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La culture de la débâcle

Comment vont nos deux grands dépressifs? Le PSG fait toujours parler de lui pour son étonnante capacité à dégringoler. L'OM lui répond avec un écho un peu étouffé, abonné à ses propres déboires, tandis que l'OL sert de contre-exemple…
Auteur : Pierre Martini le 9 Mars 2001

 

Une polémique a fait suite à la Gazette 33, mais la Gazette n'y était pas pour grand chose. C'est plutôt Luis Fernandez qui s'est mis tout seul au banc des accusés à la suite de la déroute du Riazor, et il a presque autant de procureurs qu'il y avair de défenseurs dans son équipe à la fin du match de mercredi. L'entraîneur conserve néanmoins ses aficionados, il suffit pour s'en convaincre de constater que malgré un bilan épouvantable, le Parc n'est toujours pas à feu et à sang et que beaucoup de supporters ne s'en prennent qu'aux joueurs (sur l'air de "avec des chèvres pareilles, il ne peut rien faire, le pauvre). Peut-être ont-ils du mal à reconnaître que leur condamnation de Bergeroo était un peu hâtive, à admettre ce qui ressemble trop clairement à de monumentales erreurs de coaching et à une gestion humaine catastrophique.
Dans les faits, Bergeroo partage pourtant avec son successeur quelques erreurs fatales, comme celle d'une transition mal gérée entre le groupe qui avait relevé la tête lors de la saison précédente et le nouvel effectif, dans lequel le montant des transferts justifiait des places de titulaires. Le Basque (avec Lamarche) s'est puni d'avoir recruté sans discernement, notamment dans les lignes arrière, et pour n'avoir pas reconduit ses formules gagnantes (Okocha en récupérateur, Benarbia en meneur, Christian et Leroy en pointe, par exemple). Fernandez a fait pire à la trêve, par orgueil, en voulant refonder ce groupe en le bouleversant à nouveau, en recrutant à nouveau, brisant ce qui restait de l'unité de son groupe. Transférer des joueurs pas meilleurs que les actuels mais en démoralisant ceux-ci, voilà du management. Si l'on fait la liste des tous les joueurs dont le PSG a disposé depuis un an, il y avait pourtant de quoi composer deux équipes capables de joueur le titre, pour peu qu'elles soient dirigées de manière cohérente.
Le club de la capitale est d'une constance invraisemblable quand il s'agit de ruiner son potentiel et surtout celui de ses joueurs. Le procès fait à ces derniers semble assez absurde, tout comme les jugements sur leur niveau: dans un tel contexte, quel joueur pourrait bien exprimer son talent (tiens, Ronaldinho y arrivera-t-il?). Leur mental est trop friable (même reproche fréquemment adressé aux joueurs marseillais), parce qu'ils ne résistent pas héroïquement à la déroute générale? Les "grands clubs", s'ils assument leur statut et remportent des titres, savent se faire respecter et donner un cadre favorable à la pleine expression de leur effectif. Là où Dhorasoo se sort d'une situation conflictuelle, Fernandez veut reconstruire, et comme d'autres avant lui, il a commencé par détruire. Il confirme avec éclat cette incapacité totale à maintenir ce minimum de continuité sans lequel aucune formation en peut parvenir à un haut niveau. On peut bien accuser la volatilité du footballeur moderne, celle des dirigeants bat des records et les encourage dans cette voie. Nos stratèges changent de stratégie pour cinq ans tous les six mois et le marasme s'éternise, de saison de transition en saison d'écroulement, en faisant quelques générations de victimes.
Pour en revenir à un registre plus proche de la comédie, mentionnons la rebuffade de Robert, avec lequel Fernandez n'a pas dû être très diplomate, et qui s'est répandu en phrases assassines pendant trois jours, avant de s'excuser à la suite d'un entretien avec ses dirigeants. Avec les départs déjà annoncés et une campagne de recrutement qui a déjà commencé, le PSG est parti pour connaître un nouveau turnover.

Il ne se passe presque rien à Marseille en ce moment et le club connaît une période de discrétion assez inédite, à quelques incidents près. Ce serait plutôt bon signe pour un club en difficulté (voir ci-dessus), si une impression de déprime ne dominait pas. Pour ne rien arranger, le passif marseillais n'en finit décidément pas d'être apuré. Robert Pires a ainsi obtenu devant la Commission juridique le paiement d'une indemnité de 12,4 millions de francs, somme qui lui avait été promise par le club au moment de sa signature. Entre les indemnités de licenciement de Courbis et celles de Casoni, l'OM continue à payer pour ses erreurs du passé.

