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La science confuse du révélateur

Les télévisions croient qu'elles peuvent mesurer les hors-jeu au centimètre, alors que la marge d'erreur de leur outil est considérable. Démonstration scientifique de l'imprécision du révélateur… dès le départ de la balle.

Auteur : Gilles Juan le 20 Mars 2014

 


On sait déjà que le révélateur est imprécis et inutile. Mais pourquoi tout le monde n’est-il pas d’accord? Essayons de convaincre ceux qui ne le sont pas en mesurant concrètement à quel point il est une arnaque. L’article aura peut-être l’air ironique ou parodique? Il ne l’est pas du tout. Il veut apporter la preuve scientifiquement fondée que le révélateur est une arnaque d’un genre particulier: ceux qui l’orchestrent ne voient même pas qu’ils arnaquent tout le monde, en considérant comme insignifiant l’essentiel de la règle du hors-jeu.
 

Prenons acte que ceux qui posent et interprètent le révélateur ne veulent pas le remettre en cause, en dépit de tous les arguments qui ont été apportés ici, ici, ou encore . Pourquoi? Trois possibilités. Soit ils n’ont pas lu les textes, soit ils ne les ont pas compris, soit ils ne sont pas d’accord. En considérant qu’ils ne sont pas d’accord, apportons une nouvelle pierre à l’édifice de dénonciation du révélateur.
 


Le départ de la balle

Commençons par remettre les choses à leur place. Lorsque la télévision pose son révélateur, elle focalise l’attention sur la ligne tracée, évidemment. Parce que c’est "là", devant ou derrière la ligne (la seule et unique parallèle à la ligne de but passant par le dernier défenseur avant le gardien, en tout cas dans une géométrie euclidienne) qu’on est hors-jeu ou non. La plupart des arguments (dénonçant par exemple les méconnaissances de l’arbitrage, l’absurdité qu’il y a à vouloir arbitrer au millimètre) ont vaillamment contesté la lecture de ce qui se passe autour de cette ligne. Mais voilà le défaut de ces arguments: ils entretiennent l’idée que l’usage peut être défaillant mais que l’outil n'y est pour rien. Donc l’outil reste. L’usage défaillant aussi, hein… Mais il n’est pas considéré comme inhérent à l’outil ("car après tout, être hors-jeu d’un centimètre, c’est être hors-jeu!" peut-on encore nous rétorquer). On va donc essayer de montrer qu'il ne peut pas connaître de bons usages: c’est un mauvais outil.
 

On oublie un peu vite qu’il ne doit être question de considérer la ligne du hors-jeu qu’à partir du "moment" où la passe est donnée. Or, on ne s’interroge jamais assez sur ce moment de la passe. La télévision met pause, on regarde s’il y a hors-jeu, on avance de quelques images, on recule de quelques images, on regarde si l’épaule ou le pied sont passés devant, et on estime qu’il y a hors-jeu, ou pas du tout. Mais regarde-t-on bien, du côté du passeur, à quel "moment" la télévision a décidé de mettre pause? Jamais. Le révélateur ne s’intéresse qu’à l’endroit où la ligne est posée, et pas au moment où on la regarde: c’est une erreur fondamentale pour juger le hors-jeu.
 


Instant T

J’imagine que le réalisateur estime qu’il faut mettre pause lorsque le ballon "quitte" le pied du passeur. Mais c’est précis, ça? On n’a même pas l’impression que la télévision a envisagé le problème. Alors que ce problème est LE problème du hors-jeu, qui le rend si difficile à arbitrer.
 

Regardons l’image (exemple choisi exprès pour le caractère apparemment manifeste du hors-jeu) du second "hors-jeu" de Berbatov ce week-end: qui, en toute bonne foi, peut affirmer que le révélateur est placé non pas au bon endroit, mais au bon moment? Qui peut affirmer que c’est précis? Même en prenant la peine de regarder le ballon partir du pied image par image (ce que la télévision ne fait pas, de toute façon), il suffit que le ballon parte à une vitesse de 3 m/s (presque 11 km/h seulement – ce n’est donc pas une passe appuyée de Gerrard) pour qu'il ait parcouru douze centimètres (trois cents centimètres divisés par vingt-cinq) entre les deux images. Douze centimètres, oui, entre deux images de la télé.
 

 


 


On pourrait évoquer le paradoxe de Zénon pour insinuer que le "moment" de la passe n’existe pas. Mais la philosophie est moins prise au sérieux que les chiffres, alors on va se contenter des faits quantifiables. On part simplement du principe que la télévision ne voit pas bien à quel "moment" exact la passe est donnée – au minimum, admettons qu’elle ne se pose même pas la question et qu’elle peut donc être imprécise quand elle met pause. Ça a l’air indifférent ("Ça se joue à quoi, un dixième de seconde? Deux ou trois, peut-être?"), mais on a commencé à voir que ça ne l’est pas (1/10 de seconde, c’est 2,5 images, c’est 30 centimètres parcourus par notre ballon lent), et on va vite comprendre que c’est grave (grave pour le révélateur, pas en soi).

