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L'ultralibéralisme expliqué aux enfants

Le discours de Jean-Michel Aulas, porte-drapeau du gang des libéraux, collectionne les contresens et les contradictions, révélant ses véritables objectifs: asservir le football à des intérêts particuliers. Démontage d'une idéologie bête et nuisible, travestie en science naturelle…
Auteur : Jamel Attal le 19 Fev 2002

 

Nous avons toutes les raisons de croire que le football reproduit en miniature et métaphoriquement les luttes politiques de l'ensemble de la société. Dans notre sport préféré, on a l'impression qu'Alain Madelin a pris le pouvoir et que les thèses ultra-libérales règnent sans partage. Chef de file idéologique d'un "mouvement" qui s'est emparé de la Ligue nationale de football, Jean-Michel Aulas est le plus acharné des dérégulateurs qui veulent à tout prix livrer la discipline aux "lois" du "marché". Le magazine Objectifs Rhône-Alpes (émanation de Lyon-Mag) a réalisé dans son numéro de janvier un passionnant dossier "Faut-il avoir peur du foot-business?", dans lequel le président de l'OL était interviewé. A le lire, la réponse est claire.

Le dogme
"En France, on ne donne pas aux clubs professionnels les moyens d'exister au niveau européen en s'imposant face aux grands clubs italiens, allemands, anglais ou espagnols. Parce qu'en France, la fiscalité sur les salaires est plus lourde, les droits de télévision ne sont pas négociés directement par les clubs et enfin les clubs n'ont pas le droit d'entrer en bourse".

Dans cette proclamation, qui ouvre l'article, JMA annonce le programme en même temps qu'il livre ses uniques principes explicatifs . En bon économiste, il fait comme si les conditions (celles des grands clubs européens et des grands clubs français) étaient les mêmes pour tous, comme si elles se réduisaient à des données économiques, abstraction faite des conditions sportives, historiques ou culturelles. Sous-entendu: si les règles étaient les mêmes pour tout le monde, le foot français se hisserait automatiquement au niveau des autres. C'est le plus gros, mais pas le moins répété des mensonges du clan.

Répéter 1000 fois "Le club est une entreprise"
En Europe, les grands clubs professionnels sont aujourd'hui considérés comme de véritables entreprises qui peuvent être gérées comme des entreprises normales". (…) L'OL est la première entreprise de spectacle de la région Rhône-Alpes (…) Le foot est aujourd'hui une activité économique comme une autre" (…) En France, on refuse "d'appliquer la loi du marché (…) c'est-à-dire la loi de l'offre et de la demande qui permettrait aux clubs de s'imposer au niveau européen." .

Passons sur ce charabia (pour s'habiller d'un costume d'expert, rien ne vaut un mélange d'expressions toutes faites et de poncifs éculés). Le raisonnement revient systématiquement, et assimile entièrement le club à une entreprise et le sport à une pure industrie. L'antithèse absolue de la "spécificité des activités sportives et de leur rôle social et culturel" (c'est la formulation de "l'exception sportive" par l'Union européenne). Tout autre interprétation sera considérée comme "archaïque" (voir plus bas).
Selon cette philosophie, les résultats sportifs sont la résultante mécanique du bilan financier, et l'on se souvient des propos d'Aulas assurant il y a quelques années que l'OL serait inéluctablement champion de France, aboutissement logique d'une stratégie irrésistible. Mais comme tout n'est pas aussi simple, les groupes de pression des gros clubs (Club Europe, G14) désirent des compétitions lucratives qui leur garantiraient une participation chaque saison et des modes de distribution des revenus qui font aller l'argent à l'argent. Abolir le hasard et la glorieuse incertitude du sport, voilà l'ambition, même si elle consiste à abolir le sport.

Répéter 1000 fois "Le club est une marque"
"Aujourd'hui, on est la plus belle marque du foot français (…) Les clubs sont d'ores et déjà des marques sportives (…) D'ailleurs, les joueurs passent, la marque reste (…) L'OL ne sera bientôt plus seulement une marque exclusivement rattachée au football (…) …ce qui permet d'exploiter l'image des clubs qui sont devenus de véritables marques"..

Magasin de l'Olympique lyonnais (photo Pierre Martini)
La vanité du président ne se dément pas, lorsqu'il voit en l'OL "la plus belle marque du sport français". Au moins, on rigole un peu et l'on se demande quelle est l'institution chargée d'établir le classement des plus belles marques sportives. Tout aussi évidente est l'identification complète du club à une marque. Ce n'est plus un symbole, une histoire sportive, une ville, des supporters, des joueurs (ajoutons, des entraîneurs), c'est un logo. En filigrane, on comprend que le club ne peut finalement être identifié qu'à son manager, demi-dieu bienveillant.
Et là encore, que d'illusions sur les vertus magiques du merchandising et du marketing, avec un côté infantile qui émerge lorsqu'il évoque "les 24 clubs européens qui vont s'affronter sur les circuits automobiles, dans un championnat où chaque club aura sa voiture". Cherchez l'intérêt du sport dans ce cirque.

