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Le business du foot et le foot du business

Quel est donc ce sport que le football néo-capitaliste destine à ses "clients"?
Auteur : Curtis Midfield le 21 Avr 1998

 

Le football change et je ne suis pas sûr d’aimer cela. A son tour, IMG a décidé de s’intéresser à la source de revenus et de notoriété que constitue le football. Mac Cormack compte désormais investir en quelques années près de cinq milliards de francs. Sachant que ce groupe n’est pas le premier à effectuer ce genre d’investissements, il est légitime de s’interroger sur les conséquences de telles opérations sur l’avenir de notre sport favori.

En effet, l’intrusion de la télévision a déjà modifié sensiblement le panorama du football moderne. L’appât constitué par la manne des droits de retransmission a conduit les fédérations européennes à multiplier les compétitions pour toucher toujours davantage. De cette logique découlent Coupe de la Ligue poussive et autres Coupe des Champions nouvelle formule aux courbes toujours plus amples, aux prétendants de plus en plus nombreux et de moins en moins champions. Ajoutons à ces dérives les horaires fluctuants et les journées de championnat dictées par les impératifs commerciaux des chaînes télévisées (en Angleterre, on programme certains matches à 11 heures du matin le dimanche...).

L’intérêt des joueurs et du public dans tout ceci ? Les premiers sont grassement payés pour ne pas se plaindre en dépit des fatigues et des blessures qui abaissent le niveau de jeu. Quant aux seconds, trop contents d’augmenter leur dose hebdomadaire de football, ils se laissent gentiment gaver. A qui viendrait l’idée que seules l’absence et l’attente peuvent provoquer l’envie sans laquelle il n’est pas de vrai plaisir?
Le nombre de ces modifications peu conformes à l’esprit du jeu risque encore de s’accroître avec l’arrivée massive à la tête des grands clubs de groupes économiques aux dents acérées. Et si mon portefeuille de contribuable se félicite de la fin des dérives concernant les subventions publiques accordées aux clubs de haut niveau, mon coeur de supporter a du vague à l’âme (si je puis m’exprimer de la sorte). Ainsi quand j’étais gamin, il me plaisait d’aller avec mon père au stade Bauer pour encourager le Red Star. Banlieusard, j’étais fier de supporter une équipe de chez moi. Puis, à la reprise du PSG par Canal+, je me suis abonné. Après tout mon attachement restait parisien et Canal était une entreprise plutôt sympa. Aujourd’hui ? Je suis toujours abonné mais tout ceci commence à me plaire beaucoup moins et une question revient de plus en plus ouvertement. Suis-je toujours supporter d’un club parisien ou ne suis-je pas plutôt en train d’encourager des joueurs mercenaires entre deux contrats appartenant pour le moment à une chaîne cryptée, elle même vassale de la CGE, géant économique au centre de presque toutes les affaires polluant la vie politique de notre pays ? En d’autres termes, se pose ici le problème de l’identification à un club et de la crédibilité des valeurs défendues par celui-ci.

Et que devient la question de l’implantation locale si au gré de ses intérêts financiers tel ou tel club peut se permettre de déménager d’un endroit à un autre sans sourciller? Se profile alors à l’horizon un football comparable à son homologue américain où les équipes ne seront plus que les propriétés de quelques uns sans aucune attache locale véritable. Verra-t-on un jour, le RC Strasbourg aux mains d’IMG déménager à Monaco parce que la société y a aménagé un centre de formation privé* ? Rien n’interdit de le penser et surtout personne ne pourrait s’y opposer.
Ce problème d’identification est encore renforcé par l’apparition d’un nouveau statut concernant les joueurs. Dans ce domaine, le cas Ronaldo risque lui aussi d’être le premier d’un nouveau type de relations entre joueurs, clubs et publics. L’époque d’un Bossis, fidèle à un seul club au cours de sa carrière et maître de ses choix appartient à la préhistoire. De mercenaires, les joueurs à trop sacrifier à l’appât du gain risquent de devenir de plus en plus le jouet des multinationales. En effet, difficile d’imaginer, par exemple, que Nike reste muet en ce qui concerne l’orientation de la carrière du prodige brésilien.

L’attachement à un club, à une ville, le respect des années de contrat, de la parole donnée, des supporters, l’amour du maillot ? Merci pour eux mais parlons sérieusement. Ce bilan assez pessimiste des transformations du football contemporain ne serait pas tout à fait complet si nous n’évoquions pas le danger induit par l’essor des acquisitions de clubs par de même sources financières. Jusqu’ici ces pratiques étaient encore très marginales. Le plus souvent un gros club en échange d’une aide financière " s’appuyait " sportivement sur un ou des plus petits. L’exemple du PSG et du Servette illustre cette manière de faire. Mais sur ce plan également, on entre dans une nouvelle ère. Le cas d’IMG en est un signe précurseur. L’équipe de Mc Cormack n’a pas pour ambition de s’en arrêter à la reprise du seul R.C.Strasbourg. Benfica était sur les tablettes et demain d’autres clubs européens seront dans le collimateur. Apparaît, par conséquent, la menace d’une nouvelle dérive sportive avec des arrangements toujours possibles entre équipes d’une même écurie et une éthique sportive rangée dans les tiroirs de la maison mère.

Difficile devant tout ceci de conserver une âme d’aficionado. Il est clair que toutes ces mises en garde ne sont qu’illusoires et que le sens de l’histoire va vers une commercialisation à outrance. Mais à l’heure de ce qui risque d’être la dernière Coupe du Monde en libre accès télévisé, nous tenions juste à rappeler que le foot était avant tout un jeu populaire et qu’à trop multiplier les dollars, on pourrait bien un jour se couper d’une partie de cette base.

* Rassurons nos amis strasbourgeois, ceci n’est qu’un exemple sans aucune réalité actuelle.

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