 


Démonstration

Une marche dynamique vous fera avancer de deux mètres par seconde (pour info, la marche athlétique en compétition, c’est 3,5 m/s). 2 m/s est plus exactement le seuil au-dessous duquel il est plus efficace de marcher que de courir. On va donc choisir l’hypothèse la plus basse, et estimer qu’un joueur se démarque à au moins deux mètres par seconde (sachant bien, intuitivement, qu’un joueur est plus généralement en train de courir, qu’un bon footing sportif se court à 12 km/h, soit 3,33 m/s, et qu’on est donc bien loin, avec ces 2 m/s, des vitesses généralement concernées par les vérifications qu’il y a hors-jeu). À partir de là, si l’attaquant qui reçoit le ballon avance à 2 m/s, en marchant d’un pas décidé, on doit admettre qu’il progresse de deux-cents centimètres par seconde, soit vingt centimètres tous les dixièmes de seconde.
 

Conclusion: on se trompe d’un tout petit dixième de seconde, et hop! l’attaquant a fait vingt centimètres. Vingt centimètres! On a vu des arbitres insultés pour moins que ça. Vingt centimètres, encore une fois, en considérant les hypothèses les plus arrangeantes, soit 1) le joueur marche encore, et 2) le réalisateur a mis pause et a affiché sa ligne avec une marge d’erreur d’un dixième de seconde.
 

À ces vingt centimètres parcourus pendant le dixième de seconde, on peut légitimement ajouter les vingt centimètres en sens inverse lorsque le défenseur monte (toujours en marchant…) pour mettre l’attaquant hors-jeu: en se trompant d’un dixième de seconde au moment de "révéler", on a quarante centimètres d’écart.

 


Faisons un vœu

Je n’ose proposer le calcul lorsque les joueurs courent et que la passe est appuyée, ce serait trop humiliant pour le révélateur. On m’opposera peut-être que beaucoup de hors-jeu sont vérifiés ou contestés pour des distances d’au moins cinquante centimètres, voire d’un mètre. Je répondrai, tout d’abord, que cinq dixièmes de seconde (le temps qu’il faut à notre joueur lent pour parcourir un mètre) restent une marge d’erreur possible pour la saisie du "moment" de la passe, et qu’on peut donc faire une erreur d’un mètre pour n’avoir pas été très scrupuleux (ce qui serait très difficile, même si la télévision le voulait). J’ajouterai que pour un mètre de distance, on n’a de toutes les façons plus besoin du révélateur, mais, comme pour toutes les distances, d’un arbitre de touche respecté.
 

On n’obtiendra évidemment pas de la télévision qu’elle se dispense de son outil, sa "réalité augmentée", sa "valeur ajoutée", son si mal nommé "révélateur" (quel voile la télévision soulève-t-elle?). Mais voudra-t-elle au moins intégrer la problématique du moment de la passe? Envisager qu’un hors-jeu ne se situe pas à un moment exact, et donc pas à un endroit précis? Qu’un tout petit dixième de seconde peut engendrer (hypothèse basse) un écart de quarante centimètres? Voudra-t-elle intégrer, au moins, quelques réserves quand elle applique son outil et commente les actions? Peut-être en remplaçant son inexistant instant T par une sorte de zone? Ou peut-être en mentionnant le problème du moment de la passe, de temps en temps? En d’autres termes, saura-t-elle faire preuve de prudence? Voudra-t-elle s’appliquer une petite part des exigences de "professionnalisme" et de "dialogue" qu’elle réclame tant aux arbitres?
  

Réactions

  • José-Mickaël le 20/03/2014 à 16h29
    Le ballon parcourt 20 cm, mais le pied l'accompagne, il ne reste pas immobile ! Ce qui est impossible à détecter à l'image près, c'est le moment où le ballon a quitté le pied.

    N'oublions pas que le pied touche le ballon durant un certain temps, ce n'est pas instantané, en tout cas pas si on met un peu d'effet. Pour une passe de l'intérieur, le pied doit "caresser" le ballon sur une certaine distance, ça prend un certain temps. Quelqu'un parlait plus haut de la louche où le contact est encore plus long. C'est durant ce contact qu'a lieu l'incertitude intrinsèque.

    (Je ne parlais pas de ballon caché par un autre joueur, mais de pied caché par le ballon : si le joueur fait une passe de l'intérieur du droit et que la caméra est à sa droite, on ne voit pas le contact entre le pied et le ballon. Comme le pied accompagne le ballon, on ne peut pas décider à l'image près l'instant précis où le pied se détache de celui-ci. Et si la caméra est à gauche, il y a des chances que la jambe d'appui cache une partie de la passe.)


  • Jamel Attal le 20/03/2014 à 16h53
    @fabraf
    Il faut dire à ton collègue que le propos n'est pas de dire que l'arbitre humain est "meilleur" au sens de plus précis que la vidéo, mais que :

    1. Le révélateur, supposé présenter une vérité objective, est fondé sur une méthodologie remarquablement foireuse (en plus d'être utilisé et interprété de manière foireuse, au nom d'une conception foireuse de la règle).