Parlant de nos deux grands dépressifs, on n'a finalement envie que d'une chose. Qu'ils accèdent à la sérénité et à l'humilité, qu'ils travaillent discrètement, qu'ils reconstruisent de belles équipes, avec des jeunes et une ou deux stars s'ils veulent, mais en prenant leur temps et tenant leurs promesses. Enfer et damnation, cela ressemble à l'OL de Jean-Michel Aulas!
Louis-Dreyfus annonçait un "Bayern du Sud" et Fernandez un "deuxième Manchester". Commencez donc par faire l'Olympique de Marseille et le Paris-Saint-Germain, c'est assez difficile comme cela.

PS : un lecteur nous a reproché de ne pas "reconnaître notre erreur", parce Lyon a gagné avec un seul milieu offensif. Notre regret cette saison (cf. Diaporamas) était de voir l'OL SANS milieu offensif, ou n'associant pas Dhorasoo et Malbranque. Nos préférences sont-elles des erreurs si d'autres systèmes sont efficaces? Et nous n'avons rien contre Santini, sauf quand il parle vraiment trop lentement, c'est chiant.
Pour lier avec ce qui précède, on a vu toute la différence entre le 3-0 de Lyon et celui de Paris, à la 55e minute, la même qu'entre un club qui marche sur la tête et un autre qui ne fait pas n'importe quoi. Si l'OL conserve cette assurance et enfonce encore quelques portes en LdC, il pourrait nous aider à contredire son propre président, qui dénonce constamment l'incapacité des clubs français à rivaliser avec leurs homologues européens. Les CdF sont derrière l'OL (juste derrière Aulas).

Réactions

  • Cenvi le 09/03/2001 à 00h00
    Completement d'accord avec les cahiers et pas du tout avec mmm (alors que je suis lyonnais): je trouve ca bien de dissocier les louanges pour cette belle equipe de l'OL et les conneries de son president. Et puis c'est pas grave si Santini sait pas parler, tant qu'il arrive a coacher. Il a quand meme bien geré ce groupe pour battre les allemands, avec qques bons elements manquants.

    Sinon, moi je suis en Angleterre et les commentateurs se sont bien foutu de la gueule du PSG: ils regrettent que Leeds ou ManU ne puisse pas les rencontrer....

  • Le Merlus le 09/03/2001 à 00h00
    Tu ne sais pas ce que tu dis Rubin!! A Lorient y'a la pression des marins pécheur!!
    C'est pire que les journalistes du Parisien! Et puis Lorient pourrait monter en D1! quand on voit le parcours des récents promus, les articles vont s'allonger dans la presse et la pression dépassera celle qu'il y a à Paris!!!

  • MMM le 09/03/2001 à 00h00
    Cenvi, explique-toi sur les "conneries" du président de l'OL.

  • Ah ben pourquoi le 09/03/2001 à 00h00
    Cenvi, tu dis que les Anglais rigolent bien du PSG. Moi je suis a Athenes, a 300m du stade du Panathinaikos, et ce qui a bien rire les grecs, c'est que le champion d'Angleterre, club le plus riche d'Europe,... ne soit pas capable de faire mieux qu'un nul a la derniere lien
    Tout ca pour dire que chaque pays rigole toujours de l'autre comme les malheurs de l'OM faisaient rire les supporters du PSG l'annee derniere. Ca fait partie du jeu.
    Ayant vue le match de MU, c'est merci Barthez sinon c'est 4-0.

  • DOOMER le 09/03/2001 à 00h00
    Juste pour revenir sur la comparaison entre Paris et Bordeaux face aux clubs espagnols (2 belles déroutes). Bordeaux prétendant à l'europe (voire au titre) en début de saison à su tenir ses objectifs nationaux jusqu'a présent. Et cela représente une difference enorme avec le PSG qui rate complètement toute sa saison. Donc la comparaison ne peut se faire que sur 1 match, et c'est pas beaucoup, en plus Bordeaux ne menait pas 3 à 0, avant d'en prendre une valise. Le PSG n'a pas de groupe, pas de gnac et encore mois de cohésion cette année (attention je précise bien cette année) et c'est çà sa faiblesse!!!

  • Lolo le 09/03/2001 à 00h00
    Ouais bah j'suis pas trop d'accord sur le fait que le coaching etait nase... D'ou vous sortez pour nous pondre une theorie de debiles!!
    je me rappelle les faiblesses des clubs francais en Europe dans les annees 90 :les dernieres minutes!!!
    Parce que l'on ne changeait pas de strategie et qu'on se prenait des buts en contre... et la??

