aux Arabes" et autres amabilités du genre, et ce, surtout du côté des supporters du Maccabi Tel-Aviv et du Beitar Jerusalem. Ils sont aussi capables d’actes racistes envers les joueurs africains, même ceux de leur propre équipe.

Y a-t-il des relations entre les supporters du Beitar Jérusalem et le Beitar en tant que mouvement politique ?
II n'y a pas de lien officiel . Je pense que la majorité des supporters du Beitar Jérusalem ne savent pas ce qu'est le mouvement politique Beitar. Ils sont souvent très jeunes et leur culture politique est faible, y compris sur des sujets comme le sionisme ou l'histoire d'Israël. Ils sont extrémistes dans leurs actes, mais sans pensée politique. Ils se contentent de suivre les tendances racistes et de droite des médias dominants.

Quelles sont les liens entre le Beitar Jérusalem et Benyamin Netanyahou ?
C'est un supporter du Beitar. Je ne crois pas qu'il y ait plus d'implications de sa part. La plupart des partisans du club votent pour lui, naturellement, lors d'élections.

redworkers_3.jpgComment sont traités les joueurs arabes par le public israélien? Comment sont vus les joueurs arabes qui jouent dans la sélection nationale ?
Les supporters du Beitar Jérusalem et du Maccabi Tel-Aviv font souvent des remarques racistes envers les joueurs arabes (qu'ils soient musulmans ou chrétiens). Cela vaut aussi pour les internationaux musulmans ou chrétiens qui jouent pour Israël. Ils ont des chants racistes spécialement pour eux. Dans ces deux groupes de supporters, les remarques racistes sont organisées. Chez les autres, elles ne sont qu'occasionnelles. Les supporters du Beitar et du Maccabi sont racistes et nationalistes, en masse et par définition.

Y a-t-il des supporters arabes dans le championnat israélien ?
L'Hapoel est le club favoris des Arabes et des musulmans dans le pays. Une grande partie de nos supporters sont des Arabes de Jaffa ou d’autres régions. Nos relations sont excellentes, il n’existe pas de différence, et nous nous acceptons évidemment très bien. Nous travaillons et sortons dans les mêmes endroits. En revanche, on est sûr qu’il est impossible d’être arabe et supporter du Maccabi Tel-Aviv ou du Beitar Jerusalem.

S'expriment-ils politiquement, en particulier au sujet de la Palestine ?
Ils ne proclament rien au stade à propos de la Palestine, et je pense même qu'ils n'ont pas grand-chose en commun avec les Palestiniens: ce sont des Arabes qui vivent à jaffa ou Haïfa, et non dans les villes palestiniennes. Les supporters de Bnei Sachnin (club arabe en première division israélienne) ne sont pas plus organisés politiquement. Ils ont un petit groupe ultra avec qui nous avons d'excellentes relations. Nous les aidons du mieux que nous pouvons. Ils se sentent concernés par le succès de leur équipe, sans aucune motivation politique.

Quelles sont vos actions avec les supporters de Bnei Sachnin ?
Il y a de cela quelques mois, nous avons été invités par les supporters de Sachnin. Sachnin est un village arabe musulman au nord-est d'israël. Leur équipe est en première division israélienne, et ils doivent endurer en déplacement de nombreux chants racistes de la part des supporters adverses. Certains supporters de Sachnin et de L'Hapoel Tel-Aviv sont rentrés en contact et ont fini par organiser une action antiraciste. Juste avant le match entre les deux clubs, un groupe de cinquante d'entre nous a été invité pour une journée à Sachnin, avec match amical entre supporters et repas ensemble. Les Red Workers ont organisé le déplacement. Nous avons été accueillis par le maire et avons pu déployer lors du match notre banderole antiraciste commune.

Réactions

  • osvaldopiazzolla le 18/09/2008 à 00h15
    hu hu hu

  • salatomatognon le 18/09/2008 à 10h23
    Très intéressant, ça le mérite de rappeler (par le petit bout de lorgnette du foot) qu'Israël est un pays complexe.

    Indépendamment de ça, je me fais la réflexion que cet usage des symboles politiques de gauche (faucille & marteau, étoile rouge...) s'apparente un peu à une forme de dissolution des idées dans l'image, dans le "logo" – à l'image du Che devenu une icône de t-shirt (ou un drapeau d'ultra marseillais). Des signes qu'on affiche, mais qui ont perdu de leur substance, qui ne s'accompagnent pas souvent d'un discours construit... Même si, ici, les RW semblent s'investir dans des actions concrètes.

  • Je brille Cassé le 18/09/2008 à 11h01
    M'en fous, je suis supporter d'eux maintenant: tous Hapoel!

  • Le_footix le 18/09/2008 à 11h02
    Complexe, voilà justement ce que ce discours n'est pas... Ca fait un brin "gentils de gauche contre très méchants de droite".

  • Gael Moldovan le 18/09/2008 à 11h24
    En meme temps, l'article relaie simplement un point de vue, il ne me semble pas pretendre a etre un debat contradictoire, objectif et pondere. c'est juste une interview, donc elle prend la couleur du gars qui parle.
    Dingue ce que le foot peut convoyer, quand meme, en bien comme en moins bien.
    Sinon, comme Je brille Cassé, moi j'aime deja ce club. Je vois deja un furieux derby en UEFA face aux peu frileux finlandais du FC Tunu.

  • abinpourkoa le 18/09/2008 à 11h34
    Très intéressant, pour monter comment certains peuvent conjuguer le militantisme politique avec leur passion pour le foot.
    Mais le plus étonnant dans cet entretien, c'est de constater que ce membre des Red Workers a l'air de considérer comme quasiment normal, ou tout du moins habituel, qu'il y ait des chants et des comportements racistes dans les stades de foot israéliens. Ces actes ne sont donc pas réprimés par la Fédération israélienne de foot ?

  • osvaldopiazzolla le 18/09/2008 à 12h48
    @ abinpourkoa :

    c'est précisément sur ce point que Asaf est dégouté. Non seulement l'attitude des supporters du Beitar est la norme, mais elle est organisée et pas du tout dénoncée dans les media ou par la classe politique. A l'opposé, l'action commune Hapoel-Sachnin a complètement été passée sous silence dans les media.

  • JP13 le 18/09/2008 à 13h47
    Rêvons un peu :

    Une télé française pourrait faire un reportage à l'occasion du match aller ou retour, non ?


    Pardon, rêvons beaucoup.........................

  • Qui me crame ce troll? le 18/09/2008 à 14h03
    Je vois mal les relations entre l'antiracisme et le communisme, mais ce genre d'initiatives mérite d'être salué.

  • abinpourkoa le 18/09/2008 à 14h08
    OK, Osvaldo, je n'avais pas eu le temps de suivre les liens et en particulier de lire l'interview complète d'il y a 3 ans. Dans les extraits retranscrits aujourd'hui, on sent pas autant l'indignation, et rien n'est signalé à propos de l'impact des actions des ultras de chaque bord.

    Il reste que ce genre d'action politique parait inconcevable dans les stades français. Dans les enceintes que j'ai fréquentées jusqu'à maintenant (la Beaujoire, le Parc, le Vélodrome, la route de Lorient), je n'ai jamais vu aucun message politique affiché de la sorte. Je parle bien de message politique clairement identifié, et pas des insultes racistes et des saluts nazis.
    Je serais curieux de voir la réaction de la Ligue, si l'on voyait surgir des drapeaux avec le marteau et la faucille, ou des banderoles "votez UMP" dans une tribune.

La revue des Cahiers du football