L'ivresse de l'altitude
"La saison dernière, notre budget était de 560 millions de francs (…) C'est effectivement le plus gros budget français. Mais en Europe, on est dans la moyenne, au niveau de clubs comme Chelsea, Parme ou Valence… Mais on est très loin des grands clubs comme comme Manchester United ou le Bayern de Munich qui ont des budgets deux ou trois fois plus élevés que l'OL mais qui vont chaque année au moins en quart de finale de la Ligue des champions"..

Les points de comparaison choisis sont particulièrement révélateurs… Pour suivre JMA, il faut déjà admettre que l'OL s'est hissé au rang des clubs "moyens" cités, comme Parme, Valence ou Chelsea. Financièrement, cela se tient, mais sur le plan du palmarès et de la notoriété (chère aux élitistes de la Ligue), le fossé est grand. Pourtant, avec ses moyens sportifs, Lyon pourrait raisonnablement viser l'objectif d'un abonnement aux quarts de finale de la Ligue des champions. Mais il faudrait peut-être que ses dirigeants soient moins défaitistes et parviennent à s'imaginer que leur équipe peut l'emporter avec ses moyens propres, au lieu d'attendre le Grand Soir fiscal.
La comparaison directe avec le Bayern ou Manchester United est le symptome, soit d'une mauvaise foi sans limite, soit d'une mégalomanie inquiétante. Il fait le même genre de comparaison abusive entre les droits télé de la Premier League et ceux de la D1, attribuant la différence au fait que les négociations avec les télévisions ne sont pas menées par les présidents de club. Là, soit il prend les gens pour des cons, soit il l'est lui-même. Voire les deux à la fois.

La bourse ou la mort
"Aujourd'hui, des clubs comme l'OL n'ont plus la capacité de s'endetter sans mettre en danger leur avenir. La seule solution pour trouver l'argent, c'est la bourse (…). Si l'OL allait en bourse, ça permettrait au club de lever 300 millions de francs, ce qui nous permettrait de nous endetter d'autant. Et au final, on pourrait avoir un budget de 1,2 milliard de francs, deux fois plus qu'aujourd'hui"..

La foi en la bourse soulève les montagnes, qu'importe si elles doivent ensuite retomber en poussière. L'assurance de JMA est celle du commercial qui balance des objectifs comme des réalités sonnantes et trébuchantes. 300 millions, 1,2 milliard… Et demain on rase gratis. Jetant sa gourme de bon gestionnaire, Aulas prône l'aventure, faisant mine d'ignorer qu'une capitalisation boursière est par nature volatile.
L'introduction en bourse est le grand miroir aux alouettes du gang des ultras, qui confirme leur utopisme à eux. Cette solution n'a convaincu presque nulle part — la seule expérience réellement positive est celle de Manchester, évidemment seul exemple cité), alors que les audits alarmistes se multiplient pour des pays qui font figure de modèle comme l'Angleterre ou l'Italie. Cette solution est également particulièrement intransposable au contexte français (et pas seulement, comme ils feignent de le croire, parce que la loi française l'interdit). Mais peu importe, puisqu'il s'agit surtout de brasser de l'argent et de bénéficier d'une bulle spéculative qui permettra à quelques-uns de prendre des bénéfices…
Enfin, le plus gros mensonge sur la capitalisation par action, en réponse à l'inquiétude du journaliste sur les risques de corruption, porte sur la transparence et la rigueur supérieure que garantirait l'entrée en bourse. En pleine affaire Enron, qui révèle ce qui peut se passer dans une des multinationales les plus respectées et admirées par le monde de la finance, l'escroquerie intellectuelle est vraiment énorme. Car s'il s'agit de réduire le sport à une "entreprise de spectacle", on ne voit pas ce qui comment les administrateurs de ce spectacle pourraient supporter longtemps le caractère excessivement aléatoire de cette discipline.

Les "modernes" et les "archaïques"
"En France où l'organisation du football est encore archaïque car on refuse d'appliquer au football la loi du marché (…) C'est une évolution inéluctable (…) Certains résistent encore, des idéologues, les mêmes qui résistaient encore dans les années 80 à la liberté d'entreprise, à l'Europe… Mais c'est aujourd'hui un combat dépassé (…) Croyez-moi, ceux qui résistent à cette évolution inéluctable dans le football français mènent un combat voué à l'échec"..

Quand on veut noyer son chien, on dit qu'il a la rage. Dans le monde contemporain, les fanatiques du marché placent tous leurs opposants dans la catégorie des "archaïques" qui s'opposent vainement au sens de l'histoire (c'est du marxisme involontaire?). Bien sûr, les idéologues, c'est les autres, ceux qui "résistent". Aulas qui fait de la science politique, c'est un peu comme Patrick Sébastien tombé dans la philosophie.
Dans cet exercice de propagande, il s'agit d'imposer la libéralisation comme un phénomène naturel, aussi inéluctable et irréfutable que la gravité universelle. Tous les théoriciens du libéralisme ont procédé ainsi pour imposer une vision du monde qui n'a rencontré aucune résistance dans un univers médiatique mou. On voit bien à quel point elle a besoin de fatalisme pour faire accepter ses aberrations et son coût exorbitant pour la collectivité (1).