    On mene 3-0, je dis normal de faire rentrer des defenseurs frais (2 matchs en 3 jours pour Okocha et Bernarbia qui se depensent comme des malades), au contraire c parfait. Fernandez n'aurait pas fait ca on serait encore en train de se prendre!!!
    Non on se prend 4 buts car:

    1) la Corogne est une superbe equipe (inutile de rappeler qu'ils avaient mis 3 buts au Parc apres qu'on est mene 1-0 et que personne n'a parle de demission)

    2) c'est une equipe avec une ame et qui n'avait plus rien a perdre (genre la remontée de Marseille contre Montpellier, 4-0 a la mi-temps)

    3) Demandez a des joueurs de rester concentrés sous une pluie battante, un public hostile (en tout cas à fond pour l'autre equipe) et en manque de confiance....
    Cette saison est a oublier et a nous de garder un maximum de joueurs qui montreront leur amour pour le maillot...


    Quant a discuter sur "qu'ils travaillent discrètement" en parlant de Marseille et de Paris, je crois que ceux qui disent ca ne connaissent rien a la vie...
    Paris!!! On en parle en permanence que ce soit pour les elections, pour le Rugby, le basket... et il faudrait que le foot (le sport le + mediatise d'Europe) soit fait de maniere discrete dans les 2 villes de foot francais... C'est a en rire.
    Non Paris doit assumer sont statut de favori chaque annee. Creer sur le long terme a Marseille ou Paris est extrement dur, donc il faut construire a l'Espagnole!! Comme Lyon l'a tres bien fait!!!


    Quant aux joueurs, Le niveau technique n'a jamais ete remis en cause (c clair que sur le papier on avait les meilleurs espoirs d'Europe), mais leur reelle motivation (le fric).
    On verra l'annee prochaine lesquels sont des amoureux du maillot... je ne doute pas que Nico, lolo(leroy), Letizi et Domi resteront mais les autres???

  • El mallorquin le 09/03/2001 à 00h00
    Très juste Doomer. Autre différence entre Baup et Fernandez: le premier a gagné un titre de champion de France et a démontré à plusieurs reprises qu'il avait une vision tactique du jeu.

    Pour en finir avec ça, "ah ben", je te dirai aussi que Bordeaux n'a pas été dominé par le Rayo comme le PSG par la Corogne. Les buts du PSG c'est beaucoup de réussite (et le talent de Leroy), les trois poteaux de Pauleta, c'est de la malchance... Aucune comparaison possible !

  • El mallorquin le 09/03/2001 à 00h00
    "Ah ben" et mpo d'ailleurs.

  • snake le 09/03/2001 à 00h00
    En ce qui concerne le PSG, son mal tient aux nombreux changements de politique du club. L'idée de Perpère-Lamarche-Bergeroo était bonne mais ils ont oublié que le PSG se doit d'avoir des résultats de suite. Ensuite, on engage un autre coach et on change de politique: au revoir Dalmat et peut-etre Anelka et Luccin. C'est sur la durée qu'un groupe se construit. Man Utd change un joueur tous les ans, le Bayern et la Juve pareils. Quand on aura compris cela on aura fait un grand pas. Ca n'a rien à voir mais je voudrais parler d'Aulas, un des personnages que j'aime le moins en France voire celui que j'aime le moins tout simplement. Je veux juste admettre que j'admire la façon qu'il a de gérer l'Olympique Lyonnais sur le plan sportif. Il connait le football lui au moins, mais c'est pas pour ça que je l'aime plus.

  • hapege le 09/03/2001 à 00h00
    Les grands joueurs aussi talentueux soient ils ne font pas une grande équipe, si il n'y a pas d'esprit d'équipe. Tout juste peuvent ils sauver quelques matches par des coups d'éclats. Le Racing des Ometa , Bossis, Ben Mabrouk Littbarsli etc en a aussi fait les frais à son époque. Si il n'y a pas de cohésion entre les joueurs d'une équipe, dès qu' il y a un grain de sable dans l'équipe tout se dérègle car personne ne se serre les coudes mais chacun essaie de sauver les meubles individuellement. Or, qui donc est à même de forger cette cohésion?

    L'entraineur bien sur. Et c'est là où on peut comparer des entraineurs qui arrivent à sortir le maximum d'un équipe somme toute moyenne et celui qui a une équipe à gros potentiel et qui n'en tire rien. Pour revenir à Luis et sans parler du coaching de mercredi, force est de constater qu'il manque singulièrement de lucidité. Comme je l'ai déjà dit dans le forum, j'ai été consterné de l'entendre déclarer après match et à plusieurs reprises la qualité de la première mi-temps du PSG. Il a même fini en disant qu' il aimait ce PSG quand il jouait comme ça. Que doit on penser d'un entraineur qui manque à ce point de jugement. J'ai déjà expliqué que pour moi, un jeu de qualité n'est possible que si on a le ballon. Les chiffres de possession de balle étaient de 68-32 pour la Corogne. Comment Luis peut il nous parler de la très bonne première mi-temps du PSG dans ce cas? Est il aveugle ou essaie t'il de donner le change? Son manque de lucidité peut expliquer ses choix désastreux

La revue des Cahiers du football