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Le dogmatisme est mort, vive le dogmatisme ?

Si les compétitions européennes récompensent actuellement les entraîneurs qui s'adaptent à leur adversaire, ceux qui veulent aller jusqu'au bout de leur philosophie continuent à marquer le football de leur emprise. 

Auteur : Thym Pinon le 27 Sept 2018

 

 

Si le Manchester City de Pep Guardiola a survolé la dernière saison de Premier League et bien débuté le nouvel exercice, il a également chuté prématurément lors des deux dernières éditions de la Ligue des champions. Depuis son départ de Catalogne, le technicien, deux fois vainqueur de la compétition, n'a d'ailleurs plus remis les pieds en finale. La faute à son intransigeance tactique? Dans un football de haut niveau où tout le monde est très bien préparé, un coach doit-il nécessairement ajuster son équipe en fonction de l’adversaire?

 

 

Deux compétitions, deux ambiances

En Premier League, les chiffres de la saison passée sont éloquents: 98 buts inscrits, 66% de possession, près de 90% de passes réussies, plus de 17 tirs par rencontre… Bref, Manchester City a survolé le championnat, confirmant que le modèle Guardiola, loin du kick and rush longtemps pratiqué par beaucoup d'équipes anglaises, peut très bien s'exporter outre-Manche. La campagne européenne des Citizens, achevée brutalement en quart de finale, a cependant offert des arguments aux détracteurs du héraut du jeu de position.

 

 

En Ligue des champions, si Manchester City garde les mêmes préceptes, les résultats ne sont pas tout à fait identiques. Et, face à Liverpool, rapidement écarté de la course au titre en championnat, David Silva et consorts parurent totalement impuissants. À l’issue de la double confrontation, personne ne pouvait pourtant leur reprocher de ne pas avoir appliqué les consignes. Si l'on considère que l'une d'entre elles est de réussir à placer les ailiers en position de un contre un, on peut même dire qu'elles étaient parfaitement respectées. Mais la précision du plan de bataille ne permit pas aux attaquants de trouver la faille.

 

En faisant jouer ses hommes de façon identique de la première à la dernière minute du duel l’opposant à Jürgen Klopp, Pep Guardiola voulait combattre avec ses idées, quitte à mourir avec. Et rappelait une nouvelle fois sa filiation avec Johan Cruyff, et son "il vaut mieux perdre avec ses idées qu'avec celles d'un autre". L’avenir dira si (et comment) l'ancien milieu parviendra à nouveau à remporter la C1. En attendant, force est de constater que son équipe n’est pas un cas isolé en Europe.

 

 

Sarri, Bielsa et les autres

6 juin 2015. Aurelio De Laurentiis, président du Napoli, offre un contrat de deux ans à Maurizio Sarri. Il ne le sait pas encore, mais ce choix transformera le jeu de son équipe. Très séduisante, louée par nombre d'observateurs ("Nous avons désormais Maurizio Sarri, un innovateur qui peut réveiller le football après l’ère Guardiola", dira notamment Fabio Capello en juin 2017), elle ne remportera pourtant aucun trophée sous la houlette de l'ancien banquier, parti pour Chelsea cet été après trois saisons en Campanie.

 

Jusqu'au bout, il restera pourtant fidèle à sa philosophie de jeu, offrant des instants de grâce – ah ces buts après de superbes mouvements collectifs! – mais subissant plusieurs désillusions. À commencer par l'élimination en huitième de finale de Ligue des champions face au Real Madrid lors de la saison 2016/17. Le futur vainqueur fut pourtant étouffé par le pressing napolitain durant une grande partie du match retour, laissant l'espoir d'un retournement de situation après la défaite 3-1 au Bernabeu.

 

 

 

 

 

Las, une perte de balle de Marek Hamsik dans une zone dangereuse offrait un corner au Real, que Sergio Ramos convertissait en but. Sur cette action comme sur tant d'autres auparavant, le Slovaque s'était évertué à relancer proprement. Le milieu de terrain n’aurait-il pas dû se résoudre à dégager le ballon loin devant, juste une fois? Les Madrilènes seraient-ils parvenus à passer l’écueil si les Azzuris avaient mis un peu d’eau dans leur Taurasi? A posteriori, on se prend vite à refaire l'histoire…

 

Dans un autre registre tactique, le Marseille de Marcelo Bielsa offrit également de grands moments à ses supporters avant de s’effondrer, notamment physiquement. L'Argentin n’aurait-il pas pu appréhender la deuxième partie de saison légèrement différemment afin de permettre à ses ouailles de tenir sur la durée? À l’instar de Guardiola et Sarri, Bielsa n’était en tous les cas pas prêt à sacrifier ses idées sur l’autel d’un éventuel résultat à court terme. Au-delà de ces trois éminents tacticiens, les exemples d’entraineurs n’étant pas disposés à gagner par n’importe quel moyen sont nombreux.

 

 

Obligation de résultats ?

En droit, une obligation de moyens désigne celle par laquelle un individu s’est engagé à mettre en œuvre toutes les diligences pour obtenir un résultat donné. C’est précisément ce qui s’impose à un médecin. S'il n'est pas obligatoire pour lui de guérir son patient, il doit en revanche tout faire pour y parvenir. Par opposition, dans le cadre d’une obligation de résultat, l’individu lié contractuellement s’engage à ce que le résultat initialement souhaité par les parties au contrat soit obtenu. C’est par exemple ce type d’obligation qui s'applique lorsqu’une compagnie s’engage à transporter un objet d’un point A à un point B.