Le vrai programme
(à la question "que ferez vous des capitaux levés?") "L'OL pourrait acheter des joueurs, étoffer son équipe, moderniser son centre de formation… Mais on pourrait aussi développer des activités périphériques au foot en construisant un grand centre commercial dédié au sport à proximité du stade de Gerland avec des boutiques, des restaurants, un cinéma, des salles de séminaire". .
(à la question "Le stade de Gerland de vos rêves?"). "Un stade modernisé, avec des écrans géants, plus de loges VIP pour les entreprises… On veut en faire un stade qui puisse accueillir toutes sortes de spectacles, que ce stade devienne un grand rendez-vous de loisirs, de business et de consommation".

On note que sur la partie sportive du programme, l'essentiel est déjà fait: l'OL a depuis quelques années un effectif remarquable, et depuis plus longtemps encore un excellent centre de formation. Les vrais objectifs sont tout autres, il s'agit de greffer sur le foot un barnum commercial sans rapport avec lui, d'en faire un prétexte à faire des affaires, n'importe quelles affaires. L'exemple des loges VIP et des écrans géants montre bien que l'intérêt des supporters n'a rien à voir avec cette "modernisation" annoncée. Ceux-ci avaleront les pubs braillées par les sonos et diffusés sur des écrans géants qui ne servent pas à autre chose, tandis que nos affairistes entretiendront leurs relations dans les milieux économiques et politiques en buvant une coupe de Champagne.
Au passage, l'OL n'ayant pas les moyens de racheter Gerland, il s'agit de n'en privatiser que les bénéfices, sa construction et ses rénovations ayant été payées par la collectivité. Socialiser les pertes et privatiser les profits, on est bien là en plein dogme libéral.

Le foot de classes
"En France, les grands clubs sont pénalisés par rapport aux petits (…) C'est normal que les grands clubs encaissent au lieu de sponsoriser les petits (…) Les petits clubs continueront à jouer un rôle essentiel sur le terrain, dans les quartiers pour fédérer les énergies et les bonnes volontés (…) Les petits clubs, comme les petites entreprises, peuvent toujours se développer et s'imposer. Cette loi du marché donne sa chance à tout le monde"..

Là, le summum de la fumisterie est atteint, avec des phrases dont les traductions simultanées pourraient être : "les pauvres sont avantagés par rapport aux riches, ils touchent des aides sociales"… "C'est normal que les gros engraissent au lieu de sponsoriser les maigres"… "La loi du plus fort laisse à tout le monde sa chance". Les ligués de la Ligue — en voulant remplacer la répartition au mérite sportif (qui ne compense pas les inégalités, mais qui a au moins le mérite de ne pas les aggraver) par une distribution indexée au poids financier des clubs — touchent au principe fondamental de la solidarité entre les équipes. Si ces aspirations paraissent presque normales à beaucoup, c'est parce qu'une logique médiatique et économique (celle de l'audimat) s'est substituée dans les têtes à toute logique sportive. L'alternative est simple, mais décisive: qui doit toucher le plus d'argent, celui qui finit premier au classement, ou celui qui a eu le plus de téléspectateurs? D'autre part, comment les clubs riches peuvent-ils ignorer ce qu'ils doivent aux autres, à commencer par les joueurs qu'ils leur pillent?
Le clan Campora-Aulas-Martel va vraisemblablement parvenir à cette fin, ce qui permettra à un cador qui se sera raté deux ou trois années de suite à cause d'une politique sportive stupide d'encaisser plus de revenus que le "petit" qui lui aura mis 15 points au classement. Cette politique constitue une négation du rôle des clubs de moindre surface financière, par lesquels passe une grande partie de la formation à la française, et dont la contribution sportive est indispensable à tous les niveaux.

Le but n'est pas de "sauver le foot français", mais de faire aller l'argent à l'argent, de renforcer les déséquilibres et de creuser les inégalités, au nom de la "justice" du marché.
Le discours d'Aulas relève bien d'un élitisme viscéral, assorti d'un mépris total pour les "petits". Son rêve est celui d'un football à deux vitesses, bien verrouillé, avec une rentabilité garantie. Quant à la liste des "petits" clubs, comptez sur lui pour la dresser lui-même selon ses propres critères et pour leur écrire du même stylo un destin de troisième zone ("à nous l'Europe, à vous les quartiers"). Pourtant, un "petit club", cela pourrait être un club qui n'a pas gagné plus de deux coupes en cinquante ans…

Le comique de l'histoire, après la lecture d'un tel fatras, c'est que Jean-Michel Aulas a réprimandé Gérard Bourgoin, qui a l'intention de se présenter aux législatives sous l'étiquette CNI, un parti réactionnaire peu réputé pour la fraîcheur de ses idées. Le président lyonnais refuse que la gestion de la Ligue soit entachée d'un marquage "politique". Le mot est entre guillemets comme entre des pincettes, car pour Aulas, la politique, c'est un peu sale, comme l'idéologie. A l'image de Monsieur Jourdain, il semble ignorer que sa prose n'est que basse idéologie. Cela explique les énormités qu'il profère. Mais cela n'explique pas pourquoi elles passent comme une lettre à la poste.

