Lançons un vibrant appel en faveur d'une victoire française en Coupe de l'UEFA — L'équipement des arbitres en téléphonie mobile, c'est l'avenir — La Lazio est à vendre, pas cher... France qui gagne, arbitrage et actualité boursière: une Gazette pour l'audience.
Bon, on se la fait cette Coupe ?
On le pressentait, et malheureusement, la Ligue des exploits sans lendemain a confirmé son verdict: pas de clubs français au second tour de poules (voir
La Ligue des dindons). Il y a quelque temps encore, on aurait diagnostiqué les handicaps socio-économiques rédhibitoires du foot français, mais on a eu le temps de comprendre que le problème n'était pas là, à l'image d'un OL qui ne parvient toujours pas à franchir une étape continentale, alors qu'il en a les moyens (sportifs et financiers).
L'UEFA risque d'avoir du mal à vendre les droits de sa compétition majeure dans un pays dont les représentants sont si mal traités. Visiblement, les clubs français ont mal négocié leur adhésion au G14, qui pourrait avoir l'élégance de leur garantir un deuxième tour, même si c'est un autre tour pour rien.
Si le Monsieur moustachu veut bien nous passer le vase… |
Mais enfin c'est ainsi, et nous voilà avec cinq clubs en Coupe de l'UEFA. Consolante ou dernière vraie coupe d'Europe? Nous penchons depuis longtemps pour la seconde hypothèse, et aimerions tant voir un club français la remporter, histoire d'en avoir une de chaque. Mais cet espoir est toujours déçu, avec une constance assez effarante. Si Bastia et Bordeaux ont abordé la finale en leur temps (et Marseille plus récemment), ces dernières saisons n'ont amené que des déceptions. Nos candidats ont pourtant des atouts, il leur manque peut-être la volonté, à l'instar de leurs présidents pour qui cette coupe n'est pas assez lucrative, ni assez prestigieuse. Ce en quoi ils ont tort, notre foot national n'étant pas assez pourvu en palmarès pour bouder une telle ligne. Et quel joli plateau, qui rappelle les bonnes vieilles coupes d'Europe, dont n'étaient pas exclus les petits pays du football et les clubs plus pittoresques que le Real ou Manchester.
Avec des qualifications par aller-retour et des adversaires potentiels comme Liverpool, le Celta Vigo, Leeds, Fulham, la Lazio, le Celtic, Kiev, Schalke 04 ou le Hertha Berlin, les engagés français, qui évoluent tous dans le haut de l'élite nationale et comptent tous de grands joueurs, peuvent nous donner du spectacle et des souvenirs en écrivant une vraie épopée européenne comme nous n'en avons plus eu depuis des lustres… Lens, Paris, Bordeaux, Lyon, Auxerre, on n'a finalement que l'embarras du choix pour désigner notre favori.
Mains libres
La pose d'un kit micro-oreillette sur les arbitres de Lille-Nantes a suscité un enthousiasme presque délirant. Laurent Duhamel avait pourtant été mesuré dans ses propos d'après-match, évoquant la nécessité de tester encore le dispositif, mais on n'a retenu que ses remarques positives. Tant mieux, en fait, car si ce plébiscite confirme le fait que la bonne volonté des acteurs conditionne plus que tout autre facteur la réussite des expérimentations sur l'arbitrage (voir
Un débat: le "double arbitrage"), au moins montre-t-il que le contexte est favorable — les médias ont été particulièrement enclins à faire de la publicité à l'opération. Ayant presque bravé la FIFA sur cette affaire, la Ligue a eu l'occasion de montrer qu'elle travaillait sur le dossier, et que la DTNA (Direction technique nationale de l'arbitrage) n'était pas un hochet de plus.
Le bénéfice sur le jeu est évident, Duhamel ayant insisté sur la fluidité gagnée grâce à une vitesse de décision plus grande, sans déplacements inutiles. L'effet dissuasif sur le langage des joueurs sera également intéressant, même si la possibilité de diffuser plus tard la prise de son à l'antenne ou dans le stade ne s'impose pas vraiment. Enfin la possibilité pour l'arbitre central de communiquer en permanence avec ses assistants améliorera grandement sa perception générale du match.
Reste à effectuer d'autres tests à plus grande échelle, puis de convaincre les instances internationales, dont le Board (ses vénérables membres doivent s'y entendre en matière d'oreillettes vu leur grand âge) du bien-fondé de la méthode.
Un modèle en fin de vie
En Italie, le groupe agroalimentaire Cirio traverse une grave crise financière qui rejaillit sur la Lazio de Rome, dont il est l'actionnaire majoritaire. Menacé de faillite, il a annoncé son intention de vendre ses parts du club (plus de la moitié du capital via ses différentes entités), ce qui a entraîné une petite flambée spéculative sur l'action dont le cours actuel est très bas. Les acheteurs espèrent que le repreneur des parts de Cirio fera une offre supérieure auprès des autres porteurs (AFP, 14/11).
Le président Sergio Cragnotti est donc obligé de renoncer au club qu'il avait introduit en bourse et mené au scudetto. Sa valeur marchande, étant donné une santé financière qui fait craindre un dépôt de bilan et un destin similaire à la Fiorentina, n'est pourtant pas au plus haut, et les repreneurs éventuels ne se sont pas encore manifestés… Par bonheur, l'équipe figure dans le haut du tableau, ce qui fait une note positive.
Le cours de l'action de la Lazio depuis trois ans. |
La crise européenne inverse jour après jour le paysage économique du football, qui était il y a encore peu porteur de délirants espoirs de rentabilité, avec pour symbole et moyen la cotation des clubs. En Italie, la Lazio avait ouvert la voie (la Juventus et l'AS Rome avaient suivi) et porté l'étendard de ce modèle économique aujourd'hui en berne, qui n'a pas résisté à l'inflation des salaires et à sa dépendance excessive envers les ressources télévisuelles. L'invraisemblable afflux d'argent dans le football, consécutif à l'explosion des droits de télévision, a été particulièrement mal exploité dans le Calcio. Cette saison s'est ouverte sur le constat de l'échec des bouquets satellite Stream et Telepiu et sur une guerre entre les "petits" clubs et les plus riches — en raison d'un système de gestion individuelle des droits et d'une répartition nulle entre les clubs.
"Il faut une bonne dose de démagogie pour penser que la Bourse pourrait être une réponse aux problèmes de financement des clubs de foot". Cette citation n'est pas extraite de l'Humanité, mais des Echos (08/04). Il en faudrait plus pour convaincre ceux qui, en France, revendiquent à toute force cette possibilité.