 

En football, tout semble se passer comme si certains coaches ne se sentaient tenus que par une obligation de moyens et en aucun cas par une obligation de résultat. Pep Guardiola ne semble pas dire autre chose lorsqu’il affirme: "Moi, je vais accepter de perdre ou de gagner car on va nous juger là-dessus. Mais, désolé, jamais de la vie, je ne changerai ma manière de jouer au football. C'est la seule chose que j'ai." C’est précisément l’idée selon laquelle les moyens déployés pour atteindre un résultat supplantent ledit résultat.

 

 

S’adapter pour survivre

Par opposition à Marcelo Bielsa et ses disciples, nombre d’entraîneurs n’hésitent pas à adapter leur plan de jeu en fonction de l’adversaire. C'est par exemple le cas de Massimiliano Allegri, dont la Juventus affichait 48% de possession en Ligue des champions, contre 56% en Serie A. C'est également celui de Diego Simeone, habitué des beaux parcours européens avec l'Atlético Madrid. Au printemps 2016, sa formation élimina le Bayern en demi-finale de C1 en n'ayant le ballon que 26,5% du temps, elle qui culminait à 50% en Liga. L’adversité n’était pas la même mais El Cholo avait conditionné ses joueurs à défendre bas, dans des proportions très inhabituelles, pour se projeter le plus rapidement possible vers le but adverse.

 

En quart de finale, déjà, l’Atlético avait abandonné le ballon aux Barcelonais. Lors du match retour, remporté 2-0, les statistiques de possession affichaient un chiffre rare: 22%! Simeone avait parfaitement mesuré les forces et faiblesses de son équipe et savait que la réussite continentale passait par une adaptation d'un projet de jeu qui, adversité plus faible oblige, ne pouvait lui permettre de jouer de manière réactive chaque semaine en championnat. C'est cette forme de modestie, cette volonté assumée d'endosser les habits de "petit" quand on n'en est pas tout à fait un, qui permit aux Colchoneros de s'asseoir à la table des "gros".

 

 

La perfection existe-t-elle ?

Antonio Conte semble lui aussi résolu à tenter de gagner en s’adaptant à l’adversaire plutôt qu’en le contraignant à s’ajuster. Il n’hésite ainsi pas à osciller entre le 4-3-3 et le 3-5-2 ou 3-4-3... avec des fortunes diverses. Zinédine Zidane, dont la culture tactique est résolument italienne, semble également appartenir à la catégorie des entraineurs flexibles. S’il considère que son équipe doit posséder le ballon pour optimiser ses chances, son projet de jeu consiste, avant tout, à cerner les faiblesses adverses et à les exploiter.

 

Ce fut par exemple le cas face au Paris Saint-Germain en huitième de la dernière Ligue des champions. Pour contrer l’apport offensif des latéraux franciliens, Zidane n’avait pas hésité à faire évoluer ses joueurs dans un 4-4-2 au sein duquel Marco Asensio et Lucas Vazquez devaient défendre les couloirs comme si leur vie en dépendait, et profiter des espaces désertés par les défenseurs parisiens.

 

 

Le scénario se répéta contre la Juventus. Cette fois, l'ancien meneur considéra qu’il était opportun de débuter les deux rencontres avec un milieu en losange pour que l’électron libre Isco perturbe l'organisation bianconeri. Dans la douleur, le Real se qualifia une nouvelle fois pour les demi-finales. Mais que les Madrilènes aient outrageusement dominés le match aller avant de se faire d'énormes frayeurs au retour est une nouvelle preuve, s’il en fallait une, qu’il n'y a pas de vérité absolue en football. Et que si l’on considère que le résultat est un juge de paix infaillible, il est alors vain de chercher à déterminer laquelle des deux catégories d'entraîneurs détient la vérité. Car, si leurs échecs remettent en cause leur philosophie de jeu et sont donc plus retentissants, nombreux sont les dogmatiques à s'être taillé un joli palmarès (Arrigo Sacchi, Johan Cruyff…).

 

Mais qui sait ce qui serait advenu si, au printemps 2018, Pep Guardiola avait donné comme consignes à ses joueurs d’attendre les Reds dans leur moitié de terrain? Les excellents contre-attaquants que sont Mané, Firmino et Salah auraient-ils pu dominer la rencontre comme ils l’ont fait? L'équipe ultime ne serait-elle pas, finalement, celle dont l'entraîneur serait animé par un idéal de jeu mais qui serait capable de les fondre dans un certain pragmatisme quand la victoire en dépend? À moins que ce soit justement la conviction dans leurs idées, et donc le refus de les transgresser, qui permette à certains coaches d'amener leur équipe aussi haut. Et que, peut-être, il ne faille pas gagner à tout prix.

 

Réactions

  • OLpeth le 28/09/2018 à 09h21
    Je connaissais pas le style de Sarri mais c'est assez magnifique. Ces redoublements de passe, ces courses dans l'espace, ces joueurs qui n'hésitent jamais à faire la passe en plus pour assurer une position de frappe plus facile, c'est très beau.

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