(1) Sur la prise de pouvoir intellectuelle qui a précédé l'avènement des doctrines économique appliquées par Thatcher et Reagan, lire Keith Dixon, Les évangélistes du marché, Ed. Raisons D'Agir.

Réactions

  • El mallorquin le 20/02/2002 à 15h55
    Homer, je suis un peu une truffe en éco, mais il y a quand même l'un de tes points qui m'intriguent :

    tu dis "Bulle speculative pour les clubs de foot???? Mais c’est tout le contraire!!! Les resultats des clubs sont constamment observables, et les ajustements des cours peuvent se faire pratiquement en temps reel au fur et a mesure que les matchs se deroulent. Une bulle speculative se forme quand les investisseurs anticipent les resultats sur le long terme. Tu crois sincerement que le cours d’un club pourrait rester artificiellement gonfle si ledit club se traine en queue de classement?"
    En fait, étant donné que les clubs cherchent à gommer la "glorieuse incertitude du sport", en conditionnant leurs rentrées financières moins aux résultats sportifs qu'à leur notoriété (taille du club, de la ville, nb de supporters, potentiel de merchanndising...), les ajustements dont tu parles sont à mon avis moins dépendants des résultats du club sur le terrain...

    Pour le reste, je laisse le Bhoy nous gratifier d'une de ces fines analyses...

  • Jamel Attal le 20/02/2002 à 16h40
    Cher Homer
    Il semble que je récolte ce que j'ai semé. Désolé de mes imprécisions lexicales, mais je maintiens le fond des points que tu contestes (à l'exception de ta dernière question, que je me pose aussi).

    La solution de la bourse est "intransposable" au contexte français pour plusieurs raisons que j'ai en partie exposées. Il y a d'abord le constat que l'entrée en bourse ne mène qu'une minorité de clubs vers une situation réellement bénéficiaire (ou du moins saine), et ce dans des pays où les sommes brassées, la surface financière des clubs et l'environnement économique relève d'une échelle largement supérieure à la nôtre. D'autre part, les clubs n'ont pas de fonds propres suffisants, ils ne sont pas propriétaires de leurs stades et pas toujours de leurs propres infrastructures (notamment parce qu'elles ont été financées par la collectivité, qui ne peut s'en départir sans se porter un grave préjudice qui favoriserait illégitimement des intérêts privés).
    Les ressources de notre foot national sont notoirement insuffisantes pour s'inscrire dans un tel système, auquel notre "culture" fiscale et politique est hostile. JMA le sait, et c'est pourquoi il veut avant tout récupérer la propriété des droits télé (notamment pour les inscrire dans ses actifs), obtenir une fiscalité avantageuse et développer obsessionnellement le marketing, puis ouvrir un deuxième front "politique" (dans l'interview d'Objectifs, il fait état de contacts confidentiels avec des proches de Chirac et Jospin, qui le rendent très confiant).
    Il sait aussi que cela ne se fera que si la distribution des richesses au sein du foot pro réoriente les flux financiers presque exclusivement vers une minorité d'élus, au détriment des autres, relégués à jouer les utilités, comme le montrent les paroles du président lyonnais. C'est exactement cela que nous trouvons inacceptable. Tu comprends bien qu'un système qui enrichit les riches est totalement contraire à certains de nos principes….

    Je te concède en partie ton second et ton quatrième point: j'ai emprunté un raccourci (l'article était déjà long, je te remercie d'ailleurs de l'avoir lu en entier). Sur la "volatilité" des capitaux, disons d'abord cette banalité que le cours d'une action peut dégringoler rapidement et profondément, compromettant la survie du club. Ensuite, une économie du football libéralisée implique que les actionnaires peuvent quitter les navires quand bon leur semble (quand le fruit est pressé par exemple, ou quand il tourne au saumâtre). On peut alors parler d'insécurité, à défaut de "volatilité".

    Si les droits télé s'effondrent, c'est tout le château de cartes qui suivra. Ce que je désignais abusivement comme une bulle financière est plutôt une "bulle économique", conséquence d'une inflation des ressources (et des salaires) irréaliste, qui compromet les équilibres économiques, fait jouer une pression insupportable sur les secteurs sportifs (car ils existent toujours) et qui peut se retourner très vite, faisant très mal et laissant du monde sur le carreau (l'avenir comptera les banqueroutes, je suis confiant).
    "Une bulle spéculative se forme quand les investisseurs anticipent les résultats sur le long terme", écris-tu. Je remplacerais "anticipent" par "surestiment", et j'ajouterai "dans le but pour certains d'entre eux de réaliser de très profitables opérations spéculatives en entretenant artificiellement la hausse des valeurs boursières et en quittant le jeu avant l'effondrement". Dans les krachs comme celui du Nasdaq, il y a toujours une minorité de malins et une majorité de blaireaux.

