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Ligue des champions : l’UEFA privatise son carré VIP

Une Balle dans le pied – La "petite musique de la Ligue des champions", c'est la mélodie de l'élitisme: la réforme de la C1 élargit la voie royale pour les clubs les plus riches des quatre championnats les plus riches… 

Auteur : Jérôme Latta le 20 Sept 2016

 

 

C'est un pas supplémentaire, ni plus décisif ni plus spectaculaire que tous ceux qui ont précédé, mais dans leur droite ligne : en changeant son système de qualification à la Ligue des champions au profit des quatre championnats dominants, l'UEFA rapproche sa compétition phare d'une ligue privée, sans assumer cet ultime basculement. À partir de la saison 2018/2019, les quatre championnats les mieux classés à l'indice UEFA (c'est-à-dire, pour très longtemps : Premier League, Liga, Bundesliga et Serie A) qualifieront directement quatre représentants chacun, soit… la moitié des 32 participants.

 

Ce passe-droit accorde à l'Angleterre, l'Allemagne et l'Espagne une quatrième place directe, et profite particulièrement à l'Italie, qui n'en disposait jusqu'alors que de deux (et d'une place de barragiste). Les barrages n'offriront plus aux autres pays que 6 places en poules, contre 10 précédemment [1]. Autant dire que les clubs monopolistiques ou duopolistiques comme le Bayern, le Real Madrid et le FC Barcelone se voient offrir un ticket à vie pour la Ligue des champions. Et que la voie royale pour les clubs les plus riches de ces quatre championnats s'élargit encore.(…)

 

 

 

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Réactions

  • José-Mickaël le 20/09/2016 à 15h30
    CHR$
    aujourd'hui à 09h14
    > En fait, c'est exactement ce qui va se passer : on va avoir en gros 16 équipes à peu près homogènes (plus éventuellement une ou deux autres genre PSG).

    Dans ce cas, il ne reste plus qu'à virer les petites équipes inutiles. Dehors Bâle, Varsovie, Lyon, Porto, Donetsk... Dehors = en C3 !


  • CHR$ le 20/09/2016 à 19h58
    Oui, c'est la prochaine étape pour arriver à la ligue fermée à l'américaine que tu appelles de tes vœux.

  • José-Mickaël le 20/09/2016 à 20h31
    Ce que j'appelle de mes voeux, c'est un football plus égalitaire, avec des clubs qui ont des budgets du même ordre, qui offrent des salaires du même ordre. Ensuite, il y a peut-être plusieurs moyens pour y arriver. La NFL n'est pas qu'une ligue fermée, c'est aussi une ligue avec un plafond salarial, une ligue où l'on favorise le recrutement aux équipes les moins classées, une ligue où il n'existe pas la notion d'indemnité de transfert...

  • Jamel Attal le 21/09/2016 à 00h27
    @zorro
    Tu touches à des points intéressants. Aux CdF, paradoxalement peut-être (mais je ne crois pas), on s'est toujours centrés sur le football d'élite. On a régulièrement fait de la place au football amateur ou aux "footballs d'ailleurs", mais il est vrai qu'on a avant tout tenu la chronique du foot d'en haut. Parce qu'on adore ça.

    Quand on souhaite qu'un autre football soit possible, c'est bien de celui-là qu'on parle et dont on observe la déplorable fuite en avant depuis bientôt vingt ans. Pour ma part, je garde de la passion pour le foot de sélection, mais je regarde la Ligue des champions avec bien peu d'enthousiasme. Et pour tout dire, les fabuleux hat-tricks de la MSN à Barcelone me plongent dans un ennui profond à leur seule évocation.

    Mettre en œuvre une action plus militante? L'essentiel de notre énergie est consacré à continuer à produire une vision critique du football, et c'est une tâche assez harassante, assez ingrate et assez infructueuse. Même s'il y a eu des progrès (dans les médias notamment), il n'y a toujours pas de débat sur tout ce qui devrait faire débat. Bon, ça nous pousse quand même à continuer, d'un autre côté, mais il est difficile d'aller au-delà, et notre influence reste négligeable.

    Je pense qu'un changement (prise de conscience, débat, mobilisations) pourrait et devrait survenir au sein des médias (ça me semble une condition assez indispensable), au travers des organisations de supporters et pourquoi pas des pouvoirs publics ou des élus. Nous, amateurs-consommateurs de foot, pouvons commencer par soutenir les initiatives, ne serait-ce qu'en leur accordant de l'attention, puis chercher des moyens d'expression, voire d'action quand on peut.

    Peut-être, aussi, que le système actuel se rapproche tout seul de sa propre fin, ou du moins de ses limites, même si ce n'est pas perceptible aujourd'hui. À plusieurs reprises, on a cru en un krach économique : il ne s'est pas produit, mais il n'est pas exclu à l'avenir. Au-delà de l'aspect économique, à force de tirer sur la corde, il pourrait y avoir des formes de désaffection ou de saturation. En tout cas, il faut commencer par refuser que de considérer ces évolutions comme une fatalité.

La revue des Cahiers du football