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Mais où es-tu, Vincent, depuis vingt ans ?

Dans un bel éditorial, amer et indigné, Vincent Duluc est sous le choc. Il découvre subitement les résultats d'une évolution du football à laquelle il a pourtant assisté aux premières loges.

Auteur : Jérôme Latta le 2 Sept 2015

 

 

C'est de la belle ouvrage. Un édito édifiant. Vincent Duluc fustige dans L'Équipe l'AS Monaco et son turnover dément, la vente à un prix exorbitant d'un attaquant qui n'a encore rien prouvé, la logique sportive foulée aux pieds. Au lendemain de la clôture d'un mercato absurde, le timing est parfait pour dénoncer les méfaits d'une industrie du football devenue folle.

 

Attendez une seconde, le timing est parfait? À la réflexion, si cette prose huilée et dénonciatrice est bien celle d'un éditorialiste chevronné, elle semble plus appartenir à l'un de ceux qui, dans la presse généraliste, se piquent sporadiquement de se mêler de football, et qui en découvrent les turpitudes. En pensant que l'industrie du football est devenue folle hier ou avant-hier. Or Vincent Duluc officie depuis plus de vingt ans dans le quotidien sportif national dont il est la figure de proue pour la rubrique football (lire "Mes lauriers dans la soupe").

 

 

 

 

Éclipse totale

En poste à L'Équipe depuis l'arrêt Bosman, Vincent Duluc a donc été assis, tout ce temps, au premier rang pour assister aux évolutions du football contemporain. Las, le fauteuil a manifestement été si confortable qu'il s'y est enfoncé au point de ne rien en voir.

 

Pas vue, la dérégulation à marche forcée de l'économie du foot. Passée au dessus de sa tête, l'inflation délirante des droits de diffusion et des salaires de footballeurs. Menée dans son dos, la marchandisation effarante des grandes compétitions sportives. Ratées, les tentatives de réformer les transferts au début des années 2000. Manquées, les démarches pour faire reconnaître la spécificité des activités sportives auprès de l'Union européenne. Zappée, la victoire de "l'élitisme" qui a enrichi les plus riches par tous les moyens et constitué une oligarchie de clubs. Loupée, la mainmise des agents sur le marché des footballeurs. Malencontreusement glissée sous son séant, l'éviction du public populaire des tribunes.

 

Bien entendu, s'il en avait eu connaissance, il ne se serait pas abstenu d'en parler, il aurait lutté pour que tous ces sujets aient la place qu'ils méritaient dans son journal, il aurait mené le combat pour défendre le football tel qu'il dit l'aimer. Hélas, la capacité d'indignation manifestée ce 1er septembre 2015 est affreusement récente. Non, Vincent Duluc n'a pas été une sorte de Sébastien Frey qui, toute sa carrière, aurait été ébloui par les projecteurs: il a toujours choisi de s'en contrecarrer. Longtemps, très longtemps, tout cela ne lui en a tellement pas touché une que cela ne risquait même pas de faire bouger l'autre.

 

Les cendres, pas l'incendie

Aussi emblématique soit-il, Vincent Duluc n'est qu'un exemple de la démission intellectuelle de l'écrasante majorité des médias sportifs (jusqu'à très récemment) envers les questions qu'a posé la métamorphose du sport professionnel en industrie du spectacle. Le fait que ces médias avaient un intérêt économique direct dans cette évolution, et ont contribué à celle-ci, n'est qu'une circonstance atténuante. La capitulation aura été aussi complète que l'indifférence envers des dérives pourtant spectaculaires (dont le montant d'un transfert conclu en août 2015 n'est qu'une énième expression).

 

On ne peut abandonner cette indifférence qu'en administrant un mélange d'hypocrisie et de bonne conscience – en d'autres termes, de tartuferie et de fumisterie. Seulement au moment où il n'est plus possible d'occulter l'évidence du désastre, et où il devient opportun de le déplorer en s'assurant les hochements approbatifs des lecteurs, si longtemps perfusés avec des potions lénifiantes. Ces combattants de la dernière heure ne volent pas au secours de la victoire, mais arrivent, feignant la surprise, lorsque la défaite est consommée.

 

L'éditorial est titré "Un goût de cendres". Son auteur devrait s'étonner de n'avoir jamais vu, sous son nez, ni les départs de feu, ni l'incendie. Avec sa conclusion, il pourrait plaider la naïveté. "Comment assister à tout cela sans voir notre passion pour le jeu compromise?", s'interroge-t-il, dans le style émouvant d'un adolescent blogueur frappé par une soudaine prise de conscience. Pour répondre: "On verra, mais pour l'instant c'est compliqué". On se demande à quel instant, c'est-à-dire en quelle année, il croit se trouver.
 

Réactions

  • Sens de la dérision le 02/09/2015 à 16h34
    Pas certain que le camp victorieux soit celui qui se lamente du foot business. Celui qui se lamente du foot business quand son pays/son club n'en profite pas certainement. Pour reprendre l'exemple de Monaco, quand ils ont signé Falcao, je n'ai pas vu beaucoup de monde se lamenter du foot business. Je suis sûr qu'en Angleterre la majorité n'est pas contre le foot business, idem au Real ou au Barca.