    Je te signale que n'ai pas comparé la transparence des entreprises privées et celle des entreprises publiques. Simplement, je démens formellement que le secteur privé garantisse la transparence, comme ils le rabâchent. Cela me semble réellement en soi relever d'une escroquerie intellectuelle de première classe. Surtout, il faut bien reparler des spécificités du sport, dont beaucoup sont de toute évidence inconciliables avec la rationalité économique des nouveaux investisseurs. Le discours de JMA écarte presque totalement la question de l'irrationalité des "entreprises" et des compétitions sportives, il la nie, la réduit à rien. Et j'ai toutes les raisons d'avoir peur qu'il transcrive ses mots dans la réalité.

    Ton interprétation de l'affaire Enron consiste à en faire un "signal d'alarme" ou "plus une aberration que la règle". Je conteste totalement cette façon de minimiser les choses. Enron représentait la normalité, l'idéal-même du libéralisme ordinaire. L'ascension de cette boîte est due à la libéralisation des marchés de l'énergie, qui a abouti à une crise de l'électricité ayant privé de courant l'Etat le plus riche du monde (la Califormie). Pour toutes les plus prestigieux (et puissants) cabinets d'audit, pour les "experts" financiers, pour les médias spécialisés, pour les gouvernements (les administrations Blair et Bush sont toutes deux compromises dans le scandale), pour les banques, pour les zélateurs de la retraite par capitalisation, pour les fonds de pension, Enron était le modèle même, une référence absolue, le symbole de ce système économique irrésistible. Si tu lis la presse britannique, tu mesureras la stupeur provoquée par la découverte de la vérité.
    Il est totalement erroné d'attribuer cette catastrophe économique et symbolique aux malversations d'une poignée de criminels. Le crime (qui a ruiné des salariés et supprimé leurs retraites) a été accompli par des personnalités reconnues avec la complicité des plus grandes institutions du marché, il est le pur produit du système.

    Amicalement,

    Jamel.

  • Salentino le 20/02/2002 à 16h49
    Soupalognon ou soupe au lait?

    Enron est une entreprise privée évidemment, je suppose que tu as fait un lapsus. Enfin j'espère, sinon cela expliquerait certaines de tes incompréhensions.

    "Reconnaître que le foot français est handicapé par son système fiscal", à mon avis Jamel il va avoir du mal, vu qu'il n'arrête pas de dire le contraire. On dit la même chose des entreprises françaises, on dit tout le temps que le "système français" handicape tout le monde. Pourtant ça ne va pas si mal, les entreprises font des profits aussi, il y en a même qui viennent s'installer ici, malgré les 35 heures, les impôts et Marie-George Buffet .
    Et puis on a d'autres atouts, d'autres armes, comme des services publics pas encore totatelement démantelés, comme un système de santé qui tangue mais qui est un des meilleurs du monde etc... Dans le foot c'est pareil, on ferait mieux de se décomplexer et d'y aller en comptant sur nos qualités, au lieu de pleurer parce qu'on est moins riches, alors qu'on a toujours été moins riches!

    Pour finir, je suis content de savoir que tu n'investiras pas tes 300 millions de $ dans le foot :))

  • Mon ego et moi le 20/02/2002 à 18h05
    Camarade Jamel, merci. C'est à peu près tout ce que j'ai à dire à ton article, puisqu'il dit tout. Un seul reproche : il fustige Aulas qui a la connerie de sortir ses balivernes à haute voix en épargnant presque ses homologues stupides, Proisy, Campora, Martel, voire Perpère et Triaud qui semblent limiter les performances sportives de leurs équipes par des choix de recrutement certes opposés mais parfaitement improductifs...

  • gounet le 20/02/2002 à 18h56
    C'est exactement cela que nous trouvons inacceptable.
    Qui ?

    Tu comprends bien qu'un système qui enrichit les riches est totalement contraire à certains de nos principes….
    Lesquels ?

    Cher Jamel Attal, comme on dit tu crache dans la soupe.

    Emmanuel

  • homer le 20/02/2002 à 22h09
    Salut Jamel,

    C'etait plutot une bonne surprise de voir ta reponse. Malheureusement, elle laisse de nombreuses zones d'ombre, et il y'a beaucoup de sujets sur lesquels je voudrais repondre.

    - Sur le point "la solution de la bourse est intransposable au contexte francais", j'ai l'impression que tu fais une soupe d'arguments et que tu melanges les causes et les effets. Tu avances 3 elements:

    (1) l'entree en bourse ne mene qu'une minorite de clubs vers une situation beneficiaire: en voila une porte ouverte qui a ete bien enfoncee! Personne n'a jamais dit que l'entree en bourse etait une solution cles-en-main pour le succes. Ce n'est pas non plus une finalite en soi. C'est un outil, le moyen d'obtenir les fonds estimes necessaires a la mise en oeuvre d'une strategie. Si la strategie n'est pas bonne, l'argent leve sera gaspille. L'OM par exemple n'a pas eu besoin d'aller a la bourse de Paris pour gaspiller des centaines de millions de francs, preuve que sans les hommes, l'argent n'est rien (c'est d'ailleurs la un autre debat, celui de la competence des dirigeants de club)
    -- Attention Attention, ceci n'est pas une attaque contre l'OM ou ses supporters -- :-)

    (2) les clubs n'ont pas de fonds propres suffisants: certes! C'est bien la raison pour laquelle les dirigeants sont prets a en vendre une portion. La bourse peut etre une solution aux problemes de fonds de roulement, dans la mesure ou elle procure une liquidite immediate. Par exemple, l'entree en bourse de la Juve lui a permis d'empocher pres de 90 millions d'Euros, disponibles des le matin de l'ouverture de la cotation.

