Marque jaune et cartons rouges
L'arbitre en fleurs
Finalement, la publicité sur le maillot des arbitres ne passe pas comme une lettre à la poste. Il y a eu des réactions négatives sur le principe même, prévisible de la part de M.-G. Buffet, un peu moins de la part de certains arbitres, habituellement timorés, remettant en cause l'accord FFF-LNF-UNAF (Union nationale des arbitres de France). Car le contrat contient une clause absolument contradictoire avec le prétexte donné pour cette nouveauté, c'est-à-dire le financement du recrutement et de la formation des arbitres amateurs. Déjà, il est assez scandaleux que cet effort de ne soit pas fait par le football professionnel, qui ne manque pas de ressources mais se détourne systématiquement des opérations d'intérêt général). On apprend que 30% des revenus iraient à la Ligue. En elle-même, l'idée que les arbitres (qui revendiquent leur indépendance envers la LNF par leur souhait de ne plus être rémunérés par elle) doivent se faire floquer pour assurer la survie de leur corporation est assez choquante, si en plus ce bariolage est l'occasion pour les clubs de réaliser des profits…
Les petits maîtres de la Ligue ne cherchent même plus à masquer leur rapacité. Plutôt que de cynisme, on a l'impression qu'il s'agit d'un mélange de bêtise et d'avidité. C'est aussi la conséquence de la course au profit enclenchée par Aulas et les autres pour gonfler les chiffres du marketing. Car l'oligarchie de la rue Léo Delibes est attendue sur ce dossier dans lequel elle n'a pour le moment rien montré de très probant (si ce n'est de vendre illégalement de virtuels droits UMTS, voir Droits devant, les autres derrière). Il s'agit donc de racler n'importe quel fond de tiroir, sans aucun souci de décence.
Les mains de Dieu vont se faire taper sur les doigts
Cette fois, Sepp Blatter s'y prend un peu plus tôt pour annoncer une évolution, non pas des règles proprement dites, mais de l'interprétation des fautes. On se souvient qu'à quelques jours de la coupe du monde 98, le fraîchement élu président de la confédération mondiale avait réclamé des expulsions pour tout tacle par derrière, avant que la consigne ne soit modifiée pour ne concerner que les tacles réellement dangereux. Cela avait créé quelques flottements dans le corps arbitral, qui avait été la cible d'une attaque en règle dans les premiers jours de la compétition (avant que le dénouement du vrai-vrai penalty de Brésil-Norvège ne calme les esprits).
Lors de l'édition 2002, il pourrait donc être question de sanctionner de cartons jaunes et rouges les simulateurs. Voilà un vœux pieux s'il en est, tant cette plaie défigure depuis longtemps le jeu, mais l'intéressant de l'affaire est que la vidéo serait employée pour sanctionner rétrospectivement les auteurs de mains décisives ou les "victimes" de fautes virtuelles. Cela nous ramène tout droit à la section 2 de notre dossier arbitrage, dans lequel nous avions compilé nos opinions définitives mais argumentées sur les réformes de l'arbitrage : (2) Les solutions techniques.
On encouragera donc Blatter (oh, tu nous entends, Sepp?) à s'engager résolument pour instaurer de telles dispositions, dont les vertus seront avant tout dissuasives, tout en limitant strictement cette introduction des caméras dans l'arbitrage (le seul autre usage tolérable consisterait à vérifier de la pénétration de la balle dans le but, mais là, des systèmes électronique peuvent être aussi efficaces tout en étant moins proche de la pornographie).