  • Maniche Nails le 02/09/2015 à 16h52
    23/08/2013 : "Monaco, pourquoi tout leur sourit"

  • gurney le 02/09/2015 à 17h06
    Ca vaudrait le coup de demander à Duluc, plus dans le détail, comment il perçoit justement l'évolution du foot moderne.
    Il est bien possible qu'il n'est tout simplement pas de problème avec le fait qu'un Zidane se troque à coup de 80M d'euros et que ce qui le gène ici soit le principe de la vente d'un joueur sans référence pour le même prix qui s'apparente plus à du boursicotage.

    En gros, quand tu mets 80m d'euros sur Zidane, tu sais que tu as un retour sur investissement. On peut considérer que la somme n'a pas de sens en soit, mais sportivement l'arrivée en a, du sens. Et je passe sur les considération de merchandising qui peuvent rentabiliser le bousin (enfin bon, c'est surtout l'effacement de la dette tous les ans qui le rentabilise, coucou Léo).

    Là, sur le papier de Duluc, il tombe des nues donc devant un transfert sans commune mesure avec ce qui s'est passé par le passé. Perso j'ai comme tout le monde une bonne dose de cynisme, une bonne dose de ras le bol, et mes propres obsessions parisiennes. Et ben malgré tout ça, j'ai réussi à tomber à la renverse (de mes toilettes) quand j'ai lu le prix pour lequel Martial partait.
    Et derrière il y a le mercato de Monaco. Là aussi, franchement, c'est complètement nouveau (à ce degrés là).
    On est pas juste sur une petite évolution. Je suis désolé, un club qui explose comme ça durant une saison, avec une explosion que je qualifirai de non terminée et qui vend tous ses joueurs en devenir juste par pur profit, pour au final réinvestir de façon complètement nawaesque sur 4 numéros 10 et 3 ailiers alors qu'ils n'ont plus de défenseurs, ben j'avais encore jamais vu ça (je sors de l'équation les mercatos tous pourris de Marseille et Paris ces 20 dernières années, qui n'essayent pas de faire du fric mais juste de survivre de façon assez cocasse).

    On va me dire "oui mais Porto" ou encore "tu oublies Caroll à 40m etc".
    Mais disons que c'est la première fois que ça nous touche aussi violemment et de si près. En ce sens je comprends le coup de massue de Duluc.
    Ca n'empêche pas de lui en vouloir de ne pas faire son job suffisamment, de lui en vouloir pour ses prises de positions sur l'arbitrage ou sur Domenech (je lis pas assez lequipe pour confirmer ou infirmer, je fais confiance à m. Latta sur le sujet).

    Juste qu'on peut dire que c'est une véritable évolution dans l'évolution.
    En gros Duluc a le nez un peu plus bouché que Latta.
    Ca fait un certain temps que le milieu lachait des caisses et que Latta se disait que ça sentait un peu la merde, avec le transfert de Martial à 80M d'euros c'est un gros pet foireux et là, enfin Duluc le sent. Mais c'est une question de ce qu'on peut soutenir/pas soutenir (ou du niveau de son odorat).

  • gurney le 02/09/2015 à 17h07
    et désolé pour l'orthographe toujours immonde, j'essaye d'être cohérent avec tous mes messages.

  • suppdebastille le 02/09/2015 à 17h22
    Gurney, Duluc a toujours été un grand défenseur de Domenech.

  • sansai le 02/09/2015 à 17h27
    Sinon, on pourrait rappeler ici que Duluc, c'est le mec qui a co-écrit le bouquin "Le Phénomène Pastore", 6 mois après son transfert de Palerme au PSG pour 42 M€. Sans la moindre indignation.

  • gurney le 02/09/2015 à 17h30
    Et alors Sansai ? C'est quoi le problème ? Tu te rappelles de ses 6premiers mois à Paris ?

  • sansai le 02/09/2015 à 17h34
    Oui, oui. Pas de souci. Donc si Martial fait 6 premiers mois brillants à Manchester United, toute indignation sera oubliée alors. OK.

  • gurney le 02/09/2015 à 17h50
    Ca fait un peu procés d'intention Sansai.
    Je pense que Pastore était un peu plus connu en dehors de son championnat que Martial. C'est la série A, pas la L1, c'est 40m, pas 80. C'est un joueur qui d'abord a eu un démarrage en Argentine, avant de faire 2 saisons quasi pleines avec son club de Palerme, contre Martial dont la pente a été un peu plus douce (me semble t'il), et rien ne dit que Duluc n'a pas surtout fait un livre sur un joueur qui l'a enthousiasmé sur le TERRAIN.

    Parce que je m'en souviens très bien du démarrage de Pastore, qui a fait vraiment une première saison excellente avant de rentrer inexplicablement dans le rang.
    Et contre Lyon il marque un but magnifique de mémoire.

    Et puis ça se trouve ben il a quand même écrit que son transfert était nawesque aussi. Ca n'empêche pas;
    Tu peux très bien dire que c'est ignoble ce qui se passe en coulisse mais redevenir un enfant quand tu vois sur le terrain bref ça fait un peu argument à charge qui démontre que t'aimes pas le gusse (ce qui est ton droit).

    Je le défends alors que le gonz m'a bloqué sur twitter bordel ^^

  • Luis Caroll le 02/09/2015 à 17h59
    "argument à charge" alors que tu essaies d'expliquer que faire 6 bons mois était une raison tout à fait suffisante pour sortir un bouquin.

    Hum.

    Il y a combien de joueurs qui ont eu droit à un bouquin après 6 bons mois (et un but magnifique contre Lyon, hein) ?

La revue des Cahiers du football