    (3) les resources du foot national sont insuffisantes pour s'inscrire dans un tel systeme: une entree en bourse pour un club n'implique en aucune facon les instances ou infrastructures du foot national (je ne suis d'ailleurs pas bien sur de comprendre de qui tu veux parler... la ligue?) Dans un scenario d'entree en bourse, 2 entites seulement sont concernees: le club vendeur, et ceux qui veulent en acheter des parts. Il n'y a a priori aucun aucun obstacle structurel qui empeche un club d'avoir acces aux marches financiers. Je ne suis pas au fait des differents regulations ou statuts qui regissent les clubs, mais si obstacle il y'a, il n'est pas du a un probleme de resources. Les clubs n'ont besoin de rien ni de personne pour entrer en bourse, sauf de credibilite sportive et fiduciaire.


    - Tu parles aussi de JMA et du fait que, conscient que les resources du foot national sont limitees, il essaie de recuperer la propriete des droits tele. Je ne suis pas bien sur de voir ou du veux aller avec ca... Tu veux dire que recuperer les droits tele vont aider Aulas a amener l'OL en bourse??? A mon sens (mais peut etre que je te comprends mal), ce sont des elements completement independants, tout au moins tant que le club n'est pas encore public (pour Salentino, public au sens americain, c'est a dire cote sur un marche financier, et non pas controle par l'etat comme au sens francais). Les droits tele n'ont rien a voir avec la capacite d'un club a entrer en bourse, ils sont juste vus par Aulas comme une source differente de revenus, au meme titre que la vente de maillots ou la billeterie. Leur obtention est vue par JMA comme un moyen de mieux controler et faire fructifier l'image de l'OL, et mon cher Jamel, je pense que c'est un des rares points ou nous nous rejoignons. Si j'avais un message a faire passer a la ligue, ce serait: laissez l'image libre, et envoyez Kirch et ses admirateurs se faire foutre! J'ai pas envie, dans 5 ans, de payer 20 euros pour voir les matchs en pay per view. Tout ce que je souhaite, c'est que les recentes decouvertes comptables qui tendent a montrer que le groupe Kirch serait plus endette qu'initialement prevu vont lui peter a la gueule.


    - Je passerai rapidement sur ton commentaire sur les vilains riches et les gentils pauvres. Libre a chacun d'avoir une opinion propre sur le sujet. J'ai personellement tendance a penser que le sport professionel est avant tout une competition et que le vainqueur doit rafler la mise. Ca ne veut pas dire qu'il faut laisser crever tous les autres la bouche ouverte, mais je trouve ca normal de voir les meilleurs recolter les fruits de leurs bons resultats.


    - Je ne suis toujours pas d'accord sur ton utilisation du mot "bulle", quel que soit le qualificatif que tu lui accoles. Bulle implique surevaluation. S'il est possible a un moment donne que les anticipations de resultat pour un club soient elevees, il ne faut pas perdre de vue 2 elements: (1) tout d'abord, le potentiel de hausse du cours est limite. Tout le monde sait, a une vache pres, quelles rentrees d'argent maximum le club peut enregistrer dans une saison (droits tele + merchandising + billeterie + contributions UEFA et ligue en cas de victoire dans toutes les competitions). Ces recettes maximum auxquelles on soustrait les couts de fonctionnement representent le plafond du cours, ce qui signifie qu'une action de club de foot ne pourra jamais etre soumise a "l'exuberance irrationelle" tellement en vogue il y'a quelques annees dans la nouvelle economie. Le terme "bulle" est donc inadapte. (2) De plus, si surevaluation il y'avait, elle serait soumise a de frequentes corrections apres chaque match. Si le club est elimine d'une coupe, ou est a la traine en championnat, les attentes seront ajustees en consequence et les cours ne pourront pas rester artificiellement gonfles. La combinaison de ces 2 elements fait que les speculateurs auront du mal a intervenir, car le niveau du cours sera constamment susceptible d'etre en phase avec la situation du moment et les attentes de performance a court terme.

    Il est d'ailleurs interessant de remarquer comme tout depend du domaine sportif. Si l'equipe tourne bien, les maillots se vendent, les teles veulent diffuser les matchs, les fans viennent au stade, et le cours de l'action monte en meme temps que les rentrees d'argent. Si les joueurs ont les pieds carres, ou si les dirigeants font n'importe quoi, l'inverse s'applique. Dans ce contexte, ta reference a un chateau de cartes est plutot judicieuse.