    2. L'arbitrage humain est une meilleure solution d'arbitrage, à condition d'accepter l'idée que le hors-jeu (dans les cas les plus "limite" du moins) est effectivement une règle "inapplicable", c'est-à-dire d'accepter une marge d'erreur, c'est-à-dire aussi d'accepter le jugement de l'arbitre (non sans exiger de lui des performances les meilleures possibles), au lieu de poursuivre une exactitude chimérique en recourant à des technologies dont l'application nuirait au jeu tout en créant de nouveaux problèmes et polémiques.

  • Daijinho le 20/03/2014 à 17h03
    Le moment de la passe est très facile à déterminer, si l'on considère qu'il s'agit du moment où le ballon décolle du membre qui effectue le geste (pied, jambe, tête). Cela se caractérise par une vitesse instantanée du ballon supérieure à celle dudit membre.
    En revanche, ce moment est évidemment impossible à mesurer dans des conditions réelles, à moins de barder le corps des footeux et le ballon d'accéléromètres. Il faudrait aussi que ce fameux moment soit synchronisé avec une frame de la caméra pour que cela soit exploitable.

  • Koller et Thil le 20/03/2014 à 19h23
    Est-ce que l'arbitre ne se fie pas au son pour juger du départ de la passe ?

    Le dimanche matin ça marche pas si mal, mais chez les pros j'ai du mal à me rendre compte, avec le bruit du stade, la vitesse du son (que l'arbitre peut débiaiser dans sa tête avec un peu d'expérience...).

    Parce que pour le coup ce serait facile à instrumenter, quelques micros autour du terrain et hop on calcule rapidement le moment précis du départ.

    Le problème étant qu'une passe décisive peut être tout à fait silencieuse, c'est pas forcément une patate de Gerrard.

  • Freddy le 20/03/2014 à 22h23
    N'importe quoi cet article, tous les experts de Canal nous l'ont bien expliqué dimanche soir, le hors jeu, ça se sent quand on connaît un peu le football, il y a pas besoin d'avoir fait un peu de maths à l'école, du bord du terrain, on le sent qu'on vous dit, et d'ailleurs on se trompe rarement nous disait Paganelli.
    Le problème, c'est que ces billes d'arbitre ne comprennent rien au jeu.
    Bon, c'est sûr, ça fait moins mal au crâne.

  • hnrh2 le 21/03/2014 à 10h42
    Le revelateur est un moyen simpliste de trancher la polemique ya/yapa hors jeu qui evite de regarder plusieurs fois les memes 3 secondes de jeu sous plusieurs angles pour se rendre compte que l'on arrive difficilement a une conclusion qui dependra parfois de l'observateur.

    Ceci dit, l'argument donne ici ne peut mettre en evidence l'inanite de l'arbitrage video, vu qu'il denonce un "arbitrage video" caricatural.

  • vert75 le 25/03/2014 à 15h46
    bravo pour l'article, donc dans le doute priorité à l'attaque; j'aime bien l'idée de zone pour ne plus juger au mm, ce que les arbitres ne peuvent faire de toutes façons.
    PAr contre pour moi, il n'y a pas de marge d'erreur pour juger le départ du ballon. quand vous avez manipulé une molette de ralenti, c'est très précis, c'est quand même pas compliqué de pointer le moment ou le pied rejoint le ballon; donc çà affaiblit un peu l'argumentaire. mais cependant je reconnais qu'il est vain de confier le HJ au révélateur à cause des interruptions pour juger, même avec une zone de tolérance, et encore... maintenant entre la marge d'erreur d'un arbitre et celle du ralenti, faut bien admettre que la machine est meilleure.

  • nard le 26/03/2014 à 13h12
    Pour ne pas "jeter" le révélateur (qui permet quand même de se faire un idée de la situation rapport à la geométrie du terrain quand la prise de vue n'est pas tout à fait dans l'axe), on pourrait imaginer plutot qu'une ligne précise, on montre une bande, symbolisant la marge d'erreur (dont la largeur est fonction de la dynamique des mouvements des acteurs) ce qui inciteraient les commentateurs (et les spectateurs) à plus de mesure dans le jugement: si l'attaquant est dans la "bande", c'est au bon vouloir de l'arbitre, donc une opinion moins dichotomique.

  • Bamogo Cadiz le 26/03/2014 à 17h06
    Assez d'accord avec @nard, dans l'idéal, si 'ai envie de revoir une action ayant donné lieu à une décision qui m'interpelle, j'aimerais revoir les images
    - au ralenti ou à vitesse réelle de la seconde de la passe (un peu avant et un peu après), mais certainement pas une image arrêtée forcément hasardeuse (combien de passes sont parfaitement perpendiculaires à la caméra pour décider de mettre "pause" sur la bonne image)
    - sans ligne fine : soit une bande, soit rien du tout.

    N'est-ce pas ce que fait parfois TF1 ?

    Quitte à élargir le débat, ceci est valable sur les HJ mais également sur les autres décisions à la discrétion de l'arbitre : excès d'engagement, main volontaire, positionnement intra ou extra-surface de la faute, etc, sur lesquels une image arrêtée ou extrêmement ralentie sont souvent trompeuses.

La revue des Cahiers du football