Lettre ouverte à… Laurent Blanc
L'attente n'a que trop duré, l'ex-entraîneur du PSG doit retrouver un banc et mettre fin au gâchis d'une inactivité prolongée et aux doutes sur ses qualités de coach.
Salut Laurent,
Tout d’abord, je te souhaite un bon anniversaire. Cinquante-cinq ans, quel bel âge pour toi, immense numéro 5. Cela fait longtemps que je ne t’ai pas vu. La dernière fois, c’était par hasard Gare Montparnasse, tu attendais ton train vers Bordeaux en discutant avec le vendeur de la boutique Milka.
La pudeur t’a empêché de me saluer devant tant de monde. Pas de problème. Cette semaine, en lisant tous ces bons vœux qui t’étaient adressés, je me suis dit qu’il fallait que je te pousse un peu, il faut que tu reviennes, Laurent.
Joueur voyageur
Cela fait déjà quatre ans que tu as disparu après une décision géniale de la direction du PSG: te virer après deux triplés nationaux et trois quarts de finale consécutifs en Ligue des Champions – perdus sans panache certes, mais au moins sans honte. Quatre ans que tu attends le bon club, le grand défi.
Laisse-moi te dire que tu as peur, Laurent. Qu’est-ce que tu attends? D’être vieux? Enfin, plus vieux que maintenant. Que tout le monde t’oublie? Laurent, il faut te rendre à l’évidence. Tu dois accepter un nouveau contrat, défendre tes idées et signer de ton sang des schémas tactiques. Laurent, il faut que tu séduises de nouveau pour faire naître l’évidence chez les plus grands.
Ta carrière d’entraîneur avait pourtant si bien commencé, contrairement à celle de joueur. Ne recommence à te justifier inutilement: quatre titres en club et en vingt ans, deux avec Auxerre et un avec Montpellier, le dernier à trente-huit ans avec Ferguson qui regrettait d’avoir laissé partir Stam: tu n'as pas été un enfileur de trophées.
Pourtant, tu as voyagé, et cela devrait t’aider à rebondir, comme on dit: France, Italie, Espagne, Angleterre et tant de clubs de géants – même L’OM. Je te rappelle d’ailleurs que tu es encore le meilleur buteur de Montpellier, à l'heure où la France apprend à aimer Olivier Giroud.
Ton style
Quel contraste avec ta carrière d'entraîneur: dix-sept trophées en six ans en club, c’est une trajectoire incroyable, dont tu as cassé la dynamique en voulant te donner du temps. Tu attends quoi? Tu te rends compte que même Thierry Henry a réussi à trouver un club à l’étranger – pour d’autres raisons, oui, d’exil forcé notamment, mais tout de même.
Rudi Garcia a entraîné la Roma, Rudi Garcia entraîne même encore des clubs. Mourinho est en train d’essorer l’Angleterre et toi, tu restes là, à mouiller de la touillette. Pourtant, elle était belle, cette équipe de Bordeaux… Je suis supporter de l’OM et ce titre de 2009 est un peu à nous aussi, surtout en mettant fin au règne lyonnais. Mais ton Bordeaux était supérieur en tout, jusqu’au printemps 2010.
Même à Paris, tu avais ton style de jeu, parfois poussif ou sans le brio du modèle barcelonais, mais c’était signé, même en 3-5-2. À la limite de la mauvaise foi, tu pourrais dire que tu n’as pas bénéficié de la deuxième génération des gros contrats, sinon le quart de LdC n’aurait pas été un problème.
Tes supérieurs ont sans doute fait une connerie parmi bien d'autres, mais il est incompréhensible que, quatre ans après, ils aient encore le dernier mot sur ta carrière.
C'est écrit
Aujourd’hui, dans ta retraite dorée, tu te prêtes au jeu des commémorations. Cette année, c’était les vingt ans de l’Euro 2000 et je t’ai vu en vidéo, encore avec un pull sur les épaules en 2020. J’ai essayé de savoir si tu avais toujours des lunettes de vue Oakley, mais je ne connais pas assez les modèles.
J’ose espérer que tu n’attends pas un retour en équipe de France. Tout le monde sait que ton mandat en bleu a été ingrat. Récupérer la sélection après la Coupe du monde 2010, gérer un entre-deux générationnel et des joueurs qui ne s’appréciaient pas, c’était compliqué. Mais, après Didier, ce sera Zinédine.
Une autre sélection? C’est à creuser, peu de fédérations engagent des étrangers. L’Angleterre peut-être, renseigne-toi, car ils seront champions du monde ou proches de l'être. Ou, plus fou, l’Allemagne post-Löw.
D’ailleurs, c’est écrit, tu as encore tant à montrer, les plus grands prêcheurs de ma génération t'ont baptisé "celui qui sauve la maison" (Thierry Roland) et "celui par lequel la lumière est venue" (Thierry Gilardi). Même si c’est par un but du tibia, ça compte.
Un banc pour Blanc et non Blanc au ban. Pense juste à retirer ton maillot de ton pantalon de jogging quand tu brandiras le trophée. Vingt-deux ans après, cette image me traumatise encore.
Présidentiellement.