    - Enfin, et j'en finirai la parce que je n'ai pas envie de gaver tout le monde avec mes elucubrations, je pense que tu laisses tes ideaux politiques deformer ta vision des choses sur ce que tu appelles "la normalite et l'ideal du liberalisme ordinaire". Je confirme: Enron etait, fort heureusement, une exception. La preuve qu'ils ne representaient pas la normalite a laquelle tu fais allusion, c'est qu'ils etaient plus performants que tout le monde. Seul probleme, ils ont triche pour y parvenir. J'affirme: pour les quelques escrocs qui abusent le systeme et finissent par se faire attraper, il y a une majorite de gens honnetes, meme si c'est malgre eux et ne serait ce que parce qu'ils ont peur de se faire pincer. Tu ne peux pas appliquer la situation d'Enron, qui a beneficie de connections politiques et d'un environnement completement irregule parce que neuf, a la majorite. Oui, Arthur Andersen a triche, et il est fort probable qu'ils ne vont pas y survivre. Oui encore, il est indispensable de reguler plus strictement les relations entre auditeurs, consultants et entreprises. Oui toujours, il faut legiferer sur les conflits d'interet au sein des entreprises. Mais malgre tout ca, le systeme marche. Tout n'est pas parfait, mais ca marche.

    Desole d'avoir ete si long.

    Au plaisir de te lire,

    Homer

  • soupalognon le 21/02/2002 à 00h24
    A Salentino, oui pardon, c'est une traduction un peu trop directe de l'anglais. je voulais dire entreprise cotee en bourse, qu'on appelle "public company" aux US. ca fait un peu trop longtemps que j'habite chez les yankees....
    Que la France soit handicapee en periode de croissance par son systeme fiscal, ce n'est meme pas un sujet a debattre, c'est un fait connu, reconnu et prouve par tous les economistes modernes, tous les prix nobels d'economie encore en activite... plutot que de me lancer dans une argumentation penible je te recommende "the Economist", un magazine relativement serieux...
    Maintenant, si l'on parvient a compenser ce handicap en foot comme en economie par du talent, de la creativite, par l'exception francaise, tant mieux et cocorico, malheureusement ce n'est plus vraiment le cas:
    - en economie, la France vient de tomber au douzieme rang europeen en terme de PIB par habitant (troisieme il y a a peine qqs annees)
    - en foot, la france reste bonne derniere en terme de trophees europeens de clubs ... alors qu'on a une generation de joueurs exceptionnelle.

    Le moins que l'on puisse observer, c'est qu'il y a un probleme, un club de foot est quand meme mesure a l'aune de ses resultats sportifs...
    Chacun peut differer sur la meilleure solution a apporter et choisir afin de resoudre ce probleme, mais il serait bon de montrer un peu de pragmatisme et un peu moins d'ideologie sur l'approche de ces questions.
    Je prend un exemple tres simple. Le fait que les clubs riches pille les clubs plus modestes de leur joueurs, pour les revendre qqs annees plus tard voire qqs mois plus tard au centuple du prix de depart , on est tous d'accord pour dire qu'il y a un probleme. Au lieu de voir la une manifestation du vilain capitalisme et en profiter pour tout collectiviser et transformer ca en Kolkhoze, il est bien plus constructif de trouver des shemas qui permettent aux clubs formateurs de toucher une partie de la plus value ulterieure.

    Je termine sur une remarque sur la derniere reaction de Jamel dont je commence a me demander si c'est pas le frangin de Arlette Laguiller...
    Le scandale d'Enron est tres clairement un evenement considerable, extremement surprenant pour l'ensemble de la communaute financiere qui a longtemps estime qu'il etait impossible pour une entreprise cotee de truquer ses comptes a ce point la. Est ce pour autant le signal du declin americain? n'en deplaise a nos Cassandre francais, la reponse est non, malheureusement non. Le systeme liberal a l'americaine porte en soi les germes de ses exces mais egalement de ses remedes. Meme si demain 20 affaires Enrons apparaissaient aux US, de grace, ne criez pas de suite a la faillite du systeme... parce que ce regime qui est d'une rare souplesse saura s'adapter et trouver les solutions comme il l'a toujours fait par le passe. Merci de ne pas confondre une poussee d'acnee avec une phase terminale de cancer ...

  • taivince le 21/02/2002 à 01h58
    allez, faites péter la kro et allumez la télé, je comprends rien moi...

  • baygonsec le 21/02/2002 à 03h20
    je pense qu'homer a bien résumé une situation que Jamel a tendance à noircir, guidé par le mépris qu'il porte à Jean-Michel Aulas, ce qui est dommage car le débat est intéressant et les idées apportées souvent pertinentes. Mais les raccourcis empruntés par l'auteur laissent une impression mitigée...
    Sinon, je voudrais juste rajouter que pour moi, JMA se trompe dans le combat qu'il mène pour l'introduction en bourse, car j'ai un peu de mal à saisir les avantages d'une cotation pour un club de foot. Quels sont en effet les avantages d’une introduction en bourse pour une entreprise ? On peut en dénombrer trois principaux :

    - La notoriété.

    - L’obtention de "papier" qui pourra servir de monnaie d’échange - financement de la croissance externe.

    - La possibilité de lever des fonds (appel au marché via des obligations, des emprunts convertibles, des emprunts avec warrants, etc...) - financement de la croissance interne.


    Les présidents de clubs tels Aulas ou Martel voient dans le troisième point une réelle opportunité de trouver de nouveaux moyens de financement et d'augmenter ainsi leurs budgets pour enfin rivaliser avec les meilleurs clubs européens. Buffet, elle, se focalise plus sur les deux premiers points. Concernant la notoriété, il est pour moi indéniable que la bourse n'apportera rien aux clubs de football qui bénéficient déjà d'une couverture médiatique exceptionnelle La situation est plus complexe pour le deuxième point car l'environnement particulier du football joue dans ce cas un rôle très important. En effet, les clubs évoluent toujours sous le contrôle des fédérations et des réglementations nationales, voire européennes. Les clubs professionnels ne peuvent pas se comporter comme des entreprises "normales", dans le sens où ils ne peuvent pas se racheter impunément entre eux. Que ce soit en France ou en Angleterre, il n'est pas permis de posséder un autre club (en tous cas de la même division). De même, les participations croisées, dont sont friandes nombre d'institutions financières, ne devraient pas voir le jour avant un petit moment dans le paysage footballistique, français notamment. Mais force est de constater que l'introduction en bourse est un premier pas vers de tels procédés, et c'est de cela que veut s'affranchir Marie-George Buffet. L'équité sportive est en jeu, car une fois plusieurs clubs côtés en bourse, on connaît la difficulté à identifier parfois de manière précise les réels actionnaires et décideurs. Or, dans le monde sportif plus qu'ailleurs, il est primordial de savoir qui contrôle l'entreprise/le club. Dans le même ordre d'idées, notons qu'en Angleterre, la participation des groupes de communication dans les clubs professionnels anglais est désormais limitée à 10% du capital. Ceci afin de respecter cette éthique, et d'éviter les risques de collusion.

    La vision des présidents de clubs français est bien différente. Pour eux, l'introduction en bourse est une suite normale à l'évolution du football. Elle leur permettrait de dégager des fonds supplémentaires grâce à des appels au marché. Surtout, ils comprennent assez mal pourquoi eux n'auraient pas le droit d'utiliser les mêmes moyens que leurs concurrents. Leur point de vue est tout aussi compréhensible : en retard dans le merchandising et les droits télé, pénalisés par une fiscalité plus lourde, ils acceptent mal d’être une nouvelle fois lésés par rapport à leurs voisins. Pour eux, la bourse est un moyen de faire entrer de nombreux investisseurs différents, d’ouvrir plus largement leur champ d’investigation, de lever des fonds supplémentaires, de proposer une porte de sortie facile aux investisseurs (revente des actions par le marché). Dreyfus disait ainsi qu' «avec le nouveau statut de SASP, l’objectif de l’OM sera d’avoir de grands joueurs et de meilleures structures pour revenir au plus haut niveau des compétitions françaises et européennes. Nous ferons entrer dans le capital des gens sérieux, qui partagent notre vision de l’OM, c’est à dire qui auront envie de faire de l’OM un grand club pour le long terme et non pour un ou deux ans ! »

    La bourse reste ainsi une arme intéressante, car finalement un cours boursier très faible n’est pas aussi dangereux que pour une entreprise « normale ». Ces dernières ont surtout peur de la possibilité de se faire racheter à moindres frais, car elles sont facilement OPAbles. Or, ce danger n’est pas aussi fort pour un club de football, car ils sont protégés par les règlements. Le rachat par un groupe extra-sportif est envisageable, mais la menace de se voir phagocyté par un concurrent est quasi-nulle, pour peu que les lois restent en l’état. Ainsi, un cours de bourse catastrophique n’est pas si dangereux. Le seul problème est que d’éventuels appels au marché se trouvent limités. Mais le club aura au moins bénéficié de l’argent frais lié à l’introduction en bourse (800 MF pour la Lazio Rome par exemple).

    Je pense que JMA a bien conscience de cela, et j'ai peur que dans son idée, l'objectif est de "rouler" le marché lors de l'intro pour récupérer plusieurs centaines de MF, profitant de l'idée que la bourse peut être intéressante pour les clubs de football. Le problème que je vois, c'est que, à l'instar des clubs étrangers, ça ne marchera pas, et que le club ne pourra ensuite plus faire appel au marché (valorisation trop basse).

  • harvest le 21/02/2002 à 03h44
    Curieux : Comme défenseurs d'Aulas on trouve pêle mêle , des supporters de l'OL et des gens qui vivent au pays du tout-fric . Sans commentaires.
    Question pour Aulas et ses adorateurs : Comment expliquez-vous que l'AS Monaco , aucunement soumise aux injustes lois françaises , ne soit pas champion de France tous les ans et ne rivalise pas depuis toujours avec ces soi-disants grands clubs européens ?

La revue des Cahiers du football